CorteX_Bricmont

Relativisme cognitif et post-modernisme selon Jean Bricmont

Interview de Jean Bricmont du 3 décembre 2010 – Philosophie et histoire des idées. Pour consulter les autres questions-réponses, voir ici.

  • Comment définis-tu le relativisme cognitif, et en quoi est-ce une erreur ?

Jean Bricmont en profite pour parler du sens commun, de la science, et du réalisme de la vie quotidienne d’une manière assez simple et réutilisable par des enseignants.

  • Qu’est-ce qu’on appelle le post-modernisme, et en quoi est-ce une impasse ?

Jean Bricmont aborde là ce courant de pensée dit POMO, ou post-moderne, tel que défini et dénoncé dans son livre cosigné avec Alan Sokal Impostures intellectuelles, qui justement prend le relativisme cognitif comme thèse centrale.

  • Le relativisme cognitif est-il une spécificité française ?

Phrase à décortiquer pour les férus d’histoire des idées : « Le relativisme, c’est l’idéalisme + la décolonisation« 

CorteX_Bricmont

Entrevue – Outillage critique de Jean Bricmont

Nous avons reçu Jean Bricmont à Grenoble le 3 décembre 2010, et l’avons séquestré dans la cave du Tonneau de Diogène, avec la complicité de Geneviève Journault la libraire. Nous lui avons posé une rafale de questions, dans une ambiance de taverne. On y trouvera de la philosophie des sciences, de l’histoire des idées, de l’épistémologie, de la science politique et de la science historique, avec les débats moraux que cela implique.

Cliquez sur chaque catégorie de question pour voir les vidéos.

Philosophie, histoire des idées

  • Comment définis-tu le relativisme cognitif, et en quoi est-ce une erreur ?
  • Qu’est-ce qu’on appelle le post-modernisme, ou POMO, et en quoi est-ce une impasse ?
  • Le relativisme cognitif est-il une spécificité française ?

Physique quantique et implications philosophiques

  • Quelles sont les trois ou quatre plus récurrentes bêtises que tu entends sur le monde quantique ?
  • Peux-tu tirer un bilan de l’affaire Sokal, 15 ans après ?

Science politique, science historique, liberté d’expression

  • Quel lien fais-tu entre ton travail scientifique et tes engagements politiques ?
  • Quels sont tes partenaires dans cette démarche, outre Chomsky ?
  • Science politique, science historique : loi Gayssot et lois mémorielles

Interview & Montage, Richard Monvoisin.

Merci à Nicolas Gaillard, Anaïs Goffre, Eric Bevillard, Olivier Dufour et Geneviève Journault.

A décortiquer : une jeune Croate sort du coma en parlant couramment allemand ?

Qu’en est-il des fantasmes sur les comas ? Les cas comme celui présenté ci-contre sont-ils réels ? Devant les dérives interprétatives, comme dans l’affaire Rom Houben, il convient d’être prudent devant les déclarations fracassantes des médias, comme celle du 22 avril 2010, dans Le Monde
Objectif : détecter les rhétoriques, raccourcis, scénarisations, arguments d’autorité, puis comparer l’étude en question et l’article qu’en tire le journal. Sommes-nous vraiment devant un vrai phénomène ? Nous vérifierons la « transposition médiatique » de ladite découverte quand nous trouverons le temps.
Ecrivez-nous pour toute suggestion.

 
 

Une jeune Croate sort du coma en parlant couramment allemand

 

Le cerveau humain est encore très loin d’avoir livré tous ses secrets. Une adolescente croate de 13 ans, hospitalisée à l’hôpital de Split mi-avril, a perdu conscience durant vingt-quatre heures pour se réveiller, en parlant couramment allemand. Ce qui a stupéfié son entourage et l’équipe médicale. La collégienne venait tout juste de débuter l’apprentissage de la langue de Goethe à l’école. Elle cherchait à l’assimiler rapidement en lisant des ouvrages ou en regardant la télévision allemande.

« Depuis, elle ne communique qu’en allemand et pas en croate même si elle le comprend. Elle répond à toutes les questions dans un allemand trop riche pour une fille de son âge et de son niveau d’instruction », selon plusieurs soignants cités, sous couvert d’anonymat, par le journal croate Slobodna Dalmacija. « Après une perte de conscience ou un coma, on ne sait jamais comment le cerveau va réagir et ce qui va s’activer en premier. Mais, elle commence à parler croate, maintenant », a déclaré il y a quelques jours à la presse locale Dujomir Marasovic. Depuis, le directeur de l’établissement refuse de s’exprimer publiquement sur le sujet évoquant la protection du secret médical.

« COMME UN MAGNÉTOPHONE »

Ce cas suscite interrogation et perplexité chez les spécialistes. Ils admettent, seulement, connaître le phénomène de patients qui se réveillent du coma en parlant une langue apprise plutôt que leur langue maternelle. « C’est rare mais cela arrive. En vingt ans de carrière, j’ai soigné cinq patients français qui se sont réveillés en parlant anglais », raconte Philippe Azouri, neurologue à l’hôpital de Garches, en région parisienne. Il suffit que la zone qui s’active lorsque le sujet utilise sa langue maternelle soit endommagée, pour qu’une autre région du cerveau, utilisée lorsque le sujet parle une langue apprise, prenne le relais.

Et l’adolescente croate a bien dû apprendre l’allemand même sans en avoir conscience, selon Mijo Milas, neuropsychiatre et expert judiciaire à Split : « Son cerveau a, sans doute, ingurgité davantage de connaissances en allemand que ce qui apparaissait à la surface. Elle a dû assimiler, un peu comme un magnétophone en mode enregistrement, davantage que ce qu’elle avait été capable de reproduire consciemment. »

Loin d’être un « miracle », ce cas pourrait simplement illustrer l’existence de capacité d’apprentissage non-consciente. Les scientifiques, qui commencent à s’y intéresser, se sont méfiés longtemps du phénomène. Aujourd’hui, ils admettent que ce n’est pas de la science-fiction mais une réalité. Ce qui n’étonne qu’à moitié Henriette Walter, linguiste réputée. « Un de mes anciens étudiants avait entendu sa famille parler le dialecte breton toute son enfance. Lui avait interdiction de le faire et devait s’exprimer exclusivement en français. Pourtant, à 24 ans, il s’est mis à parler couramment breton. »

ÎLOTS DE « CAPACITÉ COGNITIVE »

Des études récentes ont montré que la perception, la mémorisation et l’utilisation des informations qui parviennent du monde extérieur, sont en grande partie effectuées de manière non-consciente. « Pour le flux permanent d’informations que nous traitons en permanence, l’accès à la conscience est plus une exception qu’une règle », analyse Stein Silva, chercheur en neurologie à l’Inserm de Toulouse. « Je prendrais un exemple de la vie courante : la conduite automobile. Une quantité importante d’informations visuelles sont perçues et intégrées pour permettre la mise en place de comportements automatiques, en dehors de la focalisation de l’attention et de l’émergence des processus conscients. »

Autre exemple : des études sur la perception des visages ont montré que le cerveau humain est capable de détecter les états d’âme des personnes rencontrées. « Si je pénètre dans une pièce en percevant sans en être conscient l’hostilité que je suscite, j’adopte mon comportement en fonction », poursuit M. Silva. Le chercheur explique que la mémoire et l’apprentissage sont en partie dissociés du niveau de conscience. Son équipe vient de prouver que même le cerveau des patients dans le coma, est loin d’être au repos. Des îlots de « capacité cognitive » continuent d’exister.

Certains peuvent percevoir des sons, des mots ou des phrases donc poursuivre un processus d’apprentissage. Le développement des nouvelles technologies devraient permettre aux chercheurs, dans les années qui viennent, de mieux comprendre les capacités fonctionnelles du cerveau humain.

Mersiha Nezic

Objectif : détecter les rhétoriques, raccourcis, scénarisations, arguments d’autorité, puis comparer l’étude en question et l’article qu’en tire le journal. Sommes-nous vraiment devant un mystère levé ? Nous vérifierons la « transposition médiatique » de ladite découverte quand nous trouverons le temps. Ecrivez-nous pour toute suggestion.

Article à analyser : une jeune Croate sort du coma en parlant couramment allemand ?

Qu’en est-il des fantasmes sur les comas ? Les cas comme celui présenté ci-contre sont-ils réels ? Devant les dérives interprétatives, comme dans l’affaire Rom Houben, il convient d’être prudent devant les déclarations fracassantes des médias, comme celle du 22 avril 2010, dans Le Monde
Objectif : détecter les rhétoriques, raccourcis, scénarisations, arguments d’autorité, puis comparer l’étude en question et l’article qu’en tire le journal. Sommes-nous vraiment devant un vrai phénomène ? Nous vérifierons la « transposition médiatique » de ladite découverte quand nous trouverons le temps.
Ecrivez-nous pour toute suggestion.

Une jeune Croate sort du coma en parlant couramment allemand

Le cerveau humain est encore très loin d’avoir livré tous ses secrets. Une adolescente croate de 13 ans, hospitalisée à l’hôpital de Split mi-avril, a perdu conscience durant vingt-quatre heures pour se réveiller, en parlant couramment allemand. Ce qui a stupéfié son entourage et l’équipe médicale. La collégienne venait tout juste de débuter l’apprentissage de la langue de Goethe à l’école. Elle cherchait à l’assimiler rapidement en lisant des ouvrages ou en regardant la télévision allemande.

« Depuis, elle ne communique qu’en allemand et pas en croate même si elle le comprend. Elle répond à toutes les questions dans un allemand trop riche pour une fille de son âge et de son niveau d’instruction », selon plusieurs soignants cités, sous couvert d’anonymat, par le journal croate Slobodna Dalmacija. « Après une perte de conscience ou un coma, on ne sait jamais comment le cerveau va réagir et ce qui va s’activer en premier. Mais, elle commence à parler croate, maintenant », a déclaré il y a quelques jours à la presse locale Dujomir Marasovic. Depuis, le directeur de l’établissement refuse de s’exprimer publiquement sur le sujet évoquant la protection du secret médical.

« COMME UN MAGNÉTOPHONE »

Ce cas suscite interrogation et perplexité chez les spécialistes. Ils admettent, seulement, connaître le phénomène de patients qui se réveillent du coma en parlant une langue apprise plutôt que leur langue maternelle. « C’est rare mais cela arrive. En vingt ans de carrière, j’ai soigné cinq patients français qui se sont réveillés en parlant anglais », raconte Philippe Azouri, neurologue à l’hôpital de Garches, en région parisienne. Il suffit que la zone qui s’active lorsque le sujet utilise sa langue maternelle soit endommagée, pour qu’une autre région du cerveau, utilisée lorsque le sujet parle une langue apprise, prenne le relais.

Et l’adolescente croate a bien dû apprendre l’allemand même sans en avoir conscience, selon Mijo Milas, neuropsychiatre et expert judiciaire à Split : « Son cerveau a, sans doute, ingurgité davantage de connaissances en allemand que ce qui apparaissait à la surface. Elle a dû assimiler, un peu comme un magnétophone en mode enregistrement, davantage que ce qu’elle avait été capable de reproduire consciemment. »

Loin d’être un « miracle », ce cas pourrait simplement illustrer l’existence de capacité d’apprentissage non-consciente. Les scientifiques, qui commencent à s’y intéresser, se sont méfiés longtemps du phénomène. Aujourd’hui, ils admettent que ce n’est pas de la science-fiction mais une réalité. Ce qui n’étonne qu’à moitié Henriette Walter, linguiste réputée. « Un de mes anciens étudiants avait entendu sa famille parler le dialecte breton toute son enfance. Lui avait interdiction de le faire et devait s’exprimer exclusivement en français. Pourtant, à 24 ans, il s’est mis à parler couramment breton. »

ÎLOTS DE « CAPACITÉ COGNITIVE »

Des études récentes ont montré que la perception, la mémorisation et l’utilisation des informations qui parviennent du monde extérieur, sont en grande partie effectuées de manière non-consciente. « Pour le flux permanent d’informations que nous traitons en permanence, l’accès à la conscience est plus une exception qu’une règle », analyse Stein Silva, chercheur en neurologie à l’Inserm de Toulouse. « Je prendrais un exemple de la vie courante : la conduite automobile. Une quantité importante d’informations visuelles sont perçues et intégrées pour permettre la mise en place de comportements automatiques, en dehors de la focalisation de l’attention et de l’émergence des processus conscients. »

Autre exemple : des études sur la perception des visages ont montré que le cerveau humain est capable de détecter les états d’âme des personnes rencontrées. « Si je pénètre dans une pièce en percevant sans en être conscient l’hostilité que je suscite, j’adopte mon comportement en fonction », poursuit M. Silva. Le chercheur explique que la mémoire et l’apprentissage sont en partie dissociés du niveau de conscience. Son équipe vient de prouver que même le cerveau des patients dans le coma, est loin d’être au repos. Des îlots de « capacité cognitive » continuent d’exister.

Certains peuvent percevoir des sons, des mots ou des phrases donc poursuivre un processus d’apprentissage. Le développement des nouvelles technologies devraient permettre aux chercheurs, dans les années qui viennent, de mieux comprendre les capacités fonctionnelles du cerveau humain.

Mersiha Nezic

Objectif : détecter les rhétoriques, raccourcis, scénarisations, arguments d’autorité, puis comparer l’étude en question et l’article qu’en tire le journal. Sommes-nous vraiment devant un mystère levé ? Nous vérifierons la « transposition médiatique » de ladite découverte quand nous trouverons le temps. Ecrivez-nous pour toute suggestion.

2008-2011 Formation IUFM Aix-Marseille Science & pseudosciences

Créée en 2008, cette formation a été proposée aux enseignants de l’académie d’Aix-Marseille dans le cadre du PAF (Plan Académique de Formation). Durant une journée (6h), des professeurs de mathématiques, sciences naturelles et physique-chimie ont pu découvrir les outils d’analyse critique pour, dans un premier temps, se former eux-mêmes puis, ensuite, trouver des moyens concrets afin de les utiliser avec leurs élèves.

La journée était séparée en deux parties distinctes : le matin, présentation générale sur la zététique, puis sur la difficile mais indispensable distinction entre science et pseudosciences. Après la pause, une expérience visant à présenter un protocole expérimental complet était proposée aux enseignants : l’occasion pour eux de revenir sur des points parfois méconnus. Enfin, la matinée se terminait par une introduction aux outils d’autodéfense intellectuelle illustrés par de nombreux exemples.

Le début d’après-midi était consacré à la mise en pratique de certains de ces outils : analyse de documents, de vidéos ou de revues de vulgarisation. Suivait un débat sur l’enseignement de l’esprit critique en sciences : quelles sont les prescriptions en la matière ? Comment y répondre ? Quels risques et quels pièges à éviter ?

En 2010, dans le cadre de « l’Action Zététique », deux journées supplémentaires ont été organisées, à destination d’enseignants d’un même établissement, la première au lycée de Carpentras, l’autre pour les professeurs des collèges Stéphane Mallarmé, André Malraux et Yves Montand.

Après deux années pendant lesquelles ce contenu fut proposé dans le cadre du PAF mais également pour la formation des jeunes enseignants, le stage a failli être supprimé en 2011 pour cause de restrictions budgétaires (et un soi-disant « manque » d’inscrits : seulement 16…).

Dernières (bonnes) nouvelles : le stage va finalement être organisé au mois de mai : le jeudi 5, à Unimeca, boulevard Joliot-Curie, 13013 Marseille (deux journées de 6h, début 9h, fin 16h30)

Deus ex machina

Deus ex machina : locution latine signifiant « dieu issu de la machine ».

 Les médias ont tendance à « déhistoriciser » ou désyncrétiser les connaissances. Déhistoriciser, c’est en gros gommer toute l’histoire de la construction du savoir connaissance. Désyncrétiser, c’est cacher les cheminements, les hésitations, les errements, c’est présenter le résultat, par exemple E=mc2 comme un cri de génie venu du plus profond d’un cerveau parfait. Un peu comme lorsque le gamin que j’étais trime pendant des heures sur une énigme, trouve la solution et vient raconter à tout le monde qu’il lui a fallu moins d’une minute.

En vulgarisation des sciences, nous dénonçons la désyncrétisation, ou déhistoricisation des connaissances, le fait d’extraire les informations sans les inscrire dans le processus humain qui amène à leur découverte. Du fait que le phénomène ou que la découverte apparaît sans cause apparente, ils deviennent très facilement interprétables en terme de destin, de fatalisme, de faveur ou de défaveur des dieux. La présentation de l’événement comme le fruit, dans le théâtre du monde, d’un Deus ex machina qui conduit tout en fonction de ses desseins secrets.

D’une part, ça ne montre pas du tout comment la méthode scientifique fonctionne, par essai, par erreur. D’autre part, ça appuie l’idée qu’il y a des gens qui ont la « bosse » des sciences (comme à l’époque de la phrénologie, en 1820), ou qui sont des purs êtres de lumière, nés pour ça – comme si on naissait pour quelque chose. Dans les deux cas, cela contribue à éloigner le quidam de la démarche scientifique. On entretient  le « eurêka », le mythe de la « création spontanée » de savoir sans trace de la moindre hésitation, de la plus infime goutte de sueur ou soupçon de doute.

Les journalistes font régulièrement la même chose en science politique. L’exemple le plus frappant en 2010 fut certainement la « malédiction » d’Haïti.

Haïti : La malédiction. Avec le tremblement de terre en Haïti, la nature semble s’acharner avec une terrible cruauté sur l’un des pays les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète. (…) Le Figaro, 13 janvier 2010, Pierre Rousselin.

Haïti, la malédiction.  C’est un pays dont la naissance sonnait comme une promesse universelle, et qui semble depuis plus de deux siècles condamné au malheur (…). Le Monde, 14 janvier 2010, Jérôme Gautheret.

La malédiction, le sort, la condamnation au malheur, autant de techniques sémantiques pour effacer les raisons sociopolitiques qui ont fait que Haïti soit resté si pauvre. Marines, Armée française, coups d’état, dépôt de président, spoliations, tout cela nous fait une belle malédiction que même la plus hideuse des momies n’aurait osée lancer sur un pays.

Le journalisme en panne de talent invoque, comme dans les vieilles tragédies d’Horace, un Deux ex machina, un dieu qui intervient dans le cours des humains et vient d’un doigt noueux fourrer le pli des fesses des populations pécheresses. Finalement, avec ces titres de journaux, on n’est pas bien loin des anathèmes de Pat Robertson, qui voit dans le 11/9 une punition divine, et dans l’ouragan Katrina une conséquence d’une trop grande libéralité en matière de gay-pride et d’avortement.

Vous m’arrêtez si je me trompe, mais j’ai tendance à penser que la malédiction est à la science politique ce que le blanchiment d’argent est à la finance, un savant mélange d’enfarinage de connaissance, de théorie du complot et de théologie à la mords-moi la quenelle.

Richard Monvoisin


1 Voir le concept de Good-enough Mother, dans Winnicott, La mère suffisamment bonne, 2006.

2 Bettelheim était convaincu, alors même que les preuves s’accumulaient contre sa théorie, que l’autisme n’avait pas de bases organiques mais était dû à un environnement affectif et familial pathologique. Voir Bettelheim, la forteresse vide, l’autisme des enfants et la naissance du moi, 1969. Pour un début de critique, voir Hacking, Philosophie et histoire des concepts scientifiques, sur le site du Collège de France, p. 391. Pour aller plus loin, lire Pollack, Bruno Bettelheim ou la fabrication d’un mythe (2003). Un autre trop rare livre critique de Bettelheim est également paru sous la plume de Peeters, La forteresse éclatée (1998).

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8, 14 et 15 décembre 2010, Grenoble – Soutenances des étudiants de Zététique & autodéfense intellectuelle

Mercredi 8 décembre, mardi 14 et mercredi 15 décembre 2010, amphithéâtre A2 du Département des Licences Sciences et Techniques (DLST, ancien DSU) de Grenoble, auront lieu les premières soutenances des dossiers élaborés par les étudiants du cours de « Zététique & autodéfense intellectuelle » de R. Monvoisin.

Attention : ces soutenances sont ouvertes au public, mais elles sont effectuées devant jury. Afin de ne pas déstabiliser les étudiant-es, nous ne prendrons pas de questions venant de l’amphithéâtre.

CorteX_plan_campus_DLST

 

 

 

Mercredi 8 décembre 2010

 

16h Y a t-il un lien scientifique entre graphologie et caractère?

 

MAVEYRAUD Léa, MOUQUAND Damien

 

16h30 Peut-on affirmer que parfois, comme le suggère John Gray, les hommes et les femmes ne se comprennent pas en utilisant pourtant les mêmes mots ?

 

ACQUISTO Anne-Claire, BUYUKILMAZ Bergen, LABOURDETTE Romain, MAURIN Jean-Guillaume

 

17h Sujet « Mystère »

 

BARTH Simon, BAUDET Amélie, CHARLIQUART Célia

 

17h30 McMoneagle et la vision à distance

 

PETROWICHE Nicolas, RATEAU Audran, RIZZO Sébastien

 

18h Le traitement de contestation des retraites par les médias français

 

DOUILLET Clément, RISTORD Jérémy

 

18h30 Les arguments défendant l’efficacité des bracelets énergétiques sont-ils recevables scientifiquement ?

 

BEHETY Timothée, PANICO Pierre, RADISSON Basile, VERNAY François

 

19h Les laboratoires Weleda, ce qu’ils disent, ce qu’ils font…

 

DIDIER-VIAL Thomas, PANTEL Lucie, PERROY Anaïs

 

 

Mardi 14 décembre 2010

 

17h Le corps humain contient-il des cristaux de magnétite ?

 

CHAPPUIS Anne, JACQUIAU Eugénie

 

17h30 Les bracelets dits d’équilibre peuvent-ils améliorer nos capacités physiques ?

 

DEMERCHEZ Jérémie, MINOT Rémy

 

18h Les informations données par les médias : le plus intéressant est-il ce qui n’est pas dit ?

 

LECOLLIER Louis

 

18h30 Quels éléments faut-il pour créer un canular médiatique ?

 

COSSON Isabelle, FAVILLIER Adrien, RAKOTONARIVO Cilla

 

19h La sensation de déjà-vu

 

BURIA Aurélien, FERREIRA Matthieu, LE NAOUR Audrey, LEMAULT Perrine

 

 

Mercedi 15 décembre 2010

 

16h Peut-on tester l’impact de la musique sur la pousse des plantes?

 

AMORE Yohann, CURCIO Cyril

 

16h30 Le bracelet Power Balance a-t-il de réels fondements scientifiques ?

 

AYMOZ Alexia, BONNET Remy, DAVAZE Lucas

 

17h Qui utilise les images subliminales ou est susceptible de le faire ? Sont-elles efficaces ?

 

MUCCI Lucas, MULLIE Paul

 

17h30 L’idée reçue que les femmes ont un moins bon sens de l’orientation que les hommes est-elle fondée ?

 

CHAUMET Julie, DURAND Anaïs, GANTAR Ombeline, HORMIERE Céline

 

18h La crème amincissante Somatoline Cosmétique Intensif Nuit a-t-elle vraiment le pouvoir que ce laboratoire lui confère ?

 

BASTIEN Sarah, COUCHET Morgane, IORDACHE Anca Gabriela

 

18h30 Quels phénomènes paranormaux peut-on expliquer par la paralysie du sommeil ?

 

BOITET Claire, CRETTENAND Benjamin, GUIGOZ Vincent, PERSONNAZ Romain

 

19h L’efficacité de la colorothérapie peut-elle être prouvée ?

 

BOINA Houzaira, DUBAND Samuel, DURET Lucie, PICART Colin

 

Télécharger l’annonce en pdf

ftp://cortecsftp@cortecs.org/cortecs.org/wp-content/uploads/2014/01/CorteX_Annonce_Soutenances_autodefense_dec2010.pdf

Effet bi-standard

L’effet bi-standard consiste à raisonner selon deux standards différents selon les circonstances, en gros changer les règles en cours du jeu. L’exemple le plus simple concerne les clubs de sport : s’ils veulent de moi au club, c’est un bon club. S’ils ne veulent pas de moi, c’est de toute façon un club de « nazes ».

Cet effet est assez fréquent dans les discours « relativistes », qui usent d’arguments scientifiques quand ils servent leur cause, mais dénèguent la valeur de la science quand elle infirme une de leurs croyances.

Nous allons tenir ici un catalogue des effets bi-standards les plus spectaculaires que nous pourrons trouver.

  • Bi-standard de l’AFSSAPS. Exemple tout frais donné le 2 décembre 2010 sur France Culture, dans l’émission Du CorteX_mediatorgrain à moudre. Le médecin Philippe Even parle du médicament Médiator, qui vient d’être retiré avec fracas du marché en novembre 2009, et illustre l’effet bi-standart de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) en terme de mise sur le marché et de retrait du marché.
  • Bi-standard sur l’Académie de médecine.

On fait couramment (par exemple sur meridiens.org ) de la caution de l’Académie de médecine un argument de poids à l’appui d’une médecine alternative :

« L’acupuncture [est] reconnue comme pratique médicale par l’Académie Nationale de médecine depuis les années 1950″

On fait aussi couramment (par exemple sur colortherapie.eu) du refus de l’Académie de médecine un argument de poids à l’appui aussi d’une médecine alternative :

« Le Docteur Agrappart (…) revendique la paternité de la chromatothérapie (…) Sa technique est d’ailleurs condamnée par l’académie de médecine, ce qui peut apparaître paradoxalement comme un critère d’efficacité, sinon, cette instance ne s’en serait pas mêlée. Le docteur Agrappart devait commencer à déranger…« 

(Exemple fourni par Lucie Duret, Boina Houzaïra, Samuel Duband et Colin Picart, étudiants de l’UE Zététique & autodéfense intellectuelle, décembre 2010, dossier Colorothérapie).

  • Bi-standard du bus. Exemple sous forme de blague

Emy : tu vas en cours demain ?
Max : non, y a pas de bus
Emy : tu prends le bus d’habitude toi ?
Max : Non, mais demain exceptionnellement je le prendrai.

(Merci à Florent Martin, de l’Observatoire Zététique, pour cet exemple qu’il a déniché semble-t-il ici – 13 décembre 2010)

  • Bi-standard en politique

L’emploi du bi-standard est répandu en politique et se dévoile particulièrement dans les périodes d’alternance gouvernementale. Ainsi un groupe politique au gouvernement écartera l’utilisation du referendum qu’il avait pourtant ardemment défendu quand il était dans l’opposition.

Les manifestations

Voici un exemple dégoté par notre ami Franck Villard : « Quand Copé (ne) soutient (pas) les manifestations » selon s’il est au gouvernement ou dans l’opposition.

N’y voyez pas d’acharnement spécifique sur ce personnage politique ! Mais effectivement, Jean-François Copé est fournisseur officiel d’effet bi-standard. Merci encore à Franck Villard.

Enfouissement de déchets nucléaires

Dès la primaire pour la présidentielle en 2006, Ségolène Royal s’est déclarée « farouchement opposée » à l’enfouissement de déchets nucléaires sur le site de Bure » (Meuse). Rebelote lors de la primaire de 2011 : interrogée par Greenpeace, S. Royal avait persisté et signé « pour l’abandon » de Bure : « Nous réorienterons la recherche vers des solutions d’élimination et de retraitement. Lors des premiers enfouissements, je me souviens d’avoir été la seule députée socialiste à voter contre, tout le groupe votant pour de pseudo-« laboratoires souterrains ». Plus loin : « J’ai de la constance dans le domaine« .

Interrogée sur la poursuite du chantier de Bure par le député UDI (Union des démocrates et indépendants) de la Meuse Bertrand Pancher, Ségolène Royal s’est fait représenter, le 27 mai 2014, par la sous-ministre de l’Economie numérique, Axelle Lemaire, qui a répondu : « Mme Royal réaffirme l’attachement du gouvernement au respect des principes établis par la loi de 2006 sur les déchets radioactifs ; cet attachement concerne aussi la concrétisation du projet de stockage réversible en couche géologique profonde« .

 Sources : Canard enchaîné, 4 juin 2014, et L’affranchi, 14 avril 2014.

 Traitement des deux parties du conflit israélo-palestinien

Voir l’article de Serge Halimi Une question d' »équilibre » (ici).

Traitement différencié d’attentats similaires

Les événements tragiques du 13 novembre ont remplis de pleines pages dans une majorité de pays. Facebook active la fonction « safety check » qui permet en un clic, de signaler à ses proches que l’on est en sécurité. Pourtant, la veille, à Beyrouth, Daech perpétrait l’attentat le plus meurtrier au Liban depuis la guerre civile. Comme à Paris, des kamikazes bourrés d’explosifs sont entrés à Bourj el-Barajneh, dans la banlieu sud de la capitale. Dans ce fief du Hezbollah, au milieu de la population chiite, un premier terroriste actionne sa bombe : explosion, panique, reflux. Puis les habitants reviennent secourir les victimes. C’est alors que le deuxième tueur déclenche la sienne : 43 morts, plus de 230 blessés. Et compassion minimum du reste du monde. De Beyrouth, la correspondante du New York Times regrette  que Facebook n’ait pas proposé aux Libanais la fonction « safety check » que le réseau social avait offerte aux Français dès le lendemain. « Quand mon peuple meurt, aucun pays ne se colore de notre drapeau. Quand mon peuple meurt, le monde n’est pas en deuil », note amèrement sur son blog un médecin libanais, cité par le quotien étasunien (15/11/15). « Facebook n’a pas demandé non plus aux internautes de mettre le drapeau libanais sur leur photo, alors que Mark Zuckerberg a coloré son profil en bleu-blanc-rouge« , remarque une internaute. « Mais où sont les « #prayForBeyrouth »?« , se demande un autre. Merci au Canard enchaîné du 18 novembre 2015. Voir notre article Troque ceinture d’explosifs à grenaille contre boite à outils critiques.

Enfin, d’autres ressources pour s’entraîner sont disponibles dans l’article de G. Reviron « Exemples d’effet bi-standard – La laïcité et la défense des droits des femmes« .

Vous avez trouvé un effet bi-standard ? Partagez-le !

CorteX_TV

Vidéos à disséquer

CorteX_TVVoici une liste de documents sur lesquels nous souhaitons un jour travailler.Attention, ces documents n’ont pas grand chose en commun. Certains sont là parce que manifestement faux (et nous n’avons pas encore eu le temps de les décortiquer), d’autres parce que surprenamment vrais (et nous n’avons pas encore eu le temps d’en faire quelque chose). Enfin, certains ne sont là que pour illustrer certaines méthodes rhétoriques critiquables.
Bref, cet article est un peu à l’image d’un grenier, d’un atelier où s’entreposent les projets en suspens. Si vous parvenez à en extraire du matériel pédagogique, merci de nous tenir informés.


  • Philippe Even et le tabagisme passif

Si on en croit le Dr Even, professeur émérite à l’Université Paris Descartes et président de l’Institut Necker, les risques sanitaires liés au tabagisme passif ont été largement exagérés par les campagnes de santé publique. Est-ce vrai ?

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Novembre 2010 le CorteX dans Millenium, télévision catalane (Richard Monvoisin)

Mardi 9 novembre 2010
Le CorteX était représenté par Richard Monvoisin à l’émission catalane Millenium, sur TV3 présentée par Ramon Colom : les thèmes centraux sont la zététique et de l’esprit critique.
Hélas, le format TV privilégie toujours les beaux-parleurs, même quand ils ne connaissent pas le sujet, et ceux qui ont une oreillette de traduction sont toujours un peu à la traîne…