Les TPEc : travaux personnels encadrés critiques et démarche d'investigation en classe de première

Nous sommes nombreux·ses, pour les plus jeunes d’entre nous, à avoir enduré l’épreuve des TPE (Travaux Personnels Encadrés) en classe de première générale. Beaucoup y traînent des pieds, certain·e·s s’investissent énormément mais dans tous les cas on ne retrouve souvent que des lieux communs, des sujets un peu « classiques » qui amènent souvent les élèves à recopier ou reformuler des TPE des années précédentes trouvés sur le Web. Sachant que cet enseignement est le lieu d’une grande liberté pour les élèves, cela faisait un certain temps que je pensais y insuffler de la pensée critique dans le but de développer la démarche scientifique de manière concrète et atteignable. Voici quelques propositions pour quiconque aura envie de s’amuser un peu en TPE.

Le contexte

Les TPE constituent une épreuve du baccalauréat lors de laquelle les élèves doivent réaliser une démarche de groupe afin de répondre ou tenter de répondre à une problématique de leur cru. L’évaluation se fait suivant trois composantes : le suivi par les enseignant·e·s qui encadrent le TPE pendant la moitié de l’année, la production du groupe et l’oral (sorte de soutenance de la production). Les TPE sont présents pour les séries L, ES et S en première et constituent une épreuve anticipée du bac.

Les élèves doivent trouver un thème d’étude et poser une problématique à laquelle ils devront tenter de répondre par une recherche documentaire, par des expérimentations, par des rencontres de professionnel·les, visites et autres questionnaires.

La production peut prendre la forme d’un dossier, d’un site Web, d’une vidéo, d’un magazine, d’une exposition… bref, tout est permis ! Leur sujet doit normalement tomber dans un des six thèmes nationaux proposés par le Ministère (au passage, on pourra se délecter critiquement de ce nouveau thème sorti cette année, commun aux trois séries et totalement dans l’ère Macron1). Ces thèmes étant très larges, on peut donc avoir une certaine liberté d’action. Enfin, les TPE sont encadrés par plusieurs enseignant·e·s de matières différentes et les élèves doivent traiter un sujet faisant intervenir au moins deux matières.

Pourquoi les TPE ?

Pour ma part, étant enseignant de SVT (Sciences de la vie et de la Terre), j’ai suivi des élèves de 1ère S. Je pense que l’on peut proposer des thèmes de pensée critique dans les autres filières (ES et L) même si la démarche et la problématisation sont légèrement différentes. Tout cela part d’un constat souvent partagé entre filières : les élèves trouvent des thèmes d’étude un peu « bateau » et aboutissent à des problématiques n’amenant qu’à un « simple » exposé et non à une démarche de recherche originale. L’intérêt pour les élèves est donc de pouvoir trouver une problématique n’amenant pas une réponse « directe » mais ouvrant vers une réelle recherche personnelle. C’est là où j’y vois un intérêt pour la pensée critique et particulièrement pour la démarche zététique qui est un bon marche-pied pour développer l’enseignement de la démarche expérimentale et la recherche de preuves. En effet, trouver des sujets d’études peu étudiés, stimulants, pris dans  les controverses scientifiques ou les sujets-frontières entre science et croyance… permet aux élèves de mettre en place une réelle démarche d’investigation où ils·elles pourront tester et vérifier des affirmations de type scientifique.

Un cheval de Troie

En théorie, les enseignant·e·s ne sont pas sensés orienter les élèves sur tel ou tel sujet. Mais c’est là que le bât blesse (cf. plus haut) et je me suis mis en tête de leur proposer de travailler sur des thèmes liés au paranormal, aux phénomènes étranges, aux thérapies dites alternatives et croyances sociales. Pour des 1ère S, cela est orienté vers la démarche scientifique mais j’imagine déjà pas mal de thèmes pour les ES et les L (la condition animale, le genre, les conflits d’intérêts, la main invisible du marché, la répartition des pouvoirs dans un établissement scolaire, etc…). J’ai donc décidé de les orienter plus ou moins implicitement sur des sujets de cet ordre.

La démarche

Au final, je n’ai pas produit énormément de matériel pédagogique étant donné que les TPE sont essentiellement du travail personnel des élèves. Les premières séances sont généralement dédiées à l’explication des TPE, la notion de problématique et les bases de la recherche documentaire. J’en ai donc profité pour faire une séance autour de la démarche scientifique et de la problématique pour influer des notions de zététique.

Nous étions en charge, avec mes trois collègues, de deux classes de 1ère S. L’équipe était constituée d’un enseignant de physique-chimie, d’un enseignant de mathématiques, et de deux enseignant·e·s de SVT. Nous avons procédé à une première séance lors de laquelle nous avons présenté les TPE et avons laissé les élèves parcourir les thèmes nationaux et commencer à trouver un thème d’étude. Dès la deuxième séance, nous avons scindé le groupe (environ 60 élèves) en trois sous-groupes qui allaient tourner sur trois ateliers pendant trois heures. Pendant qu’un groupe était en recherche libre, l’autre était avec la documentaliste pour une formation à la recherche documentaire et le dernier groupe était avec moi pour une présentation zététique / démarche scientifique / problématique.

La présentation

La présentation se développe selon trois grands axes :

  • Une partie plutôt basée sur de l’épistémologie, et j’y développe la notion d’affirmation de type scientifique pour enchaîner sur le distinguo acte de foi vs. remport d’adhésion permettant d’amener au statut du témoignage et enfin à l’explication alternative (et donc le rasoir d’occam)
  • Une partie permettant de présenter les thèmes liés à la zététique en parcourant des choses comme l’archéo-fiction, la cryptozoologie, les pouvoirs du corps et les médecines dites alternatives. Je finis par la perception des probabilités pour arriver à l’idée que le « bizarre est probable »
  • Une dernière partie qui devrait prendre 30 minutes et qui s’intéresse à la démarche scientifique avec la notion de reproductibilité, le témoin, la taille et la représentativité de l’échantillon, l’aveugle et le double aveugle en finissant sur l’effet paillasson pour bien leur faire comprendre qu’ils·elles doivent travailler sur un sujet précis possédant une seule assertion dans le langage commun.

L’objectif de tout cela est de leur faire insuffler l’idée de trouver un sujet intriguant sur lequel ils·elles exercent leur curiosité et se fassent plaisir notamment à trouver des protocoles originaux.

J’insiste sur le fait qu’un « bon » TPE doit comporter des expérimentations mais pour ne pas leur faire trop peur, je leur dis aussi qu’un TPE avec une recherche documentaire solide qui croise des informations ou basé sur des analyses de données (épidémiologie par exemple) est tout aussi satisfaisant.

Je leur ai ensuite mis sur le réseau du lycée un document avec une multitude de thèmes issus des sujets traités par les étudiant·e·s de l’enseignement zététique de Richard Monvoisin sur plusieurs années ainsi que certains sujets proposés par Guillemette Reviron ou même cette magnifique page wikipédia sur les médecines non conventionnelles que m’a proposé Nelly Darbois.

Le matériel utilisé

Pour un peu plus de détail, voici le déroulé de la présentation avec les quelques vidéos que j’ai pu utiliser. La présentation est téléchargeable sous licence CC-by-SA :

Au format diaporama LibreOffice

Au format PDF

Je l’ai laissée telle quelle, mais il faut enlever des parties (voir plus bas, les erreurs commises).

Je questionne les élèves sur ce que leur renvoie le terme « science » pour proposer les quatre définitions du mot « science » et insister sur le fait que je ne parlerai que de la démarche scientifique.

Je présente quelques types d’informations/affirmations en donnant des exemples pour chaque pour ensuite arriver sur la particularité des affirmations de type scientifique. Je demande ensuite ce qui distingue une affirmation scientifique des autres types d’affirmation. J’ai pu remarquer que les élèves avaient de grandes facilités pour dire que l’affirmation scientifique est « testable ». Je donne ensuite quelques exemples d’affirmations de type scientifique (une pub de médium, des recettes de cuisine, du soin par magnétisme).

Cela nous amène à la notion du statut du témoignage et à la maxime de Hume. Cela permet de leur faire comprendre qu’un témoignage récolté n’est pas une preuve dans leur TPE mais aussi qu’ils·elles peuvent se baser sur un témoignage extraordinaire pour commencer à rechercher des preuves solides à ce témoignage.

Crédits : Cyrille Barrette
Crédits : Cyrille Barrette

On arrive tout doucement au rasoir d’Occam : face à un témoignage et une explication coûteuse à un phénomène, il est de logique d’épuiser d’abord les hypothèses alternatives moins coûteuses. Je présente une situation bizarre (un caribou pendu sur les fils d’un poteau électrique2) pour leur faire sortir des hypothèses puis leur donne la réponse3.

Je leur montre cette vidéo qui est sensée démontrer par l’humour cette notion du rasoir d’Occam mais au vu du peu de réactions de la part des élèves, je pense qu’il faut peut-être en trouver une autre. Richard Monvoisin me suggère d’utiliser la vidéo de Jeanne d’Arc présente sur cet article relatif au rasoir d’Occam. Un très bon épisode de Kaamellot existe également mais nous avons du le supprimer, voir l’article en question.

Je leur présente ensuite le cas des combustions humaines dites « spontanées »4 pour leur donner une idée de recherche d’explications scientifiques et cognitivement peu coûteuses.

Vient ensuite la présentation de divers thèmes de zététique (cryptozoologie, thérapies alternatives, archéo-fiction, pouvoirs du corps…).

Je fais un petit laïus sur le perceptions des probabilités à partir de la séquence suivante que j’ai montée à partir de différentes vidéos sur le Web. Cela me permet d’insister sur le tri des données (cette vidéo est un peu longue et on peut passer un peu plus rapidement à certains moments).

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Cela permet de faire le lien avec les faits « extraordinaires ». Je commence avec cette vidéo mythique de la tourterelle explosant en plein vol suite à un lancer de Randy Johnson, le 24 mars 2001.

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Les « miracles » de Lourdes permettent d’aborder la question de l’extraordinarité : des guérisons extraordinaires se produisent-elles à Lourdes, et si oui, se réalisent-elles à un taux supérieur à tout autre endroit, aux hôpitaux publics par exemple ? 5 Cela permet de montrer que le « bizarre est probable » et de leur faire prendre du recul sur les chiffres qu’ils·elles peuvent trouver, de les mettre en perspective d’une situation.

À partir de là, je développe les outils de la démarche expérimentale en commençant par la simple reproductibilité en me basant sur cette vidéo de catalepsie de spectacle par Franck Syx (je n’ai pas le temps de la reproduire mais je leur dis qu’on pourra essayer après la séance si ça leur dit) :

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Je ne développe pas les autres (témoin, aveugle et double aveugle, taille et représentativité de l’échantillon) car l’idée reste la même : leur présenter des protocoles inventées et méthodologiquement problématiques pour qu’ils·elles puissent lever le problème et comprendre comment on peut « objectiver » des données récoltées.

Je finis enfin par présenter l’effet paillasson car c’est un vrai problème dans la rédaction des problématiques en TPE : les élèves doivent restreindre leur recherche et ont tendance à placer des mots trop vagues ou ayant des définitions diverses et variées (les termes « énergie », « mémoire », « cerveau » ou « préserver l’environnement » en sont des exemples classiques). J’ai utilisé les cartes de thérapeutes d’un festival récent sur Grenoble, FestiZen, qui regorge d’effets paillasson et d’effets puits.

Les erreurs commises

J’ai vu un peu gros pour le format 1h et sur les deux premiers groupes je n’ai pas eu le temps de traiter correctement la dernière partie, pourtant essentielle. J’ai donc réduit pour le dernier groupe et c’était vraiment mieux. Je n’ai donc pas traité la définition de « science », l’épistémologie « critique » (matérialisme méthodologique, scepticisme, rationalité) ni acte de foi vs. remport d’adhésion. L’ensemble reste un peu chargé mais cela rentre en une heure

La suite…

Pour la suite des TPE, c’est surtout de l’improvisation. Nous, les enseignant·e·s, devons être présent·e·s pour répondre aux questions des élèves et leur éviter de partir sur des fausses pistes ou sur des sujets trop complexes en terme de notions pour leur niveau. Il faut faire en sorte que le sujet soit assez fécond (possibilité de tester, de reproduire, de vérifier, de trouver de l’information…) mais assez restreint pour pouvoir travailler sur un paramètre bien identifié.

En cette fin de TPE, il est temps de dresser un bilan. C’est un peu triste au final car sur les 20 groupes constitués, seulement 5 ont travaillé sur un sujet critique :

  • Le triangle des Bermudes (sujet « classique »)
  • Les personnes se disant électrosensibles sont-elles capables de détecter la présence de Wifi en expérimentation contrôlée ? Malheureusement, le groupe s’est retrouvé face à la difficulté sociale : il n’a pas pu trouver une seule personne se disant électrosensible voulant bien se prêter au jeu de l’expérimentation.
  • Le scénario catastrophe du film « Le Jour d’après  » dans lequel le Gulf Stream subit un dérèglement est-il scientifiquement plausible ?
  • La spiruline : petite déception, les élèves n’ont pas vraiment pris l’angle critique, étant déjà convaincues par les bienfaits de cette algue à la mode. C’est dommage, c’était un sujet fécond avec multiples problématiques possibles
  • Les magnétiseurs : groupe très stimulant ! Réalisation d’un protocole expérimental réalisé en collaboration avec un magnétiseur venu au lycée pour réaliser l’expérience. Juste pour ce groupe, je suis content d’avoir mis de l’énergie (c’est le cas de le dire) dans ce travail de TPE.

Utiliser la série Black Mirror pour incrémenter la critique (et avoir une excuse pour regarder des séries)

Black Mirror, créée par Charlie Brooker est une série de (pour l’instant) deux saisons de  3 épisodes, diffusées sur Channel 4 de 2011 à 2014 – auxquels s’ajoute un épisode spécial Noël, et d’une troisième saison de 6 épisodes produite par Netflix en 2016. Plusieurs d’entre nous l’ont lorgnée à des fins didactiques. Que peut-on faire avec un tel matériel ?

Black Mirror ?

L’idée d’utiliser une série, en particulier de science-fiction (SF), dans un cadre académique pourrait en surprendre plus d’un.e (bien que nous l’ayons déjà fait ici, dans un atelier doctoral sur les neurosciences et la fiction, en 2013), l’une des principales raisons étant la mauvaise réputation dont jouit la science-fiction en France. Dernier exemple en date : l’émission du 2 décembre 2016 de France Culture consacrée à « L’héritage de Dune de Franck Herbert » lors de laquelle on a pu entendre, concernant le livre Dune de Franck Herbert : « ce n’est pas de la science-fiction, c’est un roman » (affirmation qui n’a été démentie ni par les autres intervenant.es, ni par le journaliste). Cette phrase qui peut paraître anodine est lourde de sens pour l’amateur/trice de science-fiction qui doit régulièrement justifier et défendre son intérêt pour ce (sous-)genre qui n’est pas considéré comme «  noble ». Toujours est-il qu’affirmer que Dune n’est pas de la SF est vraiment osé ! Assumons le fait d’apprécier des œuvres de SF pour ce qu’elles sont : à savoir des œuvres de SF, et laissons la notion de mauvais genre aux tristes figures.

Justifier le matériau : pourquoi la science-fiction ?

Contexte contemporain

Dans Species Technica, Gilbert Hottois écrivait que le « progrès techno-scientifique se fraye dans une atmosphère dense de phantasmes, de légendes, de fictions »1.

La sociologue Marina Maestrutti donne le constat suivant :

« dès que l’on veut rendre compte de la manière dont les faits et les discours s’entremêlent dans l’émergence de nouvelles configurations de la technoscience, on constate le rôle omniprésent de la métaphore : étudier de près les histoires ne signifie pas compromettre la réalité des faits mais plutôt montrer comment la mise en récit reflète le croisement des désir, raisons et mondes matériels qui forment la texture de la réalité même […] elle est constituée en partie de narrations littéraires, en premier lieu de la science-fiction, mais aussi dans des rapports officiels, les essais de divulgation ou les brochures publicitaires, où l’argumentation ne cesse de se faire narration, récit […] le répertoire des figures, images, personnages et symboles [est] continuellement réactualisé pour être adapté à de nouveaux contexte où émergent des concepts, des pratiques, des objets, des stratégies marketing »2.

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Le 12 mai 2014 le journal Le Monde publiait un article concernant les « robots tueurs » accompagné d’une image du célèbre Terminator, archétype du robot tueur dont le dessein est de réduire l’humanité à néant. Les récits de science-fiction constituent une trace écrite de l’imaginaire et des représentations d’une époque. En cette période de développement technoscientifique, ils constituent une ressource précieuse dans le cadre de l’analyse des débats contemporains (qui se situent souvent entre deux positions qui sont certes caricaturales, mais surtout symboliquement chargées : technophobie vs. technophilie).

Autre cas emblématique, celui d’Eric Drexler (l’auteur de Engins de Création) : de par ses travaux de prospectives, il participa à l’avènement et au développement des nanotechnologies. Son œuvre revêt encore aujourd’hui une importance cruciale dans l’imaginaire « technoscientifique »3. Il a créé une impulsion poussant les politiques et les acteurs économiques à se lancer dans une course aux nanotechnologies. Drexler a ensuite perdu le soutien (si ce n’est sa crédibilité) auprès des scientifiques. Il a par exemple été écarté de la National Science Fondation et du rapport NBIC (Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives), commandité par cette dernière, qui vise à questionner l’accroissement des performances humaines. Ce rapport, sous-titré « convergence technologique pour l’amélioration des performances humaines »,  vise à dresser un panorama du développement à venir de ses quatre technologies. Sont évoqués notamment les technologies d’amélioration physique et cognitive, les implants bioniques, l’intelligence artificielle ou encore les nano-robots.

Autre exemple concernant l’influence de la SF sur nos représentations (et notre vocabulaire) : Le mot « robot » apparaît pour la première fois en 1921 dans la pièce de théâtre R.U.R. (Rossum’s Universal Robot) de l’écrivain tchèque Karel Čapek. Le terme « robotique » est quant à lui inventé par Isaac Asimov.

La SF comme laboratoire d’expérience de pensée

Travailler à partir de la SF n’est pas seulement ludique et divertissant, c’est surtout utiliser un laboratoire d’expériences de pensée qui permet notamment de tester des hypothèses qui servent de propédeutique aux questions philosophiques, éthiques, politiques. Les champs de l’éthique et de la philosophie de l’esprit ont une grande tradition d’expériences de pensée4.

En guise d’exemple de création de concept par la SF, on trouve entre autre dans l’ouvrage de Marina Maestrutti, l’expression « paradigme Gattaca » dérivée du film d’Andrew Niccol, Gattaca (Bienvenue à Gattaca), sorti en 1998. Ce paradigme évoque le thème du film qui montre la mise en place progressive d’une humanité à deux niveaux  : d’un côté les personnes dont les caractères génétiques ont été sélectionnés avant leur naissance ; de l’autre les « enfants de la providence » qui naissent sans que les parents n’aient même effectué un diagnostic prénatal. Ces derniers sont exclus de la société, du moins des postes à responsabilité : « la discrimination est devenue une science », et elle est génétique.

Black Mirror

La série Black Mirror dans ce contexte semble tout indiqué. Série d’actualité à succès, elle anticipe une société dystopique liée à un mauvais usage des nouvelles technologies et en particulier les usages des technologies de l’information et de la communication, le « miroir noir », auquel fait référence le titre de la série, étant celui des écrans de télévisions, ordinateurs, tablettes et autres smartphones. La série explore de multiples scénarios qui sont une bonne base pour introduire certaines questions d’esprit critique.

Saison 3

Cette troisième saison de 6 épisodes s’ouvre et se ferme sur deux scénarios parallèles qui extrapolent certaines pratiques actuelles liées aux réseaux sociaux. L’épisode 3 surfe également sur cette thématique.
On peut introduire ces épisodes de diverses façons : en évoquant les différents faits d’actualités sur les suicides liés aux réseaux sociaux, sur les informations « fakes« , sur la pression sociale et l’acceptation des normes.

Épisode 1 Chute libre (Nosedive)

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L’épisode est encombrant, car à notre avis insécable, mais c’est un excellent support de départ pour un débat sur la réputation comme monnaie d’échange, et sur les curseurs utilisés pour donner plus ou moins de droits aux gens – en quoi l’argent serait-il moins stupide que le critère de réputation sur 5 ? Il est tout indiqué pour travailler sur la théorie des jeux (Axelrod, Rapoport, etc.5)et la notoriété ou réputation, valeur d’échange dans les sociétés humaines6.
Reste un cliché camionneuse – réputation basse – alcool qui laisse un peu perplexe.

Épisode 2 Playtest (Playtest)

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Cet épisode est difficile à utiliser. Il extrapole le désir de frisson des afficionados de jeux d’horreur (on trouve de nombreuses vidéos sur Youtube de tests de jeux d’horreur avec casque réalité virtuelle). Il ne s’agit pas dans cet épisode d’une société dystopique, mais d’une phase test d’un jeu vidéo qui tourne mal, avec cette question lancinante : comment trancher entre ce qui est réel et ce qui est le produit d’une substance ou d’un souvenir recréé – thème qui est par exemple traité dans Inception, de Christopher Nollan (2010) ou dans Total Recall, tiré d’une nouvelle de Philipp K. Dick (We Can Remember It for You Wholesale) et adaptée en 1990, et possédant une sorte de suite,  Total Recall : Mémoires programmées de Len Wiseman (2012).

Épisode 3 Tais-toi et danse (Shut Up and Dance)

Cet épisode parle essentiellement de sécurité informatique, de négligence vis-à-vis de la technologie, de sadisme, de jeux vidéo poussé à l’extrême en mode réaliste avec absence d’intérêt des manipulateurs autre que le plaisir sadique. L’axe de traitement de cet épisode sera sûrement l’importance de la sécurité informatique, et son existence via les communautés de logiciel libre.

Dans cet épisode, le protagoniste principal se retrouve à céder au chantage de pirates informatiques qui l’ont filmé via sa webcam alors qu’il se masturbait devant des vidéos pornographiques. Le thème de cet épisode permet assez facilement d’aborder la question du revenge porn7 et dans la foulée celles de l’humiliation publique, du chantage et de l’escalade d’engagement. 

L’épisode permet également d’aborder la problématique d’une certaine justice populaire. Il est tout à fait possible de faire le lien avec, par exemple, le piratage du site de rencontres extraconjugales « Ashley Madison ». Il est également possible d’aborder la question de la pédophilie et de problèmes éthiques tels que : est-il moralement juste de révéler publiquement que x est pédophile/infidèle.

Toutefois, le côté chantage sans aucune raison peut-être très dilatoire. Il prend, en effet, toute la place de l’histoire. Il est toujours possible de couper l’épisode; au moins après l’homme noir à mobylette.

Épisode 4 San Junipero (San Junipero)

Nous sommes partagés : trop mou, trop long, trop poussif, selon les un.es, mais thème classique en SF pourtant, que celui de la réalité virtuelle (décliné avec les Matrix, par exemple).

Avec cet épisode, on peut néanmoins aborder :

  • l’une des ambitions des transhumanistes (à savoir vaincre la mort en uploadant son esprit dans un cyber-paradis) ;
  • à la rigueur la place sociale des personnes âgées (discrimination qu’on appelle l’âgisme) et des homosexuel.les. ;
  • les différentes théories de l’esprit : dualiste, matérialiste, physicaliste, computationaliste ….

Exemple : le computationalisme est une théorie en philosophie de l’esprit qui conçoit l’esprit l’humain de manière analogue à un programme informatique. Comme le hardware (« support dur ») pour l’informatique, le cerveau humain peut être pensé comme un wetware (« support humide »), c’est-à-dire comme un système de traitement de l’information reposant sur des opérations de calcul. Bien que l’analogie entre l’informatique et le cerveau humain soit essentiellement heuristique, cette perspective conduit certains transhumanistes à envisager l’idée de télécharger l’esprit humain sur un support numérique hardware.8

Épisode 5 Tuer sans état d’âme (Men Against Fire)

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Probablement le meilleur à notre avis : l’épisode soulève la dépersonnalisation, l’état agentique en psychologie sociale, la guerre, les mécanismes racialistes. L’analogie Roaches/cafards et  Inyenzi en langue kinyarwanda pour désigner les Tutis sur la Radio des 1000 collines au Rwanda est volontaire pensons-nous. Il reste incompréhensible que roaches ait été traduit par « déchets » (au moins dans les sous-titres) – ce qui permet, à tout le moins, de discuter des biais de traduction.

Ce thème de la déshumanisation de l’ennemi permet d’ouvrir le débat sur l’utilisation de drones de combats téléguidés et la guerre à distance. Plus éloigné, peut-être, on peut également envisager d’étendre l’épisode sur la thématique des jeux vidéo de guerre. Un bon exemple se trouve dans le jeu vidéo servant d’outil de recrutement à l’armée étasunienne America’s Army. L’US Army a investi près de 30 millions de dollars pour développer ce jeu qui a été distribué gratuitement sur PC. 

Épisode 6 Haine virtuelle (Hated in the Nation)

Sommes-nous influencé.es par l’actrice Kelly Macdonald et son épais accent écossais9.

En tout cas il y a du très bon, insécable là encore. La trame de l’épisode ne rend pas aisée l’utilisation. Pis, la fin louche, et le rôle de Shaun Li invraisemblable à son niveau de la NCA affaiblissent le tout. Mais l’idée de harcèlement, de vindicte populaire digne de Koh Lanta, et le jeu des Hashtags est vraiment utilisable. Cela pose l’impunité des appels à la haine/violence sur le web. Il est intéressant que la « geek » casse les codes patriarcaux et soit une femme, comme dans Millenium de Stieg Larsson (2005). La question du remplacement de pollinisateurs par des robots est un sujet à part entière, avec les moyens de contrôle associés. Ici, la solitude de Markus devant des dizaines de milliers de ruches électroniques à 4000 individus fait un peu « peine », et ils passent vite sur leur réplication type imprimante 3D qui est bien tirée par les cheveux et violentera un peu les féru.es d’apiculture.

Une analyse des autres saisons est à venir. Bon visionnage !

TP : analyse d'une publicité partisane sur l'immigration

Nous connaissons les méfaits du mauvais usage des statistiques ou de la manipulation des graphiques pour appuyer certaines idéologies. Nous avons trouvé du matériel adéquat pour allier les deux et, une fois n’est pas coutume, l’exemple traité ici n’est pas français, mais suisse. Voici donc l’étude détaillée d’une publicité partisane (au sens « qui soutient un parti ») parue dans la Tribune de Genève (25/01/2014).

musulmans en suisse
Figure 1 – Publicité partisane publiée dans la Tribune de Genève.

Cet encart publicitaire est estampillé par les partis politiques Mouvement Citoyen Genevois (MCG) et la Ligue des Tessinois. C’est le comité d’Egerkingen qui produit cette publicité et qui a fait parler d’elle peu de temps après. Ce comité est, entre autres, à l’origine de l’initiative populaire « contre les minarets ».

Bien que l’argument central mérite analyse, notre attention sera particulièrement posée sur les éléments fallacieux qui l’enrobent. Voici certains points numérotés qui seront développés par la suite.

musulmans-suisse-points-etudies
Figure 2 – Ordre des points relevés pour notre critique.

Sur la forme

Tout d’abord, cet encart publicitaire est très voyant sur la page du quotidien suisse, cela pour plusieurs raisons :

Le titre (1), accrocheur, en grands caractères et de couleur rouge, attire fortement l’attention.

Vu globalement, l’élément qui prédomine est le graphique. Celui-ci occupe la majorité du visuel. Il comporte un remplissage rouge sous la courbe (2), soulignant la notion d’accumulation. Le rouge est une couleur fortement porteuse de sens, mais sans trop interpréter, on peut dire que c’est une couleur impactante, généralement utilisée pour suggérer le danger, la guerre, le sang. On pourrait presque parler d’un effet impact basé sur la couleur. Le même visuel avec une petite touche à la Andy Warhol sera probablement perçu différemment  :

Évolution musulmans en Suisse, autre couleur
Figure 3 – Publicité dans la Tribune de Genève, couleurs modifiées.

 

Toujours sur le graphique, la courbe continue après 2013 (3) sans qu’on ne sache si elle rapporte des valeurs prévisionnelles sourcées. On peut largement supposer qu’il n’y a aucune valeur à l’origine de cette extrapolation dans le futur. L’aspect exponentiel de la courbe n’est donc qu’un effet visuel. De plus, le plafonnement de la courbe à la limite supérieure de l’image crée un effet de seuil, de débordement : les Musulmans vont bientôt remplir la Suisse !

Un des premiers réflexes à avoir face à un graphique est de regarder les échelles. Ici, l’échelle du bas, en abscisses, (4) n’est pas respectée (certes pas de beaucoup…) 1. On peut regretter que l’échelle des ordonnées soit si ample et que, par conséquent, le graphique prenne l’ensemble du visuel, limitant tout argumentaire par le texte. C’est en s’amusant à jouer sur les axes qu’on se rend le mieux compte des usages « subjectifs » d’un graphique :

Musulmans en Suisse avec échelle des ordonnées réduite
Figure 4 – Publicité dans la Tribune de Genève, échelle des ordonnées modifiée.

Enfin, l’image d’une femme drapée du niqab est placée dans l’espace rouge sous la courbe (5), sorte de « légende » permettant d’indiquer de manière figurative et menaçante à quoi fait référence cette zone rouge grossissant sans cesse. Nous verrons que cette représentation pose un problème de fond.

Sur le fond

Cette illustration placée sous la courbe est typiquement l’image fallacieuse de la musulmane. Cette image n’est pas du tout représentative des Musulman·e·s et nous sommes en face d’une généralisation abusive très insidieuse car supposée par une simple image. En effet, suivant les estimations, 2000 femmes porteraient le voile intégral en France sur une population musulmane d’environ 5 millions selon Samir Amghar 2. Le rapport est vite fait si on l’extrapole à la Suisse avec ses 320000 Musulmans : cela ferait 128 personnes (en prenant en compte que les pays de provenance sont équivalents en terme de culture du port du voile). On peut même trouver le chiffre d’environ 10 burqa portées en Suisse en 2010 3.

Ensuite, on doit s’interroger sur la provenance des chiffres liés à la construction de ce graphique. En effet, on peut remarquer que les sources (6) de ce seul graphique ne sont pas homogènes.

Figure 5 – Grossissement des sources à l’origine du graphique.

Les valeurs de 1970 et 2000 proviennent de l’Office fédéral de la statistique et que la valeur pour 2013 provient de la FOIS (Fédération d’organisations islamiques de Suisse), fédération difficile à trouver sur le Web avec une recherche en français et pour cause leur site est en suisse allemand. Merci à Richard Monvoisin pour la recherche en langue germanique qui nous a permis de mettre la souris sur cette fédération. Cependant, aucune trace de cette valeur pour 2013. Intéressons-nous tout de même à ce chiffre de 500000 Musulman·e·s pour l’année 2013 (7). Si on cherche un peu, on trouve rapidement des valeurs pour les années après 2000. Par exemple, l’office fédéral de la statistique donne le chiffre de 328011 pour l’année 2012 4. Il est difficile d’imaginer une augmentation de 172000 Musulmans en 1 an… On peut aussi trouver la valeur de 310800 en 2005 5 et la valeur de 433000 pour l’année 2010 avec une projection à 663000 pour l’année 2030 ! 6. Dans tous les cas, la valeur de 500000 pour l’année 2013 est largement sur-évaluée. Le graphique avec les données scientifiques n’a donc pas du tout le même impact :

graphique-population-musulmane-suisse
Figure 6 – Évolution de la population musulmane en Suisse depuis 1970.

Directement lié à ces chiffres, l’analyse du titre est donc importante. Il commence par le terme « bientôt » (8) qui, ici, fonctionne comme un effet paillasson. Que veut-dire « bientôt » ? Est-ce le « bientôt » biologique (dans 1 an ?), le « bientôt » populationnel (dans 10 ans ?) ou le « bientôt » géologique (dans 100000 ans ?). Quoi qu’il en soit, l’effet paillasson fonctionne et tout le monde s’entend sur une arrivée imminente… de l’ordre de quelques années tout au plus… Enfin, ce chiffre de 1million (9), comme on l’a dit juste au-dessus, est  imaginaire. En se basant sur la référence citée plus haut (et qui semblait déjà être dans la tranche haute des projections), on arriverait à 663000 en 2030. En gardant le même rythme (soit une croissance d’environ 12000/an), on arriverait à 1 million en 2058 (!!), date à laquelle j’aurais peut-être déjà cassé ma pipe… Le « bientôt » est donc tout relatif.

Ensuite, « l’argumentaire » se base sur le fait que le nombre de Musulman·e·s en Suisse ne fait qu’augmenter, et ceci de manière vertigineuse. Si on compare à d’autres religions, on remarque effectivement que le pourcentage de Protestant·e·s et Catholiques baisse depuis 1970 (il baisse aussi légèrement en valeur absolue 7). Par contre, le pourcentage de « sans confession » passe de 1.2% en 1970 à 21,4% en 2012. Peut-on crier pour autant à l’augmentation drastique des personnes sans religion ? Et pour répondre à cela, faut-il pour autant fermer les frontières pour empêcher les personnes sans confession d’entrer dans le pays ? Le problème pour ces deux partis politiques n’est donc pas la croissance d’un certain groupe social mais bien la croissance de ce groupe social en particulier : c’est un exemple d’effet bi-standard motivé par une volonté de stigmatisation.

Dès lors, étudions de plus près le lien argumentatif qui est fait entre taux de Musulman·e·s et immigration (10).

A première vue, le lien de cause à effet semble « intuitif », entre l’accroissement de la population musulmane et l’immigration. C’est sous-estimer 1) les conversions de natifs suisses, 2) l’accroissement « naturel » de la population musulmane installée en Suisse, en présumant que les enfants tendent à suivre le culte de leurs parents, quelle que soit ce culte.

Cependant, si on compare la croissance de la population musulmane à ce qu’on attend avec une simple croissance « naturelle », il est clair que la différence est importante et que l’immigration doit expliquer en grande partie ceci. Mais penchons-nous sur l’immigration en Suisse, qui est connue pour être importante (11).

D’après les données de l’Office fédéral de la statistique 8, les Suisses ont tendance à quitter le pays alors que l’immigration est relativement importante. N’oublions pas qu’il est parfois plus intéressant de regarder le solde migratoire 9. Le solde migratoire prend en compte l’émigration et il est difficile de critiquer l’immigration forte d’un certain groupe social si l’émigration de ce même groupe social est équivalente : cela signifierait que le nombre de personnes appartenant à ce groupe n’augmente pas au cours du temps.

En Suisse, le solde migratoire des Étrangers est de 89500 alors qu’en comparaison, le solde migratoire total de la France métropolitaine depuis vingt ans oscille entre 35000 et 115000, pays huit fois plus peuplé que la Suisse : l’immigration est donc forte, l’émigration faible, pour les étrangers en Suisse. Regardons de plus près ce solde migratoire des étrangers en Suisse : pour un total de 89500, 65100 sont des Étrangers provenant de l’intérieur de l’Union européenne, 6600 des autres pays d’Europe dont la Turquie, 6400 de pays d’Afrique, 8200 de pays d’Asie. 10. Ces chiffres renvoient à des nationalités et on ne peut qu’extrapoler le nombre de Musulman·e·s (je n’ai pas trouvé le chiffre mais si vous l’avez, prévenez-nous !). On peut supposer que le pourcentage de Musulman·e·s pour les Étrangers·ères provenant de l’Union européenne reste faible (prenons 10%, marge haute, soit 6500 personnes). Difficile de se positionner pour l’Afrique et l’Asie en terme de confessions mais si on garde les proportions respectives de 33% de Musulmans pour ces deux zones 11, cela donne respectivement 2130 et 2730 personnes. Pour les autres pays d’Europe, on peut raisonnablement garder le même pourcentage car certains pays comme la Turquie sont à 98% mais d’autres comme la Slovaquie sont à 0,1%. Avec ce calcul à la louche, on peut estimer que le solde migratoire des Musulmans doit être d’environ 12020 personnes, sur un total de 89500 soit 13,4%. Si on reste sur le lien de cause à effet avec l’immigration (10), nous sommes dans un cas de tri des données.

Au final, il ne semble pas que ce soit l’immigration qui soit en cause dans cette augmentation présumée « drastique » du nombre de Musulman·e·s en Suisse car la proportion de musulman·e·s prenant part à l’immigration n’est pas très élevée et on oublie l’accroissement naturel de la population musulmane. Certes, d’aucuns pourraient juger que l’immigration globale est importante en Suisse, cela pouvant entraîner divers problèmes démographiques, mais dans ce cas, la relation avec l’appartenance religieuse ne doit pas être prise en compte.

Nous sommes en outre face à un cas de Non sequitur : bien qu’une proposition puisse être vraie dans un sens (l’immigration en Suisse entraîne une augmentation du nombre de Musulman·e·s – ce que ne démontre pas cette publicité), elle ne l’est pas forcément dans l’autre (l’augmentation du nombre de Musulman·e·s en Suisse est la conséquence d’une immigration forte).

Conclusion

Nous avons ici un exemple d’argumentaire « à la hache », qui simplifie énormément le contexte, qui met de côté un grand nombre d’informations, qui propose une corrélation très discutable et qui utilise fortement la forme, le graphisme pour appuyer le propos. Faire la relation entre l’immigration et l’appartenance religieuse (présumée) ou culturelle est un exemple de création artificielle de causalité qui ne sert qu’un lieu commun arabo-islamophobe. Voilà donc un énième agglomérat d’impressions subjectives qui manufacturent l’opinion en cristallisant un stéréotype xénophobe classique 12.

 

Une bonne poignée de mini-conférences CORTECS

Depuis août 2012, le centre névralgique du CORTECS est hébergé dans la bibliothèque des sciences de l’université de Grenoble (appelé aussi SICD1). L’occasion était belle pour agiter un peu l’auditorium qui trône au milieu. Sous la maîtrise technique de Jean-Michel Mermet, nous avons procédé depuis septembre 2012 à plusieurs conférences thématiques critiques, d’un format très court (30mn + questions), qui sont toutes disponibles, soit sur le site des Ateliers de l’information là-bas, soit ci-dessous, en cliquant sur celle qui vous intéresse.


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Zététique et autodéfense intellectuelle, par Richard Monvoisin

(14 octobre 2012) Durée avec les questions : 51 min. Télécharger (format .m4v, 605Mo). Télécharger le support.

Tester l’extraordinaire : 2 cas expliqués, par Richard Monvoisin

(22 novembre 2012). Durée avec les questions : 50 min.

Le placebo et ses facettes, par Nicolas Pinsault

(28 novembre 2012). Durée avec les questions : 55min. Télécharger (format .m4v, 438Mo) Télécharger le support.

Choisir un thérapeute – des outils pour nous aider, par Nicolas Pinsault

(30 janvier 2013) Ostéopathie, kinésithérapie, chiropractie, kinésiologie, micro-kinésithérapie… L’offre de thérapies disponible pour prendre en charge nos maux quotidiens est pléthorique. Comment choisir ? Sur quels critères ? Durée avec les questions : 61min. Télécharger (format .m4v, 478Mo) Télécharger le support.

Dérives sectaires & esprit critique, par Richard Monvoisin

(6 février 2013). Les dérives sectaires font sourire, jusqu’à ce qu’un de nos proches se retrouve engoncé dans une de ces mécaniques aliénantes. Nous verrons comment fonctionnent ces aliénations mentales, quels sont les terrains les plus propices à leurs développement et quelques outils de préventions simples. Durée avec les questions : 58mn. Télécharger (format .m4v, 685Mo) Télécharger le support.

Analyse scientifique de l’homéopathie, par Richard Monvoisin

(20 février 2013). Homéopathie, pour ? Contre ? Pour ou contre quoi, au fait ? Pour ou contre son enseignement, son remboursement, sa théorie sous-jacente, le retrait de certains produits ? Aborder ce sujet en 30 minutes est un sacré pari. Durée avec les questions : 54 min. Télécharger (format .m4v, 730Mo) Télécharger le support.

Critique du système de publication scientifique, par Nicolas Pinsault

(6 mars 2013). Le processus de publication scientifique par le biais d’une validation par les pairs est construit pour s’assurer de la qualité des informations publiées. Qu’en est-il vraiment ? Où sont les failles du processus ? Durée avec les questions : 48min. Télécharger (format .m4v, 214Mo) Télécharger le support.

La psychogénéalogie et ses dérives, par Nicolas Gaillard

(10 avril 2013). Cette méthode de psychothérapie consiste à rechercher dans le vécu de nos ancêtres les sources de nos troubles psychologiques et maladies. Avec ses calculs mathématiques, son vocabulaire psychologique et ses « succès » thérapeutiques, elle se pare de scientificité. Pourtant, derrière cette apparence, une analyse critique s’impose. Durée avec les questions : 52 min. Télécharger (format .m4v, 418Mo) Télécharger le support.

Les argumentocs – sophismes et rhétoriques fallacieuses, par Nicolas Gaillard

(20 juin 2013). Marre des discours pompeux, des phrases fumeuses, des joutes oratoires moisies ? Ad hitlerum, ad populum, faux dilemmes et technique de l’homme de paille… Venez apprendre à reconnaître à 10 kilomètres une escroquerie rhétorique ! Durée avec les questions : 54 min. Télécharger (format .m4v, 429Mo) Télécharger le support.

Mésusages mathématiques dans les médias, par Guillemette Reviron

(11 septembre 2013). Chiffres de la délinquance, du chômage, de la fraude aux allocations, de l’immigration, des dépenses publiques, de la croissance, du moral des ménages, du CAC 40, de la consommation : les recours aux chiffres dans les médias sont particulièrement courants. Face à ces avalanches de chiffres, le public adopte souvent deux attitudes contradictoires : d’une part un grand respect des données chiffrées (qui deviennent ainsi un argument d’autorité très performant), d’autre part une « mathophobie » très présente. Ces réactions peuvent inciter à baisser les bras et à renoncer à comprendre ce qui se dit et surtout ce qui ne se dit pas. Ne reste alors que les impressions créées par les chiffres énoncés. L’objectif de cette conférence est de présenter des outils simples, accessibles à tous, pour démystifier les chiffres et surtout pour apprendre à oser les questionner. Durée avec les questions : 42min. Télécharger (format .m4v, 490Mo) Télécharger le support.

Psycho-pop, psychologies de comptoir et leurs dérives, par Nicolas Gaillard

(18 septembre 2013). La gamme de concepts de psychologie humaine que l’on retrouve exposés dans les ouvrages ou les médias dits « grand public » s’avèrent souvent plus proches de la pseudo-science que de la véritable vulgarisation scientifique. En entrant dans le langage quotidien, cette psychologie « populaire » semble offrir les clés d’interprétation de notre environnement : éducation, vie de couple, relations familiales, réussite personnelle et professionnelle, etc. Mais Comment se prémunir face à des concepts nébuleux propices aux interprétations les plus fantaisistes et aux conséquences parfois dramatiques ? Comment s’y retrouver dans le monde du « psy » et éviter ses travers ? Nous aborderons quelques outils d’autodéfense intellectuelle utiles pour maintenir notre vigilance critique dans ce domaine. Durée avec les questions : 46 min. Télécharger (format .m4v, 412Mo) Télécharger le support.

Les historiens de garde : pourquoi Lórant Deutsch et son Métronome posent problème, par Guillaume Guidon

(2 octobre 2013). A travers l’exemple de Lórant Deutsch et de son désormais célèbre « Métronome », déjà vendu à plus de deux millions d’exemplaires, l’objectif de cette séance est de s’interroger sur les usages et l’écriture de l’histoire. Comment ces dernières années, à contre-courant total de l’évolution des sciences humaines et de la recherche historique, certains « historiens » improvisés comme Lórant Deutsch en reviennent à l’écriture d’une histoire nationale, patriotique, faite par les « grands hommes » ? Comment la méthode historique qui se veut scientifique est complétement balayée par ces auteurs ? Comment ces « historiens de garde » parviennent à toucher un auditorat large grâce à des relais médiatiques puissants ? Voici quelques unes des questions auxquelles nous tacherons de répondre. Durée avec les questions : 52 min. Télécharger (format .m4v, 434Mo) Télécharger le support.

L’identité européenne et la fabrique des Européens : décryptage d’une construction politique, par Clara Egger, IEP

(9 octobre 2013). L’ identité en science politique fait référence aux valeurs et aux modes de vie communs mais aussi au processus d’attachement des citoyens à la communauté politique. Après avoir construit l’Europe, voilà qu’on s’efforce de construire les Européens. Oui mais voilà on ne s’attache pas facilement à une Union Européenne perçue comme lointaine, froide et technocratique. Dans ce contexte tous les moyens sont bons : recours à l’imaginaire politique, aux mythes, et, pourquoi pas à la peur. Décryptage. Durée avec les questions : 39min. Télécharger  (format .m4v, 335Mo ) Télécharger le support.

L’art de corrompre les futurs médecins. Exemple vécu, par Jessica Guibert

(16 octobre 2013). Itinéraire d’une étudiante en médecine parmi les diverses sollicitations des laboratoires pharmaceutiques… Comment les industries de santé cherchent-elles à influencer les futurs médecins ? Peuvent-ils échapper à cette stratégie de promotion ? Durée avec les questions : 47min. Télécharger  (format .m4v, 398.14Mo ) Télécharger le support.

Idées reçues et récupérations idéologiques de la théorie de l’évolution, par Julien Peccoud

(23 octobre 2013). Bien que traitée dans les programmes de l’Éducation Nationale, la théorie de l’évolution est souvent surinterprétée ou mal comprise. Son enseignement reste difficile car nécessite une attention toute particulière sur les analogies et les termes utilisés afin de ne pas entretenir des conceptions fallacieuses, déjà bien trop présentes dans les médias. Mieux connaître les facettes de cette théorie permet de se prémunir face aux interprétations classiques (anthropocentrisme, finalisme, complexité irréductible) qui font le lit des créationnismes de toutes sortes. Durée avec les questions : 39min. Télécharger  (format .m4v, 457.11Mo ) Télécharger le support.

Comment lire et comprendre des articles scientifiques ?, par Nicolas Pinsault

(13 novembre 2013) Un point commun des crèmes anti-rides, shampoings contre la perte des cheveux, thérapies manuelles révolutionnaires pour faire disparaitre les migraines est souvent le critère d’efficacité « scientifiquement prouvé » dont ils se parent. Mais comment savoir si la méthode utilisée est bonne pour évaluer une efficacité ? Durée avec les questions : 41min. Télécharger  (format .m4v, 443Mo ) Télécharger le support.

Les rouages de la propagande de guerre : des Sudètes (1938) à la Syrie (2013), par Clara Egger & Richard Monvoisin

(20 novembre 2013) La propagande est un ensemble de moyens psychologiques développés pour influencer la perception publique des événements ou des enjeux, de façon à endoctriner ou embrigader une population et la faire agir et penser d’une manière prédéfinie. La propagande de guerre a ceci de particulier qu’elle est extrêmement simple à décrypter, et pourtant efficace, même en France. Petit survol. Durée avec les questions : 1h06min. Télécharger  (format .m4v, 548Mo ) Télécharger le support.

Mieux comprendre la croyance aux conspirations, par Anthony Lantian

(27 novembre 2013) Pour quelles raisons certaines personnes ont-elles tendance à voir derrière les faits d’actualités les signes d’une vaste conspiration mondiale ? Cette présentation aura pour objectif de donner un aperçu de ce que les recherches en psychologie sociale peuvent nous apprendre au sujet des croyances aux théories de la conspiration. Durée avec les questions : 59min. Télécharger  (format .m4v, 508Mo ) Télécharger le support.

Qu’est-ce qu’une imposture intellectuelle ?, par Denis Caroti

( 24 janvier 2014). L’utilisation d’un jargon scientifique pour impressionner le quidam n’est pas l’apanage des charlatans : l’usage plus subtil de concepts mathématiques ou physiques pointus, notamment pour alimenter des analogies et extrapolations abusives, se retrouvent dans les textes de nombreux auteurs bien connus. Dénoncées par Alan Sokal et Jean Bricmont il y a plus de dix ans, ces « impostures intellectuelles » surfent sur la vague d’un relativisme à la mode, pour lequel l’objectivité est une simple convention sociale. Comment pouvons-nous les déceler et les désamorcer ? Durée avec les questions : 35min. Télécharger  (format .m4v, 295Mo ) Télécharger le support.

Est-il utile de dormir ?, par Patrick Lévy, président de l’UJF

(26 janvier 2014). 1/ Dans les sociétés modernes, la privation de sommeil semble être le prix à payer de l’évolution des modes de vie et de travail ; 2/ dans le même temps, la recherche a mieux cerné pourquoi nous dormons et quelle est la fonction du sommeil pour l’équilibre général de notre organisme ; 3/ c’est cette contradiction qui doit être explorée dans ces différentes dimensions. Durée avec les questions : 46min. Télécharger  (format .m4v, 389Mo ) Télécharger le support.

Il faut sauver la neutralité d’Internet ! par Silvie Renzetti, bibliothécaire SICD1

(19 mars 201). La neutralité de l’Internet est une question technique qui met en jeu des opérateurs économiques puissants et implique des enjeux politiques forts, c’est pourquoi au-delà du débat d’experts, il serait tout à fait imprudent de se désintéresser d’un tel sujet. Cet exposé tente de comprendre quels sont les termes, les acteurs et les conséquences de cette question débattue depuis des années. Durée avec les questions : 42min. Télécharger  (format .m4v, 351Mo ) Télécharger le support.

Les créationnismes et l’intrusion de valeurs en sciences, par Julien Peccoud

(26 mars 2014). Le créationnisme nait avec les textes sacrés mais le débat autour de la question des origines et de l’évolution de la vie a émergé avec l’avènement des pensées évolutionnistes et plus précisément de la théorie de l’évolution de Charles Darwin. Ces courants créationnistes, très divers, se réclament originellement des écritures saintes mais s’en éloignent dans des courants plus récents. Pour autant, les procédés rhétoriques restent équivalents, unifiés dans des schèmes de pensée communs. Afin de se faire un avis objectif, il est donc important de pouvoir identifier les origines, les pensées et les liens que ces différents courants entretiennent ainsi que de discerner leurs arguments fallacieux à l’encontre de la théorie de l’évolution. Durée avec les questions : 46min. Télécharger  (format .m4v, 383Mo ) Télécharger le support.

L’Intelligent Design : la face pseudo-scientifique du créationnisme, par Julien Peccoud

(2 avril 2014). L’intelligent design (ID) est un courant proposant une alternative souvent séduisante à la théorie de l’évolution. Les arguments sont très divers et les tenants de l’ID peuvent se réclamer d’un évolutionnisme mais révoquent la notion de hasard en proposant que des « forces » transcendantes puissent guider ou être à l’origine de cette évolution. Le but de cette conférence sera de contrer quelques arguments de l’ID sur le champ de la biologie évolutive mais surtout d’analyser sa légitimité dans le champs de la science et en quoi l’ID reste un créationnisme, une porte d’entrée aux intrusions spirituelles et aux valeurs en sciences ainsi qu’une stratégie politique. Durée avec les questions : 46min. Télécharger  (format .m4v, 392Mo ) Télécharger le support.

Peur sur la ville : les islamistes, Al Qaïda et le djihad global, par Clara Egger, Collectif CorteX

(9 avril 2014) « Internationale terroriste », « arc de crise djihadiste » sont autant de pseudo-concepts créés depuis le 11 Septembre 2001 pour analyser les relations internationales sous le prisme d’un affrontement entre l’ « Occident » et l’ « Islam ». A l’image de la prise d’otage à Nairobi en septembre dernier, chaque événement est utilisé pour confirmer la thèse d’un terrorisme islamiste susceptible de frapper partout, n’importe quand au nom du djihad global. Mais qu’y a-t-il derrière le concept d’« islamisme » ? Peut-on réduire l’ensemble des mouvements se revendiquant de cette idéologie à ce mot-valise ? Le 11 Septembre a-t-il véritablement changé la donne de la politique internationale ? Durée avec les questions : 38min. Télécharger  (format .m4v, 323Mo ) Télécharger le support.

La trépidante histoire du droit d’auteur (1) « le piratage c’est du vol », et autres phrases chocs, par l’Association Grésille

(16 avril 2014). Une courte vidéo annonçant que « le piratage, c’est du vol » est imposée à tous les spectateurs de DVD achetés dans le commerce. Pourtant, ces six mots contiennent un nombre de contre-vérités assez impressionnant. Dans cet atelier, nous décortiquerons cette phrase, ainsi que quelques autres à propos du droit d’auteur et d’Internet. Internet signe-t-il la mort de l’industrie du disque ? Internet est-il une zone de non-droit ? Le droit d’auteur encourage-t-il la création artistique ? Le piratage nuit-il à la création artistique ? Durée avec les questions : 37min. Télécharger  (format .m4v, 311Mo ) Télécharger le support.

La trépidante histoire du droit d’auteur (2) La crise, par l’Association Grésille

(23 avril 2014). Le droit d’auteur est forcé de changer. Ses conditions d’existence ne tiennent plus : il est remis en cause par la possibilité de s’abstraire du support physique des œuvres, et de copier celles-ci pour un coût négligeable. L’industrie du divertissement l’a bien compris et déploie une énergie importante pour contrôler la distribution culturelle sur ce nouveau média. Si Internet et l’informatique révolutionnent la création, ils fournissent aussi aux industries du divertissements des moyens de contrôle pour préserver leur position et s’opposer à cette révolution. Dans cet atelier, nous aborderons cette crise et l’évolution de la création culturelle qui en résulte.
Durée avec les questions : 42min. Télécharger (format .m4v, 344Mo ) Télécharger le support.

La « théorie » du genre, par Guillemette Reviron

(28 mai 2014). Depuis son entrée dans les programmes des classes de 1ères L et ES en 2011, ladite « théorie du genre » a suscité de vives inquiétudes et de fortes oppositions (lettre de députés demandant son retrait des programmes scolaires, veilles de parents d’élèves dans les écoles, tracts distribués devant les écoles, journée de retrait de l’école). La médiatisation de cette protestation a fortement contribué à entretenir de grandes confusions sur la notion de genre, véhiculant notamment l’idée que la « théorie du genre » a pour objectif de gommer les différences entre les sexes. Or, contrairement à ce qui fut souvent affirmé, les études sur le genre ne nient pas les différences entre les sexes : elles mesurent les différences non biologiques entre les sexes, mettent en évidence les processus qui les perpétuent et étudient les rapport de domination entre les sexes qui en résultent. Durée avec les questions : 62min. Télécharger (format .m4v, 503Mo ) Télécharger le support

Le freudisme : un conte scientifique ? Par Jacques Van Rillaer

(09 oct. 2014). Partant du commentaire fait par Krafft-Ebing d’une conférence de Freud : « cela ressemble à un conte scientifique », on montrera que Freud, qui croyait que sa place était à côté de Copernic et Darwin, est à placer à côté de Charles Perrault et les frères Grimm, les auteurs de contes. Durée avec les questions : 57min. Télécharger (format .m4v, 498.8Mo )

Peur sur la ville : les islamistes, Al Qaïda et le djihad global (2), par Clara Egger.

(2 dec. 2014). Durée avec les questions : 45min. Télécharger (format .m4v, 503Mo ) Télécharger le support

Les neuromythes, par Nelly Darbois

(26 mai 2015). Dans le milieu de l’éducation comme de la santé, le recours à des concepts découlant des neurosciences est fréquent, souvent pour donner du crédit à des méthodes pédagogiques ou des thérapies et ainsi en légitimer l’usage. Il existe dans ces domaines ce qu’on appelle parfois des neuromythes : des concepts ou théories fausses ou non vérifiées sur le fonctionnement cérébral, découlant parfois d’une erreur de compréhension d’un fait scientifiquement établi. En parallèle de cela, nous avons tendance à accorder plus de crédit à une idée qui se réclame des neurosciences, qui utilise son langage ou ses images. Nous expliciterons quelques-uns de ces neuromythes et leur potentielles dérives. Durée avec les questions : 46min. Télécharger (format .m4v, 389Mo ). Télécharger le support

Urgent : à la conquête du PAF !

Mais qu’est-ce que le PAF ?

Questionnement évident pour des personnes non enseignantes dans l’éducation nationale se retrouvant face à cet énième acronyme : le PAF, ou plan académique de formation, regroupe toutes les formations proposées par une académie en vue de la formation continue des enseignant·e·s. Cependant, les inscriptions au PAF, bien mal placées dans le calendrier, sont censées être déjà terminées pour l’année scolaire 2013-2014.

Et que vient faire le CorteX là-dedans, me direz-vous ?

Cette année, une formation a été lancée entre les IA-IPR (inspecteurs) de physique-chimie et le collectif CorteX.
C’est une formation qui donne du matériel pédagogique pour développer l’esprit critique des élèves, et qui utilise l’enthousiasme pour les élèves à travailler sur des sujets « étranges » et controversés, d’où son nom : « Zététique et esprit critique » (de Zeteîn, en grec, chercher)*
Elle s’ouvre dans le PAF pour janvier, en Drôme – Ardèche d’abord, ailleurs les années suivantes. Il reste encore des places. !

Ça serait bien dommage que pour une première fois, ce module Esprit critique / autodéfense intellectuelle ne s’ouvre pas parce qu’en deçà d’un seuil d’effectif.

Alors ?

we-need-you-super-dupont

Peut être pouvez-vous diffuser l’information du côté des départements de l’Ardèche et de la Drôme ? Surtout, ne vous privez pas de faire suivre à des collègues ou ami·e·s non-profs de physique-chimie. Nous sommes las de voir les divisions disciplinaires. La commande du stage est certes ciblée sciences physiques,mais nous avons de quoi rendre poreuses les barrières disciplinaires, donc bienvenue SVT, philo, lettres, langues, géographie-histoire, SES ! De toute façon, comme vous le savez, l’esprit critique ne s’use que si l’on ne s’en sert pas !

Denis Caroti, Julien Peccoud, Richard Monvoisin

PS : si vous êtes intéressé·e·s, répondez-nous directement. Nous vous indiquerons ensuite à quel moment vous rendre sur le site pour l’inscription officielle.


Descriptif de la formation :

objectif pédagogique :
A travers de multiples exemples, présenter la démarche zététique (bases historiques, philosophiques, épistémologiques), le cadre dans lequel il est possible de l’utiliser en classe et hors classe (AP, ateliers, clubs, options MPS) ; comment s’approprier et faire partager aux élèves la réflexion critique et scientifique sur des thématiques transdisciplinaires.
description du contenu.

L’accent est mis sur les outils d’analyse critique, quelques bases d’épistémologie (différences entre science et pseudosciences, aspects méthodologiques de la démarche scientifique) et de psychologie (perception, mémoire, influence et manipulation). On donne ensuite une  introduction aux outils d’autodéfense intellectuelle illustrés par de nombreux exemples (effets et facettes zététiques). Le lien est fait en  permanence entre ces outils et les travaux et ressources pédagogiques déjà réalisés et disponibles (voir www.cortecs.org).
Un travail en groupe est proposé pour élaborer et discuter des séquences pédagogiques sur la thématique science et esprit critique. Mise en commun et restitution lors de la deuxième journée notamment. En fonction du temps : élargissement des sujets de recherche (des sciences aux idéologies),  discussions sur les risques et les enjeux la médiatisation de l’information scientifique, les dérives et dangers de différentes pratiques thérapeutiques, etc.

Pédagogie – Atelier zététique et esprit critique en AP en seconde

Julien Peccoud, professeur de Sciences de la Vie et de la Terre en Isère, réalise un fort sympathique matériel pédagogique. Non seulement il partage son expérience, ses réussites mais également ses erreurs et ses doutes, dans un atelier zététique et esprit critique réalisé en séance d’Accompagnement Personnalisé (AP) de seconde. De quoi faire évoluer certaines pratiques mais aussi le cadre éducatif assez restreint dans lequel elles s’inscrivent… suscitant une forte envie de pousser les murs.

Contexte

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L’accompagnement personnalisé (AP) est entré en vigueur avec la réforme des lycées à la rentrée 2010. Le but de l’AP est assez large, allant du soutien à l’approfondissement en passant par l’orientation. L’organisation de l’AP est laissée à l’appréciation de l’équipe éducative du lycée (autonomie des établissements). Beaucoup de choix sont possibles et on peut remarquer une grande variabilité entre les établissements.

L’AP est maintenant arrivé en terminale avec la réforme montante mais les objectifs ne sont pas les mêmes dans les trois niveaux de lycée. En seconde, ces heures peuvent être utilisées pour encourager l’ouverture interdisciplinaire, pour développer des « projets » ou pour revenir sur les méthodes de travail liées aux exigences spécifiques du lycée. En première et terminale, on y transmet plutôt du contenu disciplinaire dans l’objectif du bac.

Voilà pour la vision officielle de l’AP…

… Cependant, la réalité est tout autre car l’AP n’a rien de « personnalisé » et pose des difficultés dans la motivation des élèves. En effet, ce n’est pas un enseignement sanctionné par une évaluation (continue ou finale). De ce fait, et c’est bien dommage, les élèves ne s’investissent que très peu et prennent ces séances comme de la garderie. Force est de constater que la motivation est souvent liée à la perspective d’une notation, il parait ainsi difficile de faire sortir les élèves de ce comportement stéréotypé. De plus, étant donné le peu de moyens horaires venant des rectorats, cet « enseignement » se fait généralement en groupe trop chargé pour prétendre à un caractère « personnalisé ». Dans mon lycée on tourne autour de 15 à 20 élèves.

Il faut en fait entendre le terme de « personnalisé » comme un choix laissé à l’élève (de la belle novlangue démagogique soit dit en passant). Des « cycles » d’AP sont mis dans un « menu » dans lequel les élèves de plusieurs classes vont choisir. Étant donné qu’il faut proposer tout un panel de disciplines et/ou d’activités, ce sont des élèves de plusieurs classes qui se regroupent dans un cycle d’AP proposé par un enseignant. Dans mon lycée, ce sont des « barrettes » de trois ou quatre classes (c’est-à-dire en parallèle) qui sont mises en place avec cinq ou six enseignant·e·s à charge, ce qui fait bien 15 à 20 élèves par groupe d’AP.

Cela pose au moins trois problèmes :

  • la place dans chaque cycle – Le nombre de places étant limité dans chaque AP, certains élèves se retrouvent dans un cycle qu’ils·elles n’ont pas choisi. Cela diminue encore la motivation et l’intérêt pour ce type de séances.
  • la relation avec l’enseignant·e – Il est très fréquent que les personnes intervenant en AP ne soient pas des enseignant·e·s des disciplines de la classe étant donné que les élèves proviennent de plusieurs classes. Cet éloignement rend d’autant plus difficiles l’accroche et l’emprise sur les élèves.
  • l’hétérogénéité du groupe – Toutes les six semaines les élèves se retrouvent dans un groupe de travail nouveau et on sait qu’une ambiance de groupe met du temps à se mettre en place. Ajouté à cela que les sorties scolaires et autres évènements liés à une classe ne vont impliquer qu’une partie des élèves, on arrive aussi à une hétérogénéité temporelle lors d’un cycle d’AP. Cela a une influence sur le rythme général.

Déroulement des cycles d’AP zététique

Dans mon établissement, nous faisons des cycle d’AP d’environ 6 semaines soit 6 fois une heure.

J’ai réalisé deux cycles successifs. Ils ont été répartis de cette manière :

Séance 1 : présentation de la zététique et annonce des consignes de travail.

Séance 2 : choix des sujets par les élèves et début du travail de recherche.

Séance 3 : travail en binôme sur les sujets (analyse du sujet, recherche documentaire).

Séance 4 : présentation et mise au point sur la démarche scientifique : comment mettre en place une bonne expérimentation. Suite du travail des élèves.

Séance 5 : suite du travail.

Séance 6 : présentation orale des différents groupes (5 minutes par groupe).

Séance 1

  • J’ai réalisé un petit topo pour expliquer ce qu’est la zététique et ce sur quoi nous allons travailler en insistant sur la démarche d’investigation. Les élèves devaient par eux·elles-mêmes analyser un fait paranormal, pseudoscientifique ou autre. J’ai essayé de cerner trois champs de travail : le paranormal, les pseudosciences / médecines dites alternatives et les sciences dans les médias.
  • Par la suite je leur ai donné quelques outils simples (erreurs de logiques, attaques, travestissements).
  • Je leur ai enfin donné des propositions de thèmes et de sujets en laissant la liberté d’en traiter d’autres.

Les consignes étaient les suivantes :

Renseignez-vous sur le sujet choisi de manière à pouvoir le décrire et le faire comprendre lors de votre exposé oral (par exemple : « d’où provient cette croyance/pseudoscience ? Quelles sont les bases scientifiques invoquées … »).

Mettre en place un protocole expérimental afin de tester si le sujet d’étude est scientifiquement valide ou non.

Selon moi, cette séance se passe assez bien car les élèves sont assez interloqué·e·s par le sujet qui sort un peu de l’ordinaire par rapport à leurs enseignements habituels. Les questions fusent, les remarques aussi. La présentation des erreurs de logiques les intéressent. Elle est propice à une introspection (« ah mais c’est vrai, je le dis tout le temps ça! »).

Séance 2 et 3

Les élèves ont mis beaucoup de temps à choisir leur sujet et certains groupes n’ont même pas réussi à se mettre au travail sur un thème. Ils·elles naviguent entre les propositions que je leur ai données et regardent les documents (vidéos) liés à tous les sujets. Cela a fait perdre beaucoup de temps et surtout beaucoup d’investissement de la part des élèves.

Séance 4

Je fais un petit rappel sur la démarche scientifique et la mise en place de protocoles expérimentaux.

Poser un problème (réduire le sujet traité à un seul paramètre d’étude) > Hypothèse > Expérimentation > Traitement les résultats > Conclusion.

Pour l’expérimentation, j’ai rappelé la notion de témoin et de facteur variant (un seul facteur doit varier entre le témoin et le test). Explication rapide du double aveugle et de l’effet placebo. N’ayant que peu de temps, je n’ai pas abordé le sujet de la randomisation. J’insiste bien sur le fait qu’ils·elles ont peu de temps et que le but n’est pas de mettre en place une expérience mais de seulement proposer un protocole expérimental. Pour les groupes ayant choisi un sujet plus sociologique (médias et sciences par exemple) j’insiste sur la consigne : décortiquer le sujet en utilisant les outils mis à leur disposition en début de cycle.

Les élèves se remettent sur leur sujet.

Séance 5

Des groupes n’arrivent pas à élaborer un protocole ou même à cerner un paramètre à étudier. D’autres ne travaillent pas vraiment, naviguant sur Internet et s’éloignant largement du sujet.

Un groupe commence à regarder des vidéos de catalepsie. En discutant avec elles, je me rends compte d’une résistance assez forte face à la croyance : elles ne sont pas en mesure de trouver comment tester cela. Leur argument : « mais il nous faudrait un hypnotiseur et on n’en a pas ! ». J’ai fait des pieds et des mains pour les amener à se dire qu’elles pourraient le tester elles-mêmes, mais sans réussite. Au final, j’ai dû leur dire qu’elles devaient essayer mais là encore, elles restaient persuadées que c’était vraiment le fait d’un hypnotiseur. On a essayé entre deux tabourets dans la salle avec en prime une autre élève montant sur la non-hypnotisée pour rajouter du poids : c’était parfait ! A partir de ce déclencheur, elles ont pu analyser une vidéo d’un hypnotiseur, traiter de la mise en scène, de la position et des forces mises en jeu.

Séance 6

Étant donné la vitesse de travail des élèves, peu ont pu présenter leur travail à l’oral (3 ou 4 tout au plus).

Problèmes rencontrés et remédiation

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Dans l’ensemble, je dirai que ces deux cycles d’AP se sont moyennement bien passé. Une bonne moitié des élèves étaient peu impliqués avec cependant quelques binômes ayant fourni un bon travail méthodologique.

Le temps imparti

Le temps imparti (six heures) est trop court pour un tel travail de déconstruction sur un sujet de zététique. La présentation, les concepts et l’outillage laissent peu de temps pour le travail des élèves. De plus, si on veut faire une séance de présentation finale il ne reste que 3h30 de travail effectif.

Je ne vois que peu de solutions à ce niveau car la durée du cycle dépend de l’organisation interne de l’établissement. On pourrait tout de même imaginer de raccourcir l’introduction, tout en préservant le côté stimulant, pour pouvoir passer directement au choix des sujets. En ce qui concerne la présentation de l’outillage, il serait peut-être judicieux de cibler avec chacun des groupes les outils dont il a besoin pour mener à bien son enquête.

Le type et le nombre de sujets

J’ai voulu laisser un large choix de sujets aux élèves mais ils·elles se sont perdus dans les méandres des thèmes. Il faudrait mieux cerner quelques sujets et donner le moins de choix possible aux élèves.

Les consignes

Beaucoup d’élèves ne semblaient pas comprendre le but du cycle. Les consignes devaient être trop larges mais j’avais en tête de développer l’autonomie. Il faudrait proposer des thèmes plus simples et avec une consigne plus précise. On perdrait en autonomie mais on gagnerait en temps. Il faut garder en tête que ce n’est qu’une introduction à la zététique et il ne serait pas vraiment gênant de donner plus d’aide et d’orienter leur travail.

La motivation pour le cycle d’AP

Ce problème est inhérent à la structure de l’AP et je ne sais pas comment y remédier. Beaucoup d’élèves ont atterri dans ce cycle sans l’avoir choisi. Peut-être aurait-il fallu faire des groupes de travail plus grands (trois ou quatre élèves), bien que cela augmente le risque de distraction et de bavardage et que certains élèves en profitent pour se reposer sur d’autres. Cependant, dans ce cas, il est possible qu’un groupe de travail de quatre soit bénéfique pour la motivation dans le cadre de l’AP.

En conclusion

Faire de la zététique en AP semble assez difficile au premier abord mais peut-être faut-il penser cela de manière plus simple. Cela pourrait être l’occasion de se centrer sur la démarche scientifique et de mettre de côté certains thèmes comme les médias ou le paranormal dans un premier temps. Ou bien on pourrait imaginer plusieurs cycles d’AP recouvrant de la zététique et de l’esprit critique afin de moins s’éparpiller :

  • Cycle zététique et critique de la science dans les médias

Outillage présenté : techniques de manipulations et de marketing, appel aux émotions.

Consignes : déconstruire des articles dits scientifiques, analyser la présentation de certains produits du commerce mettant en avant leur caractère scientifique.

  • Cycle zététique et pseudosciences/medecines dites alternatives

Outillage présenté : méthodologie scientifique, principes de base en statistique.

Consignes : proposer un protocole expérimental dans le but de tester la véracité d’une pseudoscience ou d’une médecine dite alternative.

  • Cycle zététique et paranormal :

Outillage présenté : erreurs de logique, psychologie et biais cognitifs, psychologie sociale, rasoir d’Ockham et compagnie.

Consignes : faire des recherches sur un événement relevant du paranormal. Grâce à l’outillage mis à votre disposition, recherchez les origines historiques et sociales de cette croyance. Tentez de donner une explication rationnelle de cet évènement.

Pour élargir un peu, d’autres espaces sont utilisables au lycée pour faire de la zététique et de l’esprit critique :

  • Les enseignements d’exploration en seconde visent l’interdisciplinarité. Par exemple en sciences, c’est MPS (Méthodes et Pratiques Scientifiques) en collaboration avec les SVT (Sciences de la Vie et de la Terre), les SPC (Sciences Physiques et Chimiques) et les mathématiques. A coups de 1h30 par semaine sur la totalité de l’année il est possible de développer quelque chose de plus abouti. Cependant, les thèmes nationaux sont imposés et il faudrait passer outre.
  • Enfin, le meilleur endroit, selon moi, pour faire de la zététique semble être les TPE (Travaux Personnels Encadrés) se déroulant en classe de première, sur la moitié de l’année, deux heures par semaine, et sanctionnés d’une évaluation finale comptant pour le bac. Dans ce cadre, les élèves sont plus motivé·e·s (pour différentes raisons allant de la notation au fait qu’ils·elles sont dans leur filière « de choix »). Ici aussi deux ou trois enseignant·e·s interviennent ce qui permet, pour ce qui est des sciences, de faire appel à la physique, chimie, biologie, géologie et aux mathématiques. En TPE de sciences les élèves sont largement encouragés à faire des expériences et doivent aboutir à une production finale et présenter une soutenance ce qui entraîne forcément plus d’implication personnelle : c’est souvent l’occasion de voir un bel engouement collectif.
Julien Peccoud, novembre 2012

Annexe 1 – recueil d’erreurs de raisonnement et sophismes argumentatifs

À télécharger ici.

Annexe 2 – sujets proposés

Sujet Description et consigne proposée Documents de départ

Si c’était à refaire, ce que je changerai

1 L’acupuncture

Critiquez l’article, pour cela vous devez vous documenter sur l’acupuncture et utiliser la démarche expérimentale.

Un mystère de l’acupuncture expliqué par la science, Le Figaro, 31 mai 2010.

Consigne – Faire une analyse critique de l’article. Pour cela vous devez vous documenter sur l’acupuncture et utiliser la démarche expérimentale.

Le sujet est peut-être complexe pour des secondes. A supprimer ?

2 Le triangle de la burle

Le triangle de la Burle est décrit comme étant le « triangle des bermudes français ».

Le triangle de la Burle, Les 30 histoires les plus mystérieuses (2010)

Le triangle de la Burle, André Douzet

 
3 Les effets de la lune sur la pousse des cheveux et sur les naissances

La lune aurait un effet sur la vitesse de pousse des cheveux et des poils ainsi que sur les naissances (il y aurait plus de naissances les jours de pleine lune)

 

Consigne – Des croyances répandues prétendent qu’il y aurait un effet de la lune sur le monde biologique (vitesse de pousse des cheveux, plus de naissances ou de crimes les jours de pleine lune…)

Il faudrait donner des chiffres et des statistiques que les élèves pourraient traiter.

4 Les effets de la lune sur la production végétale La lune aurait des effets sur la croissance des végétaux dans un potager.

Jardiner avec la Lune, Le potager facile

Consigne – Des croyances répandues prétendent qu’il y aurait des effets sur la croissance des végétaux dans un potager. Comment pourrait-on tester cela ?

5 Les effets de la lune sur le sommeil.

On dit que l’orientation de notre lit a une influence sur le sommeil. Comment vérifier cela expérimentalement.

 

Consigne – On dit que l’orientation de notre lit a une influence sur le sommeil. Proposez un protocole pour tester cette affirmation.

6 Le hoquet et les techniques pour l’arrêter

Il y a un grand nombre de techniques supposées arrêter le hoquet. Quand est-il ? Sur quoi se basent-elles ?

 

Consigne – Il y a un grand nombre de techniques supposées arrêter le hoquet. Ont-elles fait la preuve de leur efficacité ?

7 La combustion humaine « spontanée »

Des observations montreraient que certaines personnes auraient brûlé spontanément, sans causes externes. Peut-on douter de cela ?

La combustion humaine spontanée, Secret Base

Consigne – Existe-t-il des explications rationnelles à ce phénomène ?

8 La graphologie

Utilisée pour analyser des CV et des lettres de motivation, cette technique permettrait de tracer le profil psychologique par l’étude de l’écriture. Proposez une expérimentation afin de tester cette pseudoscience

 

Consigne – Proposez une expérimentation afin de tester l’efficacité le cette méthode.

Il faudrait mettre à disposition des élèves du matériel sur cela (méthode de graphologie ou autre…)

9 La radiesthésie : les sourciers

Grâce à un bâton, des personnes possédant un « pouvoir » pourraient trouver de l’eau à l’aveugle. Comment pourrait-on vérifier cela expérimentalement ?

 

Consigne – Proposez un protocole expérimental afin de tester l’existence de ce sois-disant pouvoir.

10 L’astrologie L’astrologie est-elle scientifique ?

 

Proposer et mettre en place un protocole permettant de tester la véracité des profils astrologiques.

Signes astrologiques, Astrologie pour tous.

 
11 Les coupeurs de feu (ou barreurs de feu)    

Supprimer ce sujet car trop compliqué pour mettre en place un protocole.

12 L’effet de l’accélération de Coriolis dans un évier

L’eau s’écoulerait de l’évier dans un sens en hémisphère sud et dans le sens inverse en hémisphère nord.

Doc 1  Doc 2  Doc 3    Doc 4

Consigne – L’eau d’un évier s’écoule-t-elle vraiment dans un sens en hémisphère sud et dans l’autre sens en hémisphère nord ?

13 L’hydrocution

Se documenter sur ce phénomène et trouver un protocole pouvant prouver sa véracité

 

Supprimer ce sujet car un protocole est difficilement possible

14 L’homéopathie

Sur quoi se base l’homéopathie ? Imaginez un protocole pour tester cette méthode pharmaceutique.

 

C’est un sujet vaste et complexe. Peut-être est-ce plus simple de se limiter à de la recherche documentaire sur le sujet et laisser tomber la mise en place d’un protocole ?

15 L’acupuncture

Proposer un protocole permettant de tester l’efficacité de l’acupuncture. Pour cela vous devrez vous renseigner sur le procédé et isoler un facteur à tester.

 

Sujet à fusionner avec le premier.

16 Les magnétiseurs

Certaines personnes en font leur profession. Ils prétendent soigner en manipulant et en influant sur nos « énergies » corporelles. Comment tester ce phénomène c’est à dire la capacité à ressentir et manipuler ces énergies que l’on n’ a jamais mesurées ?

   
Autres matériels d’étude ne permettant pas d’expérimenter mais permettant de s’entraîner à la critique
17 Critiques de l’odyssée de l’espèce

Les images et la scénarisation peuvent être trompeuses. Critiquez ces extraits de ce fameux documentaire.

Extrait L’odyssée de l’espèce, Jacques Malaterre (2002)

 
18 Les stéréotypes

Les femmes peuvent faire plusieurs choses en même temps et pas les hommes ; les dyslexiques sont plus intelligents et bien d’autres affirmations de la sorte …. Les stéréotypes sont courants dans la société mais ils ont de multiples origines. Comment les distinguer et les déjouer ?

 

Supprimer les stéréotypes faisant intervenir des notions complexes à définir et donc à mesurer (par exemple l’inteligence). Trouver d’autres stéréotypes simples.

Consigne – Ces affirmations sont-elles étayées scientifiquement ?

19 L’homme et le singe ont-ils un ancêtre commun ?

Nécessite une connaissance dans l’évolution et ses mécanismes … Documentez-vous.

 

Changer pour : l’Homme descend-il du singe ?

Consigne – Cette affirmation souvent entendue est-elle valide scientifiquement ?

20 Les crèmes cosmétiques

Faire une analyse critique de produits cosmétiques à partir de leurs compositions et des arguments publicitaires.

Doc 1 Doc 2 Doc 3  
21 Utilise-t-on 10% de notre cerveau ?    

Sujet à supprimer. C’est trop flou.