CorteX_Gigerenzer_Pouvoir_intuition_

Le génie de l'intuition, de Gerd Gigerenzer

CorteX_Gigerenzer_Pouvoir_intuition_Au corteX, grâce à Denis Caroti, nous connaissions Penser le risque de Gerd Gigerenzer, excellent livre approchant la question des appréciations des risques et du mésusage des statistiques. Quand je suis tombé sur le titre de ce livre du même auteur, j’ai pris peur : Le génie de l’intuition : Intelligence et pouvoirs de l’inconscient.

L’inconscient ? Ouyouyouïlle… serait-ce une éternelle resucée de l’inconscient freudien ? J’ai tout de même osé l’acheter et c’est une très bonne surprise.
 


 

Il s’agit moins de flatter l’intuition, que de montrer comment il arrive que celles et ceux qui connaissent moins un sujet utilisent le « pif », l’intuition avec un succès supérieur aux plus fins connaisseurs. Quelques expériences sont montrées qui sont tout à fait stimulantes. J’y ai senti parfois une sorte d’éloge de l’ignorance et un encouragement récurrent à l’intuition qui gênera probablement ceux qui comme moi sont témoins des Charbyde et des Scylla vers lesquels l’intuition pousse parfois.

Au vu du contenu pertinent, j’ai l’impression que le titre est plus volontiers un coup marketing. Belle surprise, donc.
Le génie de l’intuition : Intelligence et pouvoirs de l’inconscient de Gerd Gigerenzer, Eliette Abécassis et Michèle Garène – Poche – 21 avril 2011
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Richard Monvoisin

 
 
 

CorteX_Mandosio_imposture_foucault

Longévité d’une imposture, Michel Foucault – de Jean-Marc Mandosio

CorteX_Mandosio_imposture_foucaultSi nous vouons un grand respect aux sciences politiques et autres sciences humaines, nous ne pouvons que regretter la relative médiocrité d’une bonne part de la production. Entre mollessse des concepts, relativisme latent, jargonnage poussif, notions psychalanytiques désuettes et impostures intellectuelles (au sens de Sokal & Bricmont, voir Bibliotex), un tri est nécessaire, délicat à faire et à expliquer. Alors quand le travail de décryptage et d’éventage des idoles est fait par quelqu’un d’autre, nous sommes très contents de nous y pencher.
Nous venons d’acquérir le livre de Jean-Marc Mandosio Longévité d’une imposture – Michel Foucault, suivi de Foucaultphiles et foucaulâtres, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, Paris, 2010 (10 euros).

Pour ma part, autant j’appréciais l’engagement de l’auteur, le recul historique et les bribes d’analyse politique des questions de genre et de sexualité de ses deux ou trois ouvrages que j’avais lus, autant la sous-jacence psychanalytique me dérangeait et le permanent recours à ces thèses par des penseurs de toute sorte me paraissait un peu douteux. Le temps manquait hélas pour me faire une idée étayée.

Addendum : j’ai lu ce livre pour préparer une discussion sur Foucault à Antigone. Je n’ai pas été déçu car la critique est fouillée et dénonce plusieurs plans. Sur le plan purement scientifique, il y a des choses intéressantes qu’on lui attribue à tort semble-t-il (comme le fait de se pencher sur des sujets « subversifs »). Cela ressemble à ce que nous appelons l’effet Jules Verne (cf Outillage). Son hypothèse de discontinuité de l’histoire par ex, et celle des episteme, ressemble à s’y méprendre à la théorie de Thomas S. Kuhn sur les paradigmes. Mandosio pointe la dramatisation de l’archive et le tri des archives selon la thèse à défendre, ce qui est tout de même un problème. J’ai par contre tout à fait compris ce qu’il dénonce dans la foucaulâtrie – que j’ai pu vivre plusieurs fois, dans un public s’extasiant sur Foucault sans jamais avoir lu une quelconque ligne. D’ailleurs, lorsqu’on demande qui a lu Foucault, la plupart des réactions sont du type « ah j’ai essayé, mais c’est trop dur j’ai arrêté ». Alors, si c’est compliqué, avec des concepts flous, dans quelle mesure le travail de Foucault frise l’imposture intellectuelle ? J’ai lu Surveiller et punir et Histoire de la folie il y a plus de 15 ans maintenant, avec une grille de lecture plus grossière que maintenant, aussi je ne tranche pas et suspends mon jugement jusqu’à ce que je replonge dedans. En tous les cas, ce que j’ai refeuilleté vite fait ne m’a pas grandement encouragé, ni sur l’homosexualité, ni sur sa philosophie politique. Foucault écrit dans Dits et écrits en 1975 :

« Tous mes livres sont si vous voulez, de petites boites à outils. Si les gens veulent bien les ouvrir, se servir de telle phrase, telle idée, telle analyse comme d’un tournevis ou d’un desserre-boulon pour court-circuiter, disqualifier, casser les systèmes de pouvoir, y compris éventuellement ceux-là même dont mes livres sont issus…eh bien c’est tant mieux […] Je voudrais que mes livres soient des sortes de bistouris, de cocktails Molotov ou de galeries de mines (…)

J’attends que quelqu’un m’explique en peu de phrases quels outils conceptuels de Foucault nous pouvons réellement garder en termes d’autodéfense intellectuelle. (RM, 13 octobre 2011)

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Richard Monvoisin

CorteX_Book_Hist_Populaire_Cote_Azur

Parution d'Une histoire populaire de la Côte d’Azur, 1860 – 1914 de Philippe Jérôme

CorteX_Book_Hist_Populaire_Cote_AzurLes éditions book-e-book.com lancent une nouvelle collection intitulée « Les Amis de la Liberté », tout à fait dans la ligne de notre Histoire des luttes sociales. Premier numéro de cette collection Une histoire populaire de la Côte d’Azur, 1860 – 1914 de Philippe Jérôme. A exiger chez votre libraire préféré-e.

 


 

De 1860 à 1914, la Côte d’Azur, fréquentée par le gratin aristocratique de la planète mais aussi par un certain Karl Marx, a connu un extraordinaire développement. Nice, à la veille de la première guerre mondiale, était considérée comme l’une des grandes villes parmi les plus agréables d’Europe. Mais au dos de cette carte postale s’est aussi écrite la rude saga pour la reconnaissance des syndicats « rouges » comme celui des traminots niçois, pour des Bourses du travail indépendantes des notables locaux à Nice et Cannes, pour l’école publique et laïque dans les quartiers ouvriers et les villages ou contre la sauvagerie patronale s’abattant sur les potiers de Vallauris. Le pacifiste Frédéric Stackelberg, le syndicaliste Léon Morel, l’avocat socialiste Louis Maffert ou le secrétaire de la Bourse du travail, Charles Levignac sont quelques uns des héros anonymes de la période qui va du rattachement/annexion du Comté de Nice fustigé par « Peppino » Garibaldi, à la Grande Guerre dont Jean Jaurès, interdit de parole à Nice par l’extrême droite, fut le premier mort. Qu’ils soient blanquistes influencés par « l’Enfermé » de Puget-Théniers, anarchistes italiens des « Fils de la misère » ou socialistes s’échinant à implanter la SFIO en terrain politique hostile, ils ont tous à leur manière entretenu la petite flamme révolutionnaire qui a permis à ces milliers de travailleurs, français et immigrés, qui ont façonné la Côte d’Azur, d’espérer en un monde meilleur.

Avant-Propos de Max Burlando.
Illustration de couverture par Ernest Pignon-Ernest.

164 pages – Français • Date de parution : 22 août 2011 • ISBN : 2-915312-29-4 15 euros – Frais de port 1 euro

 

Note : au CorteX, nous ne l’avons pas encore lu.
 
 
 
 
 
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Inscriptions au concours BUZZons contre le sexisme

CorteX_buzzons_contre_le_sexisme_buzzerTélédebout lance le concours Buzzons contre le sexisme.
Pour participer, il faut avoir entre 10 et 22 ans (c’est dommage, tous les membres du CorteX ont dépassé la limite d’age) et réaliser une vidéo contre le sexisme. On peut participer seul-e, en équipe ou avec sa classe. Avis aux enseignant-e-s !
Date limite des inscriptions : le 31 décembre 2011
Toutes les informations pratiques se trouvent ci-dessous et sont tirées du site de Télédebout.

La bande-annonce

[dailymotion id=xksf53]


Présentation du concours (par Télédebout).

Vous avez entre 10 et 22 ans et envie de changer le monde ?

Participez, seul-e, avec votre classe ou en équipe, à notre super concours « Buzzons contre le sexisme ».
Réalisez une vidéo drôle, sérieuse, révoltée, déjantée.

 

Les règles du jeu

1) En quelques secondes faites votre préinscription et dès que vous avez un moment remplissez et renvoyez signé (avant le 31 décembre 2011) votre formulaire d’inscription :
format pdf
; format word .

2) Réalisez une vidéo d’une durée de 2 à 20 minutes, avec une caméra ou même votre téléphone portable. L’important est d’avoir des idées, des choses à dire, à montrer et une grande envie que le monde bouge vers plus d’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes.

A vos caméras, vos imaginations, vos neurones et lancez-vous dans cette belle aventure avec nous.

Spécialement pour vous :
–  un blog pour votre carnet de bord vidéo.
– un forum de discussion qui vous permettra de nous poser toutes vos questions, et de dialoguer entre vous, d’échanger des idées, de vous entraider, car au delà de la compétition, ensemble « Buzzons contre le sexisme ».
– une boite à outil pour vous aider dans la réalisation pratique de votre vidéo.

Quelques idées de sujets

Sur le mode documentaire :

  • Présenter des actions, des associations, des projets, des personnes qui travaillent pour l’égalité entre les sexes ou sortent des rôles habituels donnés aux femmes et aux hommes.
  • Dénoncer les inégalités entre les sexes dans le travail, à la maison, à l’école, dans les médias, dans les instances politiques, dans le langage, dans la publicité…

Sur le mode fictionnel :

  • Utopie : mettre en scène un monde idéal ou l’égalité entre les sexes existerait.
  • Humour : Choisir la parodie, les renversements de situations, pour mettre en évidence les injustices.

Vous pouvez filmer de vraies personnes, mais aussi faire des séquences d’animations en utilisant des poupées, de la pâte à modeler, des dessins…

Vous avez aussi la chance de pouvoir utiliser dans votre montage des vrais extraits télévisuels d’archive de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel), qui s’associe à ce concours et vous offre ce beau cadeau. Toutes les infos et les extraits seront sur la page INA.

 

Calendrier du concours

  • Inscription du 1 septembre  au  31 décembre 2011 (une autorisation signée des parents ou tutrices/teurs sera demandée aux mineur-e-s.)
  • Envoi des films avant le 15 mars 2012.
  • Annonce des gagnant-e-s début avril 2012 , remise des prix et projection des films primés au cinéma.

 

Les prix

Tous les films envoyés participeront automatiquement à plusieurs prix :

  • Tous les films participeront au grand prix télédebout avec 3 tranches d’âges: 10-14 ans / 15-18 ans / 19-22 ans et 2 catégories :
    • « vidéo autonome » : quand vous vous inscrivez seul-e ou en équipe mais sans adulte référent.
    • « vidéo accompagnée » : groupe inscrit par un adulte référent (par exemple quand votre enseignant-e-s inscrit votre classe…)
  • et en plus :
    • Les 10 à 14 ans participeront au prix spécial Julie journal Milan Press
    • Les 15 à 22 ans participeront au prix spécial l’Etudiant
    • Les habitant-e-s de Midi-Pyrénées participeront au prix spécial Midi-Pyrénées

C’est un peu compliqué, mais en résumé tout le monde aura plusieurs chances de gagner !

Quels seront les prix ?
Des caméras, du matériel vidéo, des dvds, des livres, etc. Vous le saurez avec précision, avant la fin de l’année 2011.
Et les films primés seront projetés au cinéma.

Tout-e-s les partcipant-e-s recevront un prix de consolation et n’oubliez surtout pas que vous soyez gagnant-e-s ou non vous pourrez être fières d’avoir contribué à votre manière, par votre engagement, vos idées, votre énergie, vos images, vos questionnements à faire un peu changer les choses .

La plupart des films, même non primés, seront mis en ligne sur télédebout.

 

Pour inscrire sa classe


Enseignant-e-s, éducatrices/teurs, animatrices/teurs pour en savoir plus sur la catégorie « vidéo accompagnée« .

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A décortiquer – « Pourquoi l’ostéopathie peut faire du bien à votre bébé ? », France Info, janvier 2

altLes chroniques de France info sont courtes et traitent leurs sujets ultra-rapidement. C’est leur marque de fabrique, mais ce n’est pas une raison pour qu’elles soient truffées de sophismes. La chronique ci-dessous s’intéresse au recours à l’ostéopathie pour les nourrissons. Elle a été diffusée en janvier 2011 dans la rubrique « Tout comprendre», et harponnée par notre ami Nicolas Vivant.
Les sophismes et les biais de raisonnement y sont nombreux et constituent un excellent entraînement de prévention. L’outillage critique est là pour apprendre à les détecter.

Ci-dessous, la chronique audio (durée 5’35)
Retrouvez un début d’analyse en cliquant ici.
 
Vous aussi avez des idées, des suggestions, un complément ?
Vous pointez d’autres biais ?
Entraînez-vous, écrivez-nous.
 
 

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28 septembre 2011, Marseille – Conférence "L'astrologie est-elle scientifique ?"

En partenariat avec la bibliothèque municipale de Marseille L’Alcazar, le CorteX organise un cycle de conférences autour du thème Esprit critique et Sciences.
Pour cette première de la saison, c’est Denis Caroti qui nous parlera d’astrologie, le mercredi 28 septembre, à 17h.

Mercredi 28 septembre, 17h-19h
Lieu : Bibliothèque de L’Alcazar, 58 Cours Belsunce, 13001 Marseille
Contact : accueil-bmvr@mairie-marseille.fr
Entrée libre

 

Quel repas famililal, quelle discussion devant la machine à café, quelle rencontre amoureuse sans la fameuse question « Et toi, tu es de quel signe au fait ? »

CorteX_ptolemee

CorteX_astrologie

Si l’astrologie est aussi présente dans notre quotidien, ce n’est pas pour autant que nous la prenons forcément au sérieux. Et puis, qu’y a-t-il de mal à regarder son horoscope de temps en temps ? La question devient intéressante et commence à nous interpeler lorsque l’on sait que des entreprises louent les services d’astrologues pour leurs recrutements, quand une astrologue prétend soigner grâce à un thème astral, ou bien encore quand un député affirme publiquement consulter le signe de ses collaborateurs. Nous pouvons alors légitimement nous interroger sur la validité et l’efficacité de cette pratique.

Quels sont les fondements de l’astrologie ? Quelles différences entre astronomie et astrologie ? Qu’est-ce qu’un signe ? Les astres ont-ils une influence sur nous ? L’astrologie est-elle simplement un art ? Une mancie ?

Dans cette conférence, nous présenterons quelques bases pour mieux comprendre la démarche scientifique et en tirer les outils nécessaires à une critique argumentée des revendications scientifiques de l’astrologie.

Denis Caroti

7 octobre 2011, Grenoble – Comment fabriquer une religion ? par Jean-Manuel Traimond

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Nos ami-es d’Antigone présentent cette conférence-débat avec Jean-Manuel Traimond : Comment fabriquer une religion ?

Texte de présentation

Une religion, c’est comme un hamburger. Ca se vend. Et comme un hamburger, il faut d’abord la fabriquer.

Comment ? Selon quelles règles ? Avec quels ingrédients obligatoires, avec quels tours de main conseillés ?

Jean-Manuel Traimond, auteur anarchiste et mécréant de longue date, fasciné par l’infinie capacité de l’être humain à prendre ses fictions pour la réalité, a cartographié nos zones vulnérables et recensé les manoeuvres des vendeurs de fantômes.
Venez découvrir les pièges de la dissonance cognitive, les séductions des rites, les embuscades de la doctrine…

Prix libre

Autres événements sur http://www.BibliothequeAntigone.org

30 sept, 1er oct.2011 – Barcelone, colloque liberté de la recherche contre influence cléricale

Au CorteX, nous annonçons des évenements avec lesquels nous ne sommes pas forcément d’accord, mais qui nous font nous creuser la cervelle. Voici celui-ci, qui ouvre un champ de réflexion immense et donnera peut être aux lecteurs l’envie d’y aller voir de plus près (début de questionnement à la fin de l’article).

CorteX_Libre_PenseeVendredi 30 septembre et samedi 1° octobre 2011, colloque international à Barcelone

Défendre la liberté de la recherche contre l’influence  cléricale

Campus Universitat de Barcelona Facultat de Dret de  la Universitat de Barcelona 
Avda. Diagonal, 684  08034-BARCELONA


Lettre de la Libre Pensée :

La newsletter de l’AFIS (association française pour l’information scientifique) rappelle à son tour que Le député  radical-socialiste français Jean Michel a posé au ministre des  affaires européennes une question écrite où il s’indigne de la  composition du Groupe Européen d’Ethique des Sciences et des  Nouvelles Technologies, mis en place dans le cadre des  institutions de l’Union européenne et fait observer, en ce qui  concerne le gouvernement français :

« la représentante  française ne peut être, elle aussi, considérée comme un membre  indépendant et neutre. Enseignante à la faculté de théologie  de Strasbourg, elle fait partie de l’ordre des vierges  consacrées et a donc pour mission de « porter au coeur du  monde l’amour de Dieu » et de promouvoir la religion dans la  société. »

Le congrès national de Foix de la Libre Pensée, pour sa part a  estimé que loin d’être une surprise, cette composition marquait  le caractère irrémédiablement clérical de l’UE et a voté la  motion suivante (extrait) :

« La récente révision des lois dites de « bioéthique » a  confirmé le blocage de fait des recherches sur l’embryon  humain en laissant libre cours aux pressions exercées par le  Vatican et la hiérarchie catholique au sein même du  parlement. Le congrès dénonce cette double atteinte à la  laïcité et rappelle son exigence : Il faut lever toutes les interdictions concernant les  recherches scientifiques sur l’embryon humain. »

Les  inscrits et les souscripteurs recevront sur demande les résumés  des interventions dès avant le colloque pour faciliter leur  participation active. Des liens utiles pour le transport et un  hébergement à prix modéré leur seront également proposés.

Renseignements 01 46 34 21 50 – Programme ici.

Remarque de RM : le blocage de recherches pour cause de pressions religieuses ou idéologiques est condamnable en soi, car cela signifie qu’on interdit des pans entiers de recherche sur certains sujets – c’est ce qui se passe en Histoire sur les lois mémorielles, ou dans certains épisodes de l’histoire des sciences, le cas le plus marquant étant certainement celui de la génétique de Morgan sous Lyssenko. Mais que défend-t-on dans ce communiqué ? La non-pression exterieure religieuse ? Ou la liberté de recherche sur ce sujet ?

La structure de l’argumentaire me parait former un faux dilemme étrange : si je veux m’opposer comme la LP à la pression vaticane sur la recherche, suis-je obligé de chanter la liberté de recherche sur l’embryon ? L’affirmation est gigogne, j’ai l’impression qu’elle contient l’idée non-dite suivante : il n’y a aucune raison « externe » qui doit venir freiner la recherche scientifique.Or, je ne sais pas s’il n’existe pas des raisons externes qui devraient limiter cette recherche. Je sais que je suis contre la pression religieuse sur « l’élaboration des connaissances » (qui est déjà différente de la Recherche, mot complexe), mais je ne suis pas certain d’être pour « lever toutes les interdictions concernant les  recherches scientifiques sur l’embryon humain ». Pour y répondre, il me faudrait au moins savoir à qui appartiendront les résultats de ces recherches : au bien public ? A des structures privées ?

Alors je vais écrire à l’ami qui m’a envoyé cette annonce, et lui proposer de répondre à mes interrogations ci-dessous, s’il le souhaite.

RM, 5 sept. 2011

Pour y répondre, il me faudrait au moins savoir à qui appartiendront les résultats de ces recherches : au bien public ? A des privés ?

Alors je vais écrire à l’ami qui m’a envoyé cette annonce, et lui proposer de répondre à mes interrogations ci-dessous.

CorteX_Oeil

Appel à vigilance : science et idéologie anti-avortement feront-ils bon ménage à Grenoble ?

CorteX_OeilIntrusions idéologiques : science & anti-avortement peuvent-ils faire bon ménage ? Aucune accusation, simplement un questionnement fort sur des questions souvent passées sous silence.
Ouvrons l’oeil.

 


Un chercheur du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) et un professeur au Collège de France ont fait réaliser un documentaire sur leurs activités, intitulé Des chimistes bio-inspirés, l’hydrogène de demain (1), dont la projection à Grenoble est prévue le 30 septembre 2011.

L’hydrogène de demain, ça se discute : tout dépend pour quoi, pour qui, au service de qui, avec quel contrôle et quel ratio bénéfice/risque…. Mais la question n’est pas là.

Le réalisateur du documentaire, Matthieu Chauvin, est un militant religieux pro-vie, ou pour être plus rigoureux : anti-choix, c’est-à-dire qu’il estime la vie de l’embryon plus importante que le choix potentiel de la femme qui le porte. Il fut un habitué des blocages et obstructions dans les salles obstétriques pour empêcher les avortements, comme au temps des âges farouches et du professeur Lejeune (1926-1994). Heureusement, des luttes sociales et féministes sont passées par là, et ont permis de montrer que la souffrance d’un embryon était une hypothèse hasardeuse, alors que la souffrance de la mère contre son gré était elle bien réelle. La loi Veil de 1975 a marqué une des avancées sociales majeures du XXe siècle.

Mais Matthieu Chauvin n’est pas content du tout. Son

« engagement pour le respect de la Vie commence pendant les années étudiantes avec les collages d’affiches. Au début des années 90 [il] prend part à une dizaine de sauvetages. Ces occupations, non-violentes, de blocs obstétricaux où se pratique (sic) les avortements le conduisent à quatre reprises au tribunal. »

En 2007, il réalise un documentaire anti-avortement, « La Vie est en nous », qui nous téléporte en plein Moyen-ÂgeCorteX_La_vie_en_nous à grands coups de « syndromes post-abortifs » (2).

Puis

« L’objection de conscience le mène naturellement à l’action politique avec le désir de s’appuyer sur sa foi catholique pour participer à la construction du Bien Commun en s’inspirant de la Doctrine Sociale de l’Église. Il est, pour lui, évident que les Chrétiens ont une vision originale de la société et que leur contribution à la construction de la civilisation européenne qui a commencé, pour la France, à Lyon en [l’an] 177, doit se poursuivre. »

Il rejoint en toute logique Axel de Boer (4) et la grenobloise Jeanne-Marie Laveyssière (5) pour forger le parti Solidarité-France en 2008. Programme :

« défendre un projet de civilisation pour l’Europe et la France au XXI° siècle. Un projet construit autour du respect de la personne, en commençant par le respect de la vie et en s’appuyant sur la Doctrine Sociale de l’Eglise, la Famille et le monde associatif. »

 Il emmena d’ailleurs la liste Sud-Est de ce parti lors des Européennes, pour donner

« plusieurs mesures très concrètes pour construire une Europe respectueuse de tous les hommes (sic), de l’instant où ils sont conçus jusqu’à leur mort, naturelle et entourée. (…) Une Europe qui préserve l’environnement, qui reconnaisse ses racines chrétiennes, qui place le politique, le social, le culturel, l’économique et le financier au service de l’Homme ».

Alors nous voulons partager notre questionnement.

Il n’est pas question de remettre en cause la liberté de conscience – même si normalement celle-ci s’arrête aux pages du Code Pénal : il n’est pas permis de nuire à autrui au nom de sa croyance, et hélas, c’est pourtant ce qui arrive à un certain nombre de femmes souhaitant une Interruption Volontaire de Grossesse.

Il n’est pas question non plus de présumer de la valeur scientifique du film (qui n’est pas accessible encore).

Nous souhaitons toutefois susciter la réflexion. Coïncidence ou lien causal, la principale porte d’entrée du christianisme en science en ce moment est, avec le combat contre la « théorie » du genre, la lutte contre l’utilisation de cellules-souche de l’embryon. Soyons honnêtes, il y a probablement une gamme d’autres raisons pour hésiter sur cette question d’utilisation d’embryons ; mais lorsque c’est une idéologie religieuse ou politique qui porte des interdictions de recherche, la régression sociale en a toujours été la conséquence.

Par le biais des projections d’un film sur l’hydrogène, un militant politique ultra-conservateur, non-laïque, et régressif sur le droit des femmes à disposer de leur corps intervient et débat dans les structures universitaires comme le Collège de France. Cela nous interroge. Est-ce un hasard ? Est-ce une sorte de cheval de Troie ? Il en va du contrat laïque de la recherche et de l’enseignement de bien garder les yeux ouverts.

L’équipe du Collectif de Recherche Transdisciplinaire Esprit Critique & Sciences

PS : et pendant qu’un autre membre du CEA, Jean de Pontcharra (5), s’offusque de l’utilisation potentielle de cellules souches embryonnaires qui serait selon lui une « folie génocidaire mondiale », un colloque aura lieu les 30 septembre et 1er octobre à Barcelone intitulé «Défendre la liberté de la recherche contre l’influence  cléricale».

C’est à Barcelone.Oui, c’est loin.

(1) Annonce (voir également ici)

Le Pr Marc Fontecave, Vincent Artero, Jérôme Garin et le réalisateur Matthieu Chauvin vous convient à la projection du documentaire : Des chimistes bio-inspirés, l’hydrogène de demain (17mn + débat) le vendredi 30 septembre à 13h30 CEA Grenoble – Amphithéâtre Dautreppe.

Ce documentaire a pour objet la vulgarisation des découvertes sur la catalyse bio-inspirée dans le domaine de l’hydrogène menées par Vincent Artero sous la direction de Marc Fontecave au Laboratoire de Chimie et Biologie des Métaux (CEA de Grenoble, CNRS, Université Joseph Fourier). Ce projet permet d’entrevoir des applications industrielles dans la production de l’hydrogène et la fabrication des piles à combustible sans platine. La catalyse bio-inspirée pourrait devenir un élément important de la future économie de l’hydrogène.

Pour les personnes extérieures au CEA, contacter Odile Rossignol (tél. 04.38.78.45.63 – Email: odile.rossignol@cea.fr) quelques jours avant, afin de faire établir une autorisation d’entrée. CEA Grenoble – 17 rue des Martyrs, 38054 Grenoble Cedex 9

 

(2) Avec un peu de motivation, on pourra voir le film ici. Le syndrome post-abortif n’a pas d’existence propre et est typiquement un exemple de création idéologique de concepts pseudoscientifiques. On pourra se référer aux productions de l’APA (American Psychological Association) notamment Chair & al. Report of the APA task force on mental health and abortion (2008), ainsi qu’à l’étude de Charles Vignetta E. & al., Abortion and long-term mental health outcomes: a systematic review of the evidence, in Contraception 78 (2008) pp. 436-450).

(3) L’an 177 marque l’affaire des 47 « martyrs de Lyon », dont Blandine, jetés aux lions sous Marc-Aurèle et considérés comme les premiers martyrs chrétiens.

(4) Axel de Boer s’est d’abord fait connaître dans le mouvement pro-vie La Rose Blanche… Opportunisme (pseudo)historique, il a repris le nom du groupuscule des étudiants résistants aux Nazis Die Weiße Rose (la Rose Blanche) de Sophie et Hans Scholl, pour créer une filiation de toute pièce avec sa « résistance » à l’avortement.

(5) Jeanne-Marie Laveyssière, militante anti-choix de longue date, porte-parole du « Comité pour Sauver l’Enfant à Naître », habite la Tronche (38).

(6) Jean de Pontcharra est également un détracteur de la théorie de l’évolution, et participe à des colloques d’obédience créationniste, comme «  The scientific impossibility of evolution » à Rome en 2009.

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12 Octobre 2011, Marseille – Qu'est-ce que la Nature ? De la chimie aux pseudosciences, par D. Caroti et G. Reviron

Dans le cadre de la fête de la science et de l’Année Internationale de la Chimie, le CorteX – Denis Caroti et Guillemette Reviron – est invité par la Maison des Sciences de l’Université de Provence le 12 Octobre 2011 pour une conférence intitulée Qu’est-ce que la Nature ? De la chimie aux pseudosciences.


CorteX_image_conf_nature_photosyntheseBien que le sens du mot naturel puisse paraître évident, quand on prend un stylo et qu’on essaie d’en donner une définition, on en arrive assez rapidement à se tordre les neurones. S’il est possible de donner un sens scientifique précis aux mots chimique, synthétique, artificiel et naturel, sens que nous prendrons grand soin de détailler et de discuter, ces définitions n’ont que peu de choses à voir avec le ou les sens communs de ces concepts.

Sur quelles idées reposent les différentes définitions de la nature que l’on rencontre régulièrement dans les médias grand public ou les publicités ? Quelles sont les représentations qu’elles créent dans nos esprits ? Nous verrons que, loin d’être anodins, les décalages entre les définitions scientifiques et celles du langage commun peuvent induire non seulement certaines adhésions pseudoscientifiques, mais aussi des catégorisations sociales dites essentialistes, où l’on postule la nature d’un individu pour le classer selon des critères racialistes ou sexistes.


Ouvert à tous et toutes – Des classes de lycées seront présentes.
Horaires : Mercredi 12 Octobre 2011, 10h – midi (à confirmer)
Adresse : Maison des Sciences – Université de Provence – Centre Saint-Charles, 3 place Victor Hugo, Marseille. Salle à préciser.


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