Anthropologue, architecte et écrivain, Jean-Paul Loubes a enseigné à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Bordeaux et à l’EHESS-Paris. Dans cet ouvrage, il alerte sur les conséquences du tourisme de masse à l’échelle planétaire : un milliard de touristes voyagent en effet chaque année dans le monde en « dénaturant », déformant, polluant et privatisant les sites qui paient ainsi un lourd tribut à leur « mise en valeur touristique ». Des destinations comme Venise, Bali, l’île de Pâques, sont devenues tellement populaires qu’elles sont aujourd’hui menacées de disparition. Plus grave encore, ce que Jean-Paul Loubes intitule l’effet UNESCO, lié au classement au Patrimoine mondial, peut être catastrophique pour la protection des sites. Étayé de nombreux exemples, l’ouvrage de Jean-Paul Loubes laisse pantois et offre une nouvelle gamme d’exemples de réécriture potentielle de l’Histoire qui auront toute leur place dans nos enseignements – comme au Mas d’Azil, en Ariège, où Cromignon et Cropetite remplacent les livres pointus dans les « boutiques de souvenirs », pardon, les « comptoirs du patrimoine », tout cela sous la bénédiction du Ministère de la Culture (et de la Communication !), et la caution de scientifiques plus ou moins scrupuleux.
Cet ouvrage de 170 pages expose en 12 chapitres :
- la marchandisation des échanges humains par le tourisme (comme au Pont du Gard, devenu un lieu payant, ou encore la rencontre préfabriquée, parfois forcée, avec des Massaï au Kenya ou des « ethnies » au Laos) ;
- les menaces environnementales et sociales provoquées par la concentration de personnes sur des sites touristiques urbains, ruraux, insulaires, littoraux, montagnards (Carnac, St-Emilion, Carcassonne, le pays Dogon, la vallée de l’Omo, la Cappadoce, Samarcande et les villes des Routes de la Soie, Turfan, Kashgar, le Canal du Midi);
- l’usage de fac-similés (la grotte Chauvet, le Mas d’Azil) pour développer le tourisme que l’on peut associer à la privatisation de sites pour raison touristique (le Pont du Gard par exemple) ;
- la labellisation comme outil de promotion du tourisme de masse, notamment celle de l’Unesco, tourisme dit patrimonial ou culturel (une culture qui reste superficielle).
Jean-Paul Loubes s’appuie sur de nombreux exemples tirés de la liste du patrimoine mondial de l’humanité dressée par l’Unesco depuis 1972, période de l’avènement du tourisme de masse. Cette lecture ne peut pas laisser indifférent le.la touriste qui sommeille en nous.
Date de parution : août 2015
ISBN : 978-2-84978-049-7
Format :13 X 20 cm, 176 pages, 18 euros €
Voici un extrait du livre, gracieusement mis en ligne par l’auteur.