Best of – Les meilleurs dossiers Z du semestre 20, mai 2015

Comme chaque année depuis exactement 10 ans, les étudiant-es qui suivent le cours Zététique & autodéfense intellectuelle à l’Université Grenoble-Alpes rendent des dossiers. Certains sont vraiment très bons, et méritent d’être diffusés. Cândido Godoi la « ville » des jumeaux, la route de Bimini, la table oui-jà, les capacités de reconnaissance d’ossement par les éléphants, l’influence de la musique sur les chèvres et le lait qu’elles produisent et le terrifiant mystère de la tartine beurrée.

Notez bien que pour des étudiant-es de 1ère et 2ème année, ce type de travail d’enquête est souvent une première pour elles-eux, aussi la forme est-elle parfois décousue, et les fautes pléthoriques. Peu importe : ce qui compte est la qualité de la recherche.

Examen de « zététique & autodéfense intellectuelle », mai 2015. Essayez !

Voici l’examen de l’unité d’enseignement Zététique & Autodéfense intellectuelle, ouverte aux licences 1 et 2 toutes disciplines à l’Université Grenoble Alpes. Auriez-vous eu une bonne note ? Vous avez deux heures, tous documents papier autorisés.

Documents autorisés / Ordinateurs, tablettes, smartphones non autorisées (car tout le monde n’est pas équipé de la même façon). Le corrigé est ici

Cours (5 points)

Question 1 (3 points)

Igor et Grishka Bogdanoff affirment que les lois de notre univers sont trop précises pour être apparues par hasard ou par accident. Par conséquent, l’univers doit avoir été créé par un être intelligent, pourquoi pas Dieu. Avons-nous affaire à une théorie scientifique ? Justifiez votre réponse.

Question 2 (2 points)

2) Quel est l’intérêt pédagogique et intellectuel du Monstre en spaghetti volant (Flying spaghetti Monster) ?

Thérapie (6 points)

Question 1 (3 points)

Le naturopathe autrichien Rudolf Breuss a développé dans les années 80 une cure contre le cancer appelée cure Breuss. Son principe est le suivant : faire « mourir le cancer de faim », en de donnant au malade que des jus de légumes (et un peu de tisane) pendant 42 jours. Dans son livre Krebs. Leukämie und andere scheinbar unheilbare Krankheiten, il affirme

  • qu’il s’agit d’une guérison naturelle,

  • que 100 % des gens qui l’utilisent sont satisfaits.

Quelles critiques pouvez-vous faire de ces deux affirmations ?

Question 2 (3 points)

Un de vos amis vous dit ceci :

« C’est fou, je me suis brûlé la main avec une casserole d’eau bouillante, j’ai téléphoné à un barreur de feu et hop ! Non seulement la douleur est partie rapidement, mais en outre je n’ai pas eu de cicatrice. C’est incroyable, mais les barreurs de feu, ça marche ».

Votre ami a-t-il raison ? Justifiez votre réponse.

Protocoles expérimentaux (5 points)

Question (1,5 points)

Un monsieur vous dit que chaque fois qu’il est seul, des esprits de défunts lui parlent dans sa tête. Quel type de protocole expérimental zététique mettriez-vous en place pour vérifier l’affirmation de ce monsieur ?

Question 2 (3,5 points)

Une dame vous dit être capable, avec sa baguette de sourcier, de deviner où il y a de l’eau sur n’importe quel terrain. Il lui suffit de se promener, et la baguette lui indique l’endroit. « Selon les mouvements de la baguette, je peux même donner la profondeur ». Quel type de protocole expérimental zététique mettriez-vous en place pour vérifier la capacité de la dame ?

Analyse de titres de presse (5 points)

Quelles critiques peut-on faire aux titres de presse suivants ?

  • Le sort s’acharne-t-il encore sur le Népal ?, Ismaël Karakawiwo’ole, Rainbow Press, 1er mai 2015

  • Hypnose : science ou arnaque ?, Alain Guillebot, Sciences & Avenir, mars 2015

  • Les grévistes de la RATP prennent encore en otage les parisiens, Mrkev Denisova, DNES, 14 février 2015

  • On pense avoir trouvé le gène de la violence, Lucas Bécou, Périgord sciences, décembre 2014

  • Les femmes sont sensibles, c’est leur nature, Virgolette Virrone, Freudismeonline.com, mars 2015

Bon courage ! Que l’esprit critique vous accompagne.

Le corrigé est ici.

Richard Monvoisin

Examen de « zététique & autodéfense intellectuelle », mai 2015 – Corrigé

C’était la première année qu’un tel examen sur table était proposé, contraint en cela par le nombre de personnes à évaluer (entre 300 et 350 chaque semestre). Alors qu’auparavant, des dossiers d’enquête scientifique étaient attendus, j’ai voulu voir si 350 copies étaient moins lourdes que 80 dossiers. Fatale erreur ! Non seulement c’est très pénible (35 heures de correction environ, avec pause obligatoire toutes les 10-12 copies sous peine de massacrer la dernière), mais en outre c’était sans compter le fait que j’avais, pour atténuer l’évaluation normative, proposé à qui souhaitait de rendre un dossier… Au final, j’avais mes centaines de copies, auxquelles se sont greffées une quinzaine de dossiers et… des étudiant-es non inscrit-es venu-e-s passer l’examen pour le fun (que j’ai évidemment corrigées). En conclusion, je me conforte dans l’idée que l’évaluation normative telle qu’elle est pratiquée devrait être abolie – hélas c’est difficile de faire entendre ça à l’université.

L’énoncé est disponible ici. Voici le corrigé-type. (total sur 21 points)

toc

Cours (5 points)

Question 1 (3 points)

Igor et Grishka Bogdanoff affirment que les lois de notre univers sont trop précises pour être apparues par hasard ou par accident. Par conséquent, l’univers doit avoir été créé par un être intelligent, pourquoi pas Dieu. Avons-nous affaire à une théorie scientifique ? Justifiez votre réponse.

Cette question était facile, car l’Intelligent design (dans sa version fine-tuning ici) a été traité à deux moments du cours. J’attendais :

  • raisonnement panglossien
  • irréfutabilité au sens de Popper
  • et entité surnuméraire au coût démesuré ne souscrivant pas à la parcimonie du rasoir d’Occam
  • éventuellement en plus une réflexion sur le hasard peu probable mais possible
  • (et pour les plus acharné-es, introduire les principes anthropiques forts et faibles)

Question 2 (2 points)

2) Quel est l’intérêt pédagogique et intellectuel du Monstre en spaghetti volant (Flying spaghetti Monster) ?

À l’instar de la théière de Russell, de la licorne invisible et rose ou du Dragon de Sagan et Druyand, le Monstre est utile pour les points suivants :

  • incontradictibilité, comme les autres dieux ;
  • la non-impossibilité n’est pas un argument d’existence ;
  • la charge de la preuve incombe à celui qui prétend (onus probandi) ;
  • les critiques exercées sur le monstre se retourne sur les autres croyances, qui elles aussi sont posées sans preuve et prônent l’acte de foi ;
  • contre-balance les revendications créationnistes ou intelligent design dans les contenus d’enseignement (si vous introduisez un argument téléologique dans l’enseignement, pourquoi pas celui du monstre ?)

Thérapie (6 points)

Question 1 (3 points)

Le naturopathe autrichien Rudolf Breuss a développé dans les années 80 une cure contre le cancer appelée cure Breuss. Son principe est le suivant : faire « mourir le cancer de faim », en de donnant au malade que des jus de légumes (et un peu de tisane) pendant 42 jours. Dans son livre Krebs. Leukämie und andere scheinbar unheilbare Krankheiten, il affirme :
– qu’il s’agit d’une guérison naturelle,
– que 100 % des gens qui l’utilisent sont satisfaits.
Quelles critiques pouvez-vous faire de ces deux affirmations ?

J’attendais la critique de la notion de « naturel » (voir à cette fin les travaux pédagogiques de G. Reviron et D. Caroti, ici) – sachant que même une tisane n’est pas « naturelle » puisque c’est une décoction artificielle. On pouvait pointer le discours latent « naturel / plantes / spiritualités vs. artificiel / médicaments / médecine scientifique ».

Le second point nécessitait une critique du mot « satisfait » (non équivalent à « guéri »), ainsi qu’une réflexion sur les probabilités inversées et le biais d’attrition ou « perdus de vue ».

Question 2 (3 points)

Un de vos amis vous dit ceci : « C’est fou, je me suis brûlé la main avec une casserole d’eau bouillante, j’ai téléphoné à un barreur de feu et hop ! Non seulement la douleur est partie rapidement, mais en outre je n’ai pas eu de cicatrice. C’est incroyable, mais les barreurs de feu, ça marche ».

Votre ami a-t-il raison ? Justifiez votre réponse.

Le mécanisme avait été expliqué en cours, mais même en ratant cet enseignement, on pouvait pointer suffisamment de biais classiques (effet cigogne douleur / gravité + Post hoc ergo propter hoc + tri sélectif des données + « ça marche » généralisé hâtivement + hypothèse du don par téléphone peu parcimonieuse au sens du rasoir d’Occam). Avec finesse, on pouvait indiquer que l’ami a probablement tort, mais que pour en être certain, un protocole était nécessaire.

Protocoles expérimentaux (5 points)

Question (1,5 points)

Un monsieur vous dit que chaque fois qu’il est seul, des esprits de défunts lui parlent dans sa tête. Quel type de protocole expérimental zététique mettriez-vous en place pour vérifier l’affirmation de ce monsieur ?

Ayant fait une question intestable de ce type au semestre dernier, l’effet de surprise n’a pas été le même, et beaucoup d’étudiant-es ont répondu « il est impossible de répondre à cette question« , ou « Mu » (que j’ai accepté mais ce qui n’est pas exactement adapté, Mu pointant un plurium affirmatum : « On ne peut correctement répondre à votre question car elle se fonde sur des présuppositions erronées ».). Cependant, certain-es m’ont pris à la lettre, et ont proposé de tester « des esprits de défunts s’expriment-ils dans sa tête quand le monsieur est seul ou en présence d’un sujet, présence randomisée ? » Cela ne teste pas l’affirmation complète, mais un petit bout, et c’est élégant, et j’ai compté quelques points tout de même.

Question 2 (3,5 points)

Une dame vous dit être capable, avec sa baguette de sourcier, de deviner où il y a de l’eau sur n’importe quel terrain. Il lui suffit de se promener, et la baguette lui indique l’endroit. « Selon les mouvements de la baguette, je peux même donner la profondeur ». Quel type de protocole expérimental zététique mettriez-vous en place pour vérifier la capacité de la dame ?

Nombre d’étudiant-es m’ont recraché le cours, sans donner la faisabilité de ce qu’ils proposaient. Rarement a été proposé concrètement une solution pratique type estrade avec tuyauterie et écoulement randomisée. Est fréquemment oublié le traitement statistique des résultats : même si je ne demandais pas le calcul, il faut préciser la prétention, la p-value, le mode de rejet ou d’inclusion des données, qui sont primordiaux pour ce genre d’expérience.

Analyse de titres de presse (5 points)

Quelles critiques peut-on faire aux titres de presse suivants ?

Le sort s’acharne-t-il encore sur le Népal ?, Ismaël Karakawiwo’ole, Rainbow Press, 1er mai 2015

  • « Sort », notion téléologique sans fondement, venant se substituer à l’aléa des phénomènes naturels.
  • « encore », plurium affirmatum, sous-entendant qu’il s’est déjà acharné.
  • « acharné » : mot à effet impact

Bien sûr je ne demandais pas de voir que l’auteur est un mixte entre mon collègue Ismaël Benslimane et Israël Kamakawiwo’ole, interprète hawaïen connu sous le sobriquet de IZ, célèbre pour sa version de la chanson de Arlen et Stothart « Over the rainbow ».

Hypnose : science ou arnaque ?, Alain Guillebot, Sciences & Avenir, mars 2015

  • Structure en faux dilemme, carpaccio dual ou de combat.
  • Opposition science et arnaque injustifiée – compétitive, mais non contradictoire.
  • « ? » qui permet au journaliste de ne pas se mouiller.

Alain Guillebot lui non plus n’existe pas: son nom est un semi-anagramme de mon collègue Albin Guillaud.

Les grévistes de la RATP prennent encore en otage les parisiens, Mrkev Denisova, DNES, 14 février 2015

  • « Prise d’otage » effet impact maximal et partisan
  • Désyncrétisation de l’information (rien sur les causes)
  • « les » grévistes opposés aux « parisiens », alors que les deux sous-ensembles sont fortement mêlés.
  • On pouvait aussi pointer que l’affirmation du journaliste est une sorte d’Homme de paille.

Si DNES (« aujourd’hui ») est une réelle revue tchèque, l’auteure n’existe pas. Mrkev en tchèque signifiant carotte, on a une pensée émue pour Denis Caroti. 

On pense avoir trouvé le gène de la violence, Lucas Bécou, Périgord sciences, décembre 2014

  • « on pense » mots fouines vidant la phrase de sa substance.
  • « gène de… » carotte, marronnier de la vulgarisation scientifique des années 2000.
  • plurium affirmatum : on présuppose que ce gène existe, ne reste qu’à le trouver.
  • Un gène n’est pas responsable d’un comportement spécifique, encore faut-il que le contexte se prête à son expression.
  • « Violence » : terme « puits ».
  • Carpaccio « appel à l’espoir ».

Périgord science n’existe bien sûr pas, mais appuyait le lamentable jeu de mot avec Cabecou, clin d’œil lointain à mon collègue intervenu en cours Julien Peccoud. Un étudiant a indiqué sur sa copie « Périgord science nous prend pour des truffes ».

Les femmes sont sensibles, c’est leur nature, Virgolette Virrone, Freudismeonline.com, mars 2015

  • « les » femmes, généralisation abusive
  • ndistinction sexe / genre, sans parler des intersexuations (abordées en cours)
  • argument essentialiste très coûteux au sens du rasoir d’Occam, alors que la construction du genre l’est bien moins.

Virronne est un anagramme de Reviron, virgolette le terme italien pour guillemet : encore un lamentable clin d’œil à ma collègue Guillemette Reviron. Quant a freudismeonline.com, il n’existe pas, mais il permettait à ceux qui le souhaitaient de faire référence au sexisme latent de la théorie freudienne. Anecdote : alors que je voulais parler de freudisme, certain-es étudiant-es y ont lu « Freud is me ».

Richard Monvoisin

Biais de publication et effet tiroir (qui certes, n’est pas commode)

Un biais de publication désigne le fait que les chercheurs (pour leurs CV) et les revues scientifiques (pour leur marketing)1 ont bien plus tendance à publier des expériences ayant obtenu un résultat positif que des expériences ayant obtenu un résultat négatif. Ce biais de publication entraîne un effet tiroir, les résultats négatifs restant « au fond du tiroir ». Cela crée une perception des résultats scientifiques un peu plus « belle » qu’elle ne l’est réellement, et crée parfois ce que l’on appelle des faux positifs.

Même lorsqu’elle ne cherche pas à tout prix le scoop, une revue est dans tous les cas peu encline à publier des résultats non significatifs d’un point de vue statistique 2. Que la revue, malgré une méthodologie irréprochable, ne publie pas les résultats contredisant l’hypothèse initiale (hypothèse qui postule généralement que le traitement testé a un effet) s’appelle le biais de publication 3. Compte tenu des efforts et du temps nécessaire à la publication d’un article par un scientifique, ce dernier peut, devant le biais de  publication, s’autocensurer, et préférer laisser ses recherches au fond du tiroir, sans chercher à les publier. C’est ce biais de pré-publication qu’on appelle l’effet tiroir, ou file drawer effect, nom donné par le psychologue Robert Rosenthal en 1979 4

Cet effet, fort peu documenté, tient sa première étude de Brian Martinson et ses collègues, chercheurs à la Health Partners Research Foundation, qui menèrent en juin 2005 une étude pour le journal scientifique Nature. L’équipe de Martinson envoya une enquête anonyme à des milliers de scientifiques financés par les National Institutes of Health : 6% des répondants reconnurent avoir « rejeté des données parce qu’elles contredisaient leur recherche antérieure », et plus de 15 % ont reconnu avoir fait fi d’observations parce qu’ils avaient « la conviction profonde » qu’elles étaient inexactes, ce qui fit conclure aux auteurs :

« Notre approche permet certainement de songer à l’existence d’un biais de non-réponse. Les scientifiques qui s’en sont montrés coupables étaient peut-être susceptibles de répondre moins souvent que les autres à notre enquête, sans doute parce qu’ils craignaient d’être découverts et sanctionnés. Ce fait, combiné avec celui qu’il y a probablement eu sous-déclaration des écarts de conduite parmi les répondants, tend à montrer que nos estimations des comportements délinquants demeurent prudentes »5

L’effet tiroir est particulièrement sensible dans le cadre de la médecine en général et de la rééducation en particulier puisque les professionnels, n’ayant que peu de temps à consacrer à la consultation des données scientifiques, concentrent généralement leurs efforts sur la lecture des revues systématiques ou des méta-analyses de la littérature (c’est-à-dire un article faisant la synthèse du sujet). Le problème réside dans le fait que ces articles se basent sur les données disponibles, donc publiées, donc plutôt orientées dans le sens d’un effet significatif. Rappelons par acquit de conscience que la significativité statistique ne dit absolument rien de la validité méthodologique d’une étude.

Therapies_manuelles_PUG

Extrait de Pinsault N., Monvoisin R., Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les thérapies manuelles, PUG, 2014

Illustration : dans la Tête au carré sur France Inter du 17 juin 2014, une chroniqueuse revient sur la fameuse étude suisse de Cajochen et al.6 liant causalement pleine lune et sommeil, montrant que non seulement l’étude n’est pas reproduite, mais surtout que plusieurs études non publiées ont montré des résultats négatifs.

Télécharger

On entend bien le pauvre Mathieu Vidard, pas très au point en épistémologie, (voir par exemple ici) y voir « tout et son contraire », alors qu’il s’agit justement d’un biais de publication dans lequel la plupart (pas tous) de ses chroniqueurs tombent, sous prétexte de scoops. La chroniqueuse, qui un an plus tôt avait annoncé le résultat fracassant sans l’ombre d’un doute, ne prend certes pas la peine de s’excuser, mais elle fait tout de même un correctif que bien peu de journalistes concèdent.

RM, NP

De quoi Grenoble est-elle le laboratoire ?

Le CORTECS ayant une forte base à Grenoble, il n’est pas possible de rester étranger aux processus électoraux locaux, qui ont une certaine particularité.

Voici donc une chronique sur l’élection de l’équipe d’Eric Piolle à Grenoble, par l’équipe du Monde Diplomatique, dans là-bas si j’y suis, sur France Inter, le 13 mai 2014. Elle fait écho à l’article du Monde Diplomatique papier  de mai 2014, signé de notre ami Philippe Descamps, et intitulé « Le Rouge et le Vert » s’écrit à Grenoble.

Télécharger

CorteX_postillon

Indiquons qu’il y a une presse alternative à Grenoble, très peu complaisante : le Postillon, qui a un regard plus acerbe sur le sujet : à mettre entre toutes les mains.

Projet de loi Renseignement, légaliser la surveillance totale ? Non !

Le CORTECS dénonce le projet de loi Renseignement

Gif animé : Projet de loi RenseignementCar la pensée critique ne peut s’exercer sans liberté de critiquer et sans craindre d’être surveillé pour ces raisons, le CORTECS relaie l’appel au respect des libertés fondamentales et dénonce la loi sur le Renseignement.

Cette loi fait monter d’un cran la surveillance généralisée en imposant, entre autres, aux fournisseurs d’accès Internet de laisser les services de renseignements de l’État installer des « boites noires » permettant d’écouter toutes les communications de tou·e·s les abonné·e·s : des écoutes comme la NSA mais « officielles ». Cette loi est une atteinte à la liberté et elle va même à l’encontre de l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (et de la femme ?) :

Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.

 
Cette loi étend le champ d’action du renseignement intérieur et extérieur, y compris dans des objectifs sans aucun lien avec le terrorisme. En effet, elle permet une collecte généralisée des données sur Internet (traitées par des algorithmes) et une conservation très longue de celles-ci. Cette loi risque d’être inefficace vis à vis de son but premier étant donné qu’elle n’a aucun effet sur les communications qui passent par l’étranger (cas des serveurs installés à l’étranger et utilisés par des ressortissants Français). Le plus important est peut-être le contrôle par les services de renseignement aux seules mains du pouvoir législatif (premier ministre), avec avis consultatif d’une commission, mais sans passer par le pouvoir judiciaire.

Cette loi doit être votée le 5 mai 2015. Plus d’infos ici : http://sous-surveillance.fr/

 

Le CORTECS sur les ondes – Albin Guillaud, sur l’ostéopathie

Le 4 mai 2015, Albin Guillaud du CORTECS était invité par la Radio Télévision Suisse, dans une émission scientifique appelée CQFD. Bastien Confino avait demandé au collectif un contrepoint sur la question ostéopathique. Voici un peu plus de 20 minutes sur le sujet, en espérant que cela contribue au libre choix de chacun, mais avec une connaissance de cause plus appuyée – c’est le cas de le dire.

Le site de l’émission est ici. Pour écouter l’extrait portant sur le sujet ostéopathique, c’est ci-dessous.

Albin Guillaud
Notre Albin à nous

Télécharger

À écouter ou lire – Des vers de terre et des hommes, Marcel Bouché

Hermaphrodites et aveugles, les lombriciens, plus connus sous le nom de « vers de terre », jouent un rôle fondamental dans les écosystèmes. Peu connus et étudiés, ces artisans de la fertilité des sols constituent une part importante de la masse animale des terres émergées, plus importante que celle constituée par les humains. Nous vous présentons ci-dessous deux documents permettant de découvrir ces animaux grâce aux travaux de Marcel Bouché, géodrilogogue (spécialiste des lombriciens) francophone. 

Couverture du livre Des vers de terre et des hommesIl y a d’abord cet ouvrage dense, parfois ardu (Marcel Bouché recommande lui même de sauter certains chapitres) mais ô combien captivant : Des vers de terre et des hommes, chez Actes Sud, 2014. Dès les premières pages, l’auteur nous cite un passage du livre que Charles Darwin a consacré aux vers de terre en 1881, ce qui nous met dans l’ambiance : « La charrue est une des inventions les plus anciennes et les plus importantes de l’homme, mais longtemps avant qu’elle n’existe, le sol était de fait labouré régulièrement par les vers de terre et il ne cessera jamais de l’être encore. Il est permis de douter qu’il y ait beaucoup d’autres animaux qui aient joué dans l’histoire du globe un rôle aussi important que ces créatures d’une organisation si inférieure. » (On notera le « inférieur », opposé à supérieur, qui montre l’ordonnancement moral des espèces à l’époque, dans l’arbre phylogénétique).

Marcel Bouché prend le temps de déconstruire quelques idées reçues et réticences que l’on pourrait avoir envers les vers de terre, expliquant par exemple qu’il y a autant de ressemblances entre un ver blanc et un ver de terre qu’entre un crabe et un lapin. Il présente longuement et scrupuleusement tout ce que l’on sait de leur anatomie, leur histoire, leur physiologie, etc… Il précise surtout leur importance dans l’environnement, constituant ainsi un plaidoyer en faveur de leur intérêt en sciences et une critique de certaines applications techno-politiques dans le champ de l’environnement (le chapitre III est particulièrement savoureux à cet égard).

Photo de Marcel Bouché, cet expert des vers de terreGrâce à cette émission de France Culture de septembre 2014, il est aussi possible d’écouter Marcel Bouché en bêchant, en plantant, en semant… mais inutile de labourer car ces petites bêtes s’en chargent pour nous !

Télécharger. Page de l’émission.

ND

Les miracles selon Jean Rostand

Jean Rostand, spécialiste des grenouilles, grand penseur rationaliste, pacifiste, pro-avortement (il témoigna lors du procès de Bobigny), qui défendait ce qu’il appelait l’hygiène préventive du jugement, s’exprime en 1958 sur les miracles.

Télécharger

Cela rappellera à certain-es la maxime de Hume sur les miracles (dans Enquête sur l’entendement humain, chapitre X). Nous ferons une entrée sur la maxime de Hume sous peu, promis !

Vidéo – Science et liberté d’expression : de Voltaire à Chomsky, avec le physicien et essayiste Jean Bricmont

Souvenez-vous : menaces de sabotage, tentatives d’intimidation, requête pour annulation auprès des instances universitaires… Voici enfin en ligne la plus orageuse de toutes les conférences du CORTECS : Science et liberté d’expression : de Voltaire à Chomsky, par le physicien et essayiste Jean Bricmont, réalisée le 1er avril 2015 à l’université de Grenoble dans le cadre du cycle présenté par le CORTECS « Connaissances censurées ? Sciences et liberté d’expression ».  Pourtant, si vous cherchez du soufre, du sang et du négationnisme, vous risquez d’être déçus. Mais au moins, contrairement à certains contempteurs, vous pourrez juger les propos de J. Bricmont sur pièces et non sur fantasme.

Vidéos

L’exposé examine les limites imposées à la liberté d’expression en France. Il questionnera la pertinence des lois réprimant l’incitation à la haine et la négation de l’histoire, et leur pertinence dans ce qu’elles sont censées combattre. Sera montré au moyen d’exemples que ces lois mènent à un certain arbitraire dans leur application concrète. La philosophie de l’exposé s’inspire de l’idée suivante : la réponse aux « discours de haine » se fera par plus de discours, pas par moins.

Première partie : conférence

Pour télécharger : clique droit sur la vidéo.

Seconde partie : débat

Pour télécharger : clique droit sur la vidéo.

Pour des commentaires de l’intervenant lui-même sur cette conférence, vous pouvez regarder ici.

Bibliographie

CorteX_Bricmont_Republique_censeurs

La République des censeurs de Jean Bricmont, édition de l’Herne (2014).