Le CORTECS exige du matériel critique audio de qualité (et soutient donc la grève de Radio France)

Le CORTECS est un grand consommateur de ballado-diffusion.En vélo, aux toilettes, à la vaisselle, durant le ménage oeurs dizaines de milliers d’étudiant·e·s québécois·e·s, le conseil exécutif de l’UQAM (l’Université du Québec à Montréal) a convoqu au jardin, nos oreilles profitent de trésors radiophoniques parfois méconnus, qu’il nous arrive, lorsque le temps nous le permet, de mettre à votre disposition (voir pour cela l’onglet Audiotex). Parmi les principaux fournisseurs de podcasts de qualité, il y a France Culture, du groupe Radio France. France Inter, dont nous avons déjà pointé la baisse de qualité, a perdu pratiquement toute émission critique correcte (à l’exception notable de L’Afrique enchantée et de Comme un bruit qui court). C’est justement en lutte contre cette médiocrisation que Radio France orchestre son plus important mouvement social depuis 10 ans. Le CORTECS soutient cette grève. En voici les enjeux, narrés par les acteurs eux-mêmes.

Nous sommes les voix qui, chaque jour, s’adressent à vos oreilles. A travers nos interviews, chroniques, reportages, documentaires, nous tentons au mieux de faire vivre les missions de la radio publique : « informer, éduquer, divertir ».

Nous, équipes de production des émissions de Radio France (animateurs, reporters, collaborateurs, chroniqueurs…) partageons les inquiétudes de l’ensemble des personnels de Radio France mobilisés depuis le 19 mars. Ce mouvement de grève a pour objet de défendre les radios de service public, et non des intérêts particuliers ou corporatistes. L’engagement budgétaire non tenu par l’État entraîne aujourd’hui un déficit grave qui menace l’existence de la radio telle que vous l’aimez et que vous la financez à travers la redevance audiovisuelle.

Nous sommes consternés de voir les travaux de rénovation de la Maison de la Radio si mal encadrés et si mal gérés (NdCORTECS : voir à ce sujet les articles du Canard Enchaîné sur les frais somptuaires de Mathieu Gallet), occasionnant le surcoût exorbitant que vous connaissez. Vos impôts, vos programmes et vos oreilles, doivent-ils payer pour cette incompétence ?

Le service public n’a ni la vocation, ni la possibilité d’être rentable. Or, cela semble être aujourd’hui la logique insidieuse de la Présidence de Radio France et au-delà, celle de sa tutelle, le Ministère de la culture. Et le silence jusqu’à présent de la tutelle (ministre de la Culture) semble accréditer une telle logique.

Conscients du contexte de crise économique et des efforts nécessaires, nous soulignons que de lourds sacrifices ont déjà été réalisés (en témoigne la baisse de 87,5 millions d’euros du budget entre 2010 et 2014). Une idée fausse voudrait que Radio France soit un lieu de gabegie, de privilèges et d’intérêts corporatistes. Savez-vous pourtant que la majorité des voix que vous entendez quotidiennement (à Radio France on les appelle les « producteurs ») travaille dans le cadre de contrats saisonniers et précaires ?

Comment continuer à produire de la radio de qualité quand les moyens matériels (studios, salles de montage, camions-régie…) sont constamment rognés ? Comment faire entendre les réalités d’un pays quand la plupart des émissions ne peuvent plus, faute de budget, envoyer de reporters au-delà du périphérique parisien ? Comment conserver notre indépendance – celle à laquelle vous avez droit – quand se multiplient sur les antennes des partenariats ou des publicités plus ou moins déguisées ? Si l’on suit la logique actuelle, la radio de demain ce sera : moins de reportages, moins de documentaires, moins de débats vraiment critiques, moins de concerts… Bref, une radio standardisée, calquée sur l’actualité ou sur les goûts majoritaires, une radio au rabais.

Nous aimons passionnément nos métiers et, au nom de la confiance dont vous nous témoignez, nous nous efforçons de travailler avec le plus de sérieux et d’esprit de responsabilité. Toutefois, dans ce climat de travail en constante détérioration, nous estimons de notre devoir de vous informer des risques qui pèsent sur la radio publique française. Radio France est un patrimoine à défendre, bien davantage que les boiseries d’un bureau présidentiel.

Les sociétés de producteurs de France Culture, France Inter et France Musique.

Pour aller plus loin :
Pourquoi la grève à Radio France ?
Émission sonore sur la grève à Radio France

Caisse de Grève

Chèques de soutien aux grévistes à l’ordre de « CCE radiofrance dons ». Adresse postale : CCE de Radio France — 116 av du Président Kennedy — 75220 Paris CEDEX 16