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Sociologie, Biologie – Atelier-débat sur la "théorie du genre"

Mardi 20 septembre 2011, pour l’Unité d’Enseignement CAB (Critique de l’Actualité en Biologie, anciennement QAB) dirigée par ma collègue Isabelle Lebrun, j’avais pour tâche de parler 1h30 d’esprit critique, de biologie et d’actualité, et si possible en faisant débattre les étudiants – en l’occurrence des Licence 3ème année de Biologie.
Au semestre précédent, j’avais abordé les inflexions idéologiques en biologie, notamment autour du créationnisme et de l’intelligent design (voir Biologie, idéologies, racisme, sexisme – comment monter un cours de biologie  à  partir des pseudosciences).
Ce semestre-ci, je me suis jeté à corps perdu sur le sujet le plus trépidant de cette rentrée 2011 : l’introduction de la théorie du genre en Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) pour les classes de 1ère L et ES… et les incroyables levées de bouclier qui s’ensuivirent.

Voici la trame générale que j’ai suivie.

J’ai d’abord donné des exemples simples de « sexisme ordinaire », mais non immédiatement décelables par un-e non-avertie.

En voici quelques-uns :

  • Extrait de Dans les Alpes avec Annette   (アルプス物語 わたしのアンネット, Arupusu Monogatari Watashi no Annetto) (1983, épisode 7)
[dailymotion id=xl8k14]
  • Publicité Heineken
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=dwVZvTj7L6o]
 

Dans la même veine, la « réponse » faite ensuite par Bavaria.

 
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=DkAoQtQ_QoU]
 

J’ai alors demandé aux étudiants* s’ils voyaient un lien manifeste entre les deux documents. Puis je leur ai demandé quelle différence ils voyaient entre les deux pages de la Campagne de recrutement de l’éducation nationale 2011

[CorteX]EducationNationalerecrute1

[CorteX]EducationNationalerecrute

Une fois que la différence des représentations femme/homme était bien percue, j’ai donné le contexte social de départ : l’inégalité de salaires, de répartition des tâches ménagères, d’accès aux postes à responsabilité et d’accès aux postes de pouvoir femmes/hommes

  • Intro de Bienvenue dans la vraie vie des femmes, de Virginie Lovisone et Agnès Poirier (2009) – DVD disponible ici.
[dailymotion id=xla2o4]

J’ai ensuite posé la question suivante : qu’est-ce qui permet de faire cette distinction femme/homme ?   Le triple objectif du débat était de montrer que

1) la différence biologique sexuelle n’était pas si évidente dans un certain nombre de cas (hermaphrodites, intersexes, transsexuel-les, etc.)

2) les 2 catégories mâle et femelle sont « exclusives », et n’ont de réel sens que dans un cadre de reproduction (la question d’où ranger les femmes stériles, les hommes stériles, les femmes ménopausées s’est posée).

3) ce sont surtout des caractères non biologiques qui permettent de faire la distinction.   C’était le moment d’introduire la notion de genre (ou sexe social), par la définition donnée par Irène Jami :

  • Irène Jami, extrait de la Fabrique de l’Histoire, France Culture, 9 septembre 2011
  • Eric Fassin, extrait de Ce soir ou jamais du 7 septembre 2011.
http://www.youtube.com/watch?v=72EVy8UBPLE&feature=related

J’ai alors raconté le contexte du mois de septembre 2011.

  • Titres et articles dans Le Monde, le Figaro (bientôt disponible)

Devant l’entrée de ce qu’on appelle « la théorie du genre » dans les contenus d’enseignement, des levées de boucliers ont eu lieu dans les franges politiques conservatrices, droite chrétienne, droite populaire ou extrême-droite (comme Christine Boutin), avec comme point d’orgue une lettre de 80 députés UMP (droite populaire) au Ministre Luc Chatel pour le contraindre à retirer la théorie du genre des enseignements de biologie.

J’ai utilisé

  • le journal télévisé de LCM
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=muMByv1088s]
  • le journal télévisé de France 2 (dans l’émission CSOJ, de 0’22 à 1’52)
 [youtube=http://www.youtube.com/watch?v=72EVy8UBPLE]

 J’ai demandé les réactions des étudiant-es – sur l’introduction de cette « théorie » dans l’enseignement – sur le statut de « théorie » de ladite théorie – sur le bien ou mal fondé de l’entrée des politiciens dans les questions de science et de limitation des contenus.

Pour aller plus loin : on pourra parler pour illustrer :

  • du lyssenkisme en biologie
  • des créationnismes et de l’Intelligent design en biologie
  • des lois mémorielles françaises en histoire
  • du rapport Inserm sur les psychothérapies en psychologie, etc.
  • de la pathologisation de l’homosexualité

Il était alors nécessaire de parler de ce rapport nature / culture : dans quelle mesure ce qui fait d’une femme une femme, d’un homme un homme, est un fait de nature ? (Je renvoie pour cette question au travail de Guillemette Reviron ).

Il nous a fallu revisiter les arguments « neurosexistes », mais aussi les arguments « préhistoriques » à l’appui d’une « nature », d’une « essence » féminine/masculine.

En cela, j’ai utilisé

J’avais également sous le coude

  • Référence à l’article de C. Vidal dans Libération, Tête au carré, France Inter 7 septembre 2009.
  • C. Vidal dans Mon cervau a-t-il un sexe ?

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=p8csCdhQ_l8]

(Anecdote, j’étais prévenu qu’une heure avant, Catherine Vidal et Eric Fassin étaient sur les ondes de France Inter, justement sur cette question – voir ici).

J’ai terminé en donnant l’historicité de la question du genre. J’ai pour cela utilisé :

[dailymotion id=x4vy0y]

Je n’ai pas eu le temps hélas de passer l’analyse de l’historien Louis-Georges Tin, tiré de La fabrique de l’histoire, France Culture du 11 juin 2011  . Le voici tout de même.

Pour aller plus loin

On pourra aller voir toutes les références du CorteX sur les questions de genre (voir ici ), ainsi que lire entre autres, Judith Butler, Simone de Beauvoir, Christine Delphy, Julien Picquart et Eric Fassin.

On pourra également regarder en détail les réactions médiatiques et en faire autant de Travaux Pratiques.  Merci aux L3 d’avoir été mes cobayes consentant-es :

  • d’Eric Zemmour face à Nicolas Domenach
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=YoD9t75yRHw]
  • du médecin Bernard Debré face au sociologue Fassin et au philosophe Enthoven
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=72EVy8UBPLE]
  • de Caroline Fourest face à Luc Ferry (attention cette vidéo a été « montée » par NO-Gay, qui comme son nom l’indique est un collectif anti-gay : on pourra relever les biais de raisonnements à l’oeuvre dans le générique de fin).
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=C-sVlbkM1F4]

Richard Monvoisin

* J’ai introduit quelques féminisations forcées dans mon texte. Montrer aux étudiants que même dans la grammaire la norme « masculine » l’emporte sur le féminin, ou qu’un genre indéfini est automatiquement masculin (règles du grammairien Vaugelas, vers 1645) est généralement un argument-massue. A l’hypothèse ue la féminisation alourdirait la lecture, il semble que les premiers résultats scientifiques répondent que ce n’est pas le cas (lire sur ce point Noelia Gesto & Pascal Gygax, Lourdeur de texte et féminisation : Une réponse à l’Académie française, L’année psychologique, 2007, 107, pp. 239-255)

http://www.necplus.eu/download.php?file=%2FAPY%2FAPY107_02%2FS0003503307002059a.pdf&code=fb1ca0d18c0264ef91802b67ab63f032
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Matériel pédagogique – Qu'est-ce que le genre ?

L’entrée du genre dans les programmes de Première L et ES au mois de septembre n’est pas passée inaperçue et fut l’occasion de relancer le débat médiatique sur la question : « qu’est-ce qu’être Homme ou Femme ? ». Le CorteX a saisi l’occasion de revenir sur ce sujet complexe.


Les progrès récents des sciences, en particulier en biologie et en sociologie, ne permettent plus d’affirmer que l’on naît Femme ou Homme : sans nier les différences biologiques entre les individu-e-s, ils démontrent que les différences entre deux personnes de sexes différents sont le fruit d’un processus de construction sociale, bien plus que celui d’un déterminisme « naturel ». Pourtant, les réactions médiatiques furent particulièrement vives et parfois même fantaisistes : la « théorie » du genre fut qualifiée de théorie militante féministe et homosexuelle et sans aucun fondement scientifique ; certains l’accusèrent de nier toutes différences biologiques entre hommes et femmes ; on entendit même que les défenseurs de la « théorie » du genre défendaient également la pédophilie et la zoophilie. Devant ce déferlement de fausses informations, des historien-ne-s, des sociologues, des neurobiologistes, etc. ont tenté de rectifier les choses sur les ondes ou les plateaux de télévisions, nous offrant ainsi du matériel pédagogique de qualité. Le CorteX s’en est emparé et met à disposition : 

Si vous produisez aussi du matériel ou si vous animez des ateliers sur le genre, écrivez-nous ! 

Décortiqué – Réactions à l'entrée du genre dans les programmes de 1ère

Nous avons suivi la fameuse polémique médiatique sur l’entrée du genre dans les programmes de SVT en première L et ES et, au fur et à mesure de nos lectures ou des reportages, notre stupéfaction n’a fait qu’augmenter : ce fut le grand bazar des idées fausses et des arguments fallacieux. Je crois qu’il faut se rendre à l’évidences : la plupart des gens qui se sont exprimés sur le sujet et dont on a relayé les propos, les coups de gueule, les indignations ne savent pas ce qu’est le genre. Les journalistes qui les ont questionnés ne devaient pas en savoir beaucoup plus. A défaut d’être pertinents, ils nous auront donné une formidable matière pour élaborer des travaux pratiques. Les documents que j’analyse ici sont regroupés ici. Comme d’habitude, n’hésitez pas à nous faire part de vos propres analyses.
 Pour en savoir plus sur le genre, on pourra se référer à ces deux articles :

Sélection commentée de ressources sur la notion de genre
Sociologie, biologie – Atelier-débat sur la théorie du genre


Analyse de la vidéo 1
Analyse des vidéos 2 et 2bis
Analyse de la vidéo 3 (à venir – envoyez-nous la vôtre) 


Analyse de la vidéo 1

Erreur n°1 : le genre n’est pas une théorie
Le genre ou sexe social n’est pas une théorie, c’est un concept, un objet d’étude. Il désigne l’ensemble des différences non biologiques (psychologiques, sociales, économiques, démographiques, politiques…) distinguant les hommes et les femmes. Il n’y a pas une théorie du genre mais des théories scientifiques issues de domaines très variés (histoire, sociologie, psychologie, neurobiologie, ethnologie, etc.) qui expliquent comment ces différences se construisent et se perpétuent. Chaque domaine d’étude propose et teste ses hypothèses et produit un savoir scientifique sur ce sujet, c’est-à-dire qu’il retient les affirmations qui sont plus vraies que fausses dans l’état actuel des connaissances.
Rien de bien sorcier en fait : en effet, la plupart des détracteurs de la « théorie » du genre reconnaissent les différences non biologiques entre les hommes et les femmes (ce qu’ils dénoncent, c’est justement le fait qu’on chercherait à les gommer) et si le genre existe, il est possible l’étudier. On aurait d’ailleurs pu découvrir en l’étudiant que les hormones ou la taille des cerveaux expliquaient tout. Ce n’est simplement pas le cas.

Homme de paille + faux dilemme

Dans deux des reportages diffusés à heure de grande écoute, il est affirmé que la théorie (sic !) du genre consiste à dire que l' »on ne naît pas homme ou femme, on le devient en fonction d’un choix personnel ». Voilà un magnifique homme de paille ou strawman. Je ne connais pourtant pas de théorie scientifique qui défende ce point de vue. Je suppose que ce dévoiement des propos de Simone de Beauvoir – « on ne naît pas femme, on le devient » – provient d’un faux dilemme qui pourrait s’énoncer de la manière suivante : soit les différences entre les sexes sont biologiques, soit les individus choisissent leur sexe. C’est paradoxal puisque justement, les travaux sur le genre démontrent que les mécanismes qui sous-tendent la construction du sexe social sont extrêmement complexes et sont, la plupart du temps, subis par les individus et véhiculés par ces mêmes individus de manière non consciente. Evoquer un choix n’a pas de sens dans ce contexte.
Derrière ce faux dilemme se cache l’idée reçue suivante : biologique = déterministe et non-biologique = choix possible. C’est entièrement faux : d’une part les travaux en sociologie et en psychologie décrivent justement comment de nombreux comportements sont en quelque sorte hérités de notre environnement social, d’autre part, ce n’est pas parce qu’un caractère est (aussi) biologique, qu’il dicte sa conduite à un individu.
Faux dilemme : genre versus explications biologiques

La plupart des reportages opposent « genre » et « causes biologiques de la différence entre les sexes ». Etudier le genre ne revient pourtant pas à nier les différences biologiques évidentes : cela consiste simplement à identifier les différences non biologiques. D’ailleurs certains neurobiologistes abordent cette question d’un point de vue biologique en cherchant des différences entre les cerveaux des hommes et des femmes qui pourraient être à l’origine des différences comportementales.
De la même manière que ce n’est pas parce qu’on étudie l’estomac qu’on nie l’existence du foie, ce n’est pas parce qu’on étudie les différences entre les sexes sociaux qu’on nie les différences biologiques. Les deux approches ne sont pas contradictoires. Dans un premier temps, il est nécessaire de les étudier de manière indépendante pour mettre en évidence les mécanismes relevant du caractère social ou du caractère biologique ; il est ensuite possible de chercher à comprendre si ces mécanismes s’additionnent ou interagissent et comment. Un point de vue purement biologique comme un point de vue purement psycho-social ne nous donnerait qu’une vision partielle du phénomène.

Effet « ad etatsunium »

Il est sans arrêt répété dans les JT que la théorie (sic !) provient des Etats-unis. Il est étonnant de remarquer le bi-standard qu’il y a sur les références aux travaux états-uniens : lorsqu’il s’agit de nouvelles technologies, par exemple, cela nous est présenté en comme un gage de sérieux. Dans notre cas, cette référence a tendance à disqualifier la « théorie ». Quoi qu’il en soit, d’une part un savoir scientifique n’est ni états-unien, ni congolais, ni chinois, ni russe, d’autre part l’étude du genre n’est plus une spécificité états-uniennes : si c’était le cas jusqu’en 2000, de nombreuses recherches sont menées en France. Et puis la fameuse phrase « on ne naît pas femme, on le devient » que tous se sont empressés de reprendre et de déformer est due à Simone de Beauvoir, de nationalité française.

Effet Panurge + effet paillasson + intrusions idéologiques en sciences : une théorie contestée

Contestée par qui ? On apprend au cours d’un des reportages qu’une pétition a été signée, en majorité par des catholiques. Catholique ou non, là n’est pas la question. Il faudrait d’abord se demander quels sont les fondements de cette contestation : les signataires de la pétition remettent-ils en cause la validité scientifique de certains aspects de ladite « théorie » ? La contestation est-elle d’ordre idéologique ? Mettre ces deux types de contestations sur le même plan provoque une confusion importante : dans le premier cas, il serait légitime de refuser d’enseigner une théorie fausse, tandis que dans le deuxième cas, cette revendication n’a plus lieu d’être.
Par ailleurs, l’utilisation de l’effet Panurge – qui sous-entend que le nombre important de gens qui s’opposent à la « théorie » du genre suffit à qualifier la « théorie » de contestable – joue sur un effet paillasson concernant l’adjectif contestable : une affirmation scientifique est toujours contestable scientifiquement, c’est à dire avec les règles imposées par le contrat scientifique, règles qui excluent toute contestation uniquement d’ordre idéologique. Ceci ne signifie pas pour autant que l’affirmation n’est pas validée : elle l’est jusqu’à preuve du contraire. En revanche, dans le sens commun, contestable signifie douteux, problématique, incertain. Ce double sens peut entraîner une grande confusion sur le statut – valide ou non valide – de l’affirmation.

Homme de paille + Pétition de principe

Dans le deuxième reportage (France 2, 30 Août 2011), le commentaire dit : « or certains éditeurs ont choisi d’aborder la théorie du genre sans la nommer explicitement. Exemple : l’identité sexuelle se réfère au genre sous lequel une personne est socialement reconnue (extrait d’un manuel) ».

NG : Homme de paille car c’est une insinuation de « la » position « des » éditeurs et une pétition de principe car les éditeurs ne peuvent pas aborder la théorie si ce n’en est pas une (sauf si l’on le sous-entend au départ).


Analyse des vidéo 2 et 2 bis (à voir ici)

  • 1ère intervention : Lionel LUCA, député UMP des Alpes-Maritimes sur M6 BONUS.fr (non diffusé à la télévision) – analyse de la version intégrale

Homme de paille + appel à la peur + intrusions idéologiques :

L’extrait commence par  » cette théorie est dangereuse  » passe par  » [La théorie] veut légitimer à terme la pédophilie  » et se termine sur « les homosexuels n’ont pas besoin de cette théorie-là pour être reconnus dans notre société et admis comme tels ». Or une théorie scientifique n’est ni dangereuse, ni pas dangereuse, ni sexiste, ni pro-homosexuels, etc. ; une théorie ne veut rien, n’a pas de but politique, elle est valide ou non (et cela peut évoluer au cours du temps et des découvertes) et permet d’expliquer un phénomène.

Je ne pense pas avoir besoin de m’attarder trop longtemps sur le gigantesque homme de paille que brandit ce député :  » ce qui est grave, c’est que cette théorie, sous couvert de reconnaître différentes identités sexuelles, veut légitimer à terme la pédophilie, voire la zoophilie, puisque ceux qui le revendiquent aux Etats-Unis, défendent l’amour pour les jeunes enfants. « 

Plurium affirmatum et Pétition de principe

M. Luca dit : « si Adam et Eve s’étaient posé la question avec le livre, on ne serait pas là pour en parler, tout simplement parce qu’on naît bien homme et on naît bien femme et on se reproduit . » Il admet donc snas le préciser qu’Adam et Eve ont existé (plurium affirmatum) et bâtit sa démonstration de l’affirmation : « on naît homme ou femme » sur deux prémisses :
– l’existence d’Adam et Eve, qui est une hypothèse extrêmement coûteuse (voir Rasoir d’Occam)
– on naît bien homme ou femme
On pourrait « simplifier » le raisonnement et se passer de la première prémisse : « on naît homme ou femme puisqu’on naît homme ou femme ». Sans commentaire.

NG – Je pense a un non sequitur avec une prémisse en pétition de principe:
A – Si Adam et Eve avaient choisi leur genre ils ne se seraient pas reproduits.
B – Or ils se sont reproduits, ils n’ont donc pas choisi leur genre
Donc on naît bien homme ou femme.

Bi-standard sur la reconnaissance d’une théorie

Dans la phrase « Ca ne veut pas dire bien entendu qu’il n’y ait que l’amour entre l’homme et la femme, cela va de soi, c’est reconnu comme tel aujourd’hui […] », M. Luca dit ne pas pouvoir nier l’homosexualité puisqu’elle est reconnue. Il me semble qu’il aurait pu dire de la même manière : « ça ne veut pas dire bien entendu qu’il n’y ait pas de construction sociale de l’identité sexuelle, cela va de soi, c’est reconnu comme tel aujourd’hui […] ». Le critère de validation d’une théorie semble évoluer selon la théorie : c’est un bi-standard.
A moins que la reconnaissance dont il parle soit l’acceptation sociale – on pourra au passage noter l’effet paillasson sur le terme reconnu, mais l’acceptation sociale d’une théorie n’est ni suffisante ni nécessaire pour la valider.

Homme de paille

« …mais ce qui n’est pas la grande majorité des cas ne doit pas imposer sa norme à son tour »
Qui a dit qu’il ou elle souhaitait imposer l’homosexualité à la Terre entière ?

Une phrase puits :

  « je crois que c’est la confusion plutôt que la clarification. »
Je ne le lui fais pas dire…

  • 2ème intervention : Jean-François Coppé

Le genre n’est pas une théorie
voir ici
Mise sur le même plan de la connaissance scientifique et des opinions
« Ce qui est profondément choquant dans cette affaire, c’est que la théorie du genre, qui est une théorie défendue par des personnes mais qui est combattue par d’autres, soit présentée comme une vérité scientifique alors que ça ne l’est pas »
Il est tout à fait certain que les scientifiques débattent sur la validité et le poids relatif des causes invoquées pour expliquer la construction du genre. ceci dit, l’existence du genre est une « vérité scientifique », non pas dans le sens « vérité absolue », mais dans le sens « affirmation validée dans l’état actuel de nos connaissances ». Comme je l’ai déjà stipulé dans l’analyse de la vidéo 1, les personnes qui s’opposent à l’enseignement du genre ne remettent pas en question l’existence de différences entre les sexes. Si maintenant ils réfutent les causes sociales, historiques, psychologiques, etc., sur quels arguments, sur quelles études fondent-ils leur réfutation ?
A décortiquer
« C’est comme si on présentait dans les manuels d’économie le marxisme comme une vérité scientifique alors que ça ne l’est pas, ce n’est qu’une théorie ».

  • 3ème intervention : Eric Zemmour

Homme de paille

« le scandale est double : quand on marginalise le biologique et qu’on pense que la construction d’un homme et d’une femme n’est QUE sociale, parce que c’est CA la théorie du genre, il faut arrêter de se raconter des bobards. La théorie du genre, c’est un constructivisme psychologique et social. L’homme et la femme ne sont QUE ça et on évacue le biologi… c’est ça la théorie du genre. »
C’est le même argument que celui analysé ici

Homme de paille
« comme si la minorité devenait la majorité, comme si l’exception devenait la norme. »
Voir ici

Guillemette Reviron, Nicolas Gaillard

Le clitoris, ce cher inconnu – Introduction au sexisme « scientifique »

Un vrai bain de jouvence que ce documentaire de Michèle Dominici, Le clitoris, ce cher inconnu.

Non seulement la majorité d’entre nous, femmes, hommes ou autres, y apprenons des choses en 2011, mais c’est une manière subtile d’aborder les argumentaires pseudoscientifiques qui jalonnèrent les âges pour placer la femme dans un ordre inférieur à l’homme, et lui conférer une « nature » maternelle, une « essence » soumise.

Voici un montage de deux extraits que j’utilise en cours pour des étudiants de licence et des doctorants-moniteurs, mais aussi en divers ateliers publics. Merci à l’auteure !

Richard Monvoisin

Pour la version complète du film, vous la trouverez  aisément en ligne, mais nous ne pouvons que vous encourager à l’acquérir directement à  http://www.clitoris-film.com