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Neurosciences – idée reçue sur le cerveau dans la série Kyle XY

CorteX_kyle-xyEn septembre 2011, un groupe d’étudiants me demandent : est-ce que c’est possible que quelqu’un soit sans nombril ?
J’ai voulu faire le savant. J’ai d’abord pensé à cette séculaire polémique judéo-chrétienne sur la présence (omphalisme) ou absence (anomphalisme) d’un nombril chez Adam et Eve. Et puis à ce bouquin de Philipp Henry Gosse, Omphalos : an attempt to untie the geological knot (1857), qui défend cette « théorie » de l’omphalisme élargie* : Dieu aurait créé les êtres non pas au début de leur vie, de leur temps qu’il appelle « diachronique »,  mais avec l’illusion d’être au milieu de leur cycle de développement, d’avoir déjà vécu un temps préalable « prochronique ». C’est ainsi qu’Adam et Eve auraient un nombril, les arbres naîtraient avec des cercles de croissance, les canines du babiroussa naîtraient longues,   prêtes à lui percer le crâne et celles de l’hippopotame déjà usées. 
« Non non..! » me rappellent à l’ordre les étudiants. « C’est dans Kyle XY« .

Kyle XY ? Je suis resté un peu penaud,et je suis vite rentré voir ce que c’était. Série US d’Eric Bress et J. Mackye Gruber, elle narre depuis 2006 l’histoire d’un ado retrouvé nu dans une forêt près de Seattle, incapable de parler et effectivement sans nombril.
Préservons les détails de l’intrigue. Voici un extrait de l’épisode 1 de la saison 1, lors d’un scanner effectué à Kyle.

{avi}fictions/CorteX_KyleXY_7%cerveau{/avi}

 

Que ce soit 7, 10 ou 20 %, cette affirmation est aussi imprécise (% de masse, de volume, de surface, du nombre de synapses ?) que fausse. Plusieurs hypothèses se disputent son origine. Notre regretté collègue Barry Beyerstein en avait une, basée sur une erreur de raisonnement des années 1930. D’autres l’imputent à des courants métapsychiques ou paranormalistes, inférant que c’est à cause de cette limite que nous ne pouvons percevoir / ressentir / créer les phénomènes parapsy. Ce qui est sûr, c’est que cette affirmation « nous n’utilisons que 10 % de notre cerveau » est un classique des mouvements à consonance sectaire qui promettent à l’adhérent et moyennant formation de dépasser cette limite qui n’existe pas.

Ressources :

Charlatans.info

Jeannerod, Nous n’utilisons que 10 % de notre cerveau (La Recherche)

Vreeman & Carroll, Medical myths, BMJ, 335 : 1288 (20 décembre 2007)

Richard Monvoisin
*Cette théorie qui n’en est pas une (c’est un scénario) est encore en vogue dans certaines branches créationnistes.
 

Vous voulez voir d’autres représentations fantaisistes des sciences dans les fictions TV ou cinéma ? C’est là.

Vous voulez en partager avec nous et traquer la pseudoscience à la télé ? Ecrivez-nous

 
 
 
 
 
 
 
 

http://www.dailymotion.com/video/xm6gqd_cortex-affirmation-pseudoscientifique-7-cerveau_tech

5 décembre 2011, Nancy – médecines alternatives, douces, complémentaires : comment s'y retrouver ? Quelques outils zététiques

Médecines alternatives, douces, complémentaires : comment s’y retrouver ? Quelques outils zététiques, par Richard Monvoisin

La méfiance envers la médecine « classique » est de plus en plus grande : scandales, lobbying industriel et prise en charge expéditive rebutent le grand public, qui tend à privilégier les médecines alternatives qu’on dit plus douces, plus naturelles, ou complémentaires. Mais devant les offres toujours plus nombreuses, quelques dérives charlatanesques et un marché « alternatif » grandissant, comment s’y retrouver ?
Sans jugement à l’emporte pièce, Richard Monvoisin élaborera et illustrera quelques outils critiques. L’objectif ? Pouvoir faire un libre choix en toute connaissance de cause.

Novembre/décembre 2011, Grenoble – Cycle d’autodéfense intellectuelle : la face cachée de l'histoire

altCe mois de novembre pluvieux à Grenoble est l’occasion de rincer nos idées reçues et se plonger dans la face cachée de l’histoire.

Le 09 novembre débute le second cycle d’autodéfense intellectuelle saison 2, proposé et concocté aux petits oignons par le Collectif de Solidarité Étudiante Sciences Humaines et Sociales[1], les Renseignements Généreux et le CorteX.
Le cycle se déroule sur les mois de novembre et décembre 2011 et propose des projections, exposés et débats sur le campus universitaire de Saint Martin d’Hère.
1ère salve avec un cours ouvert de l’UET zététique et autodéfense intellectuelle de Richard Monvoisin : « Histoire et pseudo-histoire : comment faire mentir l’histoire a des fins idéologiques ? » – 17h30 – DLST amphi E2.
 

Cliquez sur les affiches pour afficher le programme complet du cycle.

 

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[1] Le CSE-SHS est une association tenue majoritairement par des étudiant-e-s dans la salle 15 du BSHM (Bâtiment des sciences de l’homme et des mathématiques) depuis la rentrée 2009. A volonté alternative (auto-gestionnaire, économiquement autre, etc.) et utile au plus grand nombre, le collectif essaye de toucher un peu à tout dans le cadre des besoins et des idées qu’il peut rencontrer autour de lui. Son public est de fait, mais pas de volonté, globalement universitaire. On compte dans ses activités : une zone de gratuité, un café/snack avec bénéfices minimum pour l’assurance de fin d’année, une bibliothèque, des distributions alimentaires régulièrement organisées.
Contact ► salle 15 du BSHM, cse.shs@gmail.com
 
 
 

Principe de précaution ou décisions raisonnées, par Gérald Bronner

Les travaux de Gérald Bronner, Maître de Conférences à l’université de Strasbourg, sont des outils précieux pour le CorteX qui s’appuie fréquemment sur ses ouvrages pour diffuser et éveiller à l’esprit critique. Nous avons déjà publié quelques-unes de ses interventions à la radio. Voici une conférence filmée et organisée par l’AFIS en mai 2011 sur le thème Principe de précaution ou décisions raisonnées ?« 

A voir ici
[vimeo 24655127]

CorteX_G.Bronner

Matériel audiophonique de Gérald Bronner

CorteX_G.BronnerGérald Bronner est Maître de Conférences à l’université de Strasbourg. Au corteX, nous nous servons allègrement de ses ouvrages, entre autres « L’inquiétant principe de précaution » et « L’empire des croyances » qui est étrangement proche de ce que nous faisons dans nos enseignements. Ses ouvrages sont aussi clairs que ses interventions publiques.
Ci-dessous, quelques « trouvailles » radiophoniques, extraites d’émissions de 2011.

On pourra également visionner ici une conférence sur le thème « Principe de précaution ou décisions raisonnées ? »


 

Y sont abordés entre autres :

– le succès des théories du complot (11 septembre entre autres) et leur taux de pénétration dans diverses sociétés

– les mécanismes de la rumeur

– une analyse darwinienne de la rumeur (proche de la théorie des mèmes)

– une lecture statistique des pareidolies

C’est un excellent extrait de près de 30 minutes, qui fait un large écho à son livre Vie et mort des croyances collectives, Hermann (2006).

Note : G. Bronner cite une doctorante qui travaillait avec lui : il s’agit probablement de Romy Sauveyre, que nous connaissons – et dont la thèse est un monceau d’informations.

Deux ouvrages sont annoncés :

  • BRONNER Gérald et SAUVAYRE Romy (dir.) (2011), Le Naturalisme dans les sciences sociales, Paris, Hermann, 388 pages (sous presse, 17 novembre 2011). Consulter la 4e de couverture
  • SAUVAYRE Romy (2012), Croire à l’incroyable, Paris, Presses Universitaires de France (version remaniée de la thèse de doctorat, à paraître)
  • 18 mai 2011 dans « Du grain à moudre« , sur France Culture avec Brice Couturier et Lise Tourret

Le thème était « Peut-on guérir du fanatisme ? ». L’émission en tant que telle n’a pas suscité notre enthousiasme, ne serait-ce que parce que la définition du fanatisme n’est pas précisé, ou porte une forte connotation morale péjorative (cf effet impact).
J’ai (RM) trié les extraits de Gérald Bronner (à venir)
 
Pour vérifier mon travail de coupe, on pourra écouter l’émission complète ici :

RM

21 au 25 Novembre 2011, Metz – Semaine "Enfance et genre"

Affiche_Enfance_et_genre_2011Du 21 au 25 novembre 2011, à l’initiative du Réseau lorrain de Recherche et Formation en Action Sociale (Foreas) et du Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales (2L2S/ERASE) aura lieu la semaine « Enfance et genre : comment le sexisme vient aux enfants ? Des stéréotypes sexistes aux conséquences sociales et sociétales ».

Ces rencontres, ouvertes à tous et toutes sur inscription, se destinent prioritairement aux étudiant-e-s, professionnel-le-s et chercheur-e-s de Lorraine qui s’intéressent aux rapports sociaux entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes.

Lieu : Université Paul-Verlaine de Metz et de l’IUFM de Montignys-lès-Metz.
Télécharger le programme


 

Quelles sont les modalités de construction du genre ? Dans une société et un espace donnés, comment se construit-on fille ou garçon ? Femme ou homme ? Les regards croisés de plusieurs disciplines (sociologie, psychologie, anthropologie, histoire, philosophie) et de plusieurs espaces géographiques (France, Europe, comparaisons internationales) nous permettront de dresser un panorama de cette question fondamentale et de sa traduction dans les espaces de construction identitaires des personnes.

Comment ces processus genrés de construction identitaire se traduisent-ils dans les espaces de socialisation des enfants de la petite enfance à l’adolescence ? Les interventions et débats avec des chercheur-e-s et des professionnel-le-s de l’enfance et l’adolescence nous permettront d’interroger différents supports (littérature, jeux, activités) et lieux (accueil et accompagnement de la petite enfance et de la jeunesse) au regard de cette socialisation différenciée qui transmet « mine de rien » aux enfants des modèles identitaires stéréotypés.

Quelles conséquences et quels effets produisent ces représentations sociales hétérosexistes sur les « choix » et pratiques des individus ? Les intervenant-e-s montreront combien l’intériorisation précoce des stéréotypes et des attentes spécifiques à destination des filles et des garçons continuent non seulement de ségréguer les espaces et places de chacun et chacune mais participent de la production des violences faites notamment aux femmes.

 

Pour s’inscrire aux journées, contacter le secrétariat du réseau FOREAS : 

Christelle Kalkandelen : 03 83 93 41 90 ou reseau.foreas@irts-lorraine.fr
 
Partenaires :
Université Paul-Verlaine de Metz,
Pôle Enfance/Famille de l’IRTS de Lorraine,
AIEM,
Délégation Départementale de la Cohésion Sociale de Moselle,
CIDFF de Longwy,
Association Espoir,
Rectorat de l’académie Nancy-Metz via sa Mission Egalité Filles/Garçons,
Forum-IRTS de Lorraine,
FNEJE 54,
FNEJE 57,
IUFM,
CCAS de la ville de Metz,
bibliothèques et médiathèques de Metz,

avec le soutien de la Délégation Régionale aux Droits des Femmes et pour l’Egalité,
de Metz Métropole,
de la Région Lorraine,
du Conseil Général de la Moselle
et du Conseil Général de la Meurthe et Moselle

 

(A finir) Ressources sur l'homosexualité et le LGBT

 

A l’instar de la question du genre et de celle du racisme, voici un sous-ensemble de ressources consacrée à l’homosexualité et à la question transversale Lesbienne-Gay-Bi-Trans ou LGBT (désignant les homosexuel-les, les bisexuel-les et les transsexuel-les). Ces ressources ont été utilisées lors de Midis Critiques et de cours pour éducateurs ou travailleurs sociaux. Chaque fois que nécessaire, nous préciserons le mode d’emploi ou l’angle d’approche que nous avons choisi.

(Coordination Richard Monvoisin)

Louis-George Tin et la question du droit LGBT bafoué en France… d’outre mer.

Emission de France Inter du 28 août 2011.  ftp://cortecsftp@cortecs.org/cortecs.org/wp-content/uploads/2013/05/CorteX_Louis-George_Tin_LGBT_outre-mer_26.08.2011.mp3

CorteX_Frederick_Douglass

TP corrigé – Grand jeu de recherche de la source de l'information – l'homme noir

Nous vous proposons une collection de travaux pratiques simples à usage des élèves ou étudiants souhaitant se former à la recherche de la source d’une information, d’un concept ou d’une rumeur. Parmi ces TPs, celui-ci :
Quel « poète africain-américain » a dit, dans les années 50, que « Si le Noir n’est pas capable de se tenir debout, laissez-le tomber. Tout ce que je vous demande, c’est de ne pas l’empêcher de se tenir debout. » ?
Pour d’autres TPs, retourner ici.

 


 
Cette citation est le coeur (et le titre) d’un article paru le 6 octobre 2011 sur Rue 89, intitulé

« Si le Noir n’est pas capable de tenir debout, laissez-le tomber »

et signé Venance Konan.
Dans le corps de l’article, on trouve ce passage :

Pour ma part, je répondis en citant un poète africain-américain qui, dans les années 50, avait dit :

« Si le Noir n’est pas capable de se tenir debout, laissez-le tomber. Tout ce que je vous demande, c’est de ne pas l’empêcher de se tenir debout. »

Qui dit poète afro-américain dit langue anglaise probable. Par conséquent je tente « citation » (en anglais quotation) avec Black stand et fall. En 1 minute 30 environ je tenais la citation d’origineCorteX_Frederick_Douglass, qui n’émane ni d’un poète, ni dans les années 50.

C’est l’homme politique abolitionniste et ancien esclave Frederick Douglass, qui a écrit ça en 1865 (soit une erreur de 85 ans) :

In regard to the colored people, there is always more that is benevolent, I perceive, than just, manifested towards us. What I ask for the negro is not benevolence, not pity, not sympathy, but simply justice. The American people have always been anxious to know what they shall do with us… I have had but one answer from the beginning. Do nothing with us! Your doing with us has already played the mischief with us. Do nothing with us! If the apples will not remain on the tree of their own strength, if they are worm-eaten at the core, if they are early ripe and disposed to fall, let them fall! … And if the negro cannot stand on his own legs, let him fall also. All I ask is, give him a chance to stand on his own legs! Let him alone! … your interference is doing him positive injury.

(dans « What the Black Man Wants » — speech in Boston, Massachusetts, 26 janvier 1865)

J’ai écrit à l’auteur pour l’informer de ma recherche, et pour lui dire ce que je pensais du journalisme rapide, médiocre et non sourcé.

Il en va de notre autodéfense de se protéger de ces articles où la qualité de base n’est pas respectée.

 

Richard Monvoisin

2011-2012, Séminaire La chimie, science d’interfaces – Paris

Un peu d’épistémologie et de chimie ?

 



 
La chimie, science d’interfaces, séminaire organisé par François Pépin
Centre Cavaillès, 29 rue d’Ulm, Paris 5e (3e étage, palier de droite), un mercredi par mois de 13 h 30 à 15 h 30, du 2 novembre 2011 au 13 juin 2012 (entrée libre dans la limite des places disponibles)
 
Présentation

La chimie a pendant toute son histoire été habitée par la question de son identité, qu’il s’agisse de déterminer sa spécificité par rapport aux autres sciences, de penser sa valeur scientifique par rapport à son fort ancrage technique, ou de cerner son statut académique et son rôle social. Mais n’est-ce pas le signe que l’identité même de la chimie est mobile et mouvante ? La chimie ne nous invite-t-elle pas à réfléchir en termes d’interactions, à la fois pour comprendre le monde et pour saisir les relations disciplinaires ?

En envisageant la chimie comme une science d’interfaces, le but de ce séminaire est d’interroger plusieurs types de rapports pour souligner l’originalité du travail chimique et manifester l’intérêt épistémologique de cette science qui complique les distinctions traditionnelles. Dans un cadre ouvert à toute forme d’interactions, on s’intéressera en particulier à deux grands axes.

D’un côté, la notion d’interface peut permettre de mieux cerner les relations de la chimie à ses objets. Une spécificité ancienne de la chimie est de produire et de détruire ses objets pour les connaître, mais elle se laisse aussi comprendre par plusieurs articulations : entre les niveaux microscopique et macroscopique, entre théorie et pratique, entre recherche fondamentale et recherche appliquée, entre science et technique (ou art), etc.

D’un autre côté, les interfaces entre la chimie et les autres savoirs scientifiques (notamment la physique, la biologie et la médecine), la technique et la société compliquent la notion de frontière disciplinaire. Cela suggère une cartographie dynamique des savoirs et invite à l’étude des mélanges (notion chimique !) entre genres.

Le cadre interdisciplinaire de ce séminaire conduira à croiser les regards du savant, de l’épistémologue et de l’historien.
 
Programme
Mercredi 2 novembre 2011 : Bernadette Bensaude-Vincent (Paris 1), La chimie, une science de l’inter-faire
Mercredi 30 novembre 2011 : Sacha Loeve (Paris 1, CETCOPRA), Interfaces instrumentales et relations inter-objectives en nanotechnosciences
Mercredi 11 janvier 2012 : Cécilia Bognon-Küss (Paris 1), La chimie de la digestion au XVIIIe siècle : propriétés émergentes et réductionnisme dans la médecine vitaliste
Mercredi 8 février 2012 : Jean-Pierre Llored (CREA, École polytechnique), La notion d’émergence en chimie dans une perspective « matériologique »
Mercredi 28 mars 2012 : Sacha Tomic (Paris 1), L’interface disciplinaire entre chimistes et apothicaires/pharmaciens : la naissance de la chimie organique
Mercredi 4 avril 2012 : Christine Lehman (Paris Ouest, IREPH), Les miroirs ardents entre science opérationnelle, curiosité et spectacle (XVIIIe siècle)
Mercredi 2 mai 2012 : Fani Papadopoulo (Paris 1, CETCOPRA), Les chimistes et la nutrition animale au milieu du XIXe siècle
Mercredi 13 juin 2012 : Bernard Joly (Professeur émérite, Lille 3, UMR « Savoirs, textes, langage »), La chimie est-elle une philosophie ? Chimie et philosophie à l’âge classique (sous réserve)
 

CorteX_marteau-justice

Métaphore juridique et "loi" en science

CorteX_marteau-justiceLoi, interdiction, violation…La métaphore juridique est un grand classique du relativisme cognitif, car elle laisse penser que la science fonctionne selon des juges et des parties qui remportent l’adhésion par une sorte de consensus démocratique, au nom d’un libéralisme philosophique un peu galvaudé. La contestation d’une pseudoscience y est vécue comme un refus liberticide du pluralisme « politique » que devrait représenter la science. Si la science comme technopolitique mériterait de suivre des parcours démocratiques plus clairs, la science comme démarche, elle, ne fonctionne pas à la majorité.

Par ces métaphores, nous sommes directement projetés dans le relativisme de Feyerabend qui déclarait en des phrases aussi célèbres que fausses :

« L’unanimité dans l’opinion peut convenir à une Église, aux victimes terrorisées ou ambitieuses de quelque mythe (ancien ou nouveau) ou aux adeptes faibles et soumis de quelque tyran. Mais la variété des opinions est indispensable à une connaissance objective. Et une méthode qui encourage la variété est aussi la seule méthode compatible avec des idées humanistes » (Feyerabend P., (1998) Contre la méthode, esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance, (1979) Seuil p. 46 et p. 348).

C’est une métaphore fréquemment utilisée, notamment dans les cas de pseudo-médecines. Elle dénature totalement la démarche scientifique, qui valide une théorie non sur la majorité des avis, mais sur l’adéquation des résultats avec la prédiction.

Le terme « loi » est la jauge de cette métaphore, puisqu’il entremêle dans la culture française l’acception « loi physique », immuable, axiomatique de la Nature et « loi » humaine, construite dans le cadre d’un groupe social, et renégociable. La métaphore est extrêmement dangereuse. Des auteurs célèbres du postmodernisme comme Stengers jouent sur ce registre en encourageant à « enfreindre la loi », à passer les « infractions » et à se départir des « jugements » quasi-pénaux des physiciens (1), ceci non pour flatter une sympathique désobéissance civile mais pour montrer que les savoirs scientifiques ne sont que des conventions humaines,

« relevant quasi exclusivement de luttes de pouvoir, dans lesquelles la pertinence des théories scientifiques débattues n’aurait que peu d’importance (…) Une science qui se targue de posséder la seule méthode correcte et les seuls résultats acceptables est une idéologie, et doit être séparée de l’État et particulièrement de l’éducation. On peut l’enseigner, mais uniquement à ceux qui ont décidé d’adopter cette superstition particulière. » (2)

 

Nous sommes dans l’anti-rationalisme et le relativisme cognitif le plus granuleux. Malheureusement, ces menaces échappent généralement aux concepteurs de médias. Un simple exemple peut être pris par l’une des ces annonces jouant sur les deux registres : la résistance électrique abolie, lit-on. La vraie question est : par quelle cour de justice ? (voir aussi « la violation de la vitesse de la lumière »)

Tiré de Pour une didactique de l’esrpit critique, de Richard Monvoisin, 4.4.4.7 la métaphore juridique.

 

 La résistance éléctrique abolieCorteX_Loi_resistance_abolie

(1) Stengers I., (1997) Cosmopolitiques, La découverte.

(2) Mulet-Marquis C., (2007) Postmodernisme antirationnel chez Isabelle Stengers, in Athané F., Guinet É., Silberstein M. (Dirs.), Matières premières N°2, émergence et réduction, éd. Syllepse, p 318.