Exercice – Analyse du texte "Le panda est une création tout à fait étrange", de R. Meinnachbach

Cet exercice faisait partie de l’examen de l’UE Zététique & autodéfense intellectuelle,  posé par Richard Monvoisin en mai 2014 aux étudiants de  niveau Licence de l’Université de Grenoble.

 

Analyse de texte

AB26958

Faites une analyse critique zététique du texte suivant :

« Le panda est une création tout à fait étrange, et inadaptée à son milieu : il ne sait manger que des feuilles de bambou, alors que son estomac est fait pour manger de la viande ; cela ne lui donne que très peu d’énergie pour se déplacer ou même copuler. Certains disent que ce fossile vivant est le chaînon manquant des ours, mais aucun fossile n’a jamais été découvert. Les évolutionnistes disent que sa seule stratégie fut de développer sa couleur pour mieux plaire à son partenaire sexuel, mais cette lecture est glaciale, comme l’est l’évolutionnisme qui est une sorte de religion ayant pour prophète Charles Darwin. En regardant les caractéristiques du panda, il est impossible que cette créature soit le fruit du hasard, car s’il avait fallu évaluer la probabilité de son apparition par hasard, celle-ci aurait été immensément faible. De même qu’une montre trouvée dans le désert ne s’explique pas par hasard et implique un horloger qui l’a fabriquée, de même il est certain que, Dieu ou pas, une volonté immanente a créé cet être improbable. Cela démontre qu’il y a une essence, une nature de chaque espèce, de même qu’il y a des natures délinquantes et d’autres non chez les Humains, ainsi qu’une nature féminine et une nature masculine, comme le montre l’instinct guerrier chez les Hommes et l’instinct maternel chez les Femmes ».

R Meinnachbach, Für eine erfolgreiche intellektuellen Betrug in der Frage der panda, Oxbridge Ed. 1974, pp. 274-275.

Le corrigé est ici.

Examen de zététique 2014

Remis le 22 avril 2014 aux étudiants de l’UET Zététique & Autodéfense intellectuelle (Grenoble), ce devoir à rendre le 6 mai 2014 réinvestit les connaissances acquises en cours. Vous voulez essayer ? Un corrigé sera disponible fin mai. 
Les consignes reçues par les étudiant-tes sont données à la fin.

I. Enquête

La colothérapie, la nouvelle thérapie qui STOPPE plus de 114 maladies en détoxifiant votre COLON (publicité réelle, composée de 10 pages scannées – Disponibles ici)

En vous appuyant sur votre outillage zététique, il vous est demandé de :

  • faire l’analyse des concepts centraux de la thérapie

  • évaluer la pertinence ou non de cette thérapie

  • rechercher s’il existe de vraies études scientifiques publiées dans des revues à referees

  • (la médecine n’étant pas votre spécialité) demander à un spécialiste de votre choix son avis.

  • pointer tous les biais argumentatifs, sophismes et effets possibles dans la plaquette ci-jointe

La démarche scientifique impose que vous donniez des références précises quand vous vous appuyez sur d’autres travaux.

 (5 points)

II. Décorticage d’un extrait du journal télévisé

Igor et Grishka Bogdanov au CERN, 11 juin 2010, France 2

(vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=A-w-Z_PR33o)

Faites l’analyse la plus approfondie possible SVP :

  • de la mise en scène

  • de la rhétorique

  • des biais de raisonnement.

(3 points)

III. Montage d’un protocole expérimental

Élaborez et réalisez une expérience rigoureuse sur le plan scientifique qui permet de comparer la sensibilité de l’un-e ou de plusieurs de vos amis à la différence entre deux produits – en précisant la puissance statistique de vos résultats.

Exemples de produits : Coca et Pepsi / Vache qui rit et Kiri / Deux vins de différente couleur / Bière blonde et bière brune / etc.

 (4 points)

IV. Recoupement de presse

Choisissez un sujet relevant des sciences politiques (conflit, affaire, géopolitique, discrimination…) dans un quotidien*, et comparez les variations de traitement dans au moins cinq autres journaux du même type (Ex : Libération, Le Monde, le Figaro, Herald Tribune, New York Times, Washington Post, El Pais, Frankfurter Zeitung, Corriere della Sera, Al Sahafa الصحافة, Komsomolskaïa Pravda Комсомо́льская пра́вда, dans la limite des langues que vous maîtrisez.

Il vous sera nécessaire de reproduire les articles, en les photocopiant / capturant et en les scannant, dans votre dossier final)

 * Version papier ou version numérique mais tous les journaux doivent tous relever du même support.

** à la même date, bien entendu.

(3 points)

V. Exposition sélective

Masaru Emoto est un japonais qui affirme que l’eau stocke les pensées positives ou négatives, par des processus quantiques. Ses affirmations font l’objet d’une grande promotion, bien que jamais n’ait été montré le début d’une preuve.

Dans le moteur de recherche Google, tapez Masaru Emoto et analysez les 8 premières pages, en classant ces pages selon la teneur : partisan de la « théorie » d’Emoto / critique de la « théorie » d’Emoto.

À quelle page parvient-on aux premières critiques en français ? Dans une autre langue ?

Obtient-on les mêmes résultats sur des ordinateurs différents ?

Choisissez un autre sujet pseudo-scientifique de votre choix (astrologie, crop circles, homéopathie…) et faites SVP le même travail.

(2 points)

VI. Analyse de texte

Faites une analyse zététique du texte suivant :

 « Le panda est une création tout à fait étrange, et inadaptée à son milieu : il ne sait manger que des feuilles de bambou, alors que son estomac est fait pour manger de la viande ; cela ne lui donne que très peu d’énergie pour se déplacer ou même copuler. Certains disent que ce fossile vivant est le chaînon manquant des ours, mais aucun fossile n’a jamais été découvert. Les évolutionnistes disent que sa seule stratégie fut de développer sa couleur pour mieux plaire à son partenaire sexuel, mais cette lecture est glaciale, comme l’est l’évolutionnisme qui est une sorte de religion ayant pour prophète Charles Darwin. En regardant les caractéristiques du panda, il est impossible que cette créature soit le fruit du hasard, car s’il avait fallu évaluer la probabilité de son apparition par hasard, celle-ci aurait été immensément faible. De même qu’une montre trouvée dans le désert ne s’explique pas par hasard et implique un horloger qui l’a fabriquée, de même il est certain que, Dieu ou pas, une volonté immanente a crée cet être improbable. Cela démontre qu’il y a une essence, une nature de chaque espèce, de même qu’il y a des natures délinquantes et d’autres non chez les Humains, ainsi qu’une nature féminine et une nature masculine, comme le montre l’instinct guerrier chez les Hommes et l’instinct maternel chez les Femmes ». .R Meinnachbach, Für eine erfolgreiche intellektuellen Betrug in der Frage der panda, Oxbridge Ed. 1974, pp. 274-275

(3 points)

Consignes

Ce travail peut être réalisé seul-e, à deux, trois ou quatre, moyennant que les noms (+ cursus + université) soient indiqués sur la copie.

Les critères d’évaluation sont les mêmes que vous soyez 1 ou 4, ceci afin de vous encourager à collaborer.

Il est attendu de vous :

– que vous soyez précis et rigoureux dans vos références, dans vos arguments, dans vos sources

– que vous réinvestissiez les outils méthodologiques du cours

– que vous justifiiez chacun des arguments que vous employez

– que vous fassiez appel à des spécialistes si vos compétences sont dépassées

– que vous rendiez le 6 mai une version papier reliée ou agrafée + une version informatique par mail.

Normalement, la copie type pour avoir tous les points fait environ 10 pages police Times New Roman 12.

Bon courage.

Richard Monvoisin

Atelier sur les questions d'éducation genrée dans le travail social

Voici le déroulé d’un atelier intitulé « Éducation sexuée : les questions de genre dans le travail social », élaboré dans le cadre d’un projet d’étudiants1 de Carrières Sociales, option Éducateur-rice Spécialisé-e, de l’IUT2 de Grenoble. Un groupe d’étudiant-e-s a mené un atelier/débat sur les questions d’homoparentalité avec leurs collègues de promotion de seconde année, futurs éducatrices et éducateurs spécialisés. Leur démarche est un exemple de mise en place de débat, sur des modalités atypiques, afin de susciter et faciliter l’analyse de sujets fortement passionnés et dépasser la simple expression de points de vue, tout cela avec une forte contrainte de temps (1h30).

Atelier réalisé et animé et décrit par Mathilde Barthélémy, Julie Olivier et Morgane Rabaté, en avril 2013.


Introduction

L’homoparentalité a fait débat ces derniers mois sur la scène politique française. En lien avec les questions de genre, la problématique que le sujet a pu soulever, entre-autre, est la suivante : deux personnes du même sexe ont-elles toutes les qualités requises pour élever un enfant ? La complémentarité éducative des genres est-elle toujours d’actualité ?

Tous les médias ont relayé les arguments pour et contre permettant à chacun de s’en saisir pour alimenter sa propre réflexion. Les participants avaient donc déjà réfléchi, a priori, à la question avant cette journée. Partir des raisonnements personnels de chacun était pour nous la manière la plus pertinente de sensibiliser les étudiants à ces questions et de leur donner envie de les approfondir.

Nous avons sollicité l’appui de Nicolas Gaillard du Collectif Cortecs dans l’élaboration de cet atelier.

Nous voulions amener notre atelier de façon ludique de manière à mettre à l’aise, à intéresser chacun et donc, à faciliter l’échange. Sous forme de jeu, nous avons scindé le groupe en deux, de manière arbitraire. Nous ne voulions pas d’un débat où chacun exprimerait sa propre opinion mais où le raisonnement et l’élaboration seraient mis en avant.

Déroulement de l’atelier

1. Constitution des groupes

Pour encourager la démarche d’argumentation plutôt que la défense de sa propre position sur l’homoparentalité, nous avons constitué deux groupes au hasard. Pour cela nous avons commencé par un jeu en début d’atelier : en imaginant une ligne qui sépare en deux la salle, les participants avaient comme consigne de se placer chacun.e d’un côté (« oui ») ou de l’autre (« non ») pour répondre à une liste de questions tordues (aimez-vous le fromage ? Suivez-vous l’actualité sportive ? Etc.). Quand une des questions à partagé les participants en deux groupes égaux, nous avons décrété que les « Pour » étaient d’un côté et les « Contre » de l’autre pour passer à la suite.

2. Phase d’élaboration des arguments

Les « Pour » et les « Contre » devaient donc chercher des arguments en groupe et à l’écrit en vue de la seconde partie de l’atelier, indépendamment de leur propre opinion et position sur la question. Nous avons participé à leur réflexion en l’alimentant par nos recherches préalables et en étayant les arguments dans chacun des groupes.

3. Confrontation des arguments et débat

Les deux groupes se sont répondus successivement sur les mêmes arguments. Nous régulions la parole pour que chacun-e puisse aller au bout de son idée. (voir le contenu des échanges plus bas en annexe ).

4. Bilan avec les participants

Voici des réponses des étudiants :

« Il est intéressant de réfléchir autrement si on est dans le groupe qui ne défend pas nos positions. Puis, si on est dans le groupe qui défend nos positions, on cherche des arguments fondés et on ne s’appuie pas sur des préjugés pour débattre. »

« Les médias véhiculent des bêtises que les gens répètent bêtement. Cela nous permet une certaine remise en question de ce qu’on entend. »

« Notre formation nous permet d’avoir une certaine ouverture d’esprit, et des arguments plus objectifs, en s’appuyant également sur des médias plus appropriés, plus objectifs que d’autres. »

« Pour débattre, nous nous sommes appuyés sur nos connaissances, en essayant d’être logique dans les propos qu’on avançait. Il était plus difficile pour nous d’être dans le groupe « contre » pour trouver des arguments « contre » nous avons pensé aux arguments « pour » et nous avons essayé de les inverser. »

Bilan de l’atelier

Nous avons été impressionnées à la fois par l’engagement des étudiants dans le jeu de rôle et par la pertinence des arguments avancés (cf Annexe). En ce sens, notre objectif de sensibilisation a été atteint grâce à l’aspect ludique de l’atelier et aux modalités de réflexion.

Outre le questionnement autour des normes de genre, ce débat avait pour but de déconstruire les idées reçues et de privilégier l’objectivité des arguments. A la fin de l’atelier, nous avons donc questionné cet aspect.

Pour conclure, nous pouvons donc faire le lien entre l’adoption homosexuelle et les questions de genre en nous appuyant sur les propos des étudiants lors de l’atelier.

Ce sont des préjugés qui poussent à dire que telle ou telle pratique est sexuée, en réalité, la tâche à accomplir avec l’enfant, la posture à avoir, les valeurs à transmettre dépendent avant tout d’une personne avant de dépendre d’une personne sexuée. C’est pourquoi, pendant le débat le groupe « pour » a insisté sur le fait que ce qui compte c’est la sécurité physique, affective de l’enfant, et que ces besoins primaires, secondaires soient assurés. Pourquoi un couple homosexuel ne serait-il pas capable de garantir cela à son enfant ? La figure d’attachement peut être un couple homosexuel pour l’enfant, tant que les parents sont aimants et attentifs au bien-être de l’enfant, qu’est-ce qui empêche deux femmes ou deux hommes de transmettre des valeurs à leurs enfants et d’être un repère pour ces derniers ?


Annexe

Les arguments du débat : Pour ou Contre l’adoption par des couples homosexuels ?

Attention : afin de décortiquer ces arguments formulés « à froid » pour cet atelier, on lira avec profit sur le site du cortecs : « pour en savoir plus sur la notion de genre « .

Contre : Chaque enfant a besoin d’une figure d’attachement paternelle et d’une figure d’attachement maternelle. Il faut conserver l’image de la famille nucléaire.

Pour : La figure d’attachement n’est pas forcément le père ou la mère. C’est quelqu’un qui prend soin de l’enfant au quotidien. Les personnes homosexuelles ont la capacité de transmettre les mêmes valeurs que les personnes hétérosexuelles.

Contre : L’autorité est incarnée par le père donc dans un foyer il faut forcément un homme.

Pour : Ceci est un cliché, pourquoi le père incarnerait forcément l’autorité ?

Contre : C’est une question d’identification. Comment des parents de sexe masculin par exemple pourront expliquer à leur fille la puberté ?

Pour : L’entourage peut apprendre ces choses-là. Par exemple, une tante ou une cousine pourra parler de puberté avec la jeune fille. De plus, ce n’est pas parce qu’on a un papa et une maman que notre mère sera forcément à même de nous parler de puberté. L’attitude, le rôle d’un parent est différent suivant sa personnalité et non pas suivant son sexe. On pourrait se poser la même question chez les parents célibataires d’ailleurs. Mais la réponse serait la même. Aussi, chez un couple hétérosexuel, parfois, les deux parents n’ont pas d’autorité, cela ne dépend pas du sexe de ces derniers mais de leur rôle respectif et de leur personnalité.

Contre : A l’école l’enfant de parents de même sexe subira des moqueries, il sera peut être exclu alors que l’école est une instance de socialisation. Aussi, il y aura plus d’homosexuels à l’avenir car les enfants répéteront le modèle de leurs parents par identification.

Pour : Certes, les enfants sont durs entre eux, mais pas seulement avec les enfants ayant des parents homosexuels. Le jeune qui est obèse dans une classe peut être rejeté également par ses camarades.

Contre : Oui, mais il n’y a pas de personne contre l’obésité par exemple, alors qu’il y a des personnes contre l’adoption homosexuelle. Avoir un enfant lorsqu’on est homosexuel ce n’est pas dans les mœurs, ce n’est pas naturel, ce n’est pas normal.

Pour : Quand la loi passera cela entrera dans les mœurs car le phénomène va se multiplier. Autrefois, une femme qui élevait seule son enfant était insultée de « salope » alors qu’aujourd’hui le fait qu’une femme élève seule son enfant fait partie des mœurs. Ce sont les hommes qui font la société. Aujourd’hui la société change, il faut donc s’adapter et que les lois suivent la volonté de la majorité du peuple.

Contre : La douleur endurée par les femmes lorsqu’elles se faisaient traiter de « salope », sera également présente pour les enfants dont les parents sont homosexuels.

Pour : On n’interdit pas à une femme d’élever son enfant seule, pourquoi interdire à un couple homosexuel d’avoir un enfant ?

Contre : La religion est contre l’adoption homosexuelle.

Pour : La France est un État laïque depuis 1905 alors pourquoi interdire à des gens qui s’aiment d’avoir un enfant ?

Contre : Les enfants souffriront d’avoir des parents homosexuels.

Pour : L’enfant n’aura jamais eu un père et une mère donc il ne pourra pas souffrir de ne pas en avoir puisqu’il n’aura jamais connu ses parents hétérosexuels. L’enfant peut se poser des questions bien sûr, mais tous les enfants s’en posent. Pourquoi ma mère a quitté mon père ?etc. Tous les enfants se comparent. Est-ce que se poser des questions veut dire aller mal ? Ceci est un cliché, sur le couple et sur l’intérêt de l’enfant.

Contre : Une mère sera la mère biologique et l’autre non, il n’y aura pas de lien de sang donc pas de lien reconnu, cela pourra engendrer un manque d’autorité sur l’enfant.

Pour : Ce n’est pas le sang qui lie. Les enfants adoptés par des parents hétérosexuels vivent avec leurs parents adoptifs et peuvent être très heureux comme ça. Le fruit de l’amour entre deux personnes est le fait d’avoir des enfants. Pourquoi empêcher les couples homosexuels qui s’aiment d’avoir des enfants ? Ce qui compte c’est la sécurité physique, affective de l’enfant, que ses besoins primaires, secondaires soient assurés. Pourquoi un couple homosexuel ne serait-il pas capable de garantir cela à son enfant ?

Contre : Tous les enfants adoptés finissent en maison d’enfants à caractère social.

Pour : Vous parlez des maisons d’enfants dans lesquelles vous êtes allés et où il y avait des enfants adoptés. Cela représente un échantillon d’expériences et ce n’est pas représentatif de la réalité. De plus, en maison d’enfants on transmet des valeurs comme peuvent le faire les parents adoptifs ou une tierce personne donc on n’a pas besoin d’être les parents biologiques, d’avoir des liens de sang pour transmettre quelque chose aux enfants.

Contre : Oui mais en maison d’enfants il y a des éducateurs hommes et des éducateurs femmes.

Pour : Qu’est ce qui prouve que cela est nécessaire ? Tel ou tel rôle peut être remplit par tel ou tel « sexe ».


Petite leçon de sexisme ordinaire, par Nicolas Kalogeropoulos

Voici une ressource tout à fait sympathique de simplicité que propose Nicolas Kalogeropoulos, basée sur une campagne de publicité de la marque Sennheiser qui couvrit les couloirs du métro et du RER Parisien du 14 au 22 juin 2011.

Notre suggestion : montrer d’abord la publicité finale, ci-dessus, puis demander à vos élèves ou étudiants s’il y a quelque chose qui pose problème. Enfin, en troisième phase, présenter la déconstruction de Nico Manzin. Débat garanti ! Éventuellement, présenter d’autres images de la même campagne, pour évacuer toute ambiguïté.
Ce travail a pour origine le blog Monpapaestungeek. Merci d’accepter la reproduction à des fins pédagogiques.
RM

CorteX_sexisme_ordinaire_Nico_Manzin

L’analyse est plutôt fleurie. Il manque, certes, une définition du terme « salope », tel qu’employé par NicoManzin. Salope signifie probablement « femme qui se jette à poil sur un homme ». Or, avec une telle définition, ma mère, ma soeur, ma collègue Guillemette, mes grands-mères furent ou sont incluses dans la définition. Si je regarde le Wiktionnaire, je trouve, outre une étymologie cocasse (« sale huppe », huppe fasciée ou passereau*) deux définitions principales et une par extension :

  1. Femme de mauvaise vie, dévergondée, débauchée.
  2. Femme méprisable, garce sans scrupules, aux mœurs corrompues et prête à tout pour réussir, avec, en général, une connotation sexuelle.
  3. Femme coupable de traîtrise. S’emploie également pour insulter violemment un homme ou pour décrire un individu ne respectant aucune loi ou aucun code.

La clôture du débat peut se faire de deux manières : d’abord en demandant si une publicité du même type  mais avec genres inversés aurait la même réussite (femme ténébreuse avec casque, homme nu sensuel s’y frottant ; ensuite en se demandant comment on appelerait dans ce cas un « homme qui se jette à poil sur une femme ».

* Pour l’anecdote, on dit que la huppe fasciée pupute (sic!), c’est-à-dire fait trois petits « pût pût pût ».

Biologie, neurosciences – Petite histoire naturelle des différences sexuelles, par C. Brandner

Faire appel à des différences d’ordre « naturel » entre deux groupes de population (juifs et aryens, noirs et blancs, hommes et femmes) est un procédé récurrent pour asseoir et légitimer une domination et des différences de droits. Mais c’est moins la véracité de ces différences dites naturelles que le mécanisme argumentatif qui les sous-tend qui nous intéresse d’habitude. Lorsque nous abordons le sexisme en cours ou en atelier, nous rentrons donc rarement dans ce type de débat. Pour prendre un exemple parmi tant d’autres, plutôt que de discuter sur le sens et la validité scientifique de l’affirmation « les femmes sont moins fortes que les hommes », nous préférons discuter de la question « en quoi le fait que les femmes soient moins fortes en moyenne que les hommes légitime-t-il (ou non) que la moyenne des revenus des hommes soient 50% plus élevée que celle des femmes, qu’il n’y ait que 25% de femmes à l’assemblée nationale, qu’il n’y ait qu’une minorité de sages-femmes masculins et de femmes saxophonistes dans le jazz ?, etc « 
Pourtant, nous avons décidé de faire une exception et de revenir ici sur ces différences entre les hommes et les femmes. D’abord parce qu’il y a beaucoup d’idées reçues sur le sujet, ensuite parce que la publication de l’article Sélection commentée de ressources sur le genrea suscité des questionnements* sur l’influence du combat féministe dans les interprétations des dernières connaissances en neurosciences. Les chercheurs militants ont-ils tendance à interpréter exagérément les dernières connaissances en neuroscience (notamment sur la plasticité cérébrale) dans le sens d’une minimisation des différences naturelles entre les hommes et les femmes ? Si nous rêvons de voir un jour disparaître les différences de droits entre les sexes, nous souhaitons avant tout le faire sur des bases solides. Pour tenter de minimiser toute intrusion idéologique sur ce sujet, nous nous sommes tournés vers Catherine Brandner, chercheure au Laboratoire de Recherche Expérimentale sur le Comportement (LERB) de l’Université de Lausanne, qui a accepté de faire un bilan des connaissances scientifiques actuelles sur le sujet. 

Guillemette Reviron

* Merci à Franck Ramus, chercheur en sciences cognitives à l‘Ecole Normale Supérieure, pour cette démarche ainsi que ses commentaires sur cet article.


Sommaire


Préambule

Introduction

I. Sexe et genèse

Sexe et chromosomes : quelques mécanismes à l’origine de dimorphismes sexuels dans les organes

Hormones sexuelles et cerveau

Dimorphisme sexuel cérébral

II. Différences sexuelles, cerveau et aptitudes cognitives

Différences sexuelles, cognition et comportement

Conclusion


Préambule

Bien que les connaissances ne cessent de progresser, la question des différences sexuelles reste un sujet de débat. La polémique est le plus souvent alimentée par des opinions divergentes concernant la présence ou au contraire l’absence de différence entre les sexes, et ceci souvent sur un fond idéologique créateur de confusion.
Afin de clarifier cette situation, il est nécessaire de rappeler qu’une question scientifique se traite dans un cadre théorique qui fournit une structure potentielle d’explication. Ce cadre permet de clarifier et de définir les concepts ou les objets d’une recherche afin de pouvoir les analyser. De ce point de vue, l’étude des différences sexuelles se divise en différents champs de recherche caractérisés par leurs objets et leurs méthodes spécifiques. Par exemple:

  • la biologie moléculaire cherche à expliquer l’origine des chromosomes sexuels et les mécanismes liés à leurs gènes
  • la neuroendocrinologie cherche à expliquer comment les hormones sexuelles sont en mesure de façonner le cerveau
  • les neurosciences cherchent à expliquer comment le sexe modèle le cerveau tant du point de vue de sa structure (architecture) que de ses propriétés fonctionnelles
  • la psychologie expérimentale cherche à isoler certaines variables ou fonctions cognitives afin d’étudier le comportement des hommes et des femmes
  • les études genre cherchent à expliquer comment le sexe influence les rapports sociaux, le pouvoir et la discrimination qui en découle

Ces quelques exemples n’ont pas la prétention d’être exhaustifs. Ils visent à montrer que discuter des différences sexuelles demande de préciser l’objet, en tant que partie de la réalité que l’on cherche à expliquer, afin de se détacher du passionnel ou du normatif.


Introduction

Depuis quelques années, les neurosciences alliées à la biologie moléculaire manifestent un regain d’intérêt pour l’investigation des différences entre les sexes chez l’humain. Cet effet repose pour l’essentiel sur le développement de nouvelles technologies (séquençage, biopuces, imagerie cérébrale, tractographie) permettant de mieux décrire les mécanismes liés aux chromosomes et aux hormones sexuelles mais aussi de mieux retracer leur histoire évolutive. Ces développements nous obligent à constater que les différences sexuelles sont beaucoup plus largement répandues que nous pouvions le penser jusqu’ici. Par exemple, des découvertes récentes indiquent que la prévalence, le déroulement et la sévérité de maladies communes comme les maladies cardio-vasculaires, les maladies auto-immunes ou les pathologies cérébrales ne sont pas semblables chez les femmes et les hommes, et que ces différences pourraient être dues à une régulation des gènes (ensemble des mécanismes biochimiques aboutissant à la production de molécules nécessaires à la fabrication des protéines) qui diffère entre les sexes (35).
Comprendre d’où viennent ces différences sexuelles et comment elles agissent demande de se pencher sur des mécanismes compliqués que la science commence à pouvoir expliquer. L’objectif de ce texte est de fournir des explications simplifiées de quelques mécanismes compliqués à l’origine des différences sexuelles, et de montrer comment ces derniers façonnent le cerveau au cours du développement et donnent lieu à des variations tant structurelles, fonctionnelles, qu’adaptatives. Une fois ces différences décrites, et considérant que la fonction prioritaire du cerveau est de traiter de l’information, la question se pose de savoir si ces variations sont à l’origine de différences d’aptitudes ou de raisonnement entre les sexes. Afin d’y répondre, la seconde partie du texte cherchera à évaluer comment certains dimorphismes cérébraux pourraient offrir la possibilité de résoudre un même problème à l’aide de différentes stratégies cognitives.


I. Sexe et genèse

Sexe et chromosomes : quelques mécanismes à l’origine de dimorphismes sexuels dans les organes

Le caryotype (arrangement standard de l’ensemble des chromosomes) du génome (ensemble du matériel génétique codé dans l’ADN d’un individu) est constitué de paires de chromosomes homologues appelés autosomes et, pour les espèces à reproduction sexuée, d’une paire de chromosomes sexuels appelés hétérochromosomes ou gonosomes. Chez les mammifères, l’étude de l’origine de ces chromosomes sexuels semble indiquer qu’ils dérivent d’une paire d’autosomes présent chez un ancêtre vertébré qui, au cours de l’évolution, a accumulé des différences et des spécialisations (41,46)

Chez les mammifères y compris l’humain, cette histoire évolutive se traduit par la présence de deux caryotypes distincts où la 23e paire de chromosomes est homogamétique XX pour un individu femelle et hétérogamétique XY pour un individu mâle. Comparativement, les chromosomes X et Y se distinguent par leur taille (le chromosome X étant beaucoup plus grand que le chromosome Y) mais aussi par leur contenu en gènes (environ 6% des gènes du génome pour le chromosome X et environ 2% pour le chromosome Y). Ces différences indiquent que le chromosome X a été fortement conservé au cours des différentes étapes évolutives alors que le chromosome Y a perdu beaucoup d’ADN par la suppression de recombinaisons. D’un point de vue fonctionnel, cette divergence a restreint, pour l’essentiel, le rôle du chromosome Y à porter un gène (SRY) dont la transcription et la traduction avec d’autres gènes aboutissent à la différenciation des gonades de l’embryon en testicules (différentiation sexuelle) alors que la majorité des gènes du chromosome X n’est pas impliquée dans les caractéristiques sexuelles.

L’ADN, présent dans tous les noyaux des cellules vivantes, renferme l’ensemble des informations nécessaires au développement et au fonctionnement d’un organisme. Chez les organismes sexués, chaque gène comporte deux versions, appelées allèles, dont l’une est issue du père et l’autre de la mère. L’expression des gènes repose sur un ensemble de mécanismes de régulation permettant de transposer l’information génétique contenue dans une séquence d’ADN en protéine. Les caryotypes XX et XY divergeant par leur contenu potentiel en gènes, ce déséquilibre est compensé par des mécanismes spécifiques comme la compensation du dosage de gènes et l’empreinte parentale : le mécanisme de compensation du dosage des gènes liés au chromosome X se produit durant les stades précoces du développement embryonnaire. Il correspond à l’inactivation aléatoire et permanente de l’un des deux chromosomes X (Xm maternel ou Xp paternel) dans chaque cellule somatique des embryons femelles. Ce mécanisme temporaire est ensuite relayé par un mécanisme épigénétique (modification transmissible réversible sans modification de la séquence ADN) appelé «empreinte génomique parentale» conduisant à une expression différentielle des allèles d’un gène en fonction de sa provenance maternelle ou paternelle (5). Comme le mécanisme d’inactivation n’est pas parfait, certains gènes (estimés à environ 15% chez l’humain) portés par le chromosomes X silencieux échappent à l’inactivation. Ce phénomène permet l’expression de gènes provenant à la fois du gène X maternel et paternel. Ainsi, les femmes présentent des populations de cellules mosaïques (ayant une composition allélique différente) ce qui n’est pas le cas chez les hommes. Cette différence est pensée comme l’origine des dimorphismes sexuels observés dans divers organes mais aussi dans le cerveau (216334050).

Un exemple classique pour illustrer ce phénomène de cellules mosaïques est celui de la chatte à taches tricolores dont le pelage est le résultat de l’expression des allèles gouvernant la couleur rouge et la couleur noire alors que celui du mâle ne présente que l’expression de l’allèle gouvernant soit la couleur rouge soit la couleur noire (pour plus de détail voir l’illustration 2 in Arnold, 2004, pp. 3).

Hormones sexuelles et cerveau

Durant l’embryogenèse, l’expression différentielle des gènes portés par les chromosomes sexuels alliée à l’action des hormones sexuelles est à l’origine de la différentiation sexuelle morphologique. Dans les deux sexes, la crête génitale constitue l’ébauche gonadique primitive qui, une fois enrichie par les cellules germinales primordiales (destinées à former les spermatozoïdes et les ovocytes), va permettre le développement de gonades sexuellement différenciées. Chez l’embryon de sexe masculin (XY), c’est au cours de la  septième semaine de gestation, sous l’influence d’une cascade d’événements génétiques impliquant le gène SRY situé sur le chromosome Y, que la gonade indifférenciée se développe en testicules ; le développement des ovaires, lui, commence autour de la huitième semaine pour être reconnaissable autour de la dixième semaine. Chez l’embryon de sexe masculin, l’augmentation importante de la production et de la sécrétion de testostérone par les testicules, entre la  neuvième et la dixième semaine, produit la masculinisation de l’embryon et donc le développement d’un phénotype masculin. En l’absence de chromosome Y, et donc du gène SRY, on observe le développement d’un phénotype féminin. Ces phénomènes conditionnent les facteurs génétiques et hormonaux de la détermination du sexe (23).

Après la naissance, et chez le garçon, la testostérone continue à circuler à des concentrations élevées pour devenir indétectable vers l’âge de 6 mois et reprendre de l’activité à la puberté. Chez la fille, la testostérone est présente juste après la naissance puis chute ensuite très rapidement (elle provient du placenta d’une part et de la production surrénalienne de la mère en réponse au stress physiologique de l’accouchement). À la puberté, la testostérone est à nouveau sécrétée faiblement dans la circulation sanguine par l’ovaire et les glandes corticosurrénales (10). Durant la phase précoce du développement post-natal, la testostérone opère des fonctions liées au développement cérébral (3,8).

Cette action spécifique est le produit de la conversion de la testostérone en œstradiol par une enzyme, l’aromatase, produite par les neurones et les astrocytes (cellule de support et de protection des neurones). Cette conversion permet d’activer des récepteurs aux œstrogènes, lesquels, durant cette période, sont largement distribués dans le système nerveux (4).

Cette cascade d’événements cellulaires opère un modelage du cerveau impliquant (7) :

  • les chromosomes sexuels et les mécanismes liés à leurs gènes
  • la différenciation de cellules souches en neurones fonctionnels (i.e. neurogenèse)
  • la croissance dendritique (i.e. le prolongement divisé du corps cellulaire des neurones ressemblant à un arbre et ayant pour fonction de recevoir et de transmettre les potentiels d’action)
  • la croissance des axones (i.e. prolongement des neurones) et de leurs projections qui permettent de transmettre l’information (potentiels d’action)
  • l’apoptose qui régule la destruction ciblée de cellules cérébrales non fonctionnelles
  • l’élagage synaptique correspondant à la suppression des synapses afin d’optimiser le traitement des informations neuronales
Question – Y a-t-il des différences selon les sexes dans cette étape ?Réponse de C. Brandner –   Il ne faut pas oublier que la différence existe dès la conception avec l’union des chromosomes sexuels (XX et XY). D’un point de vue cérébral, le remodelage sexué du substrat neuronal au cours du développement dépend de la présence ou de l’absence du gène SRY et des gènes associés (chromosome Y). Ainsi, le développement cérébral féminin typique dépend prioritairement de l’absence des gènes liés au chromosome Y et de l’absence d’hormone testiculaire (testostérone).

Quant au remodelage, et comme nous le verrons plus loin, tant la chronologie que les régions où se déroulent ces actions varient entre les sexes. Ces variations sont à l’origine des différences de taille de certaines régions cérébrales, du nombre de neurones, des patrons de connexions synaptiques et de la distribution des récepteurs aux neurotransmetteurs.

L’adolescence est une autre période de développement durant laquelle les hormones sexuelles opèrent un remodelage structurel du cerveau par les mêmes mécanismes. Ainsi, la puberté et l’élévation de la sécrétion d’hormones sexuelles qui l’accompagne, sont considérées comme une période clé pour l’établissement de connexions cérébrales et des réseaux neuronaux fonctionnels. Par exemple, il a été montré que les hormones ovariennes (œstradiol et progestérone) sont en mesure d’améliorer à la fois la connectivité fonctionnelle cortico-corticales (connexions entre différentes parties du cortex cérébral) et sous-cortico-corticale (régions situées en dessous de la couche de cortex cérébral) alors que les androgènes (testostérone) sont en mesure de diminuer la connectivité sous-cortico-corticale mais aussi d’augmenter la connectivité fonctionnelle entre les aires cérébrales sous-corticales (39).

Il important de rappeler que la puberté correspond à un signal de maturité pour la reproduction correspondant à la capacité à produire des gamètes matures. Ce signal dépend à la fois de facteurs internes mais aussi de facteurs externes tant sensoriels, sociaux, qu’environnementaux (relation aux autres, disponibilité de partenaires potentiels, stress, nutrition, pollutions) lesquels sont intégrés et évalués par le système nerveux central avant de déclencher les mécanismes responsables de la puberté.

Cette précision indique que l’initiation de la puberté doit plutôt être considérée comme un mécanisme cérébral plutôt que comme un mécanisme gonadique. Elle permet aussi d’expliquer pourquoi certains signes liés à la puberté varient en fonction de l’environnement mais aussi pourquoi ils sont exprimés malgré l’absence de fonction normale des gonades (45)

 
Question – Cela veut dire qu’on peut avoir l’air pubère sans testicules ?Réponse de Catherine Brandner – Je ne sais pas s’il existe des humains sans gonades par contre il existe une variabilité dans la composition des chromosomes sexuels dont les plus fréquentes sont des individus XXY, XO, XYY, XXYY, les hommes XX, et les femmes XXX et d’autres variations dues à des modifications métaboliques comme le déficit de la synthèse du cortisol dans les glandes corticosurrénales (hyperplasie congénitale surrénalienne), le syndrome d’insensibilité aux androgènes, le déficit en 5-alpha réductase (enzyme). Ces variations impliquent le plus souvent des modifications anatomiques parfois accompagnées de modifications des fonctions cognitives et de l’adaptation sociale. Pour une idée plus précise de l’influence de ces variations génétiques, on pourra lire la revue de littérature de Blackless et al. (2000) (52).
Question – En quoi et comment l’environnement social influe-t-il la puberté ?Réponse de Catherine Brandner – Une fois encore, cette question demanderait un développement à part. Il est premièrement important de mentionner que les facteurs sociaux de ces études peuvent être contrôlés. A titre d’exemples, des études ont montré que la maturation sexuelle varie en fonction des soins parentaux , de la présence de partenaires sexuels potentiels, ou encore des traditions en matière de mariage.Un phénomène intéressant à mentionner en regard à la théorie de l’évolution et des facteurs sociaux est l’effet du sex-ratio (taux d’hommes et de femmes au sein d’une population). Lorsqu’il est asymétrique (moins d’hommes que de femmes), il semble accélérer la maturation sexuelle féminine. Les études de populations ont montré que le sex-ratio exerce une influence sur l’espérance de vie des hommes. Lorsqu’il y a plus de femmes que d’hommes, leur longévité semble s’accroître alors que lorsque l’asymétrie s’inverse leur longévité diminue. Pour une idée plus précise de l’influence de ce facteur, on pourra lire Jin et al (2010) (54).

Finalement, le stress dû à des facteurs sociaux ou environnementaux (par exemple la malnutrition) est susceptible d’interagir avec les mécanismes de la reproduction (par exemple un retard pubertaire). Ces phénomènes semblent résulter de l’interaction multiple de deux axes de régulation hormonale: l’axe HPA (hypothalamus-hypophyse-glandes surrénales) correspondant au système de la réponse hormonale au stress et l’axe HPG (hypothalamus – hypophyse – gonades) correspondant au système hormonal de la reproduction. Par exemple, le retard pubertaire observé en cas de malnutrition semble lié à l’action du stress sur le système hormonal de reproduction. Pour une idée plus précise de l’influence des facteurs sociaux, on pourra lire Ellis (2004) (53).

Question – Certaines expériences  prétendent montrer que la testostérone serait liée/corrélée à l’agressivité chez les hommes. Que penses-tu de ces expériences ?Réponse de Catherine Brandner – Il m’est difficile de répondre à cette question sans références spécifiques et donc en l’absence de données. D’anciens papiers voulaient lier le taux de testostérone à l’agressivité à partir de l’observation de certains comportements compétitifs en vue de l’accouplement chez d’autres espèces (par exemple les oiseaux). Ces études ne considéraient pas les relations existantes entre les différents systèmes de régulation comme les axes HPA et HPG que nous avons mentionnésprécédemment. Elles ne permettent donc pas d’évaluer la possible relation entre certains traits de personnalité et la réponse au stress.Des études plus récentes plaident en défaveur de l’hypothèse liant la testostérone à l’agressivité. Ces résultats ont conduit les chercheurs à réviser l’hypothèse d’origine, laquelle était sans doute bâtie sur une interprétation erronée du comportement animal, en proposant que le taux de testostérone correspond à un marqueur de succès social plutôt qu’à un déficit d’ajustement comportemental. Par exemple, des études menées chez le sujet adolescent indiquent que de jeunes garçons perçus comme socialement dominantset populaires présentent des taux plus élevés de testostérone. A l’inverse, des garçons socialement mal perçus et ayant été brutalisés par leurs pairs durant leur enfance présentent des taux peu élevés de testostérone comparativement à un groupe de contrôle. D’autre part, l’administration de testostérone chez le sujet adulte présentant un déficit de synthèse de cette hormone modifie son comportement sexuel mais aussi son humeur en diminuant son score  sur une échelle de dépression. Pour une revue de la question, on peut lire Archer (2006) (51).

 

Dimorphisme sexuel cérébral

Avant d’aborder les différences sexuelles cérébrales, il convient de rappeler que les tissus du système nerveux central (cerveau et moelle épinière) sont dissociés en matière blanche et matière grise. Il convient peut-être aussi de préciser que ces adjectifs colorés n’ont aucune fonction symbolique mais proviennent des premières observations anatomiques où, après fixation, certaines parties du cerveau sont de couleur blanche alors que les autres ont un aspect grisâtre. Ces couleurs sont dues à la composition des cellules de ces tissus. Brièvement, la matière blanche (myéline) est une graisse qui sert à protéger et isoler les fibres nerveuses (axones) et à accélérer la vitesse de conduction du signal neuronal (potentiels d’action) ; la matière grise quant à elle se compose essentiellement des corps cellulaires et des dendrites responsables de la réponse aux stimulations par leur conversion en potentiels d’action et la propagation de ce signal.
Développement cérébral
Le développement cérébral est le produit d’une cascade d’événements cellulaires ayant pour origine les gènes.

  • Matière grise
    Du point de vue neuroanatomique, la matière grise commence par croître pour ensuite décroître, faisant ressembler sa courbe développementale à un U inversé. Les pics de volume de la matière grise varient avec l’âge et les régions cérébrales. Par exemple, les lobes pariétaux et occipitaux atteignent leur maturation plus rapidement que les lobes frontaux et temporaux lesquels se développent jusqu’à l’âge adulte. Ces différences de développement impliquent aussi une différences de maturation des fonctions cognitives. Ainsi, les fonctions sensorielles primaires (comme la vision ou l’audition) atteignent leur maturité plus rapidement que les fonctions exécutives (comme la planification ou le raisonnement) ou les capacités d’associations sensorielles (traitement multimodal de l’information). Hormis l’âge, le sexe influence les pics de développement cérébraux. Ainsi, les pics de volume de matière grise sont atteints plus précocement chez les filles que chez les garçons comme pour le début de la puberté(20,37,38).
  • Matière blanche
    La matière blanche croît de manière linéaire jusqu’à l’âge adulte. Les connaissances actuelles laissent supposer que cette évolution de la matière blanche est liée au développement de réseaux neuronaux fonctionnels, lesquels se caractérisent par l’activation conjointe de régions cérébrales anatomiquement séparées (19).
    Comme pour la matière grise, les pics de développement de la matière blanche varient en fonction de l’âge, des régions et en fonction du sexe. Durant l’adolescence, la croissance de la matière blanche est plus rapide et se poursuit plus longtemps chez les garçons que chez les filles (21, pour une visualisation de ces développements: http://www.nimh.nih.gov/videos/press/prbrainmaturing.mpeg).


Age adulte

Ce modelage différentiel du cerveau durant le développement est maintenu à l’âge adulte. A ces différences morphologiques globales s’ajoutent d’autres dimensions fonctionnelles comme la neurotransmission ou la réponse métabolique à l’expérience (15). Du point de vue de l’anatomique macroscopique, le cerveau des hommes est plus gros et plus lourd que celui des femmes. Les études morphométriques, pondérées par la taille et le poids, confirment que la proportion matière grise/matière blanche de diverses régions cérébrales diffère de manière significative entre les sexes. En moyenne, le cerveau des femmes contient un pourcentage plus élevé de matière grise alors que celui des hommes contient un pourcentage plus élevé de matière blanche et de liquide céphalo-rachidien (12).


II. Différences sexuelles, cerveau et aptitudes cognitives

L’étude de ces différences neuroanatomiques entre les sexes est particulièrement intéressante eu égard aux croyances largement répandues concernant les capacités cognitives (28). Ces capacités sont le plus souvent mesurées par des tests de quotient intellectuel (QI) qui correspondent à des corrélations positives entre différents tests d’aptitudes cognitives (verbales, spatiales, numériques pour l’essentiel) donnant lieu à une nouvelle variable (non corrélée) appelée facteur g (27,18, pour plus de détails voir la figure 1 et la boîte 2 de la référence 17 et pour une discussion sur les limites de l’utilisation des tests de QI, Gauvrit (2010).)

Les neurosciences ont contribué à la compréhension des bases biologiques responsables des   capacités cognitives chez l’humain et permis d’identifier les principaux circuits cérébraux impliqués dans cette fonction. De plus, les études de neuroimagerie ont permis d’évaluer comment le dimorphisme cérébral module l’intelligence générale mesurée par le facteur g. Les principaux résultats peuvent être résumé de la manière suivante. L’article de revue de Deary et collaborateurs (17) permet de résumer les principaux résultats issus de ces recherches.

  • Matière grise
    Chez les hommes, le facteur g est plus fortement corrélé au volume de matière grise des lobes fronto-pariétaux alors que chez les femmes, ce paramètre est plus fortement corrélé avec la matière blanche d’une part et la matière grise de l’aire de Broca (l’une des principales aires cérébrales responsable du langage). Les mesures d’épaisseur corticale (corps cellulaires des neurones et des cellules gliales formant la matière grise) indiquent que le facteur g corrèle plus fortement avec les régions frontales chez les femmes alors que ce paramètre corrèle plus fortement avec l’épaisseur corticale du lobe temporal occipital chez les hommes.
  • Matière blanche
    Concernant les liens entre la matière blanche et le facteur g, son intégrité semble plus importante chez les femmes que chez les hommes. Certaines études ont même montré une corrélation négative entre ce facteur et la matière blanche fronto-pariétale chez les hommes après la puberté. Pour expliquer cette dernière différence, l’hypothèse a été posée que, chez les hommes, les fonctions cognitives dépendent d’un nombre de fibres plus restreint, ce qui suppose que les axones des hommes sont plus épais et plus étroitement liés que chez les femmes.  
  • Efficacité neuronale
    Hormis ces différences de corrélations entre le substrat cérébral et le facteur g, certaines études se sont penchées sur l’efficacité neuronale, mesurée par l’activation cérébrale électroencéphalographique (EEG) lors de résolution de tâches cognitives. Ces patrons d’activations ont montré que, lors de la résolution de tâches spatiales de difficulté moyenne, le cerveau des hommes est moins actif que celui des femmes. Inversement, lors de la résolution de tâches verbales de difficulté moyenne, le cerveau des femmes est moins actif que celui des hommes. Ces résultats indiquent que l’indice d’efficacité neuronale (activité cérébrale réduite pour résoudre une même tâche) varie entre les sexes en fonction du type de tâches. Ces résultats concordent avec les différences sexuelles comportementales, où, en moyenne, les hommes montrent un avantage pour les tâches spatiales alors que les femmes montrent un avantage pour les tâches verbales (15).
 
Question – Ces études montrent-elles des différences indépendamment de l’environnement social ?   Réponse de C. Brandner –  Pour répondre à cette question le terme environnement social devrait être précisé afin qu’il puisse être opérationnalisé. Des variables comme la malnutrition et l’absence de soins parentaux suffisants engendrent des réponses de stress susceptibles de modifier le développement cérébral. Il faut cependant relever que les études IRM ou EEG publiées dans des journaux scientifiques concernent des populations contrôlées pour un certain nombre de variables. Ainsi, les personnes présentant un QI inférieur à la moyenne, des maladies cardiaques, cérébrales et psychiatriques sont exclues des échantillons. Les études les plus récentes contrôlent même une partie de l’histoire embryonnaire en excluant des personnes issus de mères présentant des problèmes de dépendance à des substances comme l’alcool.

Différences sexuelles, cognition et comportement

L’étude comportementale des différences sexuelles vise à dégager des différences entre les sexes pour le traitement de certaines informations. Afin d’y parvenir, certaines variables cognitives (capacité verbale, capacité spatiale, capacité numérique par exemple) sont isolées et manipulées dans le but de dégager en quoi les hommes et les femmes diffèrent. Chacune de ces recherches peut fournir des arguments en faveur et contre l’hypothèse que le sexe influence les comportements. Cette divergence a souvent été prise comme argument pour nier la fiabilité de ce type de recherche. Cependant, et pour que cette critique soit valide, elle devrait être basée sur la comparaison d’études exactement comparables (i.e. participants, matériel et procédure expérimentale, analyses de données) ce qui demanderait des réplications d’expérience plutôt que le développement de nouveaux protocoles. Les méta-analyses sont un moyen pour pallier à cette difficulté en compilant un grand nombre d’études afin de tenter de dégager une vision plus claire de ces différences (11).

En regard des différences sexuelles, le comportement spatial a donné lieu à un très grand nombre de débats dont une partie concerne les modèles évolutionnistes que nous n’aborderons pas ici car ils méritent un développement propre (voir à ce sujet les suggestions de lecture proposées en fin de texte) . Ce comportement est un bon exemple pour illustrer les variations cognitives pouvant exister entre les hommes et les femmes. La mesure des capacités spatiales à l’aide de tests spécifiques indique qu’en comparaison des femmes, les hommes présentent en général un avantage pour résoudre des tâches de rotation mentale. A l’origine, cette capacité a été mesurée à l’aide d’un test qui demande de manipuler et transformer des figures géométriques (47,1 pour le test et son évalutation). Cependant, la poursuite de l’investigation de cette capacité par la modification du matériel de base (stimuli bidimensionnels simplifiant la tâche, utilisation d’images d’animaux en lieu et place de stimuli géométriques, ou utilisation d’un environnement virtuel impliquant une activité motrice) indique que du point de vue comportemental, cette différence peut être supprimée.

Les résultats des différentes études de la rotation mentales ont été interprétés comme une différence de stratégie utilisée pour résoudre une tâche de rotation mentale. Selon cette hypothèse, les hommes privilégient une stratégie globale où l’objet est traité en tant que configuration à comparer avec un objet témoin, alors que les femmes adoptent une stratégie locale consistant à comparer les détails de l’objet mémorisé avec les détails de l’objet témoin. Les études neuroanatomiques soutiennent cette hypothèse, qui implique que ces deux stratégies diffèrent en terme de charge mnésique, puisqu’elles ont montré qu’à performance égale, l’activité cérébrale (mesurée par électroencéphalographie ou par imagerie cérébrale) des femmes est plus élevée que celle des hommes lors de la réalisation de ce type de tâche (14,29,30,36).

La mesure des habiletés spatiales à l’aide de tests impliquant la capacité de se souvenir de la position qu’occupait un objet particulier dans un ensemble d’objets indique qu’en comparaison des hommes, les femmes présentent en général un avantage pour ce type de tâche (44). Cependant, si l’ensemble des stimuli correspond à des catégories objets de type masculin (par exemple after-shave), objets de type féminin (par exemple rouge à lèves), et objets neutres (par exemple crayon), les femmes et les hommes se souviennent plus des objets congruents avec leur propre sexe, et l’avantage des femmes pour ce type de tâche disparaît (13).

Question – Si on laisse les sujets s’entraîner pendant quelques semaines, les différences de capacités disparaissent-elles aussi ?

Réponse de C. Brandner – Absolument. Cependant, si l’on compare le nombre d’essais nécessaires pour atteindre une performance asymptote, on retrouvera la différence entre les sexes.


Dans un contexte plus large, et plus proche de la vie quotidienne, la mémoire spatiale est évaluée à l’aide de tests d’orientation et de navigation spatiale. Ces recherches indiquent que si les hommes comme les femmes savent s’orienter, les moyens mis en œuvre pour y parvenir sont différents. De manière générale, les recherches indiquent que les femmes utilisent plus volontiers la position des points de repère alors que les hommes utilisent plus volontiers les informations géométriques fournis par l’environnement (24,34,43). Ces différences entre les sexes suggèrent que les femmes et les hommes développent différentes stratégies cognitives pour résoudre les problèmes qu’ils rencontrent, et que ces différences de stratégies pourraient avoir pour origine le dimorphisme sexuel cérébral. Cette hypothèse est soutenue par des études d’imagerie cérébrale fonctionnelle indiquant que les différences entre les femmes et les hommes dans l’utilisation de points de repère et d’informations géométriques sont liées à l’activation de différents circuits cérébraux (22).

Prises dans leur ensemble, ces recherches sont intéressantes à plus d’un titre. Du point de vue des neurosciences, elles permettent d’affiner le concept de plasticité cérébrale. Il est tout aussi fondamental de rappeler que durant de nombreuses années, le cerveau adulte a été vu comme un organe qui n’était pas susceptible de changer. Cette hypothèse a été abandonnée au profit de la notion de plasticité neuronale correspondant à des modulations fines du substrat cérébral lequel varie entre les individus. La plasticité cérébrale correspond à la réorganisation  des connexions et des circuits cérébraux suite à un apprentissage. Depuis quelques années, ce concept a été généralisé au point de considérer le cerveau comme un organe en perpétuelle reconstruction. Cet argument a parfois été utilisé pour remettre en question la robustesse de l’hypothèse du dimorphisme sexuel cérébral. Cependant, si cette plasticité dépendante de l’expérience s’exerce tout au long de notre vie, elle le fait sur un substrat cérébral dont l’organisation générale est déterminée par le génome de l’individu. Comme nous l’avons vu, ce génome comporte une paire de chromosomes sexuels à l’origine d’une cascade d’événements qui engendrent des différences sexuelles tant corporelles que cérébrales. Sans entrer dans les détails, il est peut-être important de rappeler que la plasticité neuronale s’exerce par l’activation de récepteurs cérébraux, et que, parmi ces derniers, les récepteurs aux œstrogènes jouent un rôle majeur. Par exemple, les personnes atteintes du syndrome de Turner (maladie chromosomique caractérisée par l’absence d’unchromosome X), qui induit une déficience en œstrogène, présente des modifications de la répartition du volume de matière grise dans différentes régions cérébrales et une réduction de la cognition visuospatiale (9). De même, les thérapies de supplémentation en œstradiol chez la femme ménopausée atténuent les pertes de matière grise due à l’âge (32). La testostérone exerce aussi ces effets neurotrophiques par l’activation de la voie des androgènes et le mécanisme de l’aromatisation. Finalement, les études morphométriques chez le sujet âgé indiquent que le dimorphisme sexuel cérébral est maintenu par le biais de l’expression différentiel des gènes dans le cerveau (6,42).

Question – Les cerveaux des hommes et des femmes sont différents à la naissance et le restent tout au long de la vie et, comme tu viens de nous l’expliquer, les chromosomes, les gènes et les hormones sont à l’origine des ces différences. Par ailleurs, les études de sociologie nous montrent que nos comportements diffèrent si nous sommes en présence d’un homme ou d’une femme, mais aussi d’un nourrisson garçon ou d’un nourrisson fille. On interprète différemment leurs pleurs (colère pour les garçons, tristesse pour les filles), on pousse un petit garçon à grimper aux arbres tandis qu’on encourage une petite fille à jouer à la poupée. Ces différences de comportements de l’entourage sont-elles aussi en partie responsables des différences structurelles du cerveau ? (zones plus développées que d’autres par exemple).

Catherine Brandner – Il est difficile de répondre à une question qui ne donne pas de références précises permettant d’examiner les données. Les étudiants m’adressent souvent des questions concernant l’influence de la culture ou du social. Ma réponse invariablement mentionne qu’en psychologie expérimentale, seuls les résultats provenant de l’opérationnalisation des variables sont susceptibles d’être publiés. Ce qui signifie que lorsque l’on parle de l’effet de l’environnement social, on devrait être en mesure de le faire varier et d’en mesurer les effets comparativement à un groupe de contrôle. Comme il est éthiquement (mais pas seulement) impossible de faire varier l’ «environnement social», il me semble bien difficile de poser la moindre hypothèse concernant la question adressée.
Je serai cependant tentée par une réponse provocante : s’il s’avère que nos comportements sont modifiés en fonction du sexe de notre interlocuteur, qu’est-ce qui nous pousse à les ajuster ? Si l’on me répond qu’il s’agit de facteurs culturels ou sociaux, je me  permettrais de demander comment une telle règle a pu se mettre en place et se maintenir, et ceci quelles que soient les régions du globe que l’on considère ? Je pense qu’émergeraient alors la piste phylogénétique et les hypothèses liées aux mécanismes de la reproduction sexuée d’une part et à la sélection sexuelle d’autre part. Nous entrons ici dans une autre perspective tout aussi fascinante et je ne peux une fois encore que recommander de consulter les suggestions de lecture pour replacer les différences sexuelles comportementales dans un contexte évolutionniste.
Réponse de GR – Il ne me semble pas déraisonnable d’envisager les choses sous cette perspective évolutionniste, en soulignant toutefois que ces attentes différenciées selon les sexes ont évolué au cours du temps et que la sélection s’est effectuée suivant des critères différents selon les époques (critères de beauté, comportements et rôle dans la sphère publique et au foyer, rapport à la sexualité, etc.) et qu’ils ne sont pas (ou en tout cas n’ont pas été) immuables.

Conclusion

En conclusion, il est important de relever que les résultats des études comportementales indiquent que les femmes et les hommes sont égaux quant à leur capacité à résoudre des problèmes. Cependant, leur manière d’y parvenir repose sur des stratégies cognitives différentes, et ces différences semblent reposer sur le dimorphisme du substrat cérébral. Dans ce contexte, l’apparition de la reproduction sexuée (eucaryote) et les différences sexuelles qui en découlent est une source formidable de variation de l’expression des gènes, laquelle du point de vue de la théorie de l’évolution est fondamentale pour expliquer l’adaptation des organismes (par le biais des mécanismes de la sélection naturelle et sexuelle) aux changements de l’environnement au fil des générations.

Catherine Brandner,

Questions de DC et GR.


Suite à la publication de cet article, Franck Ramus, chercheur en sciences cognitives à l’Ecole Normale Supérieure, nous fait part de ses réflexions :

« Il existe toute une littérature en psychologie sociale montrant les effets d’attente et de stéréotype. La limite de ces études est que, si elles montrent bien que les stéréotypes que l’on peut avoir sur les femmes les poussent à s’y conformer, elles ne sont pas en mesure de montrer que c’est la seule cause de différences hommes/femmes. Peut-être qu’elles se superposent et accentuent des différences pré-existantes. La meilleure réponse à la question de l’origine des différences, ce sont les études précoces qui montrent des différences de capacités et de préférences cognitives chez le bébé, à des âges où il est peu plausible qu’elles soient dues à un conditionnement social. Mais ces études sont difficiles méthodologiquement et peu nombreuses. D’autres réponses complémentaires peuvent venir de travaux montrant les effets précoces des hormones, comme la testostérone fœtale, ou encore les cas de CAH (Congenital Adrenal Hyperplasia). Bref, il y a quand même quelques données qui montrent de manière relativement convaincante que certaines différences cognitives entre les sexes ne sont pas entièrement dues à des facteurs sociaux.« 

On trouvera quelques références ici.


Références

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18. Façon, R. (2003). Sur la loi des rendements décroissants. Efficience intellectuelle et facteur général. L’année psychologique, 103, 81-102.

19. Fields, R.D., & Stevens-Graham, B. (2002). New insights into neuron-glia communication. Science, 298, 556-562.

20. Giedd, J.N., Lalonde, F.M., Celano, M.J., White, S.L., Wallace, Lee, N.R., & Lenroot, R.K. (2009). Anatomical brain magnetic resonance imaging of typically developing children and adolescents. Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 48, 465-70

21. Gogtay, N., Giedd, J.N., Lusk, L., Hayashi, K.M., Greenstein, D., Vaituzis, A.C., Nugent III, T.F., Herman, D.H., Clasen, L.S., Toga, A.W., Rapoport, J.L., & Thompson, P.M. (2004). Dynamic mapping of human cortical development during childhood through early adulthood. Proceedings of the National Academy of Sciences USA, 101, 8174-8179.

22. Grön, G., Wunderlich, A.P., Spitzer, M., Tomczak, R., & Riepe, M.W. (2000). Brain activation during human navigation: gender-different neural networks as substrate of performance. Nature Neuroscience, 3, 404–408).

23. Heffner, L.J.(2001). Human reproduction at a glance. Blackwell Science Ltd.

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25. Hyde, J., Fennema, E., & Lamon, S.J. (1990). Gender differences in mathematics performance: A meta-analysis. Psychological Bulletin, 107, 139-155.

26. Hyde, J.S., & Linn, M.C. (1988). Gender differences in verbal ability: A meta-analysis. Psychological Bulletin, 104, 53–69.

27. Jensen, A.R. (1998). The g Factor: The Science of Mental Ability. Westport Praeger Publishers.

28. Johnson, W., Carothers, A. & Deary, I.J. (2008). Sex differences in variability in general intelligence: a new look at the old question. Perspectives in Psychological Science, 3, 518-531.

29. Jordan, K., Wüstenberg, T., Heinze, H-J., Peters, M., & Jäncke, L. (2002). Women and men exhibit different cortical activation patterns during mental rotation tasks. Neuropsychologia, 40, 2397-2408.

30. Liesefeld, H.R., & Zimmer, H.D. (2011). The advantage of mentally rotating clockwise. Brain and Cognition, 75, 101–111.

31. Linn, M.C., & Petersen, A.C. (1985). Emergence and characterisation of gender differences in spatial abilities : a meta-analysis. Child Development, 56, 1479-1498.

32. Lord, C., Buss, C., Lupien, S.J., Pruessner, J.C. (2008). Hippocampal volumes are larger in postmenopausal women using estrogen therapy compared to past users, never users and men: a possible window of opportunity effect. Neurobiology of Aging, 29, 95–101

33. McCarthy, M.M., & Arnold, A.P. (2011). Reframing sexual differentiation of the brain. Nature Neuroscience, 14, 677-683.

34. Maguire, E.A., Burgess, N., and O’Keefe, J. (1999). Human spatial navigation: cognitive maps, sexual dimorphism, and neural substrates. Current Opinion in Neurobiology, 9, 171–177.

35. Ober, C., Loisel, D.A. & Gilad, Y. (2008). Sex-specific genetic architecture of human disease. Nature Review Genetics, 9, 911–922.

36. Parsons, T.D., Larson, P., Kratz, K., Thiebaux, M., Bluestein, B., Buckwalter, J.G., & Rizzo, A.A. (2004). Sex differences in mental rotation in a virtual environment. Neuropsychologia, 42, 555–562.

37. Paus, T. (2010). Sex differences in the human brain. A developmental perspective. Progress in Brain Research, 186, 13–28.

38. Paus, T., Nawaz-Khan, I., Leonard, G., Perron, M., Pike, G.B., Pitiot, A., Richer, L., Susman, E., Veillette, S., & Pausova, Z. (2010) Sexual dimorphism in the adolescent brain: role of testosterone and androgen receptor in global and local volumes of grey and white matter. Hormones and Behavior, 57, 63-75.

39. Peper, J.S., van den Heuvel, M.P., Mandl, R.C.W. Hulshoff Pol, H.E., & van Honk, J. (2011). Sex steroids and connectivity in the human brain: a review of neuroimaging studies. Psychoneuroendocrinology, 36, 1101-1113.

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42. Raz, N., Gunning-Dixon, F., Headd, D., Rodrigue, K.M., Williamson, A. Acker, J.D. (2004). Aging, sexual dimorphism, and hemispheric asymmetry of the cérébral cortex: replicability of regional differences in volume. Neurobiology of Aging, 25, 377–396.

43. Saucier, D. M., Green, S. M., Leason, J., MacFadden, A., Bell, S., & Elias, L. J. (2002). Are sex differences in navigation caused by sexually dimorphic strategies or by differences in the ability to use the strategies?Behavioral Neuroscience, 116, 403–410.

44. Silverman, I., & Eals, M. (1992). Sex differences in spatial abilities: Evolutionary theory and data. In J. Barkow, I. Cosmides, & J. Tooby (Eds.), The adapted mind: Evolutionary psychology and the génération of culture (pp. 533-549). New York: Oxford University Press.

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48. Voyer, D., Voyer, S., & Bryden, M. P. (1995). Magnitude of sex différences in spatial abilities: A meta-analysis and consideration of critical variables. Psychological Bulletin, 117, 250–270.

49. Voyer, D., Postma, A., Brake, B., and Imperato-McGinley, J. 2007. Gender differences in object location memory: A meta-analysis. Psychonomic Bulletin and Review, 14, 23-38.

50. Wilkinson, L.S., Davies, W., Isles, A.R. (2007). Genomic imprinting effects on brain development and function.Nature Reviews Neuroscience, 8, 832-843.)

Références liées aux réponses aux questions

51. Archer, J. (2006). Testosterone and human aggression: an evaluation of the challenge hypothesis.Neuroscience and Biobehavioral Reviews, 30, 319–345.

52. Blackless, M., Charuvastra, A., Derryck, A., Fausto-Sterling, A., Lauzanne, K., Lee, E. (2000). How sexually dimorphic are we? Review and synthesis. American Journal of Human Biology, 12, 151–166.

53. Ellis, B. J. (2004). Timing of pubertal maturation in girls: an integrated life history approach. Psychological Bulletin, 130, 920–958.

54. Jin, L., Elwert, F., Freese, J., & Christakis, N.A. (2010). Preliminary evidence regarding the hypothesis that the sex ratio at sexual maturity may affect longevity in men. Demography, 47, 579-586.

Suggestions de lecture pour replacer les différences sexuelles comportementales dans un contexte évolutionniste

Laland, K.N., & Brown, G.R. (2011). Sense & non sense, evolutionary perspective on human behavior. Oxford University Press.

Geary, D.C. (2003). Hommes, femmes. L’évolution des différences sexuelles humaines. Traduction par Gouillou, P. Ed. de Boeck, collection Neurosciences & Cognition

Darwin, C. (2000). La filiation de l’homme et la sélection liée au sexe. Oeuvres de Charles Darwin. Traduction coordonnée par Prum, M. Editions Syllepse. Institut Charles Darwin International.


Références proposées par Franck Ramus.

Auyeung B., Baron-Cohen S., Ashwin E., Knickmeyer R., Taylor K. and Gerald Hackett G. (2009). Fetal testosterone and autistic traits.
………..British Journal of Psychology, 100, 1–22

Berenbaum S.A., Snyder E. (1995). Early Hormonal Influences on Childhood Sex-Typed Activity and Playmate Preferences :
………..Implications for the Development of Sexual Orientation, Developmental Psychology Vol. 31, No. 1,31-42

Connellana J., Baron-Cohena S., Wheelwrighta S., Batkia A., Ahluwaliab J. (2000). Sex differences in human neonatal social
………..perception, Infant Behavior & Development, 23, 113–118

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Histoire et luttes des femmes – Projet Histoire des luttes sociales

Vous avez lu les bases du Projet Histoire des luttes sociales, paysannes, populaires, féminines... Vous voici dans l’onglet Histoire et luttes des femmes. Dans quelle mesure se sont orchestrées les luttes contre les discriminations liées au sexe biologique féminin ou apparenté ?
 
Attention – Il ne s’agit pas de la place des femmes dans l’histoire des sciences, qui fait l’objet d’un autre article : Histoire alternative des sciences.

 

Madeleine Pelletier

Une vie, une œuvre, sur France Culture, le 30 septembre 2017 porte sur Madeleine CorteX_Madeleine_PelletierPelletier, première femme médecin diplômée en psychiatrie en France, mais surtout figure féministe de premier plan. Autrice de nombreux articles, essais, romans et pièces de théâtre, elle est rendue hémiplégique en 1937 par un accident vasculaire cérébral, puis se fait interner de force en asile psychiatrique en 1939, inculpée pour avoir pratiqué un avortement.

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Les féministes en Inde : deux siècles de combats

CorteX_manifestation_viols_Calcutta_3.01.2014« Les Français qui s’intéressent de près à l’évolution de l’Inde sont moins nombreux que les Britanniques, en conséquence très directe de la colonisation. Il n’empêche que l’essor économique et scientifique de ce pays a tourné vers lui les regards, chez nous, bien davantage depuis quelques temps. Et qu’en conséquence directe a grandi l’intérêt pour les équilibres et les déséquilibres de cette société qui nous paraît à tant d’égards si lointaine en dépit de la mondialisation. La situation qui y est faite aux femmes suscite en particulier sous l’effet de cette curiosité renouvelée une attention qui est ranimée de loin en loin par des nouvelles impressionnantes pour ne pas dire terrifiantes. Voici un peu plus d’un an, le viol collectif et les tortures qui ont causé la mort d’une jeune femme dans un autobus de New Dehli, ont frappé d’autant plus les esprits qu’ils ont provoqué une formidable vague de protestation et de solidarité parmi la classe urbaine moyenne. Le procès des criminels a été retentissant. La chaîne de télévision NDTV a affiché en boucle sur l’écran : « En Inde une femme est violée toutes les 22 minutes ». Si bien que l’on a vu surgir ici en France un intérêt inédit non seulement pour l’histoire dans ce pays d’une subordination atavique d’un sexe à l’autre, mais pour la vaillance, l’énergie, les stratégies de celles qui depuis deux siècles ont conduit à tous risques un combat contre l’oppression. Le passé du féminisme en Inde, fort méconnu en France, est propre à éclairer ses avancées et ses faiblesses contemporaines. Martine van Woerkens, de l’École pratique des hautes études, s’est penchée sur ce sujet avec une compétence reconnue, et je l’ai priée de venir en traiter pour nous aider à restituer la profondeur temporelle sans laquelle la tragédie dont il s’agit risquerait de nous apparaître comme un fait divers difficile à déchiffrer ». Jean-Noël Jeanneney . L’émission a été diffusée le 18 janvier 2014 sur France Culture.

Bibliographie :

– Martine VAN WOERKENS, Nous ne sommes pas des fleurs : deux siècles de combats féministes en Inde, Albin Michel, 2010.

– Catherine WEINBERGER-THOMAS, Cendres d’immortalité. La crémation des veuves en Inde, Seuil, 1996.

– Bénédicte MANIER, Quand les femmes auront disparu. L’élimination des filles en Inde et en Asie, la Découverte, 2006.

– VIRAMMA et Josiane et Jean-Luc RACINE, Une vie paria. Le rire des asservis en Inde du Sud, Plon-Éd. de l’Unesco, « Terre Humaine », 1994.

Moi, Phoolan Devi

Phoolan Devi, femme indienne au chemin politique exceptionnel, a été assassinée le CorteX_Phoolan_Devi25 juillet 2001 à Dehli.  Ce documentaire en deux parties, enregistré en janvier 2015 dans l’état de l’Uttar Pradesh, raconte  le parcours de cette  femme, issue d’une basse caste, insoumise, hors la loi, puis élue députée de son état. Au-delà du mythe, c’est son combat profondément féministe, et son héritage, que nous interrogeons quatorze ans après.  Un documentaire de Julie et Jean-Philippe Navarre, prise de son en studio et mixage d’Alain Joubert, diffusé les 9 et 10 mars 2015 dans Sur les docks, sur France Culture. Merci à Yannick Siegel pour cette trouvaille.

Partie 1 : du village aux ravines. Télécharger

Partie 2 : de la geôle au Parlement. Télécharger

Gamal Abdel Nasser et le voile

Extrait de discours de Gamal Abdel Nasser, président d’Égypte, 1953, à propos du voile.

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Filles et garçons à l’école depuis Jules Ferry

CorteX_filles_ecoleVoici peu de semaines, une rumeur s’est répandue sur la Toile avec la vélocité que celle-ci peut offrir aux extravagances les plus débridées. Une vaste opération aurait été en cours, dans toute l’école publique du pays destinée à déformer le cerveau des jeunes enfants des écoles élémentaires en brouillant leur identité sexuelle. Il s’agirait d’imposer une théorie du genre, formulation venue des États-Unis, selon laquelle, à en croire ses détracteurs, la différence entre les garçons et les filles seraient exclusivement de l’ordre de l’acquis et nullement de la nature. Cette prétendue entreprise était évidemment un fantasme. À l’origine on trouve une expérimentation d’ateliers destinés à lutter dès le plus jeune âge contre un certain nombre de stéréotypes sur les filles et les garçons et la répartition de leurs rôles, expérimentation intitulée ABCD de l’égalité. La rumeur, reprise par divers politiques de l’opposition de droite, fut assez efficace pour appuyer un appel au boycott à l’initiative de parents, d’une journée de classe, JRE, c’est-à-dire Journée de Retrait de l’école. Non sans un certain succès. À la fin de janvier dernier, le directeur de l’Enseignement scolaire a dénombré publiquement cent établissements touchés dans quatorze académies. Cette émotion artificielle devrait retomber assez vite, mais elle invite impérieusement à un examen, à ce micro, de la question plus sérieuse des relations entre les filles et les garçons à l’école depuis le XIXe siècle, et en particulier depuis les réformes de Jules Ferry : éclairage utile sur les équilibres successifs d’une société au primordial d’elle-même. Rebecca Rogers, professeur à l’Université Paris Descartes, spécialiste appréciée de ce sujet, est l’invitée de Jean-Noël Jeanneney ce 12 avril 2014 sur France Culture.

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Les « remarques », cartes à jouer fixées sur les couffins abandonnés

Chronique de Perrine Kervran, La Fabrique de l’histoire, sur France Culture le 16 mai 2014. Cet extrait revient sur les modalités d’abandon des bébés du XVIIIe siècle à maintenant, avec les dilemmes classiques du type : l’invention du tour d’abandon (sorte de cavité en bois qui tourne) pour placer les bébés afin d’éviter les chiens errants, les roues de carrosse et les intempéries, permet aussi l’anonymat. Or vaut-il mieux ne rien organiser, ou encadrer l’abandon pour protéger les enfants, quitte à voir le nombre d’abandons augmenter ?

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Ordonnance interdisant aux femmes de porter des vêtements d’homme

Ordonnance du préfet de police de porter des habits que la coutume attribue à l’autre SONY DSCsexe, 16 brumaire an 9, 16 novembre 1800, jamais abrogée depuis.

C’est chose faite depuis… 2013 – voir Abrogation de l’interdiction du port du pantalon pour les femmes. Référence est faite au livre de Christine Bard, Une histoire politique du pantalon,Paris, Seuil, 2010, 392 p.

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Publications et organes génitaux

Dans PlOS1, une suédoise et deux australiens ont étudié 400 publications parues entre 1989 et 2013 sur les organes génitaux toutes espèces confondues. 42 % portent sur les deux sexes, 50 % ont porté sur le pénis, 8 % sur le vagin. Est-ce du sexisme ? Ca dépend. Explication de Tatiana Giraud, et contre-avis d’Elisabeth Gimenez. Extrait de la tête au carré sur France Inter le 12 mai 2014

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Loi sur l’avortement de 1920

par Amélie Meffre, Fabrique de l’histoire, France Culture,28 novembre 2014

Chronique « Un saut dans la loi« , diffusée dans La Fabrique de l’histoire, sur France Culture, le 29 novembre 2014.

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Mercredi, les députés ont adopté une résolution réaffirmant le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), quarante ans après l’ouverture des débats de la loi Veil instaurant le droit à l’avortement. Une loi qui, après celle de 1967 sur la contraception, abolissait le texte de 1920 qui condamnait la provocation à l’avortement. C’est l’occasion de revenir sur ce texte.

En fait, cette loi du 31 juillet 1920, elle vise avant tout à s’attaquer aux néo-malthusiens qui prônent une restriction des naissances, parce que l’avortement est déjà réprimé par l’article 317 du Code pénal de 1810. Ce dernier prévoit que « Quiconque par aliments, breuvages, médicaments, violences, ou par tout autre moyen, aura procuré l’avortement d’une femme enceinte, sera puni de réclusion ». La même peine sera appliquée à l’avortée. Tout au long du 19e siècle, les débats vont portés sur cet article 317, certains réclamant son abrogation, d’autres son renforcement. Alors qu’on assiste à une généralisation de l’avortement due notamment à un assouplissement de la tutelle religieuse sur les mœurs et à de nouveaux moyens comme les sondes intra-utérines, une bataille s’ouvre entre les néo-malthusiens et les natalistes. Celle-ci devient plus âpre à la fin du 19e siècle, au lendemain de la guerre franco-prussienne de 1870, quand on constate un fléchissement des naissances en France et une hausse en Allemagne. Dès lors, comme l’expliquent fort bien Jean-Yves Le Naour et Catherine Valenti dans leur « Histoire de l’avortement », ce dernier devient un problème politique et pas seulement moral.

Sous le slogan : « Assez de chair à plaisir ! De chair à travail ! De chair à canon ! Femmes, faisons la grève des mères ! », les néo-malthusiens prônent une restriction des naissances au sein du prolétariat. Celle-ci améliorera les conditions de vie, augmentera les salaires, du fait d’une baisse du nombre des travailleurs, et à plus long terme, ébranlera la société bourgeoise. Ils organisent davantage une propagande sur les moyens anticonceptionnels que sur l’avortement, même si ce dernier est un moyen de tuer dans l’œuf la misère. Leurs thèses s’étalent dans les journaux, les tracts et lors de conférences publiques. En 1896, le pédagogue libertaire Paul Robin fonde la Ligue pour la Régénération humaine. La légalisation de l’avortement fait encore son chemin chez certains médecins qui ont montré qu’au premier stade de la gestation, l’embryon n’est pas encore un être humain. Pour le docteur Madeleine Pelletier, féministe et socialiste radicale : « La femme enceinte n’est pas deux personnes, elle n’en est qu’une et elle a le droit de se couper les cheveux, les ongles, de se faire maigrir ou engraisser. » Elle déclare : « Sur notre corps, notre droit est absolu puisqu’il va jusqu’au suicide.»
Au nom de l’eugénisme ou de la défense de la dignité de la mère, certains défendent aussi le droit à l’avortement. Ainsi, le docteur Klotz-Forest déclare : «En punissant l’avortement, la société force la femme à faire naître un enfant, elle ne s’inquiète pas des tares héréditaires auxquelles cet enfant peut être condamné, elle ne protège même pas la femme contre une maternité particulièrement odieuse: celle du viol. […] »
En face, les natalistes crient au crime antipatriotique et créent l’Alliance nationale contre la dépopulation. « Comment maintenir sur la terre la race française ?» s’alarme le docteur Bertillon qui voit dans l’avortement un péril national. Les repopulateurs comme on les nomme réclament un renforcement des sanctions contre les femmes qui avortent. Il faut dire que l’article 317 du Code de 1810 est peu appliqué, les jurys d’assises sont cléments envers les avortées. Le total des condamnations annuelles ne dépasse qu’exceptionnellement la trentaine. En guerre contre les néo-malthusiens, les natalistes s’emparent de certains procès retentissants pour mener bataille. Ainsi, en 1891, éclate l’affaire Thomas qui fait grand bruit. Clémence Thomas avoue avoir pratiqué des dizaines d’avortements depuis 20 ans. Lors de son procès, 49 femmes avortées comparaissent. Si la faiseuse d’anges écope de 12 ans de travaux forcés, les 49 prévenues sont acquittées. Le 17 décembre 1891, le député Georges Trouillot avec 11 de ses collègues déposent un projet de loi pour que les affaires d’avortement soient jugées en correctionnelle, afin d’éviter la clémence des jurys d’assises. En 1910, le garde des Sceaux Louis Barthou et le sénateur Odilon Lannelongue font de même, demandant aussi une répression accrue de la propagande néo-malthusienne. La Première Guerre mondiale interrompt les discussions qui ne reprennent qu’en 1919. Par souci de faire passer le texte rapidement, on extrait les mesures les plus consensuelles du projet de loi, à savoir la provocation à l’avortement et la propagande anticonceptionnelle. L’avortement reste un crime. La loi est adoptée le 31 juillet 1920 à une très large majorité. Le conflit de 14-18 est passé par là, pour beaucoup, il y a urgence à repeupler la France. Emprisonnement de six mois à trois ans et amende de 100 à 3000 francs pour quiconque aura fait campagne contre l’avortement ou aura vendu des moyens abortifs. Un mois à six mois de prison et une amende de 100 à 5000 francs envers ceux qui ont mené une propagande anticonceptionnelle. En fait, la loi de 1920 entrave toute forme d’information sexuelle et veut réduire au silence les néo-malthusiens. Malgré la loi, le nombre des avortements ne fléchit pas. En 1923, une autre loi va tenter de renforcer la répression, en abaissant les peines et en faisant passer l’avortement du statut de crime à celui de délit, afin d’éviter les jurys populaires. Mais là encore, rien n’y fait, les avortements sont aussi nombreux et la baisse de la natalité continue. Les théories anglo-saxonnes sur le contrôle des naissances vont se répandre dans les années 1930, la fameuse méthode Ogino a le vent en poupe, comme quoi la répression ne sert pas à grand chose.
Il faudra attendre les lois Neuwirth de 1967 et Veil de 1975 pour que les textes de 1920 et 1923 soient abolis. Enfin, sur le territoire français, car elles restent applicables dans les anciennes colonies comme actuellement au Burkina Fasso et jusqu’en 2006, au Togo.
On peut lire sur le sujet de Jean-Yves Le Naour et Catherine Valenti, « Histoire de l’avortement, XIXe-XXe siècle », paru chez Aubier en 2003.

1974 : le débat autour de la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse

CorteX_Simone_VeilCeux qui avaient voté Mitterrand au second tour de la présidentielle de 1974 n’attendaient pas de grands changements de la part de Valéry Giscard d’Estaing, mais pas non plus ceux qui avaient voté pour lui. Qui prévoyait que les mots prononcés pendant la campagne auraient un contenu ? Et voilà soudain que s’ouvrent des pistes qui paraissent inouïes. Par exemple, dans le domaine dit aujourd’hui « sociétal » : la majorité à 18 ans, le divorce par consentement mutuel, l’allocation au parent isolé, la suppression du registre dans les hôtels qui permettait de repérer les couples illégitimes…

Le débat sur l’avortement s’inscrit dans ce climat de réforme. A l’époque, la loi de 1920 était encore en vigueur et il suffisait d’un juge d’instruction vindicatif pour la réveiller. Des cars partaient chaque week-end pour Amsterdam, remplis de candidates à l’avortement. Michel Poniatowski, le premier conseiller de VGE, jugeait qu’il fallait agir vite, d’autant qu’une minorité de catholiques fondamentalistes chauffait les feux pour transformer la question en un enjeu politique de première grandeur.

Plus que des autorités religieuses, la difficulté allait venir des parlementaires de droite. VGE n’avait pas osé convoquer de législatives après la présidentielle. Sa toute neuve ministre de la Santé, Simone Veil, venue de la magistrature entra donc pour la première fois dans l’arène face à une majorité, en principe la sienne, mais déterminée à dire non comme elle l’avait déjà fait l’année d’avant pour une réforme de l’avortement bien moins libérale.

La sincérité n’allait pas suffire à Simone Veil. Il allait lui falloir le soutien personnel du Premier ministre Jacques Chirac, celui du président de l’Assemblée Edgar Faure et celui de la gauche.

Cette émission de La marche de l’Histoire a été diffusée sur France Inter le 14 mai 2014.

Écouter ici : 

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Joëlle Brunerie-Kauffmann et le Planning familial

CorteX_Joëlle_Brunerie-KauffmannJoëlle Brunerie-Kauffmann a été formée par le Planning familial. Avec elle, c’est l’histoire  de ce mouvement que nous allons retrouver. Les médecins et les hommes y jouaient un rôle éminent au départ. Et puis il y eut dissémination des savoirs, démocratisation des conduites. Nous étions dans l’après-68, à l’époque des Lip de Besançon. En parallèle se constituait un nouveau féminisme qui faisait du corps et de la sexualité des objets politiques. Le congrès de 1973 marque une coupure dans l’histoire du Planning avec l’avènement au premier rôle d’une génération de militantes qui ne craignaient pas la convergence avec ces mouvements.

Cette émission a été diffusée sur France Inter le 8 novembre 2013.

Écouter ici : 

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Grossesse pour autrui

Émission Questions d’éthique, sur France Culture du 28 février 2013. Télécharger
(même si Madame Canto-Sperber a tout un tas de propos empreints de moralisme).

Sexisme chez les Geeks

Émission Sur la toile, sur France Culture du 6 avril 2013. Télécharger.

Le procès de Bobigny

Émission Les coulisses du condamné, sur France Culture du 17 avril 2013. Télécharger.

Féministes, et vous ?

Émission Sur les docks sur France Culture du 23 février 2012. Télécharger.

Femmes et pantalons

Émission Concordance des temps, de Jean-Noël Jeanneney sur France Culture du 17 novembre 2012. Télécharger

Filles et garçons à l’école

Émission Concordance des temps, de Jean-Noël Jeanneney sur France Culture du 12 avril 2014. Télécharger.

Histoire du viol et procès du viol

Émission Concordance des temps, de Jean-Noël Jeanneney sur France Culture du 12 janvier 2013. Télécharger.

La silhouette

Émission Concordance des temps, de Jean-Noël Jeanneney sur France Culture du 13 octobre 2012. Télécharger

Manifeste des 343 salopes

Émission Au fil de l’histoire, de Patrice Liegibel sur France Inter du 11 septembre 2013. Télécharger.

Loi Neuwirth

Émission Au fil de l’histoire, de Patrice Liegibel sur France Inter du 13 mai 2012. Télécharger

Mini-jupe

Émission Au fil de l’histoire, de Patrice Liegibel sur France Inter du 10 octobre 2012. Télécharger.

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Anecdote : Noële Noblecourt (au téléphone) présentait l’émission Télé Dimanche en 1964 mais fit scandale, le port de sa jupe laissant apparaître ses genoux. Elle fut alors convoquée et licenciée par la chaîne, signe d’un puritanisme encore vivace dans les années 1960. Le magazine Télérama a mentionne « deux cents lettres de protestation » reçues par la RTF. C’est seulement une trentaine d’années après, dans une entrevue avec Vincent Perrot, qu’elle explique avoir été en réalité renvoyée pour avoir refusé les avances discrètes de Raymond Marcillac, alors directeur de l’information de la première chaîne.

Fermeture des maisons closes

Émission Au fil de l’histoire, de Patrice Liegibel sur France Inter du 21 mai 2014. Télécharger.

Émilie Carles, institutrice libertaire du briançonnais

CorteX_Emilie-CarlesC’est un remarquable ouvrage-témoignage que le livre de la vieille Emilie Carles, Une soupe aux herbes sauvages.

Survol de la vie d’une femme du briançonnais engoncée dans de rudes montagnes, cette autobiographie sans complaisance narre l’histoire de cette institutrice, qui épousa un ouvrier anarchiste pacifiste, en épousa également les idées, et affronta les affres de son temps : 14-18, l’affaire Sacco & Vanzetti, 39-45, pétainisme, guerre d’Algérie et même, sur la fin, des revendications écologistes sur sa vallée, la vallée de la Clarée. Cet ouvrage court est un excellent support à offrir ou prêter, pour montrer que le vent de la contestation libertaire et des principes de justice ne naît pas forcément de la haute instruction et des bancs de l’université, et émerge parfois des terreaux les plus arides. La dureté de son existence, mis en rapport avec la solidité de ses engagements m’ont fait monter plus d’une fois les larmes aux yeux. Vous me direz, dans tout rationaliste il y a un sensible qui se cache et ne fait pas le malin.

Grand merci à Gilbert Charles pour m’avoir fait découvrir ce petit trésor. Emilie Carles, Une soupe aux herbes sauvages (1977) Pocket.CorteX_Carles_Soupe

Lucie Baud, syndicaliste soyeuse du Dauphiné

Petit entretien avec Michelle Perrot, à propos d’une syndicaliste oubliée et meneuse de grève en Dauphiné, Lucie Baud (1870-1913). Extrait de l’émission 26 octobre 2012 du La fabrique de l’histoire, sur France Culture.

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Michelle Perrot tente dans son nouvel ouvrage de reconstituer l’histoire d’un article « Les tisseuses de soie dans la région de Vizille » paru dans Le Mouvement socialiste, de Hubert Lagardelle en juin 1908 (pp. 418-425) et republié dans Le Mouvement Social dans le numéro d’oct-déc. 1978 (ici).

Michelle Perrot, Mélancolie ouvrière, Éditions Grasset, Paris 2012, 187 pages, 11 euros

On pourra lire également :

  • Ouvrières de la soie, d’Andrée Gautier, (en pdf ici)
  • Les syndicats féminins libres de l’Isère 1906-1936, de Martine Rattier et Andrée Gautier, CLIO. Histoire, femmes et sociétés, 3 | 1996 ().

Anecdote : depuis le 27 août 2012, un square portant le nom de Lucie Baud a été inauguré à Voiron.

Simone de Beauvoir

Émission Une vie une œuvre sur France Culture du 10 mai 2014 (rediffusion).

Nounous d’Afrique en France, le combat syndical des auxiliaires parentales

CorteX_Sylvie_Fofana_nounousCoup d’œil sur une lutte actuelle, dans ce reportage d’Aude-Emilie Judaique, pour l’Afrique enchantée, sur France Inter (diffusé le 20 mai 2012). « Elles sont nombreuses, ces femmes africaines qui en France gardent les enfants des Français. A croire qu’il n’y a qu’elles pour accepter ce travail pas reconnu, mal défini et source de bien des abus. Qui sont ces femmes qui s’occupent des enfants de la patrie ? » Avec Sylvie Fofana (en photo), Caroline Ibos et Oumou.

Écouter ici.

Pour en savoir plus sur la formation de L’ANIF (Association des nounous d’Ile-de-France) et du  SYNN (Syndicat National des Nounous) créées « pour apprendre aux nounous à ne plus se faire exploiter par des employeurs peu scrupuleux », on pourra consulter ceci ou cela.

Combat militant de la médecin féministe athée Taslima Nasree

Taslima NasreenEntrevue avec la médecin et femme de lettre féministe athée bangladaise Taslima Nasreen, tirée de l’émission de Stéphanie Duncan Les femmes, toute une histoire sur France Inter, enregistrée lors des Rendez-vous de l’Histoire de Blois le 16 octobre 2011. Sont abordés ses combats, l’exil forcé dans lequel elle se trouve depuis 17 ans, ses valeurs sécularistes humanistes et laïques ainsi son appel à l’athéisme et à la rationalité.

Sont montés dans le même document sonore l’introduction de S. Duncan et la suite de l’entrevue. Écouter :

Pour le site de Mme Nasreen, cliquez là.

La grève des ouvrières d’Herstal en 1966, un tournant pour l’histoire des femmes

Documentaire de CorteX_Femmes-Machine_HerstalSéverine Liatard et Christine Robert, La Fabrique de l’histoire, France Culture, 14 juin 2011, rediffusion du 13 décembre 2005.  

Écouter :

Télécharger

« En février 1966, les 3000 ouvrières de la Fabrique nationale d’arme d’Herstal (la FN) près de Liège en Belgique partent en grève, sans préavis, pour que soit appliqué l’article 119 du Traité de Rome visant à réduire les écarts salariaux entre hommes et femmes. Dans cette Fabrique (la FN) qui date de la fin du XIXème siècle, les ouvrières sont ponceuses, colleuses, monteuses d’armes, laveuses, emballeuses, contrôleuses, dégraisseuses. On les appelle les femmes-machines. Leurs tâches sont répétitives, leurs conditions de travail déplorables et elles n’ont pas accès à la formation professionnelle interne à l’entreprise. Elles ne disposent donc d’aucune possibilité de promotion dans l’entreprise et leur salaire est inférieur à celui d’un manœuvre masculin débutant. Des pourparlers sont en cours entre les syndicats et les entreprises mais la mise en application du principe toujours retardée. Les ouvrières décident spontanément d’arrêter le travail le 9 février. Elles demandent 5 francs d’augmentation. Une dizaine de jours plus tard, les syndicats reconnaissent la grève, un comité de grève est mis en place pour venir en aide aux grévistes. Bientôt l’usine est paralysée puisque les hommes de la FN sont mis au chômage. La direction de la FN résiste et ne propose que 50 centimes d’augmentation alors que d’autres usines du bassin liégeois sont également paralysées par des grèves. Au terme de négociations qui durent trois mois entre les syndicats (CSC et FGTB), la direction de la FN, et un délégué du Ministre de l’emploi et du travail, on aboutit à un accord : une augmentation de 2,5 francs. Lors de l’assemblée générale extraordinaire des grévistes, le 5 mai, le débat est houleux entre les ouvrières et les représentants syndicaux. On en vient finalement au vote par bulletin secret. C’est la reprise du tavail qui l’emporte. La déception est grande, pourtant ce mouvement a une réelle portée européenne : des délégations syndicales françaises, italiennes sont venues soutenir le mouvement ; la grève remet en débat la question de l’égalité des rémunérations à la Commission européenne et dans chacun des États membres ; elle marque aussi l’entrée plus massive des femmes dans l’action syndicale et oblige la société à s’interroger sur les problèmes posés aux travailleuses et la condition des femmes en général. Avec les témoignages de Charlotte Hauglustaine, Rita Jeusette, Jenny Magnée (toutes anciennes ouvrières grévistes) ; de Claude Gaier (cadre à la FN et historien), Annie Massay (déléguée syndicale) et Elyane Vogel-Polsky (juriste).
 

Une histoire des femmes, de Michelle Perrot

France Culture (octobrealt et novembre 2006)

Énorme et élégant travail de Michelle Perrot sur une histoire transversale des Femmes comme groupe social et anthropologique. C’est grâce à Myriam Benguérine que j’ai eu accès à cette œuvre (également hébergée sur le site L’agitation dans la boîte à outils).
 
 
 
 

1. Mon histoire des femmes

A télécharger ici.

2. Le silence rompu

A télécharger ici.

3. Les femmes représentées, discours et images

A télécharger ici.

4. Sources femmes dans les archives

A télécharger ici.

5. Voix de femmes, bibliothèque

A télécharger ici.

6. Les âges de la vie d’une femme

A télécharger ici.

7. Les apparences les cheveux des femmes

A télécharger ici.

8. Le sexe des femmes

A télécharger ici.

9. La maternité

A télécharger ici.

10. Le corps assujetti

A télécharger ici.

11.  Femmes et religions

A télécharger ici.

12. Hérétiques et sorcières

A télécharger ici.

13. L’accès au savoir

A télécharger ici.

14. Femmes et création, écrire

A télécharger ici.

15. La vie d’artiste

A télécharger ici.

16. Paysannes

A télécharger ici.

17. Le travail domestique

A télécharger ici.

18. Ouvrières

A télécharger ici.

19. Employées, institutrices, infirmières

A télécharger ici.

20. Comédiennes et danseuses

A télécharger ici.

21. Femmes en mouvement migrations et voyages

A télécharger ici.

22. Les femmes dans le temps de l’Histoire

A télécharger ici.

23. Les formes de l’action collective

A télécharger ici.

24. Féminismes

A télécharger ici.

25. Et maintenant ?

A télécharger ici.

Pour aller plus loin, on pourra regarder cette entrevue de fin 2010 et consulter :

CorteX_Perrot_Mon_histoire_des_femmesMon histoire des femmes, Éditions du Seuil, Paris, 2006, 251 p., que Michelle Perrot présente ici le 19 mai 2006 en quelques trop courtes minutes.

CorteX_Perrot_Duby_Histoire_des_femmesGeorges Duby et Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident, Plon, Paris, 1990-1991 (5 volumes).

Combat de la Begum Hazrat Mahal contre l’Empire Anglais dans l’Uttar Pradesh en 1856

CorteX_Begum_Hazrat_MahalVoici une histoire pratiquement oubliée, narrée par la journaliste et romancière Kénizé Mourad dans l’émission de Stéphanie Duncan Les femmes, toute une histoire, sur France Inter, enregistrée lors des Rendez-vous de l’Histoire de Blois le 16 octobre 2011. L’histoire porte sur une femme, Hazrat Mahal, qui faillit bouter les anglais hors des Indes en prenant la tête de la révolte des cipayes vers 1856-1857 à Lucknow, et en tenant tête à l’armée britannique pendant presque deux ans.

CorteX_Hazrat_Mahal_Dans_la_ville_dor_et_d_argent

Sont collés dans l’extrait l’introduction par S. Duncan et l’histoire de Mme Mourad (6mn45).

Quitte à être critique, on regrettera dans la fin de l’extrait un exemple involontaire de racisme ordinaire, que nous avons laissé : dire que les Indiens sont « d’une tolérance remarquable » (ou non) est du même tonneau que de dire que les Africains sont sympas, les Asiatiques sages et les Auvergnats radins (cf. Racisme ordinaire).

Le roman de K. Mourad, basé sur les faits politiques réels, s’appelle Dans la ville d’or et d’argent (R. Laffont).

Les vies radicales d’Helen Keller, sourde, aveugle et rebelle

CorteX_helen_KellerDocumentaire d’Inès Leraud, en deux parties sur la vie d’Helen Keller (1880-1968,) atteinte de surdi-cécité à l’âge de dix-neuf mois.

« Grâce aux soins d’Ann Sullivan, elle réussit à communiquer, à lire, à écrire, à parler. Elle fut diplômée de l’université et devint un des personnages les plus célèbres des États-Unis, reçue aussi bien par Eisenhower que Kennedy. Mais ses engagements de femme progressiste sont aujourd’hui gommés des mémoires. Socialiste, féministe, militante, Helen Keller fut de tous les combats« .

Diffusé dans les émissions du 13 et 14 septembre 2011 de Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet, sur France Inter.

Écouter l’émission 1 :

Le second épisode poursuit le reportage, et donne la parole à Annie Van Espen, présidente du CRESAM (Centre de Ressource Expérimental pour enfants et adultes Sourds-Aveugles et sourds-Malvoyants).

Écouter l’émission 2 (avec quelques messages du répondeur en lien avec l’émission 1) :

 

 

Pour aller plus loin ? On regardera également ces deux documents d’époque.

Anne Sullivan expliquant comment Helen Keller apprit à parler (1930 Newsreel Footage)

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=Gv1uLfF35Uw]

Et Helen Keller s’exprimant.

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=8ch_H8pt9M8]

Filmographie :

  • Miracle en Alabama (The miracle worker) d’Arthur Penn (1962)
  • Black, de Sanjay Leela Bhansali (2005)

Bibliographie :

  • Helen Adams Keller, Sourde, muette, aveugle (autobiographie) (rééd. 2001).
  • Margery Weiner, Helen Keller (1971).
  • Margaret Davidson, La métamorphose d’helen Keller (2001).
  • Lorena A. Hickok, L’histoire d’Helen Keller (2005).

Nous avons également parlé de la BD portant sur sa vie et celle de son professeur Ann Sullivan ici.

Le National Woman’s Party et le droit de vote des femmes aux Etats-Unis

Voici des extraits de la série Boardwalk Empire, de Martin Scorsese et Terence Winter, 2011.

[dailymotion id=xmmgsu]

[dailymotion id=xmmgvb]

Ces passages font référence au National Woman’s Party (NWP) créé en 1915 qui militera pour le droit de vote des femmes aux États-Unis. C’est en août 1920 que le dix-neuvième amendement de la Constitution va concéder le droit de vote aux femmes en ces termes :alt

« Le droit de vote des citoyens des États-Unis ne pourra être dénié ou restreint pour cause de sexe par les États-Unis ni l’un quelconque des États. Le Congrès aura le pouvoir de donner effet au présent article par une législation appropriée. »

Vous voulez voir d’autres représentations des sciences dans les fictions TV ou cinéma ? C’est là.

Vous avez vu / entendu quelque-chose au sujet des luttes des femmes ? Ecrivez-nous.

Collection gérée par Richard Monvoisin & Nicolas Gaillard

documentaire de Séverine Liatard et Christine Robert
CorteX_Yasmine_Hegot

Sociologie, genre – Atelier Publicité & stéréotypes en 1ère ES, par Yasmine Hégot

Yasmine Hégot est enseignante de sciences économiques en lycée dans le Lot. Elle a construit une séquence de sociologie autour de la question du genre et des stéréotypes pour des 1ères ES.Elle raconte.


J’ai réutilisé l’analyse de N. Gaillard sur la campagne de recrutement de l’éducation nationale lors d’ un cours de sociologie avec une classe de première ES (26 élèves). Sur les 26, 15 sont des filles et 11 des garçons. La répartition est donc plutôt représentative d’une filière générale en Lycée (même en milieu rural) et satisfaisante pour cet atelier.

Dans le cadre d’un cours sur la socialisation différentielle (selon le milieu social d’abord puis selon le sexe), j’ai travaillé sur les stéréotypes féminins et masculins pendant une heure.

Voici la progression en trois points :

 1) A partir de la pub Moulinex ci-contre (1961), il s’agit pour eux de répondre aux deux questions suivantes (voir manuel de Sciences économiques et sociales 1ère, CorteX_Moulinex-libere-la-femme-robot_1961- éditions Belin) :

a. Illustrer les notions de stéréotype, de rôle et de statut

b. Quelle représentation a-t-on aujourd’hui de la femme au foyer ? 

2) Pendant qu’ils réfléchissent cinq minutes, je récolte des publicités qu’ils étaient chargés d’amener (seule contrainte : qu’elles représentent une femme ou un homme).

3) Enfin, nous mettons en commun des réponses.

Pas de problème pour la question a ; au statut de femme est rattaché le rôle de la ménagère (porté au rang de modèle social) et au statut d’homme celui de la protection matérielle…

Pour la seconde question b : à l’unanimité, les élèves répondent que le modèle de la femme au foyer est dépassé et que ce stéréotype est désuet. La femme est libérée, indépendante, autonome.. Au passage, je donne quelques bonnes raisons d’y croire (allongement des études, taux d’activité féminin qui a explosé, contraception…)

4) Retour sur leurs publicités. Sur 26 élèves, je récupère 24 publicités représentant une femme ! C’est déjà bon signe, car le but est de les exposer à une prévisible contradiction entre les déclarations de valeurs et les faits : les publicités recherchées reflètent un usage de l’image féminine très majoritaire d’une part, et que d’autre part, les élèves (quel que soit leur sexe justement) dirigent spontanément leur recherche vers ce genre de publicité. J’ouvre le débat.

  • Sur quels produits portent les publicités ?

  • Quel semble être le stéréotype féminin aujourd’hui ?

  • Est-ce signe d’émancipation ?

 Résultats évidents :

  • Les produits sont axés autour du soin du corps, maquillage, parfums..

  • Hormis dans une publicité mettant en scène une femme métisse, on retrouve partout la blonde, grande, mince, à l’allure séductrice, sensuelle voire provocante, et dénudée ou presque.

La seule publicité masculine apportée, quant à elle, met en scène un rugbyman tout « défoncé ».

  • La question de l’émancipation leur paraît un peu moins évidente ; passer de la femme au foyer à la bombe à poil n’est pas vraiment signe d’indépendance.

5) C’est là qu’intervient le boulot de Nicolas Gaillard (pour enfoncer le clou). J’ai repris son analyse de l’image (le femme blonde, dans son intérieur, nonchalante, consacrée à sa lecture et l’homme dans une ambiance bleue plus professionnelle, face à son portable..) et des accroches (Laure a trouvé le poste de sesrêves / Julien a trouvé un poste à la hauteur de ses ambitions).

6) Conclusion : la construction du genre féminin et masculin est fortement conditionnée par des stéréotypes. Le stéréotype féminin varie de l’image de la femme d’intérieur à celle de la bombe sexuelle. On peut élargir la réflexion sur les conséquences de l’intériorisation de ces stéréotypes sur la perception de soi (image dévalorisée pour qui ne correspond pas au stéréotype).

La prochaine fois : j’essaierai de visionner des publicités/réclames audiovisuelles car c’est encore plus significatif (sur les dialogues et la mise en scène des corps) mais c’est tout de même intéressant qu’ils recherchent eux-même les supports pour les confronter ensuite à leurs propres stéréotypes.

Yasmine Hégot

Un autre atelier de Yasmine Hégot sur sociologie, travail et anomie est disponible ici.

Entraînez-vous ! Réactions à l'entrée du genre dans les programmes de 1ère

Voici un petit échantillon de réactions médiatiques à l’entrée du genre dans les programmes de première (sections L et ES) en septembre 2011. Les hommes et femmes politiques et les journalistes se sont questionnés, indignés, énervés, disputés autour de la notion du genre, réactivant par là-même de nombreuses idées reçues et confusions sur les différences Homme/Femme, mais aussi sur la distinction sciences dures/sciences humaines et sur les notions nature/culture. Une occasion rêvée de mettre en pratique nos ressources sur le genre (ici et ), mais aussi sur la science ou sur la notion de nature, ainsi que notre outillage critique.


Le mode d’emploi est simple : il suffit de choisir sa cible, de l’analyser ou d’en faire un TP et de nous faire part de vos trouvailles ! Notre analyse est ici.

  • Vidéos 1 et 2 Montages de réactions sur le genre réalisés par Arrêt sur Image (émission du 9 septembre 2011)
  • Vidéo 3 Trouvée sur le site Liberté Politique, dans un article intitulé L’idéologie du gender à l’école et à l’université (15 juin 2011) 
  • Document 1Article  du Figaro.fr du 01/06/2011
  • Document 2 Lettre ouverte de Christine Boutin à Luc Châtel, 3 Juin 2011
  • Document 3 Article du Nouvel Observateur du 30 août 2011 
  • Document 4 Article de France catholique du 30 Mai 2011

Vidéos 1 et 2 – Montages de réactions sur le genre réalisés par Arrêt sur Image (émission du 9 septembre 2011) :

Vidéo 2 bis – Intégralité de l’interview du député Lionel luca sur M6 Bonus.fr tronquée dans la vidéo 2 :

Vidéo 3 – Trouvée sur le site Liberté Politique, dans un article intitulé L’idéologie du gender à l’école et à l’université (15 juin 2011) :

Document 1 – Article  du Figaro.fr du 01/06/2011

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Les catholiques mobilisés contre les manuels de biologie.

La direction de l’enseignement catholique s’inquiète de l’introduction en première de la «théorie du genre», contestant les différences homme-femme.

Après que les associations familiales catholiques ont envoyé une lettre à Luc Chatel et organisé une pétition de protestation, l’enseignement catholique s’alarme à son tour des nouveaux programmes de sciences de la vie et de la terre (SVT) en classe de première, applicables à partir de septembre 2011.

Son secrétaire général adjoint, Claude Berruer, a envoyé vendredi une lettre à l’ensemble des directeurs diocésains qui vont la transmettre aux chefs d’établissement de l’enseignement catholique pour les tenir « en alerte». C’est la partie concernant la sexualité humaine dans les programmes qui les inquiète. Le chapitre intitulé «devenir homme ou femme» fait «implicitement référence à la théorie du genre, qui privilégie le “genre” considéré comme une pure construction sociale, sur la différence sexuelle», est-il affirmé dans la lettre. «L’identité masculine ou féminine, selon cette théorie, n’est donc pas une donnée anthropologique mais une orientation.» Les manuels qui commencent à arriver dans les établissements exploitent, «selon des modalités diverses», cette partie du programme, affirment-ils. Le manuel Bordas indique ainsi: «Si dans un groupe social, il existe une très forte valorisation du couple hétérosexuel et une forte homophobie, la probabilité est grande que la majorité des jeunes apprennent des scénarios hétérosexuels.»

«On est loin de l’anthropologie chrétienne», commente-t-on au sein de l’enseignement catholique. Mahin Bailly, la responsable des éditions Bordas, reconnaît «une certaine maladresse dans l’élaboration d’un passage» mais insiste sur le fait que le livre est conforme aux programmes: «on nous demande d’évoquer l’influence du contexte sur le comportement sexuel. Il n’y a là rien de choquant», estime-t-elle, s’appuyant sur une étude sociologique évoquée ensuite par le manuel. À Hambourg, en 1970, dans les années de la révolution sexuelle, 18% des adolescents avaient ainsi des activités homosexuelles alors qu’en 1990, avec le sida et les changements culturels, ils n’étaient plus que 2%.

Les programmes font le point sur des connaissances scientifiques clairement établies pour le directeur de l’enseignement scolaire, Jean-Michel Blanquer. «Il ne s’agit pas de favoriser telle ou telle théorie sociologique particulière. S’il y a une extrapolation de certains manuels, ce n’est pas de la responsabilité du ministère. Les établissements et les professeurs sont libres dans leur choix d’ouvrages. Cela dit, le fait qu’il y ait une dimension biologique et sociale du sexe est établie depuis longtemps.»

Cette analyse n’est pas partagée par tous. Selon Claude Berruer, «on naît fille ou garçon, on n’est pas un être indifférencié sexuellement à la naissance. Ce n’est pas rendre service à des jeunes de leur dire que tous les possibles sont équivalents. Le choix des manuels n’est pas anodin. Nous recommandons de faire preuve de vigilance, sans pour autant dramatiser.»

Thibaud Collin, professeur de philosophie en classe préparatoire au lycée catholique Stanislas, et auteur d’essais sur ces questions, va plus loin: «La prime à l’indifférenciation sexuelle promeut en fait l’homosexualité. Ces théories sont une tête de pont pour un changement radical de société.» Autant d’assertions qui, pour Françoise Milewski, à l’origine du programme «genre» à Sciences Po (voir encadré ci-dessous) défendent un «point de vue rétrograde qui rejette tout ce qui n’est pas dans la norme de l’hétérosexualité».

L’enseignement catholique ne refuse pas le débat pour autant. La lettre envoyée aux directeurs diocésains indique que «la théorie du genre se diffuse dans notre environnement. Il est assurément indispensable d’ouvrir un débat avec les lycéens sur cette question, qui ne concerne pas que les enseignants de SVT.»

Pour ce faire, la lettre recommande aux équipes éducatives deux ouvrages, un document de l’épiscopat et un essai du philosophe Xavier Lacroix De chair et de parole. Soucieux de faire respecter sa spécificité depuis quelques années, l’enseignement catholique n’hésite pas à prendre position sur les sujets les plus délicats. Un document de 50 pages voté par le comité national de l’enseignement catholique à l’automne 2010 sur «l’éducation affective, relationnelle et sexuelle dans les établissements catholiques d’enseignement» mettait déjà «en garde» contre les théories du «genre».

Document 2 – Lettre ouverte de Christine Boutin à Luc Châtel, 3 Juin 2011

Lire la lettre

Paris, le 31 mai 2011

Monsieur le Ministre,

Je tiens à vous exprimer mon indignation et ma vive inquiétude face au contenu des nouveaux livres de « Sciences de la Vie et de la Terre » des classes de premières ES et L. Je constate en effet que les élèves de ces classes recevront dans cette matière un enseignement directement et explicitement inspiré de la théorie du genre.

Comment cela est-il possible ? Comment ce qui n’est qu’une théorie, qu’un courant de pensée, peut-il faire partie d’un programme de sciences ? Comment peut-on présenter dans un manuel, qui se veut scientifique, une idéologie qui consiste à nier la réalité : l’altérité sexuelle de l’homme et la femme ? Cela relève de toute évidence d’une volonté d’imposer aux consciences de jeunes adolescents une certaine vision de l’homme et de la société, et je ne peux accepter que nous les trompions en leur présentant comme une explication scientifique ce qui relève d’un parti-pris idéologique.

Monsieur le Ministre, nous ne pouvons accepter que l’école devienne un lieu de propagande, où l’adolescent serait l’otage de préoccupations de groupes minoritaires en mal d’imposer une vision de la « normalité » que le peuple français ne partage pas.

Je vous appelle également à entendre l’inquiétude de nombreux parents d’élèves qui voient l’Etat tenter d’inculquer à leurs enfants une conception particulièrement contestable de l’homme, de la sexualité et de la société. L’Education nationale ne doit pas outrepasser sa mission, qui est d’instruire dans la neutralité des valeurs républicaines et le respect des croyances des élèves et de leurs familles, et non d’enseigner, en leur conférant un statut pseudo-scientifique, des théories sur l’être humain et sa sexualité.

Au nom du respect de la liberté de conscience des familles et de la responsabilité des parents en matière d’éducation affective et sexuelle de leurs enfants, je vous demande donc d’intervenir et de faire en sorte que la théorie du genre ne soit pas enseignée dans des cours de sciences.

Aujourd’hui, je demande que les nouveaux livres de SVT soient retirés et corrigés pour être en conformité avec les instructions que vous aviez vous-même données dans le Bulletin Officiel de l’Education Nationale du 30 septembre 2010 : « Dans une optique d’éducation à la santé et à la responsabilité, il s’agit de comprendre les composantes biologiques principales de l’état masculin ou féminin, du lien entre la sexualité et la procréation. »

Monsieur le Ministre, je souhaite que nous puissions nous rencontrer rapidement afin d’aborder ce sujet ensemble. Je ne manquerai pas de me faire l’écho de votre position sur ce sujet capital : vous conviendrez que celle-ci aura une influence déterminante sur les choix que les citoyens français seront amenés à poser lors des scrutins qui s’annoncent dans quelques mois.

Comptant sur votre attachement au respect de la liberté de conscience, je vous remercie pour votre réponse et vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

Christine Boutin, Ancien Ministre

Document 3 – Article du Nouvel Observateur du 30 août 2011 :

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Quatre-vingt députés UMP ont demandé mardi au ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, le retrait de manuels scolaires qui expliquent « l’identité sexuelle » des individus autant par le contexte socio-culturel que par leur sexe biologique.

Ces parlementaires, conduits par Richard Maillé, député des Bouches-du-Rhône, font ainsi écho aux critiques exprimées sur le même sujet au printemps par la direction de l’enseignement catholique.

Dans une lettre au ministre, ils estiment que ces manuels de SVT (Sciences et vie de la terre) de classe de première font référence à « la théorie du genre sexuel ».
« Selon cette théorie, les personnes ne sont plus définies comme hommes et femmes mais comme pratiquants de certaines formes de sexualités: homosexuels, hétérosexuels, bisexuels, transsexuels », écrivent-ils. Il s’agit selon eux d’une « théorie philosophique et sociologique qui n’est pas scientifique, qui affirme que l’identité sexuelle est une construction culturelle ».

Les signataires citent un passage d’un manuel publié par Hachette: « Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin. Cette identité sexuelle, construite tout au long de notre vie, dans une interaction constante entre le biologique et contexte socio-culturel, est pourtant décisive dans notre positionnement par rapport à l’autre ».

Jugeant « du devoir de l’Etat de mieux contrôler le contenu des manuels scolaires » et ajoutant que « la +théorie du genre sexuel+ n’apparaît pas stricto sensu dans les programmes d’enseignement de SVT » définis par le ministère, les députés concluent à l’adresse de Luc Chatel: « Nous comptons sur votre action afin de retirer des lycées les manuels qui présentent cette théorie ».
Dans une circulaire du 30 septembre 2010, le ministère indiquait que les programmes de SVT de première devaient comporter un chapitre intitulé « devenir homme ou femme ». « Si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée », précisait la circulaire.

La lettre est notamment signée par Christian Vanneste, Lionnel Luca et Jacques Myard, fondateurs du collectif de la Droite populaire, Bernard Debré, Eric Raoult et Hervé Mariton.

Document 4 – Article de France catholique du 30 Mai 2011

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La nouvelle est tombée ces jours derniers, sans avoir été reprise encore par les grands moyens d’information. Pourtant son importance morale la situe au niveau des enjeux supérieurs de civilisation dont parlait le cardinal André Vingt-Trois à propos de la révision de la législation sur la bioéthique. Que la théorie du gender soit inscrite dans les programmes officiels de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre) en classe de Première constitue une agression caractérisée de nos consciences de pères et mères de familles, d’éducateurs et, tout simplement, d’êtres humains. Il s’agit, en effet d’imposer une idéologie fabriquée aux États-Unis et dont le caractère philosophique, militant, voire intrusif, est patent. L’Éducation nationale veut faire avaliser, sous le biais de la science, un échafaudage intellectuel qui s’oppose aux grandes traditions de l’humanité, à l’aune d’un constructivisme généralisé qui fait de l’arbitraire la clé de notre humanité.

Il s’agit d’abord d’une arme à déconstruire l’identité sexuelle. Nous ne sommes plus définis comme hommes et femmes mais comme pratiquants de certaines formes de sexualités  : homosexuels, hétérosexuels, bisexuels, transsexuels. Les libéraux-libertaires ont fait une propagande effrénée dans le monde entier pour banaliser cette conception et délégitimer les représentations communément admises jusque-là. Ce qu’on ne sait pas encore en France, c’est que la théorie des genders se trouve actuellement en crise et provoque des remises en cause de la part de ses concepteurs, comme Judith Butler. En effet, on finit par s’apercevoir que c’est la structure morale fondatrice de notre humanité qui se trouve finalement détruite par l’arbitraire. Le refus des interdits les plus structurants débouche sur un nihilisme absolu qui permet toutes les transgressions, notamment celles qui se sont produites sous la férule totalitaire au XXe siècle.

La décision du ministre de l’Éducation nationale d’imposer cette idéologie irrationnelle et inhumaine à des adolescents est un scandale considérable. Seule la mobilisation des consciences fera reculer ce qu’il faut dénoncer sans relâche comme un crime contre l’Esprit, d’autant plus odieux qu’on prend la jeunesse en otage.

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Matériel pédagogique sur la normalité

Qu’est-ce qui est « normal » ? Normal par rapport à quelle norme ? Vis-à-vis de quelle pathologie ? De quelle folie ? Normal par rapport à quel « para-normal » ?
Le mot norme est assez complexe à appréhender. Il m’arrive d’interroger les étudiants sur ce qui est « normal », afin de bousculer les normes enfouies ou non avouées, les leurs ou les miennes. Hétérosexualité, vie de couple, travail, labeur, logement, papiers, emploi, santé mentale, etc. du côté de la norme. Homosexualité, transsexualisme, refus du travail, sans logement, sans papier, chômeur, et folie, etc. du côté hors-norme.
Je regrouperai ici avec mes collègues quelques documents pouvant aider l’enseignant à questionner ces normes.

Normalité & folie

Emission passionnante que Histoire de l’Hygiène volet 3, de la Fabrique de l’histoire du 5 octobre 2011. Débat historiographique sur les débuts de la psychiatrie au 19ème siècle, avec Laure Murat (professeure au département d’études françaises et francophones de l’Université de Californie-Los Angeles) et Aude Fauvel (docteure en histoire, Institut Max Planck d’Histoire des Sciences de Berlin).

Ce document est intéressant à plus d’un titre. Il écorne un brin Michel Foucault sur sa méthodologie, ses « manipulations d’archives », sur le caractère français de son histoire de la folie, différente par exemple de la belge ou de l’anglaise. et  ce qui est rare (voir une critique de M. Foucault ici). On y aborde la question des techniques employées envers les « fous », la ruse, la violence, les bains froids, les sangsues, ainsi que l’organicisme naissant, c’est-à-dire la recherche d’un organe ou d’une zone propre au génie et à son pendant soi-disant négatif, la folie.

Je (RM) sais à quel point les modes, notamment technologiques, jouent un rôle dans la composition des « délires » courants d’une époque (pensons aux actuelles abductions, ou enlèvements par des soucoupes volantes). Je ne savais pourtant pas du tout que se prendre pour Napoléon avait pu être aussi répandu dès le retour des cendres en France (1840), et j’ai appris que le magnétisme animal, curatif, avait eu un rôle géopolitique, les Anglais ayant semble-t-il cru que les Français leur nuisaient à distance. L’émission est émaillée d’archives écrites de la clinique du Docteur Blanche.

Chose remarquable, Laure Murat, contrairement à d’autres tout aussi cléments qu’elle avec la psychanalyse, n’en fait pas des tonnes. Certes,CorteX_Laure_Murat_Napoleon un ou deux termes typiques (comme délire) lui échappent parfois. Alors gageons que son livre appartiendra, comme ses interventions, plus volontiers à l’histoire qu’à la verbiate psychanalytique.

Laure Murat, L’homme qui se prenait pour Napoléon : pour une histoire politique de la folie, Gallimard, 2011. Nous le lirons bientôt.

Normalité & habitat

Le Diogène des Baronnies – documentaire de Mehdi Ahoudig et Vincent Abouchar – Sur les Docks, France Culture, 26 avril 2011.

Écoutez ici :

Téléchargez là.

Description :

« Le village de Buis-les-Baronnies est situé en Drôme provençale. Christian Guienne y vivait depuis plus de cinquante ans. Il n’était pas rare de croiser cet homme, à la nuit tombée, tirant un chariot dans lequel il ramassait toutes sortes d’objets et d’ordures qu’il récupérait dans les poubelles. Atteint du Syndrome de Diogène, qui se traduit par la manie d’entasser jusqu’à réduire son espace de vie à presque rien, il possédait une maison dans le village et des terres sur lesquelles il entreposait ses trouvailles.
Dans le village, il était accepté par le reste de la population et  était même considéré comme une figure de Buis-les-Baronnies, jusqu’à ce que cette manie rende ses conditions de vie critiques, et que sa tutelle et la municipalité le placent d’office à l’hôpital psychiatrique de Montélimar, fin octobre 2009.
Le 30 décembre de cette même année, il décède là-bas d’un arrêt cardiaque. Le village est choqué par cette nouvelle. Certains dénoncent le refus de la mairie d’accepter la différence, d’autres considèrent que Christian Guienne vivait dans l’insalubrité. Les habitants sont divisés, la polémique grandit.
Quelles relations cet homme entretenait-il avec le reste de la population ? A quel moment sa marginalité est-elle devenue intolérable, pathologique ? Comment les villageois, les proches, les institutions, la médecine abordent-ils la question des frontières entre la norme, la marge, la pathologie ? »

 
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Sélection commentée de ressources sur la notion de genre

La notion de genre* fait son apparition dans les programmes de Première dès la rentrée 2011. On pourra trouver de très nombreux documents de qualité sur Internet, mais un peu éparpillés. Alors, pour faciliter un peu la tâche aux enseignants de lycée qui souhaiteraient en savoir plus, mais aussi à tous ceux et celles qui aimeraient pouvoir se faire un avis sur ce qu’ils entendent à ce sujet depuis quelques temps, voici une sélection de ressources simples d’accès. J’ai fait un petit mélange de références théoriques et de documents plus concrets, pouvant donner des pistes de réflexion ou des idées de travaux pratiques.

* Ces derniers temps, les médias se sont emparés de cette notion et en ont souvent donné des définitions au mieux imprécises, au pire fantaisistes. Une petite précision sur le sens de ce mot peut donc s’avérer utile pour éviter tout malentendu. Voici une définition du genre donnée par l’historienne Irène Jami (extrait de l’émission La Fabrique de l’Histoire du 9 septembre 2011) :


Typographie

Dans tout le texte, Femmes et Hommes désigneront les groupes sociaux, tandis que femmes et hommes désigneront les personnes à l’identité sexuelle marquée.

CorteX_Image_pourquoi_je_suis_feministe_par_un_garsAvant-propos

Je m’intéresse au genre et j’essaie de comprendre comment il se construit parce qu’il est à l’origine de la discrimination séculaire des Femmes. Je tiens cependant à préciser que ce qui suit n’est pas un réquisitoire contre les hommes : il s’agit seulement de mettre en évidence les rouages d’un système qui mène à l’oppression de la moitié de l’humanité. D’ailleurs, les études réalisées  sur ce sujet démontrent que les Femmes comme les Hommes sont susceptibles d’avoir des comportements genrés, en tant que parents, enseignant-e-s, publicitaires, auteur-e-s, etc. (voir les ressources de la partie Comment se construit le genre).
Les références qui suivent sont presque toutes produites par des femmes qui se revendiquent féministes. Ceci suffit hélas trop souvent à les discréditer avant même de les avoir lues ou écoutées, tant les féministes ont la réputation d’être agressives. Je ne condamne pas cette agressivité, car je comprends l’agacement du groupe social Femme (dont je fais partie) à vivre ces discriminations au quotidien. Je pense par contre que dans un contexte éducatif, il est préférable d’éviter l’agressivité et de garder la virulence tout en privilégiant un ton doux. Cela évite les résolutions hâtives de dissonance cognitive. Je n’ai donc choisi ici que des ressources dont le ton est doux, sauf mention contraire.
Ceci dit, si les Femmes sont les plus touchées par une construction sociale genrée, le genre masculin n’est pas non plus de tout repos : naître avec un pénis contraint souvent à assumer la responsabilité financière de son foyer, à passer plus de temps avec ses collègues de travail qu’avec ses enfants, à toujours se montrer fort, à prendre des risques pour montrer qu’on n’a pas peur, etc. C’est ce que décrit l’auteur de la BD Pourquoi je suis féministe, par un gars, en libre accès sur le site des Renseignements généreux. Cette brochure est parfois un peu caricaturale, mais elle est particulièrement facile d’accès.
Les documents sont répartis de la manière suivante.

Ressources théoriques – Les Hommes et les Femmes sont-ils naturellement différents ?

Notion de sexe biologique

Du point de vue biologique, le sexe désigne le sexe femelle ou le sexe mâle. Il est désigné administrativement dès la naissance et permet de diviser la population en deux groupes : les filles et les garçons. Tout le monde sait ou semble savoir ce qu’est biologiquement une fille ou un garçon et cette notion est très rarement questionnée. CorteX_jaquette_ni_homme_ni_femmePourtant, cette catégorisation n’est pas universelle : certaines personnes naissent avec ce qu’on peut appeler des « variations du développement sexuel », certains individus possédant à la fois des organes génitaux mâles et femelles, d’autres ayant un pénis et de la poitrine, d’autres naissant avec un vagin mais se « virilisant » à la puberté, etc. Les estimations varient mais, pour donner un ordre de grandeur, environ 1 personne sur 4500 est dite intersexe. L’ouvrage Ni homme, ni femme de Julien Picquart, destiné à un large public, fait le point sur de nombreuses questions autour de l’intersexualité. Au passage, il vient bousculer nos représentations et nos certitudes sur la notion de sexe biologique : s’agit-il du sexe chromosomique (un individu mâle possède deux chromosomes XY et un individu femelle deux chromosomes XX), du sexe gonadique (un individu mâle possède des testicules et un individu femelle des ovaires) ou du sexe phénotypique (un individu mâle possède une verge, un individu femelle un vagin, un clitoris et un utérus) ? La plupart du temps, comme ces trois définitions coïncident, il est possible de définir le sexe biologique d’un individu, mais cette définition ne tient plus pour les personnes intersexes. Une anecdote tirée de Ni homme, ni femme (p. 185) pointe du doigt la difficulté d’établir un critère scientifique précis et universellement valable  permettant de faire la distinction homme/femme :

Dans la grèce antique, les athlètes concouraient nus pour que l’on soit bien sûr de leur sexe*. Encore au XXème siècle, les choses n’avaient que peu évolué et jusqu’à la fin des années 1960, l’on se contentait d’examens visuels ou manuels. C’est l’affaire Erika Schinegger qui a changé la donne. En 1966, cette skieuse était sacrée championne du monde. Mais l’année suivante, un test réalisé par le Comité International Olympique (CIO) en vue des JO de Grenoble de 1968 indiquait qu’elle était chromosomiquement mâle : XY et non XX. Erika Schinegger était disqualifiée […] tandis que le CIO décidait de systématiser les tests chromosomiques pour que seules les « vraies femmes » puissent concourir dans la catégorie « femmes ». On signalera au passage que l’on n’a pas fait de test chez les hommes pour démasquer les « faux hommes » […][V]oilà donc le test chromosomique dit « de Barr » généralisé chez les femmes. Mais la technique posa de nombreux problèmes, le moindre n’étant pas qu’une femme peut être XY, qui plus est sans que cela ne change quoi que ce soit à ses capacités sportives. Un nouveau test fut donc mis en place en 1992, un test qui ne se basait plus sur les chromosomes mais sur les gènes. Las ! Le test n’était toujours pas jugé suffisant. Les médecins responsables de sa mise en place n’en étaient pas satisfaits et lors des JO de Sydney en 2000, le CIO décida de suspendre la pratique systématique des tests, jusqu’à ce que l’on en trouve un fiable. Ainsi, le monde sportif est passé, suivant en cela les études médicales, de simples examens anatomiques à des tests chromosomiques, puis génétiques, avant de renoncer devant ce constat qu’établir un test qui détermine rapidement et définitivement le sexe d’une personne s’avère actuellement impossible.

(*) Les athlètes de la Grèce antique concouraient nus, mais il est peu probable que ce soit pour prouver qu’ils sont de sexe masculin. R. Monvoisin et moi en discutons dans une note à la fin de l’article.

Notion de genre

L’existence de personnes intersexes questionne non seulement la notion de sexe biologique, mais aussi l’attitude que nous sommes censés avoir à leur égard. En effet, lorsqu’il est impossible de catégoriser un enfant dans une des cases « mâle » ou « femelle », nos petits réflexes du quotidien peuvent être perturbés : lui offrira-t-on par exemple une poupée ou une voiture télécommandée ? Un vélo rose ou un vélo bleu ? L’imaginera-t-on devenir plutôt infirmière ou plutôt médecin ? Usuellement, nos attitudes et nos attentes dépendent du sexe biologique de la personne à qui on s’adresse et contribuent à une construction sociale d’une « féminité » et d’une « masculinité » qui varie en fonction des époques et des lieux géographiques. Etudier le genre, c’est décrire les rôles et les comportements qui sont attendus des individus en fonction de leur sexe et les mécanismes qui instaurent et propagent cet état de fait.
CorteX_jaquette_cerveau_sexe_pouvoirLa plupart du temps les individus peuvent être classés dans une case « mâle » ou « femelle », quitte à inventer des notions comme « femmelette » ou « garçon manqué » pour incorporer les récalcitrants. On observe alors que certains comportements sont plus adoptés par un sexe que par l’autre : les Garçons sont plus turbulents, les Filles sont plus câlines, les Hommes se repèrent mieux dans l’espace, les Femmes savent s’occuper des enfants, etc. S’il est faux que toutes les femmes sont douces et que tous les hommes sont ambitieux, il existe bien certaines tendances, plus ou moins marquées, spécifiques à chaque sexe. Est-ce le fruit direct de la biologie ? Il semble plutôt que ce soit le fruit d’une habituation lente dès le plus jeune âge, d’une construction sociale : ce qu’on appelle le genre.

Des explications naturelles aux différences entre les Hommes et les Femmes ?

Il est coutume d’opposer des arguments tirés de la préhistoire pour justifier les différences de comportements entre les Hommes et les Femmes. D’autres fois, ce sont les différences entre les cerveaux des Hommes et des Femmes. Le livre Cerveau, sexe et pouvoir de Catherine Vidal et Dorothée Benoit-Browaeys passe en revue de nombreux arguments invoquant la « nature » et s’appuie sur les dernières études scientifiques parues sur le sujet pour démontrer que presque tous ces arguments sont basés sur des idées reçues et… fausses. D’une part, il n’existe pas de points communs significatifs à l’ensemble des cerveaux de femmes (ou d’hommes), et d’autre part, le développement du cerveau est extrêmement conditionné, en permanence, par ses interactions avec l’entourage, ce qui minimise toute explication de type naturaliste. Voici un extrait de La tête au carré (France Inter, 20 septembre 2011, 16’42 à 18’34) où Catherine Vidal explique comment la découverte de la plasticité cérébrale a remis en cause la vision déterministe que l’on pouvait avoir il y a vingt ans encore :

Commentaire ajouté le 6 septembre 2012 – Tout individu est plongé dès sa naissance dans un environnement social, ce qui rend sinon impossible du moins très difficile la distinction entre le rôle des processus biologiques et celui d’une construction sociale dans la différenciation entre les sexes. Nous avions envie d’en savoir plus sur les connaissances actuelles dans ce domaine, nous avons donc mandaté C. Brandner, chercheure  au Laboratoire de Recherche Expérimentale sur le Comportement (Lausanne), pour faire le point sur les connaissances actuelles sur le sujet. Le résultat est .

Autres ressources de Catherine Vidal :

Hommes, femmes : avons-nous le même cerveau ? , Editions Le Pommier, 2007 (Petit ouvrage très accessible à un grand public)
Le cerveau évolue-t-il au cours de la vie ? , Ed. Le Pommier, 2009 (Petit ouvrage grand public sur le plasticité cérébrale, notion clef contre le déterminisme biologique)
Cerveau, sexe et liberté , Ed. Gallimard/ CNRS, 2007 (DVD également très accessible)

Suggestions pédagogiques du CorteX

Le CorteX propose trois démarches pédagogiques pour aborder le sujet :

– le cours Biologie, idéologies, racisme, sexisme – comment monter un cours de biologie à partir des pseudo-sciences, où R. Monvoisin construit un cours sur les pseudo-sciences en biologie et en arrive progressivement à la question du genre ;

– le cours Biologie, essentialisme – Nature, écologisme, sexisme, racisme, spécisme où je déconstruis certaines rhétoriques invoquant « la nature », en particulier les rhétoriques dites essentialistes : ce sont celles qui s’appuient sur les différences physiologiques « naturelles » entre les Hommes et les Femmes pour en déduire l’existence d’une « nature » ou d’une essence différente, c’est-à-dire un ensemble de caractéristiques intellectuelles, affectives ou comportementales qui sont immuables et universelles.

– l’atelier-débat sur la « théorie » du genre, ludique et destiné à un large public, où R. Monvoisin introduit les questions soulevées par les notions de féminin et masculin en partant de matériel essentiellement tiré des médias.

Pourquoi s’échiner à comprendre ce qu’est le genre ?

Cette construction sociale, en assignant arbitrairement des rôles aux individus en fonction de leur sexe, contribue à perpétuer les inégalités Hommes/Femmes. Le texte d’ Yves Bonnardel intitulé De l’appropriation… à l’idée de Nature paru dans les cahiers spécistes n°11 (1994) démontre comment les arguments essentialistes servent à légitimer la domination des Femmes par les Hommes et comment la construction d’un genre féminin et d’un genre masculin assoit cette oppression. Repérer les différences de droits et décrire les mécanismes qui les instaurent et/ou les perpétuent constituent le premier pas pour les faire disparaître.

Comment se construit le genre ?Quelques outils pour (faire) prendre conscience qu’une vigilance permanente est nécessaire.

La construction du genre se fait et se propage dans toute situation où les comportements attendus diffèrent pour les Hommes et les Femmes. Si certaines ressources insistent surtout sur la construction du genre féminin, la société façonne aussi bien les garçons que les filles, en diffusant des modèles genrés dans les manuels scolaires ou la publicité, mais aussi dans le cadre familial ou professionnel.

Outils pédagogiques – Jouets

CorteX_jouets_sexistesMadeleine Labie, institutrice, analyse ses propres pratiques sous l’angle du genre et propose des pistes de réflexion dans la vidéo intitulée Une instit raconte – Pratiques langagières sexuées (sur Télédebout). Elle explique en particulier comment quelques habitudes de langage permettent de tordre le cou à la fameuse règle de grammaire française qui stipule que « le masculin l’emporte sur le féminin ».Catherine Giard, psychologue scolaire, analyse la pratique des enseignant-e-s dans la vidéo La différenciation sexuée en classe (sur Télédebout) et révèle qu’il suffit souvent d’avoir pris conscience de cette différenciation de nos comportements pour y remédier.

Les livres scolaires, la littérature jeunesse, les spectacles jeune public sont également des vecteurs de la construction du genre. Dans la plupart des albums jeunesse, les rôles et les attitudes des personnages féminins et masculins sont très différenciés : activité, extérieur, public pour les garçons ; passivité, intérieur, privé pour les filles. De la même manière, le code couleur rose et bleu dans les magasins de jouets oriente les petites filles vers le maquillage, les robes de princesses, les poupées et les activités ménagères tandis que les garçons sont invités à jouer aux voitures, aux soldats, au ballon, aux pirates etc. C’est le sujet du livre Contre les jouets sexistes, introduction pour non-spécialistes à la question du genre dans les jouets et la littérature jeunesse. On y trouvera des descriptions de séances sur le genre menées en école primaire.
Sylvie Cromer, cofondatrice de l’association Du côté des filles, présente le 7 décembre 2009 les résultats des dernières études lors du colloque « Filles, garçons : une même école ? » et fait le même constat en ce qui concerne les outils pédagogiques :

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Un extrait du film The Yes Men de C. Smith, S. Price et D.Ollman (2005) qui relate deux initiatives pleine d’humour :

[dailymotion id=xky3ti]
 
Pour finir, voici un comparatif des catégories proposées aux garçons et au filles sur des sites de jeux en ligne « Les rubriques du genre« .

Musique pour enfants

Les chansons pour enfants peuvent porter un message non-sexiste. Voici la vidéo de jeunes amateur-trice-s du groupe pour enfants ZUT. Merci à Nicolas Gaillard.

[dailymotion id=x1oksy].
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Famille

CorteX_Illustration_drole_de_genreIl existe de nombreuses études sur la répartition des tâches ménagères entre les Hommes et les Femmes. Pour alléger la présentation et pour ouvrir le débat sur la répartition des tâches selon les sexes, je préfère utiliser des extraits du film Drôle de genre de J-M. Carré (à venir) dans lequel les Hommes s’occupent des enfants, de la maison et des problèmes de crêche pendant que les Femmes mènent une vie professionnelle exténuante, sont députées et offrent des sous-vêtements sexy à leurs maris..
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Métier

CorteX_infirmiereLa construction du genre oriente a priori le choix des Hommes ou des Femmes vers des types de métiersCorteX_pompier différents. Isabelle Collet a déjà contribué au CorteX en analysant la situation des métiers de l’informatique dans sa conférence Opératrices de saisie ou hackeuses : la place des femmes dans les métiers des technologies de l’information, ou dans son intervention L’informatique a-t-elle un sexe ?

Publicité

La publicité diffuse une vision très genrée du monde. Dans ces deux publicités de Zalando.fr, les Femmes sont transformées en acheteuses obsessionnelles de chaussure :

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Pour vendre une voiture ou de la lessive, certaines publicités cantonnent la Femme à son rôle de séductrice ou bien l’enferment dans son rôle de ménagère. C’est le sujet de l’exposition de Sylvie Travaglianti, Paysage du sexisme ordinaire.

CorteX_Sylvie_Travaglianti_Paysage_sexisme_ordinaire_DunePlaceLiberteTexte de l’autocollant : « on vous rêve rampante »

 

On pourra voir d’autres photos issues de l’exposition ici et écouter l’analyse de la photographe dans ce reportage de  Télédebout. On aura probablement le plus grand désarroi à trouver ces représentations genrées jusque dans les campagnes de recrutements d’enseignants par l’Education nationale (voir l’article Entraînez-vous ! Analysez la campagne publicitaire « L’éducation nationale recrute«  de Nicolas Gaillard).

Médias

Cette vidéo réalisée par Natacha Henry pour TVE Londres en 2000, Où sont les femmes ?, donne un aperçu de la surreprésentation des Hommes et de l’image des Femmes véhiculée dans les médias. Monique Perrot-Lanaud, Virginie Barré, Isabelle Fougère, Isabelle Germain, à l’époque toutes les quatre membres de l’Association des Femmes Journalistes, présentent chacune un petit document révélateur de la (petite) place accordée aux Femmes dans les médias. Cela peut donc aussi donner des idées de travaux pratiques.

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On pourra aussi aller faire un tour sur l’analyse coopérative de l’article A décortiquer – Crise du masculin, Le Monde, 7 Mars 2011 où l’auteur prétend expliquer la crise économique de 2008 par le fait que les responsables économiques sont des Hommes.  

Répartition de la parole

Discussion_homme-et-la-femmeC’est peut-être le plus difficile à déconstruire, chez les unes et chez les autres : la répartition de la parole. Les Hommes et les Femmes ne sont égaux ni devant la prise de parole, ni devant le temps de parole, ni devant l’attention portée à ce que dit l’autre, que ce soit en public ou en privé. On pourra découvrir de nombreux mécanismes qui se mettent en place lors d’une assemblée mixte dans la brochure intitulée La répartition des tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la conversation mise à disposition sur le site des Renseignements Généreux.

Elaboration des connaissances sur le sexe et la sexualité

Le documentaire Le clitoris, ce cher inconnu de Michèle Dominici est notre outil de prédilection sur le sujet. Non seulement la majorité d’entre nous, femmes, hommes ou autres, y apprenons des choses en 2011, mais c’est une manière subtile d’aborder les argumentaires pseudoscientifiques qui jalonnèrent les âges pour placer la Femme dans un ordre inférieur à l’Homme, et lui conférer une « nature » maternelle, une « essence » soumise. Voici le montage réalisé par Richard Monvoisin que nous utilisons en cours :

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 Vie quotidienne


CorteX_Vie-de-Meuf-le-sexisme-ordinaire-illustreAu travail, dans la rue, chez le médecin, en recherche d’emploi, en famille, en couple, enceinte, célibataire, etc. Les Femmes sont confrontées quotidiennement au sexisme ordinaire qui les maintient dans leur rôle de Femmes. L’association Osez le féminisme, pour faire prendre conscience de l’ampleur du phénomène, a ouvert en juillet 2010 un blog qui donne la parole à toutes celles et tous ceux qui veulent partager une expérience sexiste et vie de meuf.com recense aujourd’hui une multitude de témoignages. Certaines situations ont été mises en scènes dans de courtes vidéos : la « drague », les poils, le poids du « Madame », etc. Je les signale parce que certaines d’entre elles apportent un éclairage intéressant sur la question, mais le ton est plutôt dur. Quant au livre Vie de meuf – Le sexisme ordinaire illustré, c’est un outil conçu pour pointer du doigt les inégalités, dans le même esprit que le site, c’est-à-dire avec un côté ludique. Organisé par thèmes et agrémenté de dates, de citations et de quizz, il tente d’expliquer sans agressivité d’où viennent les inégalités et ce qu’elles signifient pour les femmes..

Morale et politique

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L’inquiétude est grande pour les milieux conservateurs de voir les grandes catégories type Homme / Femme se diluer dans la question du genre. La réflexion peut aisément être lancée avec les affiches de campagne 2012 contre la théorie du genre réalisée par Christine Boutin et le Parti Chrétien-Démocrate (PCD).

Il faut noter que c’est l’un des rares cas en France où une opposition à des faits scientifiques devient un enjeu de campagne

Extraits radio

Le genre peut-il s’opposer au sexe ?, avec Jean-Claude Ameisen, Pierre-Henri Gouyon, Priscille Touraille et Thierry Hoquet, dans « Science Publique » sur France Culture (14 octobre 2011) :

– Catherine Vidal et Eric Fassin dans La tête au carré (20 septembre 2011) :

– Irène Jami dans La Fabrique de l’Histoire (9 septembre 2011) :

Emissions de radio

Sur Grenoble

Cas libre: émission de radio libre antenne au ton doux et très accessible sur les questions des corps, des amours, des sexualités « sans tabou ni jugement ». En direct tous les jeudis, de 20h à 21h sur Radio Kaléidoscope 97 FM (Grenoble) et téléchargeable sur Internet.

Dégenrée : émission de radio au ton plus raide, revendiquée « meufs-gouines-trans », bourrée d’infos mais au style parfois rédhibitoire. De 18h30 à 20h les 2ème et 4ème mercredis du mois (rediffusion les lundis suivants à 19h) sur Radio Kaléidoscope 97 FM (Grenoble). On pourra écouter ou télécharger d’anciennes émissions en ligne. Contact :  degenree[AT]pimienta[POINT]orgission féministe les deuxième et quatr

Sur Paris

Femmes libres : émission créée en 1986 et emmenée par Nelly sur Radio libertaire  le mercredi, de 18 h 30 à 20 h 30. Ton doux. Podcastable.

Sur Marseille

Le complot des cagoles : émission tous les 1ers mercredis du mois sur la radio militante marseillaise Radio Galère (88.4 FM) portée par le Collectif des Pétroleuses.

Sites internet

– Sexisme, féminisme – Les Renseignements généreux

– Genre et pédagogie – Télédebout

– Sexisme – Vie de meuf

– Féminisme, sexisme – Osez le féminisme

Femmes et mathématiques

– Histoire – Mnémosyne (pour le développement de l’histoire des femmes et du genre)

– Hystoire – SIEFAR (Société étudiant les femmes, du Moyen Age à la Révolution française)

Associations et collectifs d’éducation populaire sur le genre

Sur Grenoble

Virus 36 : développe des outils de pédagogie active pour « construire du collectif ». Virus36 accompagne des associations aussi bien dans leur structuration interne (fonctionnement, réunions, prise de décision…) que dans l’organisation d’évènement publics (débats, forums, diagnostics…).Contact

Sur Montpellier

Les cafés du genre :Françoise Mariotti anime depuis 6 ans des rencontres/débats mixtes sur le thème du genre. Elles ont lieu les 2ème Mardis de chaque mois, au Martin’s club – 8 rue de la monnaie – de 18h30 à 20h.
Entrée : 2euros + consommation.

Sur Reims

Les Désobéissantes : cette association féministe propose une lettre d’information gratuite sur les études sur le genre, l’égalité femmes/hommes, les personnes LGBT (Lesbienne-Gay-Bi-Trans) et la laïcité. Elle organise aussi des conférences-débats, ateliers, projections, etc. 

Le CorteX est également disponible pour monter des ateliers de sensibilisation ou de formation continue, en particulier à Grenoble, Montpellier et Marseille.

Si une information n’était plus valable ou si vous connaissez d’autres initiatives, contactez-nous !

Guillemette Reviron (avec quelques morceaux de Richard Monvoisin)

NB – Pourquoi les athlètes de la Grèce antique concouraient-ils nus ?

En relisant cet article, Richard m’a donné une autre raison que celle d’un test de masculinité. Voici notre échange sur le sujet :

RM – Je crois que c’est l’histoire de Kallipateira qui se planque et se travestit pour voir son fils en cachette aux JO (vers – 400 ? A vérifier) ; si ma mémoire est bonne, on faisait défiler et courir les athlètes nus plus pour virer les femmes des stades que pour estampiller les garçons.

GR – Bien vu, la raison invoquée n’est pas la bonne, mais vérification faite, ce n’est pas non plus à cause de l’histoire de Kallipateira, qui a plutôt eu pour conséquence la vérification du sexe des entraîneurs, puisque Kallipateira s’était fait passer pour l’entraîneur de son fils. Pour expliquer la nudité des athlètes, les historiens évoquent plutôt la commodité – pour éviter que les athlètes ne se prennent les pieds dans leur pagne -, un hommage à l’harmonie corporelle ou encore un gage de sincérité – nu, il est plus difficile de tricher (plus de détails ici).

RM – J’ai lu de mon côté que la nudité complète était obligatoire lors des Jeux Panhélléniques, sauf pour les courses de chariot. Je m’en réjouis pour eux 🙂

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