J’ai écrit cet hiver un article pour la revue alternative S!lence n°399 de novembre 2011. La demande qui m’était faite était celle-ci : instiller un regard critique politique global sur la question des alternatives de santé que défend couramment la ligne éditoriale de la revue. Rêvant moi aussi d’alternatives, en particulier en matière de santé, je me suis posé la question : les médecines dites alternatives sont-elles de réelles alternatives politiques, économiques et sanitaires ?
Il n’est pas impossible que mon article soit un peu… disons… dépareillé des autres dans la revue.
J’ai donc écrit cet article, intitulé Efficacité thérapeutique – Quelques notions de base.
Il est perdu au milieu d’autres dont je ne connais pas du tout la teneur, dans une revue qui existe depuis 1982 et se veut « un lien entre toutes celles et ceux qui pensent qu’aujourd’hui il est possible de vivre autrement sans accepter ce que les médias et le pouvoir nous présentent comme une fatalité« . Programme sceptique en soi, auquel je souscris, mais que je sais drainer derrière lui telle une traîne de mariée un certain nombre de mysticismes, de pseudosciences et de naturalisme ni progressistes, ni libérateurs (1).
Je ne sais pas exactement comment l’article est illustré, et j’espère que je n’aurai pas de mauvaise surprise (la rédaction ne m’ayant pas envoyé la maquette). Je suis inquiet en voyant la couverture, qui est un « faux dilemme sémiotique » magistral : médicaments contre fruits et légumes. Moi qui pense que l’industrie pharmaceutique est un scandale, mais que la « nature » n’est pas bonne en soi ; moi qui pense que les médicaments sont une chose utile qui devraient être du bien public, et qui regarde de près les publications douteuses sur les bienfaits de telle ou telle essence, telle ou telle graine ; moi qui ne sais plus s’il doit plus détester l’autoritarisme des médecins ou les escroqueries mentales de certaines médecins « alternatifs », je me demande bien quel genre de courrier je vais recevoir.
A votre santé ?
La mouvance écologiste dont Silence fait partie promeut les médecines naturelles comme alternative aux médecines de synthèse « classiques ». Ce dossier veut interroger également le pouvoir de la médecine dans son ensemble et le rôle que jouent les médecins dans nos vies. Peut-on se soigner sans médecins ?
Également dans ce numéro : Les nouveaux apports sur l’implication française dans le génocide des Tutsi rwandais présentés par Survie – Le Galoupio – Les Ekovores – Le cirque comme pratique féministe – Fukushima : un an après le début de la catastrophe – Féminisme : y a-t-il de l’eau dans l’évier ? – L’arme « politique » nucléaire ; etc.
Avec : Jean-Pierre Lepri, Elise Aracil, Nadia Donati, Dominique Lalanne, Francis Vergier, Léo Sauvage, Marie-Pierre Najman, Mélité, Serge Mongeau, Richard Monvoisin, Anne Trottmann, Uto, Women’s Circus, Michel Bernard, Guillaume Gamblin…
Sommaire
- Maladies : des enjeux politiques ? (de Nadia Donati)
- Les médecines contre la santé ? (de Serge Mongeau)
- La dégradation de notre environnement met en péril notre santé (Dominique Belpomme, vue par Anne Trottmann)
- Efficacité thérapeutique – Quelques notions de base (de Richard Monvoisin)
- Ordonnance pour la santé au naturel (de Jean-Pierre Lepri)
- Pourquoi la maladie ? (de Jean-Pierre Lepri)
- Comment la santé devient un facteur pathogène… (de Marie-Pierre Najman)
On trouvera les 4 premières pages de la revue ici.
Je tiens à mettre au plus vite mon article entier à disposition de tout le monde. Toutefois, sachant la vie dure des revues de ce type, j’attendrai que celles et ceux qui ont 4,60 euros puissent les dépenser. Les plus pauvres d’entre nous attendront bien deux ou trois semaines, ou fréquenteront librairies alternatives ou bibliothèques publiques.
Pour toute remarque, écrivez-moi ! Monvoisin@cortecs.org
Richard Monvoisin
(1) sur la question du naturalisme, on pourra se faire plaisir en lisant ce cours de Guillemette Reviron.