En juin 2011, Guillaume Lecointre abordait avec nous les questions fondamentales de la distinction entre science et croyance, de ce qu’est la démarche scientifique et de ce qu’elle n’est pas ou encore des intrusions spiritualistes en science. Les 17 et 18 Novembre, Guillaume est à Montpellier et deux de ses interventions sont ouvertes au public, dont une après-midi entièrement dédiée à ces questions – si ce n’est pas du luxe, cela y ressemble !
- Jeudi 17 novembre à 19h : La diversité borgne
Nous avons l’habitude de vouloir protéger la biodiversité en vertu des services qu’elle nous rend. Nos décideurs et la demande publique la catégorisent en fonction de ce que les êtres vivants font ; parce que comprendre les relations dynamiques qu’entretiennent entre eux les êtres vivants ici et maintenant nous permettra de prévoir la réaction des écosystèmes aux perturbations que nous leur imposons. Ce que les êtres vivants font nous importe donc davantage que ce qu’ils ont. D’autre part, nous sommes culturellement formatés pour rigidifier nos catégories mentales dans la nature, ce qui n’arrange pas la souplesse que nécessite la prise en compte de plusieurs critères de catégorisation pour pouvoir appréhender la biodiversité dans toute sa complexité et par une diversité de sciences. Par exemple, nous montrerons que catégoriser les êtres vivants en vertu de ce qu’ils ont aboutit à des phrases ou des décisions qui sont contradictoires avec une catégorisation en vertu de ce qu’ils font. Mais l’histoire des sciences naturelles nous enseigne que la relation entre ce que les entités biologiques font et ont est complexe et source de malentendus. Les textes actuels, scientifiques ou politiques, sur le sauvetage de la biodiversité sont des textes borgnes. Ils laissent sur le bord de la route le patrimoine anatomique extraordinaire d’espèces dont les « services écosystémiques » sont négligeables ou nuls.
- Vendredi 18 novembre de 13h15 à 16h30 : La conscience laïque dans les sciences
L’espace du laboratoire est un espace laïque à l’échelle internationale, sans que pour autant les chercheurs ne le clament. Pourtant, ce silence a des conséquences, notamment politiques. On montrera que la laïcité des sciences est indispensable à celle de l’école (et vive-versa), avec des exemples pris à l’international. Des mouvements politiques, dans plusieurs pays, tentent de faire croire aux publics que la Providence
peut être mobilisée au laboratoire, utilisant ainsi les sciences comme cheval de Troie pour faire entrer les religions à l’école publique… via le cours de sciences ! Face à ces manipulations épistémologiques, la philosophie relativiste (en particulier francophone) s’emploie à désarmer les chercheurs et désoriente le public avec l’idée qu’il n’y aurait pas de définition consensuelle de ce qu’est une méthode scientifique. Nous montrerons le contraire, et qu’il est temps que les chercheurs apprennent à mettre leurs pratiques épistémologiques dans des mots simples, pour tous les publics. Nous finirons par examiner des postures souhaitables du scientifique, celle du philosophe, celle du théologien et celle de l’élu face aux manipulations épistémologiques des sciences d’origine politique.