Comment TVLab et le service public s’est moqué de de la pensée critique

CorteX_Lazarus_TVLAB
Lazarus dans le poste, c’eut été trop beau

Vous vous rappelez, Lazarus, fenêtre de pensée critique dans la lucarne du petit écran ? Forte déconvenue après le fallacieux concours de France 4 : preuve de plus qu’une pensée élaborée n’a pas de place sur le service audiovisuel.

Chers amis, chères amies,

Tout d’abord je voudrais remercier celles et ceux qui me suivent et ont soutenu ma démarche jusqu’à aujourd’hui.

Comme vous le savez, j’ai accepté de participer à une sorte de compétition publique afin de pouvoir m’exprimer à la télévision. Le TVLab de France 4 offrait en effet au gagnant du concours la possibilité de diffuser une émission à l’antenne. Malgré votre soutien particulièrement vigoureux et vos suffrages sur la toile, malgré le fait que ma proposition soit arrivée loin en tête du concours, France 4 n’a jamais eu l’intention de me donner la parole.

La Raison ? La pensée sceptique ? Le refus des dogmes ? L’humanisme ? La justice sociale ? L’internet neutre ? Pas à la télévision !

Après un an et demi de report en report, après une proposition de diffuser quelques modules sur internet en plein été, le TVLab ne donne plus aucune nouvelle aux producteurs avec qui j’ai travaillé et qui conservent toute ma confiance. Mais c’est le troisième du concours qui se retrouve à l’antenne…

On s’est moqué de vous qui avez voté. Et le concours est relancé pour une deuxième saison.  Et au même moment, France 4 rediffuse un reportage à la gloire des charlatans du pseudo paranormal que j’ai moi-même participé à dénoncer.

La télévision fait partie du système. Elle participe à l’entretien des croyances et de la soumission. Elle engraisse une caste d’amis en méprisant celles et ceux pour qui elle est faite. Mais comme le reste du système, ses jours sont comptés.

L’histoire ne fait que commencer…

Que la Raison éclaire votre chemin.

Note du CORTECS : France 4 ne prend même plus la peine de répondre à Lazarus. Par contre, ils lui ont écrit pour lui dire qu’ils lançaient un deuxième concours et allaient… prendre des images de Lazarus pour faire la promo du TVlab. Fascinante télévision, qu’aucune honte n’étouffe. En attendant, les réseaux sociaux s’embrasent, comme ici.
pour se plaindre à France 4, il est possible d’utiliser le formulaire de contact ou écrire à l’adresse suivante :
7, esplanade Henri de France
75907 Paris Cedex 15

Méthodologie – Outils d'évaluation d'ouvrages à contenu scientifique

Nous avions présenté ici une méthode pour enquêter sur un sujet controversé et détaillé les différentes étapes à mener pour recueillir d’une part de l’information contradictoire, d’autre part des informations sur les acteurs du débat, en particulier pour se faire un premier avis sur le degré de confiance à leur accorder. La question de l’évaluation de la qualité intrinsèques des sources n’y était cependant pas abordée. C’est pour répondre à cette problématique que Nelly Darbois et Albin Guillaud se penchent ici sur un aspect primordial de la démarche d’investigation : l’analyse de la bibliographie.

Préambule

Nous avons deux objectifs dans cet article :

1) proposer quelques outils pour évaluer et comparer des ouvrages à contenu scientifique,

2) mettre en application ces outils sur un cas concret de comparaison entre deux ouvrages. Il s’agit de TV Lobotomie – La vérité scientifique sur les effets de la télévision de Michel Desmurget1 et de L’enfant et les écrans – Un avis de l’Académie des sciences2.

Qu’entendons-nous par ouvrage à contenu scientifique ?

Il s’agit pour nous d’ouvrages dont le ou les auteurs exposent volontairement ou non au moins une affirmation de type scientifique. Nous qualifions d’affirmation de type scientifique toute phrase ou groupe de phrases qui exprime quelque chose sur la réalité (physique, biologique, sociale, etc.).

Exemples triviaux

  • Si je lâche une pierre, elle chute vers le sol (affirmation concernant la réalité physique).
  • Le cœur humain sert à propulser le sang dans le corps (affirmation concernant la physiologie humaine).
  • La révolution française eut lieu en 1789 (affirmation concernant l’histoire).
  • Si je suis fumeur, j’ai plus de risque de contracter un cancer du poumon au cours de ma vie qu’un non fumeur (affirmation concernant la santé).

En fait, ce sont toutes les affirmations par lesquelles on essaie de nous faire comprendre que quelque chose  « existe », « a existé », « est réel », « marche », « est efficace », « va se produire », « s’est passé comme cela », « fonctionne comme ceci », « s’explique comme cela », etc.

Nous dirons que la caractéristique essentielle d’une affirmation de type scientifique est qu’elle soit potentiellement vérifiable3. Tous les domaines de la connaissance peuvent être concernés : l’histoire, la biologie, la sociologie, la psychologie, la santé, la physique, l’astronomie, etc.

Les affirmations qui relèvent explicitement de faits imaginaires ou qui expriment un point de vue, un goût, un avis, une opinion ou une croyance personnelle ne sont pas de type scientifique.

Autres exemples

  • Affirmations de type scientifique
    Les fantômes existent.
    Il suffit d’être volontaire pour avoir une bonne situation professionnelle en France.
    Manger des pommes soigne l’arthrose.
  • Affirmations de type non scientifique – Si l’ouvrage ne comprend que des affirmations de ce type, alors nous ne le considérons pas à contenu scientifique :
    J’aime manger des pommes en marchant.
    Je crois aux fantômes.
    Je suis quelqu’un de volontaire et j’ai une bonne situation professionnelle.

Nous vous proposons maintenant quelques exemples réels que nous avons extraits de différents ouvrages :

  • Ouvrage 14 :

« […] je suis surpris par le nombre de ceux qui me consultent régulièrement, soit pour se faire renouveler une ordonnance, soit pour une nouvelle pathologie qui ressemble à la précédente. » (Affirmation de type non scientifique.)

« Le cerveau et le corps humain disposent en effet de pouvoirs très puissants, qui ne sont pratiquement jamais utilisés. Il suffit de les activer pour soigner un nombre considérable de symptômes et de maladies. » (Ici nous avons deux affirmations de type scientifique.)

  • Ouvrage 25 :

« Rares sont celles [les interactions humaines] qui n’impliquent pas la tromperie ou au moins sa possibilité. » (Affirmation de type scientifique.)

« Je suis désormais convaincu qu’étudier comment et quand les individus mentent et disent la vérité peut permettre de comprendre beaucoup d’interactions humaines. » (Affirmation de type non scientifique).

  • Ouvrage 36 :

« Le travail reste dans notre société l’élément structurant de l’identité personnelle et sociale des individus et le facteur premier d’intégration (…) » (Affirmation de type scientifique).

« Nous devons avoir l’ambition de bâtir une nouvelle société du travail, moins dure, moins inégalitaire et plus respectueuse des salariés. » (Affirmation de type non scientifique.)

Pourquoi présenter ces outils ?

Nous estimons que lire un ouvrage à contenu scientifique peut servir, au-delà de nous distraire, à nous apporter des connaissances, à modifier nos idées et à potentiellement influencer nos comportements. En conséquence, il nous semble important que tout un chacun soit en mesure de  réaliser une évaluation critique de ce genre de livre.

Face à des ouvrages de ce type, nous pouvons nous poser un certain nombre de questions : comment réaliser un premier tri entre des livres traitant d’un sujet similaire ? Comment nous positionner face à deux essais qui traiteraient d’un même thème mais qui seraient contradictoires ? Comment nous faire une première idée de la vraisemblance du contenu d’un ouvrage sans le lire dans son intégralité et sans être un expert dans le domaine traité ?7

Nous espérons que les quelques outils « de base » que nous allons exposer par la suite permettront de répondre à ces questions. Nous évoquerons dans un second temps quelques outils « avancés », plus complexes et coûteux à mettre en pratique.

Pourquoi avons-nous choisi ces outils plutôt que d’autres ?

Notre envie de rédiger un article sur le sujet est venue suite à la lecture de deux ouvrages à contenu scientifique (voir partie 2). Nous n’avions pas de connaissance particulière sur le domaine dont ils traitaient et estimions tout de même pouvoir accorder plus de crédit à l’un qu’à l’autre. Nous avons donc essayé de formaliser les critères d’évaluation que nous utilisons habituellement lors de nos lectures ; c’est ainsi que nous avons dégagé ces outils, dont la liste n’est sûrement pas exhaustive. Concernant les outils de base, ils ne s’utilisent pas indépendamment les uns des autres ; ils sont systématiquement à mettre en relation.

Nous avons par ailleurs recherché s’il existait des guides d’analyse critique d’ouvrage et n’en avons pas trouvé. C’est pour cela que nous avons décidé d’en proposer un.

Partie 1 – Quelques outils.

Outil de base 1 – Présence de la bibliographie.

La bibliographie (ou références, sources) est la liste des documents sur lesquels s’est appuyé l’auteur pour écrire son livre et exposer des affirmations. Cette liste peut se trouver en fin d’ouvrage ou être présentée au fil du livre sous forme de notes de bas de page.

Forme bibliographie

Si nous déconseillions précédemment d’utiliser un outil de manière isolée, celui-ci fait exception : il est indispensable. C’est en effet le moyen par lequel nous pouvons vérifier ce que l’auteur avance. Un ouvrage à contenu scientifique qui ne comporterait pas de bibliographie peut être écarté sans vergogne, ou utilisé comme matériel pédagogique afin d’enseigner l’analyse critique.

Outil de base 2 – Ampleur de la bibliographie.

Plus la bibliographie est fournie, plus notre confiance peut augmenter. C’est un moyen simple d’évaluation comparative entre deux ouvrages traitant du même sujet qui auraient deux bibliographies radicalement différentes en quantité (exemple : 10 références versus 500 références). Cet outil n’est bien sûr pas suffisant et peut même induire notre jugement en erreur si, par exemple, l’auteur renvoie à énormément de sources qu’il n’a pas lu, ou s’il s’appuie sur beaucoup d’études dont la méthodologie n’est pas rigoureuse.

Outil de base 3 – Clarté de l’affirmation.

Plus une affirmation est floue, moins elle est compréhensible et identifiable, plus notre méfiance doit s’attiser. En tout cas, cela peut signifier plusieurs choses, par exemple :

1)      notre niveau d’expertise n’est pas suffisant ; qu’à cela ne tienne ! Les outils suivants pourront nous éclairer,

2)      l’auteur ne s’est pas exprimé clairement ; cela arrive,

3)      l’auteur ne pouvait pas s’exprimer plus clairement mais ce qu’il nous dit est en quelque sorte un peu vide de sens (voir effet puits).

Exemple : « manger des pommes soigne l’arthrose » est plus clair que « consommer par voie orale un type de végétaux comestibles permettrait de potentialiser l’évolution de certains troubles musculo-squelettiques ».

Bien évidemment, ce n’est pas parce qu’une affirmation est claire qu’elle est pour autant valide. Nous avons besoin d’autres outils pour évaluer cela.

Outil de base 4 – Liens entre le texte de l’ouvrage et la bibliographie.

Si un auteur écrit un livre composé d’une importante bibliographie en ne mentionnant à aucun moment dans le texte à quelles sources se référer, il devient difficile voire impossible pour le lecteur d’aller vérifier les affirmations qui l’intéressent.

Prenons un exemple. Dans l’ouvrage Ni Dieu Ni Darwin. Les Français et la théorie de l’évolution8, nous lisons :

« Au risque de simplifier une question fort complexe, on peut dire que le principe central qui fonde la diversité des êtres vivants, et donc leur classification, chez Darwin et les biologistes de l’évolution actuelle, est celui du lien généalogique. »

Dans cet ouvrage qui comporte une bibliographie d’une centaine de références, s’il n’est pas précisé par l’auteur à quelle source se référer pour cette affirmation, nous ne pouvons concrètement pas la vérifier. Heureusement l’auteur le fait de la manière suivante :

« Au risque de simplifier une question fort complexe, on peut dire que le principe central qui fonde la diversité des êtres vivants, et donc leur classification, chez Darwin et les biologistes de l’évolution actuelle, est celui du lien généalogique1. »

Ce petit « 1 » que nous avons mis en gras à la fin de la citation (en haut à droite du mot « généalogique ») est là justement pour faire le lien avec la bibliographie. Dans l’ouvrage de Dominique Guillo nous trouvons donc au bas de la page 39 :

« 1. Sur les débats agités autour des critères de classification, et sur la classification aujourd’hui, voir Le Guyader, 2003. ».

Le « 1. » rappelle l’exposant « 1 » trouvé dans le texte et «  Le Guyader, 2003 » que nous avons mis en gras nous permet de retrouver la source dans la bibliographie :

Le Guyader H., Classification et évolution, Paris, Le Pommier, 2003.

Plus il y a de liens entre le texte d’un ouvrage et sa bibliographie, plus notre niveau de confiance peut être élevé. Nous verrons plus loin qu’il sera utile parfois d’aller vérifier cette source.

Outil de base 5 – Précision des références bibliographiques.

L’auteur peut plus ou moins préciser ses sources ; plus il le fait, plus nous pouvons nous fier à sa méthode. Cela ne signifie en revanche pas grand-chose concernant les propos qu’il tient, qui nécessiteront une analyse plus poussée.

Nous proposons l’affirmation suivante : « il existe une dualité fondamentale dans nos instincts ». Sans s’attarder sur la grande clarté de cette affirmation, le lecteur est en droit de se demander « mais d’où sortent-ils cette affirmation ? ». À cette question nous répondons :

– « Lire Jean Préposiet »
– Quel ouvrage ?
– « Histoire de l’anarchisme »
– Quelle page ?
– « Page 58 »
– Quelle édition ? (En fonction de l’édition la page ne sera pas forcément la même).
– « Editions Tallandier, 2005»

Le niveau de précision a augmenté au fil des interrogations. Il aurait été bien venu que nous précisions d’emblée :

Histoire de l’anarchisme, Jean Préposiet, 2005, Ed. Tallandier, p58.

Maintenant, imaginons que le lecteur aille vérifier dans le livre. Il trouve alors le passage suivant :

« En chacun de nous coexistent, dans des proportions variables, un libertaire et un conservateur. Principe de plaisir, principe de réalité. Freud a parfaitement exprimé cette dualité fondamentale de nos instincts. »

Il se rend alors bien compte que l’auteur de cette affirmation n’est pas J. Préposiet mais semble être S. Freud. Malheureusement, l’auteur (J. Préposiet) ne le renseigne pas sur la référence à consulter pour aller plus loin dans la quête de la source « primaire ». Voici quelques solutions que nous proposons au lecteur : laisser sans pitié cette affirmation sur le bord de la route et continuer son chemin ; contacter J. Prépioset pour lui demander sa source ; se renseigner auprès d’un spécialiste de la littérature freudienne ; lire l’œuvre intégrale de Freud en espérant tomber sur le propos dès la première lecture, etc.

Outil de base 6 – Déclaration des liens d’intérêts des auteurs.

Lien interetLorsqu’une personne, un groupe d’individus ou une institution se prononce au sujet de quelque chose (par exemple, l’efficacité d’un médicament), il est possible que des intérêts financiers, matériels, personnels ou symboliques puissent influencer ce qu’ils en disent. On dit alors qu’il y a conflit d’intérêt9.

En France, le Code de la santé publique oblige les membres des professions médicales à déclarer ces liens lorsqu’ils s’expriment dans la presse écrite et lors de manifestations publiques10. Un autre article11 inclut d’autres professionnels lorsqu’ils sont membres de certains organismes parmi lesquels la Haute Autorité de Santé, l’Institut National du Cancer, etc. En dehors du champs médical, nous n’avons cependant pas trouvé trace d’obligation légale de déclaration. Nous pensons tout de même que les auteurs d’ouvrages à contenu scientifique devraient déclarer leurs potentiels liens d’intérêts afin d’en informer le lecteur.

Évaluer la qualité des références : septième outil de base et deux outils avancés.

Outil de base 7 – Vue d’ensemble du sérieux de la bibliographie

Il s’agit de jauger « à la louche » de la qualité et de la diversité des supports et de leurs auteurs (revues scientifiques, journaux, livres, rapports, sites internet etc.) de l’ensemble de la bibliographie.

Par exemple, si la bibliographie est composée uniquement d’ouvrages du même auteur que le livre que nous sommes en train de lire, nous allons tourner un peu en rond. Autre exemple, si la bibliographie que nous consultons ne contient que des articles issus de revues « grand public » telles que Sciences et vie ou Science et avenir, voire Voici ou Télé 7 jours, cela devra renforcer notre méfiance, beaucoup plus que si nous nous trouvons face à des revues scientifiques12. Un critère pour évaluer le caractère scientifique d’une revue est la présence d’un comité de lecture, c’est-à-dire d’un groupe de personnes chargé de relire systématiquement les articles proposés à la revue avant publication.

Nous allons maintenant évoquer deux outils supplémentaires. Ceux-ci nous semblent importants pour qui souhaiterait réaliser une analyse approfondie d’un ouvrage ; si, par exemple, l’application des outils de base alerte la vigilance critique du lecteur. Néanmoins leur mise en œuvre est très coûteuse en temps.

Outil avancé A – Concordance entre le contenu de la référence et ce qu’en dit l’auteur qui y renvoie.

Cela nécessite d’avoir accès à la référence dans son ensemble, via internet ou une bibliothèque par exemple. Bien évidemment, il ne s’agit pas de consulter toutes les références mais uniquement celles qui concernent les affirmations les plus redondantes ou les plus importantes à nos yeux. On essaie donc de voir si la référence

  • existe,
  • traite bien du sujet en question,
  • est cohérente par rapport à ce qu’en dit l’auteur.

Pour une illustration percutante de cet aspect, voir l’ouvrage13 de Nicolas Pinsault et Richard Monvoisin, qui mentionne le cas d’une étude sur le Kinesio-Taping® souvent citée.

Outil avancé B – Qualité du contenu de la référence elle-même.

Le meilleur moyen d’évaluer pleinement la qualité d’une référence est d’aller la consulter et idéalement, d’utiliser des outils d’analyse spécifiques du champ dans lequel s’inscrit l’affirmation de départ. C’est là une des limites de notre présentation, qui n’inclut pas ces outils spécifiques. Nous ne procéderons pas à sa mise en application.

Si malgré tout nous souhaitions évaluer une affirmation en particulier, la soumission de la référence à un expert du domaine pour lui demander son avis ou l’appropriation de quelques outils du champ concerné ne sont parfois pas difficiles à mettre en œuvre (cette vidéo par exemple présente différents critères permettant d’évaluer un article scientifique issu du domaine de la santé :  Comment lire et comprendre des articles scientifiques ? Par Nicolas Pinsault).

Partie 2 – Mise en application.

Nous avons appliqué ces outils à deux ouvrages que nous avons lu dernièrement : TV Lobotomie – La vérité scientifique sur les effets de la télévision et L’enfant et les écrans.

Jaquette Les enfants et les ecrans Jaquette TV Lobotomie

Comme leurs titres le suggèrent, ces deux ouvrages abordent tous deux l’impact sanitaire et social de l’exposition aux écrans. Ils nous semblent destinés à un public assez vaste et non spécialiste de la question ; nous les avons trouvés dans des bibliothèques municipales et librairies généralistes. Ils sont parus à deux ans d’intervalle (en 2011 et 2013). Leurs auteurs sont des scientifiques qui dégagent des recommandations de leurs propos. Ils renvoient à des travaux scientifiques et n’exposent a priori pas leur point de vue, mais le fruit d’un travail de recherche documentaire.

Ils ont donc un certain nombre de points communs, à commencer par leur sujet. Tous deux traitent, entre autres, des conséquences de l’exposition à la télévision chez l’enfant. Pourtant, leurs recommandations, qui s’appuient sur les effets néfastes de l’exposition à la télévision décrits dans la littérature, sont différentes :

  TV Lobotomie L’enfant et les écrans
Enfant avant 2 ans « toute exposition audiovisuelle devrait être strictement proscrite » p328 « aucun effet positif » « peuvent avoir des effets négatifs » p21
De 2 à 3 ans « toute exposition audiovisuelle devrait être strictement proscrite » p328 « l’exposition passive et prolongée (…) sans présence humaine interactive et éducative est déconseillée » p22
 De 4 à 6 ans « toute exposition audiovisuelle devrait être strictement proscrite » p328 « il est préférable que la publicité soit proscrite des programmes pour enfants » « vidéothèque familiale qui puisse se substituer à des programmes de mauvaise qualité » p22
Entre 6 et 12 ans « en dessous de 3-4 heures par semaine » p329 Rien de spécifique
Chez les collégiens « en dessous de 3-4 heures par semaine » p329 Rien de spécifique

TV Lobotomie suggère de proscrire toute exposition avant 6 ans, tandis que L’enfant et les écrans la proscrit seulement dans certaines conditions et selon le contenu après 2 ans. Entre 6 et 15 ans, TV Lobotomie suggère de rationner à un certain nombre d’heures tandis que L’enfant et les écrans ne se prononce pas sur cet âge.

Ces divergences (parmi de nombreuses autres) questionnent puisque ces deux ouvrages sont sensés s’appuyer tous deux sur la littérature scientifique. À qui doit-on accorder notre confiance ? Comment trancher sans être spécialiste de la question ?

Nous allons donc tenter une mise en application sommaire de nos différents outils pour essayer d’identifier si l’un ou l’autre de ces deux ouvrages peut se distinguer.

À noter qu’il serait malhonnête de notre part de faire comme si nous avions procédé a priori, tel qu’il faudrait le faire dans un souci de démonstration scientifique. Nous avions déjà, avant la rédaction de cette note, clairement statué sur la différence de qualité entre ces deux ouvrages. Notre article n’est donc pas une analyse à prétention objective et exhaustive. C’est plutôt une démonstration à vocation pédagogique des outils présentés en partie 1.

Mise en application de l’outil 1 : présence d’une bibliographie.

Les deux ouvrages comportent une bibliographie.

Mise en application de l’outil 2 : ampleur de la bibliographie.

TV Lobotomie inclut une bibliographie de 1 193 références. L’enfant et les écrans en compte 279 (seulement 147 sont invoquées dans le corps du texte, nous en reparlons plus loin). Dans les deux cas, nous n’avons pas compté les redites dont on trouve des exemples dans les deux ouvrages, ce qui fausse légèrement nos chiffres mais n’enlève rien à l’ordre de grandeur.

La différence en termes de quantité est considérable. D’autant plus lorsqu’on se représente l’étendue du sujet traité par L’enfant et les écrans qui déborde largement l’exposition télévisuelle. En effet, cet ouvrage a la prétention d’émettre des recommandations concernant les jeux vidéos, les tablettes tactiles, l’utilisation des réseaux sociaux, etc. De plus, ce travail a été réalisé par quatre rédacteurs (deux membres de l’Académie des sciences et deux personnalités scientifiques extérieures), un groupe de travail de onze personnes dont quatre membres de l’Académie des sciences, et douze personnes auditionnées extérieures à l’Académie14.

À la lumière de ces différents éléments, nous nous serions attendus à ce que l’avis de l’Académie des sciences comporte une bibliographie a minima aussi conséquente que celle de TV Lobotomie.

Mise en application de l’outil 3 : clarté des affirmations.

Pour nous, la différence globale de clarté entre les deux ouvrages nous est apparue évidente en faveur de TV Lobotomie. Voici deux passages illustratifs qui abordent l’impact des écrans sur les comportements violents chez l’enfant. Quand des références étaient invoquées dans le texte, nous avons pris la précaution de les indiquer en gras. Nous avons aussi précisé leur nombre.

L’enfant et les écrans, page 72

« L’influence des images violentes s’exerce à deux niveaux : individuel et collectif (1 référence). À un niveau individuel, les mêmes images violentes peuvent influencer les enfants de trois façons différentes. Il y a d’abord ceux qui voient dans ces images une légitimité à utiliser la violence pour résoudre leurs problèmes quotidiens. Ils sont affectés par le « syndrome du grand méchant monde » (1 référence). Une deuxième catégorie d’enfants est constituée par ceux qui, sous l’influence des images violentes, deviennent de plus en plus craintifs, défaitistes et déprimés et finissent par considérer que la violence qui leur est faite est une fatalité contre laquelle ils ne peuvent rien. Eux aussi sont affectés par le « syndrome du grand méchant monde », mais différemment du premier groupe. Il existe enfin une troisième catégorie d’enfants qui réagit à la violence des écrans en développant le désir de la réduire. Ces enfants s’engagent dans des rêveries de réparation et souvent dans les métiers qui correspondent : travailleur social, juge, thérapeute, etc.»

Dans cet extrait, nous n’avons pas de précision concernant l’âge des enfants concernés. Les auteurs nous présentent trois sortes d’influences différentes ; on ne sait pas quelle est la proportion d’enfants pour l’une ou l’autre, ni selon quels critères ils sont placés dans chaque catégorie ; comment a-t-on mesuré le « désir de réduire la violence » ? Comment diagnostique-t-on des enfants « craintifs, défaitistes et déprimés » ? Les enfants regardant beaucoup la télé sont-ils surreprésentés dans le monde des travailleurs sociaux ? Nous n’avons aucun moyen de le savoir puisqu’aucune référence n’est adjointe à ce passage, nous ne pouvons donc pas obtenir plus de renseignements.

TV lobotomie, page 312

« Dans  leur grande majorité, ces recherches furent menées chez l’enfant.  Elles révélèrent, avec  une  remarquable  unanimité,  que les  contenus violents étaient porteurs d’un profond  pouvoir  anxiogène (3 références). Une étude  réalisée  sur  plus  de 2 200  écoliers  de  8  à  11  ans  indiqua,  par exemple,  après  prise  en  compte d’un  grand  nombre  de  covariables  potentielles,  que  les  enfants  les  plus téléphages obtenaient  des  scores  significativement  plus  élevés  à  des  tests d’anxiété  et  de  dépression (1 référence). D’autres  travaux,  déjà  évoqués,  révélèrent aussi  un lien entre exposition audiovisuelle et survenue de cauchemars chez l’enfant ou l’adolescent (3 références). Dans certains cas, les peurs générées par les contenus visionnés se  révélèrent si  intenses qu’elles durent faire l’objet d’une prise  en  charge  psychiatrique (3 références). L’exemple  le  mieux  documenté concerne  deux  écoliers  de  10  ans  qui  déclenchèrent  un véritable syndrome de  stress  post-traumatique  après  avoir  été  exposés  à  un  film  d’horreur particulièrement crédible (1 référence). »

Dans cet extrait, l’échantillon de référence (la population concernée : son âge, son nombre) est  mentionné. L’auteur évoque un « pouvoir anxiogène » des contenus violents, ce qui n’est pas très précis. Cependant, il cite ensuite les moyens auxquels on a eu recours pour le mettre en évidence et le définir plus clairement : tests d’anxiété et de dépression, nombre de cauchemars, nécessité d’une prise en charge psychiatrique. Si nous avons envie d’avoir un peu plus d’informations concernant ces méthodes, l’adjonction des références nous permet d’en obtenir.

Mise en application de l’outil 4 : liens texte/bibliographie.

Pour un rappel de l’intérêt de cet outil, regardons ce que nous en dit l’auteur de TV Lobotomie dans un avertissement au tout début de son ouvrage :

« Premièrement, pour l’auteur, elles constituent [les références dans le texte] un précieux  garde-fou   :  lorsque  chaque  assertion  se  doit  d’être  étayée,  il est moins  facile  de  dire  n’importe  quoi  et  de  faire  passer  des  boniments  de camelots  pour  des  faits  avérés.  Deuxièmement,  pour  le  lecteur,  elles permettent  de  remonter  à  la  source  des  évidences  présentées  et  ainsi  de vérifier  ou  d’approfondir  des  propos  qui  pourraient  être  jugés  suspects  ou engageants. »

Sur les 279 références mises à disposition dans L’enfant et les écrans, 147 sont invoquées dans le corps du texte pour donner au lecteur la possibilité de vérifier les différentes affirmations, soit 52,7% du total. En sachant que ce corps de texte s’étend de la page 11 à la page 195 de l’ouvrage, nous obtenons à titre indicatif, un rapport de : 147 références / 184 pages = 0,8 références par page (arrondi au dixième). Les 132 références restantes, non invoquées dans le corps du texte, sont listées dans une annexe en fin d’ouvrage.

Dans TV Lobotomie, sur les 1187 références mises à disposition, 1187 sont invoquées dans le corps du texte soit l’intégralité de la bibliographie. Ceci nous donne un rapport de 1187 références / 317 pages = 3,7 références par page (arrondi au dixième).

Dans L’enfant et les écrans, de nombreux passages sous-entendent l’existence de travaux scientifiques ayant montré quelque chose sans indiquer de référence. Citons, par exemple :

« Il a été montré que même des messages brefs envoyés par téléphone mobile pouvaient aider des patients à surmonter des crises d’anxiété et des troubles du comportement, comme l’alcoolisme ou l’addiction à la cigarette. » p173

Par ailleurs, nous estimons utile de signaler qu’aucune référence n’accompagne les passages consacrés aux effets des tablettes numériques. Par exemple :

« Une tablette numérique – à la fois visuelle et tactile – peut très bien, avec le concours d’un adulte (parents, grands-parents) ou d’un enfant plus âgé, participer au développement cognitif du bébé » p84

Enfin, la partie intitulée Un triple bouleversement qui, de la page 55 à 65, nous propose une analyse comparée de la culture du livre versus la culture des écrans est, pour illustrer cet outil, tout à fait édifiante. Aucune référence n’étaye ces dix pages. Alors que des affirmations assez surprenantes sont délivrées. Nous apprenons que :

« La culture des écrans privilégie la pensée spatialisée et la mémoire de travail là où la culture du livre privilégie la pensée linéaire, la narrativité et la mémoire événementielle. » p57

« La pensée du livre induit un modèle linéaire, organisé autour de relations de temporalité et de causalité. C’est le monde du « Où? Quand ? Comment ? Pourquoi ? », et du « mais, ou, et, donc, or, ni, car. » p58,59

« Enfin, la culture numérique accepte la coexistence des contraires. C’est une pensée du « à la fois, à la fois ». p59

Qu’est-ce que la « pensée linéaire » ? Comment sait-on que la « culture du livre privilégie la pensée linéaire » ? Qu’est-ce que le monde du « Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? » ou du « mais, ou, et, donc, or, ni, car » ? Nous pourrions nous poser encore de nombreuses questions à propos de ces quelques affirmations. Nous n’avons pas trouvé d’éclaircissements suffisants pour répondre à ces interrogations. L’absence de référence ne nous permet pas d’approfondir15.

À la vue de ces différents éléments, nous pouvons donc sans trop d’hésitation attribuer à TV Lobotomie une franche supériorité en terme de « force » du lien entre le texte et la bibliographie.

Mise en application de l’outil 5 : précision des références.

Elle est satisfaisante pour les deux ouvrages.

Mise en application de l’outil 6 : déclaration des liens d’intérêt des auteurs.

Aucun des deux ouvrages ne se prononce à ce sujet. Ce que nous trouvons dommage, surtout que, comme il est précisé dans l’avis de l’Académie des sciences à propos des écrans : « les enjeux commerciaux et économiques sont considérables. » p11.

Mise en application de l’outil 7 : vue d’ensemble du sérieux de la bibliographie.

Les deux bibliographies comprennent des références hétérogènes. À première vue, toutes les deux comportent un nombre important d’articles scientifiques.

Une évaluation comparative ne nous paraît pas adaptée vu la différence d’ampleur entre les bibliographies. Nous notons tout de même que l’auteur de TV Lobotomie (contrairement à ceux de L’enfant et les écrans) s’attelle de manière récurrente à la description précise des études qu’il cite : population concernée, procédure expérimentale, résultats, etc. Ceci permettant, au fil de la lecture, d’accéder à une première estimation du sérieux et de la qualité des références utilisées.

Remarquons aussi que L’enfant et les écrans ne mentionne à aucun moment l’existence de l’ouvrage de Michel Desmurget écrit pourtant deux ans auparavant.

Ce dernier, dans TV Lobotomie, critique à plusieurs reprises le positionnement sur la télévision d’une personne nommée Serge Tisseron. Nous trouvons par exemple :

« Ultimement,  elles  constitueraient [les images] «  un moyen  de  connaissance  et  l’ensemble  de  l’imagerie  médicale  montre l’importance prise dans  notre société  par l’image comme moyen de  connaître et  de  comprendre ». Je  dois  dire  que  j’aime  tout  particulièrement  cette  dernière  citation  de Serge Tisseron tant elle  est  représentative  des  amalgames  douteux  dont  nous  abreuve  la  coterie  des  thuriféraires  médiatiques. » page 177

Nous suggérons la lecture du passage complet pour prendre toute la mesure de cette critique.

Nous avons donc été particulièrement surpris de constater que ce même Serge Tisseron se trouvait être un des quatre rédacteurs de L’Enfant et les écrans, d’autant plus que, sur les 147 références que comprend cet ouvrage, 24 d’entre-elles (soit 16%) concernent un document de Serge Tisseron.

Finalement, nous avons notre petite hypothèse quant au fait que le remarquable travail de Michel Desmurget ne soit aucunement mentionné dans L’enfant et les écrans.

Mise en application de l’outil avancé A : concordance entre le contenu de la référence et ce qu’en dit l’auteur qui y renvoie.

Pour illustrer l’utilisation de cet outil et comparer les deux ouvrages, nous avons choisi la première étude citée dans L’enfant et les écrans pour les trois raisons suivantes :

  • elle porte sur l’impact de la consommation télévisuelle chez l’enfant,
  • elle est citée également dans TV Lobotomie,
  • elle est accessible intégralement et gratuitement.

Le but de cette étude16 était d’évaluer l’impact de la consommation télévisuelle de programmes éducatifs et non éducatifs entre 3 et 5 ans sur le développement cognitif entre 6 et 7 ans. Pour cela les chercheurs se sont appuyés sur le nombre d’heures de consommation télévisuelle par jour et sur des résultats à des tests validés de mathématiques, de mémorisation et de compréhension écrite.

Voici ce qu’en dit L’enfant et les écrans :

« Aucune étude ne démontre en effet, à ce jour, un impact positif des écrans non interactifs sur le développement précoce, alors que plusieurs travaux pointent l’existence de problèmes chez les enfants qui y sont exposés de manière excessive. Une telle exposition, y compris avec des programmes adaptés, entrave le développement du langage [référence envers l’étude en question][…] »17

Nous comprenons donc que l’exposition excessive des enfants à la télévision, y compris devant des programmes adaptés, entrave le développement du langage.

Ce n’est pas ce qui est précisément mentionné dans l’étude. À aucun moment l’étude n’évoque spécifiquement l’impact sur le langage – encore faudrait-il définir ce que l’on met derrière ce mot. De plus, l’étude ne parle pas d’exposition excessive, mais d’exposition tout court. Mais là encore, il faudrait être plus précis sur ce que l’on entend par excessif. Les enfants inclus dans l’étude regardaient en moyenne la télé 3h29 par jour entre 3 et 5 ans.

Nous pensons que les propos des auteurs de L’enfant et les écrans manquent de précision et ne reflètent pas les résultats de l’étude.

TV Lobotomie mentionne l’étude à deux reprises :

« En lui-même, ce résultat n’est guère surprenant tant abondent les données montrant que l’usage télévisuel s’acquiert par imprégnation durant les âges initiaux de la vie. [6 références dont l’étude en question] »18

Ce n’est pas l’objet de l’étude, comme nous l’avons précisé précédemment. Cependant, les auteurs de cette dernière évoquent dans leur partie méthode qu’il existe une corrélation entre l’exposition avant 3 ans et celle entre 3 et 5 ans, entre celle entre 3 et 5 ans et celle à 6 ans, ainsi qu’entre celle avant 3 ans et celle à 6 ans. Ils évoquent uniquement une corrélation et non une causalité (sur la différence entre corrélation et causalité, voir par exemple cet article). Nous ne pensons pas pouvoir conclure, à partir de cette référence, que « l’usage télévisuel  s’acquiert par imprégnation durant les âges initiaux de la vie ».

Plus loin, Michel Desmurget dit ceci :

« Cette conclusion rejoint les résultats d’une autre étude ayant établi l’existence d’une relation significative entre le nombre d’heures passées devant le poste avant 3 ans et la réussite à des tests standardisés de lecture et de mémoire à 6-7 ans [référence envers l’étude] »19

Il y a cette fois une concordance nette entre l’étude et ce qu’en dit Desmurget. Pour une autre illustration de cet outil, on peut lire l’article du Monde écrit par trois chercheurs dont M. Desmurget qui critique vivement L’enfant et les écrans. Voir particulièrement le paragraphe « Influences délétères importantes ».

Les différences qu’il existe entre le contenu de l’étude de Zimmerman et al. et ce qu’en disent les deux ouvrages analysés montrent en quoi il est important de réaliser ce travail pour les informations qui nous semblent les plus importantes.

Synthèse

Nous avons synthétisé cette seconde partie dans le tableau suivant :

 

TV Lobotomie

L’enfant et les écrans

Présence d’une bibliographie Oui Oui
Ampleur de la bibliographie 1193 références 147 références
Clarté des affirmations Très satisfaisante Peu satisfaisante
Lien texte/bibliographie Très fort Moyen
Précision des références Satisfaisante Satisfaisante
Déclaration des liens d’intérêt des auteurs Absente Absente
Qualité des références Évaluation partielle Évaluation partielle

Conclusion

 Le livre TV Lobotomie est paru en 2011. Nous le pensons porteur d’importants enjeux sanitaires et sociaux. Indépendamment du fond, la rigueur méthodologique déployée par Michel Desmurget dans cet ouvrage à destination du grand public nous est apparue exemplaire.

Comme nous avons pu le souligner, L’enfant et les écrans, paru en 2013, a été vivement critiqué par une partie de la communauté scientifique20 [23]. Nous rejoignons en tout point leur analyse. Avec L’Enfant et les écrans, nous obtenons une énième démonstration du fait qu’être une autorité scientifique ne peut constituer un gage suffisant de qualité de l’information délivrée.

Maintenant, nous ne pouvons qu’encourager le lecteur à évaluer ces deux ouvrages par lui-même.

 
Nelly Darbois et Albin Guillaud