Vous avez lu les bases du Projet Histoire des luttes sociales, paysannes, populaires, féminines… Vous voici dans l’onglet Luttes désobéissantes.
L’ordre chronologique dépend de nos découvertes, il n’y a pas d’autre classement.
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Les LIP, l’imagination au pouvoir
L’épopée des LIP à Besançon en 1973, c’est l’une des mobilisations ouvrières les plus importantes et les plus populaires de la Cinquième République. Leur slogan : « on fabrique, on vend, on se paie » et un acronyme : SCOP (société coopérative ouvrière de production). Affaires sensibles, sur France Inter rappelle le 30 mai 2017 les grandes lignes de ce combat. Pour aller plus loin, nous vous recommandons deux documentaires : Les Lip, l’imagination au pouvoir, de Christian Rouaud (2007) et Fils de Lip, de Thomas Faverjon (2007), ainsi que l’émission Là-bas si j’y suis du 11 octobre 2004.
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Histoire des anarchies
Il s’agit d’un cycle de quatre émissions sur France Culture, dans La fabrique de l’histoire, s’étirant du 28 au 31 août 2017;
La première émission porte sur l’histoire des anarchies au XIXe siècle, la naissance du mouvement anarchiste, depuis le Congrès de Saint-Imier, en cheminant de Proudhon à Marx et de Marx à Bakounine, en nous penchant sur les organisations internationales de travailleurs en compagnie de Marianne Enckell, du CIRA (Centre International de Recherches sur l’Anarchisme) et Mathieu Léonard.
La deuxième émission est un documentaire de Séverine Liatard, réalisé par Véronique Samouiloff : « Ce n’est pas rien de tuer un homme » ou le crime politique de Germaine Berton.
France Culture :
Ce 22 janvier 1923, une jeune femme de 20 ans, mineure, abat à bout portant le chef des Camelots du roi, Marius Plateau. Germaine Berton est anarchiste. Elle assassine ce membre important de l’Action française parce qu’elle juge la Ligue royaliste responsable de l’assassinat de Jaurès et du journaliste Miguel Almereyda et responsable aussi d’un incessant climat de violence. L’itinéraire politique de Germaine Berton est fulgurant et emblématique d’une ultra gauche antimilitariste, exaltée par la Révolution bolchevique et en quête d’une société nouvelle au lendemain de la [Grande guerre]. Durant les onze mois qui séparent le crime du procès, l’affaire connaît une importante médiatisation qui met alors en jeu les différentes composantes politiques de la société française de cette époque. Germaine Berton a tué pour des idées et revendique son crime dans une France qui rechigne à accorder l’égalité politique aux femmes.
Dans la troisième émission, co-animée par Séverine Liatard, il est question des anarchistes espagnols.
France Culture :
De cette histoire nous connaissons surtout la fin, celle qui fait des anarchistes une des composantes essentielles de la Guerre civile espagnole. Or, le mouvement anarchiste fait ses premiers pas en Espagne dès 1868 quand Giuseppe Fanelli arrive à Barcelone. Voici ce qu’ Anselmo Lorenzo, qui deviendra un des leaders du mouvement anarchiste espagnol dit de lui : « Fanelli était grand. Il avait l’air bon et sérieux, portait une épaisse barbe brune et ses grands yeux noirs et expressifs lançaient des éclairs ou reflétaient la plus grande commisération, selon les sentiments qui l’animaient. Sa voix, qui avait une sonorité métallique, était capable de prendre toutes les inflexions qui convenaient à son propos, passant rapidement de la colère et de la menace, quand il fulminait contre les tyrans et les oppresseurs, aux accents de pitié, du regret, de la consolation, pour évoquer les souffrances opprimés, soit qu’il les comprît sans les avoir subies, soit qu’en véritable altruiste, il prît plaisir à présenter un idéal ultra-révolutionnaire de paix et de fraternité. Il parlait en français et en italien, mais nous comprenions sa mimique expressive et nous suivions son exposé ». Anselmo Lorenzo (1842 – 1914) El Prolteriado militante, 1913.
Enfin, dernière émission, co-animée par Séverine Liatard, dans laquelle est discuté si l’onpeut parler ou non d’une internationale anarchiste. Le débat sur ce thème est vif, en particulier depuis la publication, à la fin des années 2000, de la thèse de Vivien Bouhey, qui, à partir d’archives de police, revenait sur l’idée développée par Jean Maitron, pionnier de l’histoire de l’anarchisme, d’une organisation minimale des anarchistes français. Faut-il prendre au pied de la lettre les accusations de « complot anarchiste » développées par les gouvernements de la fin du XIXème siècle ? Ou, au contraire, considérer qu’il y avait dans le développement de la « propagande par le fait » une multitude d’acteurs sans lien organique entre eux ?
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Le Maloya comme courroie
Venu de l’Afrique par Madagascar, le maloya est un style de musique contestataire réunionnais qui se murmure la nuit contre les colons, les Gros Blancs, qui l’interdisent. Dans les années 1950, le maloya est prohibé par l’administration coloniale qui voit grandir la revendication indépendantiste. Au cours de l’histoire métisse de La Réunion, le Malbar comme le Ti’blanc s’accaparent le maloya, à l’instar de Danyel Waro, son plus célèbre ambassadeur, qui s’en sert pour narrer des luttes sociales souvent oubliées. Ci-dessous, un reportage d’Antoine Chao pour Là-bas si j’y suis, sur France Inter, le 14 mai 2014.
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Ni Dieu ni maître – Une histoire de l’anarchisme, de Tancrède Ramonet (2017)
Du manifeste fondateur de Proudhon (1840) à la chute de Barcelone (1939), cette fresque documentaire fait revivre la richesse foisonnante d’un mouvement multiforme, montrant combien l’anarchisme continue d’irriguer tout le champ des luttes sociales et politiques.
Premier volet : la volupté de la destruction (1840-1914).
Né du capitalisme, frère ennemi du communisme d’État, l’anarchisme n’a eu pourtant de cesse de souffler son vent de liberté et de révolte sur le monde. Depuis la Commune de Paris jusqu’à l’émergence des premières grandes organisations syndicales, de l’apparition de milieux libres avec leurs pratiques de vie alternatives jusqu’à la mise en place d’écoles libertaires, le mouvement anarchiste a été à l’origine des premières révolutions et, sur les cinq continents, l’un des principaux promoteurs des grandes avancées sociales.
Mais d’où vient donc l’odeur de souffre qui précède chacun de ces sombres cortèges ? Est-ce parce que ces révolutionnaires ont justifié la violence insurrectionnelle et à l’occasion, à l’instar de Ravachol ou Bonnot, été parmi les premiers à jouer du couteau ou du revolver et à faire parler la poudre ? Ou ne s’agit-il là que d’un triste malentendu, une noire légende, voire un simple fantasme médiatique et policier, qui aurait dessiné le portrait de ces utopistes savants en apôtre de la destruction ? De France au Japon et de Chicago à Buenos Aires, la Volupté de la destruction révèle les origines de cette pensée et dresse le portrait de ceux qui furent les pères fondateurs du mouvement libertaire. Mais, en revenant aussi sur les principaux événements de l’histoire ouvrière de la fin du 19ème et du début du 20ème (la création de l’internationale, fête du premier mai, attentats à la Belle époque, bataille pour la journée de huit heures), il dévoile surtout le rôle fondamental joué par les anarchistes dans le mouvement social au 19ème siècle et au début du 20ème.
2. La mémoire des vaincus (1911-1945)
Insurrectionnaliste, individualiste, illégaliste, végétarien.nes, anarcha-féministe, anarchiste chrétien ou encore anarcho-primitiviste, l’anarchisme a presque autant de sensibilités qu’il n’a de figure et s’il semble aujourd’hui minoritaire, on oublie trop souvent qu’il fut un temps où il domina le monde.Et pourtant au sortir de la première guerre mondiale, en Europe, l’anarchisme semblait avoir perdu presque toute son influence.Ce n’étaient pas seulement les attentats des propagandistes par le fait, ni même la proclamation à cors et à cris des lois scélérates, qui l’avaient rendu inaudible, mais bien plutôt les bombes qui, de Verdun à la Somme, en passant par le Chemin des dames, en assassinant dans certains pays près du tiers des travailleurs, avaient réduit au silence la masse des militants. Sans parler de ces millions d’amputés, de traumatisés et de gueules cassées pour lesquels la révolution n’étaient plus une priorité. Mais à la périphérie des grands pays industrialisés, au pourtour du monde occidental, les anarchistes ont survécu. Ils s’organisent, se rassemblent aux marges des empires, reprennent les armes et essaient partout de faire triompher leur idéal. Or pour l’emporter, face à une Réaction, qui elle aussi a de nombreux visages, les libertaires ne peuvent plus seulement imaginer de douces utopies et inventer de généreuses pratiques. Dans cet entre-deux guerres fécond, où le capitalisme enfante ses deux bêtes immondes, stalinisme et fascisme, face à l’hydre totalitaire qui, généralise un peu plus le vol et industrialise la mort, ils doivent mener une guerre sur tous les fronts et plus que jamais prouver dans les faits l’efficacité de leur pensée. C’est ainsi, qu’au Mexique, en Russie ou en Espagne notamment, que les anarchistes vont conduire, au nom de la justice et de la liberté, certaines des plus grandes révolutions du 20ème siècle et écrire en lettre rouges et noires une nouvelle page de notre histoire.
Sur France Culture le 11 avril 2017, la grande table d’Olivia Giesbert invite Tancrède Ramonet le réalisateur – qui prépare un volet 3 – et Irène Pereira, sociologue.
Petite correction : Olivia Giesbert classe dans un même sac les pédagogies de type Freinet, Montessori et Steiner. Si l’école Freinet est effectivement libertaire, il y a plus de problèmes avec Montessori, dont la proximité avec le mouvement mussolinien mérite réflexion. Surtout, Steiner et le mouvement Steiner-Waldorf n’a rien d’anarchiste du tout : Steiner, en plus de défendre des thèses pseudoscientifiques, enseigne la révérence à des cycles mystiques, à une destinée, en plus d’être racialiste. Rudolf Steiner était avec son anthroposophie aux antipodes des mouvements libertaires.
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La désobéissance civile
Cette émission du 5 juin 2013, de Jean Lebrun La marche de l’histoire, sur France Inter, a pour invité
La désobéissance civile – Hannah Arendt © cc – 2013 / François Jourde
Yves Charles Zarka.
« Les maires de France qui veulent refuser de célébrer des mariages entre couples du même sexe s’en vont généralement chercher leur justification dans une incise sur l’objection de conscience glissée par François Hollande dans un discours prononcé devant leur association, il y a seulement quelques mois. Quant aux branches les plus radicales du mouvement de la Manif pour tous, elles se prévalent de la Résistance: elle n’est pas finie, disent-elles, c’est nous qui la prolongeons… Dans une autre couleur du spectre politique, José Bové, quand il démontait son Mac Do à Millau, affichait une référence à peine peu plus ancienne: l’américain Henry David Thoreau, qui vivait au milieu du XIXe et servit de modèle au Gandhi sud africain du début du XXe. Certes le mot de désobéissance civile proprement dit n’a qu’un siècle et demi d’âge mais, en réalité, la liberté de dire non s’est exercée depuis la plus haute Antiquité, comme dirait Alexandre Vialatte. Sous d’autres appellations, dans d’autres contextes. Le présent vient souvent de plus loin qu’il ne le croit ».
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« Anarchistes » et « écologie »
L’émission de Jean Lebrun La marche de l’histoire sur France Inter revient sur Roybon, Sivens, Notre-Dame-des-Landes, et aborde avec Gaetano Manfredonia quelques luttes « écologistes ». Il y a un bon passage sur l’école alternative libertaire de la Bonaventure, sur l’île d’Oléron, en 1993.
Documentaire de Séverine Liatard et Séverine Cassar, réalisé dans le cadre de l’émission du 8 janvier 2013 de La fabrique de l’histoire, sur France Culture.
« Célestin Freinet est un pédagogue français né à la fin du XIXème siècle. Issu d’un milieu rural, sa jeunesse se déroule au sein de la communauté paysanne dans une région pauvre des Alpes maritimes. L’expérience pastorale sera pour Freinet le leitmotiv de son expérience éducative. Il entre à l’école normale d’instituteur de Nice. Lorsque la guerre éclate, il est mobilisé. Grièvement blessé au Chemin des Dames, il ne se remet pas complètement de ses blessures et gardera toute sa vie le souffle court auquel il attribue lui-même, pour partie, la nature de ses innovations en matière d’enseignement. Sa pédagogie est fondée sur différentes techniques : classe-atelier, classe-promenade et observation du milieu naturel ; production de textes libres ; imprimerie et édition d’un journal ; correspondances interscolaires ; individualisation du travail et coopération dans l’apprentissage ; suppression de la notation …
Lors de cette séance publique qui se déroule à Neuchâtel en 1958, Célestin Freinet présente à des parents et à des enseignants les lignes directrices de son enseignement. Dès les années 1920, il met en pratique avec sa femme Elise, l’essentiel de ses méthodes qui ne sont pas toujours bien comprises. Célestin Freinet va d’ailleurs quitter l’Education nationale pour fonder sa propre école à Vence en 1935 : une école privée, laïque et prolétarienne.
Le mouvement Freinet prend forme peu à peu avec la mise en commun des expériences de chacun et la tenue de congrès réguliers, la publication de revues pédagogiques comme La Bibliothèque du travail, les Brochures d’éducation nouvelle populaire ou Techniques de vie ou la création après la seconde guerre mondiale, de l’Institut coopératif de l’Ecole moderne (ICEM) et en 1957, de la Fédération internationale des Mouvements de l’Ecole moderne (FIMEM).
Avec les témoignages et les analyses de Guy Goupil et Michel Barré (anciens instituteurs du mouvement Freinet) et Philippe Meirieu (professeur de sciences et pratiques de l’éducation à Lyon II)« .
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Utopies pirates – la communauté Libertalia, XVIIe siècle.
Reportage d’Antoine Chao, émission Là-bas si j’y suis, sur France Inter, 28 janvier 2011.
Libertalia est le nom d’une colonie fondée par des pirates sur l’île de Madagascar, qui aurait existé – mais rien n’est certain- pendant environ vingt-cinq ans à la fin du XVIIe siècle.
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Les désobéissants du service publique
Les pieds sur terre, France Inter, 24 mai 2011. Agents Pôle Emploi, gardes forestier, agents ERDF, professeurs des écoles, agents territoriaux… Aujourd’hui ils ne reconnaissent plus les valeurs pour lesquelles ils ont choisi d’exercer leur métier. Dans l’ombre ou publiquement, ils préfèrent désobéir plutôt que démissionner. Reportage : Pauline Maucort.
Richard Monvoisin