CorteX - Broch

Enseigner la zététique – Conseils du professeur Broch aux enseignants

Le CorteX a débarqué en force à Nice le week-end du 21 et 22 janvier 2011, pour aller débusquer le maître ès zététique Henri Broch, et ses compères dont le légendaire archéophile Denis l’ancien Biette. Au cœur du laboratoire de zététique, unique dans le monde, et sous l’œil torve de notre caméra, le professeur nous a livré quelques secrets pour enseigner les différentes facettes et effets de la démarche qui vise à « examiner la raison des choses ».

Vous trouverez ici la description de quelques facettes de la Zététique, c’est-à-dire les petites maximes d’autodéfense intellectuelle les plus compliquées à faire passer aux étudiants, ainsi que quelques conseils d’épistémologie et de statistique de base.

Est également accessible toute une série de conseils, ainsi que des outils comme le Curseur Vraisemblance.

On trouvera aussi quelques points de vue du professeur Broch sur Dieu, les inflexions politiques et les idéologies.

Sur cette page, Henri Broch aborde le support « paranormal », les mystères en suspend, quelques effets rhétoriques, le rationalisme et la « connaissance de cause ».

Ici, quelques conseils de lecture pour se former à la zététique.

Enfin, un appel vibrant à contribuer au CorteX : appel à rejoindre le réseau CorteX

 
 

CorteX_Raymonde_Litalien

Géographie déviée par la religion – Cartographie et religion au XVIe siècle

Nous cherchions depuis quelque temps des éléments d’esprit critique faciles en rapport avec la géographie  Il y aurait bien sûr toute une littérature à éplucher sur l’archéofiction, les traces de l’Atlantide, de Mu, ou sur les cartes extraordinaires comme celles de Piri Reis.  Mais hors des sentiers de l’étrange, voici quelques extraits radios pouvant servir pour un enseignant de géographie à montrer que la composition des cartes n’est pas toujours exempte du cadre idéologique qui l’entoure, avec l’exemple à l’appui de l’Amérique.
Ceci est un appel pour tout-e géographe qui souhaiterait nous fournir d’autre matière.

Ce qui suit est un découpage à peine complété de l’excellente émission La Fabrique de l’Histoire par Emmanuel Laurentin, qui a pour invités  l’historienne Raymonde Litalien et le professeur de littérature en Sorbonne Franck Lestringant.CorteX_Lestringant

Puissent-ils nous pardonner d’en avoir reproduit quelques morceaux.

  • Histoire « sexiste » du nom d’Amérique, offert à Amerigo Vespucci – sans se poser la question du nom « natif ».

E. Laurentin commence par lire un extrait du texte tiré du chapitre 9 du livre de Martin Waldseemüller, Universalis Cosmographiæ, «Introduction à la cosmographie avec quelques éléments de géométrie et d’astronomie nécessaires à l’intelligence de cette science, ainsi que les quatre voyages d’Amerigo Vespucci et la reproduction du monde entier tant en projection sphérique qu’en surface plane, y compris les régions que Ptolémée ignorait et qui n’ont été découvertes que récemment…» 1507, Saint-Dié.
Commentaires de Franck Lestringant

(1mn26)

Télécharger là.

Le texte :

«Nunc Vero et hae partes (Europa, Africa, Asia) sunt latius lustratae, et alia quarta pars per Americum Vesputium (ut in sequentibus audietur) inventa est, quam non viecto cur quis jure vetet ah Amerigo inventore, sagacis ingenii viro Amerigen quasi Americi terram, sive Americam dicendam : cum et Europa et Asia a mulieribus sua sortita sint nomina. Ejus situm et sentis mores ex bisbinis Americi navigationibus quae sequuntur liquide intelligidatur».

Traduction :  

« Aujourd’hui ces parties de la terre (l’Europe, l’Afrique et l’Asie) ont été plus complètement explorées, et une quatrième partie a été découverte par Amerigo Vespucci, ainsi qu’on le verra plus loin. Et comme l’Europe et l’Asie ont reçu des noms de femmes, je ne vois aucune raison pour ne pas appeler cette autre partie Amerigé c’est-à-dire terre d’Amerigo, d’après l’homme sagace qui l’a découverte. On pourra se renseigner exactement sur la situation de cette terre et sur les coutumes de ses habitants par les quatre navigations d’Amerigo qui suivent ». (Merci à Jean-Pierre Urvoy, Herodote.net).

Cosmographie

  • Résistance de la cartographie biblique

L’Amérique est considérée longtemps comme un archipel d’îles avant d’être représenté comme un tout à partir de Verazzano. Avant cela, pas de continent, car il y a une résistance de la représentation biblique « en trèfle » de la planète – le monde étant divisé entre les trois fils de Noé.

Explication de Raymonde Litalien : 

(1mn33)  Télécharger

Complément de Franck Lestringant :

(0mn58) Télécharger

II faudra attendre Mercator en 1538 pour ancrer définitivement le nom Amérique.

  • Toscanelli et les hémisphères « supérieur » et « inférieur »,  conception de l’Orient en haut, où se lève le soleil, Occident en bas séjour des morts.

On comprend ainsi que la représentation de la carte du monde obéit à des règles implicites, comme situer le haut du bas, et quel centrage choisir (en l’occurrence, dans de nombreux atlas de l’époque, on place Jérusalem au centre de la croix christique).

Carte christique de Toscanelli

 (3mn12) Télécharger

Pour l’anecdote, sachons que fut l’objet d’un long débat en 1945 le positionnement de la mappemonde dans le logo de l’ONU (Organisation des Nations Unies), afin de récuser le positionnement arbitraire des États-Unis pile au centre.

(1mn33) Télécharger

Drapeau de l'ONU en 1945

Drapeau de l'ONU en 1947

Source : P. Gelinet, France Inter, 2000 ans d’Histoire, narré par Yves Berthelot, 6 décembre 2010.

 

  • Hypothèses ad hoc : un quatrième continent, alors qu’il n’y a que trois fils de Noé ?

Commencent alors les hypothèses ad hoc, crées de toutes pièces pour faire coller les découvertes à la religion. Des phéniciens à la 10ème tribu d’Israël, des frères vénitiens Nicolò et Antonio Zeno, l’histoire de Saint-Brandent, les Islandais, Jean Cousin, les Chinois (qui auraient découvert l’Amérique vers 1421) et les Vikings qui l’auraient découverte au VIIIe siècle. Mais peut-on prétendre découvrir l’Amérique quand des populations vivaient dessus ?

(12mn16) Télécharger

Et l’on relève avec Anaïs Kin qu’on parle à l’époque non pas de géographe, mais de « cosmographe », terme théologique par définition, mais pas exempts de conflits d’intérêt.

Et dans la manière de positionner les lignes de démarcation, les Moluques, grand enjeu économique pour ses épices, entrent sous influence soit des Portugais ou des Espagnols. Ainsi, la délimitation cartographique devient un enjeu impérialiste et de réunification du monde « chrétien ».

On cherchera alors dans le nouveau continent les origines du monde et le Paradis, corroborées par le fait de trouver des humains nus comme aux tous premiers temps. Paradis que trou

Colomb, d’ailleurs, aux sources de l’Orénoque, qu’il dessinera à la pointe d’un « sein » de femme dans une représentation cartographique en poire de la planète.

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Le sein de Christophe Colomb

 (2’25) Télécharger

  • Concordisme

Tout le monde n’a pas vu d’un bon œil l’affranchissement de la cartographie de la coupe théologique, aussi certains durent en quelque sorte « tortiller » et faire du concordisme, comme Mercator qui fait précéder son atlas de Méditations cosmographiques portant sur la genèse, tentant de réconcilier la cartographie avec l’Écriture sainte.

 (1mn16) Télécharger

Cela n’est pas sans nous rappeler ce dessin de Sack :

Terre plate

Assez pour aujourd’hui sur la leçon de biologie à propos du « Dessein Intelligent »,

et passons à la « Géographie Intelligente ».

RM

Kinésithérapie – Enseignements à l’école de kinésithérapie de Grenoble

Profession « préférée » des Français, certes. Mais dérives thérapeutiques, traitements plus ou moins éprouvés, querelles de « clochers » et recherche quasi-inexistante dans le monde de la kinésithérapie. Pourtant, une école résiste… et plus précisément, l’école de Kinésithérapie du CHU de Grenoble.

Il aura suffit de quelques volontés, de quelques enseignants opiniâtres, en l’occurrence Jean-Louis Caillat-Miousse, Nicolas Pinsault et Jacques Vaillant. Tous avec le même constat : comment se fait-il que les kinésithérapeutes sortant de l’école se jettent en grande partie dans des théories et des pratiques non éprouvées ? Peut-on tout expliquer par le seul appat du gain lié aux effets de mode et de thérapies en vogue ? Ou y avait-il des choses qui pèchaient dans la formation initiale ?

Alors les trois enseignants ont retroussé leurs manches, et ont travaillé des contenus d’enseignements comme lecture critique des publications ou méthodologie.

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En 2009, J.L. Caillat-Miousse invite R. Monvoisin pour une intervention sur la zététique et l’analyse des pseudomédecines, dans le cadre d’une formation continue pour des professionnels de kinésithérapie inscrits en Master 1 de recherche (le Master M1 MPSI Validation des acquis option kiné).

En 2010, les discussions vont bon train.

En 2011, sous la férule de Nicolas Pinsault, le CorteX intervient sous quatre modes.

– Une formation en deux niveaux Santé, zététique & esprit critique en kinésithérapie, ciblée sur l’analyse de pratiques et l’évaluation de leur efficacité.

  • pour Kinés 1ère  année – niveau Licence 2 – (6h), sous la direction de Sophie Barth
  • pour Kinés 2ème année – niveau Licence 3 – (6h), sous la direction de Sandrine Monnet

– Une formation Esprit critique

  • pour Kinés 3ème année – niveau Master 1 – (12h), sous la direction de Nicolas Pinsault

Des séminaires pour les professionnels inscrits en Master 1 MPSI.

– Un co-encadrement de mémoires de recherche de Master 1

  • Thibaud Rival, sur la micro-kinésithérapie (avec le co-encadrement de Nicolas Pinsault)
  • Nelly Darbois sur la fasciathérapie
  • Gilles Guetemme sur l’intérêt du massage sur la dépression (avec le co-encadrement de Jean-Louis Caillat-Miousse)

En 2011/2012, le Master 1 MPSI VAE option kiné est ouvert ! Pour tout savoir, cliquez là

Richard Monvoisin
CorteX - pseudo-science dans Snatch

Biologie, nutrition – Arguments anti-lait et lamarckisme dans le film Snatch

Voici un montage exploitable de trois extraits tirés du sympathique film Snatch, tu braques ou tu raques de Guy Richie (2000).

Ce passage du film aborde sous l’angle humoristique la consommation de lait dans une discussion entre Tommy (Stephen Graham) et Turkish (Jason Statham).

Bien que non-experts de la question du lait, nous avons rencontré plusieurs fois des discours plus ou moins « anti-lait ». Certes, certains de ces discours sont de prime abord plutôt simplistes. Un exemple : la difficulté à digérer le lait serait liée à la taille des « molécules de lait », elle-même en lien direct avec la taille du mammifère qui l’a produit. Ainsi, la vache étant grosse, la chèvre petite, le lait de vache serait moins assimilable par l’humain.

CorteX _ Souccard, laitMais d’autres discours sont  bien plus élaborés et sèment un trouble. Le livre de Thierry Souccar Lait, mensonges et propagande en est un exemple. Même s’il y a quelques raccourcis étranges, et pas mal de faits allégués que nous n’avons pas encore vérifiés dans cette recherche, il semble très vraisemblable qu’un lobbying des industries laitières s’est exercé en France, en particulier avec des campagnes poussant à la consommation. T. Souccar, dans la version 2 de son livre, nuance bien son propos en précisant qu’il n’est en rien un combattant anti-lait, mais un chercheur contre les mensonges sur le sujet – démarche à laquelle nous ne pouvons que souscrire.

Heureusement, T. Souccar n’utilise pas les arguments de Tommy dans Snatch :

Télécharger

« C’est contraire à l’évolution (…) ça fait seulement 8000 ans que les vaches sont domestiquées ; avant ça, elles couraient comme des folles dans la nature. Notre appareil digestif n’est pas encore adapté aux produits« .

Un début d’analyse :

1. Rien dans les processus évolutifs n’est contraire à proprement parler à l’évolution. Seuls ont survécu les êtres ayant développé les comportements adaptés à leur milieu.

2. Un comportement comme celui de boire du lait de vache ne peut être décrit comme contraire ou allant dans le sens de l’évolution : ce genre d’évaluation n’est possible que lorsque ledit comportement a un impact sur le caractère reproducteur de l’individu. Même si les thèses les plus alarmistes des anti-lait étaient vraies, la consommation de lait ne fait pas mourir vite, ou ne rend pas stérile, donc elle n’a pas d’impact sur la reproduction de l’individu.

3. Il existe des comportements nouveaux chez l’humain qui ne sont pas venus de la pression évolutive liée au milieu : les choix moraux. Et le fait de ne pas abandonner un bébé faible, quoique peut-être contraire à une stratégie purement évolutive, n’est pas quelque chose de dommageable.

4. Penser que notre appareil digestif va s’adapter au « produit » est une nouvelle forme de la thèse de l’hérédité des acquis au cours d’une vie, ce qui n’est pas un raisonnement darwinien, mais un raisonnement lamarckiste, c’est-à-dire tiré de la théorie désormais abandonnée de Lamarck et qui posait comme seconde « loi » la possibilité de transmettre à la descendance les changements organiques ou morphologiques acquis au cours de notre vie. Si la consommation de lait de vache ne joue pas sur la reproduction humaine, il n’y a aucune raison que le corps humain s’adapte  (ou se désadapte d’ailleurs) à ce lait. C’est la même erreur qui fait penser que le cou des girafes s’est allongé, que les yeux des taupes ont rapetissé à cause de l’obscurité sous terre (deux exemples chers à Lamarck) ou que le petit orteil disparaitra tout seul car il ne sert à rien.Tommy défend donc ici une thèse fausse pour réprouver la consommation de lait de Turkish.

On pourrait poser la question sous un autre angle, bien plus sociopolitique : quel est le changement de milieu (contexte économique, production laitière, choix de races laitières à taux de production énorme et non-« naturelle », etc.) qui permet à un individu comme Tommy de consommer du lait de vache avec autant de facilité et dans une telle proportion, et qui tire profit reproducteur de ce modèle industriel ? Vaste sujet.

Richard Monvoisin, 12 janvier 2011

thèse de l’hérédité des acquis

Évolution, biologie et concepts psychanalytiques sur France Inter

Les émissions radio dites de vulgarisation scientifique laissent parfois une large tribune aux idées et concepts pseudo-scientifiques. L’évolution est un thème sensible dans lequel ce discours peut trouver une expression parfois difficile à déceler, notamment quand il s’adresse à un public jeune. L’argumentation est alors construite sur des sophismes que l’on peut apprendre à repérer.

Cet atelier propose une introduction à :

  • L’identification de concepts pseudo-scientifiques dans un discours;
  • Le repérage de sophismes dans l’argumentation ;

1ère phase

Séquence audio

Montage 3’46 –  Les p’tits bateaux,  France Inter, Dimanche 19 septembre 2010. (Emission de Noëlle Breham, Michel-Alain Barjou, Marjorie Devoucoux, de découverte scientifique à partir de questions d’enfants.)
Questions n°5 de l’émission : Je voudrais savoir si les êtres humains sont des animaux ? Et ; Quelle est la différence entre l’homme et l’animal ? Réponse de Charles PÉPIN, Philosophe et écrivain.

  • Proposer de repérer le propos central et l’argumentation

Aiguillage possible : retranscription de passages clefs :
01 :16 « Mais toutes ces pistes on peut les entendre par référence à une idée plus précise qui est qu’en fait on est des animaux, mais on est des animaux avec une particularité qu’aucun autre animal ne connaît c’est que nous, une partie de notre nature n’a pas le droit de s’exprimer dans notre civilisation ; ça s’appelle le refoulement, ça s’appelle la censure et cela vient constituer l’inconscient »
01 :37 « Autrement dit, on est des animaux dénaturés et on est des animaux refoulés, et cette animalité refoulée constitue notre humanité »
02 :41 « Autrement dit, on a des pulsion agressives, sexuelles, possessives, naturelles mais on a pas le droit de les satisfaire dans la civilisation humaine, ce qu’aucun autre animal ne vit »
02 :58 « On a une victoire sur la sauvagerie, un victoire sur l’animalité, qui est en même temps notre grande fragilité. Elle est notre fierté, elle est aussi notre faille. De là, effectivement, toutes les manifestations de la spiritualité, de l’art, de la religion, qui nous distinguent des bêtes, parce qu’elle sont en fait des sublimations de tout ce qui été refoulé dans la petite enfance »
  

2ème phase

  • Proposer de repérer le concept central et les arguments s’y rattachant

Aiguillage possible : repérage du champ lexical psychanalytique (angoisse, refoulement, inconscient, pulsions).

  • Discuter de la terminologie psychanalytique de ces termes

Aiguillage possible : rechercher la définition de ces termes et évaluer leurs pertinences dans ce propos : Sur quoi se base l’auteur pour étayer ses affirmations ? Sur quels arguments ? Peut-on douter de leur validité ? Le parti pris conceptuel est-il présenté clairement ?

3ème phase

  • Repérer parmi les arguments utilisés, ceux appartenant au registre du sophisme

Aiguillage nécessaire : définition de quelques figures sophistiques et leur présence dans l’argumentaire de l’émission. Par exemple:
Sophisme de l’homme de paille (travestir d’abord la position de son interlocuteur de façon volontairement erronée et facile à réfuter puis détruire l’épouvantail en prétendant avoir réfuté la position de l’interlocuteur. Détails)
00:27 « la plupart des philosophes qu’on appelle des sceptiques qui ont voulu faire douter les hommes de leur prétendues certitudes parlent de ça, de cette frontière introuvable. Sachez que tout ce qui a été présenté dans l’histoire de la philosophie a toujours été critiqué par l’éthologie : la raison, le rire, l’angoisse, l’altruisme, la morale, les éthologues ont toujours trouvé une espèce animale, incarnant le prétendu propre de l’Homme. »
01 :06 «[…] Donc difficile frontière, évidemment il y a des pistes qui résistent mieux comme : la représentation, la religion, l’art, l’angoisse, des choses comme ça. »
Sophisme de la pétition de principe (faire une démonstration qui contient déjà l’acceptation de la conclusion, ou qui n’a de sens que lorsque l’on croit déjà en cette conclusion. Détails)
01 :16 « […] toutes ces pistes on peut les entendre par référence à une idée plus précise qui est qu’en fait on est des animaux, mais on est des animaux avec une particularité qu’aucun autre animal ne connaît c’est que nous, une partie de notre nature n’a pas le droit de s’exprimer dans notre civilisation ; ça s’appelle le refoulement, ça s’appelle la censure et cela vient constituer l’inconscient. Autrement dit, on est des animaux dénaturés et on est des animaux refoulés, et cette animalité refoulée constitue notre humanité. Pour le die plus simplement, ce qui nous distingue des animaux c’est la petite enfance, une petite enfance tellement plus dur que celle des animaux. » 
Raisonnement panglossien (raisonner à rebours, vers une cause possible parmi d’autres, vers un scénario préconçu ou vers la position que l’on souhaite prouver. Exemple)
02 :14 « On est des animaux prématurés : il faudrait 12 mois pour que les cellules du fétus arrivent à maturation et on naît au bout de 9 mois et c’est de là que tout vient : l’angoisse mais aussi le rattrapage par l’intelligence, la représentation. Et on peut tout interpréter : les religions, l’art, le rapport à l’autre, le rapport au temps, comme venant de cette petite enfance, de cette naissance prématurée et de cet interdit qui est porté à notre nature par la civilisation sur certaines pulsions. Autrement dit, on a des pulsions agressives, sexuelles, possessives, naturelles mais on n’a pas le droit de les satisfaire dans la civilisation humaine, ce qu’aucun autre animal ne vit »
Sophisme de la pente savonneuse (infirmer un argument en montrant que si on accepte cet argument, alors quelque chose de néfaste, de catastrophique, de nauséabond risque d’en découler. Détails)
02 :58 « On a une victoire sur la sauvagerie, une victoire sur l’animalité, qui est en même temps notre grande fragilité. Elle est notre fierté, elle est aussi notre faille. De là, effectivement, toutes les manifestations de la spiritualité, de l’art, de la religion, qui nous distinguent des bêtes, parce qu’elles sont en fait des sublimations de tout ce qui a été refoulé dans la petite enfance.» 

A décortiquer : Le professeur Montagnier et la “mémoire de l’eau”

Voici un article du blog Le Monde, envoyé mi-décembre 2010 par notre talentueux ami François B. et qui soulève à nouveau la question de ladite mémoire de l’eau. Nous n’avons pas eu le temps de la décortiquer. Le ferez-vous pour nous ?

07 décembre 2010


Le professeur Montagnier et la “mémoire de l’eau”

Le codécouvreur du virus du sida et Prix Nobel de médecine 2008 a été recruté par une université chinoise. Luc Montagnier va diriger une équipe de chercheurs au sein du département des sciences de l’université Jiaotong de Shanghaï. A 78 ans, c’est la deuxième fois que le chercheur s’exile. La première fois, c’était à ses 65 ans, quand il a dû prendre sa retraite de l’université française. En lisant les commentaires postés ça et là sur le Web, beaucoup de gens rappellent cet épisode, mais peu de souviennent de son peu glorieux soutien à une théorie jamais prouvée : la mémoire de l’eau.

Le principe de l’homéopathie. Le professeur Montagnier, à de nombreuses reprises, pris la défense de cette théorie et de celui qui en fut à l’origine, Jacques Benveniste. La théorie de la mémoire de l’eau, si elle avait été avérée, aurait expliqué le principe de l’homéopathie. Rappelons-le brièvement : un remède homéopathique s’obtient en diluant maintes fois ce que la discipline considère comme le principe actif du remède. Par exemple, la fiche technique du Diaralia des laboratoires Boiron indique que ce remède, censé soigner les diarrhées, contient de l’“arsenicum album, 9 CH“.

9 CH ? CH signifie centésimale hahnemannienne, du nom du père de l’homéopathie, Samuel Hahnemann. Cette valeur indique la dilution du principe actif, en l’occurrence un dérivé de l’arsenic. La quantité d’arsenic utilisée a subi 9 dilutions successives. En clair, il reste un milliardième de milliardième (10-18) de la quantité de départ, ce qui correspond, peu ou prou, à un mètre cube d’eau dilué dans l’ensemble des océans de la planète. Dans le médicament final, il ne reste pas grand chose du “principe actif”, voire rien du tout si la dilution est supérieure à 12 CH. Comment explique-t-on alors le principe de l’homéopathie ? Vaste question.

La mémoire de l’eau. Dans les années 1980, on avait cru pouvoir l’expliquer grâce à cette théorie de la “mémoire de l’eau” chère au professeur Montagnier. Ce fut l’une des plus belles controverses scientifiques de la fin du XXe siècle.

Pour faire (très) court, le Français Jacques Benveniste a publié dans Nature, en 1988, une étude expliquant que l’eau gardait une “mémoire” des composés avec lesquels elle a été en contact. Cette étude validerait donc les principes de l’homéopathie. Et Benveniste lui-même se rendait compte de la portée de ses travaux, comme il l’écrivait dans Le Monde du 30 juin 1988 :

“Les résultats de notre recherche imposent à tous, et surtout à la communauté scientifique, un considérable effort d’adaptation. Il s’agit d’entrer dans un autre monde conceptuel. Le changement de mode de pensée n’est pas moins grand que lorsqu’on est passé avec la Terre de la platitude à la rotondité. (…)

Les études que nous présentons montrent l’existence d’un effet de type moléculaire spécifique en l’absence de molécule. La procédure utilisée s’apparente à celle qui ferait agiter dans la Seine au pont Neuf la clé d’une automobile puis recueillir au Havre quelques gouttes d’eau pour faire démarrer la même automobile, et pas une autre. On comprend dès lors les réticences, voire l’agressivité, au nom de la déesse Raison, des adversaires de ce type d’expériences.”

Ces travaux ont immédiatement été très critiqués et Benveniste soupçonné de conflit d’intérêt, de légèreté, voire même d’avoir bidonné ses résultats. D’autres doutaient que ces expériences soient reproductibles, condition sine qua none de recherches dignes de ce nom. Nature a tenté de reproduire ces travaux. En vain. Dans un papier titréHigh dilution” experiments a delusion, les scientifiques concluent que cette expérience n’est pas reproductible.*

Benveniste, “un nouveau Galilée”. La page de la mémoire de l’eau est tournée depuis plusieurs années et rares sont ceux qui la défendent encore. Mais régulièrement, le Pr Montagnier prend la défense de Benveniste. Et il dit même de lui que c’est un “nouveau Galilée” ; un lieu commun quand on parle d’une personne que l’on pense être un génie incompris…

Une des dernières fois où le professeur Montagnier a tenté de réhabiliter la mémoire de Benveniste, c’était dans le 7-9 de France Inter, en mai, consacré à ceux qui ont passé leur vie à “être en contre”.

Peu bousculé par un Stéphane Paoli qui ponctuait les phrases de Montagnier par d’horripilants “bien sûr”, Montagnier a rendu hommage à ce “grand chercheur” :

“Pour moi Jacques Benveniste est un grand chercheur, comme vous avez dit, et c’est vraiment scandaleux la façon dont il a été traité. Il est mort comme vous savez en 2004, on peut dire épuisé par toutes ces luttes, et je crois qu’un jour prochain, il sera complètement réhabilité. (…) Les biologistes en sont restés encore à Descartes. Descartes, l’animal machine, les rouages, les engrenages… Or, après Descartes, il y a eu Newton, la gravité, une force qui se transmet à distance, il y a eu Maxwell, et la découverte des ondes électromagnétiques, donc tout ceci les biologistes l’ignorent totalement. Les biologistes actuels, biologistes moléculaires, imaginent les contacts entre les molécules par des contacts physiques n’est-ce pas alors que les molécules, c’est ce que disait Benveniste, peuvent correspondre également à distance. Donc c’est une révolution mentale et ça prend du temps.”

Les biologistes qui en sont “restés à Descartes” ont dû apprécier le jugement de leur pair… Montagnier tente désormais de reprendre le flambeau des recherches de Benveniste (lire le résumé du professeur Alain de Weck, qui a côtoyé les deux hommes).

On verra s’il arrive à de meilleurs résultats que Benveniste dans son nouveau laboratoire chinois.

[On peut réécouter l’émission en .ram, format bien peu commode, en suivant ce lien (après 1 h 42) ou en lire le transcript fait par… l’association Jacques Benveniste pour la recherche.]

* Cette explication est issue d’un précédent billet sur l’homéopathie. Billet qui avait suscité de vifs échanges dans les commentaires. L’un de ces commentaires, de notre camarade du C@fé des sciences, le Dr Goulu, liait vers un de ses propres billets où il rappelait qu’il est “absolument certain que chaque fois que vous buvez un verre d’eau, vous ingérez des milliers de molécules d’eau bues en de grandes occasions par des gens célèbres, car le nombre de molécules dans un verre d’eau est incroyablement grand”. Une autre version de cette réflexion, par Paul-Emile Victor : “L’eau que vous buvez a été pissée six fois par un diplodocus.” Je vous laisse imaginer les implications si la théorie de la mémoire de l’eau était vraie…

Photo : AFP/THOMAS COEX

http://sciences.blog.lemonde.fr/2010/12/07/le-professeur-montagnier-et-la-memoire-de-leau/

CorteX_JY_Cariou

Thèse de Jean-Yves Cariou – Former l’esprit scientifique des élèves

Quand une thèse de doctorat porte sur l’esprit critique, impossible de ne pas s’y pencher. Voici la thèse de Jean-Yves Cariou intitulée « Former l’esprit scientifique en privilégiant l’initiative des élèves dans une démarche s’appuyant sur l’épistémologie et l’histoire des sciences« .

De nombreuses études en didactique des sciences, ainsi que divers rapports nationaux et internationaux, établissent les carences et les dérives des pratiques de classe en matière de démarches scientifiques et de formation de l’esprit scientifique. Une approche empiriste et inductiviste, la crainte des conceptions, hypothèses et propositions des élèves conduit couramment les enseignants à diriger ceux-ci, directement ou à travers un dialogue biaisé, vers des activités imposées de constat ou de simple exécution, à l’opposé d’authentiques démarches d’investigation. L’histoire des sciences et l’épistémologie sont interrogées d’une part pour caractériser les cheminements à l’œuvre dans l’élaboration du savoir, d’autre part pour mettre en lumière la tradition épistémologique qui trouve son prolongement dans l’enseignement des sciences, issue des débats et querelles historiques sur la place des hypothèses dans l’élaboration du savoir par les voies inductive, déductive, hypothético-déductive. Le contexte des proclamations méthodologiques aussi influentes que contestables de Newton est analysé, ainsi que leur impact durable sur les travaux scientifiques ultérieurs et sur l’enseignement des sciences. Tous ces travaux, complétés par les apports des psychologues et des pédagogues, permet de caractériser l’esprit scientifique comme associant esprit créatif et esprit de contrôle, et de proposer un outil privilégiant ces deux composantes à travers l’initiative des élèves. Cet outil associe à un modèle de démarche hypothético-déductive un mode d’emploi incitant les enseignants à baser leurs progressions sur les propositions des élèves. Des exemples détaillés de telles séquences accompagnent ce mode d’emploi. L’analyse de tests encadrant l’enseignement préconisé et de réponses à des questionnaires permettent de constater un accroissement significatif des éléments constitutifs de l’esprit scientifique des élèves. Ces résultats obtenus en biologie-géologie en France sont confortés par une étude menée avec le même outil en Suisse, en physique-chimie.
Télécharger :

Voir ici Jean-Yves faire de la didactique sur le… « Zizi sexuel » (si si)

RM

Graphiques, attention aux axes ! Par Nicolas Gauvrit

Le mathématicien Nicolas Gauvrit nous offre du matériel pédagogique « prêt-à-l’emploi », dont l’épisode 1 déconstruit quelques mensonges graphiques, notamment sur les axes.
Pour voir les autres ressources pédagogiques de Nicolas Gauvrit, cliquez ici .

Épisode 1 : Graphiques, attention aux axes !, par Nicolas Gauvrit

Télécharger l’épisode


Note de Guillemette Reviron : lorsque j’ai présenté ce travail de Nicolas Gauvrit au printemps 2011 à un public de travailleurs sociaux, un membre de l’assemblée – que nous remercions – m’a signalé cette séquence du JT de 20h (le 20 Janvier 2011 sur TF1) : Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur à l’époque, venait présenter l’évolution des chiffres de la délinquance et avait préparé pour cela un beau graphique.

  

[dailymotion id=xkzuzk]
 

Après avoir vu la vidéo de Nicolas Gauvrit, cela saute aux yeux : il manque l’axe vertical, celui qui contient toute l’information ; sans parler du titre, particulièrement vague. Le graphique du ministre ne veut tout simplement rien dire.


Cet extrait peut être utilisé de la manière suivante :
– projection de l’extrait du JT
– projection du cours de Nicolas Gauvrit
– nouvelle projection de l’extrait



Voici une autre illustration de l’impact que peut avoir le choix d’une échelle sur un graphique, tiré du Petit Journal du 29 Novembre 2011 (Canal Plus). Merci à Frantz Diguelman de me l’avoir signalé après avoir assisté à un de mes ateliers sur l’usage des chiffres dans les médias.
 
 
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=CwkfDWWYJBs]
 
Les graphiques :
 
 
CorteX_Chiffre_chomage_comparaison_graphique_Le_Petit_journal_29_11_2011_image2 CorteX_Chiffre_chomage_comparaison_graphique_Le_Petit_journal_29_11_2011_image3 CorteX_Chiffres_chomage_comparaison_graphique_Le_Petit_journal_29_11_2011_Image1
JT – 20h – France 2 JT – 20h – France 3 JT – 20h – TF1
Guillemette Reviron
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Mathématiques et Statistiques – Matériel de cours de Nicolas Gauvrit

Le CorteX a l’immense privilège de mettre disposition le matériel de cours de Nicolas Gauvrit, en format vidéo s’il-vous-plaît !

Mais qui est Nicolas Gauvrit ? Mathématicien, il enseigne à l’université d’Artois et fait partie du groupe européen de psychologie mathématique (EMPG). Il tient le blog Psymath et est l’auteur d’une floppée de bouquins, dont

  • Statistiques. Méfiez-vous ! Paris : Ellipses (2007).
  • Vous avez dit hasard ? Entre mathématiques et psychologie. Paris : Belin/Pour la Science (2009).

et les deux petits derniers

  • Quand les nombres font perdre la boule. Numérologie et folie des grandeurs. Nice : Book-e-Book (2009)
  • avec Jacques Van Rillaer, Les psychanalyses. Des mythologies du XXIème siècle ? Nice : Book-e-Book. (2010)

Il nous propose ici ses vidéos spéciales CorteX directement utilisables en cours par des enseignants.  En libre service. Merci à lui !

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Intelligent Design dans Prédictions (Knowing) d’Alex Proyas (2009)

Attention, cette critique est un peu pointue. Elle nécessite de savoir ce qu’est l’Intelligent Design et ses impasses.

Le premier extrait est un cours introductif de John Koestler, professeur au M.I.T., joué par Nicolas Cage. L’acteur présente aux étudiants le « thème du libre arbitre contre le déterminisme dans l’univers » (sic, voir extrait suivant). Mais ce thème va dériver ensuite vers une opposition Dessein intelligent contre hasard, comme le montre le passage suivant. Télécharger ici.

 Le passage est retranscrit car il demande de l’attention :

« (…) essayez de penser comme il faut à la succession exemplaire de circonstances qui ont placé cette gigantesque boule de feu céleste [le Soleil] exactement à la distance adéquate de notre merveilleuse petite planète pour que la vie s’y développe (…)  C’est quand même une idée rassurante qu’il y ait un fondement pour tout, que tout ait un certain ordre, et soit déterminé. Mais ce point de vue a forcément son côté opposé : la théorie du hasard, selon laquelle tout n’est que pure coïncidence. Le fait que vous et moi existions n’est rien d’autre que le résultat d’un enchainement aussi complexe qu’inévitable d’accidents chimiques et de mutations bio-organiques. Il n’y aucune grande idée maîtresse, ni raison d’être fondamentale ».

Reprenons. Etait annoncé libre arbitre (thèse 1) contre déterminisme dans l’univers (thèse 2). Mais c’est dans l’ordre inverse que va être traitée cette présentation.

Dans le cours du professeur, la seconde thèse (déterminisme dans l’univers)  est illustrée (en premier, attention à ne pas s’emmêler les pinceaux) par l’argument du réglage soi-disant adéquat de la distance Terre – Soleil en vue de l’apparition de la vie.

Or cet argument est un classique de cette catégorie d’arguments dits « de l’horloger », très défendus dans les courants créationnistes et Intelligent Design (comme par exemple le créationniste musulman Harun Yayah, ici). Ce sont des raisonnements qu’on qualifie de panglossiens (cf. Outillage), car ils raisonnent à rebours : au lieu de s’extasier sur le caractère miraculeux d’un tel « réglage », il suffit de retourner le problème : la vie n’a pu apparaître que sur une planète dont la distance à l’étoile était propice à cela (et donc nous sommes nés sur cette planète).

Utiliser un argument Intelligent design pour démontrer « Que tout ait un certain ordre, et soit déterminé » est plutôt tendancieux. Que tout ait un certain ordre, que les chiens ne fassent pas des chats par exemple, n’implique pas qu’il y ait un « projet » divin derrière. Que tout soit déterministe (c’est-à-dire le fait que chaque événement est déterminé par un principe de causalité) est juste. Dire que tout est déterminé n’est par contre pas rigoureux : il y a des exemples comme la météorologie qui sont déterministes (si on connaissait tous les points, tous les paramètres, toutes les vitesses, etc, on saurait ce qui va se passer)  mais qui ne sont pas déterminés, car leur sensibilité aux conditions initiales les rendent peu prédictibles. Penser que tout est déterminé, selon un plan pré-établi, est un saut métaphysique dans l’argument du professeur.

Résumons ce premier tour de passe-passe : son argument est déterministe, mais finaliste (avec une finalité prééxistente, comme dans les discours de création divine). Que tout ait un ordre ne veut pas dire que tout soit « déterminé », qui plus est à l’avance. Donc :

Déterminisme -> argument déterministe finaliste de type « intelligent design »
 
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La première thèse devait être le libre arbitre. Koestler la présente en second et la résume ici en ce qu’il appelle la « théorie du hasard ».  Le problème est que la « théorie du hasard » n’existe pas en physique. Je présume qu’il veut parler de la contingence, le fait de ne pas être nécessaire (donc ne relevant pas d’un finalisme) tout en pouvant être déterminé quand même – en clair, le fait que le monde soit comme il est par hasard. Mais ce n’est pas parce que le monde est contingent qu’il n’y a aucune raison d’être, ni au sens physique (il y a une chaine d’événements déterministes qui a produit cette Terre), ni au sens métaphysique (on peut choisir sa raison d’être, justement).

Le second glissement se résume ainsi :

Libre arbitre -> théorie du hasard -> pas de raison d’être fondamentale.
 

Le scénariste nous coince ainsi dans un faux dilemme*, entre le déterminisme « Intelligent design » et un libre arbitre hasardeux et désenchanté sans raison d’être. Et la question du libre arbitre humain s’est étrangement dissoute en cours de route.

On s’en doute, toute la trame du film consistera à faire évoluer la pensée de John Koestler d’une interprétation contingente du monde à une interprétation mystique, ce qui n’est pas à proprement parler une avancée citoyenne majeure, et bien au contraire suit le courant orthodoxe du moment.

On relèvera également :

  • L’argument d’autorité lié au prestigieux institut.
  • Les équations différentielles qui couvrent le tableau noir dans le dos de l’acteur, et qui tranchent avec la rusticité du petit planétarium qu’il manipule.
  • Son nom, directement inspiré du nom d’Arthur Koestler (1905-1983)**.
Richard Monvoisin
*Ce dilemme, à titre d’anecdote, est l’exacte transposition de celui défendu par le Pape Benoit XVI, par le président de la République française et par nombre de personnalités à fort fondement religieux qui partent du principe que le désespoir social en particulier nait du manque de foi.
 
**Écrivain, essayiste et grand fan de parapsychologie – il a fait un legs pour la création d’une chaire de parapsychologie à Édimbourg, devenue le KPU, The Koestlet Parapsychology Unit.
 
 
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