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Histoire et luttes des femmes – Projet Histoire des luttes sociales

Vous avez lu les bases du Projet Histoire des luttes sociales, paysannes, populaires, féminines... Vous voici dans l’onglet Histoire et luttes des femmes. Dans quelle mesure se sont orchestrées les luttes contre les discriminations liées au sexe biologique féminin ou apparenté ?
 
Attention – Il ne s’agit pas de la place des femmes dans l’histoire des sciences, qui fait l’objet d’un autre article : Histoire alternative des sciences.

 

Madeleine Pelletier

Une vie, une œuvre, sur France Culture, le 30 septembre 2017 porte sur Madeleine CorteX_Madeleine_PelletierPelletier, première femme médecin diplômée en psychiatrie en France, mais surtout figure féministe de premier plan. Autrice de nombreux articles, essais, romans et pièces de théâtre, elle est rendue hémiplégique en 1937 par un accident vasculaire cérébral, puis se fait interner de force en asile psychiatrique en 1939, inculpée pour avoir pratiqué un avortement.

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Les féministes en Inde : deux siècles de combats

CorteX_manifestation_viols_Calcutta_3.01.2014« Les Français qui s’intéressent de près à l’évolution de l’Inde sont moins nombreux que les Britanniques, en conséquence très directe de la colonisation. Il n’empêche que l’essor économique et scientifique de ce pays a tourné vers lui les regards, chez nous, bien davantage depuis quelques temps. Et qu’en conséquence directe a grandi l’intérêt pour les équilibres et les déséquilibres de cette société qui nous paraît à tant d’égards si lointaine en dépit de la mondialisation. La situation qui y est faite aux femmes suscite en particulier sous l’effet de cette curiosité renouvelée une attention qui est ranimée de loin en loin par des nouvelles impressionnantes pour ne pas dire terrifiantes. Voici un peu plus d’un an, le viol collectif et les tortures qui ont causé la mort d’une jeune femme dans un autobus de New Dehli, ont frappé d’autant plus les esprits qu’ils ont provoqué une formidable vague de protestation et de solidarité parmi la classe urbaine moyenne. Le procès des criminels a été retentissant. La chaîne de télévision NDTV a affiché en boucle sur l’écran : « En Inde une femme est violée toutes les 22 minutes ». Si bien que l’on a vu surgir ici en France un intérêt inédit non seulement pour l’histoire dans ce pays d’une subordination atavique d’un sexe à l’autre, mais pour la vaillance, l’énergie, les stratégies de celles qui depuis deux siècles ont conduit à tous risques un combat contre l’oppression. Le passé du féminisme en Inde, fort méconnu en France, est propre à éclairer ses avancées et ses faiblesses contemporaines. Martine van Woerkens, de l’École pratique des hautes études, s’est penchée sur ce sujet avec une compétence reconnue, et je l’ai priée de venir en traiter pour nous aider à restituer la profondeur temporelle sans laquelle la tragédie dont il s’agit risquerait de nous apparaître comme un fait divers difficile à déchiffrer ». Jean-Noël Jeanneney . L’émission a été diffusée le 18 janvier 2014 sur France Culture.

Bibliographie :

– Martine VAN WOERKENS, Nous ne sommes pas des fleurs : deux siècles de combats féministes en Inde, Albin Michel, 2010.

– Catherine WEINBERGER-THOMAS, Cendres d’immortalité. La crémation des veuves en Inde, Seuil, 1996.

– Bénédicte MANIER, Quand les femmes auront disparu. L’élimination des filles en Inde et en Asie, la Découverte, 2006.

– VIRAMMA et Josiane et Jean-Luc RACINE, Une vie paria. Le rire des asservis en Inde du Sud, Plon-Éd. de l’Unesco, « Terre Humaine », 1994.

Moi, Phoolan Devi

Phoolan Devi, femme indienne au chemin politique exceptionnel, a été assassinée le CorteX_Phoolan_Devi25 juillet 2001 à Dehli.  Ce documentaire en deux parties, enregistré en janvier 2015 dans l’état de l’Uttar Pradesh, raconte  le parcours de cette  femme, issue d’une basse caste, insoumise, hors la loi, puis élue députée de son état. Au-delà du mythe, c’est son combat profondément féministe, et son héritage, que nous interrogeons quatorze ans après.  Un documentaire de Julie et Jean-Philippe Navarre, prise de son en studio et mixage d’Alain Joubert, diffusé les 9 et 10 mars 2015 dans Sur les docks, sur France Culture. Merci à Yannick Siegel pour cette trouvaille.

Partie 1 : du village aux ravines. Télécharger

Partie 2 : de la geôle au Parlement. Télécharger

Gamal Abdel Nasser et le voile

Extrait de discours de Gamal Abdel Nasser, président d’Égypte, 1953, à propos du voile.

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Filles et garçons à l’école depuis Jules Ferry

CorteX_filles_ecoleVoici peu de semaines, une rumeur s’est répandue sur la Toile avec la vélocité que celle-ci peut offrir aux extravagances les plus débridées. Une vaste opération aurait été en cours, dans toute l’école publique du pays destinée à déformer le cerveau des jeunes enfants des écoles élémentaires en brouillant leur identité sexuelle. Il s’agirait d’imposer une théorie du genre, formulation venue des États-Unis, selon laquelle, à en croire ses détracteurs, la différence entre les garçons et les filles seraient exclusivement de l’ordre de l’acquis et nullement de la nature. Cette prétendue entreprise était évidemment un fantasme. À l’origine on trouve une expérimentation d’ateliers destinés à lutter dès le plus jeune âge contre un certain nombre de stéréotypes sur les filles et les garçons et la répartition de leurs rôles, expérimentation intitulée ABCD de l’égalité. La rumeur, reprise par divers politiques de l’opposition de droite, fut assez efficace pour appuyer un appel au boycott à l’initiative de parents, d’une journée de classe, JRE, c’est-à-dire Journée de Retrait de l’école. Non sans un certain succès. À la fin de janvier dernier, le directeur de l’Enseignement scolaire a dénombré publiquement cent établissements touchés dans quatorze académies. Cette émotion artificielle devrait retomber assez vite, mais elle invite impérieusement à un examen, à ce micro, de la question plus sérieuse des relations entre les filles et les garçons à l’école depuis le XIXe siècle, et en particulier depuis les réformes de Jules Ferry : éclairage utile sur les équilibres successifs d’une société au primordial d’elle-même. Rebecca Rogers, professeur à l’Université Paris Descartes, spécialiste appréciée de ce sujet, est l’invitée de Jean-Noël Jeanneney ce 12 avril 2014 sur France Culture.

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Les « remarques », cartes à jouer fixées sur les couffins abandonnés

Chronique de Perrine Kervran, La Fabrique de l’histoire, sur France Culture le 16 mai 2014. Cet extrait revient sur les modalités d’abandon des bébés du XVIIIe siècle à maintenant, avec les dilemmes classiques du type : l’invention du tour d’abandon (sorte de cavité en bois qui tourne) pour placer les bébés afin d’éviter les chiens errants, les roues de carrosse et les intempéries, permet aussi l’anonymat. Or vaut-il mieux ne rien organiser, ou encadrer l’abandon pour protéger les enfants, quitte à voir le nombre d’abandons augmenter ?

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Ordonnance interdisant aux femmes de porter des vêtements d’homme

Ordonnance du préfet de police de porter des habits que la coutume attribue à l’autre SONY DSCsexe, 16 brumaire an 9, 16 novembre 1800, jamais abrogée depuis.

C’est chose faite depuis… 2013 – voir Abrogation de l’interdiction du port du pantalon pour les femmes. Référence est faite au livre de Christine Bard, Une histoire politique du pantalon,Paris, Seuil, 2010, 392 p.

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Publications et organes génitaux

Dans PlOS1, une suédoise et deux australiens ont étudié 400 publications parues entre 1989 et 2013 sur les organes génitaux toutes espèces confondues. 42 % portent sur les deux sexes, 50 % ont porté sur le pénis, 8 % sur le vagin. Est-ce du sexisme ? Ca dépend. Explication de Tatiana Giraud, et contre-avis d’Elisabeth Gimenez. Extrait de la tête au carré sur France Inter le 12 mai 2014

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Loi sur l’avortement de 1920

par Amélie Meffre, Fabrique de l’histoire, France Culture,28 novembre 2014

Chronique « Un saut dans la loi« , diffusée dans La Fabrique de l’histoire, sur France Culture, le 29 novembre 2014.

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Mercredi, les députés ont adopté une résolution réaffirmant le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), quarante ans après l’ouverture des débats de la loi Veil instaurant le droit à l’avortement. Une loi qui, après celle de 1967 sur la contraception, abolissait le texte de 1920 qui condamnait la provocation à l’avortement. C’est l’occasion de revenir sur ce texte.

En fait, cette loi du 31 juillet 1920, elle vise avant tout à s’attaquer aux néo-malthusiens qui prônent une restriction des naissances, parce que l’avortement est déjà réprimé par l’article 317 du Code pénal de 1810. Ce dernier prévoit que « Quiconque par aliments, breuvages, médicaments, violences, ou par tout autre moyen, aura procuré l’avortement d’une femme enceinte, sera puni de réclusion ». La même peine sera appliquée à l’avortée. Tout au long du 19e siècle, les débats vont portés sur cet article 317, certains réclamant son abrogation, d’autres son renforcement. Alors qu’on assiste à une généralisation de l’avortement due notamment à un assouplissement de la tutelle religieuse sur les mœurs et à de nouveaux moyens comme les sondes intra-utérines, une bataille s’ouvre entre les néo-malthusiens et les natalistes. Celle-ci devient plus âpre à la fin du 19e siècle, au lendemain de la guerre franco-prussienne de 1870, quand on constate un fléchissement des naissances en France et une hausse en Allemagne. Dès lors, comme l’expliquent fort bien Jean-Yves Le Naour et Catherine Valenti dans leur « Histoire de l’avortement », ce dernier devient un problème politique et pas seulement moral.

Sous le slogan : « Assez de chair à plaisir ! De chair à travail ! De chair à canon ! Femmes, faisons la grève des mères ! », les néo-malthusiens prônent une restriction des naissances au sein du prolétariat. Celle-ci améliorera les conditions de vie, augmentera les salaires, du fait d’une baisse du nombre des travailleurs, et à plus long terme, ébranlera la société bourgeoise. Ils organisent davantage une propagande sur les moyens anticonceptionnels que sur l’avortement, même si ce dernier est un moyen de tuer dans l’œuf la misère. Leurs thèses s’étalent dans les journaux, les tracts et lors de conférences publiques. En 1896, le pédagogue libertaire Paul Robin fonde la Ligue pour la Régénération humaine. La légalisation de l’avortement fait encore son chemin chez certains médecins qui ont montré qu’au premier stade de la gestation, l’embryon n’est pas encore un être humain. Pour le docteur Madeleine Pelletier, féministe et socialiste radicale : « La femme enceinte n’est pas deux personnes, elle n’en est qu’une et elle a le droit de se couper les cheveux, les ongles, de se faire maigrir ou engraisser. » Elle déclare : « Sur notre corps, notre droit est absolu puisqu’il va jusqu’au suicide.»
Au nom de l’eugénisme ou de la défense de la dignité de la mère, certains défendent aussi le droit à l’avortement. Ainsi, le docteur Klotz-Forest déclare : «En punissant l’avortement, la société force la femme à faire naître un enfant, elle ne s’inquiète pas des tares héréditaires auxquelles cet enfant peut être condamné, elle ne protège même pas la femme contre une maternité particulièrement odieuse: celle du viol. […] »
En face, les natalistes crient au crime antipatriotique et créent l’Alliance nationale contre la dépopulation. « Comment maintenir sur la terre la race française ?» s’alarme le docteur Bertillon qui voit dans l’avortement un péril national. Les repopulateurs comme on les nomme réclament un renforcement des sanctions contre les femmes qui avortent. Il faut dire que l’article 317 du Code de 1810 est peu appliqué, les jurys d’assises sont cléments envers les avortées. Le total des condamnations annuelles ne dépasse qu’exceptionnellement la trentaine. En guerre contre les néo-malthusiens, les natalistes s’emparent de certains procès retentissants pour mener bataille. Ainsi, en 1891, éclate l’affaire Thomas qui fait grand bruit. Clémence Thomas avoue avoir pratiqué des dizaines d’avortements depuis 20 ans. Lors de son procès, 49 femmes avortées comparaissent. Si la faiseuse d’anges écope de 12 ans de travaux forcés, les 49 prévenues sont acquittées. Le 17 décembre 1891, le député Georges Trouillot avec 11 de ses collègues déposent un projet de loi pour que les affaires d’avortement soient jugées en correctionnelle, afin d’éviter la clémence des jurys d’assises. En 1910, le garde des Sceaux Louis Barthou et le sénateur Odilon Lannelongue font de même, demandant aussi une répression accrue de la propagande néo-malthusienne. La Première Guerre mondiale interrompt les discussions qui ne reprennent qu’en 1919. Par souci de faire passer le texte rapidement, on extrait les mesures les plus consensuelles du projet de loi, à savoir la provocation à l’avortement et la propagande anticonceptionnelle. L’avortement reste un crime. La loi est adoptée le 31 juillet 1920 à une très large majorité. Le conflit de 14-18 est passé par là, pour beaucoup, il y a urgence à repeupler la France. Emprisonnement de six mois à trois ans et amende de 100 à 3000 francs pour quiconque aura fait campagne contre l’avortement ou aura vendu des moyens abortifs. Un mois à six mois de prison et une amende de 100 à 5000 francs envers ceux qui ont mené une propagande anticonceptionnelle. En fait, la loi de 1920 entrave toute forme d’information sexuelle et veut réduire au silence les néo-malthusiens. Malgré la loi, le nombre des avortements ne fléchit pas. En 1923, une autre loi va tenter de renforcer la répression, en abaissant les peines et en faisant passer l’avortement du statut de crime à celui de délit, afin d’éviter les jurys populaires. Mais là encore, rien n’y fait, les avortements sont aussi nombreux et la baisse de la natalité continue. Les théories anglo-saxonnes sur le contrôle des naissances vont se répandre dans les années 1930, la fameuse méthode Ogino a le vent en poupe, comme quoi la répression ne sert pas à grand chose.
Il faudra attendre les lois Neuwirth de 1967 et Veil de 1975 pour que les textes de 1920 et 1923 soient abolis. Enfin, sur le territoire français, car elles restent applicables dans les anciennes colonies comme actuellement au Burkina Fasso et jusqu’en 2006, au Togo.
On peut lire sur le sujet de Jean-Yves Le Naour et Catherine Valenti, « Histoire de l’avortement, XIXe-XXe siècle », paru chez Aubier en 2003.

1974 : le débat autour de la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse

CorteX_Simone_VeilCeux qui avaient voté Mitterrand au second tour de la présidentielle de 1974 n’attendaient pas de grands changements de la part de Valéry Giscard d’Estaing, mais pas non plus ceux qui avaient voté pour lui. Qui prévoyait que les mots prononcés pendant la campagne auraient un contenu ? Et voilà soudain que s’ouvrent des pistes qui paraissent inouïes. Par exemple, dans le domaine dit aujourd’hui « sociétal » : la majorité à 18 ans, le divorce par consentement mutuel, l’allocation au parent isolé, la suppression du registre dans les hôtels qui permettait de repérer les couples illégitimes…

Le débat sur l’avortement s’inscrit dans ce climat de réforme. A l’époque, la loi de 1920 était encore en vigueur et il suffisait d’un juge d’instruction vindicatif pour la réveiller. Des cars partaient chaque week-end pour Amsterdam, remplis de candidates à l’avortement. Michel Poniatowski, le premier conseiller de VGE, jugeait qu’il fallait agir vite, d’autant qu’une minorité de catholiques fondamentalistes chauffait les feux pour transformer la question en un enjeu politique de première grandeur.

Plus que des autorités religieuses, la difficulté allait venir des parlementaires de droite. VGE n’avait pas osé convoquer de législatives après la présidentielle. Sa toute neuve ministre de la Santé, Simone Veil, venue de la magistrature entra donc pour la première fois dans l’arène face à une majorité, en principe la sienne, mais déterminée à dire non comme elle l’avait déjà fait l’année d’avant pour une réforme de l’avortement bien moins libérale.

La sincérité n’allait pas suffire à Simone Veil. Il allait lui falloir le soutien personnel du Premier ministre Jacques Chirac, celui du président de l’Assemblée Edgar Faure et celui de la gauche.

Cette émission de La marche de l’Histoire a été diffusée sur France Inter le 14 mai 2014.

Écouter ici : 

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Joëlle Brunerie-Kauffmann et le Planning familial

CorteX_Joëlle_Brunerie-KauffmannJoëlle Brunerie-Kauffmann a été formée par le Planning familial. Avec elle, c’est l’histoire  de ce mouvement que nous allons retrouver. Les médecins et les hommes y jouaient un rôle éminent au départ. Et puis il y eut dissémination des savoirs, démocratisation des conduites. Nous étions dans l’après-68, à l’époque des Lip de Besançon. En parallèle se constituait un nouveau féminisme qui faisait du corps et de la sexualité des objets politiques. Le congrès de 1973 marque une coupure dans l’histoire du Planning avec l’avènement au premier rôle d’une génération de militantes qui ne craignaient pas la convergence avec ces mouvements.

Cette émission a été diffusée sur France Inter le 8 novembre 2013.

Écouter ici : 

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Grossesse pour autrui

Émission Questions d’éthique, sur France Culture du 28 février 2013. Télécharger
(même si Madame Canto-Sperber a tout un tas de propos empreints de moralisme).

Sexisme chez les Geeks

Émission Sur la toile, sur France Culture du 6 avril 2013. Télécharger.

Le procès de Bobigny

Émission Les coulisses du condamné, sur France Culture du 17 avril 2013. Télécharger.

Féministes, et vous ?

Émission Sur les docks sur France Culture du 23 février 2012. Télécharger.

Femmes et pantalons

Émission Concordance des temps, de Jean-Noël Jeanneney sur France Culture du 17 novembre 2012. Télécharger

Filles et garçons à l’école

Émission Concordance des temps, de Jean-Noël Jeanneney sur France Culture du 12 avril 2014. Télécharger.

Histoire du viol et procès du viol

Émission Concordance des temps, de Jean-Noël Jeanneney sur France Culture du 12 janvier 2013. Télécharger.

La silhouette

Émission Concordance des temps, de Jean-Noël Jeanneney sur France Culture du 13 octobre 2012. Télécharger

Manifeste des 343 salopes

Émission Au fil de l’histoire, de Patrice Liegibel sur France Inter du 11 septembre 2013. Télécharger.

Loi Neuwirth

Émission Au fil de l’histoire, de Patrice Liegibel sur France Inter du 13 mai 2012. Télécharger

Mini-jupe

Émission Au fil de l’histoire, de Patrice Liegibel sur France Inter du 10 octobre 2012. Télécharger.

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Anecdote : Noële Noblecourt (au téléphone) présentait l’émission Télé Dimanche en 1964 mais fit scandale, le port de sa jupe laissant apparaître ses genoux. Elle fut alors convoquée et licenciée par la chaîne, signe d’un puritanisme encore vivace dans les années 1960. Le magazine Télérama a mentionne « deux cents lettres de protestation » reçues par la RTF. C’est seulement une trentaine d’années après, dans une entrevue avec Vincent Perrot, qu’elle explique avoir été en réalité renvoyée pour avoir refusé les avances discrètes de Raymond Marcillac, alors directeur de l’information de la première chaîne.

Fermeture des maisons closes

Émission Au fil de l’histoire, de Patrice Liegibel sur France Inter du 21 mai 2014. Télécharger.

Émilie Carles, institutrice libertaire du briançonnais

CorteX_Emilie-CarlesC’est un remarquable ouvrage-témoignage que le livre de la vieille Emilie Carles, Une soupe aux herbes sauvages.

Survol de la vie d’une femme du briançonnais engoncée dans de rudes montagnes, cette autobiographie sans complaisance narre l’histoire de cette institutrice, qui épousa un ouvrier anarchiste pacifiste, en épousa également les idées, et affronta les affres de son temps : 14-18, l’affaire Sacco & Vanzetti, 39-45, pétainisme, guerre d’Algérie et même, sur la fin, des revendications écologistes sur sa vallée, la vallée de la Clarée. Cet ouvrage court est un excellent support à offrir ou prêter, pour montrer que le vent de la contestation libertaire et des principes de justice ne naît pas forcément de la haute instruction et des bancs de l’université, et émerge parfois des terreaux les plus arides. La dureté de son existence, mis en rapport avec la solidité de ses engagements m’ont fait monter plus d’une fois les larmes aux yeux. Vous me direz, dans tout rationaliste il y a un sensible qui se cache et ne fait pas le malin.

Grand merci à Gilbert Charles pour m’avoir fait découvrir ce petit trésor. Emilie Carles, Une soupe aux herbes sauvages (1977) Pocket.CorteX_Carles_Soupe

Lucie Baud, syndicaliste soyeuse du Dauphiné

Petit entretien avec Michelle Perrot, à propos d’une syndicaliste oubliée et meneuse de grève en Dauphiné, Lucie Baud (1870-1913). Extrait de l’émission 26 octobre 2012 du La fabrique de l’histoire, sur France Culture.

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Michelle Perrot tente dans son nouvel ouvrage de reconstituer l’histoire d’un article « Les tisseuses de soie dans la région de Vizille » paru dans Le Mouvement socialiste, de Hubert Lagardelle en juin 1908 (pp. 418-425) et republié dans Le Mouvement Social dans le numéro d’oct-déc. 1978 (ici).

Michelle Perrot, Mélancolie ouvrière, Éditions Grasset, Paris 2012, 187 pages, 11 euros

On pourra lire également :

  • Ouvrières de la soie, d’Andrée Gautier, (en pdf ici)
  • Les syndicats féminins libres de l’Isère 1906-1936, de Martine Rattier et Andrée Gautier, CLIO. Histoire, femmes et sociétés, 3 | 1996 ().

Anecdote : depuis le 27 août 2012, un square portant le nom de Lucie Baud a été inauguré à Voiron.

Simone de Beauvoir

Émission Une vie une œuvre sur France Culture du 10 mai 2014 (rediffusion).

Nounous d’Afrique en France, le combat syndical des auxiliaires parentales

CorteX_Sylvie_Fofana_nounousCoup d’œil sur une lutte actuelle, dans ce reportage d’Aude-Emilie Judaique, pour l’Afrique enchantée, sur France Inter (diffusé le 20 mai 2012). « Elles sont nombreuses, ces femmes africaines qui en France gardent les enfants des Français. A croire qu’il n’y a qu’elles pour accepter ce travail pas reconnu, mal défini et source de bien des abus. Qui sont ces femmes qui s’occupent des enfants de la patrie ? » Avec Sylvie Fofana (en photo), Caroline Ibos et Oumou.

Écouter ici.

Pour en savoir plus sur la formation de L’ANIF (Association des nounous d’Ile-de-France) et du  SYNN (Syndicat National des Nounous) créées « pour apprendre aux nounous à ne plus se faire exploiter par des employeurs peu scrupuleux », on pourra consulter ceci ou cela.

Combat militant de la médecin féministe athée Taslima Nasree

Taslima NasreenEntrevue avec la médecin et femme de lettre féministe athée bangladaise Taslima Nasreen, tirée de l’émission de Stéphanie Duncan Les femmes, toute une histoire sur France Inter, enregistrée lors des Rendez-vous de l’Histoire de Blois le 16 octobre 2011. Sont abordés ses combats, l’exil forcé dans lequel elle se trouve depuis 17 ans, ses valeurs sécularistes humanistes et laïques ainsi son appel à l’athéisme et à la rationalité.

Sont montés dans le même document sonore l’introduction de S. Duncan et la suite de l’entrevue. Écouter :

Pour le site de Mme Nasreen, cliquez là.

La grève des ouvrières d’Herstal en 1966, un tournant pour l’histoire des femmes

Documentaire de CorteX_Femmes-Machine_HerstalSéverine Liatard et Christine Robert, La Fabrique de l’histoire, France Culture, 14 juin 2011, rediffusion du 13 décembre 2005.  

Écouter :

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« En février 1966, les 3000 ouvrières de la Fabrique nationale d’arme d’Herstal (la FN) près de Liège en Belgique partent en grève, sans préavis, pour que soit appliqué l’article 119 du Traité de Rome visant à réduire les écarts salariaux entre hommes et femmes. Dans cette Fabrique (la FN) qui date de la fin du XIXème siècle, les ouvrières sont ponceuses, colleuses, monteuses d’armes, laveuses, emballeuses, contrôleuses, dégraisseuses. On les appelle les femmes-machines. Leurs tâches sont répétitives, leurs conditions de travail déplorables et elles n’ont pas accès à la formation professionnelle interne à l’entreprise. Elles ne disposent donc d’aucune possibilité de promotion dans l’entreprise et leur salaire est inférieur à celui d’un manœuvre masculin débutant. Des pourparlers sont en cours entre les syndicats et les entreprises mais la mise en application du principe toujours retardée. Les ouvrières décident spontanément d’arrêter le travail le 9 février. Elles demandent 5 francs d’augmentation. Une dizaine de jours plus tard, les syndicats reconnaissent la grève, un comité de grève est mis en place pour venir en aide aux grévistes. Bientôt l’usine est paralysée puisque les hommes de la FN sont mis au chômage. La direction de la FN résiste et ne propose que 50 centimes d’augmentation alors que d’autres usines du bassin liégeois sont également paralysées par des grèves. Au terme de négociations qui durent trois mois entre les syndicats (CSC et FGTB), la direction de la FN, et un délégué du Ministre de l’emploi et du travail, on aboutit à un accord : une augmentation de 2,5 francs. Lors de l’assemblée générale extraordinaire des grévistes, le 5 mai, le débat est houleux entre les ouvrières et les représentants syndicaux. On en vient finalement au vote par bulletin secret. C’est la reprise du tavail qui l’emporte. La déception est grande, pourtant ce mouvement a une réelle portée européenne : des délégations syndicales françaises, italiennes sont venues soutenir le mouvement ; la grève remet en débat la question de l’égalité des rémunérations à la Commission européenne et dans chacun des États membres ; elle marque aussi l’entrée plus massive des femmes dans l’action syndicale et oblige la société à s’interroger sur les problèmes posés aux travailleuses et la condition des femmes en général. Avec les témoignages de Charlotte Hauglustaine, Rita Jeusette, Jenny Magnée (toutes anciennes ouvrières grévistes) ; de Claude Gaier (cadre à la FN et historien), Annie Massay (déléguée syndicale) et Elyane Vogel-Polsky (juriste).
 

Une histoire des femmes, de Michelle Perrot

France Culture (octobrealt et novembre 2006)

Énorme et élégant travail de Michelle Perrot sur une histoire transversale des Femmes comme groupe social et anthropologique. C’est grâce à Myriam Benguérine que j’ai eu accès à cette œuvre (également hébergée sur le site L’agitation dans la boîte à outils).
 
 
 
 

1. Mon histoire des femmes

A télécharger ici.

2. Le silence rompu

A télécharger ici.

3. Les femmes représentées, discours et images

A télécharger ici.

4. Sources femmes dans les archives

A télécharger ici.

5. Voix de femmes, bibliothèque

A télécharger ici.

6. Les âges de la vie d’une femme

A télécharger ici.

7. Les apparences les cheveux des femmes

A télécharger ici.

8. Le sexe des femmes

A télécharger ici.

9. La maternité

A télécharger ici.

10. Le corps assujetti

A télécharger ici.

11.  Femmes et religions

A télécharger ici.

12. Hérétiques et sorcières

A télécharger ici.

13. L’accès au savoir

A télécharger ici.

14. Femmes et création, écrire

A télécharger ici.

15. La vie d’artiste

A télécharger ici.

16. Paysannes

A télécharger ici.

17. Le travail domestique

A télécharger ici.

18. Ouvrières

A télécharger ici.

19. Employées, institutrices, infirmières

A télécharger ici.

20. Comédiennes et danseuses

A télécharger ici.

21. Femmes en mouvement migrations et voyages

A télécharger ici.

22. Les femmes dans le temps de l’Histoire

A télécharger ici.

23. Les formes de l’action collective

A télécharger ici.

24. Féminismes

A télécharger ici.

25. Et maintenant ?

A télécharger ici.

Pour aller plus loin, on pourra regarder cette entrevue de fin 2010 et consulter :

CorteX_Perrot_Mon_histoire_des_femmesMon histoire des femmes, Éditions du Seuil, Paris, 2006, 251 p., que Michelle Perrot présente ici le 19 mai 2006 en quelques trop courtes minutes.

CorteX_Perrot_Duby_Histoire_des_femmesGeorges Duby et Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident, Plon, Paris, 1990-1991 (5 volumes).

Combat de la Begum Hazrat Mahal contre l’Empire Anglais dans l’Uttar Pradesh en 1856

CorteX_Begum_Hazrat_MahalVoici une histoire pratiquement oubliée, narrée par la journaliste et romancière Kénizé Mourad dans l’émission de Stéphanie Duncan Les femmes, toute une histoire, sur France Inter, enregistrée lors des Rendez-vous de l’Histoire de Blois le 16 octobre 2011. L’histoire porte sur une femme, Hazrat Mahal, qui faillit bouter les anglais hors des Indes en prenant la tête de la révolte des cipayes vers 1856-1857 à Lucknow, et en tenant tête à l’armée britannique pendant presque deux ans.

CorteX_Hazrat_Mahal_Dans_la_ville_dor_et_d_argent

Sont collés dans l’extrait l’introduction par S. Duncan et l’histoire de Mme Mourad (6mn45).

Quitte à être critique, on regrettera dans la fin de l’extrait un exemple involontaire de racisme ordinaire, que nous avons laissé : dire que les Indiens sont « d’une tolérance remarquable » (ou non) est du même tonneau que de dire que les Africains sont sympas, les Asiatiques sages et les Auvergnats radins (cf. Racisme ordinaire).

Le roman de K. Mourad, basé sur les faits politiques réels, s’appelle Dans la ville d’or et d’argent (R. Laffont).

Les vies radicales d’Helen Keller, sourde, aveugle et rebelle

CorteX_helen_KellerDocumentaire d’Inès Leraud, en deux parties sur la vie d’Helen Keller (1880-1968,) atteinte de surdi-cécité à l’âge de dix-neuf mois.

« Grâce aux soins d’Ann Sullivan, elle réussit à communiquer, à lire, à écrire, à parler. Elle fut diplômée de l’université et devint un des personnages les plus célèbres des États-Unis, reçue aussi bien par Eisenhower que Kennedy. Mais ses engagements de femme progressiste sont aujourd’hui gommés des mémoires. Socialiste, féministe, militante, Helen Keller fut de tous les combats« .

Diffusé dans les émissions du 13 et 14 septembre 2011 de Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet, sur France Inter.

Écouter l’émission 1 :

Le second épisode poursuit le reportage, et donne la parole à Annie Van Espen, présidente du CRESAM (Centre de Ressource Expérimental pour enfants et adultes Sourds-Aveugles et sourds-Malvoyants).

Écouter l’émission 2 (avec quelques messages du répondeur en lien avec l’émission 1) :

 

 

Pour aller plus loin ? On regardera également ces deux documents d’époque.

Anne Sullivan expliquant comment Helen Keller apprit à parler (1930 Newsreel Footage)

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=Gv1uLfF35Uw]

Et Helen Keller s’exprimant.

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=8ch_H8pt9M8]

Filmographie :

  • Miracle en Alabama (The miracle worker) d’Arthur Penn (1962)
  • Black, de Sanjay Leela Bhansali (2005)

Bibliographie :

  • Helen Adams Keller, Sourde, muette, aveugle (autobiographie) (rééd. 2001).
  • Margery Weiner, Helen Keller (1971).
  • Margaret Davidson, La métamorphose d’helen Keller (2001).
  • Lorena A. Hickok, L’histoire d’Helen Keller (2005).

Nous avons également parlé de la BD portant sur sa vie et celle de son professeur Ann Sullivan ici.

Le National Woman’s Party et le droit de vote des femmes aux Etats-Unis

Voici des extraits de la série Boardwalk Empire, de Martin Scorsese et Terence Winter, 2011.

[dailymotion id=xmmgsu]

[dailymotion id=xmmgvb]

Ces passages font référence au National Woman’s Party (NWP) créé en 1915 qui militera pour le droit de vote des femmes aux États-Unis. C’est en août 1920 que le dix-neuvième amendement de la Constitution va concéder le droit de vote aux femmes en ces termes :alt

« Le droit de vote des citoyens des États-Unis ne pourra être dénié ou restreint pour cause de sexe par les États-Unis ni l’un quelconque des États. Le Congrès aura le pouvoir de donner effet au présent article par une législation appropriée. »

Vous voulez voir d’autres représentations des sciences dans les fictions TV ou cinéma ? C’est là.

Vous avez vu / entendu quelque-chose au sujet des luttes des femmes ? Ecrivez-nous.

Collection gérée par Richard Monvoisin & Nicolas Gaillard

documentaire de Séverine Liatard et Christine Robert

Luttes paysannes et populaires – Projet Histoire des luttes sociales

Vous avez lu les bases du Projet Histoire des luttes sociales, paysannes, populaires, féminines… Vous voici dans l’onglet Luttes paysannes et populaires. Vous avez vu / entendu quelque-chose de ce genre ? Écrivez-nous.

 

L’affaire Durand, 1910

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J’ai (RM) découvert l’affaire Durand sur le catalogue des éditions Rouge et Noir, il y a quelques temps. Ouvrant le livre de Patrice Rannou, qui se lit d’une traite, j’ai été particulièrement stupéfait par cette histoire, qui nous amène au Havre, chez les Charbonniers, et montre comment les grosses compagnies étaient capables d’instrumentaliser ce qui était un fait divers tragique (une rixe entre types ivres menant à la mort l’un d’entre eux, Louis Dongé, notoirement ‘jaune », ou « renard », c’est-à-dire anti-gréviste) en un combat anti-syndical. C’est ainsi que Jules Durand fut accusé sans preuve d’avoir prémédité et commandité l’assassinat de Dongé, et fut condamné à la peine capitale, provoquant ce que d’aucun.es ont appelé l’affaire Dreyfus du pauvre. Les militant.es ouvrier.es, anarchistes et socialistes levèrent des campagnes, dans la lignée des dénonciations des violences patronales fréquentes envers des grévistes (Fourmies 1891, Draveil 1908, etc.) et annonçant la formidable campagne de Louis Lecoin sur Sacco & Vanzetti dix ans plus tard. Jules Durand fut libéré neuf mois plus tard, seul homme condamné à mort au cours du XXe siècle, dont l’innocence sera finalement reconnue par la Cour de Cassation. Mais la prison lui aura volé sa santé mentale, et Durand ne recouvrera jamais la raison, finissant ses jours dix ans plus tard à l’hôpital Sainte-Anne, seul comme un menhir.

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La fabrique de l’histoire du 11 mars 2014 sur France Culture traita du sujet, dans un documentaire d’Anaïs Kien, réalisé par Françoise Camar : Mort d’un Renard – Enquête sur l’affaire Jules Durand.

Télécharger

Un site lui est consacré, julesdurand.fr, ainsi qu’une bande-dessinée, Les docks assassinés, signée Roger Martin et Mako (2016, L’atelier). Il existe également une association des amis de Jules Durand.

Farrebique et Biquefarre, de Georges Rouquier

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Laure Adler est en entretien sur France Culture avec Georges Rouquier (1909-1989) à propos de ses films Biquefarre et Farrebique, témoignages quasi-documentaires de la vie d’un village de l’Aveyron, au sortir de la guerre d’abord puis 40 ans plus tard. Cette émission, qui remonte à 1984, a été rediffusée le 5 mars 2017. Je (RM) ne peux pas évoquer ces films sans faire mention de mon attachement ancien et « tripesque » à ces œuvres.

L’émission est ici :

Télécharger

Les bandes-annonces des films sont là :

Farrebique (1946)

Biquefarre (1983)

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Howard Zinn, une histoire populaire américaine, volet 1, Du pain et des roses

Ce travail salutaire, attendu de longue date, les Mutins de Pangée l’ont mené à bien. Il s’agit d’un retour sur les luttes sociales et populaires oubliées, qui ont émaillé les États-Unis aux XIXe et XXe siècles, et qu’a étudié Howard Zinn durant sa vie. Le film, réalisé par Olivier Azam & Daniel Mermet est produit par Les Mutins de Pangée et distribué au cinéma par Les Films des Deux Rives. Le DVD est désormais disponible. Le film, lui, est sorti en salle le 29 avril 2015.

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L’émotion nous étreint, car Howard Zinn a été une personne fortement inspirante pour nous et notre matériel pédagogique. Je (RM) dois ma première rencontre avec ce personnage au film Good Will Hunting de Gus van Sant (1997) – Téléchargez l’extrait ici (en français). Dès lors, j’ai lu son travail, depuis ses livres et son autobiographie jusqu’à ses pièces de théâtres, dont le fameux En attendant Emma sur Emma Goldman. J’ai retrouvé des traces de ses citations favorites chez des musiciens, comme System of a down (on entend « we can’t afford to be neutral on a moving train » dans Deer dance, ou « There is no flag that is large enough to hide the shame of a man in cuffs » dans la chanson A.D.D), mais aussi chez Pearl Jam, NOFX, Bruce Springsteen et bien d’autres. Enfin, on pourra se régaler et regardant et lisant Des voix rebelles- Récits populaires des États-Unis , un livre-dvd édité par les Mutins de Pangée et les éditions Agone dans la collection Mémoire populaire, autour du film THE PEOPLE SPEAK inédit en France, de Howard Zinn, Antony Arnove et Chris Moore.

Les grandes grèves automobiles

Émission de Jean Lebrun La marche de l’histoire, sur France Inter, diffusée le 10 février 2015.

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« C’était l’époque des lois sur l’expression des travailleurs, que défendait Jean Auroux : on parlait de printemps de la dignité. L’industrie automobile française entrait dans son automne mais n’en avait pas vraiment conscience. PSA perdait de l’argent depuis 1980 mais comptait encore 180 000 salariés dans 8 usines Peugeot, 8 usines Talbot, 18 usines Citroën. Trois grandes grèves secouent successivement le groupe : à l’atelier de carrosserie de Peugeot Sochaux en octobre 1981, dans l’ensemble de l’usine de Citroën Aulnay en mai 1982, à Talbot Poissy le mois suivant. Ces  mouvements qui connaissent un grand écho font de l’O.S qui travaille à la chaîne une figure de proue. Le médiateur que nomme le gouvernement affirme qu’il faut lui ouvrir des « filières de libération ». Or il se trouve que les OS sont de plus en plus des immigrés. Mais, en 1982, ils ne sont pas encore présentés de manière systématique comme tels. C’est progressivement qu’ils vont l’être, à la faveur notamment du changement d’axe qui se produit  peu après. Les difficultés économiques manquent d’abattre le groupe PSA qui va couper la branche Talbot. À Poissy, le nouveau conflit qui s’ensuit en décembre 1983 est marqué par des traits très différents. Les ateliers sont plus divisés, il arrive qu’on y crie : « Les arabes à la Seine »…Les ouvriers immigrés avaient commencé à s’imaginer un avenir en France, leurs enfants organisaient cette année-là la Marche des Beurs : bientôt,  le rendez-vous serait manqué ».

Télécharger

Ambroise Croizat et la sécurité sociale

Bien des rues portent son nom, et bien peu savent qu’il y eut près d’un million de petites gens à ses obsèques en 1951. Surnommé le « ministre des travailleurs », ce Savoyard est l’un des fondateurs des lois relatives à la sécurité sociale, de l’organisation administrative des caisses aux régimes et conventions collectives. C’est un de ces personnages qui ont fondé à la force du poignet une part de notre bien-être actuel.

« Jamais nous ne tolérerons que ne soit renié un seul des avantages de la sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie, cette loi humaine et de progrès... »

Dernier discours d’Ambroise Croizat à la tribune de l’Assemblée Nationale, en octobre 1950.

Émission de Là-bas si j’y suis, sur France Inter (23 décembre 2011) Télécharger ici. Écouter :

Émission 2 : télécharger (44 Mo) – Écouter :

Émission 3 : télécharger (39Mo) – Écouter :

Émission 4 : télécharger (41Mo) – Écouter :

Quand les céréaliers s’unissent : naissance des coopératives agricoles dans les années 30

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Documentaire d’Emmanuel Laurentin, réalisé par Christine Robert pour La fabrique de l’histoire, sur France Culture (26 avril 2004).

Depuis la fin du XIXème siècle, la forme coopérative s’était développée dans les milieux ouvriers et dans certaines activités agricoles. Cependant les petits et gros cultivateurs céréaliers étaient restés en dehors de ce type d’organisation, continuant à vendre leur blé aux petits négociants éparpillés sur tout le territoire. La crise des années 30 se double dans les milieux ruraux d’une chute des prix du blé sur plusieurs années. Les agriculteurs saisissent alors la nouvelle loi sur la coopération, votée une dizaine d’années plus tôt, pour s’unir face à la chute des cours. En quelques années, la France va se peupler de centaines de petites coopératives cantonales ou départementales qui pour beaucoup vont transformer le paysage rural en construisant de grands silos de béton, cathédrales de la nouvelle organisation agricole. Ce documentaire plonge dans les milieux coopératifs du Loir-et-Cher et des agriculteurs de la Vienne, à la recherche des derniers témoins vivants de cette aventure de la coopération.

Écouter ici.

Tous au Larzac, de Christian Rouaud (2011)

Christian Rouaud avait déjà fait le magistral documentaire « Lip, l’imagination au pouvoir » en 2007. Il récidive ici avec ce documentaire, en ce moment sur les écrans.

En octobre 1970 est divulgué le projet d’extension du camp militaire du Larzac, construit en 1902 et installé sur la commune de La Cavalerie sur une superficie confortable de 3 000 hectares. Cet agrandissement prévoit pourtant de porter sa surface à 17 000 hectares et d’empiéter sur douze communes environnantes. Le projet se heurte d’emblée à une levée de boucliers de la part des paysans de la région, qu’ils soient natifs de cette terre ou nouveaux arrivants. Pour en savoir plus.

Destruction massive, géopolitique de la faim

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Jean Ziegler

Avec Jean Ziegler, extrait de Là-bas si j’y suis, France Inter, 3 février 2012.

Il y est question  de l’article signé Ziegler « Quand le riz devient un produit financier », Le Monde Diplomatique, février 2012

Télécharger– Écouter :

La complainte d’un paysan ardéchois

Les pieds sur Terre, France Culture, 22 février 2011

Une journée avec Roland, paysan du plateau ardéchois, en zone de montagne trop basse pour les sports d’hiver et trop haute pour l’agriculture.

Télécharger – Écouter

Luttes contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes

CorteX   Notre Dame des Landes

Émission du 7 mai 2011 de Terre à terre, France Culture. Reportage autour du projet d’aéroport du Grand-Ouest à Notre-Dame des Landes, et des luttes populaires qui s’y opposent – narrées sur ce blog-ci.

Merci à Jean-Noël Plauchu.

Télécharger – Écouter :

Luttes contre le puçage électronique des troupeaux

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Terre à terre, France Culture émission du 14 mai 2011.

Avec l’appel du collectif Faut pas pucer, ainsi qu’un article du journal CQFD, La puce à l’oreille (n°87 mars 2011) par Marie Ghis Malfilatre.

Télécharger – Écouter :

Les Hommes et le loup

Avec Jean-Marc Moriceau, La marche de l’Histoire, sur France Inter, 18 mai 2011.

Conflagration entre divers intérêts, différents champs scientifiques autour de la question du loup à travers les âges.

Télécharger – Écouter :

À lire : Jean-Marc Moriceau et Philippe Madeline, Repenser le sauvage grâce au retour du loup. Les sciences humaines réinterrogées, Presses universitaires de Caen (2010).

Vous avez des émissions à proposer ? Écrivez à contact [at] cortecs.org.

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Sociologie, genre – Atelier Publicité & stéréotypes en 1ère ES, par Yasmine Hégot

Yasmine Hégot est enseignante de sciences économiques en lycée dans le Lot. Elle a construit une séquence de sociologie autour de la question du genre et des stéréotypes pour des 1ères ES.Elle raconte.


J’ai réutilisé l’analyse de N. Gaillard sur la campagne de recrutement de l’éducation nationale lors d’ un cours de sociologie avec une classe de première ES (26 élèves). Sur les 26, 15 sont des filles et 11 des garçons. La répartition est donc plutôt représentative d’une filière générale en Lycée (même en milieu rural) et satisfaisante pour cet atelier.

Dans le cadre d’un cours sur la socialisation différentielle (selon le milieu social d’abord puis selon le sexe), j’ai travaillé sur les stéréotypes féminins et masculins pendant une heure.

Voici la progression en trois points :

 1) A partir de la pub Moulinex ci-contre (1961), il s’agit pour eux de répondre aux deux questions suivantes (voir manuel de Sciences économiques et sociales 1ère, CorteX_Moulinex-libere-la-femme-robot_1961- éditions Belin) :

a. Illustrer les notions de stéréotype, de rôle et de statut

b. Quelle représentation a-t-on aujourd’hui de la femme au foyer ? 

2) Pendant qu’ils réfléchissent cinq minutes, je récolte des publicités qu’ils étaient chargés d’amener (seule contrainte : qu’elles représentent une femme ou un homme).

3) Enfin, nous mettons en commun des réponses.

Pas de problème pour la question a ; au statut de femme est rattaché le rôle de la ménagère (porté au rang de modèle social) et au statut d’homme celui de la protection matérielle…

Pour la seconde question b : à l’unanimité, les élèves répondent que le modèle de la femme au foyer est dépassé et que ce stéréotype est désuet. La femme est libérée, indépendante, autonome.. Au passage, je donne quelques bonnes raisons d’y croire (allongement des études, taux d’activité féminin qui a explosé, contraception…)

4) Retour sur leurs publicités. Sur 26 élèves, je récupère 24 publicités représentant une femme ! C’est déjà bon signe, car le but est de les exposer à une prévisible contradiction entre les déclarations de valeurs et les faits : les publicités recherchées reflètent un usage de l’image féminine très majoritaire d’une part, et que d’autre part, les élèves (quel que soit leur sexe justement) dirigent spontanément leur recherche vers ce genre de publicité. J’ouvre le débat.

  • Sur quels produits portent les publicités ?

  • Quel semble être le stéréotype féminin aujourd’hui ?

  • Est-ce signe d’émancipation ?

 Résultats évidents :

  • Les produits sont axés autour du soin du corps, maquillage, parfums..

  • Hormis dans une publicité mettant en scène une femme métisse, on retrouve partout la blonde, grande, mince, à l’allure séductrice, sensuelle voire provocante, et dénudée ou presque.

La seule publicité masculine apportée, quant à elle, met en scène un rugbyman tout « défoncé ».

  • La question de l’émancipation leur paraît un peu moins évidente ; passer de la femme au foyer à la bombe à poil n’est pas vraiment signe d’indépendance.

5) C’est là qu’intervient le boulot de Nicolas Gaillard (pour enfoncer le clou). J’ai repris son analyse de l’image (le femme blonde, dans son intérieur, nonchalante, consacrée à sa lecture et l’homme dans une ambiance bleue plus professionnelle, face à son portable..) et des accroches (Laure a trouvé le poste de sesrêves / Julien a trouvé un poste à la hauteur de ses ambitions).

6) Conclusion : la construction du genre féminin et masculin est fortement conditionnée par des stéréotypes. Le stéréotype féminin varie de l’image de la femme d’intérieur à celle de la bombe sexuelle. On peut élargir la réflexion sur les conséquences de l’intériorisation de ces stéréotypes sur la perception de soi (image dévalorisée pour qui ne correspond pas au stéréotype).

La prochaine fois : j’essaierai de visionner des publicités/réclames audiovisuelles car c’est encore plus significatif (sur les dialogues et la mise en scène des corps) mais c’est tout de même intéressant qu’ils recherchent eux-même les supports pour les confronter ensuite à leurs propres stéréotypes.

Yasmine Hégot

Un autre atelier de Yasmine Hégot sur sociologie, travail et anomie est disponible ici.

Sophisme du pragmatisme

Le sophisme du pragmatisme. On tombe dans le sophisme du pragmatisme lorsqu’on prétend que quelque chose est vrai ou est efficace parce que ça marche. Par exemple, l’astrologie marche, la kinésiologie marche.


Le dictionnaire sceptique nous explique :

« Ce que « marcher » signifie ici n’est pas clair. Au minimum, cela signifie qu’on perçoit un bénéfice concret à croire que cela est vrai, malgré le fait que l’utilité d’une croyance soit indépendant de sa véracité. À ce niveau, « marcher » paraît signifier « J’en suis satisfait, » ce qui veut peut-être dire « Je me sens mieux » ou « Ça m’explique des choses. » Au mieux, « marcher » signifie « a des effets bénéfiques » même si les preuves sont très minces pour établir la causalité. »

La sur-representation de ce sophisme, basé sur un raisonnement de type Post Hoc ergo propter hoc, dans les prétentions des pseudothérapies est un des écueils majeurs à la construction d’une critique.

(tiré de Monvoisin, Pour une didactique de l’esprit critique, 2007, 4.3.5.3 p.261).

CorteX_osteop

Médecine, ostéopathie, traitement de l'info – l'art de plier sous la pression

CorteX_osteopDidier Sicard est un ponte de la médecine française, et entre autres ancien président du Comité consultatif national d’éthique. Invité dans la Tête au Carré sur France Inter pour une émission sur les origines de la médecine, l’émission commence plutôt bien. Didier Sicard prend pour illustrer son propos l’ostéopathie (dont les fondements magico-théologiques par Still sont connus et critiqués [1]).

 

Quelques minutes plus tard, pluie de messages, entre autres d’ostéopathes ou de patients mécontents. Il va alors se passer un phénomène tout à fait sidérant : Monsieur Sicard va revenir sur ce qu’il a dit, s’emberlificoter les pinceaux, et finir par dire l’inverse de ce qu’il défendait au départ.

Complaisance ? Craquement sous la pression (certes forte des milieux ostéopathes – voir l’ouvrage de J-M. Lardry chroniqué là) ? Nous ne savons pas. Ce que nous savons par contre, c’est que tout et son contraire peuvent être dits à quelques minutes d’intervalles sur une émission de science en France.

Le mieux étant de juger sur pièces, j’ai coupé le premier passage, assez pertinent, puis le second, liés par un jingle [2]. J’ai retranscrit les propos qui se contredisent ci-dessous.

Passons sur les lieux communs du présentateur sur la « médecine officielle ».

D. Sicard :

(…) Coexistent dans notre pays par exemple des rhumatologues et les ostéopathes. Les ostéopathes n’ont pas de prétention à avoir une science médicale rationnelle et pourtant, le citoyen qui a mal dans le genou va aller voir son rhumatologue puis en même temps va aller voir quelques fois son ostéopathe, avec des résultats variables. Mais… ce n’est pas parce qu’il y a le recours à une irrationalité que ce n’est pas une médecine. (…)

(Quelques minutes passent)

M.Vidard :

(…) Didier Sicard, vous avez beaucoup chatouillé les ostéopathes tout à l’heure, on recoit pas mal de courriels, celui de Christian par exemple qui nous dit :

« Dire que l’ostéopathie est irrationnelle, de même que dire que la médecine occidentale est attentive et humble, c’est tout aussi fort. Si les médecins connaissaient l’anatomie aussi bien que les ostéopathes, ça serait déjà pas mal ».

Et puis un autre auditeur :

« Le docteur Sicard a-til eu la curiosité de consulter les programmes de formation des ostéopathes, et même d’expérimenter lui-même une séance ? Si l’ostéopathie relève de l’irrationnel, dans ce cas que dire de la kinésithérapie ? »

D. Sicard :

Je n’ai pas dit que c’était irrationnel… ce n’est pas forcément (?) la même rationnalité. Et les concepts de vertèbre déplacée ne correspondent pas aux concepts de médecine. Je ne dis pas que c’est une irrationnalité, c’est une autre forme de rationalité extremement efficace.

M.Vidard :

Ah ben c’est pas pareil alors.

D. Sicard :

…Oui mais j’ai jamais dit que c’était irrationnel, je dis simplement que… c’est une autre approche, et que… la médecine […] a fini par abandonner le corps, l’examen, or les ostéopathes connaissent parfaitement le corps, ont une plus grande conscience – et c’est le paradoxe – que les médecins dans l’approche du corps. Mais on peut pas tenir l’ostéopathie et la médecine sur la même unité de raisonnement sur ce qu’on appelle la causalité des douleurs, la physiopathologie, c’est une approche différente, mais comme depuis 5000 ans il y a toujours eu des multiples approches du corps et que la médecine n’a pas le monopole d’une approche rationnelle. Mais les ostéopathes ne sont pas du tout des charlatans, c’est une vraie médecine.

Extraordinaire explosion en vol, assez incompréhensible, piquée d’affirmations toutes plus étranges les unes que les autres et qui rappellent le café du commerce. Que signifie « la médecine ait fini par abandonner le corps, l’examen » ? Sur quelles données peut-on dire que « les ostéopathes connaissent parfaitement le corps, ont une plus grande conscience » [que les médecins] ? Pour dire « les ostéopathes ne sont pas du tout des charlatans« , fallait-il qu’il se pense suspecté de penser cela ? Je reste également perplexe devant cette affirmation : « la médecine n’a pas le monopole d’une approche rationnelle« . Pourtant, rares sont les « médecines » alternatives qui revendiquent une approche rationnelle, bien au contraire ! Il s’agit généralement de retourner vers l' »intuitif », la sensation.

Enfin, l’ostéopathie, c’est une « vraie médecine » ? Y aurait-il de fausses médecines ? Certes, tout dépend du mot médecine. Et paradoxalement, c’est le livre de D. Sicard qui est censé nous éclairer sur la définition du mot.

Deux choses me fascinent : d’une part, qu’il y ait un enjeu tel autour de la désignation de l’ostéopathie que ça fasse craquer un médecin renommé. D’autre part, que le présentateur, faussement subversif, laisse dire tout et son contraire à son micro pourtant financé par l’argent public.

Le débat serait plus simple posé ainsi : l’ostéopathie est-elle une science, qui se valide, se réfute, progresse, se corrige, etc. ? A l’école de Kinésithérapie de Grenoble, le débat scientifique commence.

Richard Monvoisin

[1] L’ostéopathie à la radio a déjà fait l’objet d’un TP ici. [2] Merci à Prince Rogers Nelson.

https://cortecs.org/exercices/a-decortiquer-l-pourquoi-losteopathie-peut-faire-du-bien-a-votre-bebe-r-france-info-janvier-2
CorteX_sentiers_utopie

Sociologie, sciences politiques – critique de "Les sentiers de l'utopie" par Franck Poupeau

CorteX_sentiers_utopieEn novembre 2011, le journal Monde Diplomatique a présenté un article signé Franck Poupeau, qui chroniquait le livre Les sentiers de l’utopie, d’Isabelle Fremeaux et John Jordan, un ouvrage sur la reconstitution de communautés destinées à faire émerger « un autre monde ». 

Franck Poupeau fait dans le mensuel une analyse politique de cet ouvrage (accompagné d’un film documentaire, cf. plus bas) dont il pointe les paradoxes et les limites : gens « exceptionnels », individualisme, élitisme, autant de raisons qui font de ces utopies fort sympathiques des modèles peu subversifs, et assez peu transposables à l’échelle mondiale.

 

Lundi 21 novembre, dans Là-bas si j’y suis sur France Inter, Franck Poupeau détaillait un peu son article, et faisait une analyse critique dont le début est reporté ci-dessous.

Voici l’extrait audio (environ 7mn) :

Richard Monvoisin


 

Le Monde Diplomatique, novembre 2011, p. 20

Peut-on changer le monde ?

Des gens formidables…

Lassés du simulacre démocratique et des organisations contestataires, des individus se regroupent et raniment la tradition communautaire. Avec quel horizon ?

L’élaboration de contre-modèles globaux au système capitaliste fait l’objet d’une intense réflexion dans les cercles de la gauche radicale, souvent accusée, bien injustement, de « ne rien proposer ». Mais une autre tendance se fait jour depuis quelques années : la reconstitution de communautés décidées à rompre avec la société de consommation et la politique institutionnelle. On en trouve une bonne illustration dans l’ouvrage publié par deux militants de l’altermondialisme, Isabelle Fremeaux et John Jordan — ce dernier étant un artiste connu pour son rôle dans le collectif Reclaim the Streets, étendard des « nouvelles formes » de protestation au tournant des années 1990-2000 .

Ce livre-film (un documentaire-fiction accompagne le texte papier) se présente comme un itinéraire initiatique et exploratoire au sein de diverses communautés susceptibles de faire émerger un autre monde. Le « Camp Climat » installé illégalement aux abords de l’aéroport de Heathrow en banlieue de Londres, un hameau des Cévennes devenu une « commune libre » gérée par des punks, des usines occupées en Serbie, ou le Zentrum für Experimentelle Gesellschaftsgestaltung (ZEGG), un camp de l’« amour libre » sis sur une ancienne base de la Stasi, sont quelques-unes des étapes marquantes de ce récit politique et poétique dont l’écriture parvient à restituer les émotions suscitées par les rencontres successives avec des êtres, des mots et des choses.

Si le choix des sites, diversifié et exemplaire, livre un panorama européen des utopies communautaires contemporaines, il est cependant difficile d’échapper à un sentiment ambivalent de frustration et d’irritation mêlées — un peu comme face à ces acteurs lisses des séries américaines qui collent si bien à leur rôle qu’on attendrait presque avec impatience la première fausse note dans leur interprétation. La description des expériences alternatives suit la plupart du temps le même schème narratif : les deux explorateurs, à la fois voyageurs, écrivains, analystes politiques, artistes, bohèmes, bref sans identité assignable si (…) La suite .

 

Les sentiers de l’utopie – documentaire 2010

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[dailymotion id=xj0lge]

 

Sophisme écologique

Nous avons rencontré le sophisme écologique pour la première fois chez Skrabanek et McCormick, dans « Idées folles et idées fausses en médecine » (Odile Jacob, 1993, p. 36).


Le cas typique est celui de la recommandation à un individu d’un trait de régime particulier propre à un peuple réputé vivre vieux (Sardes, Japonais, etc.). Ces auteurs insistent sur l’importance que prend ce sophisme dans des domaines comme la prévention des cardiopathies ischémiques. La mortalité due à cette affection a été corrélée à de très nombreuses variables, parfois différentes d’un pays à l’autre. De nombreux médecins ont ainsi été conditionnés à recommander des modifications de régime et de style de vie sans l’appui démonstratif de données expérimentales. « Fait étonnant, ajoutent-ils, le taux de mortalité infantile et le nombre de médecins sont parallèles dans dix-huit pays développés (référence : éditorial, « The anomaly that wouldn’t go away », Lancet, nov. 1978, 4;2(8097)). Ce serait cependant pousser le bouchon un peu loin que de recommander, sur la foi de cette observation, de limiter le nombre de médecins. » On retrouvera ce sophisme agrémenté de l’argument d’exotisme dans les thérapies Nouvel-Âge : parce que nos anciens/les Bushmen du Kalahari/les Aborigènes/Les Indiens d’Amazonie/les Tibétains ont telle ou telle aptitude, il est conseillé d’emprunter un élément de leur régime qui corrobore la pseudo-théorie médicale. De tels argumentaires sont vantés dans les thérapies ayurvédiques et dans le mouvement du crudivorisme et de l’instinctothérapie en France.

D’autres exemples simples :
  • tirer de la moyenne des tailles du pénis humain d’un pays un « pénis » moyen (cf. Monvoisin, Baudruche médiatique : Linux et les pénis)
  • tirer d’une suite de commentaires ou de témoignages un avis « moyen » (cf. Décortiqué – Argumentaires sur Le Mur – II)
  • tirer d’une moyenne des Quotients Intellectuels d’un pays un QI moyen du pays.

Pour une approche plus poussée de ce sophisme, voir S. Greenland et J. Robins, « Invited commentary: ecological studies-biases, misconceptions, and counterexamples », Am. J. Epidemiol., 1994, 139:747-60.

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A décortiquer – Argumentaires sur Le Mur II

Vous avez probablement suivi la polémique autour du documentaire Le Mur – la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme. Non ? Alors cliquez là.
Les retours ne se sont pas fait attendre, et comme lors de chaque contestation de l’institution psychanalytique un festival d’argumentaires très discutables affleurent et pourraient remplir les pages web du corteX.


Nous avons proposé un il y a quelques semaines un premier travail pratique (TP) sur les argumentaires lacaniens [1].

Voici un second TP du même genre.
Le message que nous soumettons à l’analyse est rédigé par un « certain » Thomas Legrand [2], traitant encore du film « Le Mur« , et reproduit plus bas (ainsi que sur le site d’Autisme sans frontières).
Mode d’emploi proposé par le CorteX :
  1. Dans un premier temps, lisons attentivement le message ci-dessous en essayant de repérer les arguments fallacieux. 
  2. Dans un second temps, étudions l’argument des résistances de Jacques Van Rillaer.
  3. Enfin, suivons le décorticage de ses propos par notre compère Nicolas Gauvrit [3].

[1] Il s’agissait du décorticage de l’analyse du film « Le mur – la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme« , par Pierre-Yves Gosset, psychanalyste lacanien. Nous avions mis à décortiquer son article-pamphlet « Comment se servir de l’autisme pour « casser du psychanalyste » » puis décortiqué ces propos avec l’aide de notre collègue psychologue Jacques Van Rillaer.

[2] On pense, sans être sûrs, qu’il s’agit de Thomas Legrand, de France Inter. Nous allons lui poser directement la question, mais son identité présente moins d’intérêt que ses propos, assez caractéristiques de la défense des positions psychanalytiques concernant l’autisme.

[3] Nicolas Gauvrit a déjà contribué à nos ressources ici. 


Message adressé par Thomas Legrand à Autistes sans frontières,
au sujet du film « Le mur ; la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme« 
 
L’ensemble des commentaires de mères d’autistes ne montre pas une grande capacité à la remise en cause… Certes, le discours des psychanalystes ne doit pas être facile à entendre pour vous. Mais quand la seule réponse que vous leur faites est qu’ils sont fous, archaïques, dépassés par la science moderne, quand vous affirmez qu’ils accusent les pauvres mères de tout et de son contraire, vous ne faites que confirmer ce qu’ils affirment : au début de l’histoire d’un enfant autiste, on trouve en général une mère rigide (incapable de la moindre remise en cause), utilisant son enfant pour réaliser ses propres fantasmes de toute-puissance.
 
Ce documentaire montre que le discours des psychanalystes est posé et construit. La documentariste avait préparé des questions dans le but de les déstabiliser. Il aurait été intéressant de voir le propre visage de la documentariste (qui reste caché…) quand elle s’aperçoit qu’aucune de ses questions n’a l’effet qu’elle espérait : tourner les psychanalystes en ridicule.
 
Mères d’enfants autistes, répondez une par une aux affirmations des psychanalystes, avec si possible, un discours aussi posé et construit que le leur. Quand vous ne faites que répondre par la moquerie, et la foi aveugle dans ce que vous appelez un « consensus » de la « science moderne » (consensus qui n’a jamais existé, ce documentaire ne fait que le prouver (à moins d’exclure par définition les psychanalystes du certificat de « scientifique moderne »)), vous ne faite que confirmer ce qu’ils affirment.
 
Certes, le discours des psychanalystes est parfois intransigeant.
Demandez-vous pourquoi. A quoi est conduit un psychologue, un observateur neutre, quand il se retrouve face à des mères montrant tant de hargne? On ne peut pas sauver un enfant autiste en demandant gentiment à sa mère si elle veut bien accepter qu’on l’éloigne un peu de son enfant en souffrance, en lui demandant gentiment si elle veut bien se remettre un peu en cause. Si on n’est pas ferme avec ces mères hargneuses, l’enfant autiste n’a aucune chance de s’en sortir.
 
Dernière chose : s’il y a bien un discours ridicule, c’est celui de prétendre prouver que le discours adverse est faux avec un seul contre-exemple (la famille en forêt avec la mère gentille et dynamique sous fond de musique douce et gentille). A ce petit jeu on peut opposer beaucoup d’autres exemples. Il y a moins de deux semaines par exemple, à Martigues, une mère dépressive tue son fils autiste et se suicide.

Lire l’analyse de Nicolas Gauvrit

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Décortiqué – Argumentaires lacaniens sur Le Mur, par J. Van Rillaer

Vous venez du  TP « A décortiquer – Argumentaires lacaniens sur Le Mur« . Voici l’analyse de l’analyse de M. Gosset, proposé par le Pr. Jacques Van Rillaer*, et montrant des sophismes classiques des lacaniens, à savoir :

Mensonges (points 1 et 2)

Insinuations malveillantes (point 3)

Récit d’un cas pour démontrer la pertinence de leurs cures (point 3)

Conception grotesque de ce qu’est la science (point 4)

Logomachie (point 5)

Double langage (point 6)

Pseudo-explications par de simples analogies (point 7)

Le « tic de l’étic » (point 8)

et autres points…

À vous de juger sur pièce.


 Mensonges

1) P-Y. Gosset écrit :

« [Sophie Robert] œuvre selon ce grand principe de toutes les méthodes comportementales : réduire l’autre au silence, le faire taire. C’est le fil conducteur de toute cette propagande »

Gosset ne cite pas un seul propos écrit d’un comportementaliste de renom affirmant qu’il faut réduire l’autre au silence ou qui, tout simplement, suggère une attitude aussi grotesque.

La psychologie scientifique a montré depuis des décennies toute l’importance de l’écoute, de l’empathie, de la bienveillance. Le/la comportementaliste qui négligerait une attitude d’empathie bienveillante non seulement manquerait d’éthique, mais encore agirait en opposition avec ce que sa discipline a démontré.

Rappelons :

a) Il ne suffit pas d’« on dit » pour argumenter sérieusement.

b) La majorité des psychanalystes (surtout les lacaniens) qui parlent du comportementalisme racontent des choses totalement fausses et souvent tout à fait extravagantes. En lisant par exemple le texte suivant, d’une vingtaine de pages, le lecteur pourra se faire un avis en connaissance de cause, avec des informations basées sur des preuves solides (et non sur des caricatures ridicules) : Les TCC : la psychologie scientifique au service de l’humain.

c) Contrairement aux titres légaux « psychiatre » et « psychologue », ceux de « comportementaliste » et de « psychanalyste » sont des titres dont n’importe qui peut se prévaloir dans n’importe quel pays de la planète, ayant fait des études ou non.

Il est donc parfaitement possible qu’il y ait « quelque part » des comportementalistes qui se conduisent comme le dit Gosset. Mais il ne s’agit évidemment pas du « grand principe de toutes les méthodes comportementales ». Cette affirmation est un mensonge. Il suffit d’interroger des parents d’autistes qui ont eu affaire à des psychanalystes et d’autres qui ont eu affaire à des comportementalistes, par exemple l’adorable Francis PERRIN : Témoignage de Perrin.
 
Note de N. Gaillard : Voici un court montage vidéo avec justement Francis Perrin qui évoque les méthodes comportementales, et dénonce l’immense difficulté en France pour choisir une prise en charge plutôt qu’une autre.
[dailymotion id=xmv6cg]

 

2) P-Y. Gosset :

« En contraste, un plan de cette vidéo présente une chercheuse de l’INSERM qui développe à l’aise, sans interruption aucune ni commentaires, les résultats de sa recherche devant un écran plat. »

Est-ce un acte manqué ? Une manipulation ?  Dans le film « Le Mur : la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme », la chercheuse de l’INSERM n’apparaît pas une seconde. Il s’agit d’un autre film !

Selon Freud, un acte manqué masque toujours une intention cachée. Selon ce postulat, P-Y. Gosset essaie de dissuader de visionner le film « Le Mur », comme Mme Roudinesco a tenté de dissuader de lire Le Livre noir de la psychanalyse ou Le crépuscule d’une idole de Michel Onfray, en lançant sur l’Internet des analyses remplies de mensonges (voir ici).

Insinuations malveillantes & récit d’un cas pour démontrer la pertinence de leurs cures

3) P-Y. Gosset :

« Cette chercheuse a, grâce à des moyens techniques sophistiqués, enregistré le parcours oculaire d’enfants qu’elle dit autistes […] Elle peut ainsi montrer ce que les enfants qu’elle dit autistes ont regardé sur les scènes présentées »

P-Y. Gosset distille le doute sur le fait que les enfants examinés soient des enfants présentant un trouble autistique. Ils sont « dits » autistes par la chercheuse… mais ne le sont peut-être pas.

Par contre, un peu plus loin, il parle de façon louangeuse de « Jacqueline BERGER, mère de deux enfants autistes », qui a écrit un livre qui s’insurge contre l’explication purement génétique de l’autisme. N’aurait-il pas dû écrire ici également que Mme Berger est mère de deux enfants qu’elle « dit » autistes ? Je veux bien croire Mme Berger, mais je ne puis m’empêcher de rappeler, à cette occasion, que des psychanalystes ont inventé des récits de cas. Voyez par exemple le Journal d’une adolescente, un faux magistral de Hermina Hug-Hellmuth, la première psychanalyste d’enfants. Le long récit, inventé de toutes pièces, fut qualifié par Freud de « petit bijou » … parce qu’il illustrait parfaitement sa théorie de la sexualité.

Des milliers d’enfants présentant un trouble autistique sont passés par les mains des freudiens, des kleiniens, des lacaniens. On attend toujours une étude méthodique sur leurs résultats, publiée dans une des centaines de revues de médecine ou de psychologie scientifiques de haut niveau. Le récit, sans doute émouvant de Mme Berger (je ne l’ai pas lu), n’est en rien une preuve de l’efficacité de l’approche freudienne ou lacanienne d’enfants présentant un syndrome autistique.

La médiocrité des résultats des cures freudiennes et lacaniennes ne concerne pas seulement l’autisme. Elle se constate dès que les problèmes sont sérieux. Il faut lire à ce sujet le livre du meilleur historien actuel du freudisme (qui a travaillé des années aux archives Freud à Washington), Mikkel Borch-Jacobsen :

CorteX_Borch-J_Patients_Freud

Les patients de Freud. Ed ? Sciences Humaines, 2011, 224 p., 14 €

  • Interview de cet historien

Sur les 31 patients de Freud bien identifiés, seulement 3 se sont améliorés après la cure !

Note de R. Monvoisin : une émission sur France Inter (La Tête au carré) a été consacrée à ce livre.
On peut l’écouter ici :

 

Conception grotesque de ce qu’est la science

4) P-Y.Gosset :  

« Si violence il y a envers les enfants autistes et les parents d’enfants autistes, elle est ailleurs, dans le fait de la ségrégation que génère le discours de la science »

Qu’est-ce que la démarche scientifique ? Tout simplement une recherche qui veut des faits observables pour bâtir des hypothèses et d’autres faits observables pour accepter ou réfuter des hypothèses. Mais ceci implique de conceptualiser, distinguer, classer, évaluer, vérifier. Gosset est lacanien, c’est un homme du Discours. Il cite son Maître à penser pour dire les choses les plus banales, que plus personne ne conteste :

« Entre tous les groupes humains, la famille joue un rôle primordial dans la transmission de la culture et […] prévaut dans la première éducation » (Lacan, Autres Ecrits p. 24-25)

J’aurais préféré qu’il ose citer ces propos de Lacan, désabusé, au terme de sa vie :

« La psychanalyse est une pratique délirante, mais c’est ce qu’on a de mieux actuellement pour faire rendre patience à cette situation incommode d’être homme. C’est en tout cas ce que Freud a trouvé de mieux. Et il a maintenu que le psychanalyste ne doit jamais hésiter à délirer » (Ouverture de la section clinique, Ornicar? Bulletin périodique du champ freudien, 1977, n° 9, p. 13).

« La psychanalyse n’est pas une science. Elle n’a pas son statut de science, elle ne peut que l’attendre, l’espérer. C’est un délire — un délire dont on attend qu’il porte une science. On peut attendre longtemps! Il n’y a pas de progrès, et ce qu’on attend ce n’est pas forcément ce qu’on recueille. C’est un délire scientifique » (L’insu que sait de l’une-bévue s’aile a mourre [sic], Ornicar? Bulletin périodique du champ freudien, 1978, n° 14, p. 9).

« La psychanalyse est à prendre au sérieux, bien que ce ne soit pas une science. Comme l’a montré abondamment un nommé Karl Popper, ce n’est pas une science du tout, parce que c’est irréfutable. C’est une pratique, une pratique qui durera ce qu’elle durera. C’est une pratique de bavardage » (Une pratique de bavardage. Ornicar? Bulletin périodique du champ freudien, 1979, n° 19, p. 5).

Logomachie
 

5) P-Y. Gosset :

« Les psychanalystes, depuis FREUD, ne font que travailler sur le nouage entre corps, langage et imaginaire. FREUD a d’ailleurs commencé par là : voir ses Etudes sur l’hystérie. »

Ceci demande une explicitation qui, malheureusement, est absente. C’est presque aussi obscur que les affirmations par lesquelles Lacan terminait son interview à l’ORTF, publiée après relecture dans son livre Télévision (éd. Seuil, 1973) :

« L’interprétation doit être preste pour satisfaire à l’entreprêt. De ce qui perdure de perte pure à ce qui ne parie que du père au pire » [sic] (dernières lignes du livre ; réédité dans : J. Lacan, Autres écrits, Seuil, 2001, p. 545).

Faut-il rappeler qu’un savant aussi éminent que Claude Lévi-Strauss ne comprenait pas ce que Lacan racontait à son séminaire … et a fini par oser le dire : témoignage de Lévi-Strauss

Lacan était un génie de la mystification verbale. Il a réussi à dissimuler la pauvreté de ses nouveautés théoriques et son inefficacité pratique par une logomachie pédante, voire délirante, qui fera date dans l’histoire des impostures intellectuelles.

Double langage
 

6) P-Y. Gosset :

« La relation mère-enfant comprend quelque chose de la folie ». Oui ! Toute relation humaine a quelque chose de « fou », dans le sens de « singulier », hors normes, car il n’y a pas de normalité en cette affaire si l’on veut bien ouvrir les yeux et les oreilles. »

P-Y. Gosset illustre ici parfaitement le double langage des psychanalystes.

Relisez bien : « singulier » = « fou ».  Mais, par certains aspects, nous sommes tous « singuliers ». Mes empreintes digitales et mon histoire, comme les vôtres, se distinguent de celles de tous les habitants de la planète. Donc tous « fous » ? Mais que veut dire alors ce mot ? Cette façon d’équivoquer, avec des termes comme « sexualité », « Œdipe », « castration », « Phallus », etc., permet de répondre à toute objection : « Mon pauvre ami, vous n’avez rien compris »

Un exemple typique de Lacan : le 26 février 1977, Lacan fait une conférence Bruxelles, où il déclare :

« Notre pratique est une escroquerie, bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c’est quand même ce qu’on appelle d’habitude du chiqué. […] Du point de vue éthique, c’est intenable, notre profession ; c’est bien d’ailleurs pour ça que j’en suis malade, parce que j’ai un surmoi comme tout le monde. […] Il s’agit de savoir si Freud est oui ou non un événement historique. Je crois qu’il a raté son coup. C’est comme moi, dans très peu de temps, tout le monde s’en foutra de la psychanalyse. » (Extraits publiés dans Le Nouvel Observateur, 1981, n° 880, p. 88).

Pour calmer ses disciples parisiens avertis par des collègues belges, Lacan fait son séminaire suivant à Paris (15-3-1977) sur « L’escroquerie psychanalytique » et précise :

« Je pense que, vous étant informés auprès des Belges, il est parvenu à vos oreilles que j’ai parlé de la psychanalyse comme pouvant être une escroquerie. […] La psychanalyse est peut-être une escroquerie, mais ça n’est pas n’importe laquelle — c’est une escroquerie qui tombe juste par rapport à ce qu’est le signifiant, soit quelque chose de bien spécial, qui a des effets de sens » (L’escroquerie psychanalytique. Ornicar ? Bulletin périodique du champ freudien, 1979, n° 17, p. 8).

On pourra lire des détails sur la tactique du double langage.

Pseudo-explications par de simples analogies

7) P-Y. Gosset approuve tout à fait l’épisode du crocodile. Relisons ce qu’il écrit :

« La gueule du crocodile qu’il faut toujours empêcher de se refermer à l’aide d’un bâton ». On peut voir dans ce montage vidéo une psychanalyste qui témoigne de son travail avec des enfants autistes. Elle fait des constructions théoriques dans son cabinet, en jonglant avec les animaux en peluche qui font partie de ses outils de travail. Comment nier l’immense intérêt des enfants pour la vie des animaux et ce qu’ils leur permettent de symboliser ! Le premier cas d’enfant amené par son père chez FREUD, n’était-il pas un petit garçon de 5 ans et demi, envahi par une phobie des chevaux, du temps où ceux-ci couraient encore les rues ?

La gueule du crocodile ? Mais elle représente l’irreprésentable : ce qui risque de vous bouffer tout cru ! Ce n’est pas la mère proprement dite, bien entendu ! Mais dans l’imaginaire fantasmatique de l’enfant, sa toute puissance sur lui, qui pourrait bien n’être pas que bienveillante. Le bâton ? Ce n’est pas le père en tant que tel, bien sûr (il n’a plus beaucoup de poids, de nos jours), mais ce que LACAN a redéfini d’une fonction : ce qui dirige le désir de l’enfant sur autre chose que sur sa mère et qui fait que la mère puisse ne pas s’occuper que de son enfant. N’oublions pas qu’une mère est une femme et l’enfant, son objet.

7.1. Rappelons que le premier cas d’enfant analysé par Freud, auquel Gosset fait allusion, est le Petit Hans, qui avait développé une peur des chevaux après que des chevaux, tirant une lourde voiture, soient tombés bruyamment. Freud avait étiqueté : « hystérie d’angoisse » (Angsthysterie). Ce pauvre enfant a été l’objet d’un conditionnement massif par la théorie freudienne. On pourra lire un exposé du cas de Hans (Fritz) et des réflexions critiques

S’y trouve aussi présenté le patient le plus célèbre de Mélanie Klein : le petit Fritz, dont on a appris longtemps après la publication qu’il était son propre fils ! C’est ce qui s’appelle, dans le jargon freudien, une « analyse incestueuse ». 

7.2. La réponse du lacanien illustre une fois de plus le principe de l’interprétation « profonde » par de simples analogies et le principe « trouver le sens inconscient = guérer »

Relisez : le bâton = « ce qui fait que la mère puisse ne pas s’occuper que de son enfant ».

Avec ce même type d’« herméneutique », Freud expliquait n’importe quoi, par exemple que le tabagisme est le substitut inconscient de la masturbation. Soulignons que Freud, malgré la connaissance de la signification « profonde » de cette dépendance, n’a jamais réussi à s’en délivrer en dépit de plusieurs tentatives.

Faut-il encore rappeler le dogme fondamental du freudisme ? Freud écrit, dans les célèbres Leçons d’introduction à la psychanalyse (1917) :

« J’entends affirmer avec Breuer ce qui suit : chaque fois que nous sommes en
présence d’un symptôme, nous pouvons en conclure qu’il existe chez le malade
des processus inconscients déterminés qui justement contiennent le sens du
symptôme. Mais il est nécessaire aussi que ce sens soit inconscient afin que le
symptôme se produise. A partir de processus conscients il ne se forme pas de
symptômes ; dès que les processus inconscients en question sont
devenus conscients, le symptôme doit disparaître. Vous reconnaissez
ici, d’un seul coup, un accès à la thérapie, une voie pour faire
disparaître des symptômes (G.W. XI, 288s ; trad. PUF, OEuvres complètes, XIV, p. 289 ; je souligne).

Pour le/la psychanalyste, le sevrage tabagique n’est pas — contrairement à ce que pense la/le psychologue scientifique — une question d’efforts bien ciblés, mais seulement une question de significations à dévoiler. Quand le psychanalyste Peter Gay, auteur d’une biographie louangeuse de Freud, explique pourquoi le Maître n’est jamais parvenu à arrêter de fumer, il invoque simplement une analyse trop peu profonde :

« La jouissance que fumer procurait à Freud, ou plutôt son besoin invétéré, devait être irrésistible, car après tout, chaque cigare constituait un irritant, un petit pas vers une autre intervention et de nouvelles souffrances. Nous savons qu’il reconnaissait son addiction, et considérait le fait de fumer comme un substitut à ce “besoin primitif” : la masturbation. À l’évidence, son auto-analyse n’avait pas atteint certaines strates ».

(Pour les références précises de ces citations de Freud et Gay, voir Le Livre noir de la psychanalyse, Les Arènes, 2e éd., p. 236 et sv.)

Autrement dit : si vous n’arrivez pas aux changements que vous désirez, analysez, analysez, analysez des strates de plus en plus « profondes ».

Otto Rank, qui fut longtemps un des disciples préférés de Freud, disait que tout finit par s’expliquer par le traumatisme de la naissance (Cf. Le Traumatisme de la naissance, 1924, trad. Payot, 1968).

Surtout soyez patients. Comme le dit un des psychanalystes interviewés :

« La position du psychanalyste, c’est avoir ni mémoire, ni attente. C’est le fait d’abdiquer l’idée d’une progression »

Le « tic de l’étic »

8) P-Y. Gosset :  

« Les gens avisés, avec une éthique, savent que ce n’est pas avec des petits cartons, encore moins en « bouffant du psychanalyste » que les choses vont se dénouer. »

Il n’est pas possible de débattre avec un-e psychanalyste (surtout lacanien-ne) sans qu’il/elle parle d’éthique et suggère que vous n’en avez pas. Pour le dire à la manière de Lacan : c’est le tic de l’é-tic.

8.1. En fait, s’en tenir aux textes freudo-lacaniens et ignorer ce qui se fait dans le reste du monde en matière d’éducation d’enfants présentant un trouble autistique (en particulier dans les meilleures universités : Cambridge, Oxford, Harvard, Stanford, etc.), c’est une grave faute professionnelle, un manque d’éthique évident. Les freudiens et lacaniens sont comparables à des médecins qui soigneraient des troubles graves avec des fleurs de Bach ou des dilutions homéopathiques.

8.2. Faut-il rappeler que Jacques-Alain Miller, gendre de Lacan, n’hésitait pas à dire :

« La morale de Lacan relève d’un cynisme supérieur »

(Débat avec Onfray, in Philosophie magazine, 2010, n° 36, p. 15).

8.3. Celui qui n’a pas lu des ouvrages de psychanalysés de Lacan, racontant comment le Maître œuvrait, devrait consulter l’article publié dans la revue Science et pseudo-sciences « Comment Lacan psychanalysait ».

8.4. A ma connaissance, aucun comportementaliste membre des associations françaises (AFTCC, AFFORTECC) ou belge (AEMTC) ne pratique une méthode aussi douloureuse que celle du psychanalyste Pierre Delion : le « PACKING », une camisole de force new look, qui fait songer à des pratiques barbares des siècles passés !

Sa méthode consiste à emmailloter l’enfant présentant un syndrome autistique jusqu’au cou dans un cocon de contention, mouillé et glacé (au moins 10° en dessous de la température du corps), pendant 45 minutes. Quand la température de la peau a chuté de 36 à 33 degrés, l’enfant est progressivement réchauffé. Ainsi, un enfant agité se trouve maté. Le procédé se renouvelle jusqu’à 7 fois par semaine (Voir annexe, ci-dessous).

C’est ce même psychanalyste, Prof. Délion (Univ. Lille 2), qui ose dire, quand on lui demande de parler des effets des traitements :

« Je ne peux pas répondre à ça. Ce n’est pas une question de psychanalyste, ça ! »

Cependant, il n’y aura pas à s’étonner que, grâce à sa technique, Pierre Délion constate des résultats « positifs », à savoir : que des enfants s’adaptent davantage aux normes de son Service.

Toute l’histoire de la psychiatrie est remplie de traitements barbares (voir échantillon ici), qui ont motivé des malheureux à se comporter comme l’exigeaient les « soignants », tout simplement pour éviter des « doses » supplémentaires de « traitement »

(Pour un ouvrage avec excellente iconographie sur les supplices endurés, voir : C. Quetel & P. Postel, Les fous et leurs médecins, de la Renaissance au XXe siècle. Hachette, 1979).

8.4. Pour avoir été membre de l’Ecole belge de psychanalyse pendant 15 ans et être devenu ensuite comportementaliste, j’ai constaté que le goût de l’argent et du pouvoir est plus fréquent chez les freudiens et surtout chez les lacaniens que chez les comportementalistes. S’il y a des abus partout, les lacaniens en tout cas n’ont de leçons à donner à qui que ce soit.

9) Freud était plus avisé : il trouvait inutile de discuter

Il écrivait à Oskar à Pfister :

« Que nous attachions si peu d’importance à paraître dans les Congrès me semble très compréhensible. Il n’est guère possible d’argumenter publiquement sur la psychanalyse. […] Les débats ne peuvent que demeurer aussi infructueux que les controverses théologiques au temps de la Réforme » (28-5-1911).

La psychanalyse a commencé comme une recherche scientifique, puis est devenue une religion laïque qui n’a plus sa place dans la « République des Sciences ». Ce qui est écrit ci-dessus par Mr. Gosset l’illustre une fois de plus.

10) Une chose m’étonne : l’absence de psychiatrisation de Sophie Robert

Freud psychiatrisait tous ses opposants. Selon lui, Adler était un paranoïaque, Bleuler un homosexuel refoulé, etc., etc. Comment se fait-il que Sophie Robert ne soit pas encore étiquetée « hystérique » ou un truc comme ça ?

Dans la classification freudienne, on n’a pas beaucoup le choix (moins que dans le DSM…) :

perversion, neurasthénie, névrose d’angoisse, névrose de caractère, hystérie de conversion, hystérie d’angoisse (= névrose phobique), névrose obsessionnelle, névrose narcissique, paranoïa.

Je suis curieux de voir quel étiquetage sera choisi.

Si Elisabeth Roudinesco (la principale avocate du freudisme en France) se prononce, ce sera évidemment, la « Haine ». Pour elle, ce sentiment et l’antisémitisme sont l’explication ultime du comportement de tous ceux qui osent remettre en question la Parole révélée de Freud.

11) Une chose ne m’étonne pas du tout : la hargne des lacaniens

Rappelons qu’à partir de 1963 les analyses didactiques menées par Lacan n’ont plus été reconnues par l’Association internationale de Psychanalyse (IPA), parce que Lacan faisait des séances qui ne duraient que quelques minutes au lieu des 50 minutes traditionnelles et qu’il a refusé obstinément d’abandonner sa pratique des « séances à durée variable » invariablement très très courtes.

Lacan a réagi en fondant l’année suivante sa propre Ecole. Il s’est vengé de l’IPA en acceptant comme « analyste » quasi n’importe qui et en déclarant — à juste titre — que « le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même ». Dès lors, les freudiens reconnus par l’IPA ont été noyés sous le tsunami des lacaniens.

Une grande partie des analystes lacaniens n’ont pas de diplôme de psychiatre, ni de psychologue. C’est le cas d’Éric Laurent (anthropologue-psychanalyste), qui fait un procès à Sophie Robert. C’est aussi le cas des très médiatiques É. Roudinesco (historienne-psychanalyste), J.-A. Miller et son frère Gérard (philosophes-psychanalystes). C’est évidemment le cas des psychanalystes les plus agressifs à l’égard de méthodes psychologiques dont les résultats observables deviennent de plus en plus évidents.

Si la psychanalyse se trouve discréditée, ils ne pourront pas se rabattre sur le titre universitaire de psychiatre ou de psychologue. Leur hargne n’est pas simplement une question de joute intellectuelle : il y va de leur gagne-pain. Pour en savoir plus sur le titre d’analyste lacanien et l’abondance de lacaniens en France.

 

12) Pour un historique de la tentative de faire interdire la vision du film « Le Mur », voir :

Rappelons que tout le monde peut faire de l’« analyse psychologique » ou de la « psychanalyse ». Pour une discussion de cette question, voir l’article paru dans Science et pseudo-sciences.

Jacques Van Rillaer

Bruxelles, 2 décembre 2011

Parmi les Français les plus connus, citons Chr. André, J. Cottraux, C. Cungi, F. Fanget, G. Georges, P. Légeron, Chr. Mirabel-Sarron, D. Pleux, L. Véra.

 

« Rappelons d’abord un principe : le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même. Ce principe est inscrit aux textes originels de l’Ecole et décide de sa position. Ceci n’exclut pas que l’École garantisse qu’un analyste relève de sa formation. Elle le peut de son chef. Et l’analyste peut vouloir cette garantie » (Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’École. Réédité dans Autres écrits, Seuil, 2001, p. 243).

Ci-dessous

Iconographie en rapport avec le « Packing » (N° 8, § c) traitement du psychanalyste Pierre Délion (prof. à l’Université de Lille 2)

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* J. Van Rillaer, outre le fait d’être venu faire des cours pour nous sur Grenoble, a déjà mis à disposition sur le CorteX un TP analyse d’affirmations d’E. Roudinesco.

Vous avez probablement suivi la polémique autour du documentaire Le Mur – la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme. Non ? Alors cliquez là

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A décortiquer – Argumentaires lacaniens sur Le Mur

Vous avez probablement suivi la polémique autour du documentaire Le Mur – la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme. Non ? Alors cliquez là.
Les retours ne se sont pas fait attendre, et comme lors de chaque contestation de l’institution psychanalytique un festival d’argumentaires très discutables affleurent et pourraient remplir les pages web du corteX.

En guise de Travail Pratique, traitons ensemble un exemple.

  • Dans un premier temps, lisons attentivement l’analyse ci-dessous du film « Le mur », par Pierre-Yves Gosset, psychanalyste lacanien publiée sur le site de l’Association pour la Cause Freudienne Champagne Artois Picardie Ardennes (ci-dessous). Essayons d’y repérer par nous-mêmes les arguments fallacieux.
  • Puis dans un second temps, on pourra aller là et suivre l’analyse de notre collègue Jacques Van Rillaer, professeur de psychologie.

« Le Mur : la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme »

ou : Comment se servir de l’autisme pour « casser du psychanalyste »

C’est ce qu’illustre la réalisatrice du pseudo-documentaire intitulé: « Le Mur : la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme ».

Le titre en lui-même est a priori engageant, puisque nous mettons toujours, et c’est un grand principe depuis Freud, la théorie à l’épreuve de la clinique et l’une ne va pas sans l’autre. LACAN en donne la ligne dans ses Ecrits lorsqu’il nous dit qu’il faut toujours repenser notre théorie en fonction de notre objet, et non l’inverse (« Ecrits » p.126).

On comprend vite cependant que cette vidéo est un piège, une véritable diatribe contre la psychanalyse. Non pas une « querelle » au sens noble du terme, où arguments seraient échangés pour aboutir à une discussion constructive sur le thème de l’autisme. Il s’agit de bien autre chose, insidieux autant que simple : c’est une véritable propagande contre la psychanalyse, au profit de méthodes comportementales aux fondements douteux. Au fur et à mesure, cette vidéo nous plonge dans l’indignation et devient insoutenable.

Le Procédé 

La réalisatrice a interviewé des psychanalystes de renom, toutes écoles confondues. Ensuite, elle a manipulé l’enregistrement en effectuant des coupures et en ajoutant des commentaires a posteriori, visant à dénaturer et tordre les propos recueillis. Le but évident est de présenter les psychanalystes comme non crédibles.

Nous attirerons l’attention sur le fait qu’ainsi elle leur coupe la parole et qu’elle oeuvre selon ce grand principe de toutes les méthodes comportementales : réduire l’autre au silence, le faire taire. C’est le fil conducteur de toute cette propagande.

En contraste, un plan de cette vidéo présente une chercheuse de l’INSERM qui développe à l’aise, sans interruption aucune ni commentaires, les résultats de sa recherche devant un écran plat. La question lui est posée sur les causes de l’autisme. Elle répond sans hésiter : « génétiques ! ».

Cette chercheuse a, grâce à des moyens techniques sophistiqués, enregistré le parcours oculaire d’enfants qu’elle dit autistes, placés en face de scènes sociales filmées. Ce parcours a ensuite été visualisé sur l’écran, en fonction des images qui ont été présentées. Elle peut ainsi montrer ce que les enfants qu’elle dit autistes ont regardé sur les scènes présentées. Apparemment, explique-t-elle, « Ils regardent autre chose que ce que regarde la moyenne des gens. » Ils regardent les bouches et le bas du visage, pas les yeux. La chercheuse arrive à cette conclusion : « Ils regardent ailleurs que là où se trouve l’information ; comment voulez-vous qu’ils comprennent ? ». Outre les objections que l’on pourrait aisément faire sur ce que constitue l’ « information » et l’endroit où elle est censée être contenue, la principale est celle-ci : n’est-ce pas placer l’autiste en position déficitaire à partir de présupposés plus que douteux ? Il ne vient pas à l’idée de cette chercheuse ceci : ce que les enfants autistes ne regardent pas, ce qu’ils évitent, c’est ce qui les angoisse : l’objet regard. Ils se protègent aussi de l’objet voix, support de la parole : ceux qui côtoient des enfants dits autistes auront remarqué qu’ils se bouchent fréquemment les oreilles en présence de voix et de paroles. Soulignons aussi leur rapport singulier à la voix. Enfin, l’attention de ces enfants, portée sur la partie basse des visages témoigne de leur intérêt tout particulier pour la bouche en tant qu’orifice du corps. Les rapports singuliers des dits autistes à la bouche ne peuvent non plus passer inaperçus de tous ceux qui les côtoient. En outre, nous poserons une question éthique sur les conditions de réalisation de l’expérience : comment les enfants autistes testés l’ont-ils vécue ?

Enfin, une famille nous est montrée en compagnie de leur fils Guillaume qui se présente comme suit: « Je suis autiste à 80 pour cent ». On y entend les parents vantant les mérites d’une méthode qui consiste à utiliser des petits cartons (on ignore ce qu’il y a dessus, mais vraisemblablement, on peut le supposer, de petits dessins) et qui aurait permis à Guillaume de ne plus vomir l’eau qu’on lui présentait. Aucune explication supplémentaire n’est donnée quant aux hypothèses qui soutiendraient cette méthode ni sur les ressorts de sa prétendue efficacité. Ces parents ne tarissent pas de critiques contre les psychothérapies et contre la psychanalyse en particulier.

Discussion

La réalisatrice évoque, entre les lignes, les thèmes qui « fâchent ». A savoir, le pire : « On dit que les psychanalystes auraient culpabilisé les mères d’enfants autistes ». Pourtant, rien de cela ne s’entend dans le discours des psychanalystes interviewés.

Si violence il y a envers les enfants autistes et les parents d’enfants autistes, elle est ailleurs, dans le fait de la ségrégation que génère le discours de la science par ses méthodes de dépistage, d’évaluation et de classement. Nous recommanderons la lecture de l’ouvrage (« Sortir de l’Autisme », éditions Buchet-Chastel) où l’auteur, Jaqueline BERGER, mère de deux enfants autistes, en témoigne avec justesse. Que dire de l’exclusion de toutes les structures sociales qu’ont à subir les enfants et les parents d’enfants autistes, sans que des lieux d’accueil soient créés en suffisance ? Et que dire encore du revers de cette exclusion : l’ « intégration » forcée des enfants autistes dans les écoles en France ?

Si les psychanalystes ont placé la relation parents-enfant au cœur de la formation du sujet, c’est bien parce que « Entre tous les groupes humains, la famille joue un rôle primordial dans la transmission de la culture et […] prévaut dans la première éducation » (LACAN : Autres Ecrits p. 24-25)

La réalisatrice et les « chercheurs » comportementalistes veulent l’ignorer ou le nient.

« Les psychanalystes rejettent les « théories organiques » mais n’hésitent pourtant pas à y recourir. » Absurde ! Les psychanalystes, depuis FREUD, ne font que travailler sur le nouage entre corps, langage et imaginaire. FREUD a d’ailleurs commencé par là : voir ses « Etudes sur l’hystérie ».

« La relation mère-enfant comprend quelque chose de la folie ».

Oui ! Toute relation humaine a quelque chose de « fou », dans le sens de « singulier », hors normes, car il n’y a pas de normalité en cette affaire si l’on veut bien ouvrir les yeux et les oreilles. Il n’y a pas non plus de prétendue « harmonie » dans la relation mère-enfant, Jaqueline BERGER le souligne très justement dans son précieux ouvrage (cité ci-dessus, p 92) : «Il faut en finir avec l’idée qu’élever des enfants est la chose la plus naturelle qui soit, que les femmes sont dotées d’un instinct maternel inné et que les défaillances de leur progéniture les disqualifient, elles et leur compagnon. »

Cette relation, quand on ne le nie pas, est faite de chair et de langage. Car c’est dans un bain de langage, « bouillon de culture » qu’arrive le corps de tout être humain et non pas dans un « programme génétique ».

« La gueule du crocodile qu’il faut toujours empêcher de se refermer à l’aide d’un bâton ». On peut voir dans ce montage vidéo une psychanalyste qui témoigne de son travail avec des enfants autistes. Elle fait des constructions théoriques dans son cabinet, en jonglant avec les animaux en peluche qui font partie de ses outils de travail. Comment nier l’immense intérêt des enfants pour la vie des animaux et ce qu’ils leur permettent de symboliser ! Le premier cas d’enfant amené par son père chez FREUD, n’était-il pas un petit garçon de 5 ans et demi, envahi par une phobie des chevaux, du temps où ceux-ci couraient encore les rues ?

La gueule du crocodile ? Mais elle représente l’irreprésentable : ce qui risque de vous bouffer tout cru ! Ce n’est pas la mère proprement dite, bien entendu ! Mais dans l’imaginaire fantasmatique de l’enfant, sa toute puissance sur lui, qui pourrait bien n’être pas que bienveillante. Le bâton ? Ce n’est pas le père en tant que tel, bien sûr (il n’a plus beaucoup de poids, de nos jours), mais ce que LACAN a redéfini d’une fonction : ce qui dirige le désir de l’enfant sur autre chose que sur sa mère et qui fait que la mère puisse ne pas s’occuper que de son enfant. N’oublions pas qu’une mère est une femme et l’enfant, son objet. Dans son ignorance, la réalisatrice croit et veut faire croire qu’il s’agit de promouvoir une concurrence entre père et mère. C’est absurde !

« Je suis autiste à quatre-vingts pour cent »

Nous discuterons enfin de la question du diagnostic. D’abord, quelles peuvent être les conséquences, sur l’avenir d’un enfant, de se trouver dès son plus jeune âge, identifié, par les tenants de ces méthodes de diagnostic et d’évaluation, à : «Je suis autiste à 80 pour cent ».

Ensuite, pour Guillaume, enfant un peu turbulent certes, les choses ont l’air de plutôt bien se passer. Tant mieux. Mais que dire de ces enfants autistes pour qui les choses sont autrement plus compliquées ? « […] chez ces jeunes gens, tout est différent, la voix, les gestes, le regard, les mimiques, le tempo. […] Il y a la mutisme total des uns, au point qu’on pourrait les croire aphones, les cris étranges des autres, des mots répétés en écho sans fin, de l’agitation mal cordonnée ou mécanique, à la manière d’une marionnette. Il y a les trop familiers ou ceux qui vous rendent transparents. » (J. BERGER op. cit. p 28)

Les gens avisés, avec une éthique, savent que ce n’est pas avec des petits cartons, encore moins en « bouffant du psychanalyste » que les choses vont se dénouer. Et, en regardant plus loin que les écrans des chercheurs de l’INSERM, nous voyons nous aussi, avec Jaqueline BERGER, que « Sortir de l’autisme concerne tout le monde, parce que les « autistes » sont le signe autant que le produit de la désagrégation du lien à autrui. Miroir grossissant de nos propres souffrances, ils sont peut-être notre ultime chance d’ouvrir notre regard. »  

Analyse du film « Le Mur »

Disponible sur : http://www.autistessansfrontieres.com/

par Pierre-Yves Gosset,

psychanalyste lacanien