Image montrant le cycle de la Lune

Lune et criminalité – Dossier de Hugo Deleglise

cortecs_hugo_delegliseHugo Deleglise, étudiant en L3 de Mathématiques et Informatique Appliquées aux Sciences Humaines et Sociales (MIASHS) à Montpellier, a réalisé un stage au CORTECS entre le 9 mai et le 17 juin 2016. Il avait pour objectif d’étudier l’éventuelle corrélation entre la pleine lune et la « violence ».

Ce sujet est un classique en zététique et a été largement traité en psychologie1, mais il me semblait, bien que je n’aie pas parcouru toute la littérature à ce sujet, que le traitement usuel de cette question ne prenait que rarement en compte les biais méthodologiques inhérents à la mesure de la violence, la délinquance, la criminalité. Ils sont pourtant fort nombreux2. J’ai donc confié à Hugo Deleglise la mission de s’approprier les critiques de la construction des chiffres de la délinquance, de faire une revue de littérature (loin d’être exhaustive vu le peu de temps dont il disposait) en repérant les biais éventuels contenus dans le choix des variables étudiées et enfin, d’étudier la corrélation (ou non) à Chicago entre la pleine lune et une variable mesurant la « violence » qu’il devait définir pour limiter autant que faire se peut les biais, en explicitant ses choix. Il s’agit d’un travail d’étudiant, mené sur un temps relativement court, mais c’est un travail de qualité. Pour le consulter, c’est ici.

 

 

couverture du livre

Recension – Tous les coups sont permis – de Mitterrand à Sarkozy, la violence en politique

couverture du livreLivre sympathique à lire, sur les grands combats entre individus lorgnant le pouvoir en France. Mitterrand – Chirac, Chirac – Balladur, Rocard – Mitterrand, Jospin – Fabius, Hollande – Royal, Sarkozy – De Villepin, etc. Hélas, un recours à la psychanalyse tout à fait désuet plombe un peu le propos.

Le constat est tout de même accablant : de ces grandes luttes, il n’y a rien, strictement rien qui relève du débat d’opinion, de l’expertise politique ou de joutes économétriques. Non, il s’agit de pure realpolitik, de jeux d’extermination où tous les coups sont permis. L’essentiel des personnages ont pour seul engagement un parti, choisi non pour ses valeurs, mais pour ses capacités à les mener au pouvoir. On ne lit aucune préoccupation du bien public ou du traitement des plus vulnérables de la société.  C’est la même froideur que l’on retrouve dans la mini-série « L’école du pouvoir », de Raoul Peck (2009), retraçant la promotion Voltaire de l’Ecole Nationale d’Administration ; la même incurie intellectuelle de l’ENA telle que montrée dans l’excellent livre Ubu Roi, d’Olivier Saby, déjà chroniqué ici.

 Seul bémol : plutôt que de contacter de vrais compétences pour l’analyse des caractères de ces tristes sires, les auteurs (Henri Vernet, du Parisien, et Renaud Dély, du Nouvel Observateur) passent par l’ « expertise » du psychanalyste Serge Hefez, à la grille d’analyse freudienne, ce qui fait passablement rigoler quand on connaît l’immense marais qu’est le freudisme.

Dans Le livre noir de la psychanalyse (Arènes, 2004), Borch-Jacobsen parle de la psychanalyse comme d’une théorie zéro, qui dit tout et rien. C’est criant ici.

Exemples.

  • p 16 : « Dans le jeu politique, le crime est permis ; on peut tuer, sauf qu’on ne tue pas vraiment, le crime est d’ordre du symbolique », comme le souligne Serge Hefez.

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  • p 48 « La rivalité entre frères pour accéder à la fonction paternelle, pour s’imposer en successeur du père, c’est classique, cela relève de l’émulation », décrypte le psychanalyste Serge Hefez.

(à propos de gens qui ne sont pas frères, et qui veulent arriver au poste de président, qui n’est pas une fonction paternelle)

Contenu de la phrase = 0

  • p 131-2 à propos de Rocard maltraité par Mitterrand. « L’intéressé se retrouva immédiatement dans une situation de sujétion d’autant plus terrible qu’elle n’était pas seulement institutionnelle, mais aussi psychologique, presque psychanalytique ». Ah bon ?

je ne sais pas la qualité des soins proposés par Serge Hefez. Mais la teneur de ses livres a le charme des théories mortes Dans La  Sarkose obsessionnelle, Hachette Littératures (2008), il affirme analyser le narcissisme de la société française à travers celui de Nicolas Sarkozy…

De quoi alimenter un bêtisier psychanalytique. Dommage.

Renaud Dély, Henri Vernet, Tous les coups sont permis – de Mitterrand à Sarkozy, la violence en politique, Calmann-Lévy (2011)

RM