Gabriel Giraud est étudiant à l’Institut d’études politiques de Grenoble. Il a choisi pour son mémoire 2014-2015 de s’atteler à la déconstruction de la thèse, très à la mode dans les milieux néo-conservateurs, du choc des civilisations « occidentale / arabo-musulmane ». Il a donc entrepris l’analyse critique du livre-source, celui du professeur de Harvard Samuel Huntington (Le choc des civilisations, paru en 1996 sous le titre The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order aux éditions Simon & Schuster, et traduit en français en 1997 aux éditions Odile Jacob. Ce livre, souvent cité, est finalement peu lu, et renferme une certaine médiocrité épistémologique que pointe avec talent Gabriel. Son mémoire, « Le scénario du choc des civilisations, analyse critique d’une théorie pseudo-scientifique » fut encadré par Clara Egger, du CORTECS, et lui a valu une excellente évaluation.
Étudiant à Sciences Po Grenoble (master Transmédia), j’ai suivi par curiosité les cours de Zététique & autodéfense intellectuelle (R. Monvoisin) et de Sciences et pseudo-sciences politiques (R. Monvoisin & C. Egger). Ces cours m’ont donné l’envie de tenter un mémoire de fin d’année original, utilisant les outils de la pensée critique. L’ambition était d’élever, dans la mesure du possible, la « science politique » à la rigueur de la démarche scientifique qui caractérise les « sciences dites dures ».
Partant du constat que le « terrorisme » islamiste était trop souvent traité dans les médias sur un plan idéologique, et que les discours les plus agressifs envers la religion musulmane étaient la plupart du temps contredits sur un plan strictement moral (« islamophobie », « extrémisme »), je souhaitais analyser ces arguments à l’aide d’outils rationnels et dépassionnés. La théorie du choc des civilisations de Samuel Huntington s’est imposée comme une référence, encore étudiée dans nos cours de relations internationales à l’insitut d’études politiques.
Coïncidence, les attentats contre Charlie Hebdo ont relancé le débat sur l’Islam alors même que je venais de commencer ce travail, sous la direction de Clara Egger. Ce fut alors l’occasion d’étudier le traitement médiatique de ces événements, afin d’évaluer l’influence de l’imaginaire du « choc des civilisations » et ses enjeux politiques.
Ce mémoire ne prétend cependant pas apporter une réponse à Samuel Huntington : il se contente de déconstruire la pseudo-scientificité de sa démarche, qui a contribué à légitimer ses thèses et à les rendre populaires.
Télécharger le scénario du choc des civilisations, analyse critique d’une théorie pseudo-scientifique, par Gabriel Giraud (2015).