L’irlandais George B. Shaw (1856 – 1950) est un écrivain assez peu connu en France, et pourtant : il est caustique, il écrit remarquablement bien, et il affiche un goût assez prononcé pour les controverses politiques. On l’entendra promouvoir l’eugénisme, s’opposer à la vaccination, avoir de l’admiration pour Mussolini et Staline, mais aussi contester la notion de religion, dénoncer les deux camps à la guerre de 14, ou refuser systématiquement toute récompense, médaille ou honneur. Il aura un pied dans l’anarchisme et le soutien aux figures anarcho-féministes comme Charlotte Wilson, mais adhérera aussi au mouvement néolibéral dit « fabien », qui existe toujours1.
L’une des pièces de G. B. Shaw s’intitule Doctor’s dilemma, et a été mise en scène pour la première fois à Londres en 1906. J’apprécie cette pièce pour les dilemmes moraux de type médical, engendrés par des moyens médicaux limités et les contradictions dans les revendications à une médecine privé : de fait, cela range cette pièce dans ce que les francophones appellent les « pièces à problème », et les anglophones « problem plays ».
Pour la savourer on peut :
- la lire en français – Paris : Aubier, 1941.
- la lire en anglais (ici)
- l’écouter en anglais : j’ai eu le plaisir de dénicher l’enregistrement de la pièce sur Librivox. Le voici, en cinq épisodes.
Acte 1
Acte 2
Acte 3
Acte 4
Acte 5
Le synopsis :
À la fin de l’époque victorienne à Londres, l’artiste-peintre Louis Dubedat est atteint de la tuberculose. Sa femme Jennifer, follement amoureuse d’un mari qu’elle idéalise, ne peut se résoudre à le voir disparaître. Elle va demander au célèbre spécialiste Sir Ridgeon de tenter le tout pour le tout afin de le sauver. Le docteur a tellement de patients qu’il ne peut traiter en priorité que certains cas extrêmes et Jennifer le convainc (en même temps qu’il est séduit par son charme) en lui présentant des œuvres de son mari en qui le docteur reconnaît un grand artiste. Mais en prenant Louis en charge, le docteur et son équipe découvrent que l’artiste est doublé d’un escroc qui est, de surcroît, bigame, marié à une autre femme qu’il a abandonnée. Le docteur est confronté à un dilemme, entravé, en plus, par les sentiments qu’il éprouve pour Jennifer : soit laisser l’artiste s’éteindre en préservant les illusions de Jennifer, soit tenter de le sauver en dévoilant à celle-ci la bigamie et les autres travers de son mari.
- La Société des Fabiens ou Société fabienne (Fabian Society, du nom du général romain Quintus Fabius Maximus Verrucosus, appelé aussi Fabius « Cunctator » c’est-à-dire « le temporisateur ») est à la fois un think tank et un club politique anglais de centre-gauche créée en 1884. De mouvance socialiste et réformatrice, elle a été partie prenante de la création du Parti travailliste en 1900 et la refonte de celui-ci dans les années 1990 avec le New Labour. Elle a compté dans ses rangs tous les premiers ministres travaillistes anglais jusqu’à 2010.