Le CorteX a une caractéristique : n’entretenir aucun lien d’intérêt avec des entreprises privées. Nous avons souscrit à la charte très inspirée des professionnels de santé du FORMINDEP (voir ici) qui font un travail remarquable. Car si critiquer les médecines dites alternatives est une chose, critiquer le système pharmaceutique actuel est une autre gageure, probablement plus importante encore. C’est pourquoi nous soutenons le « manuel d’autodéfense intellectuelle » de la « troupe du Rire », collectif d’étudiants en santé. À mettre dans les poches de toutes les blouses blanches.
La Troupe du RIRE cherche, avec méthode, à sensibiliser les professionnels de la santé aux nombreuses techniques marketing des laboratoires pharmaceutiques, afin d’éviter d’être pris dans les mailles du filet des industries. Ce livret de 34 pages intitulé « Pourquoi garder son indépendance face aux laboratoires pharmaceutiques ? » a déjà été tiré à 2500 exemplaires en toute fin 2015. On peut consulter le livret sur le site du FORMINDEP, mais également le charger juste ici en pdf.
À offrir à tous nos médecins traitants, pharmaciens, kinés, sage-femmes, brancardiers, étudiant-es (et vous pourrez y rajouter l’article La médecine et ses alternatives, quelques éléments d’autodéfense pour militants-es).
Pour une petite introduction à ces questions d’indépendance des études de santé vis-à-vis de l’industrie, on peut écouter quelques extraits audio ici de témoignages ; de même, une vidéo courte est disponible ci-dessous, avec son script reproduit.
La couleur qui symbolise la santé ? Le blanc, comme celui des blouses de médecins !
Mais qui dit blanc ne dit pas forcément transparent. L’industrie pharmaceutique est, avec la banque, la plus profitable du monde1. Dans le budget d’un laboratoire, le marketing est désormais le premier centre de coût, devant la recherche et le développement2.
Des gros sous pour entretenir avec les professionnels de santé… un dialogue sonnant et trébuchant. Il faut dire qu’avec 18 000 visiteurs médicaux employés en France, l’industrie sait entretenir les contacts3. 333 visites par médecin en moyenne chaque année4, soit un coût de 25 000 € par professionnel5, un record en Europe !
Pas étonnant que des propos alarmistes se fassent entendre :
« L’influence de l’industrie pharmaceutique est hors de tout contrôle. Ses tentacules s’infiltrent à tous les niveaux, médecins, patients, régulateurs, chercheurs, associations caritatives, universités, médias, soignants et politiciens. Ses multinationales planifient, sponsorisent, orchestrent et contrôlent les publications sur tous les essais de médicaments. Sa réputation est aujourd’hui très mauvaise. Il faut de grands changements. »
Sauf que là, cet extrait est tiré d’un rapport du Parlement britannique repris dans The Lancet6, l’un des journaux médicaux les plus réputés au monde !
Cette situation pas terrible-terrible s’explique – entre autre – par l’absence de formation des professionnels de santé pour se prémunir de l’influence de l’industrie.
Un constat plutôt fâcheux… Heureusement, l’Organisation Mondiale de la Santé publie en 2009 un manuel d’enseignement pour remédier à la situation : « Comprendre la promotion pharmaceutique et y répondre », traduit par la Haute Autorité de Santé en 20137.
Mais quand on fait ses études de médecine, on ne prend pas forcément le temps de lire un manuel de 180 pages qui n’est malheureusement même pas au programme.
Du coup, NOUS – collectif d’étudiants en médecine de La Troupe du Rire avons résumé et adapté le fameux rapport de l’OMS. Ça donne ça : ce livret – petit mais costaud : il tient dans la poche d’une blouse blanche – analyse les principales techniques utilisées par l’industrie et cherche à déterminer leur impact :
- Conduite de la recherche clinique,
- financement de la formation continue des médecins à 98%8,
- leaders d’opinion recrutés parmi les professeurs de médecine les plus influents,
- cadeaux,
- voyages,
- financement et publicité dans des revues spécialisées,
et bien d’autres manières encore, de tisser des liens d’intérêts avec les professionnels de santé !
Il met aussi à disposition des ressources pour se former et s’informer de manière indépendante (eh oui c’est tout à fait possible!)
Le livret fait des propositions concrètes pour faire face aux situations où l’on est confronté directement à cette influence, à l’université, à l’hôpital ou dans son cabinet.
Nous attendons toujours qu’une véritable formation soit donnée aux futurs professionnels de la santé sur ces influences contraires à l’intérêt des patients…
Pour combler ce vide, il faut nous informer et nous former par nous-mêmes.
Si comme nous, vous souhaitez mettre à l’ordre du jour les questions de formation des professionnels de santé face à l’influence des laboratoires : aidez-nous à financer l’impression de ce livret pour le faire connaître !
Pour contacter le collectif de la Troupe du RIRE : rire.sue (at) gmail.com
- Forbes, mise à jour 2015, la santé dépasse la banque.
- The Cost of Pushing Pills.
- 2010, données actualisées du LEEM.
- Eurostaff 2007.
- Rapport de l’IGAS cité par le FORMINDEP.
- Collier J., House of Commons Health Committee, 2006 cité dans The Lancet, n°367, 2006.
- Disponible ici.
- Rapport du Sénat n°382, 2006, cité par l’article du FORMINDEP « Il y aura d’autres Mediator » Décembre 2010.