Effet impact

Le sophisme est un raisonnement qui n’est logiquement correct qu’en apparence. Il se distingue des paralogismes dans le sens où il est volontairement fallacieux, conçu avec l’intention d’induire l’interlocuteur en erreur.

L’effet Impact consiste à utiliser la connotation, ce que l’on peut appeler le poids des mots, pour induire une idée un peu (ou très !) différente de celle que les mots prétendent représenter. C’est jouer sur l’écart entre connotation et dénotation. Deux mots peuvent en effet dénoter la même chose mais avoir des connotations différentes, positives ou négatives selon les cas [1]. C’est l’un des principaux ressorts de la fabrique de l’opinion au travers des journaux écrits ou parlés, et les professionnel.les de l’éducation populaire l’ont bien compris, à l’instar des ateliers de désintoxication de la langue de bois de certaines coopératives d’éducation populaire comme L’Orage ou le Pavé. Ici, Franck Lepage aborde ce point dans l’émission là-bas si j’y suis en 2010.

Dans l’effet Impact, le choix des mots repose moins sur leur sens que sur l’impact affectif qu’ils génèrent.

Quelques exemples :

  •  le MODH (monoxyde de dihydrogène) est un composé chimique (moléculaire) incolore et inodore, également dénommé par certains : oxyde de dihydrogène, ou simplement acide hydrique. On le retrouve dans de nombreux composés caustiques, explosifs et toxiques tels que l’acide sulfurique, la nitroglycérine et l’alcool éthylique.CorteX_MODH_eprouvette

On voit ici le MODH dans sa forme liquide ainsi qu’une CorteX_MODH_tuyaurivière contaminée par le MODH.

Le MODH n’est que de l’eau. L’effet impact est assuré par la présence d’un vocabulaire scientifique, de mots anxiogènes, certes exacts, mais pétris de connotation1.

La France se lance dans la reconquête totale du Mali (voir ici par exemple). Ne s’agit-il pas tout simplement d’atténuer le sens d’un mot qui décrit, en tout état de cause, une guerre ? Mais le mot « guerre » aurait alors un effet impact négatif.

– Exemples repris dans le Petit cours d’autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon2

  • Frappe chirurgicale –> bombardement qu’on espère précis en raison de la proximité de civils.
  • Incursion –> invasion ; pertes collatérales –> morts de civils
  1. des doctorants-moniteurs du Centre di’nitiation à l’enseignement supérieur (devenu depuis DFI) de l’Université Grenoble-Alpes ont réalisé un Zétéclip sur l’effet impact, en prenant l’exemple du MODH. Voir ici. Un groupe d’étudiants de licence de 2011 de l’Univ. Joseph-Fourier a également travaillé dessus (voir ).
  2. Baillargeon N., Petit cours d’autodéfense intellectuelle, 2005, Lux ed.