Rapport CORTECS CNOMK : l'ostéopathie viscérale à l'épreuve des faits

En 2015, nous avions réalisé un rapport à la demande du Conseil national de l’ordre des kinésithérapeutes (CNOMK) portant sur la validité scientifique de l’ostéopathie crânienne, une des ramifications de l’ostéopathie. En 2016, un an après, nous avons rendu un deuxième rapport au CNOMK concernant une deuxième sphère de l’ostéopathie : l’ostéopathie viscérale (RAPPORT CORTECS − Ostéopathie viscérale). Ce document a été rendu public au mois de mars 2018 après un vote des membres du CNOMK. Voici un résumé de ce rapport de 288 pages dans lequel nous avons soigné au maximum le détail des méthodes de recherche et d’analyse employées. Des remarques, des questions ? Nous vous invitons à lire la partie QFP à la fin de cet article.

Résumé

Dans ce rapport, nous nous sommes attelé·es à trois tâches principales. Nous avons d’abord reconstitué l’histoire de l’ostéopathie viscérale, puis nous avons décrit et analysé ses fondements théoriques, et enfin nous avons synthétisé et examiné les preuves portant sur ses procédures cliniques (diagnostiques et thérapeutiques).

À propos des fondements de l’ostéopathie viscérale, ont été décrits et analysés :

  • Les concepts de « mobilité viscérale » et de « dynamique viscérale ».
  • Le rapport entre mobilité viscérale et pathologie avec tous les concepts ostéopathiques associés tels que ceux d’« articulation viscérale », de « fixation viscérale », de « dysfonction ostéopathique viscérale », de « Dynamique intrinsèque© » et de « motricité viscérale ».
  • Le concept de « motilité viscérale ».
  • Le concept de « chaîne ostéopathique » recouvert par différentes expressions telles celles de « suite mécanique », de « chaîne lésionnelle », de « chaîne phréno-médiastino-vertébro-crânienne » et de « tendon viscéral central ».
  • Le concept de ptose viscérale et ses concepts parents tels celui d’« entéroptose » ou d’« hépatoptose ».
  • Le concept d’« élasticité viscérale » et ses concepts associés : « lésion de tissularité », « loi des tubulures », « autonomie viscérale », « dysfonction ostéopathique viscérale, « Dynamique© intrinsèque », « dysfonction de raccourcissement© » et « dysfonction d’étirement© ».
  • Le « Modèle Pressif© Finet-Williame » qui articule les concepts de « dysfonction ostéopathique viscérale », de « réflexe dynamogène », de « série musculaire respiro-posturale », de « dysposturalité tonique© » de « posturalité tonique-phasique© », de « colonne de pression© » et de « report pressif »CorteX_visceres.
  • Le concept d’« hypersensitivité© viscérale ».
  • Les concepts de « tenségrité », « biotenségrité » et de tenségrité en ostéopathie.

La conclusion de notre rapport est claire : aucun des concepts spécifiques à l’ostéopathie viscérale n’est fondé :

Si les ostéopathes viscéraux se sont appropriés des concepts physiologiques et biomécaniques valides (tels que la mobilité et la dynamique des viscères, le fait que la pression intra-abdominale puisse varier, ou encore le fait que les organes intra-abdominaux soient élastiques), tous ces phénomènes sont connus de la communauté médico-scientifique et aucun d’entre eux n’a été découvert par un ostéopathe.

Quant aux conceptions spécifiques à l’ostéopathie viscérale, aucune ne bénéficie de donnée scientifique pour la soutenir. En outre, les ostéopathes viscéraux font un mésusage du concept de « ptose viscérale » en s’appuyant sur un arrière-plan théorique dépassé. D’autre part, leur raisonnement en « chaîne ostéopathique » que l’on retrouve sous la forme de différents concepts chez tous les ostéopathes viscéraux, à défaut de produire des hypothèses testées ou testables expérimentalement, ne s’apparente pour l’instant qu’à un jeu intellectuel de construction anatomique et biomécanique […]

En résumé, rien ne permet aujourd’hui de défendre que l’ostéopathie viscérale dispose de fondements scientifiques théoriques propres, et cela tant du point de vue physiologique que pathologique. Toutefois, cela ne présage pas nécessairement de l’inefficacité des procédures diagnostiques et thérapeutiques des ostéopathes viscéraux : c’est pourquoi c’est à la recherche et à l’examen des données expérimentales testant ces procédures qu’a été consacrée la prochaine et dernière partie de ce rapport.

CorteX_bmcNotre travail sur les procédures diagnostiques et thérapeutiques de l’ostéopathie viscérale à quant à lui fait l’objet d’une publication dans la revue BMC Complementary and Alternative Medicine1 dont nous avons parlé ici. Nos résultats permettent d’affirmer qu’il n’existe aucune donnée soutenant les reproductibilités intra et inter-observateurs des techniques diagnostiques de l’ostéopathie viscérale. La majorité des études existantes et disponibles échoue à mettre en évidence ces reproductibilités pour tous les paramètres considérés. Enfin, la revue de littérature réalisée n’a pas permis d’identifier de preuve méthodologiquement valable et favorable à une efficacité thérapeutique spécifique des techniques de l’ostéopathie viscérale.

QFP (Questions fréquemment posées)

Nous répondrons bien volontiers aux remarques, questions et critiques qui :

  • concernent strictement le contenu de ce rapport (l’évaluation des fondements théoriques et cliniques de l’ostéopathie viscérale) ;
  • nous parviennent directement (contact < at > cortecs.org).
  • ont un ton courtois et ne font pas d’attaque à la personne ;
  • sont étayées avec des références précises et accessibles ;
  • ne sont pas déjà traitées dans le rapport ou dans notre article Rapport ostéopathie crânienne − réponses aux réactions.
  1. Tout comme notre travail sur les procédures diagnostiques et thérapeutiques de l’ostéopathie crânienne dans la revue PLOS One.