Nous avions 4 objectifs différents :
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montrer qu’il y avait manifestement un rapt de concepts dans ces revues, qui réutilisent des notions pouvant avoir un sens scientifique, mais qui se retrouvent dévoyées au point de ne plus ressembler à la notion de départ.
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Débattre de que ces magazines de psycho-pop génèrent une masse économique très importante.
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Discuter le rôle de la psychanalyse et de sa vulgarisation.
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Montrer que les concepts nébuleux sont propices aux interprétations les plus fantaisistes.
J’ai d’abord commencé par introduire la définition du terme psycho-pop :
Psychologie populaire / psycho-pop : (…) gamme de concepts de psychologie humaine que l’on retrouve exposés dans des ouvrages ou des médias dits « grand public » sous couvert de théories et de pratiques qui ont éventuellement des bases scientifiques valides mais qui, en les simplifiant à l’extrême ou en les déformant, s’avèrent parfois plus proches de la pseudo-science que de la véritable vulgarisation scientifique.
Les thèmes de psychologie populaire les plus fréquents concernent les « tests de personnalité », la vie amoureuse et la vie de couple, les différences entre les hommes et les femmes, les conseils en matière de réussite personnelle et professionnelle, les relations familiales et l’éducation, les relations amicales.
Nicolas Gaillard m’a ensuite suggéré de montrer un exemple d’emploi aussi abusif que hilarant de concepts psycho-pop, prélevés dans la série H (ref ?)
J’ai ensuite enchaîné trois documents :
- Un reportage sur les magazines de « psychologie », dans l’émission C dans l’air du 10 mars 2006
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- Un reportage sur la presse psycho-pop, entre autres Nouvelles Clés (devenu Clés) et la star Jacques Salomé, avec un exemple de son utilisation lacanienne du langage.
- Un extrait du DVD de Jacques Salomé « être femme aujourd’hui ».
Ces extraits m’ont servi à illustrer ce que ma collègue Géraldine Fabre et moi-même avions pu voir en 2009 dans l’amphithéâtre Weil.
Note : précisons que le 9 novembre 2007 l’amphithéâtre le plus imposant de l’Université Joseph Fourier, l’amphi Weil (800 places) a été prêté à Jacques Salomé pour faire une conférence payante. Puis, malgré un émoi largement communiqué, l’amphi a à nouveau été prêté le 9 octobre 2009 ! J’ai pu, avec Géraldine, m’acheter une place et accompagner un groupe d’étudiants du cours Zététique & autodéfense intellectuelle qui travaillait sur la « théorie » de Salomé. Le plublic fut évalué à 98% féminin. Voir nos billets
ici : Les théories de Jacques Salomé, y a-t-il un problème ? Enquête.
et là* : Jacques Salomé et la psycho-pop : l’Université Joseph Fourier redouble ?
J’avais également gardé « sous le coude » un clip réalisé par Psychologies Magazine qui encourage le lecteur à consulter un site à eux pour trier entre bons et mauvais psychothérapeutes… alors qu’ils sont les principaux artisans du mélange des genres, du mélange des différents sens du mot « psy ». Je ne l’ai pas utilisé faute de temps. Ce clip s’appelle Guy Primal.
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En deuxième partie, l’idée était d’introduire comment le continuum existait entre des phrases fourre-tout comme celle de psychanalystes grand média et des dérives plus graves sur l’exégèse de l' »inconscient ».
J’ai donc mis en parallèle le type de phrase d’une psychanalyste intervenant régulièrement sur France Infos dans la rubrique « Savoir être » :
France Infos, 21 octobre 2009
et une grave dérive d’un thérapeute, BL, pris sur le fait par la caméra de 90 Mn – Les charlatans de l’inconscient, en 2004 en train d’utiliser une thérapie de la mémoire retrouvée (ou technique de faux souvenirs induits).
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J’avais également apporté un extrait de C dans l’air portant sur le Rebirth, que je n’ai pas utilisé.
Pour en savoir plus sur les faux souvenirs induits et les thérapies de la mémoire retrouvée :
- Les ravages des faux souvenirs ou la mémoire manipulée, Brigitte Axelrad. Book e-book, 2010
- Ces psys qui manipulent la mémoire Ketcham & Loftus, Editions Exergue, 2001.
En troisième partie, je voulais introduire des cas où les sciences sociales, et même les sciences politiques sont malmenées par la vulgarisation de ces concepts nébuleux. On voit ainsi fleurir dans les analyses journalistiques la notion de déni ou de refoulement (exemple en science historique de l’Espagne franquiste).
- J’ai donc montré un exemple probablement peu grave, mais interloquant, pris sur France Inter dans Et pourtant elle tourne du 6 novembre 2009. Jean-Marc Four fait une étrange question portant sur le désir.
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Puis j’ai illustré cette démultiplication de termes à effet puits dans des analyses grand public, avec l’exemple de l’émission « Autopsie de la rumeur » diffusé le 19 septembre 2009 sur France 5 plaçant le psychanalyste Daniel Sibony comme « expert » principal. J’ai fait ce montage avec sous-titrage des mots à effet puits, dont le sens n’a pas grand chose de précis, et qui permet de dire à peu près tout et n’importe quoi sans avoir à le justifier.
J’avais également gardé sous le coude un document sur la question du genre, ou sexe social, et comment les conseils prodigués par les psycho-pop ancrent des comportements qui sont issus d’une éducation, et qui produisent une soumission et un sexisme ordinaires. Il s’agissait d’extraits de la pièce de théâtre tirée du livre de Gray « les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus », aux affirmations aussi séduisantes pour le grand public que fausses sur le plan scientifique (et lourdes de conséquences sur le plan moral).
J’ai tout de même utilisé à titre d’anecdote, un scan du magazine Psychologies Mag. de janvier 2008 présentant une « théorisation » du complexe d’Oedipe, ce qui fut l’occasion de discuter de l’origine même des concepts centraux de la psychanalyse freudienne, souvent basés que sur l’intuition ou le cas personnel du fondateur Sigmund Freud.
*Anecdote : accès payant et vente de livres à la fin pour Jacques Salomé, tandis qu’il m’a fallu montrer patte blanche et fournir de nombreux documents pour faire venir Guillaume Lecointre critiquer le créationnisme quelques mois plus tard.
Ici, vous trouverez un article de complément aimablement produit par Brigitte Axelrad, qui revient sur de nombreux points abordés durant le débat :
Impact de la psycho pop (presse, radios, télévision, etc.)
Indications et conseils de Nicolas Gaillard (à venir)