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Audio – Ordonnance du 13 juillet 1967 créant l’ANPE

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Le CORTECS s’étant construit avec entre autre un transfuge du travail social et un ancien animateur socio-éducatif, il était prévisible que les questions sociales primaires comme celle de la pauvreté soit un objet d’étude et d’enseignement. Voici du matériel à prendre, à remanier, à apprêter selon les publics.

Dernière ressource audio mise en ligne : l’Ordonnance du 13 juillet 1967 créant l’ANPE, chronique d’Amélie Meffre « Un saut dans la loi », diffusée dans l’émission de radio La Fabrique de l’histoire, sur France Culture, le 31 octobre 2014. Lire et écouter la suite.

Affiche des conférences gesticulées de Jérémy

Un kiné qui gesticule : Jérémy Muccio et l'entreprise médicale

Le mois dernier, nous relayions le travail de Nicolas Gaillard réalisé au sein de la SCOP l’Orage. C’est en farfouillant parmi d’autres conférences gesticulées – un des outils des SCOP – que je suis tombée sur celle de Jérémy Muccio, kinésithérapeute en Poitou-Charentes, intitulée L’entreprise médicale nuit gravement à la santé, filmée en 2013. Depuis lors, nous échangeons régulièrement avec Jérémy. Il a bien voulu se prêter au jeu de l’interview pour nous présenter son parcours, et a accepté de mettre à disposition pour toute lectrice et lecteur du CORTECS un extrait audio de sa dernière présentation, où il distille quelques outils d’esprit critique et contribue à diffuser un pan de l’histoire des luttes sociales, avec humour, entrain, et maîtrise.

– Tout d’abord, pourquoi t’être lancé dans la création d’une conférence gesticulée pour traiter le sujet de la pratique libérale dans le milieu de la santé ?

Affiche des conférences gesticulées de JérémyEn fait, j’ai le sentiment que tout a commencé comme un cri, une envie de dénoncer et de raconter toutes les choses que je trouvais choquantes, incohérentes et injustes auxquelles j’étais confronté dans le milieu dans lequel j’exerçais, celui de la santé. Et qui plus est par le prisme du monde libéral, que je connais bien, l’ayant pratiqué pendant 10 ans environ. 

Petit à petit, mon propos s’est étoffé, et s’est ouvert sur des horizons bien plus larges, politiquement et philosophiquement parlant. Comme sur la santé elle-même, sur ce qu’elle est et représente dans notre société. Sur notre système de santé (Sécurité Sociale) aussi, son histoire populaire, ainsi que les conséquences sociales et politiques des choix gouvernementaux le concernant depuis plus de 30 ans. Le tout en évoquant en parallèle mon parcours personnel. Histoire aussi d’expliquer pourquoi aujourd’hui je pense comme je pense. Donner aux gens les clés de ma propre analyse et ma compréhension du système dans lequel je travaille. Reprendre en quelque sorte la parole aux soi-disant experts ayant voix au chapitre, qui nous ont confisquée cette parole et qui nous disent comment et quoi penser. En somme, faire de l’éducation populaire.

– Quel est le public touché ?

Au départ je destinais ma conférence gesticulée aux étudiants et futurs diplômés en masso-kinésithérapie. Leur raconter mon expérience, mon vécu, pour qu’ils puissent se rendre compte dans quel milieu ils s’apprêtaient à évoluer. Et puis, finalement, je me suis dit que ma conférence pouvait et devait sensibiliser une audience plus large, à savoir non seulement tout type de professionnels de santé, patients et futurs patients, mais aussi et surtout les citoyens que nous sommes.

– Qu’est ce que tu attends de tes conférences ?

Jérémy Muccio avec sa guitare lors d'une présentation de sa conférenceQuand on se forme à l’outil d’éducation populaire qu’est la conférence gesticulée, on comprend qu’elle est un savant mélange entre savoirs chauds (les savoirs acquis de l’expérience, … dits illégitimes) et savoirs froids (les savoirs universitaires, qu’on trouve dans les livres, … dits légitimes). Et que, comme dans l’air, où l’air chaud et l’air froid ne peuvent se mélanger mais provoquent des orages, j’attends, comme toutes celles et ceux qui portent une conférence gesticulée, que cela provoque des orages dans les têtes. Que ça fasse réagir et réfléchir. Que ça puisse créer du temps de cerveau disponible pour la révolution. Rien que ça !

– Comment as-tu découvert la zététique, l’esprit critique ?

Fin 2014, une collègue kinésithérapeute et membre du Cortecs, Nelly Darbois, m’a contacté après avoir vu sur internet une vidéo de ma conférence. Après avoir échangé sur son contenu, commun avec l’un des objectifs du Cortecs à savoir la démarche critique politique, et présenté le travail du Cortecs, elle a aussi pointé, avec justesse et bienveillance, les approximations et autres erreurs en terme de rigueur et de méthode scientifique de ma propre conférence.
Du coup, après avoir longuement parcouru le site du Cortecs, ses articles et ses travaux, et après avoir lu (voire dévoré) l’ouvrage de N. Pinsault et R. Monvoisin, Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les thérapies manuelles j’ai décidé de me pencher plus sérieusement, non seulement dans ma conférence, mais aussi dans ma pratique professionnelle, sur le travail de démarche scientifique et d’esprit critique et d’en utiliser ses outils.

– Et depuis, en quoi ces outils t’aident dans ta conférence ou dans ta pratique quotidienne ?

Tout d’abord ces outils m’ont permis de revoir ma conférence dans son ensemble. Pas forcément sur le fond, mais sur sa forme. La rendre toujours plus juste, moins approximative. Je ne dis pas que j’y suis complètement arrivé, le chemin est long, mais petit à petit je pense y parvenir. Puis, j’ai ouvert un chapitre sur la démarche critique en elle-même, et comment elle peut nous permettre de nous faire une idée critique sur les choses qu’on nous propose. Je prends notamment l’exemple du jeune kinésithérapeute diplômé, à qui on va faire miroiter monts et merveilles tant dans les spécialités post-diplômes ou les machines de physiothérapie qui soignent tout ou presque. 

Extrait de la conférence gesticulée de Jérémy présentée au Festival des Ressorts le 14 mars 2015 à Lamothe-Landerron (33), où il présente la charge de la preuve, la réfutabilité et la commensurabilité des théories. Dans cet extrait, Jérémy emploie le terme de « charlatan ». Il lui préfère en fait celui de « praticien.ne.s », moins connoté, ces praticien.ne.s étant le plus souvent de bonne foi et convaincu.e.s d’œuvrer pour le bien-être de leurs patient.e.s.

Mais il va sans dire que tous ces outils peuvent être utilisés par tout le monde, pas que les professionnels de santé, et en toute occasion.

Pour ce qui me concerne, dans ma pratique quotidienne, j’essaye depuis de rendre accessible et compréhensible auprès de mes patients mes choix de traitement les concernant, et les impliquer dans ceux-ci. Leur expliquer comment se fonde mon analyse de leur pathologie, afin qu’ils comprennent au mieux leur condition et comment y remédier.

– Après ta conférence, y a-t-il des débats ou des échanges ? Si oui, sur quoi portent-ils, et comment cela se passe ?

Pour tout dire, la conférence gesticulée n’est que la première partie de l’outil d’éducation populaire que je propose. Il doit être complété par un atelier où les personnes présentes lors de la conférence peuvent mettre à profit leur réflexion, travailler différents sujets, et pourquoi pas par la suite se regrouper et agir localement (volonté de création de maison de santé communautaire par exemple).

Et là encore, les outils de démarche critique sont d’une grande utilité pour mener à bien ce type d’atelier, couplés bien sûr avec des méthodes de travail issues de l’éducation populaire.

Il est possible d’assister à la conférence de Jérémy :

– le 30 avril 2015, à l’IFMK (Institut de Formation des Masseurs-Kinésithérapeutes) de Poitiers ;

– le 14 juin 2015, à Nantes ;

– le 26 juin 2015, à La Chapelle sur Erdre.

Le site des conférenciers gesticulants : ici.

ND

9 étudiant·es menacé·es – Le CORTECS dénonce les dérives autoritaires de l'UQAM

Après les grands mouvements étudiants de 2013, et suite au lancement d’une nouvelle grève étudiante d’envergure de plusieurs dizaines de milliers d’étudiant·e·s québécois·e·s, le conseil exécutif de l’UQAM (l’Université du Québec à Montréal) a convoqué devant leur comité disciplinaire neuf étudiant·e·s militant activement dans l’université en vue de les expulser. Les actions qui leur sont reprochées, fumeuses et parfois datées, s’inscrivent pourtant dans ce qu’on est en droit d’attendre d’un·e étudiant·e critique et conscient·e des enjeux socio-économiques. Aussi le CORTECS apporte-t-il son soutien à ces personnes, et mobilise son réseau en ce sens.  Au jour d’élaboration de cet article (10 avril 2015), des étudiants et des enseignants de l’UQAM exigeaient la démission du recteur Robert Proulx, suite à l’intervention du Service de police de la Ville de Montréal pour évacuer les occupants sauvages d’un bâtiment de l’université*. Pour se faire une idée des enjeux, nous reproduisons ici un texte co-élaboré par une cinquantaine de collègues de l’UQAM, ainsi que la lettre que nous avons signée.

 

CorteX_UQAMDès les débuts de l’Université en Europe, les étudiants se sont mobilisés pour des questions pédagogiques ou sociales, comme le prix des loyers. Le militantisme étudiant n’est donc pas nouveau. Grèves, occupations et perturbations d’évènements ont ponctué la vie universitaire, y compris à l’UQAM. Très souvent, ces mobilisations ont été à l’avant-garde de causes progressistes pour la justice sociale : féminisme, pacifisme, écologisme, entre autres.

 Historiquement, les directions d’établissements d’enseignement étaient relativement tolérantes face aux actions militantes, dont les occupations, certaines se prolongeant jusqu’à six semaines, comme à l’École des Beaux-Arts en 1968. Dans les années 2000, ces directions ont changé d’approche, appelant rapidement la police qui est intervenue brutalement, y compris à l’UQAM (sans oublier l’UQO – NdCORTECS : Université du Québec en Outaouais – et l’Université de Montréal en 2012, entre autres). Cette mutation volontaire s’inscrit dans une tendance générale de la part des autorités à être de plus en plus répressives face aux mouvements sociaux et à saisir l’occasion de quelques cas isolés pour justifier une généralisation des mesures répressives. S’inscrivant dans cette tendance, la direction de l’UQAM privilégie de plus en plus la répression sous forme d’intimidation et de violence institutionnelles. Cela entraine d’importantes dépenses (caméras et agents de « sécurité » supplémentaires) et contribue à la dégradation du climat social sur un campus bien connu pour sa vie associative et militante. Pourtant, il n’y a pas de consensus dans les publications savantes au sujet des effets de la répression sur les mouvements sociaux. Certaines études démontrent qu’elle provoque un affaiblissement de la mobilisation, d’autres qu’elle provoque un élargissement de la mobilisation et une radicalisation militante.

 Or il y a quelques semaines, une poignée de professeurs de l’UQAM et des membres de la haute direction ont dénoncé dans les médias la violence et l’intimidation étudiantes (échos tardifs du Jean Charest de 2012). Cette opération de communication lancée dans la phase de préparation de la grève étudiante maintenant en cours a offert l’occasion à un député de la CAQ – NdCORTECS :  la Coalition Avenir Québec – de prétendre que règne à l’UQAM une « culture radicale d’anarchie » (sic.) et de demander à la ministre de la Sécurité publique comment elle comptait y rétablir « la sécurité ». Les collègues écorchaient au passage la démocratie étudiante, s’inscrivant ainsi dans une curieuse tendance médiatique qui consiste à critiquer le fonctionnement des assemblées lorsqu’elles votent la grève, mais ne rien dire lorsqu’elles rejettent la grève.

 Rebondissement vendredi 20 mars 2015. Neuf étudiantes et étudiants ont reçu un courrier recommandé les convoquant devant le Comité exécutif pour répondre de mesures disciplinaires. Le Service de sécurité recommande lui-même dans certains cas la suspension pour un an, dans d’autres l’expulsion définitive. Les faits reprochés ? Turbulence lors de levées de cours et perturbation d’événements publics. Le débat reste ouvert quant à l’attention qu’il convient d’accorder à de tels faits isolés, à ce qui est réellement survenu et à l’importance que s’exprime à l’UQAM le débat politique, y compris parfois par des actions militantes.

Ce n’est pas la première fois que la direction cherche à bannir des activistes du campus et cela n’a jamais eu d’autres effets que de punir quelques personnes ciblées, alors que les actions sont collectives. Problématiques en soi, ces mesures apparaissent cette fois-ci particulièrement douteuses :

Absence de proportionnalité : pourquoi imposer l’expulsion définitive sans avoir commencé par donner de simples avertissements ? Le recours aux mesures extrêmes est cruel pour des étudiantes et des étudiants puisqu’il ruine leur projet universitaire et compromet leurs projets professionnels (sans compter la destruction de leurs relations sociales).

Absence d’urgence : certains des faits reprochés se sont déroulés au printemps 2014 et même en janvier 2013, soit il y a plus de deux ans ! Pourquoi sévir maintenant ?

Instrumentalisation politique : seule la situation présente, soit la grève qui commence, peut expliquer la volonté de neutraliser des militantes et militants du mouvement étudiant. Il s’agit d’une instrumentalisation politique des mesures disciplinaires (qui rappelle les arrestations préventives du groupe Germinal deux jours avant le Sommet des Amériques en 2001, des 17 « chefs » anarchistes à Toronto en 2010 et d’une douzaine d’activistes le matin du Grand Prix Formule 1 à Montréal en 2012). Alors que les actions au cœur des accusations étaient menées par plusieurs dizaines d’étudiantes et d’étudiants, la direction a choisi de cibler des personnes qui occupent des postes dans les associations étudiantes et même qui siègent aux plus hautes instances de l’UQAM. Il est bien pratique, en temps de grève et de négociations de conventions collectives, de faire taire la voix étudiante dans les lieux de pouvoir de notre établissement.

Frapper fort pour faire peur : parallèlement, la direction a envoyé à l’ensemble du corps étudiant un courriel mettant en garde contre toute perturbation pendant la grève, y compris de simples levées de cours, adoptant ainsi un ton menaçant inédit à l’UQAM. Les expulsions des neuf relèvent donc aussi de la peine exemplaire pour effrayer l’ensemble des grévistes, sans compter le déploiement de nouveaux effectifs d’agents de « sécurité » qui fouinent partout (y compris dans des assemblées syndicales), suivent et intimident un peu tout le monde, refusent de révéler leur identité et se permettent des propos sexistes à l’endroit d’étudiantes (« Salut, bébé ! »).

Il est consternant de constater que la direction adopte cette approche autoritaire contraire à la tradition de l’UQAM, qui a su préserver jusqu’ici un espace plus libre que ce que nous propose en général notre société disciplinaire. Nous nous dissocions totalement de la campagne de relations publiques clamant que le chaos règne sur le campus et nous demandons à la direction de l’UQAM de garder son sang-froid, de favoriser le dialogue (même laborieux) plutôt que la répression et dans tous les cas de revenir à une attitude d’ouverture face au militantisme étudiant. Ainsi, l’UQAM se démarquerait positivement d’une tendance de plus en plus répressive des diverses autorités québécoises. Cela nécessite, bien sûr, de faire le deuil d’une certaine volonté de puissance et d’une cruauté qui ne réjouit jamais que les puissants et les partisans de la loi et l’ordre, aux dépens de personnes plus vulnérables (ici, nos étudiantes et étudiants).

 Pour terminer, soulignons un paradoxe politique : la direction réprime des étudiantes et des étudiants qui se mobilisent présentement contre une politique d’austérité qui menace réellement notre établissement.

*Texte signé par une cinquantaine de professeurs et chargés de cours de l’UQAM, dont Marcos Ancelovici, Rémi Bachand, Isabelle Baez, Dany Beaupré, Marrie-Pierre Boucher, Rachel Chagnon, Line Chamberland, Jawaher Chourou, Marc-André Cyr, Anne-Marie D’Aoust, Martine Delvaux, Stall Dinaïg, Francis Dupuis-Déri, Alain-G Gagnon. Consulter la liste complète des cosignataires (NdCORTECS : même si regarder les cosignataires ne devrait avoir rationnellement aucun impact intérêt direct sur le choix de signer ou non).

 

Voici la lettre que nous avons signée.

Support letter from European academics for the nine student activists facing expulsion from Université du Québec à Montréal, Canada

The Executive Council of Université du Québec à Montréal (UQAM) has taken steps to evict nine students from the University who took part in demonstrations or strikes in the past two years. Their political commitment seems to be the only reason justifying these extreme measures and these unprecedented disciplinary sanctions are therefore considered as intimidation attempts. Indeed, this is the first time that the University has taken such actions regarding political activities. The praxis for which the Executive Council declared the activists guilty are:

  • The protest against the Orwellian security drift at UQAM on January 30th 2013, an authoritarian response to Quebec’s historical student strike of 2012

  • The Application of legitimate strike mandates voted in general assembly by the student community by cancelling classes on April 2th and 3th 2014, and on October 8th 2014

  • The demonstration that took place in the University organized by the student and employees union (SETUE) on April 2nd 2014

  • The disturbance of Frank Des Rosiers’s (assistant deputy minister in the federal government) conference on January 20th 2015.

The fact that these convocations arrive all at the same time, even if those events took place separately in a large time scale between several months and years, raises some serious doubts about the true intentions of the Executive Council. Moreover, these are non-urgent situations and concerned students do not pose a threat to the university community. Why such a hurry? Why such reactions? As it has been stated in the support letter of De Nieuwe Universiteit of Amsterdam “[c]uriously, they [the Executif Council actions] coincide with the beginning of a new student strike against austerity measures and budget cuts in social services.” The current situation suggests that these disciplinary sanctions are purely political and meticulously calculated to annihilate the cultural activism of UQAM student community, whereas 60 000 students around Québec are triggering strike movements.

The concerned students are left helpless since the student representative on the Executive Council is aimed by three different accusations such as “having blocked a corridor” or “having raised the tone of voice.” Her appearance in front of the Executive Council and her possible suspension before the other students de facto eliminates the only student representative of the Council, leaving the other students alone before the university’s administration. Furthermore, the expulsion, which is the most severe sanction that could be used on students, should only be applied in severe cases of aggression threats or repetitive plagiarism. Even in these cases, students must first pass through committees at the departmental level and faculty before being heard by the Executive Council. The fact that the University bypass these normal procedures will have disastrous consequences on the concerned students, since they have invested hundreds of hours and thousands of dollars in their studies only to see their efforts swept away.

On the behalf of freedom of expression and freedom of opinion, the UQAM administration’s political repression shall end and the disciplinary sanctions on the nine concerned students shall be removed. The outrageous power abuses demonstrated by the administration represent a worrying discriminatory treatment that will have tremendous consequences for the concerned students.

L’équipe CORTECS, Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique & sciences. www.cortecs.org

* Fin de l’occupation de l’UQAM après l’intervention du SPVM, Radio Canada.

Photo des grèvistes de France Culture

Le CORTECS exige du matériel critique audio de qualité (et soutient donc la grève de Radio France)

Le CORTECS est un grand consommateur de ballado-diffusion.En vélo, aux toilettes, à la vaisselle, durant le ménage oeurs dizaines de milliers d’étudiant·e·s québécois·e·s, le conseil exécutif de l’UQAM (l’Université du Québec à Montréal) a convoqu au jardin, nos oreilles profitent de trésors radiophoniques parfois méconnus, qu’il nous arrive, lorsque le temps nous le permet, de mettre à votre disposition (voir pour cela l’onglet Audiotex). Parmi les principaux fournisseurs de podcasts de qualité, il y a France Culture, du groupe Radio France. France Inter, dont nous avons déjà pointé la baisse de qualité, a perdu pratiquement toute émission critique correcte (à l’exception notable de L’Afrique enchantée et de Comme un bruit qui court). C’est justement en lutte contre cette médiocrisation que Radio France orchestre son plus important mouvement social depuis 10 ans. Le CORTECS soutient cette grève. En voici les enjeux, narrés par les acteurs eux-mêmes.

Nous sommes les voix qui, chaque jour, s’adressent à vos oreilles. A travers nos interviews, chroniques, reportages, documentaires, nous tentons au mieux de faire vivre les missions de la radio publique : « informer, éduquer, divertir ».

Nous, équipes de production des émissions de Radio France (animateurs, reporters, collaborateurs, chroniqueurs…) partageons les inquiétudes de l’ensemble des personnels de Radio France mobilisés depuis le 19 mars. Ce mouvement de grève a pour objet de défendre les radios de service public, et non des intérêts particuliers ou corporatistes. L’engagement budgétaire non tenu par l’État entraîne aujourd’hui un déficit grave qui menace l’existence de la radio telle que vous l’aimez et que vous la financez à travers la redevance audiovisuelle.

Nous sommes consternés de voir les travaux de rénovation de la Maison de la Radio si mal encadrés et si mal gérés (NdCORTECS : voir à ce sujet les articles du Canard Enchaîné sur les frais somptuaires de Mathieu Gallet), occasionnant le surcoût exorbitant que vous connaissez. Vos impôts, vos programmes et vos oreilles, doivent-ils payer pour cette incompétence ?

Le service public n’a ni la vocation, ni la possibilité d’être rentable. Or, cela semble être aujourd’hui la logique insidieuse de la Présidence de Radio France et au-delà, celle de sa tutelle, le Ministère de la culture. Et le silence jusqu’à présent de la tutelle (ministre de la Culture) semble accréditer une telle logique.

Conscients du contexte de crise économique et des efforts nécessaires, nous soulignons que de lourds sacrifices ont déjà été réalisés (en témoigne la baisse de 87,5 millions d’euros du budget entre 2010 et 2014). Une idée fausse voudrait que Radio France soit un lieu de gabegie, de privilèges et d’intérêts corporatistes. Savez-vous pourtant que la majorité des voix que vous entendez quotidiennement (à Radio France on les appelle les « producteurs ») travaille dans le cadre de contrats saisonniers et précaires ?

Comment continuer à produire de la radio de qualité quand les moyens matériels (studios, salles de montage, camions-régie…) sont constamment rognés ? Comment faire entendre les réalités d’un pays quand la plupart des émissions ne peuvent plus, faute de budget, envoyer de reporters au-delà du périphérique parisien ? Comment conserver notre indépendance – celle à laquelle vous avez droit – quand se multiplient sur les antennes des partenariats ou des publicités plus ou moins déguisées ? Si l’on suit la logique actuelle, la radio de demain ce sera : moins de reportages, moins de documentaires, moins de débats vraiment critiques, moins de concerts… Bref, une radio standardisée, calquée sur l’actualité ou sur les goûts majoritaires, une radio au rabais.

Nous aimons passionnément nos métiers et, au nom de la confiance dont vous nous témoignez, nous nous efforçons de travailler avec le plus de sérieux et d’esprit de responsabilité. Toutefois, dans ce climat de travail en constante détérioration, nous estimons de notre devoir de vous informer des risques qui pèsent sur la radio publique française. Radio France est un patrimoine à défendre, bien davantage que les boiseries d’un bureau présidentiel.

Les sociétés de producteurs de France Culture, France Inter et France Musique.

Pour aller plus loin :
Pourquoi la grève à Radio France ?
Émission sonore sur la grève à Radio France

Caisse de Grève

Chèques de soutien aux grévistes à l’ordre de « CCE radiofrance dons ». Adresse postale : CCE de Radio France — 116 av du Président Kennedy — 75220 Paris CEDEX 16

Enquêtes Z au collège La Bastion de Carcassonne

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Façade du collège Le Bastion (Carcassonne)

Dès la rentrée 2014, Marion Margerit, professeure de mathématiques, et Marie-Hélène Hilaire, professeure documentaliste, ont lancé un club intitulé Enquêtes Z au sein du collège Le Bastion, à Carcassonne.

Une quinzaine d’élèves, essentiellement de 6ème et 5ème, apprennent à douter, expérimentent, formulent des hypothèses et s’approprient les outils zététique. Et leur mission ne s’arrête pas là : les enseignantes tenaient également à faire réaliser à ces zététiciens et zététiciennes en herbe le montage des vidéos qui résument le travail de chaque séance. En attendant qu’elles trouvent le temps de nous raconter par le menu détail cette expérience pédagogique de grande envergure, on peut d’ores et déjà se faire une belle idée de ce qui se trame au club Enquête Z ici.

Les enfants et le surnaturel, par Michel Leurquin, professeur des écoles

CorteX_poltergeist_remake« L’enseignement rationaliste peut et doit tout discuter en mettant au préalable les enfants sur la voie simple et directe de l’investigation personnelle ».  C’est sur ces phrases du pédagogue assassiné Francisco Ferrer que s’ouvre cet article envoyé par Michel Leurquin, instituteur (et membre du Comité Para belge).


Les enfants sont-ils déjà intéressés par le surnaturel et les phénomènes paranormaux malgré leur jeune âge ? La question est intéressante mais ne semble jamais avoir été le sujet d’une étude complète. J’ai donc profité de la fin d’année scolaire 2000-2001 pour soumettre un petit sondage sans aucune valeur scientifique à 154 enfants âgés de 11 à 13 ans se trouvant en 5ème et 6ème années primaires (CM2 en France). Ces élèves fréquentaient des écoles libres catholiques ou des écoles officielles publiques (où les élèves peuvent opter au choix pour un cours de religion catholique, protestante, orthodoxe, islamique, judaïque ou un cours de morale laïque). Ce sondage a été effectué par écrit et de manière anonyme.

1. Connais-tu ton signe astrologique ?

oui : 95%
non : 5%
Commentaires : Il a également été demandé lors de cette première question de citer le signe si la réponse à la question était positive. Déjà très jeunes, les enfants connaissent leur signe astrologique. Cela n’a rien de très étonnant. Ce qui l’est plus, c’est qu’un certain nombre a même précisé son signe astrologique chinois alors que cela n’était pas demandé sur le questionnaire. Il n’est cependant pas certain que les enfants fassent déjà le lien comme trop d’adultes entre signe astrologique et destin ou caractère des individus.

2. Lis-tu ton horoscope ?

jamais : 16%
parfois : 60%
souvent : 24%
Commentaires : Les enfants n’échappent pas à la déferlante folle des horoscopes. Il est vrai qu’on les retrouve dans la plupart des journaux et des magazines de télévision. Ce n’est pas bien bien méchant car comme la plupart des adultes la lecture de l’horoscope reste un passe-temps amusant sans plus. Peu d’enfants doivent être réellement influencés par leur horoscope du jour. Cependant, il est assez étonnant de constater qu’une grosse majorité d’enfants déclare lire son horoscope de manière assez régulière. Il ne faut pas oublier non plus que la plupart des radios libres privées possèdent leur propre astrologue qui analyse chaque signe chaque jour de la semaine. Peu d’enfants échappent donc à l’horoscope.

3. Crois-tu qu’il existe des personnes capables de prédire l’avenir (des voyants) ?

oui : 21%
non : 50%
je ne sais pas : 29%
Commentaires : La moitié des enfants interrogés ne croient pas qu’il puisse exister de véritables voyants. Il reste donc une moitié qui y croit ou qui n’a pas d’opinion sur le sujet. Les enfants sont trop jeunes pour avoir déjà eu un contact avec un extralucide à moins d’imaginer qu’ils s’y soient rendus avec un de leurs parents. Mais le succès de ceux-ci dans quelques années reste assuré…

4. Crois-tu qu’il existe des personnes capables de lire dans les pensées (la télépathie) ?

oui : 23%
non : 60%
je ne sais pas : 17%
Commentaires : La télépathie connaît un assez beau succès d’estime chez les enfants. C’est un phénomène que l’on rencontre assez souvent dans les bandes dessinées et les dessins animés. La télépathie est également le phénomène auquel les adultes croient le plus. Il nous est arrivé à tous de penser ou de dire la même chose qu’un membre de notre entourage au même instant. Ces faits sont assurément fort troublants même si ce ne sont que de simples coïncidences.

5. Crois-tu en l’existence des extra-terrestres ?

oui : 25%
non : 56%
je ne sais pas : 19%
Commentaires : On peut peut-être s’étonner que « seulement » un quart des enfants interrogés croient à l’existence des extra-terrestres vus leur omniprésence dans les films de science-fiction et dans les dessins animés dont les enfants sont friands. La croyance dans l’existence des extra-terrestres reste cependant une des plus élevées de l’enquête. C’est à cet âge aussi que les enfants d’école primaire abordent les premières notions d’astronomie. Ils y apprennent vite que les autres planètes de notre système solaire n’abritent pas de vie intelligente mais que l’Univers est immensément grand et que les possibilités d’y trouver une vie sont réelles.

6. Crois-tu qu’il existe des personnes capables de communiquer avec les morts ?

oui : 10%
non : 65%
je ne sais pas : 25%
Commentaires : La proportion de oui est relativement basse. Il leur semble difficile de croire que des gens puissent faire parler les morts. Il est néanmoins intéressant de comparer les réponses à celles de la question 8. La croyance aux fantômes est paradoxalement plus élevées. Il reste une part importante d’un quart d’élèves qui n’a pas d’avis sur la question.

7. Crois-tu qu’il existe des personnes capables de faire bouger les objets par la force de la pensée sans les toucher ?

oui : 32%
non : 49%
je ne sais pas : 19%
Commentaires : La croyance dans ce que les parapsychologues appellent psychokinèse est très importante et même assez inquiétante chez les enfants. Un tiers d’entre eux est persuadé de l’existence de ce phénomène. Pourtant, ils sont trop jeunes pour avoir connu le grand Uri Geller… Cela s’explique peut-être en partie du fait que ce genre de phénomène apparaît souvent dans les fameuses bandes dessinées japonaises (mangas) ou dans des films de science-fiction comme Star Wars qui connaissent encore un beau succès lors de leur rediffusion.

8. Crois-tu aux fantômes ?

oui : 21%
non : 66%
je ne sais pas : 13%
Commentaires : Voilà des enfants qui ne doivent pas dormir beaucoup les nuits d’orage ! Mais avouons que tous étant enfants nous avons cru à ces fantômes pourtant bien insaisissables. Cette croyance vieille comme le monde diminue cependant fortement avec l’âge.

CONCLUSIONS

Grosso modo, ce sondage laisse apparaître deux groupes : ceux qui ne croient pas en général à l’existence de ces phénomènes (sauf l’une ou l’autre exception) et un second groupe où l’on retrouve ceux qui ont un avis positif et les tièdes qui ne se prononcent pas. Il est difficile de prévoir l’évolution de leur adhésion à l’existence de ces phénomènes, qui dépend vraisemblablement de tout un tas de facteurs dont l’entourage ou le milieu culturel. L’atavisme familial doit être un élément central. Des enfants ayant des parents possédant une belle bibliothèque ésotérique y croiront certainement plus que les autres. Il est certain que tous les enfants sont touchés par ces phénomènes car l’on en parle fréquemment à la télévision, à la radio, sur Internet et dans la presse y compris dans celle destinée aux jeunes, autant de médias que les jeunes de 10 à 12 ans consultent régulièrement. Pensons également à l’influence que peut avoir la lecture de certains livres pour les jeunes comme Harry Potter ou même les ouvrages de maîtres de l’épouvante (Stephen King,…) qui sont déjà lus par les pré-adolescents. Les enseignants ont aussi une grave responsabilité dans l’éducation transmise aux élèves. On pressent également (sans que j’aie de publication à ce sujet) que plus ou moins consciemment, l’intérêt pour le paranormal puisse être directement transmis par les enseignants à leurs élèves. Dans les classes, on fête Halloween, on lit ensemble des romans comme Harry Potter, les exercices de lecture font apparaître fantômes ou gentils extra-terrestres, on fabrique pour la fête des pères des porte-clés aux signes du zodiaque… Les exemples ne manquent pas. Je me souviens personnellement qu’âgé de 13 ans (1ère année du secondaire) une dame donnant un cours de méthode de travail (et qui était professeur de religion catholique) aimait à parler de ces phénomènes qui la passionnaient. Elle déclara même un jour entre autres inepties que 90% des hommes préhistoriques possédaient le don de… télépathie ! L’école doit être un lieu où il faut éviter de transmettre de fausses idées. Les enseignants ont pour rôle de former des hommes et des femmes possédant leur libre-arbitre et qui s’intéresseront à ce qu’ils veulent. Les enseignants doivent avoir le courage de développer le sens critique de leurs élèves, de susciter le débat contradictoire, de faire apprécier la recherche scientifique et ses preuves. C’est à ce prix que la croyance dans le paranormal sera un libre choix, mais éclairé par un doute raisonnable chez les générations futures.

CorteX_Michel_LeurquinCe texte a été publié d’abord ici.

Merci à Michel Leurquin.

Le CORTECS se transforme en pôle emploi – poste à l'ENIB Brest

CorteX_pole-emploi-logoIl y a deux ans, nous avons eu le plaisir, en intervenant à l’École Nationale d’Ingénieurs de Brest, de découvrir le travail critique développé par notre amie Delphine Toquet. Férue de zététique, spécialiste de Francis Bacon, elle cherche un·e partenaire d’enseignement « critique », et nous demande de relayer son offre. C’est chose faite.

Théoriquement, le corps est « Agrégé », mais un CAPES fait l’affaire. La spécialité indiquée est Lettres Modernes, parce qu’il fallait bien indiquer quelque-chose, mais la discipline de départ ne semble pas être un frein. Pour toute autre question, contactez Mme TOQUET Delphine, professeur de lettres : delphine.toquet@enib.fr

Fiche de poste :

Ce  professeur  assurera  l’enseignement  des  « Sciences  Humaines  pour  l’Ingénieur »  auprès d’un public de 1ère, 2nde  et 3ème  années de  l’ENIB (semestre 1 à 6) ; et  accompagnera les étudiants sur des projets d’engagement social (Projet « Ingénieur Honnête Homme »). 

Sa pédagogie spécifique – théorique et pratique – conduira les étudiants à progresser dans la maîtrise  de leur expression, écrite et orale, et, d’une façon élargie, à prendre conscience et perfectionner  leurs  modes  de  communication  avec  leur  environnement  social  et institutionnel, contemporain.

 Pour  ce  faire,  il  pourra  puiser  dans  de  larges  ressources  et  pratiques  culturelles  où  les sciences humaines ainsi que les faits de langue et d’écriture (production de textes personnels, articles,  résumés,  synthèses,  etc.)  tiennent  une  place  déterminante :  linguistique, anthropologie,  philosophie,  ethnologie,  sociologie, psychosociologie,  esthétique,  etc.,  à l’œuvre dans le monde du travail et de l’entreprise, pourront fournir leur éclairage. Il aura à sa disposition les offres nombreuses que lui propose l’actualité, dans toute sa diversité et celles d’un  centre  de  documentation  actif  et  très  au  fait  des  problématiques actuelles (documentation d’actualité, films, documentaires, ouvrages spécialisés, etc.).

Par son charisme, sa culture, sa connaissance des divers mouvements de pensée et de leur histoire, il animera un cours selon une pédagogie vivante qui saura captiver des étudiants engagés dans un cursus scientifique et technique, et les introduira aux enjeux contemporains,  conformément à l’impératif d’ouverture d’esprit  qui doit être le leur.