Atelier Esprit critique, français et zététique pour BTS

Mortimer Leplat est enseignant de français au lycée Frédécic Ozanam à Lille et, comme de plus en plus de collègues, il a décidé de se lancer en 2013 dans un projet en lien avec l’esprit critique et la zététique. Sous forme d’ateliers à destination d’étudiants en BTS et dans le cadre de l’accompagnement personnalisé, voici comment il a procédé, les sujets choisis, et surtout, chose assez rare pour nous scientifiques bornés et obtus, comment il a réussi à insérer de l’outillage critique à travers un mélange étonnant d’études de textes littéraires et une présentation de sujets zététiques. On ne peut que l’encourager à continuer (et à faire des petits…) !
Si vous aussi souhaitez partager votre travail, vos essais et cours, n’hésitez pas à nous contacter.
Denis Caroti


Les ateliers :

Les deux premières heures (travail sur la réfutabilité) Les deux heures suivantes (nos sens nous trompent) Atelier sur la morphopsychologie  Graal et rasoir d’Occam   


Le contexte

Cet atelier se déroule dans le cadre de « l’accompagnement personnalisé » (AP) mis en place par la réforme du lycée. Les enseignants y sont libres de proposer un peu ce qu’ils veulent, aussi ai-je saisi l’occasion pour proposer à des élèves de première année de BTS une initiation à la démarche critique et plus particulièrement à la zététique.

Cependant, même si l’AP peut paraître très libre à première vue, les contraintes administratives et d’horaire sont très lourdes, et j’ai appris que les douze heures dont j’estimais (un peu au pif à vrai dire) avoir besoin s’étaient vu diviser par trois : quatre heures, donc, soit deux séances de deux heures par semaine, et des élèves qui tournent tous les quinze jours. Bon, au fond ça n’est peut-être pas plus mal : je débute et le fait de proposer une progression suivie sur douze heures m’effrayait un peu. Là, je vais pouvoir procéder par « tâtonnement expérimental », en changeant ce qui n’a pas marché d’une session à l’autre.

Le contenu

Deux premières heures :

CorteX_Croyance_niveau_etudeJ’ai commencé, histoire de montrer aux élèves que ça ne rigolait pas, par leur passer un des quatre petits films du GEMPPI, celui sur les médecines parallèles. Ce film dure un quart d’heure, après quoi j’ai recueilli les réactions des élèves lors d’un petit débat. Tous (c’est-à-dire les six qui se sont inscrits…) se sont montrés sensibles à l’histoire de cette petite fille soustraite à la chimio par un gourou pratiquant la « médecine quantique ». Je voulais arriver avec les élèves à faire émerger le point suivant : les parents sont-ils des imbéciles ? Pour répondre à cette question, j’ai projeté aux élèves deux graphiques tirés de Devenez sorciers, devenez savants, qui montrent que, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, il n’y a aucune corrélation entre le niveau d’étude et celui de croyance dans le « surnaturel ». D’où l’utilité de travailler son esprit critique…

Autre question qui est venue sur la table : ce qu’affirme le gourou-médecin-quantique-thérapeute-holistique aux parents de la petite fille, les histoires de « double énergétique qui n’entre plus en résonance avec le corps physique », c’est scientifique ? Non, on est bien d’accord… Le jargon utilisé n’est-il pas là simplement pour impressionner et accréditer artificiellement des thèses non éprouvées ? Certainement. Pourtant, ledit thérapeute appuie son discours sur certaines propriétés des particules élémentaires : le point crucial est donc, pour éviter de se faire embobiner, de réussir à faire la différence entre science et pseudoscience. J’ai alors présenté le critère de réfutabilité de K.Popper et demandé aux élèves de l’appliquer à quatre textes (ben oui, je suis prof de français…) très différents, mais qui présentent le point commun d’utiliser un argument ad hoc pour soustraire leur théorie à la réfutation :


Les deux heures suivantes :

Je souhaitais présenter quelque chose d’un peu plus fun aux élèves, sur le thème « nos sens nous trompent, un témoignage n’est donc pas une preuve ». J’ai réalisé une présentation, partant de l’affaire du Yéti nain de Levens (http://www.unice.fr/zetetique/articles/JB_yeti_nain/index.html). J’ai demandé aux élèves l’hypothèse explicative qui leur semblait la plus probante : présence d’un yéti ou taches dues à l’éclairage entre les feuilles de l’arbre ? Tous ont pensé que la deuxième explication était plus convaincante, ce qui m’a permis d’introduire le rasoir d’Occam et l’importance de rechercher une alternative moins « coûteuse » intellectuellement face à un phénomène dit « paranormal ».

Puis j’ai poursuivi sur les « paréidolies », ou erreurs de perceptions faisant voir des choses connues dans des formes sans aucune signification. Je me suis servi du triangle de Koniza pour leur montrer que notre cerveau cherchait à donner du sens à ce qui n’en a pas forcément a priori, puis je leur ai montré des exemples, en les faisant participer : « bon, là, vous voyez quelque chose ? Quoi à votre avis ? » Ils ont eu un peu de mal à reconnaître la Vierge ou Elvis sur les toasts, mais une fois que le premier élève les a reconnus, ça a paru évident pour tout le monde.

CorteX_triangle CorteX_Toast_Vierge CorteX_Pareidolie_Elvis
Triangle de Koniza Paréidolie de la Vierge Marie Paréidolie d’Elvis (ou Elvis toast)

Une apparition de Jésus sur l’anus d’un chien a énormément plu, le fait de la passer juste après le visage très très vague dudit Jésus sur un drap, avec à côté un prêtre en train de dire : « moi j’y crois », évidemment ça fait rire…

CorteX_Jesus_coussin CorteX_Pareidolie_Jesus_anus_chien
Apparition de Jésus dans une église à la Réunion Sans commentaire

Tout cela m’a pris environ 45 minutes. Après je leur ai dit que si, au niveau visuel, on recherchait du connu dans ce qui est vague, ça marchait aussi au niveau intellectuel, et j’ai enchaîné sur une vidéo d’un spectacle de Frank Lepage donnant un cours de langue de bois (http://www.dailymotion.com/video/x9wwg5_franck-lepage-langue-de-bois_fun), qui a donc été l’occasion d’expliquer aux élèves le principe de l’effet puits. Je leur ai ensuite proposé de faire la même chose à partir du générateur de discours dans Devenez sorciers, devenez savants. Ils ont préparé ça pendant deux minutes, et sont venus faire quelques jolis discours devant les autres.

Enfin, j’ai décortiqué avec eux un horoscope. On a vu combien les descriptions étaient stéréotypées et faciles à reproduire en utilisant quelques trucs simples : être toujours positif, être vague (utiliser le mot « tout »), ratisser large (par exemple avec des « et » et des « ou »), etc. Ils ont alors pu rédiger entre eux des horoscopes. C’est un petit exercice d’écriture qui passe assez bien avec les élèves, en tout cas on a bien ri !

Voilà, je pense faire évoluer cet atelier de session en session : la suite bientôt, donc !  


Atelier sur la morphopsychologie

Pour cet atelier, j’ai commencé par projeter aux élèves le visage de Dracula tiré du film Nosferatu de Murnau, puis je leur ai demandé de le décrire en quelques lignes. CorteX_DraculaJ’ai choisi la version de Murnau car, malgré de nombreuses différences, c’est encore dans ce film que l’aspect physique de Dracula correspond le mieux au portrait initial que Bram Stocker fait dans son livre. Après avoir procédé à quelques lectures des productions des élèves au cours desquels j’ai mis l’accent sur certaines caractéristiques physiques qui auront une importance par la suite (nez, oreilles et sourcils), je leur ai distribué ledit portrait :

« Son visage donnait une impression de force, avec son nez fin mais aquilin, des narines particulièrement larges, un front haut et bombé, des cheveux qui se clairsemaient aux tempes, mais, ailleurs, épais et abondants. Les sourcils, massifs, se rejoignaient presque à l’arête du nez et paraissaient boucler tant ils étaient denses. La bouche, pour autant que je pusse l’entrevoir, sous l’épaisse moustache, présentait quelque chose de cruel, sans doute en raison des dents éclatantes et particulièrement pointues. Elles avançaient au-dessus des lèvres elles-mêmes dont le rouge vif soulignait une vitalité étonnante chez un homme de cet âge. Les oreilles étaient pâles et se terminaient en pointes. Le menton paraissait large et dur et les joues, malgré leur maigreur, donnaient toujours une impression d’énergie. L’impression générale était celle d’une extraordinaire pâleur. »

Plus loin dans le roman, Mina Harker, interrogée par le professeur Van Helsing, note que « Le comte est un criminel et de type criminel. Nordau et Lombroso le classeraient dans cette catégorie. »

Nous quittons ici le terrain de la fiction pour rejoindre celui de la réalité : Mina Harker fait ici allusion à la théorie de la criminalité innée que Cesare Lombroso exposa dans L’homme criminel (1876), dont j’ai distribué un extrait aux élèves (tiré de La mal-mesure de l’homme de Stephen Jay Gould) en leur demandant de repérer, dans le portrait de Dracula, les éléments qui en semblaient tirés :

« Le nez [du criminel] au contraire […] est souvent aquilin comme le bec d’un oiseau de proie. »

« Les sourcils sont broussailleux et tendent à se rejoindre au-dessus du nez. »

« […] avec une protubérance sur la partie supérieure du bord postérieur […] une survivance de l’oreille pointue. […] »

Lombroso pensait ainsi que la criminalité était quelque chose d’inné qui conférait au criminel des traits de visage particulier. Bien sûr, puisque la criminalité était innée, elle était également incurable, et la théorie de Lombroso a contribué à envoyer à la mort des gens qui avaient accompli des délits mineurs mais qui, étant nés criminels, allaient fatalement commettre un jour ou l’autre des crimes beaucoup plus graves…

J’ai ensuite demandé aux élèves si, d’après eux, cette théorie était toujours en vogue. Certains ont évoqué, pendant la Seconde Guerre Mondiale, les caricatures de juifs, invariablement représentés avec d’énormes nez censés permettre de les repérer au premier coup d’œil.

  CorteX_affiche_juif  

Mais aucun élève n’a mentionné le domaine des ressources humaines et du management, dans lequel (d’après Renaud Marhic, Le New Age, son histoire… ses pratiques… ses arnaques…) la « morphopsychologie », qui prétend que l’on peut connaître la personnalité de quelqu’un en regardant les traits de son visage, serait employée par pas moins de 12% des recruteurs. D’après les théories du docteur Louis Corman, le fondateur de la morphopsychologie « moderne » après les précurseurs que furent Gall ou Lavater, il existerait des « dilatés » de visage, ayant pour caractéristique sociopsychologique une insertion facile, une jovialité, etc., et des « rétractés » qui seraient caractérisés au contraire par une fermeture par rapport à leur milieu social… La forme du visage permettrait ainsi à certains recruteurs de savoir sur quel type d’emploi une personne pourra donner le meilleur d’elle-même…

Pour éprouver la validité de cette théorie, j’ai demandé aux élèves de retrouver, parmi une liste de visages, la profession de chacun :

CorteX_portraits

Cet exercice est tiré du livre d’Alain Cuniot, Incroyable… Mais faux ! Bien sûr, il y a un piège : tous les visages sont ceux de comédiens !

Je cite la conclusion de Cuniot : « Comment les « lois » de la morphopsychologie peuvent-elles s’adapter aux comédiens, lesquels, excellents hommes, fins, cultivés, interprètent avec la plus grande véracité les plus ignobles brutes, les sadiques les plus repoussants, compte tenu qu’ils ont le front bas, le nez large, le menton prognathe, les oreilles décollées, etc. ? »

L’intéressant, avec la morphopsychologie, c’est qu’elle ne représente qu’un aspect d’une théorie plus large, celle du déterminisme biologique qui prétend enfermer le destin des hommes dans leurs caractéristiques physiques et biologiques. J’ai demandé aux élèves s’ils avaient d’autres exemples de déterminisme biologique, et la discussion a bien sûr porté sur le racisme. Je n’ai cependant pas résisté au plaisir d’évoquer avec eux la théorie des « styles d’apprentissage », aujourd’hui réfutée (http://www.charlatans.info/news/Les-styles-dapprentissage-refutes) mais qui leur a généralement valu de remplir quelques tests au lycée qui parfois ont malheureusement pu influencer leur orientation.
 

Graal et rasoir d’Occam

Ce cours est une version didactisée d’un article de la newsletter de septembre 2012 de l’Observatoire zététique : « L’énigme du Graal et le principe de parcimonie » (http://www.zetetique.fr/index.php/nl). J’ai choisi de travailler sur ce thème car il me permet de mêler des éléments de culture littéraire à une démarche de type zététique.

J’ai donc commencé par demander aux élèves s’ils avaient entendu parler du Graal et ce qu’ils savaient sur ce sujet. Les réponses furent assez vagues. Les élèves en avaient effectivement entendu parler, surtout à travers des films et des séries télévisées. Ils l’associaient à une coupe plus ou moins en rapport avec la religion chrétienne mais il a fallu que je les aide un peu pour arriver à l’hypothèse la plus connue : le Graal serait la coupe dans laquelle a bu le Christ lors du repas de la Cène, et qui a servi à recueillir le sang de son flanc percé par la lance du centurion Longin pendant sa crucifixion.

CorteX_Graal_croix

Or il ne s’agit là que d’une hypothèse parmi d’autres, car la vérité est que nous ne savons pas très bien ce qu’est le Graal : celui-ci apparaît en effet pour la première fois dans un roman écrit au 12ème siècle par Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal, qui raconte les aventures du chevalier Perceval, arrêté en plein périple par une rivière apparue mystérieusement sur laquelle vogue la barque du Roi Pêcheur, qui propose au chevalier de venir se restaurer dans son château, et tant qu’à faire d’y passer la nuit. Pendant que Perceval discute avec son hôte dans le château, un cortège défile sous leurs yeux, où l’on voit apparaître un graal (il s’agit ici d’un nom commun qui désigne en ancien français un plat à poisson) magnifiquement serti de pierres précieuses et précédé d’une mystérieuse lance qui saigne (qui sera plus tard associée à la lance de Longin). J’ai fait lire le passage aux élèves, et ils ont pu constater que si Perceval brûle d’envie de demander pourquoi la lance saigne et ce que contient le Graal, il n’en fait rien, par peur de paraître indiscret.

CorteX_Graal_plat

Dans la suite de l’aventure, le Graal réapparaît à chaque fois qu’un nouveau plat est servi, mais Perceval n’ose pas plus parler, tant et si bien qu’il finit par aller se coucher sans avoir obtenu de réponse à la question qui le taraude. Le lendemain, lorsqu’il se réveille, le Roi Pêcheur a disparu et le château est entièrement vide. Pour comble, Chrétien de Troyes meurt avant d’avoir terminé son roman, et le lecteur lui non plus ne saura donc jamais le fin mot de l’histoire…

Plusieurs auteurs ont écrit des « continuations » de l’histoire de Perceval. Dans la plus célèbre d’entre elles, écrite par Robert de Boron au 13ème siècle, le Graal devient le « Saint Calice » ayant servi à recueillir le sang du Christ, mais rien n’indique que Chrétien de Troyes ait eu cette idée en tête, et il existe bien d’autres théories, qui attribuent au Graal des origines templière, cathare, ou encore celtique.

Après cette longue présentation, j’ai distribué aux élèves deux extraits, l’un tiré des Métamorphoses d’Ovide, l’autre du Da Vinci Code de Dan Brown : il s’agit d’attribuer un degré de probabilité à deux hypothèses explicatives concurrentes de l’énigme du Graal, et de justifier son choix.

Hypothèse 1 : le Graal est un emprunt aux Métamorphoses d’Ovide. Chrétien de Troyes a été influencé par le passage sur la Corne d’Abondance (je l’ai énormément raccourci, car il est très long).

CorteX_ovide

Hypothèse 2 : le Graal représente, comme dans le passage tiré du Da Vinci Code, la descendance cachée du Christ.

CorteX_Da_vinci_code

Laquelle de ces deux hypothèses vous paraît-elle la plus plausible ? Les élèves ont trouvé soit que les deux hypothèses étaient aussi crédibles l’une que l’autre, soit que l’hypothèse numéro deux était la plus crédible.

Je leur alors présenté le rasoir d’Occam, principe logique qui incite à privilégier la première hypothèse, beaucoup moins coûteuse du point de vue cognitif : elle nous demande d’accepter seulement que les écrivains s’influencent les uns les autres (et les points communs entre les deux récits sont nombreux, comme cela est développé dans l’article de l’OZ), alors que la deuxième hypothèse nous demande d’accepter d’emblée l’origine chrétienne du Graal, que rien n’indique, mais également que Jésus a eu une descendance, que celle-ci a été cachée par l’Église sans qu’on n’en sache rien, bref, toute une « théorie du complot » pour laquelle il n’existe pas la moindre preuve.

Pour leur montrer les conséquences que peut avoir ce genre de choix, je leur ai parlé du « Mouvement du Graal », organisation à caractère sectaire dont le fondateur serait une incarnation de Jésus, et prétend que le Graal, après avoir servi à recueillir le sang du Christ (le sang du fondateur, donc), repose maintenant dans le Royaume Divin, où il déverse en permanence l’Énergie Universelle dont se nourrit l’ensemble de la Création… Le problème, c’est que ce mouvement dispense à ses membres une vision très particulière de la médecine, source de nombreuses dérives… (Sources : Unadfi, http://unadfi.org/mouvement-du-graal-le-proces-d-un.html )

Eh oui ! L’hypothèse d’un emprunt direct aux Métamorphoses ne fait pas forcément rêver… Mais comme le dit Henri Broch : « Le droit au rêve a pour contrepartie le devoir de lucidité. »

Mortimer Leplat

Psychologie – « Mensonges lacaniens » par Jacques Van Rillaer

CorteX_Jacques-van-RillaerDes mensonges dès le départ du freudisme aux fausses citations pour noircir les TCC*, en passant par la création de l’École freudienne de Paris par Lacan, Jacques Van Rillaer revient sur une partie méconnue de la construction de la psychanalyse dans ce texte qu’il met à disposition.


On appréciera les passages autobiographiques de Jacques Van Rillaer sur sa rencontre avec la psychanalyse, et son parcours, qui éclairent remarquablement sa démarche critique. C’est une lecture à ne pas manquer.
« Le fondement essentiel des pratiques de ceux qui se nomment « psychanalystes » sont des textes de Freud et de quelques disciples. Il est donc crucial de connaître le degré de fiabilité des affirmations contenues dans ces publications. Des milliers de personnes croient que Freud, Bettelheim ou Lacan sont des savants parfaitement intègres, qui ont observé méthodiquement des faits, qu’ils ont ensuite mis par écrit sans les déformer. Ces personnes ignorent ou refusent d’admettre les inévitables processus de distorsion du traitement des informations et la pratique du mensonge chez une large proportion des êtres humains, y compris chez les hommes de science. »
Lire la suite

* Thérapie cognitivo-comportementale

Pour approfondir

Vous avez lu les ouvrages de la page « Pour démarrer » ; ou bien vous êtes déjà un-e habitué-e de la lecture critique. Voici une liste évolutive des ouvrages que le CorteX conseille pour approfondir certains thèmes. Les ouvrages transdisciplinaires ne seront pas notés deux fois, aussi nous vous enjoignons à flâner sur tous les sujets.

Thèmes :


Philosophie, épistémologie

  • Histoire des philosophies matérialistes, Pascal Charbonnat

CorteX_Charbonnat_materialistesRéédition ajoutée de cette somme magistrale, parue en 2007 chez Syllepse (avec une préface de G. Lecointre) et agrémentée chez Kimé en 2013, c’est une coupe sagittale de l’une des pensées les plus craintes par les pouvoirs de toute nature. Travail unique et salutaire.
Présentation des éditions Kimé :
Le matérialisme est sans doute le courant philosophique qui a suscité le plus de controverses, ce qui lui a valu d’être malmené et caricaturé à de nombreuses reprises. Cet ouvrage se propose de montrer le contenu réel de ses concepts, d’en fournir une définition nouvelle et de le relier à ses racines historiques et sociales. Dans chaque période, il est au cœur d’enjeux idéologiques de premier plan parce qu’il est à l’intersection des progrès de la connaissance et des préoccupations métaphysiques. Jusqu’à présent, il n’existait pas d’histoire complète et synthétique de ce courant de pensée, alors qu’il a joué un rôle fondamental dans la vie scientifique et culturelle du monde occidental. La seule entreprise de ce genre fut l’ouvrage de F.-A. Lange (1866), devenu largement incomplet. Le livre de Pascal Charbonnat se veut le panorama d’un champ conceptuel en constante agitation, uni par l’idée que les mythes et le sacré ne sont pas les seuls horizons pour penser la place de l’homme dans l’Univers.
D’Épicure aux matérialistes contemporains anticréationnistes en passant par Marx, une même exigence émancipatrice traverse l’œuvre de ces penseurs. Il s’agit d’en rendre compte tout en indiquant où passent les lignes de fracture. L’enseignement de l’histoire des idées en France néglige cet héritage intellectuel, en le confinant à un cercle restreint de spécialistes. Cet ouvrage voudrait indiquer que les interrogations soulevées par le matérialisme s’adressent à tous. Il est en effet indispensable que cette philosophie soit mieux représentée dans les programmes et les manuels, qui semblent oublier qu’une part importante de la population ne se réfère pas à la transcendance pour donner un sens au monde. L’histoire du matérialisme est également incontournable pour saisir les enjeux du travail des sciences de notre temps. En dévoilant comment les savoirs d’aujourd’hui sont les fruits de luttes contre des traditions conservatrices, elle invite à ne verser ni dans un positivisme naïf, ni dans une défiance figée à l’égard des résultats scientifiques. Être matérialiste consiste moins à désenchanter le monde qu’à en restituer le libre cours.
Pascal Charbonnat est enseignant et docteur en épistémologie et histoire des sciences. Il est l’auteur de Quand les sciences dialoguent avec la métaphysique (Vuibert, 2011). Il a participé à l’ouvrage Les mondes darwiniens (Matériologiques, 2011) et a édité avec François Pépin Le déterminisme entre sciences et philosophie (Matériologiques, 2012). Il est membre du comité de rédaction de la revue d’épistémologie Matière première. Ses travaux développent une approche phylogénique des concepts scientifiques et philosophiques, cherchant à articuler leur analyse logique et leur environnement social et politique.

  • Impostures intellectuelles, Alan Sokal et Jean Bricmont

Impostures_intellectuellesDans ce livre, les auteurs se livrent à une présentation et un décorticage des abus de certains intellectuels et philosophes usant et mésusant de termes précis et propres à un contexte scientifique très pointu, pour les travestir en métaphores soi-disant éclairantes pour le lecteur.
Avec cet ouvrage, Sokal et Bricmont ont ainsi un jeté un pavé dans la marre du relativisme cognitif et autre postmodernisme. À lire sans modération…

Et aussi

  • Les matérialismes (et leurs détracteurs), sous la direction de Jean materialismes_et_detracteursDUBESSY, Guillaume LECOINTRE et Marc SILBERSTEIN

Un ouvrage de référence pour disposer d’outils philosophiques et épistémologiques indispensables dans les questionnements liés à la défense de la démarche scientifique.

  • Pseudosciences et postmodernisme, Alan Sokal

pseudosciences_et_postmodernismeLa pensée postmoderne (alias le courant intellectuel caractérisé par un relativisme cognitif et culturel qui traite les sciences comme des « narrations » ou des constructions sociales parmi d’autres) est présentée puis analysée de façon critique par Alan Sokal qui, après sa participation à l’écriture de Impostures intellectuelles, centre son propos sur les dérives de ce courant intellectuel qui sévit de façon insidieuse dans la construction de nos connaissances.

Et aussi

  • Prodiges et vertiges de l’analogie, Jacques Bouveresse

prodiges_vertiges_analogiePour continuer sur la critique du relativisme cognitif, cet essai nous entraîne dans la découverte d’une forme de « littérarisme » qui consiste à croire que ce que dit la science ne devient intéressant et profond qu’une fois retranscrit dans un langage littéraire et utilisé de façon « métaphorique ». L’exemple des détournements du fameux théorème de Gödel est bien entendu traité dans cet ouvrage.

et aussi

  • Une imposture française, Nicolas Beau et Olivier Toscer

CorteX_Imposture_francaiseDans une période où les imposteurs scientifiques commencent à être dénoncés, tout comme les économistes et les historiens de « garde », rares sont les ouvrages qui dégonflent des baudruches philosophiques. Ce livre survole tous les aspects de carton-pâte de ce philosophe public qui n’est enseigné nulle part mais dont le réseau médiatique est tellement ramifié qu’il lui permet de venir incarner sur les plateaux le penseur, le diplomate, l’exégète, l’enquêteur qu’il n’est pas. Bien sûr, les auteurs ne sont pas les premiers à avoir fait ces critiques : de Vidal-Naquet à Desproges, de Noël Godin l’entarteur au Monde Diplomatique, de Castoriadis à Bourdieu, ils sont nombreux à avoir dénoncé la cuistrerie du personnage, par divers moyens, même de tartes à la crème (sept au compteur). Sans résultat. Le plus extraordinaire chez Bernard-Henri Lévy est qu’on continue encore à l’encenser, le lire dans le Point, le regarder chez Ardisson. Rappelons-nous qu’une imposture se fait à deux : celui qui pérore, et celui qui écoute sans broncher.
On pourra écouter les auteurs dans l’émission de France Inter Là-bas si j’y suis du 31 mars 2006 (télécharger ici)


Sociologie, ethnologie, anthropologie

  • Propos sur les sciences, Yves Gingras

propos_sur_les_sciencesQuelques notions d’épistémologie à travers cet ouvrage présenté sous forme d’entretiens. La préface résume parfaitement son contenu : […] Au-delà des clichés sur le génie et l’excentricité des scientifiques, que sait-on vraiment de la science ? Ou plutôt des sciences ? De la méthode scientifique et de ses transformations ? Du rôle des instruments en sciences ? Des nombreuses controverses qui ont marqué son histoire du XVIIe siècle à nos jours ? La science fait-elle partie de la culture ? Les scientifiques peuvent-ils croire en Dieu ? Que penser des mouvements créationnistes ? Quels sont les liens entre la science et l’économie ? Comment fonctionnent les communautés scientifiques ?

  • Et l’homme créa les dieux, Pascal Boyer

et_l_homme_crea_les_dieuxPourquoi les dieux, les sorciers, les démons, les esprits, etc. sont-ils présents partout où l’Homme se trouve ? En d’autres termes : pourquoi les religions existent-elles ? Est-ce la peur de la mort ? Le besoin de croire ? À travers une triple approche (ethnographie, sciences du cerveau, évolution), l’auteur bat en brèche certaines de nos idées reçues et apporte une réflexion neuve et passionnante sur ces questions.

Et aussi

  • L’empire des croyances, Gérald Bronner

empire_des_croyancesLes connaissances sur le monde ne cessent d’augmenter et pourtant, il ne semble pas que « l’empire des croyances » soit en train de disparaître. Comment expliquer que certaines allégations se diffusent plus rapidement que d’autres ? Quels sont les contextes qui favorisent leur émergence ? L’auteur propose plusieurs réponses  en s’appuyant sur de nombreux exemples avec pour objectif de décrire les logiques qui sous-tendent nos adhésions.

Et aussi

  • Vie et mort des croyances collectives, Gérald Bronner

CorteX_Bronner_vie_et_mort_des_croyances_collectivesMalgré de constants progrès techniques et scientifiques, nos sociétés restent des sociétés de croyances. Les rumeurs, les idéologies, les superstitions restent intimement ancrées dans notre vie quotidienne, alors même que la diffusion des connaissances scientifiques gagne chaque jour en importance. Comment résoudre ce paradoxe : nous accordons de plus en plus notre confiance à la science, tout en laissant aisément se développer des croyances parfois irrationnelles ?
Cet essai se propose d’examiner ce paradoxe, propre à nos sociétés modernes, en mobilisant des exemples aussi divers que le mythe du Père Noël, les légendes du 11 Septembre 2001, une psychose collective qui gagna la ville de Seattle dans les années 50, le processus d’adhésion à une secte… Quoique sensiblement hétéroclites, toutes ces illustrations peuvent être ramenées à la question de l’émergence et de la disparition des croyances collectives. Quels processus mènent à leur avènement ou à leur abandon ? Gérald Bronner nous fournit une première approche de ces questions épineuses sur la base d’expérimentations inédites en sciences sociales.

On trouvera une critique d’Agnès Lenoire publiée dans Sciences & Pseudosciences N°273, juillet/août 2006.

On retrouvera quelques ressources audio ici : Matériel audiophonique de Gérald Bronner et là : Conférence Principe de précaution ou décisions raisonnées ?

  • Sur l’état. Cours au Collège de France, Pierre Bourdieu

CorteX_Sur_l_etatHormis le directeur adjoint du Figaro qui, le 7 janvier 2012, s’est fendu d’un article initulé « Au secours, Bourdieu revient ! »,(1) la planète de la sociologie critique revibre en ce début d’année avec la publication, dix ans après sa mort, des cours au Collège de France du sociologue Pierre Bourdieu. Ce recueil des années 1989-1992 s’intitule Sur l’Etat, et a été publié aux éditions Raisons d’Agir, Seuil, sous les soins vigoureux entre autres de Franck Poupeau et de Patrick Champagne. Je (RM) n’ai lu que le premier cours (j’avais sous-tiré son exemplaire à Julien Lévy). J’ai par contre eu l’occasion d’écouter descriptions et recensions sur la radio. En voici deux.La première est issue de l’émission La suite dans les idées, sur France Culture. Le linguiste Pierre Encrevé y commente élégamment l’ouvrage.(2)

Ecouter :
La seconde, tirée de la Fabrique de l’Histoire sur France Culture du 25 janvier 2012, donne entrevues, extraits de film et commentaires de P. Champagne et F. Poupeau. Ecouter :

J’indique par ailleurs que sur le site pierrebourdieuunhommage.blogspot.com se trouvent un grand nombre d’autres émissions permettant de s’initier aux concepts de champ ou d’habitus. En attendant une analyse du CorteX, voici ci-dessous la description de l’éditeur :
Transversale à l’œuvre de Pierre Bourdieu, la question de l’État n’a pu faire l’objet du livre qui devait en unifier la théorie. Or celle-ci, à laquelle il consacra trois années de son enseignement au Collège de France, fournit à bien des égards la clé d’intégration de l’ensemble de ses recherches : cette « fiction collective » aux effets bien réels est à la fois le produit, l’enjeu et le fondement de toutes les luttes d’intérêts.
Ce texte, qui inaugure la publication des cours et séminaires du sociologue, donne aussi à lire un « autre Bourdieu », d’autant plus concret et pédagogue qu’il livre sa pensée en cours d’élaboration. Dévoilant les illusions de la « pensée d’État », vouée à entretenir la croyance en un principe de gouvernement orienté vers le bien commun, il se montre tout autant critique à l’égard de l’« humeur anti-institutionnelle », prompte à résumer la construction d’un appareil bureaucratique à une fonction de maintien de l’ordre social.
À l’heure où la crise financière permet de précipiter, au mépris de toute souveraineté populaire, le démantèlement des services publics, cet ouvrage apporte les instruments critiques nécessaires à une compréhension plus lucide des ressorts de la domination.
(1) La plume de Henri Maler pique à ce propos dans Au palmarès des détestations du Figaro : Pierre Bourdieu, ACRIMED, 23 janvier 2012.

(2) On pardonnera probablement à P. Encrevé de mettre Michel Foucault sur le même plan que Bourdieu (ce dont personnellement je doute, voir par exemple le livre Longévité d’une imposture : Michel Foucault, suivi de Foucaultphiles et foucaulâtres, de Jean-Marc Mandosio), mais ça nous sera plus difficile avec Jacques Lacan.


 
Biologie, Sciences de la Vie et de la Terre

  •  Guide critique de l’évolution, sous la direction de Guillaume Lecointre

altUn manuel à destination de tout enseignant ou formateur désirant mieux comprendre la théorie de l’évolution. Il expose très concrètement les bases philosophiques et épistémologiques permettant de répondre aux dérives créationnistes et autres scénarios du dessin intelligent. Une véritable base de données complète sur ce thème.

Voir également le commentaire de Cyrille Barrette : [youtube=http://www.youtube.com/watch?v=XfsSWU8yxYM]

  • L’effet Darwin. Sélection naturelle et naissance de la civilisation, Patrick Tort

effet_darwinL’évolution par la sélection naturelle. On associe souvent sélection naturelle avec « loi du plus fort qui sévit dans la « Nature » ? On extrapole parfois en pensant que le futur appartient aux espèces qui laissent derrière elles les plus faibles de leurs congénères voire que ceux qui s’adaptent le moins ne survivent pas… Et d’en déduire logiquement que l’être humain, en aidant les plus en difficulté, agit « contre nature ».
Ce livre est indispensable pour battre en brèche ces idées erronées sur la réalité de la sélection naturelle et éclairer une théorie scientifique souvent mal comprise, parfois volontairement mal interprétée dans le seul but de soutenir de graves dérives racistes et discriminantes.

  • Enquête sur les créationnismes, Réseaux, stratégies et objectifs politiques, Cyrille BAUDOUIN & Olivier BROSSEAU, 2013

5795_couv_crea.inddNouveau livre, sur le même sujet que le magnifique opuscule « Les créationnismes » publié en 2008 que nous proposent Cyrille Baudouin et Olivier Brosseau. Trois ans de travail pour cette enquête fouillée, minutieuse, méthodique sur les ressorts épistémologiques et politiques des courants créationnistes, effectuée par deux opiniâtres chercheurs que nous avons le plaisir de connaître personnellement. Cliquez sur les liens suivants pour télécharger : la table des matières / l’introduction. Et pour suivre leur actualité, consultez le site www.tazius.fr/les-creationnismes/
Commentaire de Belin :
Au-delà de leur diversité, tous les créationnismes se caractérisent par leur volonté d’instrumentaliser la science pour justifier une vision du monde conforme à certains dogmes religieux. Leur démarche est donc politique. Fruit d’une enquête minutieuse et riche d’interviews de spécialistes reconnus (biologistes, cosmologistes, sociologues, philosophes, etc.), cet ouvrage est à la fois un recueil d’informations sur les créationnismes et un outil indispensable pour exercer son esprit critique dès lors que la science est convoquée pour justifier des positions politiques.
Après avoir rappelé les spécificités de la démarche scientifique, Cyrille Baudouin et Olivier Brosseau explorent la diversité des mouvements créationnistes et les ressorts de leur mondialisation, en livrant une analyse inédite de leurs réseaux, de leurs stratégies et des contextes politiques dans lesquels ils émergent, y compris en France. Ils montrent ainsi combien le créationnisme est à la croisée de questions sociétales majeures, comme le rôle politique des religions, la privatisation de l’enseignement et la place de la science dans une démocratie.
Olivier Brosseau et Cyrille Baudouin, respectivement docteur en biologie et ingénieur en physique, se sont spécialisés dans la diffusion de la culture scientifique. Ils enquêtent sur les créationnismes depuis plusieurs années et sont les auteurs de divers travaux sur le sujet.
Guillaume Lecointre (préfacier) est systématicien, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, directeur du département Systématique et évolution.

  • Le gène égoïste, Richard Dawkins

Commentaire : [youtube=http://www.youtube.com/watch?v=CRg19C_rdzM]

  • La malmesure de l’Homme, Stephen Jay Gould

Commentaire : [youtube=http://www.youtube.com/watch?v=6bJthIhuC7g]
Livre édifiant par la documentation qu’il fournit, et le travail développé par Gould pour montrer comment les influences idéologiques de la fin du XIXe et du XXe en terme de racisme et d’ordre naturel ont amené d’éminents scientifiques à trier les données, à frauder, ou à lisser les résultats dans le sens de l’hypothèse de départ. On comprend les mécanismes plus ou moins conscients qui peuvent mouvoir un savant lorsqu’il nourrit une hypothèse a priori irréfutable en soi. Gould s’est astreint à vérifier un grand nombre des expériences des plus importants théoriciens du racialisme. C’est un ouvrage majeur, à ce bémol près : on nous indique que Gould lui-même aurait peut être légèrement infléchi son jugement dans ce livre.
Nous vous encourageons à vous faire une idée par vous-même en lisant Vices et vertus de S. J. Gould, de Serge Larivée, de l’université de Montréal, Revue québécoise de psychologie, vol. 23, n°3, 2002, pp 7 – 23).

  • Les harmonies de la nautre à l’épreuve de la biologie, Pierre-Henri Gouyon

CorteX_Gouyon_HarmonieLa croyance dans une Nature harmonieuse qui prédominait au XVIIIe siècle a progressivement été mise à mal par les avancées de la biologie. Au travers de plusieurs exemples, l’auteur bat en brèche avec concision la notion d’harmonie, en utilisant les acquis du programme néo-darwinien. Un livre court, dense, qui amènera un non-spécialiste à rester en suspend de longues minutes sur la même page tant certaines idées sont puissantes, mais qui réserve de belles surprises et de grandes stimulations intellectuelles sur des sujets à cheval entre science et idéologies.
INRA-Quae 2002. Commander ici

  • Le Fabrique de l’homme. Pourquoi le clonage humain est irréversible…, Laurent Ségalat

CorteX_la-fabrique-de-l-homme-laurent-segalatPlus de dix ans après la naissance de la brebis Dolly, le clonage reproductif reste un foyer sans fond de débats éruptifs, aussi bien pour des raisons cohérentes qu’à causes de scénarios fantasmagoriques. L. Ségalat reprend ici l’analyse de ce que d’aucuns perçoivent comme un « mal absolu ». La recherche sur le clonage, que le législateur conditionne à une peine de prison de trente ans, et sa promotion, elle aussi punie par la loi, mérite pourtant un décorticage approfondi, ne serait-ce que pour anticiper le pire. Ségalat, comme dans son ouvrage précédent  La science à bout de souffle ?, allie plume, clarté et honnêteté intellectuelle. A mettre entre ses oreilles pour faire fumer son cerveau.  Bourin éditeur, 2008.


Histoire

  • Les historiens de garde – De Lorànt Deutsch à Patrick Buisson, la résurgence du roman national, William Blanc, Aurore Chéry, Christophe Naudin, Inculte Essai, 2013.

Psychologie

  • Le génie de l’intuition, Gerd Gigerenzer

CorteX_Gigerenzer_intuitionAu CorteX, grâce à Denis Caroti, nous connaissions Penser le risque de Gerd Gigerenzer, excellent livre approchant la question des appréciations des risques et du mésusage des statistiques. Quand nous sommes tombés sur le titre de ce livre du même auteur, nous avons pris peur : Le génie de l’intuition : Intelligence et pouvoirs de l’inconscient. L’inconscient ? Ouyouyouïlle… serait-ce une éternelle resucée de l’inconscient freudien ? Nous avons tout de même osé l’acheter et c’est une très bonne surprise.
Il s’agit moins de flatter l’intuition, que de montrer comment il arrive que celles et ceux qui connaissent moins un sujet utilisent le « pif », l’intuition avec un succès supérieur aux plus fins connaisseurs. Quelques expériences sont montrées qui sont tout à fait stimulantes. J’y ai (RM) senti parfois une sorte d’éloge de l’ignorance et un encouragement récurrent à l’intuition qui gênera probablement ceux qui comme moi sont témoins des Charbyde et des Scylla vers lesquels l’intuition pousse parfois. Au vu du contenu pertinent, j’ai l’impression que le titre est plus volontiers un coup marketing.


Pédagogie

  • Francisco Ferrer, une éducation libertaire en héritage, de Sylvain Wagnon

CorteX_Wagnon-Francisco-Ferrer-une-education-libertaire-en-heritagePour des rationalistes pédagogues comme nous, quelle gifle que de redécouvrir l’histoire et les combats de Francisco Ferrer (1859-1909), l’anarchiste, le pédagogue, le franc-maçon et le rationaliste, qui lutta pour l’ouverture d’une école libre penseuse et rationaliste, et laissa la vie dans ce combat. Sylvain Wagnon, enseignant-chercheur à l’Université de Montpellier 2, nous emmène dans son livre au croisement de plusieurs histoires : celle de l’anarchisme, de l’éducation libertaire mais aussi de l’éducation nouvelle. En effet, cet anarchiste « éducationniste » s’engage dans l’élaboration d’un projet éducatif global, dans la lignée de celui de Paul Robin, mais avec ses propres convictions et sans limiter son action à la création d’une école rationaliste. On y trouve la traduction française en intégral de son ouvrage l’École moderne. En 1909, suite aux événements sociaux de « la semaine tragique » à Barcelone, Ferrer est accusé, notamment par le clergé catholique, d’en être l’un des instigateurs. Un tribunal militaire conduit, à l’issue d’une parodie de procès, à sa condamnation à mort. Il sera fusillé le 13 octobre.
Atelier Création libertaire 30 mars 2013. Commander ici.

Cours d'esprit critique à l'INSA de Lyon – « Je doute donc je pense »

Ce sont nos amis, mais ils sont discrets. Carine Goutaland, docteur ès lettres, secondée de quelques-uns de ses collègues dont le célèbre Stanislas Antczak assurent depuis quelquesCorteX_Stan_Antczak temps un cours à l’école d’ingénieurs INSA de Lyon intitulé
« Je doute donc je pense » : de l’importance de l’esprit critique (science, paranormal, manipulation)
Certes, il s’agit d’un cours pour le 1er cycle, non public. Cependant, si vous êtes enseignant-e, et souhaitez assister à une séance, écrivez-leur : carine.goutaland [at] insa-lyon.fr
Ci-dessous, les objectifs et les contenus.

 
 


OBJECTIFS : À partir d’une réflexion sur les pseudosciences (zététique, du grec zetein, « chercher »), il s’agit de sensibiliser les étudiants à la nécessité d’une démarche critique pour aborder la mise en discours et l’utilisation (médiatique, politique, etc.) du savoir scientifique.

L’objectif est d’élaborer une réflexion transdisciplinaire, mettant en œuvre à la fois les sciences pour l’ingénieur et les sciences humaines, sur l’apprentissage du doute dans un cursus scientifique.

COMPÉTENCES DÉVELOPPÉES :

  1. Appréhender un problème dans sa complexité (l’objet d’étude – les phénomènes paranormaux – exige par sa nature même une approche scientifique intégrant des perspectives sociologique, psychologique, linguistique mais aussi politique, économique, etc.)
  2. Conduire une démarche scientifique (critique et élaboration d’un protocole expérimental)
  3. Appliquer des méthodes d’investigation scientifique à un champ d’étude original
  4. Analyser un discours et une image de façon pertinente, comprendre et élaborer des stratégies argumentatives
  5. Travailler en équipe (projet de fin de semestre)
  6. Savoir communiquer (présentation orale, exercices d’argumentation…)
  7. Critiquer son propre travail de façon constructive (retour sur expérience lors de la soutenance de projet)

PROGRAMME :

  • Savoir douter : Principes et démarches de la zététique ; enjeux idéologiques, politiques et philosophiques du développement de l’esprit critique
  • Science et incertitude : méthodologie expérimentale ; hasard et statistiques ; le paradoxe de l’observation scientifique : incertitudes liées à la mesure et à l’interprétation de la mesure (théorie + réalisation d’expériences)
  • Rhétorique et argumentation – techniques de persuasion ; la manipulation à travers la communication verbale et non verbale, la manipulation par l’image

Les étudiants seront évalués par un travail écrit (analyse critique d’un document : stratégies de discours + critique d’un résultat d’expérience) et par un travail oral (projet collectif : production d’un protocole expérimental appliqué, activité interactive sur un sujet imposé, donnant lieu à une soutenance)

BIBLIOGRAPHIE : ARISTOTE, La RhétoriqueBOT L., Philosophie des sciences de la matière, Paris, L’Harmattan, 2007BROCH H., Le Paranormal. Ses Documents, ses Hommes, ses Méthodes, Paris, Le Seuil, collection Science Ouverte, 1985CHARPAK G. et BROCH H., Devenez sorciers, devenez savants, Odile Jacob, 2002

SUPPORTS PEDAGOGIQUES :

Alternance de cours théoriques, de cas pratiques (présentés par un binôme d’enseignants Humanités/SPI) et de suivi de projets personnels (soutenances) – Polycopiés

EQUIPE ENSEIGNANTE :

Carine GOUTALAND (PRAG Lettres, Humanités) – Philippe BOUSQUET (PRAG Lettres, Humanités) – Julie LECLERE (PRAG Lettres, Humanités) – Damien FABREGUE (MCF, SGM) – Stanislas ANTCZAK (intervenant expert extérieur, professeur de Physique au lycée d’Oullins, ex-président de l’Observatoire zététique)

Répartition du temps pédagogique :
Cours, conférences, … 22 h Total face à face : 30h
Participation active : TPs, débats, enquêtes, …

8 h

Travail personnel 12 h Maxi : 12h

 

Mode d’évaluation
Évaluation écrite OUI
Autre mode d’évaluation : rapport, soutenance, production … OUI

La kinésithérapie sabordée

Alors que la réforme de formation semblait bien engagée pour nos amis kinésithérapeutes, les dernières nouvelles issues d’un courrier des ministres de la santé et de l’enseignement supérieur ne sont pas rassurantes quant au niveau de sortie des étudiants de cette filière. En effet, le grade universitaire de licence proposé ne devrait qu’accroître la faiblesse épistémologique des futurs professionnels et faire la part belle à toute les pseudo-thérapies.


Le Masseur-kinésithérapeute est un professionnel de santé connu et reconnu depuis plus d’un demi-siècle en France. On s’imagine le Masseur-kinésithérapeute (MK) garçon ou fille, sympathique, le teint hâlé, d’allure sportive dans sa blouse blanche et mobilisant nos membres avec bienveillance. On lui confierait le bon dieu et la santé de nos proches sans confession, convaincu de la qualité et de la quantité de la formation médicale théorique et pratique qu’il a reçue. Notre méconnaissance des hiérarchies médicales nous ferait parfois l’appeler Docteur, ce qu’il n’est pas, mais témoigne de la confiance qu’on lui accorde. Si les cinquante dernières années ont permis à cette profession, née quasiment en même temps que notre sécurité sociale, de s’affermir parfois au prix de luttes acharnées, c’est au cours de la dernière décennie que son statut a réellement évolué.

Vers le cap alléchant de l’autonomie

Les dispositions réglementaires de l’hiver 2000[1], ont visé à responsabiliser les praticiens, les élevant d’un statut d’exécutant de techniques à un statut de décideur/prescripteur, responsable vis-à-vis non seulement du patient, mais aussi des médecins/prescripteurs et de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie. Réclamée de longue date par la profession, cette responsabilité plus grande dans la planification thérapeutique devait logiquement s’accompagner de modifications de la formation et de l’exercice professionnel. Un conseil national de l’ordre veillant au maintien des principes de moralité, de probité et de compétence indispensables à l’exercice professionnel était créé en même temps qu’une réflexion sur les contenus de formation et la réingénierie du diplôme, à intégrer dans un cursus Licence-Master-Doctorat.

Débordée des deux cotés

Le besoin de réforme de la formation initiale est d’autant plus crucial et urgent que la kinésithérapie est une discipline chargée du poids du devenir fonctionnel des patients. Pourtant, son socle repose sur des sables mouvants. Responsabiliser les praticiens dans leurs stratégies thérapeutiques n’a de sens que s’ils sont aptes à faire des choix éclairés parmi l’offre des techniques disponibles, dont la profusion peut étonner. Or le développement des technologies de l’information et de la communication s’est traduit par une augmentation spectaculaire de la diffusion d’informations de santé, au point de rendre cette offre pléthorique et d’y – potentiellement – noyer le « gentil kiné » qui est désormais bien en peine d’exercer une sélection critique dans ce marécage. Il se retrouve vite débordé de toute part dans sa légitimité, d’un côté, par les instituts de soin et de bien-être, de l’autre,  par les thérapeutes auto-proclamés usant de techniques sans fondement scientifique. On comprend donc l’impérieuse nécessité qu’il y a de permettre aux kinésithérapeutes de disposer d’outils pour faire un tri des éléments constitutifs de leur profession autant que de savoir les appliquer. Cette nécessité est d’autant plus grande que le secteur du bien-être et des thérapies dites “alternatives” est en pleine expansion, avec son cortège de techniques non éprouvées fleuretant avec l’étrangeté et l’exotisme en guise de lettres de noblesses, et qui revendiquent tous les oripeaux de la rééducation.

Le sabordage organisé

Sans formation initiale suffisante, point de salut pour cette profession bringuebalée.L’acquisition des connaissances méthodologiques, théoriques et techniques permettant aux professionnels de faire des choix éclairés, d’appliquer des techniques adaptées à chaque patient considéré avec bienveillance et humanité, prend du temps. N’en déplaise à certains responsables politiques, les kinésithérapeutes sont prêts à assumer leurs nouvelles responsabilités pour peu qu’on leur en laisse l’opportunité et qu’on leur en donne les moyens. Ces moyens passent par une formation initiale des kinésithérapeutes dans un cursus universitaire menant au minimum au grade de Master car seule l’acquisition de ce grade permettrait aux étudiants d’avoir un volume d’heures d’enseignements suffisants pour développer leur esprit critique. Il faut notamment du temps pour une formation « par » et « à » la recherche scientifique, reconnue comme l’école de l’acuité et de la rigueur intellectuelle exigeant de dépasser les efforts de ses pairs et permettant d’acquérir les qualités indispensables aux professions de santé. Le grade de Doctorat, qui serait à créer pour cette discipline, pourrait quant à lui ouvrir aux Masseur-kinésithérapeutes l’accès à des postes d’enseignant-chercheur connus pour dispenser un enseignement nourri par la recherche, donc fondé sur l’« evidence based practice », garante de la qualité des soins offerts au patient. Cela ferait de l’art kinésithérapique une science à part entière, et non une demi-science. Mais foin d’emballement ! Ces propositions d’évolution, pourtant logiques, ne semblent pas retenir l’attention des ministères en charge de la santé et de l’enseignement supérieur. Selon un courrier du 25 janvier, co-signé par les ministres des Affaires sociales et de la Santé et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, les kinésithérapeutes sortiront par la petite porte avec un niveau de licence, ouvrant un peu plus large les brèches ouvertes aux prises en charges fantaisistes et aux techniques sans efficacité. Puisse cet article faire perfuser une pensée politique asséchée et contribuer à réanimer les droits des professionnels et des patients afin que leur demande d’une formation des professionnels digne de notre système de soin soit (enfin) entendue par les ministres de tutelle.

Nicolas Pinsault


[1] Arrêté du 22 février 2000 modifiant l’article 4 de l’arrêté du 6 janvier 1962.

Le jeu des trois boîtes, ou problème de Monty Hall

Connaissez-vous Monty Hall ? C’est le nom d’un présentateur télé états-unien qui a présenté pendant près de treize ans le redoutable jeu Let’s make a deal mettant en scène un casse-tête probabiliste tout à fait contre-intuitif, et par là même, stimulant la pensée critique. Ce « faux paradoxe » dont la première forme connue a plus d’un siècle est également connu sous le nom du « jeu des deux chèvres et de la voiture ».
Une première version de ce casse-tête nous a été envoyée par Louis Dubé, des Sceptiques du Québec. Suite à sa publication sur cette page, un enseignant de mathématiques en classe préparatoire, Judicael Courant, nous a soumis une version pleine de variantes, ludique, élaborée à quatre mains avec son collègue Walter Appel, qui ne postule plus la bienveillance de l’animateur. De quoi faire chauffer nos neurones.


Version initiale 

CorteX_Monty-Hall

  • 100 $ sont cachés sous l’une de trois boîtes, identifiées : A, B et C.
  • On vous demande de choisir sous laquelle des trois boîtes se trouve l’argent.
  • Ignorant sous laquelle des boîtes se trouve l’argent, vous choisissez au hasard la boîte A.
  • Pour vous aider, on dévoile qu’il n’y a pas d’argent sous la boîte B.

QUESTION : Conservez-vous votre choix : A ?

1. Oui, je garde mon premier choix
2. Non, je change mon premier choix
3. Aucune importance (soit toujours garder, soit toujours changer)
4. Au hasard (l’un ou l’autre à « pile ou face » à chaque coup)

Pour la solution , cliquez sur ce lien : Louis Dubé, des Sceptiques du Québec, le partage avec nous sous une forme simple ; les plus férus de mathématiques pourront le résoudre avec le théorème de Bayes.

 

Variantes

Nous relayons ici les remarques de Judicael Courant sur le jeu des trois boîtes, envoyées au Cortecs en décembre 2014, ainsi qu’une version complètement démoniaque de ce  casse-tête.

Bonjour,
Enseignant de mathématiques et d’informatique en classe prépas, […] je suis cependant déçu par votre page sur le problème des trois boîtes car vous faites l’impasse sur une question qui me semble essentielle pour la résolution du problème : est-on sûr que, lorsqu’on nous dévoile qu’il n’y a pas d’argent sous la boîte B, c’est bien pour nous aider ?
Si on a des raisons d’en douter, la solution peut devenir très différente : par exemple dans le cas extrême ou celui qui a caché l’argent a un côté pervers, on peut penser qu’il ne nous propose de modifier notre choix que parce nous avons trouvé la bonne boîte. On pourrait aussi se demander si, lorsque nous avons choisi la bonne boîte, la personne qui nous aide choisit de façon équiprobable entre les deux boîtes restantes, ou si elle a une préférence (par exemple, elle prend la première dans l’ordre alphabétique).
Je soumets à votre sagacité l’exercice ci-joint que j’ai donné à mes étudiants de MPSI l’an dernier. C’est un énoncé repris sur un collègue, Walter Appel, que j’ai volontairement rendu un peu plus complexe […]. Il me semble en effet qu’il y a un point important à débusquer derrière les études de ce genre : elles partent d’hypothèses a priori, très souvent implicites et non remises en question.

Version initiale

En 1761, Thomas Bayes, théologien protestant, quitte pour toujours cette vallée de larmes. Il arrive aux portes du Paradis et, comme il n’y a plus beaucoup de places et que Bayes a parfois eu des opinions assez peu orthodoxes en manière de théologie, Saint Pierre lui propose le test suivant. T. Bayes est placé devant trois portes identiques, dont deux mènent à l’enfer et une au paradis, et il est sommé de choisir. N’ayant aucune information a priori, Bayes choisit une des portes au hasard. Avant qu’il ait le temps de l’ouvrir, Saint Pierre — qui est bon — lui dit : « Attends, je te donne encore un renseignement… » et lui ouvre une des deux autres portes (menant bien entendu à l’enfer). Que doit faire Bayes ? Garder sa porte, ou changer d’avis et prendre l’autre porte non ouverte ?

Variante 1

Reprendre l’exercice dans le cas où Saint Pierre a passé la soirée précédente à faire la fête, il ne sait plus du tout où mènent les portes et en ouvre une au hasard et se rend compte qu’elle mène à l’enfer.

Variante 2

Vous arrivez vous-même devant Saint Pierre mais vous remarquez qu’il a un pied de bouc : Saint Pierre a tellement fait la fête qu’il n’est plus en mesure de s’occuper des entrées et Satan en a profité pour le remplacer (en se déguisant). Vous imaginez assez vite ce que fait Satan : lorsqu’un candidat a choisi une porte,

  • si elle conduit vers l’enfer, il le laisse prendre la porte choisie 
  • si elle conduit vers le paradis, il lui montre une porte conduisant vers l’enfer et lui propose de changer.

Vous choisissez une porte, Satan vous propose de changer. Que devez-vous faire?

Variante 3

En fait, vous réalisez que Satan est bien plus pervers que cela:

  • si le candidat choisit une porte conduisant vers l’enfer, il lui propose quand même de changer avec la probabilité p1
  • si le candidat choisit la porte conduisant vers le paradis, il lui propose de changer avec la probabilité p2.

Que devez-vous faire?

Ateliers "sciences, zététique et esprit critique" en collège

CorteX_couteau_suisse_critiqueCes ateliers ont pour but de mobiliser des compétences critiques sur des sujets « bizarres », donc pédagogiquement stimulants, afin de construire un outillage scientifique de recherche des données chez des élèves souvent submergés par un flux permanent d’informations. Voici quelques exemples de productions des ateliers « zététique et esprit critique » en collège. Si ces initiatives vous intéressent, consultez notre petit mode d’emploi pour monter un atelier en collège ainsi que les idées de contenus du livret « Esprit critique es-tu là ? 30 activités zététiques pour aiguiser son esprit critique« .


Atelier « Sciences, zététique et esprit critique » saison 2012/2013 au collège Champollion à Grenoble, Nicolas Gaillard.

 

Les pouvoirs du corps : insensibilité à la douleur

  • Mise en œuvre de l’atelier « insensibilité à la douleur » en atelier zététique

[dailymotion id=xxdch8]

 

Les pouvoirs du corps : la paille magnétisée

  • Mise en œuvre de l’atelier « télékinésie » en atelier zététique

[dailymotion id=xxddyi]

  • Un autre exemple de télékinésie en atelier zététique en collège : lévitation d’objets

[dailymotion id=xzwl24]

Prémonitions, hasards et coïncidences « extraordinaires » : le bizarre est probable

  • Une petite mise en pratique du tri des données en atelier zététique en collège : habilité

[dailymotion id=xzwm4y]


Atelier « Sciences, zététique et esprit critique » au collège Lucie Aubrac de la Villeneuve de Grenoble, saison 2013, Julien Peccoud.

Voici un petit bilan des quelques séances d’atelier de zététique avec 4 à 8 élèves.

Séance 1

Introduction / situation d’appel : Présentation des vidéos de basket et de lancers de canettes trouvées sur Internet. Réflexions sur la présence ou non d’un certain « talents » des protagonistes.

Explication du « tri des données »

Mise en activité : On décide donc de faire une vidéo basée sur des lancers improbables. On a filmé des jets de boulettes de papier dans la corbeille. (Malheureusement, on a eu que 3 réussites… )

Séance 2

Introduction / situation d’appel : Discussions sur les coïncidences de la vie de tout les jours et présentation des coïncidences retrouvées autour du 11 septembre.

Explication du « biais de confirmation »

Mise en activité : on a cherché des corrélations avec le chiffre 9 de partout dans le collège et on a trouvé pas mal de trucs.

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=YB1g9nRVBGE]

Séance 3

Fin du travail précédent avec encore plus de données recueillies sur le chiffre 9 dans le collège.

Mise en activité : Recherche et début de rédaction de l’histoire du chiffre 9 qui fait planer un mystère autour du collège. Travail sur la scénarisation.

Le collège de la Vill9
Lors de sa création, l’architecte en chef Jean LOVERA a laissé de mystérieux indices autour du chiffre 9
Fait important, l’architecte s’est arrangé pour que la première rentrée scolaire ait lieu le 03/09/1995 (3+9+1+9+9+5 = 36 ; 3 + 6 = 9 !)
A partir de ce moment, le chiffre hante le collège et influe sur sa destinée. Tout va faire pour que ce nombre se retrouve partout, comme si un esprit planait sur l’établissement jusqu’à son nom : le nombre de lettres de « Collège Lucie Aubrac » est de 18 (1 + 8 = 9).
De plus, Lucie Aubrac est née un 29 juin (29/06) et est morte le 14 mars (14/03) de l’année 2007 (2+0+0+7 = 9 !). Si l’on soustrait ses jours de naissance et de décès, on obtient 15 (29-14). Si l’on fait de même avec les mois on obtient 3 (6-3). Or 15+3=18 et 1+8=9 !!
Ce collège a été construit selon des règles bien précises basées sur le chiffre 9.
• Par exemple, la bâtiment fait 18 de hauteur : 1 + 8 = 9
• Il est en forme de cercle, comme une soucoupe volante, soit 360° : 3 + 6 + 0 = 9.
• Le nombre de marches pour arriver au premier étage est de 27 : 2 + 7 = 9
• Les grilles d’aération comportent 9 carreaux de côté
• Il y a 9 lampes au plafond de la salle de science
• La hauteur des fenêtres est de 63cm : 6 + 3 = 9
• La hauteur des tables des salles de science est de 90cm
• Ces tables font aussi 90cm de côté et sont en forme d’hexagone (6 côtés). Cela fait un périmètre de 540cm : 5 + 4 = 9 !
Lors d’une recherche plus précise, nous nous sommes rendu compte que ce chiffre organisait totalement les salles et ce qu’on y trouvait. Dans la salle de science, un affiche montre les 9 pictogrammes de chimie, les produits sont rangés par 9 flacons, etc…
C’est lors de cette révélation que d’autres indices coïncidaient.
La révélation est apparu à un groupe d’élèves le lundi 8 avril 2013 à 17h09 (!) (8/04/2013) : 8+0+4+2+0+1+3 = 18 et 1 + 8 = 9
A ce jour, le nombre d’élèves du collège était de 315 : 3 + 1 + 5 = 9 !
Ce même jour, en sortant du collège, 3 professeurs ont pu observer un magnifique arc en ciel et, ce qui est très rare sur Grenoble, il était de 180° : 1 + 8 + 0 = 9. Il était exactement 18h09 !

En fin de séance, je dit aux élèves que l’on veut leur faire passer un test de personnalité et de graphologie. Ils·elles auront quelques questions à répondre. On leur dit que ces questionnaires vont être dépouillés et analysés de manière anonyme par le département psychologie cognitive de la fac de Grenoble pour un étude sérieuse. Après les vacances, ils·elles auront le résultat !

Voir le fichier du questionnaire-phrases-puits

Séance 4
C’est le retour des vacances et on leur a préparé des fiches de résultat par rapport à leur test d’avant les vacances
(Ces résultats sont bien évidemment tous identiques (sauf le numéro d’anonymat changeait sur le haut de la feuille).
Mise en activité : Ces fiches sont dans des enveloppes avec un numéro. On dit que le numéro est le numéro d’anonymat et on distribue la fiche correspondante. On leur donne donc une enveloppe (soit-disant) « personnalisée ».
On leur demande de la lire en silence chacun·e sur une table et d’évaluer la pertinence des propos en remplissant la fiche d’évaluation.
Résultat : Certains sont totalement choqués de voir comme cela correspond bien et pensent même que l’université a dû faire des recherches sur eux. Ils·elles n’en reviennent pas. On arrive à une note de 4 sur 5 de moyenne.
Par la suite, on reprend les feuilles et on les mélange pour les redistribuer au hasard en leur demandant de la lire pour essayer de savoir à qui elle correspond (étant donné qu’ils·elles se connaissent, ça devrait être facile…).
Cela dure encore car les élèves pensent que l’on à triché en leur redonnant la leur… ça devient carrément cocasse…
Explication de la notion de phrases puits et de l’effet Barnum.
Discussion autour des générateurs de phrases puits avec l’idée d’en fabriquer un.

Voir le fichier de résultat du test « personnalisé » : texte-effet-barnum et les deux générateurs de phrases puits : generateur-phrases-puits-delegues-classe et generateur-phrases-puits-politique.

Atelier Esprit critique & Travail – la Fabrique du futur

J’ai co-animé avec notre compère Philippe Rennard un atelier sur le sujet du travail dans le cadre du cycle de coformation de la Fabrique du futur, à Grenoble. Voici le déroulé de cet atelier et le matériel utilisé pour aborder des notions d’esprit critique dans le vaste domaine du travail, que ce soit dans la présentation de chiffres ou de graphiques ou dans les discours politiques.


Cet atelier avait pour objectif de décortiquer des discours politiques et médiatiques autour du monde du travail afin de mettre en lumière des techniques de manipulations langagières, de raisonnements fallacieux, et l’utilisation abusive de chiffres et de données scientifiques.

Après le décorticage d’exemples, le groupe était ensuite invité à échanger sur les enjeux et les implications de ces petites et grandes manipulations.

1ère étape : un peu d’outillage critique

Avant de partir sur le terrain il est nécessaire de s’équiper.CorteX_Chiffre_chomage_comparaison_graphique_Le_Petit_journal_29_11_2011_image2 J’ai donc présenté une partie des techniques de manipulation des chiffres, de leur présentation fallacieuse et des moyens de s’en prémunir en utilisant essentiellement du matériel tiré de l’article de Nicolas Gauvrit et du matériel de Guillemette Reviron : Mathématiques et statistiques – Graphiques, attention aux axes ! .
Cet outillage est important car il permet de tordre le cou à l’idée d’une objectivité totale dans la présentation de résultats scientifiques, qui bloque le débat et empêche toute contestation sous le prétexte que « c’est arithmétique ! on ne peut donc rien y faire ». Comme le dit Franck Lepage « On ne va pas descendre dans la rue en disant : non à l’arithmétique, non à l’arithmétique ! ».
Comprenons bien que si les données de bases sont objectives, la manière dont on en rend compte ne l’est pas forcément.

2ème étape : utilisation de données scientifiques

Des chiffres du chômage jusqu’aux sondages d’opinion, les discours politiques et médiatiques à propos du travail sont régulièrement étayés par des données de type scientifique. Pourtant ces données apparemment objectives peuvent être largement dévoyées, que ce soit pour mieux coller à la ligne éditoriale d’un journal, à celle d’un courant politique. J’ai présenté deux exemples.

1er exemple : le Journal du dimanche du 12 octobre 2008 affiche en couverture « Sondage : les Français veulent travailler le dimanche. »

L’article s’appuie sur un sondage Ifop-Publicis et indique que 67% des français veulent travailler le dimanche. Pourtant, quand on prend le temps d’éplucher ledit sondage, on se rend compte que la question était posée d’une bien curieuse façon.
Question : « travailler le dimanche est payé davantage qu’en semaine. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous ? ».
CorteX_travai_Titre choc2Réponses possibles :
– non jamais (33%)
– de temps en temps  (50 %)
– toujours  (17 %)
 
On note que la question n’est pas « voulez-vous travailler le dimanche ? » ou « êtes-vous favorable au travail le dimanche ? » comme le titre de l’article semble l’affirmer.
La question est construite d’abord sur une prémisse (travailler le dimanche est payé davantage qu’en semaine) puis une hypothèse (si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous ?). Cette construction oriente particulièrement les réponses des sondés, qui n’ont que le choix d’accepter la prémisse de départ qui ne va pourtant pas de soi (travailler le dimanche n’est pas forcement payé plus) et qui se centre sur l’aspect pécuniaire.
Enfin, les réponses possibles sont restreintes : – non jamais – de temps en temps  – toujours. La proposition de réponse à 3 entrées induit presque automatiquement un effet Bof en offrant une réponse moyenne, consensuelle : « de temps en temps », ce qui expliquerait peut-être les 50% pour cette réponse.
Les 3 entrées offrent, en outre, la possibilité de présenter les résultats à la guise du commentateur : « Travail le dimanche : 67% des français y seraient favorables », c’est-à-dire, 50 % « de temps en temps » + 17 % « toujours ».  Mais on pourrait commenter également : « Travail le dimanche : 83 % des français n’y seraient pas vraiment favorable » : c’est-à-dire 50 % « de temps en temps » + 33% « non jamais ».
Cette présentation joue sur un effet Bi-standard, qui consiste à raisonner selon deux standards différents selon les circonstances, en gros changer les règles en cours du jeu.
Article lié, sur Agoravox

2ème exemple : Le Figaro.fr du 12 Octobre 2010 titre « Partir plus tôt en retraite peut nuire à la santé »

CorteX_travai_Le figaro_travail et sante« Partir plus tôt en retraite ne permet pas forcément aux ouvriers d’en profiter plus longtemps. Au contraire, un rapport publié par l’Institut allemand pour l’étude du travail, montre que cela augmente les chances de mourir prématurément », annonce l’article du Figaro en octobre 2010, étude scientifique à la clé.
Fatal Attraction ? Access to Early Retirement and Mortality”, Andreas Kuhn Jean-Philippe Wuellrich, Josef Zweimüller, Institute for the Study of Labor, August 2010.

Là encore, la lecture de l’étude nous apprend beaucoup de choses, entre autres ces conclusions des chercheurs  : « Pour les hommes, partir à la retraite un an plus tôt augmente de 13,4% les chances de mourir avant 67 ans. Pour les femmes, en revanche, un départ à la retraite anticipé n’a aucun effet sur l’âge du décès » est interprété par le Figaro comme « Partir plus tôt en retraite peut nuire à la santé » C’est une simplification pour le moins radicale.

Ensuite l’article du Figaro ne mentionne pas une donnée importante. En effet, les chercheurs parlent de retraites volontaires et de retraites non volontaires (licenciements par exemple) : « La retraite précoce concernant les départs volontaires ne semble pas liée à la mortalité, alors que la retraite précoce causée par des licenciements involontaires l’est ». Cela change la conclusion de cette étude par rapport à la présentation qu’en fait l’article.

Enfin, l’article du Figaro ne mentionne pas les hypothèses d’explication des chercheurs, conclusion de l’étude : « Finalement, nous apportons des éléments prouvant que la retraite précoce involontaire a un effet négatif sur la santé, mais pas nécessairement la retraite précoce volontaire »

Ce sont bien les départs en retraite « involontaires » qui auraient un impact significatif sur la mortalité, et non le fait – en lui-même – de partir à la retraite plus jeune. Nous avons donc affaire à un effet Cigogne.
On peut se demander si l’article du Figaro n’a pas été construit d’abord sur une conception idéologique – qui serait : « partir en retraite plus tôt n’est pas forcément une bonne chose » – puis étayé ensuite par les données de l’étude scientifique, non sans de petits oublis et de grandes simplifications. Cela s’apparente à un effet petit ruisseaux : si les petits ruisseaux font les grandes rivières, les petits oublis (ou erreurs) permettent les grandioses théories. Pour éviter cet effet, on peut se poser la question suivante : tous les paramètres sont-ils donnés et donnés correctement ?

Article lié, sur Acrimed


3ème étape : supports vidéo

Désormais lourdement armé contre les manipulations, mon co-animateur Philippe Rennard a pris le flambeau pour présenter une série de documents vidéos comme supports de discussion. Il présente, quatre exemples de vidéos et résume les réactions qu’elles ont pu susciter.
Ces commentaires s’inscrivent dans le travail de réflexion de la fabrique du Futur : « Un autre monde du travail est possible… oui, mais lequel ? » 

1/ Serge Dassault et la valeur « travail »

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=cCnEYdhtqJM]

Dans cet exemple Serge Dassault oriente la pression sur les salariés :

  • en comparant l’incomparable, à savoir (bons) travailleurs chinois et (mauvais) français, sans même évoquer les différences abyssales entre les standards socio-productifs des pays respectifs ;
  • en nivelant par le bas : nous devrions culpabiliser de ne pas travailler assez, au lieu de nous mobiliser contre l’exploitation des travailleurs chinois.
C’est un discours qui fait fi des contraintes concurrentielles et des injonctions productivistes
 
 

2/ UMP : la République du travail et du mérite

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=PfnXQixZXvg]Dans cet exemple, Camille Bedin tente de masquer la répartition arbitraire des richesses :

  • sous couvert de l’idée reçue « la réussite ne pourrait s’accomplir en dehors du travail ». C’est la représentation d’un travail qui (par la magie du mérite) engendrerait la réussite sociale qui est inlassablement répétée ici ;
  • sous le concept « d’égalité des chances », cache-sexe des inégalités auxquelles aboutit une économie basée sur le capitalisme. Les déclinaisons récentes de ce concept vont de la Bourse au mérite aux internats d’excellence, structures sujettes aux discriminations positives qui permettront d’entretenir le mythe de l’ascension sociale ;
  • sous la gabegie de « l’assistanat » désignée comme cause de tous les maux économiques et sociaux. Cela résulte pourtant des impasses de l’idéologie du mérite dont le seul partage des richesses n’assurerait certainement pas la paix sociale.

3/ Wauquiez et les contreparties au RSA

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=hp0hX7XMdMs]

Laurent Wauquiez tente dans cet exemple de rendre évident des conditions à l’octroi de minima sociaux :

  • en manipulant les chiffres. Selon lui, un couple au RSA gagnerait plus qu’un couple au SMIC. C’est faux ;
  • en substituant à l’emploi salarié un service bénévole de travail obligatoire ;
  • en plafonnant, c’est-à-dire en réduisant les aides de l’État.

Autant de stratégies qui s’effondreraient avec par exemple un revenu de base inconditionnel.


4/ Un jour sur quatre, un Québécois perd la vie au travail

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=9jwNUlbYIYU]

Dans cet exemple le message tente de concilier santé et travail au sein d’une économie qui les rend profondément incompatibles :

  • on travaille pour gagner notre vie, pas pour la perdre. Difficile de ne pas déceler ici un détournement du slogan « soixante-huitard » « on ne veut pas perdre notre vie à la gagner« . Augmenter la sécurité sur un lieu de travail risqué préserve moins de vies que refuser tout travail dans des conditions hasardeuses.
  • la touche patriotique finale et anthropomorphique (le Québec a besoin de tous ses travailleurs) arrive comme pour convaincre de l’intérêt supérieur de la mobilisation dans l’intérêt du « travail » mais pas forcément des salariés.

Philippe Rennard et Nicolas Gaillard

Économie – Matériel critique pour élaborer le post-capitalisme

Nos ami-es d’Antigone l’appellent la Fabrique du futur. Le point de départ est pourtant simple : de plus en plus nombreux sont les contestataires du modèle économique capitaliste et des politiques néo-libérales (voir par exemple les derniers grands sondages de BBC news 2009).
La question qui meut toutes ces initiatives est la suivante : peut-on étayer scientifiquement la contestation du modèle économique dominant ? Et que  peut-on proposer à la place ?
Voici une contribution du CorteX : fournir du matériel audio critique sur la science économique et son paradigme dominant. Puissent ces documents fournir de quoi élaborer des ateliers stimulants et questionnant les concepts scientifiques de base.

Certaines de ces émissions sont de très bonne qualité, d’autres beaucoup moins – elles peuvent dans ce cas servir à illustrer des lieux communs ou des idées reçues. Il s’agit en quelque sorte d’un matériau « brut », que j’ai groupé en 5 entrées.  On remarquera que les  sources sont souvent les mêmes. Il s’agit moins d’une sélection partiale  de ma part que du constat de la pauvreté des critiques du capitalisme sur les ondes. On notera aussi qu’il y a beaucoup d’hommes qui causent : l’économie est-elle une matière « genrée » ?

Économie politique

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Alain Denault

Noir Canada, par Alain Denault

(France Culture, émission Terre à terre, 18 février 2012)

Entretien avec Alain Denault, philosophe, sociologue, auteur de « Noir Canada, corruption et criminalité en Afrique » (Ecosociété, 2008) et de « L’économie de la haine » (Ecosociété, 2011).

Télécharger – Écouter :

Entrevue d’Ernest Antoine Seillière

(France Inter, Le 7/9, 2 mars 2012)

Ernest Antoine Seillière est invité à parler de son livre On n’est pas là pour se faire engueuler. Il y donne son point de vue sur les très riches, sur le capitalisme, sur la mise en place des 35 heures, sur les responsables de la crise de 2008 etc. C’est le point de vue très partial de l’ancien président du syndicat patronal, le MEDEF.

Dette publique

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Eric Toussaint

La dette ou la vie !

(France Inter, émission Là-bas si j’y suis,14 et 15 décembre 2011)
Avec Eric Toussaint

Partie 1 – Télécharger (39Mo) – Ecouter :

Partie 2 – Télécharger (40Mo) – Ecouter :

Privatisation des médias – Intrication journalisme & capitalisme financier

Émission sur le documentaire Les nouveaux chiens de garde, de Gilles Balbastre et Yann Kergoat

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Jean Gadrey

(France Inter, émission Là-bas si j’y suis, 5 et 6 janvier 2012)
Avec l’économiste Jean Gadrey, les journalistes Michel Naudy, Gilles Balbastre et Serge Halimi.

Partie 1 – Télécharger (36Mo) – Écouter :

Partie 2Télécharger (36Mo) – Écouter

Émissions « Le cauchemar des années 80 »

(France Inter, émission Là-bas si j’y suis, du 22 au 29 novembre 2011)

Avec les journalistes Gilles Balbastre, Pierre Rimbert, Serge Halimi, l’historien des idées François Cusset, l’économiste Frédéric Lordon.

Partie 1 : Télécharger , écouter :

Partie 2 : Télécharger , écouter :

Partie 3 : Télécharger , écouter :

Partie 4 : Télécharger , écouter :

Partie 5 : Télécharger , écouter :

Partie 6 : Télécharger , écouter :

Partie 7 : Télécharger , écouter :

CorteX_Pierre_Rimbert
CorteX_Serge_Halimi
CorteX_Francois_Cusset
CorteX_Frederic-Lordon

Privatisations et réforme des retraites

L’enjeu des retraites

(France Inter, émission Là-bas si j’y suis, 2 septembre 2010)
Avec l’écrivain Bernard Friot.

Télécharger (37Mo) – Ecouter :

Une mise en scène par la Scop Le pavé est visionnable en bas de l’article.

Fiscalité

Devenez riche, ne payez plus d’impôt

(France Inter, émission Là-bas si j’y suis, 20 janvier 2012) Reportage de Charlotte Perry.

Télécharger (48Mo) – Écouter

Prenons l’argent là où il se trouve : chez les pauvres

(France Inter, émission Là-bas si j’y suis, 30 mai 2010). Reportage de Charlotte Perry.

Télécharger (45Mo) – Écouter :

Taxez-nous !

(France Inter, émission Là-bas si j’y suis, 30 aout 2011) Avec les sociologues Monique et Michel Pinçon Charlot.

CorteX_Pincon-charlot
Monique et Michel Pinçon-Charlot

Télécharger (41Mo) – Écouter :

Le temps des riches, anatomie d’une sécession

PARIS : Thierry Pech
Thierry Pech

(France Culture, émission la suite dans les idées, 8 octobre 2011). Avec Thierry Pech, directeur de la rédaction du magazine Alternatives économiques.

Télécharger (28Mo) – Écouter :

Fiscalité, la fabrique des inégalités 1 et 2

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(France Inter, émission Là-bas si j’y suis, 21 et 22 septembre 2011) Reportages de François Ruffin.

Partie 1 : Télécharger (38Mo) – Écouter :

Partie 2 : Télécharger (51Mo) – Écouter :

Au secours, les riches veulent s’en aller !
(France Inter, émission Là-bas si j’y suis, 5 novembre 2010) Reportage de Julien Brygo.

Télécharger (40Mo) – Ecouter :

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Julien Brygo

Vous avez des suggestions, des critiques ou d’autres documents à proposer ? Ecrivez-nous !

La folie des grandeurs, Gérard Oury (1971)

Bibliographie

Ici sont présentés les livres cités dans les émissions ci-dessus.

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MARX L’INTEMPESTIF, Grandeurs et misères d’une aventure critique (XIXe, XXè siècles), Daniel Bensaïd, Fayard (1995)

CorteX_Eco_atterres

Manifeste des économistes attérés – Crise et dettes en europe, Philippe Askenazy, Thomas Coutrot, André Orléan et Henri Sterdyniak, Les liens qui libèrent (2010)

CorteX_temps-des-riches-Pech

LE TEMPS DES RICHES, Anatomie d’une Sécession, Thierry Pech, Seuil (2011)

CorteX_Servet-le-grand-renversement

Le grand renversement : de la crise au renouveau solidaire, Jean-Michel Servet, Desclée de Brouwer (2010)

CorteX_Friot_retraites

L’enjeu des retraites, Bernard Friot, La dispute (2010)

CorteX_20_ans_aveuglement

20 ans d’aveuglement l’Europe au bord du gouffre, Economistes atterrés, Les liens qui libèrent (2010)

CorteX_Sapir_Trous_noirs_eco_

Les trous noirs de la science économique. Essai sur l’impossibilité de penser le temps et l’argent, Jacques Sapir, Albin Michel (2000)

CorteX_president_des_riches

Le président des riches, enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy, Monique Pinçon Charlot & Michel Pinçon, Zones, La découverte (2010)

CorteX_Lordon_Quand

Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises, Frédéric Lordon, Raisons d’agir (2008)

CorteX_Lordon_vertu

Et la vertu sauvera le monde, Frédéric Lordon, Raisons d’agir (2003)

CorteX_Lordon_fonds_pension

Fonds de pension, piège à cons, Frédéric Lordon, Raisons d’agir (2000)

CorteX_Lordon_Conflits

Conflits et pouvoirs dans les institutions capitaliste, Frédéric Lordon, Presses de la Fondation des Sciences Politiques (2008)

CorteX_Lordon_Crise_trop

La crise de trop, Frédéric Lordon, Fayard

CorteX_Ruffin_grande_trouille

Leur grande trouille – journal intime de mes « pulsions protectionnistes », François Ruffin,  Liens qui libèrent (Les) (2011)

Ordre monétaire et chaos social, Frédéric Lebaron, éditions du Croquant (2006)

La grande régression, Jacques Généreux, Seuil (2010)

Quand la gauche essayait, Serge Halimi, Arléa (2000)

La stratégie du choc, Naomi Klein, Actes sud (2008)

Adieu à la croissance de Jean Gadrey, Les petits matins (2010)

A l’ombre des niches fiscales, Katia Weinfeld,Economica (2011)

La dette ou la vie, Eric Toussaint et Damien Millet, Aden (2011)

Annexes

Fric, Krach et gueule de bois

de Daniel Cohen et Erik Orsenna, diffusée le 11 janvier 2011 sur France 2

Partie 1

Partie 2

Partie 3

Partie 4

Partie 5

 Mise en scène par la Scop Le pavé

Richard Monvoisin