Compilation de ressources critiques sur la graphologie

Voici une petite compilation de ressources critiques concernant la graphologie à l’usage des curieux qui souhaitent creuser les fondements de cette discipline pseudo-scientifique. Cette page ouverte est évidement non-exhaustive et mérite d’être alimentée : si vous avez lu/vu/entendu une référence critique, solide et pertinente sur ce sujet, n’hésitez-pas à nous contacter à l’adresse contact(at)cortecs.org.

 

  • La graphologie : un mythe ? – Conférence, Laurent Bègue

 

La graphologie est aujourd’hui amplement utilisée dans le recrutement professionnel en France. Peut-on véritablement connaître la personnalité d’un individu à partir de son écriture ? Cette conférence dresse un bilan critique des recherches scientifiques sur les relations entre l’écriture et la psychologie humaine.

Laurent Bègue est Professeur en psychologie sociale et Directeur du Laboratoire Inter-universitaire de Psychologie (LIP).
Cette conférence était programmée dans le cadre du cycle Une heure de psy par mois, filmé à la bibliothèque Kateb Yacine et organisé par le Laboratoire Inter-universitaire de Psychologie de l’Université Pierre Mendès-France de Grenoble (responsables : Rebecca Shankland et Laurent Bègue).
Informations sur le conférencier Laurent Bègue.

 

  • Pratiques pseudoscientifiques et recrutement : l’exemple de la graphologie – Mémoire de Master de psychologie, Baptiste Berry

Ce mémoire de Baptiste Berry, étudiant en Master 1 de psychologie à l’Université de Poitiers, a été réalisé en 2014 dans le cadre de l’Unité d’Enseignement (UE) Évaluations en contextes professionnels. Il est téléchargeable ici

 « En France, la pratique de la graphologie persiste dans le processus de sélection du personnel et cela malgré les nombreux paradoxes qu’elle soulève (scientifique, éthique et déontologique, légal). » Ce travail, soigné, propose de sonder les fondements de la graphologie dans le champ du recrutement professionnel, mais également d’envisager la question suivante : comment permettre aux professionnels de s’émanciper des croyances erronées afin que leur pratique soit basée sur les preuves ? En lien direct avec la démarche de transmission de l’esprit critique, et notamment en milieu professionnel, ce mémoire propose des recommandations aux futurs psychologues soucieux d’appliquer une analyse critique dans le champ de la psychologie.

Notons au passage la participation du Cortecs comme témoin dans ce travail, et la remarque pertinente de Baptiste BERRY sur l’intérêt (et la complexité) d’évaluer notre démarche. C’est une question sur laquelle nous nous penchons effectivement depuis quelque temps.

Plan
I/ La pratique graphologique et ses paradoxes
II/ La croyance graphologique
III/ Réfuter le mythe de la graphologie : de la théorie à la pratique
IV/ Un constat, quelles solutions ?

 

  • La graphologie est-elle une science ? – Dossier de Science et pseudo-sciences, Michel Huteau

SPS n 295 L’imposture de la graphologie, Science et pseudo-sciences (SPS) n° 295, avril 2011.

Le dossier est disponible en ligne et le n°295 de SPS est disponible à l’achat.

 

  • Écriture et personnalité – Approche critique de la graphologie – Michel Huteau

Couverture Écriture et personnalité – M. Huteau

– Présentation de l’ouvrage par Nicolas Gauvrit

« Le livre de Michel Huteau, Écriture et personnalité. Approche critique de la graphologie, étudie la graphologie sans concession, mais sans agressivité. L’histoire de la graphologie est passée en revue, montrant que si l’objet de la graphologie est a priori scientifique, les graphologues refusent majoritairement la méthode scientifique par principe.
 
Les fondements de la graphologie sont douteux, et les tests empiriques, présentés en détails par Huteau, qui ont permis de tester la graphologie, conduisent à remettre en cause presque toutes les hypothèses des graphologues. Seuls quelques cas particuliers sont vérifiés par les scientifiques, tel le fait que les paranoïaques, conformément à l’hypothèse graphologique, écrivent plus gros que la moyenne des gens.
 
L’écriture est individuelle, mais cela ne signifie pas qu’elle révèle tout de la personnalité, ni même quelque chose de la personnalité. Nous savons reconnaître une écriture de fille ou de garçon dans environ 70% des cas ; les graphologues font à peine mieux… et c’est pareil pour les rares caractéristiques que nous savons détecter par l’écriture. Tout cela montre l’inanité de la graphologie non en tant que projet, mais en tant que technique. Huteau termine son ouvrage en se demandant si la graphologie utilisée comme méthode de recrutement est bien légale, la loi réclamant des méthodes ayant prouvé leur efficacité. Un excellent livre à mettre entre toutes les mains. »

 

– On trouvera de nombreux éléments dans cet fiche de lecture de Serge Blanchard, « M. Huteau. Écriture et personnalité. Approche critique de la graphologie », L’orientation scolaire et professionnelle, 34/4 | 2005, 524-526.

 

 

 

D’autres références critiques ? N’hésitez-pas à nous contacter à l’adresse contact(at)cortecs.org.

"Théorie du complot" et coïncidences troublantes

Dans le livret « Esprit critique es-tu là ? 30 activités zététiques pour aiguiser son esprit critique », nous proposons de se frotter à l’analyse critique de façon concrète, amusante et réellement constructive. Voici un nouveau support pour envisager les scénarios complotistes basées sur des coïncidences présentées comme « troublantes »…

Le thème n°4 du livret propose de traiter des prémonitions, hasards et coïncidences « extraordinaires ».

Ce montage de l’émission Le Before sur Canal+ du 30/01/2014, offre un exemple simple, drôle et efficace pour illustrer une présentation orientée de données qui laissent penser à un complot.

[youtube=https://www.youtube.com/watch?v=jaMBkufdSgY]

Cette vidéo peut constituer l’amorce de l’atelier pratique « Quand on cherche, on trouve ! » qui consiste à rechercher des pseudo-coïncidences qui « collent » avec ce qu’on souhaite prouver…

« Le complot » est devenu une chronique régulière dans l’émission et mérite un détour. C’est une mine pédagogique, drôle et éducative : que demander de plus ?  On trouvera ici de nombreuses vidéos de cette séquence.

NdR : pour la différence épistémologique entre scénario et théorie, voir ici.

Compilation de ressources critiques sur la psychogénéalogie

La psychogénéalogie et les secrets de familleVoici une petite compilation de ressources critiques concernant la psychogénéalogie à l’usage des curieux qui souhaitent creuser les fondements de cette discipline pseudo-scientifique. Cette page ouverte est évidement non-exhaustive et mérite d’être alimentée : vous avez lu/vu/entendu une référence critique, solide et pertinente sur ce sujet ? N’hésitez pas à la partager à l’adresse contact[at]cortecs[.]org.


La psychogénéalogie est une pratique développée dans les années 1970, qui affirme que les événements, traumatismes et conflits vécus par les ascendants d’un sujet conditionnent ses comportements, ses troubles psychologiques et ses maladies. Dévoiler cette « histoire cachée » d’un sujet en séance de thérapie permettrait de s’en libérer.

  • Conférence « La psychogénéalogie, un mythe » de Nicolas Gaillard

2012 (54min)

Dans le cadre du cycle de conférences de psychologie « 1 heure de psy par mois » proposé par Le Laboratoire Inter-universitaire de Psychologie, Personnalité, Cognition, Changement Social (PC2S) et programmé par la bibliothèque Kateb Yacine de Grenoble. Cette conférence rend compte de l’application de l’outillage d’esprit critique du CorteX à la psychogénéalogie, préparée conjointement avec Géraldine Fabre.

  • Entrevue Géraldine Fabre et Nicolas Gaillard « La psychogénéalogie : promesse tenue ? »

Émission Remue-méninges d’Élise Chardonnet sur RCF Isère, novembre 2011, Géraldine Fabre (membre fondatrice du CorteX) et Nicolas Gaillard à l’occasion de la présentation d’une conférence intitulée La psychogénéalogie : promesse tenue ?.

2012 (40 min)

  • Articles de Géraldine Fabre « Psychogénéalogie : les dossiers de l’OZ »

Deux articles fondateurs de notre démarche critique vis-à-vis de la psychogénéalogie qui proposent une étude rigoureuse des concepts-phares pour en éprouver les limites.

  1. Aïe, mes aïeux !
  2. Le syndrome du Gisant
  • Reportage « Psychogénéalogie : Nos Mémoires Secrètes », « Infrarouge », France 2, avril 2008.

Attention ! C’est un reportage nullement critique (bien au contraire) mais utile pour comprendre le concept de la psychogénéalogie tel qu’il est présenté par Anne Ancelin Schützenberger et d’autres après elle. C’est aussi l’occasion de découvrir de réelles séances de thérapie et d’en mesurer la teneur. « Psychogénéalogie : Nos Mémoires Secretes« 

  • Matériel CorteX – analyse d’un reportage sur la psychogénéalogie.

Voici un travail pratique qui propose une analyse critique d’un reportage sur la psychogénéalogie d’une émission de France Culture, Sur les docks : Psychologie – TP « Psychogénéalogie sur France Culture« , par Richard Monvoisin. Les psychologues, travailleurs sociaux ou simples curieux trouveront ici quelques éléments de discours-type, dont nous retranscrivons quelques extraits archétypaux, tous tirés de l’émission: Secrets de famille : une conversation qui n’a pas eu lieu.

  • Les Ateliers de l’information, conférence « La psychogénéalogie et ses dérives », par Nicolas Gaillard

Les Ateliers de l’information de la bibliothèque des sciences de l’université de Grenoble (appelée aussi SICD1, pour Service Inter-établissement de Coopération Documentaire) proposent d’agiter son auditorium avec plusieurs conférences thématiques critiques, d’un format très court (30 minutes + questions), disponibles sur la page Une bonne poignée de mini-conférences CORTECS et sur le site des Ateliers de l’information.

Avril 2013, 52 min Atelier n°30 – Zététique : la psychogénéalogie et ses dérives (vidéo)

  • Article « La médecine et ses « alternatives », Quelques outils d’autodéfense pour militant-es… » par Richard Monvoisin

La médecine et ses « alternatives », Quelques outils d’autodéfense pour militant-es… S’y trouve une réponse à la question suivante : quelles sont les raisons qui font que nous-mêmes, et nos proches, dont la santé est essentielle, nous détournons du système de soin classique pour recourir à des thérapies dites alternatives, quitte parfois à ce que l’efficacité du soin ne soit pas au rendez-vous ? On y trouve des références à la psychogénéalogie mais surtout une compréhension plus large des caractéristiques des thérapies pseudo-scientifique.

Par extension, et parce que la psychogénéalogie trouve son terreaux dans les concepts psychanalytique, on peut consulter l’article Impacts de la psycho-pop, par Brigitte Axelrad ainsi que l’ensemble des articles du CorteX portant sur la critique de la psychanalyse pour aller encore plus loin.

N’oubliez pas : si vous avez lu/vu/entendu une référence critique, solide et pertinente sur ce sujet, n’hésitez pas à la partager sur contact[at]cortecs[.]org.

Atelier sur les questions d'éducation genrée dans le travail social

Voici le déroulé d’un atelier intitulé « Éducation sexuée : les questions de genre dans le travail social », élaboré dans le cadre d’un projet d’étudiants1 de Carrières Sociales, option Éducateur-rice Spécialisé-e, de l’IUT2 de Grenoble. Un groupe d’étudiant-e-s a mené un atelier/débat sur les questions d’homoparentalité avec leurs collègues de promotion de seconde année, futurs éducatrices et éducateurs spécialisés. Leur démarche est un exemple de mise en place de débat, sur des modalités atypiques, afin de susciter et faciliter l’analyse de sujets fortement passionnés et dépasser la simple expression de points de vue, tout cela avec une forte contrainte de temps (1h30).

Atelier réalisé et animé et décrit par Mathilde Barthélémy, Julie Olivier et Morgane Rabaté, en avril 2013.


Introduction

L’homoparentalité a fait débat ces derniers mois sur la scène politique française. En lien avec les questions de genre, la problématique que le sujet a pu soulever, entre-autre, est la suivante : deux personnes du même sexe ont-elles toutes les qualités requises pour élever un enfant ? La complémentarité éducative des genres est-elle toujours d’actualité ?

Tous les médias ont relayé les arguments pour et contre permettant à chacun de s’en saisir pour alimenter sa propre réflexion. Les participants avaient donc déjà réfléchi, a priori, à la question avant cette journée. Partir des raisonnements personnels de chacun était pour nous la manière la plus pertinente de sensibiliser les étudiants à ces questions et de leur donner envie de les approfondir.

Nous avons sollicité l’appui de Nicolas Gaillard du Collectif Cortecs dans l’élaboration de cet atelier.

Nous voulions amener notre atelier de façon ludique de manière à mettre à l’aise, à intéresser chacun et donc, à faciliter l’échange. Sous forme de jeu, nous avons scindé le groupe en deux, de manière arbitraire. Nous ne voulions pas d’un débat où chacun exprimerait sa propre opinion mais où le raisonnement et l’élaboration seraient mis en avant.

Déroulement de l’atelier

1. Constitution des groupes

Pour encourager la démarche d’argumentation plutôt que la défense de sa propre position sur l’homoparentalité, nous avons constitué deux groupes au hasard. Pour cela nous avons commencé par un jeu en début d’atelier : en imaginant une ligne qui sépare en deux la salle, les participants avaient comme consigne de se placer chacun.e d’un côté (« oui ») ou de l’autre (« non ») pour répondre à une liste de questions tordues (aimez-vous le fromage ? Suivez-vous l’actualité sportive ? Etc.). Quand une des questions à partagé les participants en deux groupes égaux, nous avons décrété que les « Pour » étaient d’un côté et les « Contre » de l’autre pour passer à la suite.

2. Phase d’élaboration des arguments

Les « Pour » et les « Contre » devaient donc chercher des arguments en groupe et à l’écrit en vue de la seconde partie de l’atelier, indépendamment de leur propre opinion et position sur la question. Nous avons participé à leur réflexion en l’alimentant par nos recherches préalables et en étayant les arguments dans chacun des groupes.

3. Confrontation des arguments et débat

Les deux groupes se sont répondus successivement sur les mêmes arguments. Nous régulions la parole pour que chacun-e puisse aller au bout de son idée. (voir le contenu des échanges plus bas en annexe ).

4. Bilan avec les participants

Voici des réponses des étudiants :

« Il est intéressant de réfléchir autrement si on est dans le groupe qui ne défend pas nos positions. Puis, si on est dans le groupe qui défend nos positions, on cherche des arguments fondés et on ne s’appuie pas sur des préjugés pour débattre. »

« Les médias véhiculent des bêtises que les gens répètent bêtement. Cela nous permet une certaine remise en question de ce qu’on entend. »

« Notre formation nous permet d’avoir une certaine ouverture d’esprit, et des arguments plus objectifs, en s’appuyant également sur des médias plus appropriés, plus objectifs que d’autres. »

« Pour débattre, nous nous sommes appuyés sur nos connaissances, en essayant d’être logique dans les propos qu’on avançait. Il était plus difficile pour nous d’être dans le groupe « contre » pour trouver des arguments « contre » nous avons pensé aux arguments « pour » et nous avons essayé de les inverser. »

Bilan de l’atelier

Nous avons été impressionnées à la fois par l’engagement des étudiants dans le jeu de rôle et par la pertinence des arguments avancés (cf Annexe). En ce sens, notre objectif de sensibilisation a été atteint grâce à l’aspect ludique de l’atelier et aux modalités de réflexion.

Outre le questionnement autour des normes de genre, ce débat avait pour but de déconstruire les idées reçues et de privilégier l’objectivité des arguments. A la fin de l’atelier, nous avons donc questionné cet aspect.

Pour conclure, nous pouvons donc faire le lien entre l’adoption homosexuelle et les questions de genre en nous appuyant sur les propos des étudiants lors de l’atelier.

Ce sont des préjugés qui poussent à dire que telle ou telle pratique est sexuée, en réalité, la tâche à accomplir avec l’enfant, la posture à avoir, les valeurs à transmettre dépendent avant tout d’une personne avant de dépendre d’une personne sexuée. C’est pourquoi, pendant le débat le groupe « pour » a insisté sur le fait que ce qui compte c’est la sécurité physique, affective de l’enfant, et que ces besoins primaires, secondaires soient assurés. Pourquoi un couple homosexuel ne serait-il pas capable de garantir cela à son enfant ? La figure d’attachement peut être un couple homosexuel pour l’enfant, tant que les parents sont aimants et attentifs au bien-être de l’enfant, qu’est-ce qui empêche deux femmes ou deux hommes de transmettre des valeurs à leurs enfants et d’être un repère pour ces derniers ?


Annexe

Les arguments du débat : Pour ou Contre l’adoption par des couples homosexuels ?

Attention : afin de décortiquer ces arguments formulés « à froid » pour cet atelier, on lira avec profit sur le site du cortecs : « pour en savoir plus sur la notion de genre « .

Contre : Chaque enfant a besoin d’une figure d’attachement paternelle et d’une figure d’attachement maternelle. Il faut conserver l’image de la famille nucléaire.

Pour : La figure d’attachement n’est pas forcément le père ou la mère. C’est quelqu’un qui prend soin de l’enfant au quotidien. Les personnes homosexuelles ont la capacité de transmettre les mêmes valeurs que les personnes hétérosexuelles.

Contre : L’autorité est incarnée par le père donc dans un foyer il faut forcément un homme.

Pour : Ceci est un cliché, pourquoi le père incarnerait forcément l’autorité ?

Contre : C’est une question d’identification. Comment des parents de sexe masculin par exemple pourront expliquer à leur fille la puberté ?

Pour : L’entourage peut apprendre ces choses-là. Par exemple, une tante ou une cousine pourra parler de puberté avec la jeune fille. De plus, ce n’est pas parce qu’on a un papa et une maman que notre mère sera forcément à même de nous parler de puberté. L’attitude, le rôle d’un parent est différent suivant sa personnalité et non pas suivant son sexe. On pourrait se poser la même question chez les parents célibataires d’ailleurs. Mais la réponse serait la même. Aussi, chez un couple hétérosexuel, parfois, les deux parents n’ont pas d’autorité, cela ne dépend pas du sexe de ces derniers mais de leur rôle respectif et de leur personnalité.

Contre : A l’école l’enfant de parents de même sexe subira des moqueries, il sera peut être exclu alors que l’école est une instance de socialisation. Aussi, il y aura plus d’homosexuels à l’avenir car les enfants répéteront le modèle de leurs parents par identification.

Pour : Certes, les enfants sont durs entre eux, mais pas seulement avec les enfants ayant des parents homosexuels. Le jeune qui est obèse dans une classe peut être rejeté également par ses camarades.

Contre : Oui, mais il n’y a pas de personne contre l’obésité par exemple, alors qu’il y a des personnes contre l’adoption homosexuelle. Avoir un enfant lorsqu’on est homosexuel ce n’est pas dans les mœurs, ce n’est pas naturel, ce n’est pas normal.

Pour : Quand la loi passera cela entrera dans les mœurs car le phénomène va se multiplier. Autrefois, une femme qui élevait seule son enfant était insultée de « salope » alors qu’aujourd’hui le fait qu’une femme élève seule son enfant fait partie des mœurs. Ce sont les hommes qui font la société. Aujourd’hui la société change, il faut donc s’adapter et que les lois suivent la volonté de la majorité du peuple.

Contre : La douleur endurée par les femmes lorsqu’elles se faisaient traiter de « salope », sera également présente pour les enfants dont les parents sont homosexuels.

Pour : On n’interdit pas à une femme d’élever son enfant seule, pourquoi interdire à un couple homosexuel d’avoir un enfant ?

Contre : La religion est contre l’adoption homosexuelle.

Pour : La France est un État laïque depuis 1905 alors pourquoi interdire à des gens qui s’aiment d’avoir un enfant ?

Contre : Les enfants souffriront d’avoir des parents homosexuels.

Pour : L’enfant n’aura jamais eu un père et une mère donc il ne pourra pas souffrir de ne pas en avoir puisqu’il n’aura jamais connu ses parents hétérosexuels. L’enfant peut se poser des questions bien sûr, mais tous les enfants s’en posent. Pourquoi ma mère a quitté mon père ?etc. Tous les enfants se comparent. Est-ce que se poser des questions veut dire aller mal ? Ceci est un cliché, sur le couple et sur l’intérêt de l’enfant.

Contre : Une mère sera la mère biologique et l’autre non, il n’y aura pas de lien de sang donc pas de lien reconnu, cela pourra engendrer un manque d’autorité sur l’enfant.

Pour : Ce n’est pas le sang qui lie. Les enfants adoptés par des parents hétérosexuels vivent avec leurs parents adoptifs et peuvent être très heureux comme ça. Le fruit de l’amour entre deux personnes est le fait d’avoir des enfants. Pourquoi empêcher les couples homosexuels qui s’aiment d’avoir des enfants ? Ce qui compte c’est la sécurité physique, affective de l’enfant, que ses besoins primaires, secondaires soient assurés. Pourquoi un couple homosexuel ne serait-il pas capable de garantir cela à son enfant ?

Contre : Tous les enfants adoptés finissent en maison d’enfants à caractère social.

Pour : Vous parlez des maisons d’enfants dans lesquelles vous êtes allés et où il y avait des enfants adoptés. Cela représente un échantillon d’expériences et ce n’est pas représentatif de la réalité. De plus, en maison d’enfants on transmet des valeurs comme peuvent le faire les parents adoptifs ou une tierce personne donc on n’a pas besoin d’être les parents biologiques, d’avoir des liens de sang pour transmettre quelque chose aux enfants.

Contre : Oui mais en maison d’enfants il y a des éducateurs hommes et des éducateurs femmes.

Pour : Qu’est ce qui prouve que cela est nécessaire ? Tel ou tel rôle peut être remplit par tel ou tel « sexe ».


La généralisation abusive

Le sophisme est un raisonnement qui n’est logiquement correct qu’en apparence. Il se distingue des paralogismes dans le sens où il est volontairement fallacieux, conçu avec l’intention d’induire en erreur.


Méthode : prendre un échantillon trop petit et en tirer une conclusion générale.
Exemples :

  • « Mon voisin est un benêt moustachu, donc tous les moustachus sont des benêts. »
  • « Les Chinois sont vachement sympas. J’en connais deux, ils sont trop cools. »
  • « Ma mère a guéri sa verrue en allant voir le rebouteux. Ils sont forts, ces gens-là. »1

Exemple « les Français… » (Le petit journal de Canal+, 12/11/2013)
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=NkGmdzHSE0E]
 
 

Tout ce que vous n'avez jamais voulu savoir sur les thérapies manuelles

Nicolas Pinsault et Richard Monvoisin du CorteX viennent de publier aux Presses Universitaires de Grenoble un ouvrage intitulé « Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les thérapies manuelles », préfacé par Normand Baillargeon.


Ce livre est un manuel subversif, proposant aussi bien des outils critiques que des analyses approfondies de différentes thérapies manuelles très en vogue. On y trouve en outre des questionnements éthiques et sociopolitiques sur l’art de soigner et ses dérives actuelles, ainsi que des concepts épistémologiques puissants. À mettre dans les mains de tous les décideurs en matière de santé, d’éthique et de vie en collectif, et dans toutes les têtes des penseurs critiques.

Ce que nous souhaitons, c’est que ce livre soit lu, critiqué, discuté.

Alors n’hésitez pas à diffuser l’information, à le lire, le critiquer et en discuter… Remarque ? Coquille ? Écrivez-nous.

  • En prêt : il est disponible dans les bureaux du CorteX à Grenoble, (bibliothèque des sciences, IFMK), Montpellier et Marseille ;
  • En commande dans les petites librairies locales près de chez vous (dont nous soutenons l’existence face au grands groupes et sites Internet…) ;
  • En commande sur le site des éditions PUG.

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Est-ce la fin de la kiné ?
Fréquentation accrue de thérapeutes alternatifs, refus récurrents des parcours classiques de soin… Très peu de gens, même parmi les professionnels, connaissent ce qui différencie kiné, ostéo, chiro, kinésio, rebouteux ou encore magnétiseur. Et vous ? À qui allez-vous confier votre corps ?
D’un côté, le monde du bien-être, où se mêlent massage et coaching thérapeutique. De l’autre, des techniques manuelles douteuses, certaines pouvant être dangereuses. Au milieu, le kinésithérapeute : secoué par les modes, bousculé par la logique marchande, submergé par le marketing agressif, il tente comme il le peut de faire de son domaine une vraie discipline, aux outils fiables, à l’éthique solide.
Dans un contexte de scandales sanitaires, de contestation de la médecine classique et du système hospitalier, face aux dérives thérapeutiques parfois sectaires, à la « mercantilisation » du soin, au non-respect éthique et à la désinformation du patient, Nicolas Pinsault et Richard Monvoisin tentent de définir ce que doit être une bonne pratique soignante.
Ce livre unique en son genre s’adresse non seulement à tous les professionnels de santé, mais aussi à tous les patients avertis qui veulent faire la différence entre science et pseudo-science. Les étudiants kinésithérapeutes trouveront également dans cet ouvrage tous les outils méthodologiques nécessaires pour forger une réelle épistémologie de leur profession, loin du prêt-à-penser.

Cherchez bien, il y a même un massage à gagner dedans, par l’auteur de son choix.
 
Parmi un certain nombre de recensions, celle de Charlie Hebdo est ici.
 
 

Le hareng fumé

Le sophisme est un raisonnement qui n’est logiquement correct qu’en apparence. Il se distingue des paralogismes dans le sens où il est volontairement fallacieux, conçu avec l’intention d’induire en erreur.

La technique du Hareng fumé (Red Herring) ou technique de la fausse piste.

red-herring_Hareng

Les prisonniers en fuite, paraît-il*, laissaient des harengs fumés derrière eux pour distraire les chiens pisteurs et les détourner de leur piste.

Méthode : amener à traiter d’un autre sujet que ce celui qui est discuté. Stratagème de détournement, technique dilatoire.

Il s’agit d’un changement délibéré de sujet dans une conversation afin de détourner l’attention du sujet original.
C’est une technique proche de la technique du chiffon rouge lors de laquelle il s’agit d’évoquer en plus un mal supposé pire que celui dont on veut discuter et de laisser entendre que l’existence du deuxième dispense de traiter du premier. L’odeur du hareng apparaît généralement quand un interlocuteur débute sa phrase par : « Il me semble que le vrai débat…« 

Exemples :

« Ne joue pas avec ce bâton pointu« 
« Ce n’est pas un bâton, c’est un laser bionique« 
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« Vous soulignez le besoin urgent de réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de stopper le réchauffement climatique. Mais le problème le plus sérieux pour les générations futures est le risque des armes nucléaires aux mains des États totalitaires et des terroristes! C’est là que nous devons concentrer notre attention et nos ressources. »

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Petit montage d’une séquence de « Média le mag » sur France 5 – 18 novembre 2012.

[dailymotion id=xzyx2d]

Contexte : manifestation devant le ministère de la Santé de chirurgiens pour protester contre l’accord conventionnel encadrant les dépassements d’honoraires. Cette démarche semble mal perçue par l’opinion publique, les médias posent régulièrement la question d’une protestation de « cols blancs. »

Voici les réponses « fumées » :

« Il n’est pas question ici de revendiquer des revalorisations tarifaires mais pour que les malades soient mieux remboursés »

« Ce n’est pas de gagner plus, c’est de mieux rembourser les patients »

« Il ne s’agit pas d’augmenter les tarifs, il s’agit de mieux les rembourser »

« On consacre toute notre énergie à sauver la vie des gens, à soulager la souffrance, à porter le malheur des Français : on nous remercie (dans un certain nombre de médias) en nous disant qu’on est des nantis. »Hareng

*Cette référence semblait douteuse et après vérifications c’est effectivement une légende !

Ateliers "sciences, zététique et esprit critique" en collège

CorteX_couteau_suisse_critiqueCes ateliers ont pour but de mobiliser des compétences critiques sur des sujets « bizarres », donc pédagogiquement stimulants, afin de construire un outillage scientifique de recherche des données chez des élèves souvent submergés par un flux permanent d’informations. Voici quelques exemples de productions des ateliers « zététique et esprit critique » en collège. Si ces initiatives vous intéressent, consultez notre petit mode d’emploi pour monter un atelier en collège ainsi que les idées de contenus du livret « Esprit critique es-tu là ? 30 activités zététiques pour aiguiser son esprit critique« .


Atelier « Sciences, zététique et esprit critique » saison 2012/2013 au collège Champollion à Grenoble, Nicolas Gaillard.

 

Les pouvoirs du corps : insensibilité à la douleur

  • Mise en œuvre de l’atelier « insensibilité à la douleur » en atelier zététique

[dailymotion id=xxdch8]

 

Les pouvoirs du corps : la paille magnétisée

  • Mise en œuvre de l’atelier « télékinésie » en atelier zététique

[dailymotion id=xxddyi]

  • Un autre exemple de télékinésie en atelier zététique en collège : lévitation d’objets

[dailymotion id=xzwl24]

Prémonitions, hasards et coïncidences « extraordinaires » : le bizarre est probable

  • Une petite mise en pratique du tri des données en atelier zététique en collège : habilité

[dailymotion id=xzwm4y]


Atelier « Sciences, zététique et esprit critique » au collège Lucie Aubrac de la Villeneuve de Grenoble, saison 2013, Julien Peccoud.

Voici un petit bilan des quelques séances d’atelier de zététique avec 4 à 8 élèves.

Séance 1

Introduction / situation d’appel : Présentation des vidéos de basket et de lancers de canettes trouvées sur Internet. Réflexions sur la présence ou non d’un certain « talents » des protagonistes.

Explication du « tri des données »

Mise en activité : On décide donc de faire une vidéo basée sur des lancers improbables. On a filmé des jets de boulettes de papier dans la corbeille. (Malheureusement, on a eu que 3 réussites… )

Séance 2

Introduction / situation d’appel : Discussions sur les coïncidences de la vie de tout les jours et présentation des coïncidences retrouvées autour du 11 septembre.

Explication du « biais de confirmation »

Mise en activité : on a cherché des corrélations avec le chiffre 9 de partout dans le collège et on a trouvé pas mal de trucs.

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=YB1g9nRVBGE]

Séance 3

Fin du travail précédent avec encore plus de données recueillies sur le chiffre 9 dans le collège.

Mise en activité : Recherche et début de rédaction de l’histoire du chiffre 9 qui fait planer un mystère autour du collège. Travail sur la scénarisation.

Le collège de la Vill9
Lors de sa création, l’architecte en chef Jean LOVERA a laissé de mystérieux indices autour du chiffre 9
Fait important, l’architecte s’est arrangé pour que la première rentrée scolaire ait lieu le 03/09/1995 (3+9+1+9+9+5 = 36 ; 3 + 6 = 9 !)
A partir de ce moment, le chiffre hante le collège et influe sur sa destinée. Tout va faire pour que ce nombre se retrouve partout, comme si un esprit planait sur l’établissement jusqu’à son nom : le nombre de lettres de « Collège Lucie Aubrac » est de 18 (1 + 8 = 9).
De plus, Lucie Aubrac est née un 29 juin (29/06) et est morte le 14 mars (14/03) de l’année 2007 (2+0+0+7 = 9 !). Si l’on soustrait ses jours de naissance et de décès, on obtient 15 (29-14). Si l’on fait de même avec les mois on obtient 3 (6-3). Or 15+3=18 et 1+8=9 !!
Ce collège a été construit selon des règles bien précises basées sur le chiffre 9.
• Par exemple, la bâtiment fait 18 de hauteur : 1 + 8 = 9
• Il est en forme de cercle, comme une soucoupe volante, soit 360° : 3 + 6 + 0 = 9.
• Le nombre de marches pour arriver au premier étage est de 27 : 2 + 7 = 9
• Les grilles d’aération comportent 9 carreaux de côté
• Il y a 9 lampes au plafond de la salle de science
• La hauteur des fenêtres est de 63cm : 6 + 3 = 9
• La hauteur des tables des salles de science est de 90cm
• Ces tables font aussi 90cm de côté et sont en forme d’hexagone (6 côtés). Cela fait un périmètre de 540cm : 5 + 4 = 9 !
Lors d’une recherche plus précise, nous nous sommes rendu compte que ce chiffre organisait totalement les salles et ce qu’on y trouvait. Dans la salle de science, un affiche montre les 9 pictogrammes de chimie, les produits sont rangés par 9 flacons, etc…
C’est lors de cette révélation que d’autres indices coïncidaient.
La révélation est apparu à un groupe d’élèves le lundi 8 avril 2013 à 17h09 (!) (8/04/2013) : 8+0+4+2+0+1+3 = 18 et 1 + 8 = 9
A ce jour, le nombre d’élèves du collège était de 315 : 3 + 1 + 5 = 9 !
Ce même jour, en sortant du collège, 3 professeurs ont pu observer un magnifique arc en ciel et, ce qui est très rare sur Grenoble, il était de 180° : 1 + 8 + 0 = 9. Il était exactement 18h09 !

En fin de séance, je dit aux élèves que l’on veut leur faire passer un test de personnalité et de graphologie. Ils·elles auront quelques questions à répondre. On leur dit que ces questionnaires vont être dépouillés et analysés de manière anonyme par le département psychologie cognitive de la fac de Grenoble pour un étude sérieuse. Après les vacances, ils·elles auront le résultat !

Voir le fichier du questionnaire-phrases-puits

Séance 4
C’est le retour des vacances et on leur a préparé des fiches de résultat par rapport à leur test d’avant les vacances
(Ces résultats sont bien évidemment tous identiques (sauf le numéro d’anonymat changeait sur le haut de la feuille).
Mise en activité : Ces fiches sont dans des enveloppes avec un numéro. On dit que le numéro est le numéro d’anonymat et on distribue la fiche correspondante. On leur donne donc une enveloppe (soit-disant) « personnalisée ».
On leur demande de la lire en silence chacun·e sur une table et d’évaluer la pertinence des propos en remplissant la fiche d’évaluation.
Résultat : Certains sont totalement choqués de voir comme cela correspond bien et pensent même que l’université a dû faire des recherches sur eux. Ils·elles n’en reviennent pas. On arrive à une note de 4 sur 5 de moyenne.
Par la suite, on reprend les feuilles et on les mélange pour les redistribuer au hasard en leur demandant de la lire pour essayer de savoir à qui elle correspond (étant donné qu’ils·elles se connaissent, ça devrait être facile…).
Cela dure encore car les élèves pensent que l’on à triché en leur redonnant la leur… ça devient carrément cocasse…
Explication de la notion de phrases puits et de l’effet Barnum.
Discussion autour des générateurs de phrases puits avec l’idée d’en fabriquer un.

Voir le fichier de résultat du test « personnalisé » : texte-effet-barnum et les deux générateurs de phrases puits : generateur-phrases-puits-delegues-classe et generateur-phrases-puits-politique.

Atelier Esprit critique & Travail – la Fabrique du futur

J’ai co-animé avec notre compère Philippe Rennard un atelier sur le sujet du travail dans le cadre du cycle de coformation de la Fabrique du futur, à Grenoble. Voici le déroulé de cet atelier et le matériel utilisé pour aborder des notions d’esprit critique dans le vaste domaine du travail, que ce soit dans la présentation de chiffres ou de graphiques ou dans les discours politiques.


Cet atelier avait pour objectif de décortiquer des discours politiques et médiatiques autour du monde du travail afin de mettre en lumière des techniques de manipulations langagières, de raisonnements fallacieux, et l’utilisation abusive de chiffres et de données scientifiques.

Après le décorticage d’exemples, le groupe était ensuite invité à échanger sur les enjeux et les implications de ces petites et grandes manipulations.

1ère étape : un peu d’outillage critique

Avant de partir sur le terrain il est nécessaire de s’équiper.CorteX_Chiffre_chomage_comparaison_graphique_Le_Petit_journal_29_11_2011_image2 J’ai donc présenté une partie des techniques de manipulation des chiffres, de leur présentation fallacieuse et des moyens de s’en prémunir en utilisant essentiellement du matériel tiré de l’article de Nicolas Gauvrit et du matériel de Guillemette Reviron : Mathématiques et statistiques – Graphiques, attention aux axes ! .
Cet outillage est important car il permet de tordre le cou à l’idée d’une objectivité totale dans la présentation de résultats scientifiques, qui bloque le débat et empêche toute contestation sous le prétexte que « c’est arithmétique ! on ne peut donc rien y faire ». Comme le dit Franck Lepage « On ne va pas descendre dans la rue en disant : non à l’arithmétique, non à l’arithmétique ! ».
Comprenons bien que si les données de bases sont objectives, la manière dont on en rend compte ne l’est pas forcément.

2ème étape : utilisation de données scientifiques

Des chiffres du chômage jusqu’aux sondages d’opinion, les discours politiques et médiatiques à propos du travail sont régulièrement étayés par des données de type scientifique. Pourtant ces données apparemment objectives peuvent être largement dévoyées, que ce soit pour mieux coller à la ligne éditoriale d’un journal, à celle d’un courant politique. J’ai présenté deux exemples.

1er exemple : le Journal du dimanche du 12 octobre 2008 affiche en couverture « Sondage : les Français veulent travailler le dimanche. »

L’article s’appuie sur un sondage Ifop-Publicis et indique que 67% des français veulent travailler le dimanche. Pourtant, quand on prend le temps d’éplucher ledit sondage, on se rend compte que la question était posée d’une bien curieuse façon.
Question : « travailler le dimanche est payé davantage qu’en semaine. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous ? ».
CorteX_travai_Titre choc2Réponses possibles :
– non jamais (33%)
– de temps en temps  (50 %)
– toujours  (17 %)
 
On note que la question n’est pas « voulez-vous travailler le dimanche ? » ou « êtes-vous favorable au travail le dimanche ? » comme le titre de l’article semble l’affirmer.
La question est construite d’abord sur une prémisse (travailler le dimanche est payé davantage qu’en semaine) puis une hypothèse (si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous ?). Cette construction oriente particulièrement les réponses des sondés, qui n’ont que le choix d’accepter la prémisse de départ qui ne va pourtant pas de soi (travailler le dimanche n’est pas forcement payé plus) et qui se centre sur l’aspect pécuniaire.
Enfin, les réponses possibles sont restreintes : – non jamais – de temps en temps  – toujours. La proposition de réponse à 3 entrées induit presque automatiquement un effet Bof en offrant une réponse moyenne, consensuelle : « de temps en temps », ce qui expliquerait peut-être les 50% pour cette réponse.
Les 3 entrées offrent, en outre, la possibilité de présenter les résultats à la guise du commentateur : « Travail le dimanche : 67% des français y seraient favorables », c’est-à-dire, 50 % « de temps en temps » + 17 % « toujours ».  Mais on pourrait commenter également : « Travail le dimanche : 83 % des français n’y seraient pas vraiment favorable » : c’est-à-dire 50 % « de temps en temps » + 33% « non jamais ».
Cette présentation joue sur un effet Bi-standard, qui consiste à raisonner selon deux standards différents selon les circonstances, en gros changer les règles en cours du jeu.
Article lié, sur Agoravox

2ème exemple : Le Figaro.fr du 12 Octobre 2010 titre « Partir plus tôt en retraite peut nuire à la santé »

CorteX_travai_Le figaro_travail et sante« Partir plus tôt en retraite ne permet pas forcément aux ouvriers d’en profiter plus longtemps. Au contraire, un rapport publié par l’Institut allemand pour l’étude du travail, montre que cela augmente les chances de mourir prématurément », annonce l’article du Figaro en octobre 2010, étude scientifique à la clé.
Fatal Attraction ? Access to Early Retirement and Mortality”, Andreas Kuhn Jean-Philippe Wuellrich, Josef Zweimüller, Institute for the Study of Labor, August 2010.

Là encore, la lecture de l’étude nous apprend beaucoup de choses, entre autres ces conclusions des chercheurs  : « Pour les hommes, partir à la retraite un an plus tôt augmente de 13,4% les chances de mourir avant 67 ans. Pour les femmes, en revanche, un départ à la retraite anticipé n’a aucun effet sur l’âge du décès » est interprété par le Figaro comme « Partir plus tôt en retraite peut nuire à la santé » C’est une simplification pour le moins radicale.

Ensuite l’article du Figaro ne mentionne pas une donnée importante. En effet, les chercheurs parlent de retraites volontaires et de retraites non volontaires (licenciements par exemple) : « La retraite précoce concernant les départs volontaires ne semble pas liée à la mortalité, alors que la retraite précoce causée par des licenciements involontaires l’est ». Cela change la conclusion de cette étude par rapport à la présentation qu’en fait l’article.

Enfin, l’article du Figaro ne mentionne pas les hypothèses d’explication des chercheurs, conclusion de l’étude : « Finalement, nous apportons des éléments prouvant que la retraite précoce involontaire a un effet négatif sur la santé, mais pas nécessairement la retraite précoce volontaire »

Ce sont bien les départs en retraite « involontaires » qui auraient un impact significatif sur la mortalité, et non le fait – en lui-même – de partir à la retraite plus jeune. Nous avons donc affaire à un effet Cigogne.
On peut se demander si l’article du Figaro n’a pas été construit d’abord sur une conception idéologique – qui serait : « partir en retraite plus tôt n’est pas forcément une bonne chose » – puis étayé ensuite par les données de l’étude scientifique, non sans de petits oublis et de grandes simplifications. Cela s’apparente à un effet petit ruisseaux : si les petits ruisseaux font les grandes rivières, les petits oublis (ou erreurs) permettent les grandioses théories. Pour éviter cet effet, on peut se poser la question suivante : tous les paramètres sont-ils donnés et donnés correctement ?

Article lié, sur Acrimed


3ème étape : supports vidéo

Désormais lourdement armé contre les manipulations, mon co-animateur Philippe Rennard a pris le flambeau pour présenter une série de documents vidéos comme supports de discussion. Il présente, quatre exemples de vidéos et résume les réactions qu’elles ont pu susciter.
Ces commentaires s’inscrivent dans le travail de réflexion de la fabrique du Futur : « Un autre monde du travail est possible… oui, mais lequel ? » 

1/ Serge Dassault et la valeur « travail »

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=cCnEYdhtqJM]

Dans cet exemple Serge Dassault oriente la pression sur les salariés :

  • en comparant l’incomparable, à savoir (bons) travailleurs chinois et (mauvais) français, sans même évoquer les différences abyssales entre les standards socio-productifs des pays respectifs ;
  • en nivelant par le bas : nous devrions culpabiliser de ne pas travailler assez, au lieu de nous mobiliser contre l’exploitation des travailleurs chinois.
C’est un discours qui fait fi des contraintes concurrentielles et des injonctions productivistes
 
 

2/ UMP : la République du travail et du mérite

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=PfnXQixZXvg]Dans cet exemple, Camille Bedin tente de masquer la répartition arbitraire des richesses :

  • sous couvert de l’idée reçue « la réussite ne pourrait s’accomplir en dehors du travail ». C’est la représentation d’un travail qui (par la magie du mérite) engendrerait la réussite sociale qui est inlassablement répétée ici ;
  • sous le concept « d’égalité des chances », cache-sexe des inégalités auxquelles aboutit une économie basée sur le capitalisme. Les déclinaisons récentes de ce concept vont de la Bourse au mérite aux internats d’excellence, structures sujettes aux discriminations positives qui permettront d’entretenir le mythe de l’ascension sociale ;
  • sous la gabegie de « l’assistanat » désignée comme cause de tous les maux économiques et sociaux. Cela résulte pourtant des impasses de l’idéologie du mérite dont le seul partage des richesses n’assurerait certainement pas la paix sociale.

3/ Wauquiez et les contreparties au RSA

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=hp0hX7XMdMs]

Laurent Wauquiez tente dans cet exemple de rendre évident des conditions à l’octroi de minima sociaux :

  • en manipulant les chiffres. Selon lui, un couple au RSA gagnerait plus qu’un couple au SMIC. C’est faux ;
  • en substituant à l’emploi salarié un service bénévole de travail obligatoire ;
  • en plafonnant, c’est-à-dire en réduisant les aides de l’État.

Autant de stratégies qui s’effondreraient avec par exemple un revenu de base inconditionnel.


4/ Un jour sur quatre, un Québécois perd la vie au travail

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=9jwNUlbYIYU]

Dans cet exemple le message tente de concilier santé et travail au sein d’une économie qui les rend profondément incompatibles :

  • on travaille pour gagner notre vie, pas pour la perdre. Difficile de ne pas déceler ici un détournement du slogan « soixante-huitard » « on ne veut pas perdre notre vie à la gagner« . Augmenter la sécurité sur un lieu de travail risqué préserve moins de vies que refuser tout travail dans des conditions hasardeuses.
  • la touche patriotique finale et anthropomorphique (le Québec a besoin de tous ses travailleurs) arrive comme pour convaincre de l’intérêt supérieur de la mobilisation dans l’intérêt du « travail » mais pas forcément des salariés.

Philippe Rennard et Nicolas Gaillard