En 2013, alors que nous passions nos nuits sur le K, notre projet de manuel sur les thérapies manuelles, qui parut à l’orée de l’année suivante chez les PUG (voir ici), Nicolas Pinsault et moi illustrions la loi de Stigler : « Une découverte scientifique ne porte jamais le nom de son auteur ».
Nous travaillons à l’époque sur un paradoxe statistique appelé paradoxe de Simpson (à venir). En creusant un peu, nous avons constaté que cet effet statistique est notoirement attribué au statisticien Edward Hugh Simpson qui l’exposa en 1951 dans son article The Interpretation of Interaction in Contingency Tables. Pourtant, près de cinquante ans plus tôt, en 1903, George Udny Yule en faisait état1. Aussi Nicolas et moi nous sommes dit : il est légitime de parler désormais du paradoxe de Yule-Simpson. Las ! Farfouillant encore un peu, on se rend compte que quatre ans plus tôt, en 1899, le paradoxe était déjà découvert par Karl Pearson et son équipe2. Là, nous avons arrêté de creuser.
C’est la confirmation d’une autre loi dite loi de Stigler, du nom de son présumé auteur Stephen Stigler : « Une découverte scientifique ne porte jamais le nom de son auteur ». C’est d’ailleurs le cas de cette loi, que Stigler lui-même attribue à Robert K. Merton3.
Comme l’aurait prétendument dit le mathématicien Alfred North Whitehead, à moins que ce ne soit quelqu’un d’autre, « tout ce qui compte a déjà été dit par quelqu’un qui ne l’a d’ailleurs pas découvert lui-même ».
Cet article est tiré du livre « Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les thérapies manuelles« , pp. 206-207, écrit par Pinsault et Monvoisin, mais il est probable que l’essentiel de ce qui y est écrit a déjà été dit ailleurs, et mieux.