Parution de "60 questions étonnantes sur le paranormal", de Jean-Michel Abrassart

cortex_abrassart_mardagaSacré personnage que ce Jean-Michel Abrassart, à tous points de vue ! Outre être professeur de japonais, il est un sceptique de très bon niveau, capable de décrypter la littérature anglo-saxonne comme personne. Féru de balladodiffusion, il a décidé il y a quelques années de créer un podcast sceptique intitulé Scepticisme scientique, qu’il faut recommander à tou.te étudiant.e et tout.e curieu.se du domaine tant les émissions sont de haute tenue. Il s’est récemment entouré de gens compétents, comme Jérémy Royaux entre autres pour l’épauler dans cette entreprise, qui compte plus de 350 épisodes (voir ici). Quelle est la nouvelle ? Il vient de rejoindre, à l’automne 2016 et en grandes pompes, les frères Bogdanoff et Mme Teissier dans la nébuleuse des docteurs ès quelque chose !  Pour fêter ça, son livre « 60 questions étonnantes sur le paranormal et les réponses qu’y apporte la science » vient de paraître aux éditions Mardaga, collection in psycho veritas.

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Voici en avant-première quelques feuilles de ce livre : ici

Nous ne l’avons pas encore lu, mais gageons que ça ne saura tarder.

  • octobre 2016, 13,5X19, broché, 144 pages
  • ISBN : 9782804703219
  • 14.90 €

Par contre, Jacques van Rillaer, lui, l’a lu ! Il en a fait une recension dans Sciences et pseudosciences, la revue de l’AFIS, qu’il nous a transmise.

La majorité des gens pensent avoir vécu au moins une fois une expérience paranormale. Actuellement (décembre 2016) il y a plus de 1.600.000 entrées dans Google pour « parapsychology » et près de 31.000 dans Google scholar. La « guerre » entre les croyants en l’existence de phénomènes paranormaux et les sceptiques est loin de se terminer. C’est dire tout l’intérêt du livre de Jean-Michel Abrassart.

L’auteur est docteur en psychologie (titre obtenu après la publication de l’ouvrage). Sa thèse est une étude psychosociologique du phénomène OVNI. Abrassart est bien connu dans le monde des sceptiques francophones, notamment pour sa création du remarquable podcast « Scepticisme scientifique » dans lequel on retrouve plusieurs membres de l’AFIS.
L’ouvrage fait partie d’une collection dont un ouvrage (60 questions étonnantes sur l’amitié) a été présenté par Martin Brunschwig dans le n° 317 de « Science et pseudo-sciences ».
Pour répondre à une série de questions pertinentes et parfois drôles, l’auteur a choisi chaque fois une recherche scientifique représentative, publié dans un revue de haut niveau. Quelquefois il s’agit d’une méta-analyse. Chaque présentation s’articule en quatre parties : une introduction situant la problématique, la méthode utilisée, les résultats, une conclusion qui porte notamment sur la validité de la recherche et sur le degré de généralité des observations. L’auteur a sélectionné les recherches parmi une large diversité de pays et de publications. Il a pris soin d’en donner les références précises.
De nombreux chapitres sont consacrés à des caractéristiques de personnes qui croient facilement à des phénomènes paranormaux tels que fantômes, enlèvement par des extraterrestres, etc. : des traits de personnalité (par exemple la recherche de sensations), des modes de perception (ainsi les croyants donnent plus facilement que les sceptiques un sens à des formes aléatoires) et des façons de raisonner (par exemple les croyants sont davantage sensibles à des coïncidences). Parmi les autres questions abordées, citons à titre d’exemple l’explication neurophysiologique des expériences de décorporation et de mort imminente, les stratégies des médiums, la validité de techniques psychologiques comme l’hypnose et la PNL (programmation neurolinguistique), les faux souvenirs, l’astrologie, la télépathie, l’impression d’être épié.
L’auteur écrit de façon soignée, élégante et avec une bonne dose d’humour. On peut seulement regretter qu’il faille de bons yeux ou de bonnes lunettes pour lire cet ouvrage au format de poche.

Jacques Van Rillaer

 

 

Couverture du livre Le crépuscule d'une idole de M. Onfray

Psychologie, philosophie – L'illusion freudienne, par Michel Onfray

Cycle d’émissions « L’illusion freudienne », par Michel Onfray.
Derrière le mot psy se cache un certain nombre de réalités très différentes, et on comprend d’autant mieux l’historicité et la récence des disciplines scientifiques quand on prend conscience qu’un édifice comme la psychanalyse truste encore une place que sa scientificité n’explique pas (en philo de terminale, dans les premières années de licence psychologie ou dans les études d’éducation spécialisée ou d’infirmerie).

Que la psychanalyse et son attirail d’outils soient attrayants, certes. Qu’ils permettent une introspection personnelle, pourquoi pas. Que la cure psychanalytique par contre prétende à une efficacité thérapeutique largement surestimée est déjà un problème. Que les preuves de ce manque d’inefficacité soient enterrées sous le tapis par un ministre (Douste-Blazy et le rapport Inserm) pose des questions.
Mais surtout, surtout : que le corpus de preuves sur lequel se bâtit la psychanalyse freudienne soit si pauvre, les faits si bidonnés, les guérisons sinon inventées du moins « gonflées », que la théorie soit irréfutable au sens de Popper, que sa grille d’analyse soit fortement sexiste, homophobe, et dépolitisante – c’est-à-dire cette tendance à imputer le mal-être de quelqu’un à l’étiologie sexuelle des névroses et à des perturbations refoulées dans la petite enfance, alors qu’il s’agit souvent d’un contexte social violent -, autant de points qui font de la psychanalyse freudienne un excellent sujet d’étude de pseudoscience.
On connaît les attaques classiques envers les critiques de la psychanalyse (déni, antisémitisme, etc.) (1). Qu’une chose soit bien claire : si Freud était Breton, ou Moldave, la critique serait la même, et si la psychanalyse était réellement efficace à la hauteur de la place qu’elle usurpe, on le dirait. Les critiques sont nombreuses, la bibliographie critique commence à être dense, et la netographie outillée (voir par exemple leCorteX_Michel_Onfray site « Mythes Freudiens » de notre ami Jean-Louis Racca). Mais il est un exercice réalisé par Michel Onfray en 2009-2010, dans la ligne de son ouvrage « Le crépuscule d’une idôle » qui offre une bel outil pédagogique : le cycle de conférences « Illusion freudienne » dans le cadre de l’Université populaire de Caen, et diffusé sur France Culture, en 25 épisodes. C’est d’autant plus intéressant à écouter qu’un certain nombre de demandes d’annulation de ce cycle arrivèrent sur France Culture, ce qui valut à la radio de se fendre d’un courrier. Téléchargeables pour les écouter en ballade, en voiture, ou en faisant du sport (certaines anecdotes sont tellement énervantes que c’est propice à la performance). Merci à M. Onfray pour ce travail d’orfèvrerie intellectuelle.

Il est possible d’acheter ces émissions dans les volumes 15 et 16 de la Contre-Histoire de la philosophie, consacré à Freud.

1. Une exégèse du corps freudien (26 juillet 2010)

 
2. Déni soit qui mal y pense (27 juillet 2010)

3. Le conquistador et les philosophes (28 juillet 2010)

4. Autobiographie philosophique (29 juillet 2010)

5. Questions-réponses (1) (30 juillet 2010)

7. Une vie sous le signe d’Oedipe (3 août 2010)

8. Un mythe scientifique (4 août 2010)

9. Un labyrinthe thérapeutique (5 août 2010)

10. Questions-réponses (2) (6 août 2010)

12. Inconscient et déni du corps (10 août 2010)

13. Un monde de causalités magiques (11 août 2010)

14. Les ressorts du divan (12 août 2010)

15. Questions-réponses (3) (13 août 2010)

16. L’affabulation freudienne (1) (16 août 2010)

17. L’affabulation freudienne (2) (17 août 2010)

18. Un verrouillage sophistique (18 août 2010)

19. Un pessimisme ontologique radical (19 août 2010)

20. Questions-réponses (4) (20 août 2010)

21. Masturbation, femmes, petites filles (23 août 2010)

22. Dolfuss, Mussolini, politique (24 août 2010)

23. Les raisons d’un succès (1) (25 août 2010)

24. Les raisons d’un succès (2) (26 août 2010)

25. Pour une psychanalyse non freudienne (27 août 2010)

Richard Monvoisin

[1] Pour approfondir les trames argumentatives développées envers les critiques de la psychanalyse, l’article de Jacques Van Rillaer : Analyse d’affirmations d’Élisabeth Roudinesco dans Mais pourquoi tant de haine ?.