Bibliographie citée par Bouveresse, par Alain Le Metayer

Jacques Bouveresse cite dans sa conférence différents auteurs et ouvrages.
1. Charles Taylor
2. Tzvetan Todorov
3. Zeev Sternhell
4. Bertrand Russell
5. G. W. Liebniz
6. Joachim Schulte
7. Georges Corm
8. W. K. Clifford
9. Kimberley Cornish
10. Ludwig Wittgenstein
11. Gianni Vattimo

 
 

1. Charles TAYLOR et Jocelyn MACLURE (2010) Laïcité et liberté de conscience, La Découverte (978-2707166470)

Présentation de l’éditeur

Ce n’est que récemment que le modèle d’une société politique fondée sur le respect de la pluralité des perspectives philosophiques, religieuses et morales s’est imposé comme le plus susceptible de conduire à une vie harmonieuse du corps social et à l’épanouissement de ceux qui le composent. Un large consensus s’est établi autour de l’idée que la  » laïcité  » est une composante essentielle de toute démocratie libérale. Mais qu’est-ce au juste qu’une société laïque ? Bien que des travaux récents en sciences sociales, en droit et en philosophie aient permis des avancées majeures sur le plan de la compréhension de la laïcité comme mode de gouvernance, une analyse conceptuelle des principes constitutifs de la laïcité manquait toujours à l’appel. Ce livre vient remédier à une telle lacune. Pour les auteurs, les deux grandes finalités de la laïcité sont le respect de l’égalité morale des individus et la protection de la liberté de conscience et de religion. C’est pourquoi la laïcité doit aujourd’hui se comprendre dans le cadre plus large de la diversité des croyances et des valeurs (religieuses ou non) auxquelles adhèrent les citoyens. Depuis près de vingt ans, la France ne cesse de débattre (et de légiférer) sur la place et la visibilité des minorités culturelles et religieuses, comme en témoignent les controverses passionnées sur le foulard islamique et aujourd’hui de la burqa. Cet ouvrage de philosophie, qui prend appui sur l’expérience originale et passionnante du Québec en matière de politique multiculturelle, constitue une contribution forte au débat sur les rapport entre religion et politique.

Biographie de l’auteur

Jocelyn Maclure, est professeur agrégé à la Faculté de philosophie de l’Université Laval. Il est l’auteur de « Récits identitaires, le Québec à l’épreuve du pluralisme« . Il a contribué, en tant qu’analyste-expert, à la rédaction du rapport final de la commission Bouchard-Taylor sur les « accommodements raisonnables« . Charles Taylor est un philosophe de réputation internationale. Ses écrits, traduits en vingt langues, portent sur un éventail de sujets dont l’intelligence artificielle, le langage, le comportement social, la moralité et le multiculturalisme. Il est notamment l’auteur de « Les Sources du moi » (Seuil, 1998).

Charles TAYLOR (2011) L’âge séculier, Seuil. 978-2020976169

Présentation de l’éditeur

Il est d’usage de dire que nous appartenons à un « âge séculier ». Nous, c’est-à-dire les membres des sociétés occidentales modernes, dont, qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, les églises se vident. Comment est-on passé d’un temps, pas si lointain, où il était pratiquement inconcevable de ne pas croire en Dieu, à l’époque actuelle, où la foi n’est plus qu’une possibilité parmi d’autres et va jusqu’à susciter la commisération ? L’une des explications les plus courantes de cette évolution consiste à affirmer qu’à la faveur des progrès de la science, la vérité aurait finalement triomphé de l’illusion, nous poussant à ne chercher qu’en nous-mêmes notre raison d’être et les conditions de notre épanouissement ici-bas. En révélant les impensés de ce récit classique de la victoire de l’humanisme qui fait du « désenchantement du monde » la seule clé de l’énigme, Charles Taylor entreprend une relecture intégrale de la modernité. Loin d’être une « soustraction » de la religion, la sécularisation est un processus de redéfinition de la croyance qui a vu se multiplier les options spirituelles. Si plus aucune n’est en mesure de s’imposer, les impasses du « matérialisme » et les promesses déçues de la modernité continuent d’éveiller une quête de sens.

Biographie de l’auteur

Charles Taylor est professeur émérite de philosophie à l’université McGill (Montréal). Reconnu comme l’un des plus importants théoriciens nord-américains du multiculturalisme et du communautarisme, il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels Les Sources du moi (Seuil, 1998). A Secular Age a reçu en 2007 le prix Templeton, qui récompense une contribution décisive au progrès de la recherche spirituelle.

 

2. Tzvetan Todorov : La tyrannie de l’individu (article dans Le Monde, 27 mars 2011)

 

Pour qu’un pouvoir soit légitime, il ne suffit pas de savoir comment il a été conquis (par exemple par des élections libres ou par un coup d’Etat), encore faut-il voir de quelle manière il est exercé. Il y a bientôt trois cents ans, Montesquieu avait formulé une règle pour guider notre jugement : « Tout pouvoir sans bornes ne saurait être légitime », écrivait-il.
Les expériences totalitaires du XXe siècle nous ont rendus particulièrement sensibles aux méfaits d’un pouvoir illimité de l’Etat, capable de contrôler chaque acte de chaque citoyen. En Europe, ces régimes appartiennent au passé, mais, dans les pays démocratiques, nous restons sensibles aux interférences du gouvernement dans les affaires judiciaires ou la vie des médias, car cela a pour effet de supprimer toute limite posée à son pouvoir. Les attaques répétées menées par le président français ou par le premier ministre italien contre les magistrats et les journalistes sont une illustration de ce danger.
Cependant, l’Etat n’est pas le seul détenteur de pouvoirs au sein d’une société. En ce début du XXIe siècle, en Occident, l’Etat a perdu une bonne partie de son prestige, alors que le pouvoir étendu que détiennent certains individus, ou groupes d’individus, est devenu à son tour une menace. Elle passe pourtant inaperçue, car ce pouvoir se pare d’un beau nom, dont tout un chacun se réclame : celui de liberté. La liberté individuelle est une valeur qui monte, les défenseurs du bien commun paraissent aujourd’hui archaïques.
On voit facilement comment s’est produit ce renversement dans les pays ex-communistes d’Europe de l’Est. L’intérêt collectif y est aujourd’hui frappé de suspicion : pour cacher ses turpitudes, le régime précédent l’avait invoqué si souvent que plus personne ne le prend au sérieux, on n’y voit qu’un masque hypocrite. Si le seul moteur du comportement est de toute façon la recherche de profit et la soif de pouvoir, si le combat impitoyable et la survie du plus apte sont les dures lois de l’existence, autant cesser de faire semblant et assumer ouvertement la loi de la jungle. Cette résignation explique pourquoi les anciens apparatchiks communistes ont su revêtir, avec une facilité déconcertante, les habits neufs de l’ultralibéralisme.
A des milliers de kilomètres de là, aux Etats-Unis, dans un contexte historique entièrement différent, s’est développé depuis peu le mouvement du Tea Party, dont le programme loue à son tour la liberté illimitée des individus et rejette tout contrôle gouvernemental ; il exige de réduire drastiquement les impôts et toute autre forme de redistribution des richesses. Les seules dépenses communes qui trouvent grâce aux yeux de ses partisans concernent l’armée et la police, c’est-à-dire encore la sécurité des individus. Quiconque s’oppose à cette vision du monde est traité de cryptocommuniste ! Ce qui est paradoxal, c’est qu’elle se réclame de la religion chrétienne, alors que celle-ci, en accord avec les autres grandes traditions spirituelles, recommande le souci pour les faibles et les miséreux.
On passe, dans ces cas, d’un extrême à l’autre, du tout-Etat totalitaire au tout-individu ultralibéral, d’un régime liberticide à un autre, d’esprit « sociocide », si l’on peut dire. Or le principe démocratique veut que tous les pouvoirs soient limités : non seulement ceux des Etats, mais aussi ceux des individus, y compris lorsqu’ils revêtent les oripeaux de la liberté.
La liberté qu’ont les poules d’attaquer le renard est une plaisanterie, car elles n’en ont pas la capacité ; la liberté du renard est dangereuse parce qu’il est le plus fort. A travers les lois et les normes qu’il établit, le peuple souverain a bien le droit de restreindre la liberté de tous. Cette limitation n’affecte pas toute la population de la même manière : idéalement, elle restreint ceux qui ont déjà beaucoup de pouvoir et protège ceux qui en ont très peu.
Le pouvoir économique est le premier des pouvoirs qui reposent entre les mains des individus. L’entreprise a pour but de générer des profits pour ses détenteurs, sans quoi elle est condamnée à disparaître. Mais en dehors de leurs intérêts particuliers, les habitants du pays ont aussi des intérêts communs, auxquels les entreprises ne contribuent pas spontanément. C’est à l’Etat qu’il incombe de dégager les ressources nécessaires pour prendre soin de l’armée et de la police, mais aussi de l’éducation et de la santé, de l’appareil judiciaire et des infrastructures. Ou encore de la protection de la nature : la fameuse main invisible attribuée à Adam Smith ne sert pas à grand-chose dans ce cas. On l’a vu au cours de la marée noire dans le golfe du Mexique, au printemps 2010 : laissées sans contrôle, les compagnies pétrolières choisissent les matériaux de construction peu chers et donc peu fiables.
Face au pouvoir économique démesuré que détiennent les individus ou les groupes d’individus, le pouvoir politique se révèle souvent trop faible. Aux Etats-Unis, au nom de la liberté d’expression illimitée, la Cour suprême a autorisé le financement par les entreprises des candidats aux élections ; concrètement, cela signifie que ceux qui disposent de plus d’argent peuvent imposer les candidats de leur choix.
Le président du pays, assurément l’un des hommes les plus puissants de la planète, a dû renoncer à promouvoir une réforme juste de l’assurance médicale, à réglementer l’activité des banques, à diminuer les dégâts écologiques causés par le mode de vie de ses concitoyens.
Dans les pays européens, il arrive fréquemment que les gouvernements se mettent au service des puissances d’argent, donnant lieu à une nouvelle oligarchie politico-économique qui gère les affaires communes dans l’intérêt de quelques particuliers. Ou encore que les ministres en exercice se comportent en individus intéressés, en acceptant que des tiers paient leurs vacances…
La liberté d’expression est présentée parfois comme le fondement de la démocratie, qui pour cette raison ne doit connaître aucun frein. Mais peut-on dire qu’elle est indépendante du pouvoir dont on dispose ? Il ne suffit pas d’avoir le droit de s’exprimer, encore faut-il en avoir la possibilité ; en son absence, cette « liberté » n’est qu’un mot creux. Toutes les informations, toutes les opinions ne sont pas acceptées avec la même facilité dans les grands médias du pays. Or la libre expression des puissants peut avoir des conséquences funestes pour les sans-voix : nous vivons dans un monde commun. Si l’on a la liberté de dire que tous les Arabes sont des islamistes inassimilables, ils n’ont plus celle de trouver du travail ni même de marcher dans la rue sans être contrôlés.
La parole publique, un pouvoir parmi d’autres, doit parfois être limitée. Où trouver le critère permettant de distinguer les bonnes limitations des mauvaises ? Entre autres, dans le rapport de pouvoir entre celui qui parle et celui dont on parle. On n’a pas le même mérite selon qu’on s’attaque aux puissants du jour ou que l’on désigne au ressentiment populaire un bouc émissaire. Un organe de presse est infiniment plus faible que l’Etat, il n’y a donc aucune raison de limiter sa liberté d’expression lorsqu’il le critique, pourvu qu’il la mette au service de la vérité.
Quand le site Mediapart révèle une collusion entre puissances d’argent et responsables politiques, son geste n’a rien de « fasciste », quoi qu’en disent ceux qui se sentent visés. Les « fuites » de WikiLeaks notamment publié par Le Monde n’ont rien de totalitaire : les régimes communistes rendaient transparente la vie de faibles individus, pas celle de l’Etat. En revanche, un organe de presse est plus puissant qu’un individu, et le « lynchage médiatique » est un abus de pouvoir.
Les défenseurs de la liberté d’expression illimitée ignorent la distinction entre puissants et impuissants, ce qui leur permet de se couvrir eux-mêmes de lauriers. Le rédacteur du journal danois Jyllands-Posten, qui avait publié en 2005 l’ensemble des caricatures de Mahomet, revient sur l’affaire cinq ans plus tard et se compare modestement aux hérétiques du Moyen Age brûlés sur le bûcher, à Voltaire pourfendeur de l’Eglise toute-puissante ou aux dissidents réprimés par la police soviétique. Décidément, la figure de la victime exerce aujourd’hui une attraction irrésistible ! Le journaliste oublie, ce faisant, que les courageux praticiens de la liberté d’expression se battaient contre les détenteurs du pouvoir spirituel et temporel de leur temps, non contre une minorité discriminée.
Poser des bornes à la liberté d’expression signifie non plaider pour l’instauration de la censure, mais faire appel à la responsabilité des maîtres des médias. La tyrannie des individus est certainement moins sanglante que celle des Etats ; elle est pourtant, elle aussi, un obstacle à une vie commune satisfaisante. Rien ne nous oblige à nous enfermer dans le choix entre « tout-Etat » et « tout-individu » : nous avons besoin de défendre les deux, chacun limitant les abus de l’autre.

L’auteur

Historien des idées et essayiste. Né en 1939 à Sofia, Tzvetan Todorov est directeur de recherches honoraire au CNRS. D’abord théoricien de la littérature, il s’est penché sur la question de la mémoire et du totalitarisme Son oeuvre a reçu le prix du Prince des Asturies en 2008. Dernier ouvrage en date, « Le Siècle des totalitarismes » (Robert Laffont 2010).

3. Zeev STERNHELL (2010) Les anti-lumières, Folio Gallimard, édition revue et augmentée (978-2070318186)

Présentation de l’éditeur

Contre les Lumières et leurs valeurs universelles qui régissent encore les sociétés démocratiques, s’est dressée, du XVIIIe siècle à aujourd’hui, une autre tradition. Cette modernité se veut alternative et mène la guerre grâce à une argumentation rendue cohérente par le fait que tous ses partisans se lisent les uns les autres avec une grande attention et constituent son corpus. Taine écrit sur Burke et Carlyle, Meinecke sur Burke et Herder, lequel, pour Renan, est le  » penseur-roi « , Maistre suit Burke et il est lui-même suivi par Maurras, Sorel attaque les Lumières avec une hargne égale à celle de Maurras. Développant la pensée de Herder, Spengler forge le concept de l’imperméabilité des cultures; poursuivant les analyses de Herder, Isaiah Berlin écrit sur Vico avec un ravissement semblable à celui de Croce. Subissant l’influence de Meinecke, il ajoute dans la seconde moitié du XXe siècle un maillon à la culture politique des anti-Lumières. Preuve est donc faite que les maux contre lesquels ont combattu les Lumières sont de toutes les époques : pour éviter à l’homme du XXIe siècle de sombrer dans un nouvel âge glacé du conformisme, la vision prospective d’un individu maître de son présent, sinon de son avenir, demeure irremplaçable.

4. Bertrand RUSSELL (1964) Pourquoi je ne suis pas chrétien, J. J.Pauvert.

Très succinctement : Russell, logicien, mathématicien, mais aussi penseur politique tendance libertaire, est unanimement considéré comme l’un des plus grands philosophes du XXe siècle.

Bertrand RUSSELL (1912) The essence of religion, Hibbert Journal. Reprinted in The Basic Writings of Bertrand Russell, (2009), Routledge, 978-0415472388

voir aussi : Jacques Bouveresse (2010) Bertrand Russell, la science, la démocratie et la « poursuite de la vérité », Agone n°44, 73-106.

 

5. Gottfried Wilhelm LIEBNIZ : texte de 1701 (pas de réf; trouvée)

(A compléter)

6. Joachim SCHULTE (1992) Lire Wittgenstein, Eclat. 978-2905372734

(A compléter)

7. Georges CORM (2007) La question religieuse au XXIe siècle, La Découverte. 978-2707152855

Présentation de l’éditeur

Depuis la fin du XXe siècle, la géopolitique mondiale, nous répète-t-on, serait traversée par le retour du religieux devenu la principale clé de compréhension du monde. C’est à ce credo que s’attaque Georges Corm dans ce livre stimulant. Il y analyse les ressorts philosophiques et politiques de cette représentation du monde. issue de la pensée antirévolutionnaire postmoderne, qui nourrit notamment l’action des néoconservateurs américains. L’irruption du religieux dans le champ politique ne s’explique pas par une résurrection des identités religieuses que les Lumières auraient gommées. Prolongeant les analyses de Hannah Arendt, l’auteur décrit la crise de légitimité des vieilles démocraties, minées par les effets de la globalisation économique et financière. Une crise qui affecte aussi les trois monothéismes, juif, chrétien et musulman, et contribue à produire les extrémismes religieux. Pour Georges Corm, enfin, l’archéologie des violences modernes n’est pas à rechercher dans la Révolution française et la  » Terreur  » mais bien plutôt dans l’Inquisition et le long siècle des guerres de religion en Europe. C’est donc moins à un  » retour du religieux  » que l’on assiste qu’à un recours au religieux au service d’intérêts économiques et politiques fort profanes.

Biographie de l’auteur

Georges Corm, économiste et historien, est consultant auprès de divers organismes internationaux et professeur d’université. Il est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés aux problèmes du développement et du monde arabe, dont, à La Découverte : Le Proche-Orient éclaté (1983 ; Gallimard Folio / histoire, 2005, 2007), L’Europe et l’Orient (1989, 2004), Le Nouveau Désordre économique mondial (1993), Orient-Occident, la fracture imaginaire (2002, 2004) et Le Liban contemporain (2003, 2005).

8. William Kingdon CLIFFORD (1877) The Ethics of Belief.

(A compléter)

Voir le cours de Bouveresse « L’éthique de la croyance et la question du poids de l’autorité« .

9. Kimberley CORNISH (1998) Wittgenstein contre Hitler. Le juif de Linz, PUF. 9782130495819

La photographie de classe publiée en couverture du livre montre le jeune Wittgenstein à quelques coudées du petit Hitler, élève du cours élémentaire. Le petit juif arrogant et vouvoyant ses condisciples qu’évoque Hitler dans ses écrits n’est-il pas le futur grand philosophe, professeur à Oxford, peut-être devenu officier recruteur d’espions pour le compte de l’Union soviétique ? L’engagement politique de Wittgenstein, sa vie et son œuvre trouveraient leur clef dans cette rencontre initiale de l’intelligence précoce et du ressentiment haineux incarné par l’élève moins doué.

La correspondance d’Hitler peut laisser supposer que l’archétype du juif, usurpateur rusé, se singularisant par sa passion pour le secret, se soit constitué à l’occasion de ce contact décisif. Toutefois, l’auteur invoque tant de coïncidences frappantes et établit tant de recoupements, après avoir sollicité tant de témoignages, que son hypothèse, présentée comme plausible, finit par sembler suspecte à force de preuves accumulées, car rien n’est moins crédible qu’une vérité trop criante. Cependant, si l’auteur dit vrai, alors la réalité ici dépasse la fiction. –Paul Klein

10. Ludwig WITTGENSTEIN (1984) Remarques philosophiques, Gallimard poche. 978-2070702268

Jacques Bouveresse cite ce passage : « J’aimerais pouvoir dire de ce livre qu’il est écrit à la gloire de Dieu mais ce serait une canaillerie. »

Ludwig WITTGENSTEIN (2006) De la certitude, Gallimard. 978-2070780884

Présentation de l’éditeur

Wittgenstein, incontestablement un des plus grands philosophes du XXe siècle, est aujourd’hui reconnu comme l’auteur, non de deux, mais de trois œuvres maîtresses : alors que le Tractatus et les Recherches philosophiques appartiennent au premier et au deuxième Wittgenstein. Sans doute la plus importante contribution à l’épistémologie depuis la Critique de la raison pure de Kant. De la certitude est la réponse de Wittgenstein au scepticisme cartésien. La méthode de Descartes est de tout soumettre au doute jusqu’à avoir atteint la roche dure de la certitude : l’indubitable. A cela, la réponse de Wittgenstein est que la formulation même du doute présuppose la certitude. Ainsi, nos certitudes fondamentales constituent, on un point d’arrivée, mais le point de départ nécessaire et indubitable de notre pensée et de notre action dans le monde. Elles ne sont pas l’objet de la connaissance, mais son fondement. Cette nouvelle traduction répond à l’intérêt croissant que suscite De la certitude dans le cadre d’une œuvre dont on mesure de mieux en mieux l’importance.

11. Gianni VATTIMO et Richard RORTY (2006) L’avenir de la religion, Fayard. (978-2227475380)

Présentation de l’éditeur

Qu’un philosophe catholique dissident comme Vattimo rencontre un philosophe résolument athée, tel Rorty, pour envisager l’avenir de la religion semble promettre un mélange détonant. L’un et l’autre, pourtant, qui représentent de puissants courants de sensibilité, ne pronostiquent pas la fin du christianisme, mais envisagent les voies d’un futur possible : la religion peut tenir un discours de faiblesse et accepter une part d’ironie qui va à l’encontre d’une dogmatique coupée de l’histoire effective pour sauver une tradition ; elle peut également, obéissant à la logique de la charité, ouvrir une perspective qui débouche sur l’impératif de la solidarité, et l’avenir de la religion cesse d’être cantonné au seul domaine des choix privés pour se maintenir sur le plan social et dans l’ordre des orientations politiques.

Biographie de l’auteur

Richard Rorty (1931), professeur de philosophie à l’Université de Virginie, est l’une des figures de proue du pragmatisme.
Gianni Vattimo (1936) enseigne la philosophie à l’Université de Turin, et il est chroniqueur à la Stampa ; il se rattache au courant de l’herméneutique.

Alain Le Metayer