Examen de zététique 2014

Remis le 22 avril 2014 aux étudiants de l’UET Zététique & Autodéfense intellectuelle (Grenoble), ce devoir à rendre le 6 mai 2014 réinvestit les connaissances acquises en cours. Vous voulez essayer ? Un corrigé sera disponible fin mai. 
Les consignes reçues par les étudiant-tes sont données à la fin.

I. Enquête

La colothérapie, la nouvelle thérapie qui STOPPE plus de 114 maladies en détoxifiant votre COLON (publicité réelle, composée de 10 pages scannées – Disponibles ici)

En vous appuyant sur votre outillage zététique, il vous est demandé de :

  • faire l’analyse des concepts centraux de la thérapie

  • évaluer la pertinence ou non de cette thérapie

  • rechercher s’il existe de vraies études scientifiques publiées dans des revues à referees

  • (la médecine n’étant pas votre spécialité) demander à un spécialiste de votre choix son avis.

  • pointer tous les biais argumentatifs, sophismes et effets possibles dans la plaquette ci-jointe

La démarche scientifique impose que vous donniez des références précises quand vous vous appuyez sur d’autres travaux.

 (5 points)

II. Décorticage d’un extrait du journal télévisé

Igor et Grishka Bogdanov au CERN, 11 juin 2010, France 2

(vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=A-w-Z_PR33o)

Faites l’analyse la plus approfondie possible SVP :

  • de la mise en scène

  • de la rhétorique

  • des biais de raisonnement.

(3 points)

III. Montage d’un protocole expérimental

Élaborez et réalisez une expérience rigoureuse sur le plan scientifique qui permet de comparer la sensibilité de l’un-e ou de plusieurs de vos amis à la différence entre deux produits – en précisant la puissance statistique de vos résultats.

Exemples de produits : Coca et Pepsi / Vache qui rit et Kiri / Deux vins de différente couleur / Bière blonde et bière brune / etc.

 (4 points)

IV. Recoupement de presse

Choisissez un sujet relevant des sciences politiques (conflit, affaire, géopolitique, discrimination…) dans un quotidien*, et comparez les variations de traitement dans au moins cinq autres journaux du même type (Ex : Libération, Le Monde, le Figaro, Herald Tribune, New York Times, Washington Post, El Pais, Frankfurter Zeitung, Corriere della Sera, Al Sahafa الصحافة, Komsomolskaïa Pravda Комсомо́льская пра́вда, dans la limite des langues que vous maîtrisez.

Il vous sera nécessaire de reproduire les articles, en les photocopiant / capturant et en les scannant, dans votre dossier final)

 * Version papier ou version numérique mais tous les journaux doivent tous relever du même support.

** à la même date, bien entendu.

(3 points)

V. Exposition sélective

Masaru Emoto est un japonais qui affirme que l’eau stocke les pensées positives ou négatives, par des processus quantiques. Ses affirmations font l’objet d’une grande promotion, bien que jamais n’ait été montré le début d’une preuve.

Dans le moteur de recherche Google, tapez Masaru Emoto et analysez les 8 premières pages, en classant ces pages selon la teneur : partisan de la « théorie » d’Emoto / critique de la « théorie » d’Emoto.

À quelle page parvient-on aux premières critiques en français ? Dans une autre langue ?

Obtient-on les mêmes résultats sur des ordinateurs différents ?

Choisissez un autre sujet pseudo-scientifique de votre choix (astrologie, crop circles, homéopathie…) et faites SVP le même travail.

(2 points)

VI. Analyse de texte

Faites une analyse zététique du texte suivant :

 « Le panda est une création tout à fait étrange, et inadaptée à son milieu : il ne sait manger que des feuilles de bambou, alors que son estomac est fait pour manger de la viande ; cela ne lui donne que très peu d’énergie pour se déplacer ou même copuler. Certains disent que ce fossile vivant est le chaînon manquant des ours, mais aucun fossile n’a jamais été découvert. Les évolutionnistes disent que sa seule stratégie fut de développer sa couleur pour mieux plaire à son partenaire sexuel, mais cette lecture est glaciale, comme l’est l’évolutionnisme qui est une sorte de religion ayant pour prophète Charles Darwin. En regardant les caractéristiques du panda, il est impossible que cette créature soit le fruit du hasard, car s’il avait fallu évaluer la probabilité de son apparition par hasard, celle-ci aurait été immensément faible. De même qu’une montre trouvée dans le désert ne s’explique pas par hasard et implique un horloger qui l’a fabriquée, de même il est certain que, Dieu ou pas, une volonté immanente a crée cet être improbable. Cela démontre qu’il y a une essence, une nature de chaque espèce, de même qu’il y a des natures délinquantes et d’autres non chez les Humains, ainsi qu’une nature féminine et une nature masculine, comme le montre l’instinct guerrier chez les Hommes et l’instinct maternel chez les Femmes ». .R Meinnachbach, Für eine erfolgreiche intellektuellen Betrug in der Frage der panda, Oxbridge Ed. 1974, pp. 274-275

(3 points)

Consignes

Ce travail peut être réalisé seul-e, à deux, trois ou quatre, moyennant que les noms (+ cursus + université) soient indiqués sur la copie.

Les critères d’évaluation sont les mêmes que vous soyez 1 ou 4, ceci afin de vous encourager à collaborer.

Il est attendu de vous :

– que vous soyez précis et rigoureux dans vos références, dans vos arguments, dans vos sources

– que vous réinvestissiez les outils méthodologiques du cours

– que vous justifiiez chacun des arguments que vous employez

– que vous fassiez appel à des spécialistes si vos compétences sont dépassées

– que vous rendiez le 6 mai une version papier reliée ou agrafée + une version informatique par mail.

Normalement, la copie type pour avoir tous les points fait environ 10 pages police Times New Roman 12.

Bon courage.

Richard Monvoisin

Méthodologie – Outils d'évaluation d'ouvrages à contenu scientifique

Nous avions présenté ici une méthode pour enquêter sur un sujet controversé et détaillé les différentes étapes à mener pour recueillir d’une part de l’information contradictoire, d’autre part des informations sur les acteurs du débat, en particulier pour se faire un premier avis sur le degré de confiance à leur accorder. La question de l’évaluation de la qualité intrinsèques des sources n’y était cependant pas abordée. C’est pour répondre à cette problématique que Nelly Darbois et Albin Guillaud se penchent ici sur un aspect primordial de la démarche d’investigation : l’analyse de la bibliographie.

Préambule

Nous avons deux objectifs dans cet article :

1) proposer quelques outils pour évaluer et comparer des ouvrages à contenu scientifique,

2) mettre en application ces outils sur un cas concret de comparaison entre deux ouvrages. Il s’agit de TV Lobotomie – La vérité scientifique sur les effets de la télévision de Michel Desmurget1 et de L’enfant et les écrans – Un avis de l’Académie des sciences2.

Qu’entendons-nous par ouvrage à contenu scientifique ?

Il s’agit pour nous d’ouvrages dont le ou les auteurs exposent volontairement ou non au moins une affirmation de type scientifique. Nous qualifions d’affirmation de type scientifique toute phrase ou groupe de phrases qui exprime quelque chose sur la réalité (physique, biologique, sociale, etc.).

Exemples triviaux

  • Si je lâche une pierre, elle chute vers le sol (affirmation concernant la réalité physique).
  • Le cœur humain sert à propulser le sang dans le corps (affirmation concernant la physiologie humaine).
  • La révolution française eut lieu en 1789 (affirmation concernant l’histoire).
  • Si je suis fumeur, j’ai plus de risque de contracter un cancer du poumon au cours de ma vie qu’un non fumeur (affirmation concernant la santé).

En fait, ce sont toutes les affirmations par lesquelles on essaie de nous faire comprendre que quelque chose  « existe », « a existé », « est réel », « marche », « est efficace », « va se produire », « s’est passé comme cela », « fonctionne comme ceci », « s’explique comme cela », etc.

Nous dirons que la caractéristique essentielle d’une affirmation de type scientifique est qu’elle soit potentiellement vérifiable3. Tous les domaines de la connaissance peuvent être concernés : l’histoire, la biologie, la sociologie, la psychologie, la santé, la physique, l’astronomie, etc.

Les affirmations qui relèvent explicitement de faits imaginaires ou qui expriment un point de vue, un goût, un avis, une opinion ou une croyance personnelle ne sont pas de type scientifique.

Autres exemples

  • Affirmations de type scientifique
    Les fantômes existent.
    Il suffit d’être volontaire pour avoir une bonne situation professionnelle en France.
    Manger des pommes soigne l’arthrose.
  • Affirmations de type non scientifique – Si l’ouvrage ne comprend que des affirmations de ce type, alors nous ne le considérons pas à contenu scientifique :
    J’aime manger des pommes en marchant.
    Je crois aux fantômes.
    Je suis quelqu’un de volontaire et j’ai une bonne situation professionnelle.

Nous vous proposons maintenant quelques exemples réels que nous avons extraits de différents ouvrages :

  • Ouvrage 14 :

« […] je suis surpris par le nombre de ceux qui me consultent régulièrement, soit pour se faire renouveler une ordonnance, soit pour une nouvelle pathologie qui ressemble à la précédente. » (Affirmation de type non scientifique.)

« Le cerveau et le corps humain disposent en effet de pouvoirs très puissants, qui ne sont pratiquement jamais utilisés. Il suffit de les activer pour soigner un nombre considérable de symptômes et de maladies. » (Ici nous avons deux affirmations de type scientifique.)

  • Ouvrage 25 :

« Rares sont celles [les interactions humaines] qui n’impliquent pas la tromperie ou au moins sa possibilité. » (Affirmation de type scientifique.)

« Je suis désormais convaincu qu’étudier comment et quand les individus mentent et disent la vérité peut permettre de comprendre beaucoup d’interactions humaines. » (Affirmation de type non scientifique).

  • Ouvrage 36 :

« Le travail reste dans notre société l’élément structurant de l’identité personnelle et sociale des individus et le facteur premier d’intégration (…) » (Affirmation de type scientifique).

« Nous devons avoir l’ambition de bâtir une nouvelle société du travail, moins dure, moins inégalitaire et plus respectueuse des salariés. » (Affirmation de type non scientifique.)

Pourquoi présenter ces outils ?

Nous estimons que lire un ouvrage à contenu scientifique peut servir, au-delà de nous distraire, à nous apporter des connaissances, à modifier nos idées et à potentiellement influencer nos comportements. En conséquence, il nous semble important que tout un chacun soit en mesure de  réaliser une évaluation critique de ce genre de livre.

Face à des ouvrages de ce type, nous pouvons nous poser un certain nombre de questions : comment réaliser un premier tri entre des livres traitant d’un sujet similaire ? Comment nous positionner face à deux essais qui traiteraient d’un même thème mais qui seraient contradictoires ? Comment nous faire une première idée de la vraisemblance du contenu d’un ouvrage sans le lire dans son intégralité et sans être un expert dans le domaine traité ?7

Nous espérons que les quelques outils « de base » que nous allons exposer par la suite permettront de répondre à ces questions. Nous évoquerons dans un second temps quelques outils « avancés », plus complexes et coûteux à mettre en pratique.

Pourquoi avons-nous choisi ces outils plutôt que d’autres ?

Notre envie de rédiger un article sur le sujet est venue suite à la lecture de deux ouvrages à contenu scientifique (voir partie 2). Nous n’avions pas de connaissance particulière sur le domaine dont ils traitaient et estimions tout de même pouvoir accorder plus de crédit à l’un qu’à l’autre. Nous avons donc essayé de formaliser les critères d’évaluation que nous utilisons habituellement lors de nos lectures ; c’est ainsi que nous avons dégagé ces outils, dont la liste n’est sûrement pas exhaustive. Concernant les outils de base, ils ne s’utilisent pas indépendamment les uns des autres ; ils sont systématiquement à mettre en relation.

Nous avons par ailleurs recherché s’il existait des guides d’analyse critique d’ouvrage et n’en avons pas trouvé. C’est pour cela que nous avons décidé d’en proposer un.

Partie 1 – Quelques outils.

Outil de base 1 – Présence de la bibliographie.

La bibliographie (ou références, sources) est la liste des documents sur lesquels s’est appuyé l’auteur pour écrire son livre et exposer des affirmations. Cette liste peut se trouver en fin d’ouvrage ou être présentée au fil du livre sous forme de notes de bas de page.

Forme bibliographie

Si nous déconseillions précédemment d’utiliser un outil de manière isolée, celui-ci fait exception : il est indispensable. C’est en effet le moyen par lequel nous pouvons vérifier ce que l’auteur avance. Un ouvrage à contenu scientifique qui ne comporterait pas de bibliographie peut être écarté sans vergogne, ou utilisé comme matériel pédagogique afin d’enseigner l’analyse critique.

Outil de base 2 – Ampleur de la bibliographie.

Plus la bibliographie est fournie, plus notre confiance peut augmenter. C’est un moyen simple d’évaluation comparative entre deux ouvrages traitant du même sujet qui auraient deux bibliographies radicalement différentes en quantité (exemple : 10 références versus 500 références). Cet outil n’est bien sûr pas suffisant et peut même induire notre jugement en erreur si, par exemple, l’auteur renvoie à énormément de sources qu’il n’a pas lu, ou s’il s’appuie sur beaucoup d’études dont la méthodologie n’est pas rigoureuse.

Outil de base 3 – Clarté de l’affirmation.

Plus une affirmation est floue, moins elle est compréhensible et identifiable, plus notre méfiance doit s’attiser. En tout cas, cela peut signifier plusieurs choses, par exemple :

1)      notre niveau d’expertise n’est pas suffisant ; qu’à cela ne tienne ! Les outils suivants pourront nous éclairer,

2)      l’auteur ne s’est pas exprimé clairement ; cela arrive,

3)      l’auteur ne pouvait pas s’exprimer plus clairement mais ce qu’il nous dit est en quelque sorte un peu vide de sens (voir effet puits).

Exemple : « manger des pommes soigne l’arthrose » est plus clair que « consommer par voie orale un type de végétaux comestibles permettrait de potentialiser l’évolution de certains troubles musculo-squelettiques ».

Bien évidemment, ce n’est pas parce qu’une affirmation est claire qu’elle est pour autant valide. Nous avons besoin d’autres outils pour évaluer cela.

Outil de base 4 – Liens entre le texte de l’ouvrage et la bibliographie.

Si un auteur écrit un livre composé d’une importante bibliographie en ne mentionnant à aucun moment dans le texte à quelles sources se référer, il devient difficile voire impossible pour le lecteur d’aller vérifier les affirmations qui l’intéressent.

Prenons un exemple. Dans l’ouvrage Ni Dieu Ni Darwin. Les Français et la théorie de l’évolution8, nous lisons :

« Au risque de simplifier une question fort complexe, on peut dire que le principe central qui fonde la diversité des êtres vivants, et donc leur classification, chez Darwin et les biologistes de l’évolution actuelle, est celui du lien généalogique. »

Dans cet ouvrage qui comporte une bibliographie d’une centaine de références, s’il n’est pas précisé par l’auteur à quelle source se référer pour cette affirmation, nous ne pouvons concrètement pas la vérifier. Heureusement l’auteur le fait de la manière suivante :

« Au risque de simplifier une question fort complexe, on peut dire que le principe central qui fonde la diversité des êtres vivants, et donc leur classification, chez Darwin et les biologistes de l’évolution actuelle, est celui du lien généalogique1. »

Ce petit « 1 » que nous avons mis en gras à la fin de la citation (en haut à droite du mot « généalogique ») est là justement pour faire le lien avec la bibliographie. Dans l’ouvrage de Dominique Guillo nous trouvons donc au bas de la page 39 :

« 1. Sur les débats agités autour des critères de classification, et sur la classification aujourd’hui, voir Le Guyader, 2003. ».

Le « 1. » rappelle l’exposant « 1 » trouvé dans le texte et «  Le Guyader, 2003 » que nous avons mis en gras nous permet de retrouver la source dans la bibliographie :

Le Guyader H., Classification et évolution, Paris, Le Pommier, 2003.

Plus il y a de liens entre le texte d’un ouvrage et sa bibliographie, plus notre niveau de confiance peut être élevé. Nous verrons plus loin qu’il sera utile parfois d’aller vérifier cette source.

Outil de base 5 – Précision des références bibliographiques.

L’auteur peut plus ou moins préciser ses sources ; plus il le fait, plus nous pouvons nous fier à sa méthode. Cela ne signifie en revanche pas grand-chose concernant les propos qu’il tient, qui nécessiteront une analyse plus poussée.

Nous proposons l’affirmation suivante : « il existe une dualité fondamentale dans nos instincts ». Sans s’attarder sur la grande clarté de cette affirmation, le lecteur est en droit de se demander « mais d’où sortent-ils cette affirmation ? ». À cette question nous répondons :

– « Lire Jean Préposiet »
– Quel ouvrage ?
– « Histoire de l’anarchisme »
– Quelle page ?
– « Page 58 »
– Quelle édition ? (En fonction de l’édition la page ne sera pas forcément la même).
– « Editions Tallandier, 2005»

Le niveau de précision a augmenté au fil des interrogations. Il aurait été bien venu que nous précisions d’emblée :

Histoire de l’anarchisme, Jean Préposiet, 2005, Ed. Tallandier, p58.

Maintenant, imaginons que le lecteur aille vérifier dans le livre. Il trouve alors le passage suivant :

« En chacun de nous coexistent, dans des proportions variables, un libertaire et un conservateur. Principe de plaisir, principe de réalité. Freud a parfaitement exprimé cette dualité fondamentale de nos instincts. »

Il se rend alors bien compte que l’auteur de cette affirmation n’est pas J. Préposiet mais semble être S. Freud. Malheureusement, l’auteur (J. Préposiet) ne le renseigne pas sur la référence à consulter pour aller plus loin dans la quête de la source « primaire ». Voici quelques solutions que nous proposons au lecteur : laisser sans pitié cette affirmation sur le bord de la route et continuer son chemin ; contacter J. Prépioset pour lui demander sa source ; se renseigner auprès d’un spécialiste de la littérature freudienne ; lire l’œuvre intégrale de Freud en espérant tomber sur le propos dès la première lecture, etc.

Outil de base 6 – Déclaration des liens d’intérêts des auteurs.

Lien interetLorsqu’une personne, un groupe d’individus ou une institution se prononce au sujet de quelque chose (par exemple, l’efficacité d’un médicament), il est possible que des intérêts financiers, matériels, personnels ou symboliques puissent influencer ce qu’ils en disent. On dit alors qu’il y a conflit d’intérêt9.

En France, le Code de la santé publique oblige les membres des professions médicales à déclarer ces liens lorsqu’ils s’expriment dans la presse écrite et lors de manifestations publiques10. Un autre article11 inclut d’autres professionnels lorsqu’ils sont membres de certains organismes parmi lesquels la Haute Autorité de Santé, l’Institut National du Cancer, etc. En dehors du champs médical, nous n’avons cependant pas trouvé trace d’obligation légale de déclaration. Nous pensons tout de même que les auteurs d’ouvrages à contenu scientifique devraient déclarer leurs potentiels liens d’intérêts afin d’en informer le lecteur.

Évaluer la qualité des références : septième outil de base et deux outils avancés.

Outil de base 7 – Vue d’ensemble du sérieux de la bibliographie

Il s’agit de jauger « à la louche » de la qualité et de la diversité des supports et de leurs auteurs (revues scientifiques, journaux, livres, rapports, sites internet etc.) de l’ensemble de la bibliographie.

Par exemple, si la bibliographie est composée uniquement d’ouvrages du même auteur que le livre que nous sommes en train de lire, nous allons tourner un peu en rond. Autre exemple, si la bibliographie que nous consultons ne contient que des articles issus de revues « grand public » telles que Sciences et vie ou Science et avenir, voire Voici ou Télé 7 jours, cela devra renforcer notre méfiance, beaucoup plus que si nous nous trouvons face à des revues scientifiques12. Un critère pour évaluer le caractère scientifique d’une revue est la présence d’un comité de lecture, c’est-à-dire d’un groupe de personnes chargé de relire systématiquement les articles proposés à la revue avant publication.

Nous allons maintenant évoquer deux outils supplémentaires. Ceux-ci nous semblent importants pour qui souhaiterait réaliser une analyse approfondie d’un ouvrage ; si, par exemple, l’application des outils de base alerte la vigilance critique du lecteur. Néanmoins leur mise en œuvre est très coûteuse en temps.

Outil avancé A – Concordance entre le contenu de la référence et ce qu’en dit l’auteur qui y renvoie.

Cela nécessite d’avoir accès à la référence dans son ensemble, via internet ou une bibliothèque par exemple. Bien évidemment, il ne s’agit pas de consulter toutes les références mais uniquement celles qui concernent les affirmations les plus redondantes ou les plus importantes à nos yeux. On essaie donc de voir si la référence

  • existe,
  • traite bien du sujet en question,
  • est cohérente par rapport à ce qu’en dit l’auteur.

Pour une illustration percutante de cet aspect, voir l’ouvrage13 de Nicolas Pinsault et Richard Monvoisin, qui mentionne le cas d’une étude sur le Kinesio-Taping® souvent citée.

Outil avancé B – Qualité du contenu de la référence elle-même.

Le meilleur moyen d’évaluer pleinement la qualité d’une référence est d’aller la consulter et idéalement, d’utiliser des outils d’analyse spécifiques du champ dans lequel s’inscrit l’affirmation de départ. C’est là une des limites de notre présentation, qui n’inclut pas ces outils spécifiques. Nous ne procéderons pas à sa mise en application.

Si malgré tout nous souhaitions évaluer une affirmation en particulier, la soumission de la référence à un expert du domaine pour lui demander son avis ou l’appropriation de quelques outils du champ concerné ne sont parfois pas difficiles à mettre en œuvre (cette vidéo par exemple présente différents critères permettant d’évaluer un article scientifique issu du domaine de la santé :  Comment lire et comprendre des articles scientifiques ? Par Nicolas Pinsault).

Partie 2 – Mise en application.

Nous avons appliqué ces outils à deux ouvrages que nous avons lu dernièrement : TV Lobotomie – La vérité scientifique sur les effets de la télévision et L’enfant et les écrans.

Jaquette Les enfants et les ecrans Jaquette TV Lobotomie

Comme leurs titres le suggèrent, ces deux ouvrages abordent tous deux l’impact sanitaire et social de l’exposition aux écrans. Ils nous semblent destinés à un public assez vaste et non spécialiste de la question ; nous les avons trouvés dans des bibliothèques municipales et librairies généralistes. Ils sont parus à deux ans d’intervalle (en 2011 et 2013). Leurs auteurs sont des scientifiques qui dégagent des recommandations de leurs propos. Ils renvoient à des travaux scientifiques et n’exposent a priori pas leur point de vue, mais le fruit d’un travail de recherche documentaire.

Ils ont donc un certain nombre de points communs, à commencer par leur sujet. Tous deux traitent, entre autres, des conséquences de l’exposition à la télévision chez l’enfant. Pourtant, leurs recommandations, qui s’appuient sur les effets néfastes de l’exposition à la télévision décrits dans la littérature, sont différentes :

  TV Lobotomie L’enfant et les écrans
Enfant avant 2 ans « toute exposition audiovisuelle devrait être strictement proscrite » p328 « aucun effet positif » « peuvent avoir des effets négatifs » p21
De 2 à 3 ans « toute exposition audiovisuelle devrait être strictement proscrite » p328 « l’exposition passive et prolongée (…) sans présence humaine interactive et éducative est déconseillée » p22
 De 4 à 6 ans « toute exposition audiovisuelle devrait être strictement proscrite » p328 « il est préférable que la publicité soit proscrite des programmes pour enfants » « vidéothèque familiale qui puisse se substituer à des programmes de mauvaise qualité » p22
Entre 6 et 12 ans « en dessous de 3-4 heures par semaine » p329 Rien de spécifique
Chez les collégiens « en dessous de 3-4 heures par semaine » p329 Rien de spécifique

TV Lobotomie suggère de proscrire toute exposition avant 6 ans, tandis que L’enfant et les écrans la proscrit seulement dans certaines conditions et selon le contenu après 2 ans. Entre 6 et 15 ans, TV Lobotomie suggère de rationner à un certain nombre d’heures tandis que L’enfant et les écrans ne se prononce pas sur cet âge.

Ces divergences (parmi de nombreuses autres) questionnent puisque ces deux ouvrages sont sensés s’appuyer tous deux sur la littérature scientifique. À qui doit-on accorder notre confiance ? Comment trancher sans être spécialiste de la question ?

Nous allons donc tenter une mise en application sommaire de nos différents outils pour essayer d’identifier si l’un ou l’autre de ces deux ouvrages peut se distinguer.

À noter qu’il serait malhonnête de notre part de faire comme si nous avions procédé a priori, tel qu’il faudrait le faire dans un souci de démonstration scientifique. Nous avions déjà, avant la rédaction de cette note, clairement statué sur la différence de qualité entre ces deux ouvrages. Notre article n’est donc pas une analyse à prétention objective et exhaustive. C’est plutôt une démonstration à vocation pédagogique des outils présentés en partie 1.

Mise en application de l’outil 1 : présence d’une bibliographie.

Les deux ouvrages comportent une bibliographie.

Mise en application de l’outil 2 : ampleur de la bibliographie.

TV Lobotomie inclut une bibliographie de 1 193 références. L’enfant et les écrans en compte 279 (seulement 147 sont invoquées dans le corps du texte, nous en reparlons plus loin). Dans les deux cas, nous n’avons pas compté les redites dont on trouve des exemples dans les deux ouvrages, ce qui fausse légèrement nos chiffres mais n’enlève rien à l’ordre de grandeur.

La différence en termes de quantité est considérable. D’autant plus lorsqu’on se représente l’étendue du sujet traité par L’enfant et les écrans qui déborde largement l’exposition télévisuelle. En effet, cet ouvrage a la prétention d’émettre des recommandations concernant les jeux vidéos, les tablettes tactiles, l’utilisation des réseaux sociaux, etc. De plus, ce travail a été réalisé par quatre rédacteurs (deux membres de l’Académie des sciences et deux personnalités scientifiques extérieures), un groupe de travail de onze personnes dont quatre membres de l’Académie des sciences, et douze personnes auditionnées extérieures à l’Académie14.

À la lumière de ces différents éléments, nous nous serions attendus à ce que l’avis de l’Académie des sciences comporte une bibliographie a minima aussi conséquente que celle de TV Lobotomie.

Mise en application de l’outil 3 : clarté des affirmations.

Pour nous, la différence globale de clarté entre les deux ouvrages nous est apparue évidente en faveur de TV Lobotomie. Voici deux passages illustratifs qui abordent l’impact des écrans sur les comportements violents chez l’enfant. Quand des références étaient invoquées dans le texte, nous avons pris la précaution de les indiquer en gras. Nous avons aussi précisé leur nombre.

L’enfant et les écrans, page 72

« L’influence des images violentes s’exerce à deux niveaux : individuel et collectif (1 référence). À un niveau individuel, les mêmes images violentes peuvent influencer les enfants de trois façons différentes. Il y a d’abord ceux qui voient dans ces images une légitimité à utiliser la violence pour résoudre leurs problèmes quotidiens. Ils sont affectés par le « syndrome du grand méchant monde » (1 référence). Une deuxième catégorie d’enfants est constituée par ceux qui, sous l’influence des images violentes, deviennent de plus en plus craintifs, défaitistes et déprimés et finissent par considérer que la violence qui leur est faite est une fatalité contre laquelle ils ne peuvent rien. Eux aussi sont affectés par le « syndrome du grand méchant monde », mais différemment du premier groupe. Il existe enfin une troisième catégorie d’enfants qui réagit à la violence des écrans en développant le désir de la réduire. Ces enfants s’engagent dans des rêveries de réparation et souvent dans les métiers qui correspondent : travailleur social, juge, thérapeute, etc.»

Dans cet extrait, nous n’avons pas de précision concernant l’âge des enfants concernés. Les auteurs nous présentent trois sortes d’influences différentes ; on ne sait pas quelle est la proportion d’enfants pour l’une ou l’autre, ni selon quels critères ils sont placés dans chaque catégorie ; comment a-t-on mesuré le « désir de réduire la violence » ? Comment diagnostique-t-on des enfants « craintifs, défaitistes et déprimés » ? Les enfants regardant beaucoup la télé sont-ils surreprésentés dans le monde des travailleurs sociaux ? Nous n’avons aucun moyen de le savoir puisqu’aucune référence n’est adjointe à ce passage, nous ne pouvons donc pas obtenir plus de renseignements.

TV lobotomie, page 312

« Dans  leur grande majorité, ces recherches furent menées chez l’enfant.  Elles révélèrent, avec  une  remarquable  unanimité,  que les  contenus violents étaient porteurs d’un profond  pouvoir  anxiogène (3 références). Une étude  réalisée  sur  plus  de 2 200  écoliers  de  8  à  11  ans  indiqua,  par exemple,  après  prise  en  compte d’un  grand  nombre  de  covariables  potentielles,  que  les  enfants  les  plus téléphages obtenaient  des  scores  significativement  plus  élevés  à  des  tests d’anxiété  et  de  dépression (1 référence). D’autres  travaux,  déjà  évoqués,  révélèrent aussi  un lien entre exposition audiovisuelle et survenue de cauchemars chez l’enfant ou l’adolescent (3 références). Dans certains cas, les peurs générées par les contenus visionnés se  révélèrent si  intenses qu’elles durent faire l’objet d’une prise  en  charge  psychiatrique (3 références). L’exemple  le  mieux  documenté concerne  deux  écoliers  de  10  ans  qui  déclenchèrent  un véritable syndrome de  stress  post-traumatique  après  avoir  été  exposés  à  un  film  d’horreur particulièrement crédible (1 référence). »

Dans cet extrait, l’échantillon de référence (la population concernée : son âge, son nombre) est  mentionné. L’auteur évoque un « pouvoir anxiogène » des contenus violents, ce qui n’est pas très précis. Cependant, il cite ensuite les moyens auxquels on a eu recours pour le mettre en évidence et le définir plus clairement : tests d’anxiété et de dépression, nombre de cauchemars, nécessité d’une prise en charge psychiatrique. Si nous avons envie d’avoir un peu plus d’informations concernant ces méthodes, l’adjonction des références nous permet d’en obtenir.

Mise en application de l’outil 4 : liens texte/bibliographie.

Pour un rappel de l’intérêt de cet outil, regardons ce que nous en dit l’auteur de TV Lobotomie dans un avertissement au tout début de son ouvrage :

« Premièrement, pour l’auteur, elles constituent [les références dans le texte] un précieux  garde-fou   :  lorsque  chaque  assertion  se  doit  d’être  étayée,  il est moins  facile  de  dire  n’importe  quoi  et  de  faire  passer  des  boniments  de camelots  pour  des  faits  avérés.  Deuxièmement,  pour  le  lecteur,  elles permettent  de  remonter  à  la  source  des  évidences  présentées  et  ainsi  de vérifier  ou  d’approfondir  des  propos  qui  pourraient  être  jugés  suspects  ou engageants. »

Sur les 279 références mises à disposition dans L’enfant et les écrans, 147 sont invoquées dans le corps du texte pour donner au lecteur la possibilité de vérifier les différentes affirmations, soit 52,7% du total. En sachant que ce corps de texte s’étend de la page 11 à la page 195 de l’ouvrage, nous obtenons à titre indicatif, un rapport de : 147 références / 184 pages = 0,8 références par page (arrondi au dixième). Les 132 références restantes, non invoquées dans le corps du texte, sont listées dans une annexe en fin d’ouvrage.

Dans TV Lobotomie, sur les 1187 références mises à disposition, 1187 sont invoquées dans le corps du texte soit l’intégralité de la bibliographie. Ceci nous donne un rapport de 1187 références / 317 pages = 3,7 références par page (arrondi au dixième).

Dans L’enfant et les écrans, de nombreux passages sous-entendent l’existence de travaux scientifiques ayant montré quelque chose sans indiquer de référence. Citons, par exemple :

« Il a été montré que même des messages brefs envoyés par téléphone mobile pouvaient aider des patients à surmonter des crises d’anxiété et des troubles du comportement, comme l’alcoolisme ou l’addiction à la cigarette. » p173

Par ailleurs, nous estimons utile de signaler qu’aucune référence n’accompagne les passages consacrés aux effets des tablettes numériques. Par exemple :

« Une tablette numérique – à la fois visuelle et tactile – peut très bien, avec le concours d’un adulte (parents, grands-parents) ou d’un enfant plus âgé, participer au développement cognitif du bébé » p84

Enfin, la partie intitulée Un triple bouleversement qui, de la page 55 à 65, nous propose une analyse comparée de la culture du livre versus la culture des écrans est, pour illustrer cet outil, tout à fait édifiante. Aucune référence n’étaye ces dix pages. Alors que des affirmations assez surprenantes sont délivrées. Nous apprenons que :

« La culture des écrans privilégie la pensée spatialisée et la mémoire de travail là où la culture du livre privilégie la pensée linéaire, la narrativité et la mémoire événementielle. » p57

« La pensée du livre induit un modèle linéaire, organisé autour de relations de temporalité et de causalité. C’est le monde du « Où? Quand ? Comment ? Pourquoi ? », et du « mais, ou, et, donc, or, ni, car. » p58,59

« Enfin, la culture numérique accepte la coexistence des contraires. C’est une pensée du « à la fois, à la fois ». p59

Qu’est-ce que la « pensée linéaire » ? Comment sait-on que la « culture du livre privilégie la pensée linéaire » ? Qu’est-ce que le monde du « Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? » ou du « mais, ou, et, donc, or, ni, car » ? Nous pourrions nous poser encore de nombreuses questions à propos de ces quelques affirmations. Nous n’avons pas trouvé d’éclaircissements suffisants pour répondre à ces interrogations. L’absence de référence ne nous permet pas d’approfondir15.

À la vue de ces différents éléments, nous pouvons donc sans trop d’hésitation attribuer à TV Lobotomie une franche supériorité en terme de « force » du lien entre le texte et la bibliographie.

Mise en application de l’outil 5 : précision des références.

Elle est satisfaisante pour les deux ouvrages.

Mise en application de l’outil 6 : déclaration des liens d’intérêt des auteurs.

Aucun des deux ouvrages ne se prononce à ce sujet. Ce que nous trouvons dommage, surtout que, comme il est précisé dans l’avis de l’Académie des sciences à propos des écrans : « les enjeux commerciaux et économiques sont considérables. » p11.

Mise en application de l’outil 7 : vue d’ensemble du sérieux de la bibliographie.

Les deux bibliographies comprennent des références hétérogènes. À première vue, toutes les deux comportent un nombre important d’articles scientifiques.

Une évaluation comparative ne nous paraît pas adaptée vu la différence d’ampleur entre les bibliographies. Nous notons tout de même que l’auteur de TV Lobotomie (contrairement à ceux de L’enfant et les écrans) s’attelle de manière récurrente à la description précise des études qu’il cite : population concernée, procédure expérimentale, résultats, etc. Ceci permettant, au fil de la lecture, d’accéder à une première estimation du sérieux et de la qualité des références utilisées.

Remarquons aussi que L’enfant et les écrans ne mentionne à aucun moment l’existence de l’ouvrage de Michel Desmurget écrit pourtant deux ans auparavant.

Ce dernier, dans TV Lobotomie, critique à plusieurs reprises le positionnement sur la télévision d’une personne nommée Serge Tisseron. Nous trouvons par exemple :

« Ultimement,  elles  constitueraient [les images] «  un moyen  de  connaissance  et  l’ensemble  de  l’imagerie  médicale  montre l’importance prise dans  notre société  par l’image comme moyen de  connaître et  de  comprendre ». Je  dois  dire  que  j’aime  tout  particulièrement  cette  dernière  citation  de Serge Tisseron tant elle  est  représentative  des  amalgames  douteux  dont  nous  abreuve  la  coterie  des  thuriféraires  médiatiques. » page 177

Nous suggérons la lecture du passage complet pour prendre toute la mesure de cette critique.

Nous avons donc été particulièrement surpris de constater que ce même Serge Tisseron se trouvait être un des quatre rédacteurs de L’Enfant et les écrans, d’autant plus que, sur les 147 références que comprend cet ouvrage, 24 d’entre-elles (soit 16%) concernent un document de Serge Tisseron.

Finalement, nous avons notre petite hypothèse quant au fait que le remarquable travail de Michel Desmurget ne soit aucunement mentionné dans L’enfant et les écrans.

Mise en application de l’outil avancé A : concordance entre le contenu de la référence et ce qu’en dit l’auteur qui y renvoie.

Pour illustrer l’utilisation de cet outil et comparer les deux ouvrages, nous avons choisi la première étude citée dans L’enfant et les écrans pour les trois raisons suivantes :

  • elle porte sur l’impact de la consommation télévisuelle chez l’enfant,
  • elle est citée également dans TV Lobotomie,
  • elle est accessible intégralement et gratuitement.

Le but de cette étude16 était d’évaluer l’impact de la consommation télévisuelle de programmes éducatifs et non éducatifs entre 3 et 5 ans sur le développement cognitif entre 6 et 7 ans. Pour cela les chercheurs se sont appuyés sur le nombre d’heures de consommation télévisuelle par jour et sur des résultats à des tests validés de mathématiques, de mémorisation et de compréhension écrite.

Voici ce qu’en dit L’enfant et les écrans :

« Aucune étude ne démontre en effet, à ce jour, un impact positif des écrans non interactifs sur le développement précoce, alors que plusieurs travaux pointent l’existence de problèmes chez les enfants qui y sont exposés de manière excessive. Une telle exposition, y compris avec des programmes adaptés, entrave le développement du langage [référence envers l’étude en question][…] »17

Nous comprenons donc que l’exposition excessive des enfants à la télévision, y compris devant des programmes adaptés, entrave le développement du langage.

Ce n’est pas ce qui est précisément mentionné dans l’étude. À aucun moment l’étude n’évoque spécifiquement l’impact sur le langage – encore faudrait-il définir ce que l’on met derrière ce mot. De plus, l’étude ne parle pas d’exposition excessive, mais d’exposition tout court. Mais là encore, il faudrait être plus précis sur ce que l’on entend par excessif. Les enfants inclus dans l’étude regardaient en moyenne la télé 3h29 par jour entre 3 et 5 ans.

Nous pensons que les propos des auteurs de L’enfant et les écrans manquent de précision et ne reflètent pas les résultats de l’étude.

TV Lobotomie mentionne l’étude à deux reprises :

« En lui-même, ce résultat n’est guère surprenant tant abondent les données montrant que l’usage télévisuel s’acquiert par imprégnation durant les âges initiaux de la vie. [6 références dont l’étude en question] »18

Ce n’est pas l’objet de l’étude, comme nous l’avons précisé précédemment. Cependant, les auteurs de cette dernière évoquent dans leur partie méthode qu’il existe une corrélation entre l’exposition avant 3 ans et celle entre 3 et 5 ans, entre celle entre 3 et 5 ans et celle à 6 ans, ainsi qu’entre celle avant 3 ans et celle à 6 ans. Ils évoquent uniquement une corrélation et non une causalité (sur la différence entre corrélation et causalité, voir par exemple cet article). Nous ne pensons pas pouvoir conclure, à partir de cette référence, que « l’usage télévisuel  s’acquiert par imprégnation durant les âges initiaux de la vie ».

Plus loin, Michel Desmurget dit ceci :

« Cette conclusion rejoint les résultats d’une autre étude ayant établi l’existence d’une relation significative entre le nombre d’heures passées devant le poste avant 3 ans et la réussite à des tests standardisés de lecture et de mémoire à 6-7 ans [référence envers l’étude] »19

Il y a cette fois une concordance nette entre l’étude et ce qu’en dit Desmurget. Pour une autre illustration de cet outil, on peut lire l’article du Monde écrit par trois chercheurs dont M. Desmurget qui critique vivement L’enfant et les écrans. Voir particulièrement le paragraphe « Influences délétères importantes ».

Les différences qu’il existe entre le contenu de l’étude de Zimmerman et al. et ce qu’en disent les deux ouvrages analysés montrent en quoi il est important de réaliser ce travail pour les informations qui nous semblent les plus importantes.

Synthèse

Nous avons synthétisé cette seconde partie dans le tableau suivant :

 

TV Lobotomie

L’enfant et les écrans

Présence d’une bibliographie Oui Oui
Ampleur de la bibliographie 1193 références 147 références
Clarté des affirmations Très satisfaisante Peu satisfaisante
Lien texte/bibliographie Très fort Moyen
Précision des références Satisfaisante Satisfaisante
Déclaration des liens d’intérêt des auteurs Absente Absente
Qualité des références Évaluation partielle Évaluation partielle

Conclusion

 Le livre TV Lobotomie est paru en 2011. Nous le pensons porteur d’importants enjeux sanitaires et sociaux. Indépendamment du fond, la rigueur méthodologique déployée par Michel Desmurget dans cet ouvrage à destination du grand public nous est apparue exemplaire.

Comme nous avons pu le souligner, L’enfant et les écrans, paru en 2013, a été vivement critiqué par une partie de la communauté scientifique20 [23]. Nous rejoignons en tout point leur analyse. Avec L’Enfant et les écrans, nous obtenons une énième démonstration du fait qu’être une autorité scientifique ne peut constituer un gage suffisant de qualité de l’information délivrée.

Maintenant, nous ne pouvons qu’encourager le lecteur à évaluer ces deux ouvrages par lui-même.

 
Nelly Darbois et Albin Guillaud

Renversement de sociologie – Quand les étudiants du 9.3. enquêtent sur le 8ème arrondissement

Il nous faut rendre hommage à ce spectaculaire renversement qu’a opéré Nicolas Jounin dans ses travaux pratiques de sociologie : envoyer non plus des « bourgeois » enquêter sur des « primitifs » ou des « défavorisés », mais l’inverse, envoyer des étudiants de Seine-Saint-Denis enquêter chez les indigènes des beaux quartiers. Dépaysement garanti !

Quelques stations de métro séparent les quartiers parmi les plus pauvres de France de ses zones les plus riches. Partis de Saint-Denis (93), dans la banlieue nord de Paris, une centaine d’étudiants ont fondu sur trois quartiers bourgeois du VIIIe arrondissement de la capitale pour enquêter. Afin de s’initier à la démarche sociologique, ils ont dû se familiariser avec un monde nouveau et étrange, dont les indigènes présentent des coutumes et préoccupations insolites. Nicolas Jounin, leur enseignant, sociologue qui enseigne à l’Université Paris-8 à Saint-Denis, décrit leur appropriation des méthodes et outils de la sociologie, les formes de discrimination sociale à leur égard et leur exploration des rapports de classe.CorteX_Nicolas_Jounin

Autant donner la parole à l’auteur lui-même, qui a été invité dans Comme un bruit qui court sur France Inter le 27 septembre 2014, et dans La suite dans les idées, sur France Culture le 6 décembre 2014.

 L’ouvrage relatant cette expérience vient de paraîtreCorteX_Jounin_Voyage_de_classe : Voyage de classes : des étudiants de Seine-Saint-Denis enquêtent dans les beaux quartiers (éditions La Découverte, octobre 2014).

Ce livre est un guide précieux pour tous ceux qui souhaitent s’engager dans une démarche ethnographique. Tout est passé en revue avec rigueur et méthode : des premiers contacts avec les « indigènes » du terrain, aux dépassements des préjugés par la confrontation aux données statistiques, en passant par les ficelles pour mener un entretien. On ne peut regretter d’ailleurs que le livre laisse peu la parole aux étudiants, convoqués seulement en filigrane par le recours à des citations parfois croustillantes, et toujours très pertinentes. Au final, le défi d’inverser la charge de la domination sociologique est relevé avec un brio doublé d’un humour piquant. Terminons en mentionnant les autres travaux que Nicolas Jounin a réalisé sur d’autres travaux réputés difficiles en sociologie, en particulier l’ouvrage tiré de sa thèse de doctorat : Chantier interdit au public. Enquête parmi les travailleurs du bâtiment, La Découverte, Collection « Textes à l’appui », 2008.

Richard Monvoisin et Clara Egger

 

 

 

Atelier sur les questions d'éducation genrée dans le travail social

Voici le déroulé d’un atelier intitulé « Éducation sexuée : les questions de genre dans le travail social », élaboré dans le cadre d’un projet d’étudiants21 de Carrières Sociales, option Éducateur-rice Spécialisé-e, de l’IUT2 de Grenoble. Un groupe d’étudiant-e-s a mené un atelier/débat sur les questions d’homoparentalité avec leurs collègues de promotion de seconde année, futurs éducatrices et éducateurs spécialisés. Leur démarche est un exemple de mise en place de débat, sur des modalités atypiques, afin de susciter et faciliter l’analyse de sujets fortement passionnés et dépasser la simple expression de points de vue, tout cela avec une forte contrainte de temps (1h30).

Atelier réalisé et animé et décrit par Mathilde Barthélémy, Julie Olivier et Morgane Rabaté, en avril 2013.


Introduction

L’homoparentalité a fait débat ces derniers mois sur la scène politique française. En lien avec les questions de genre, la problématique que le sujet a pu soulever, entre-autre, est la suivante : deux personnes du même sexe ont-elles toutes les qualités requises pour élever un enfant ? La complémentarité éducative des genres est-elle toujours d’actualité ?

Tous les médias ont relayé les arguments pour et contre permettant à chacun de s’en saisir pour alimenter sa propre réflexion. Les participants avaient donc déjà réfléchi, a priori, à la question avant cette journée. Partir des raisonnements personnels de chacun était pour nous la manière la plus pertinente de sensibiliser les étudiants à ces questions et de leur donner envie de les approfondir.

Nous avons sollicité l’appui de Nicolas Gaillard du Collectif Cortecs dans l’élaboration de cet atelier.

Nous voulions amener notre atelier de façon ludique de manière à mettre à l’aise, à intéresser chacun et donc, à faciliter l’échange. Sous forme de jeu, nous avons scindé le groupe en deux, de manière arbitraire. Nous ne voulions pas d’un débat où chacun exprimerait sa propre opinion mais où le raisonnement et l’élaboration seraient mis en avant.

Déroulement de l’atelier

1. Constitution des groupes

Pour encourager la démarche d’argumentation plutôt que la défense de sa propre position sur l’homoparentalité, nous avons constitué deux groupes au hasard. Pour cela nous avons commencé par un jeu en début d’atelier : en imaginant une ligne qui sépare en deux la salle, les participants avaient comme consigne de se placer chacun.e d’un côté (« oui ») ou de l’autre (« non ») pour répondre à une liste de questions tordues (aimez-vous le fromage ? Suivez-vous l’actualité sportive ? Etc.). Quand une des questions à partagé les participants en deux groupes égaux, nous avons décrété que les « Pour » étaient d’un côté et les « Contre » de l’autre pour passer à la suite.

2. Phase d’élaboration des arguments

Les « Pour » et les « Contre » devaient donc chercher des arguments en groupe et à l’écrit en vue de la seconde partie de l’atelier, indépendamment de leur propre opinion et position sur la question. Nous avons participé à leur réflexion en l’alimentant par nos recherches préalables et en étayant les arguments dans chacun des groupes.

3. Confrontation des arguments et débat

Les deux groupes se sont répondus successivement sur les mêmes arguments. Nous régulions la parole pour que chacun-e puisse aller au bout de son idée. (voir le contenu des échanges plus bas en annexe ).

4. Bilan avec les participants

Voici des réponses des étudiants :

« Il est intéressant de réfléchir autrement si on est dans le groupe qui ne défend pas nos positions. Puis, si on est dans le groupe qui défend nos positions, on cherche des arguments fondés et on ne s’appuie pas sur des préjugés pour débattre. »

« Les médias véhiculent des bêtises que les gens répètent bêtement. Cela nous permet une certaine remise en question de ce qu’on entend. »

« Notre formation nous permet d’avoir une certaine ouverture d’esprit, et des arguments plus objectifs, en s’appuyant également sur des médias plus appropriés, plus objectifs que d’autres. »

« Pour débattre, nous nous sommes appuyés sur nos connaissances, en essayant d’être logique dans les propos qu’on avançait. Il était plus difficile pour nous d’être dans le groupe « contre » pour trouver des arguments « contre » nous avons pensé aux arguments « pour » et nous avons essayé de les inverser. »

Bilan de l’atelier

Nous avons été impressionnées à la fois par l’engagement des étudiants dans le jeu de rôle et par la pertinence des arguments avancés (cf Annexe). En ce sens, notre objectif de sensibilisation a été atteint grâce à l’aspect ludique de l’atelier et aux modalités de réflexion.

Outre le questionnement autour des normes de genre, ce débat avait pour but de déconstruire les idées reçues et de privilégier l’objectivité des arguments. A la fin de l’atelier, nous avons donc questionné cet aspect.

Pour conclure, nous pouvons donc faire le lien entre l’adoption homosexuelle et les questions de genre en nous appuyant sur les propos des étudiants lors de l’atelier.

Ce sont des préjugés qui poussent à dire que telle ou telle pratique est sexuée, en réalité, la tâche à accomplir avec l’enfant, la posture à avoir, les valeurs à transmettre dépendent avant tout d’une personne avant de dépendre d’une personne sexuée. C’est pourquoi, pendant le débat le groupe « pour » a insisté sur le fait que ce qui compte c’est la sécurité physique, affective de l’enfant, et que ces besoins primaires, secondaires soient assurés. Pourquoi un couple homosexuel ne serait-il pas capable de garantir cela à son enfant ? La figure d’attachement peut être un couple homosexuel pour l’enfant, tant que les parents sont aimants et attentifs au bien-être de l’enfant, qu’est-ce qui empêche deux femmes ou deux hommes de transmettre des valeurs à leurs enfants et d’être un repère pour ces derniers ?


Annexe

Les arguments du débat : Pour ou Contre l’adoption par des couples homosexuels ?

Attention : afin de décortiquer ces arguments formulés « à froid » pour cet atelier, on lira avec profit sur le site du cortecs : « pour en savoir plus sur la notion de genre « .

Contre : Chaque enfant a besoin d’une figure d’attachement paternelle et d’une figure d’attachement maternelle. Il faut conserver l’image de la famille nucléaire.

Pour : La figure d’attachement n’est pas forcément le père ou la mère. C’est quelqu’un qui prend soin de l’enfant au quotidien. Les personnes homosexuelles ont la capacité de transmettre les mêmes valeurs que les personnes hétérosexuelles.

Contre : L’autorité est incarnée par le père donc dans un foyer il faut forcément un homme.

Pour : Ceci est un cliché, pourquoi le père incarnerait forcément l’autorité ?

Contre : C’est une question d’identification. Comment des parents de sexe masculin par exemple pourront expliquer à leur fille la puberté ?

Pour : L’entourage peut apprendre ces choses-là. Par exemple, une tante ou une cousine pourra parler de puberté avec la jeune fille. De plus, ce n’est pas parce qu’on a un papa et une maman que notre mère sera forcément à même de nous parler de puberté. L’attitude, le rôle d’un parent est différent suivant sa personnalité et non pas suivant son sexe. On pourrait se poser la même question chez les parents célibataires d’ailleurs. Mais la réponse serait la même. Aussi, chez un couple hétérosexuel, parfois, les deux parents n’ont pas d’autorité, cela ne dépend pas du sexe de ces derniers mais de leur rôle respectif et de leur personnalité.

Contre : A l’école l’enfant de parents de même sexe subira des moqueries, il sera peut être exclu alors que l’école est une instance de socialisation. Aussi, il y aura plus d’homosexuels à l’avenir car les enfants répéteront le modèle de leurs parents par identification.

Pour : Certes, les enfants sont durs entre eux, mais pas seulement avec les enfants ayant des parents homosexuels. Le jeune qui est obèse dans une classe peut être rejeté également par ses camarades.

Contre : Oui, mais il n’y a pas de personne contre l’obésité par exemple, alors qu’il y a des personnes contre l’adoption homosexuelle. Avoir un enfant lorsqu’on est homosexuel ce n’est pas dans les mœurs, ce n’est pas naturel, ce n’est pas normal.

Pour : Quand la loi passera cela entrera dans les mœurs car le phénomène va se multiplier. Autrefois, une femme qui élevait seule son enfant était insultée de « salope » alors qu’aujourd’hui le fait qu’une femme élève seule son enfant fait partie des mœurs. Ce sont les hommes qui font la société. Aujourd’hui la société change, il faut donc s’adapter et que les lois suivent la volonté de la majorité du peuple.

Contre : La douleur endurée par les femmes lorsqu’elles se faisaient traiter de « salope », sera également présente pour les enfants dont les parents sont homosexuels.

Pour : On n’interdit pas à une femme d’élever son enfant seule, pourquoi interdire à un couple homosexuel d’avoir un enfant ?

Contre : La religion est contre l’adoption homosexuelle.

Pour : La France est un État laïque depuis 1905 alors pourquoi interdire à des gens qui s’aiment d’avoir un enfant ?

Contre : Les enfants souffriront d’avoir des parents homosexuels.

Pour : L’enfant n’aura jamais eu un père et une mère donc il ne pourra pas souffrir de ne pas en avoir puisqu’il n’aura jamais connu ses parents hétérosexuels. L’enfant peut se poser des questions bien sûr, mais tous les enfants s’en posent. Pourquoi ma mère a quitté mon père ?etc. Tous les enfants se comparent. Est-ce que se poser des questions veut dire aller mal ? Ceci est un cliché, sur le couple et sur l’intérêt de l’enfant.

Contre : Une mère sera la mère biologique et l’autre non, il n’y aura pas de lien de sang donc pas de lien reconnu, cela pourra engendrer un manque d’autorité sur l’enfant.

Pour : Ce n’est pas le sang qui lie. Les enfants adoptés par des parents hétérosexuels vivent avec leurs parents adoptifs et peuvent être très heureux comme ça. Le fruit de l’amour entre deux personnes est le fait d’avoir des enfants. Pourquoi empêcher les couples homosexuels qui s’aiment d’avoir des enfants ? Ce qui compte c’est la sécurité physique, affective de l’enfant, que ses besoins primaires, secondaires soient assurés. Pourquoi un couple homosexuel ne serait-il pas capable de garantir cela à son enfant ?

Contre : Tous les enfants adoptés finissent en maison d’enfants à caractère social.

Pour : Vous parlez des maisons d’enfants dans lesquelles vous êtes allés et où il y avait des enfants adoptés. Cela représente un échantillon d’expériences et ce n’est pas représentatif de la réalité. De plus, en maison d’enfants on transmet des valeurs comme peuvent le faire les parents adoptifs ou une tierce personne donc on n’a pas besoin d’être les parents biologiques, d’avoir des liens de sang pour transmettre quelque chose aux enfants.

Contre : Oui mais en maison d’enfants il y a des éducateurs hommes et des éducateurs femmes.

Pour : Qu’est ce qui prouve que cela est nécessaire ? Tel ou tel rôle peut être remplit par tel ou tel « sexe ».


« L'art de rouler rationnellement avec du caca », par Jean-Philippe Valla

Il s’appelle Jean-Philippe Valla, ancien ingénieur, électronicien de haut vol reconverti en agriculteur dans le Trièves près de Grenoble. Son leitmotiv : l’autonomie énergétique et alimentaire, mais avec tout le folklore mystico-écologique en moins. La tête dans les étoiles, mais les pieds sur terre et les mains dans le cambouis. Nous lui devons des éléments de critique des moteurs « magiques » qui fleurissent sur Internet.

 

Cette fois-ci, il met à disposition sur notre site un gros travail pédagogique élaboré pour l’ADABIO (association pour le développement de l’agriculture biologique) :

  • comment installer une unité de méthanisation, à prix très modique.
  • comment élaborer un épurateur à biogaz pour rouler en voiture avec son propre gaz : le tout à moins de 2000e de prix de revient.

C’est en libre téléchargement ici, mais aussi dans le lien ci-dessous :

Installation biogaz autoconstruite ou Comment rouler avec du caca : télécharger

C’est un travail magistral de pédagogie de science appliquée et d’autonomie en matière d’énergie.

CorteX_vacheGare ! Il ne s’agit pas de vanter ici des « alternatives » pour le simple plaisir. C’est le fruit d’une analyse critique, rationnelle et pragmatique, tant des moyens de production d’énergie existants actuellement, que des dégâts écologiques qu’ils occasionnent qui conduit le CORTECS à penser, de manière balbutiante, cette volonté d’autonomie énergétique. Et puisque la répartition des ressources énergétiques orchestre une grande partie de la répartition des puissances politiques, il est logique de penser des solutions pour lesquelles alternative, pour une fois, rime avec gain de quelques degrés de liberté (comme celui de moins contribuer au marché du gaz, par exemple). Pour penser ce type de « décroissance » rationnelle, nous n’avons pas beaucoup de lectures à recommander pour l’instant, hormis de manière générale, des œuvres de gens comme André Gorz.

Richard Monvoisin

Bonne nouvelle ! le 22 février 2016 a paru la version brochée et agrémentée de ce travail, aux éditions Terran. Vous pouvez l’acquérir ici, pour 18 euros.

 

Cours-conférences de Jean Bricmont : comprendre la science

Comprendre la science, par Jean Bricmont.
Les trois émissions de radio qui suivent sont des moments magistraux d’épistémologie. Elles ont été enregistrées et mises en ligne par l’Académie royale de Belgique. La diffusion de tels contenus n’étant pas l’apanage d’un droit régalien, nous nous permettons de vous les proposer ici.

 

 

CorteX_Jean_Bricmont« La science a toujours été au centre de débats et elle l’est encore aujourd’hui. Elle a bouleversé notre façon de comprendre l’univers et de nous comprendre nous-mêmes. Néanmoins, dans une bonne partie de la culture intellectuelle, la science est incomprise ou est vue avec suspicion. Elle suscite l’hostilité à la fois de courants religieux « fondamentalistes » et d’une intelligentsia relativiste ou postmoderne.

Le but de ce cours-conférence en trois leçons est de présenter et de défendre ce qu’on pourrait appeler une approche scientifique du monde. Au cours du XXe siècle, toute une série de philosophes, historiens et sociologues ont tenté de caractériser ce qui faisait la particularité de la démarche scientifique, par opposition à celle des religions ou des pseudosciences. Dans la première moitié du siècle, divers penseurs ont cherché à établir une ligne de démarcation entre science et non-science, en s’appuyant principalement, soit sur la notion de confirmation (les positivistes logiques), soit sur celle de falsifiabilité (Popper). À partir des années 1950-60, suite aux travaux de Quine, Kuhn, et Feyerabend, les critères de démarcation mis en avant précédemment ont été progressivement mis en question, pour déboucher parfois sur une vision purement sociologique et relativiste de la distinction entre science et non-science.

Un des objectifs poursuivis sera de distinguer ce qui est valide de ce qui ne l’est pas dans ces critiques « post-positivistes » de l’épistémologie de la première moitié du XXe siècle. Un autre objectif sera proposer une alternative à cette épistémologie ».

  • Cours N°1. Les notions de vérité et d’objectivité, le réalisme et l’idéalisme.

Écouter :

. Télécharger ici (44Mo)

  • Cours N°2. Comment déterminer dans les discours des sciences, des pseudo-sciences et des religions, ce qui est vrai ?

Écouter :

Télécharger ici. (66Mo)

  • Cours N°3. Que penser du déterminisme, du réductionnisme, ou du matérialisme ?

Écouter :

Télécharger là (54Mo)
Les références données par Jean sont :

Richard Monvoisin

 

Peur sur la ville : les médias, le terrorisme et le djihad global

Retour sur le traitement médiatique de l’attaque de Westgate, au Kenya, par Clara Egger. Cet article a été également publié en octobre 2013 sur le site d’Action Critique Média (ACRIMED).

Du 21 au 24 septembre, alors qu’un centre commercial luxueux de Nairobi est l’objet d’une prise d’otage, les grands médias français1choisissent, une fois de plus, de donner dans le sensationnel2. Entre appel à la peur, images voyeuses, et analyses tantôt tâtonnantes, tantôt farfelues, la Corne de l’Afrique est, pour quelques jours seulement, de retour sur le devant de la scène médiatique.

21 septembre, premier acte, Laurent Delahousse nous prévient : « certaines images sont difficiles ». Claire Chazal préfère parler d’emblée d’une « tuerie ». L’attaque dure depuis quelques heures et le bilan est déjà « très lourd ». Des images de personnes affolées se succèdent courant « pour sauver leur vie », « les blessés se comptent par dizaines », on trouve « plusieurs cadavres par terre ». Qu’importe si l’on ignore tout du « commando armé », de « leur nationalité, leur motivation », le correspondant de TF1 lui est formel : c’est « une méthode, une méthode à la Al Shebab, avec des armes… et une méthode qui… qui est celle de, de ces gens-là ».

22 septembre, deuxième acte, plus dramatique encore : France 2 titre sur le « carnage de Nairobi », un véritable « bain de sang » aux images, encore une fois, « très difficiles ». Les journaux télévisés passent en boucle les images de personnes « abattues », victimes d’un commando qui « sème la panique et la mort ». Puis l’antenne est laissée aux témoins. On y parle de « scènes d’horreur », d’« exécutions sommaires », comme cet homme qui affirme avoir vu « des dizaines, je dis bien des dizaines de corps déchiquetés un peu partout ». L’attaque est d’autant plus abominable qu’elle est, de l’avis de plusieurs témoins, « très surprenante ». Peu importe si, depuis plusieurs mois, les centres commerciaux kényans sont considérés comme une cible prioritaire pour des attaques terroristes par les chancelleries du monde entier 3.

23 septembre, troisième acte : entrée en scène de la presse écrite, un brin plus lente, qui titre : « Horreur à Nairobi » (Libération), « Massacre islamiste au Kenya » (Le Monde) ou « l’interminable assaut contre les islamistes somaliens » (Le Figaro). Les télévisions qui couvrent l’information depuis déjà deux jours s’efforcent de ne pas lasser l’audience à une heure de grande écoute, d’autant plus que de l’avis du correspondant de TF1 « c’est très compliqué d’avoir des informations sur ce qu’il se passe ». Alors pour rendre attrayant ce brouet d’informations déjà servies la veille, on pimente à outrance. Qu’à cela ne tienne, on ressort les images des jours derniers et on les agrémente de commentaires évocateurs. Ainsi la police doit enjamber «  des cadavres criblés de balles », France 2 parle de « scènes de guerre », de personnes « exécutées froidement » et « d’assaillants qui n’hésitent pas à cribler de balles la porte des toilettes ».

24 septembre, dernier acte : c’est le « dénouement », un soulagement pour « toute une population horrifiée par ces images de terreur ». Une coupable est démasquée : « une femme occidentale qu’on appelle la veuve blanche »… « Elle a les yeux verts de son Irlande du Nord natale » mais s’est engagée dans « une croisade djihadiste ». Pour mieux retracer son histoire, une animation la fait passer en moins de dix secondes du jean-baskets au niqab noir. Pour faire durer le plaisir, le 25 septembre, France 2 en guise d’épilogue, peindra le portrait des héros dans le carnage, risquant leur vie pour sauver celles des autres.

Quand il s’agit de terrorisme, les médias français sont passés maîtres dans l’art du carpaccio, c’est-à-dire de maquiller la pauvreté des informations qu’ils servent : de même que, sur le menu du restaurateur indélicat, une tomate tranchée devient un carpaccio de tomates, les médias rehaussent à coups de techniques de scénarisation hollywoodienne, une information médiocre. Et c’est réussi. Le public, lui, n’a sans doute pas saisi les tenants et les aboutissants de la prise d’otage de Nairobi, et n’a eu droit à aucune analyse critique. Mais il a tremblé trois jours durant.

Car c’est bien là que le bât blesse : les informations sont floues, partielles. Qu’elles le reconnaissent ou non, les rédactions des médias français sont bien en peine d’expliquer en cinq minutes ou six cents mots les ressorts d’une crise somalienne qui n’intéresse plus vraiment personne.

Alors quitte à risquer l’amalgame, on pare l’analyse des oripeaux et du vernis de la science politique. Ainsi le concept d’« arc terroriste » ou d’« arc de crise djihadiste » est consacré en quelques jours. Michel Scott, sur TF1, en propose la description suivante, carte à l’appui : « D’ailleurs quand vous voyez l’arc terroriste, ce qu’on appelle l’arc terroriste qui traverse le continent et qui va de l’Atlantique jusqu’au Yémen eh bien le Kenya représente la zone limitrophe qui comporte le plus d’intérêts occidentaux aussi proche de cette zone de non-droit ». France 2 reprendra le même concept, allant jusqu’à se poser la question de l’existence d’une « Internationale terroriste » alors que Libération titrera sur « l’arc de crise jihadiste », détaillant : « les terroristes sont actifs de Nouakchott jusqu’à Mogadiscio ».

La clef d’explication du drame est toute trouvée, elle parait logique. Il faut dire que le concept est séduisant, car arc djihadiste est une notion « puits » : elle semble parlante, tout en donnant à l’argumentaire un air calé et profond… mais elle est creuse. Le concept ne repose sur aucune étude scientifique (qui est-ce « on » qui l’a forgé ?), seulement sur des amalgames douteux. En effet, si les groupes actifs le long de cet arc ont des modes opératoires similaires et revendiquent tous leur allégeance à Al Qaeda, les agendas politiques d’AQMI, du Mujao, de Boko Haram et des Shebab somaliens, censés formés cet « arc djihadiste » sont radicalement différents et se comprennent avant tout dans leur dimension locale. Bien que les médias ne retiennent que la dimension internationaliste liée à Al Qaeda, la plus importante partie du mouvement Shebab est ancrée dans un agenda intérieur lié au nationalisme somalien. Comme l’explique le spécialiste de l’Afrique sub-saharienne, Roland Marchal, la mouvance salafiste d’Al-I’tissam a fusionné en 2004 avec celle issue du recrutement de jeunes instruits par les tribunaux islamiques. Cette entité, d’abord groupusculaire, a été considérablement renforcé par la politique anti-terroriste des États-Unis et des Européens. De plus, la dimension internationale du recrutement des Shebab somaliens est liée avant tout à la présence forte de la diaspora somalienne dans le mouvement.CorteX_islamophobie_Martial

Dès lors, mettre sur un même niveau l’attentat sur l’ambassade étasunienne à Nairobi (1998), les attentats de Bombay (2008), et la prise d’otage sur le complexe gazier d’In Amenas (2013) n’a aucune valeur explicative, sauf à persuader le public qu’il est face à un choc de civilisations, au devant d’une menace djihadiste globale susceptible de frapper partout même sur le lieu de ses vacances…. Un expatrié français, interviewé sur TF1, fait même le parallèle entre cet événement et la fusillade de la rue des Rosiers à Paris en 1982 lors de laquelle un restaurant juif fut pris pour cible. Logique une fois encore, puisque les médias vont rapidement annoncer la présence d’un commando spécial israélien agissant aux côtés de l’armée kényane.

L’avantage de tels amalgames est qu’ils évitent de s’interroger sur les ressorts du conflit somalien et sur l’implication du Kenya, et plus largement de l’ONU et de l’Union Européenne dans le conflit. Les revendications des Shebab, ces « islamistes somaliens qui portent la guerre sainte au Kenya » seraient de l’ordre de la vengeance contre un pouvoir kényan soutenant militairement un gouvernement somalien tentant de rétablir un semblant de stabilité. D’ailleurs, la Somalie est caractérisée par le « chaos », et les images de TF1 montrent « des bâtiments criblés de balles », l’« épave d’un avion en plein centre ville, une capitale ravagée par vingt ans de guerre ».

 

Or depuis juin 2013 et la création de la nouvelle mission intégrée des Nations-Unies, l’UNSOM, visant à soutenir les institutions du gouvernement somalien, des voix n’ont cessé d’alerter les Nations-Unies et l’Union Européenne sur les dangers de son optimisme béat4. La prise d’otages de Nairobi semble démontrer que les Shebab somaliens, bien que rejetés par la majorité de la population ne sont pas si moribonds qu’espéré. L’action des Nations Unies et de l’Union Européenne, pilotée à distance depuis Nairobi, est mal perçue par les populations locales qui peinent à percevoir les bénéfices de vingt années d’assistance. Le nouveau gouvernement est quant à lui exclusivement identifié à Mogadiscio, dans un pays où le Somaliland et le Puntland au Nord, jouissent d’une autonomie considérable, imités par le Djubaland au Sud. Dès lors l’agenda des Nations Unies et de l’UE uniquement centré sur le Sud et le centre de la Somalie et sur les zones « libérées » des Shebab somaliens risque d’accroître les tensions inter-claniques, principal facteur d’explication du conflit somalien. L’implication de la diaspora somalienne dans le conflit joue un rôle majeur bien qu’occulté par les médias internationaux, et ce d’autant plus que la banque Barclays vient d’annoncer la clôture prochaine de ses comptes de transferts de fonds depuis le Royaume-Uni vers la Somalie. Enfin, imposer une analyse du conflit en termes de « djihad international » accroît les risques de représailles sur les populations musulmanes d’Afrique de l’Est, et sur les réfugiés somaliens présents en grand nombre au Kenya et qui paient déjà un lourd tribut à ce conflit 5.

Clara Egger

1 L’analyse du traitement médiatique de la crise mobilise les journaux et médias télévisés à la plus forte audience : les journaux télévisés de 20 heures de France 2 et de TF1 et les manchettes du Monde, de Libération et du Figaro. Si l’intégralité des Journaux Télés a été analysée, l’analyse des journaux s’est limitée aux manchettes qui participent à créer un certain nombre d’effets autour d’une information.

2 Pour une analyse très complète du rôle des mécanismes de fabrique de l’opinion par les médias, se référer à Edward Herman & Noam Chomsky, La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie, Agone (2008) »

3 A titre d’exemple, le Ministère des Affaires Etrangères, sur son site Internet, donne la recommandation suivante aux touristes français voyageant au Kenya : « ll est recommandé de limiter autant que possible les déplacements dans les lieux publics les plus fréquentés, notamment par les ressortissants étrangers (centres commerciaux, bars, hôtels…) ».

4 Ainsi, très peu de médias ont relayé la décision de l’ONG Médecins Sans Frontières de fermer la totalité de ses programmes en Somalie, faute de disposer de conditions satisfaisantes pour l’exercice de son mandat.

Bouveresse et Chomsky : ça se déguste comme une friandise.

Sur le banc, un philosophe bien trop méconnu en France, Jacques Bouveresse (1940-), l’un des rares philosophes à manier l’outil rationnel comme un fleurettiste, et connu pour avoir refusé en 2010 la légion d’honneur qu’un gouvernement auquel il ne donnait aucune légitimité lui avait décerné (nous vous en avions causé lors de la sortie de son dernier bouquin, ici, et vous avez pu l’écouter .)  A côté de lui, et invité par ses soins au Collège de France en 2010, Noam Chomsky (1928-), linguiste et remarquable penseur politique s’il en est, qui fait l’objet de tellement de documentation qu’il est inutile d’en donner ici (hormis peut être ça*).

Ce qui nous fait aimer ces gens repose sur plusieurs points :

  • ils sont parmi les rares représentants des sciences dites « humaines » qui ne font pas du discours mou et pompeux.
  • Ce sont des savants qui, conscients de leur responsabilité d’intellectuels, se sont investis sur le plan le plus complexe des comportements humains : la science politique
  • Ils font le lien essentiel entre le rôle des intellectuels à fournir une vision non faussée des réalités et de la connaissance objective, et la possibilité de transformer la vie en société.
  • Ils sont libertaires.
  • Ils sont intellectuellement honnêtes et probes.

Ils font partie, ces vieux briscards, de nos figures tutélaires.

Voici le montage de l’émission du 23 septembre 2013 de Là-bas si j’y suis, sur France Inter. Ça commence piano, ça finit crescendo. Ça se déguste avec un mélange Vodka-Martini-Olive et ça donne envie d’utiliser son intellect.

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Richard Monvoisin

* Je ne connais pas d’entrée facile au travail de Jacques Bouveresse. J’en connais une par contre chez Noam Chomsky : un petit livre appelé « Sur le contrôle de nos vies« , aux éditions Allia, à 6 euros 20.

Petite leçon de sexisme ordinaire, par Nicolas Kalogeropoulos

Voici une ressource tout à fait sympathique de simplicité que propose Nicolas Kalogeropoulos, basée sur une campagne de publicité de la marque Sennheiser qui couvrit les couloirs du métro et du RER Parisien du 14 au 22 juin 2011.

Notre suggestion : montrer d’abord la publicité finale, ci-dessus, puis demander à vos élèves ou étudiants s’il y a quelque chose qui pose problème. Enfin, en troisième phase, présenter la déconstruction de Nico Manzin. Débat garanti ! Éventuellement, présenter d’autres images de la même campagne, pour évacuer toute ambiguïté.
Ce travail a pour origine le blog Monpapaestungeek. Merci d’accepter la reproduction à des fins pédagogiques.
RM

CorteX_sexisme_ordinaire_Nico_Manzin

L’analyse est plutôt fleurie. Il manque, certes, une définition du terme « salope », tel qu’employé par NicoManzin. Salope signifie probablement « femme qui se jette à poil sur un homme ». Or, avec une telle définition, ma mère, ma soeur, ma collègue Guillemette, mes grands-mères furent ou sont incluses dans la définition. Si je regarde le Wiktionnaire, je trouve, outre une étymologie cocasse (« sale huppe », huppe fasciée ou passereau*) deux définitions principales et une par extension :

  1. Femme de mauvaise vie, dévergondée, débauchée.
  2. Femme méprisable, garce sans scrupules, aux mœurs corrompues et prête à tout pour réussir, avec, en général, une connotation sexuelle.
  3. Femme coupable de traîtrise. S’emploie également pour insulter violemment un homme ou pour décrire un individu ne respectant aucune loi ou aucun code.

La clôture du débat peut se faire de deux manières : d’abord en demandant si une publicité du même type  mais avec genres inversés aurait la même réussite (femme ténébreuse avec casque, homme nu sensuel s’y frottant ; ensuite en se demandant comment on appelerait dans ce cas un « homme qui se jette à poil sur une femme ».

* Pour l’anecdote, on dit que la huppe fasciée pupute (sic!), c’est-à-dire fait trois petits « pût pût pût ».

Urgent : à la conquête du PAF !

Mais qu’est-ce que le PAF ?

Questionnement évident pour des personnes non enseignantes dans l’éducation nationale se retrouvant face à cet énième acronyme : le PAF, ou plan académique de formation, regroupe toutes les formations proposées par une académie en vue de la formation continue des enseignant·e·s. Cependant, les inscriptions au PAF, bien mal placées dans le calendrier, sont censées être déjà terminées pour l’année scolaire 2013-2014.

Et que vient faire le CorteX là-dedans, me direz-vous ?

Cette année, une formation a été lancée entre les IA-IPR (inspecteurs) de physique-chimie et le collectif CorteX.
C’est une formation qui donne du matériel pédagogique pour développer l’esprit critique des élèves, et qui utilise l’enthousiasme pour les élèves à travailler sur des sujets « étranges » et controversés, d’où son nom : « Zététique et esprit critique » (de Zeteîn, en grec, chercher)*
Elle s’ouvre dans le PAF pour janvier, en Drôme – Ardèche d’abord, ailleurs les années suivantes. Il reste encore des places. !

Ça serait bien dommage que pour une première fois, ce module Esprit critique / autodéfense intellectuelle ne s’ouvre pas parce qu’en deçà d’un seuil d’effectif.

Alors ?

we-need-you-super-dupont

Peut être pouvez-vous diffuser l’information du côté des départements de l’Ardèche et de la Drôme ? Surtout, ne vous privez pas de faire suivre à des collègues ou ami·e·s non-profs de physique-chimie. Nous sommes las de voir les divisions disciplinaires. La commande du stage est certes ciblée sciences physiques,mais nous avons de quoi rendre poreuses les barrières disciplinaires, donc bienvenue SVT, philo, lettres, langues, géographie-histoire, SES ! De toute façon, comme vous le savez, l’esprit critique ne s’use que si l’on ne s’en sert pas !

Denis Caroti, Julien Peccoud, Richard Monvoisin

PS : si vous êtes intéressé·e·s, répondez-nous directement. Nous vous indiquerons ensuite à quel moment vous rendre sur le site pour l’inscription officielle.


Descriptif de la formation :

objectif pédagogique :
A travers de multiples exemples, présenter la démarche zététique (bases historiques, philosophiques, épistémologiques), le cadre dans lequel il est possible de l’utiliser en classe et hors classe (AP, ateliers, clubs, options MPS) ; comment s’approprier et faire partager aux élèves la réflexion critique et scientifique sur des thématiques transdisciplinaires.
description du contenu.

L’accent est mis sur les outils d’analyse critique, quelques bases d’épistémologie (différences entre science et pseudosciences, aspects méthodologiques de la démarche scientifique) et de psychologie (perception, mémoire, influence et manipulation). On donne ensuite une  introduction aux outils d’autodéfense intellectuelle illustrés par de nombreux exemples (effets et facettes zététiques). Le lien est fait en  permanence entre ces outils et les travaux et ressources pédagogiques déjà réalisés et disponibles (voir www.cortecs.org).
Un travail en groupe est proposé pour élaborer et discuter des séquences pédagogiques sur la thématique science et esprit critique. Mise en commun et restitution lors de la deuxième journée notamment. En fonction du temps : élargissement des sujets de recherche (des sciences aux idéologies),  discussions sur les risques et les enjeux la médiatisation de l’information scientifique, les dérives et dangers de différentes pratiques thérapeutiques, etc.