Vidéo – Conférence « Croyance et raison : le problème de la démarcation »

Vidéo de la conférence « Croyance et raison : le problème de la démarcation », donnée le 12 janvier 2017 par Albin Guillaud et Ismaël Benslimane pour des enseignant·es de philosophie, dans le cadre du Plan académique de formation (rectorat de Lyon). La première partie est une introduction générale au problème, la seconde partie concerne les outils pédagogiques qui nous semblent pertinents pour parler de ces sujets.

 Cette conférence avait pour but d’introduire les différents outils et méthodes utilisés par le CorteX pour parler de science, de croyance, de matérialisme, du vrai/du faux, etc. Si vous êtes amené·e·s à faire des enseignements autour de la pensée critique, ce genre d’introduction nous semble essentiel avec un public lycéen ou étudiant afin de poursuivre, sur des bases solides, une réflexion sur les mécanismes à l’œuvre derrière certaines croyances (telles que les complotismes, les intrusions spiritualistes ou les théories controversées).

Pour approfondir après la conférence, vous trouverez ici des conseils d’ouvrages sur le sujet.

Conseils d'ouvrages en philosophie des sciences (Croyance et Raison : Le problème de la démarcation)

Suite à la conférence « Croyance et Raison : Le problème de la démarcation » (vidéo disponible ici), donnée le 12 janvier 2017 par Albin Guillaud et Ismaël Benslimane pour des enseignantes et enseignants de philosophie, voici quelques conseils d’ouvrages permettant à la fois de s’outiller pour aborder une épistémologie de terrain (différents usages du mot « science », affirmation de type scientifique, matérialisme en méthode, etc.), et de mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre derrières certaines croyances (complotismes, intrusions spiritualistes, théories controversées, etc.). Ce sont de précieux préalables à tout enseignement complet de la pensée critique avec un public lycéen ou étudiant.

 

Remarques

Comme de nombreux types de classification, les catégories de la présente bibliographie se recouvrent parfois. De nombreux ouvrages auraient donc pu être classés à plusieurs endroits différents. En outre, puisque la formation n’avait pas pour objet une introduction à la philosophie des sciences, nous n’avons pas fait figurer dans cette bibliographie les grands classiques sur le sujet (Popper, Duhem, Kuhn, etc.). Les commentaires entre parenthèses qui suivent certaines références sont les nôtres.

Bibliographie principale

Sur l’autodéfense intellectuelle et la zététique

  • Baillargeon Normand, Petit cours d’autodéfense intellectuelle, Montréal, Lux, 2006.
  • Broch Henri, L’art du doute ou Comment s’affranchir du prêt-à-penser, Valbonne, Éd. Book-e-book, 2008.
  • Broch Henri, Comment déjouer les pièges de l’information ou Les règles d’or de la zététique, Valbonne, Éd. Book-e-book, 2008.
  • Collectif CorteX (Saint-Martin d’Hères Isère), Esprit critique es-tu là ? : 30 activités zététiques pour aiguiser son esprit critique, Sophia-Antipolis, Éd. Book-e-book, 2013. Tout le matériel pédagogique contenu dans cet ouvrage se trouve ici
  • Pinsault Nicolas et Richard Monvoisin, Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les thérapies manuelles, Saint-Martin-d’Hères, PUG, 2014.
  • Monvoisin Richard, Pour une didactique de l’esprit critique – Zététique & utilisation des interstices pseudoscientifiques dans les médias, Didactique des disciplines scientifiques, Saint-Martin-d’Hères, Université Grenoble 1 – Joseph Fourier, 2007.
    Document qui contient plusieurs types de matériaux pédagogiques. Cette thèse est accessible en ligne ici.

Sur les processus d’influence et les techniques de manipulation

  • Beauvois Jean-Léon, Les influences sournoises : précis des manipulations ordinaires, Paris, François Bourin, coll. « Société », 2011.
  • Cialdini Robert B, Influence & manipulation, Paris, First, 2004.
  • Joule Robert-Vincent et Jean-Léon Beauvois, Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2014.
  • Milgram Stanley, Soumission à l’autorité un point de vue expérimental, Paris, Calmann-Lévy, 1984. (Ouvrage passionnant qui permet d’aller bien au-delà de ce que l’on peut apprendre de cette fameuse expérience par d’autres moyens. On apprendra par exemple que 20 conditions expérimentales différentes ont été réalisées et que les pré-tests effectués sans aucun rétrocontrôle conduisaient presque 100 % des sujets à aller jusqu’à 450 volts.)

Sur le paranormal et quelques théories controversées

  • Broch Henri, Gourous, sorciers et savants, Paris, Odile Jacob, 2007.
  • Charpak Georges et Henri Broch, Devenez sorciers, devenez savants, Paris, O. Jacob, 2003.
  • Broch Henri, Au cœur de l’extra-ordinaire, Sophia Antipolis (Alpes maritimes), Book-e-book, 2005. (Henri Broch s’est employé à l’approche scientifique des phénomènes réputés paranormaux et a utilisé ces mêmes phénomènes pour construire une initiation à la démarche scientifique tant dans son aspect constructif que sceptique.)

Plus de matériel sur ces thématiques dans la collection book-e-book : www.book-e-book.com

Sur la sociologie des croyances

  • Bronner Gérald, La démocratie des crédules, Paris, PUF, 2013.
    Origine du concept de « mille-feuille argumentatif ».
  • Bronner Gérald, La pensée extrême : comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques, Paris, Denoël, coll. « Denoël impacts », 2009. (Quelles sont les différences entre un collectionneur de timbre passionné, un culturiste et un fanatique religieux ? Il en existe de nombreuses, c’est évident. Cependant, il existe aussi des points communs dans le processus qui les a conduit à faire ce qu’ils font. C’est ce que démontre Gérald Bronner.)
  • Bronner Gérald, L’empire des croyances, 1re éd, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Sociologies », 2003.

Comprendre le « matérialisme en méthode »

  • Bunge Mario Augusto, Le matérialisme scientifique, Paris, Éd. Syllepse, 2008.
  • Charbonnat Pascal, Histoire des philosophies matérialistes, Paris, Éditions Kimé, 2013.
  • Dubessy Jean, Guillaume Lecointre et Jacques Bouveresse (éd.), Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences, Paris, Syllepse, 2001. (C’est dans cet ouvrage que Guillaume Lecointre explique en quoi l’absence de distinction entre les différents sens du mot « science » (communauté, connaissances, applications, démarche) peut conduire à jeter le bébé (la démarche) avec l’eau du bain (les problèmes liés à la communauté, à l’instabilité de certaines connaissances et aux applications des connaissances).)
  • Silberstein Marc, Matériaux philosophiques et scientifiques pour un matérialisme contemporain − Sciences, ontologie, épistémologie, Paris, Éd. Matériologiques, 2013. (Les deux premiers chapitres en particulier.)

Épistémologie

  • Chalmers Alan Francis et Michel Biezunski, Qu’est-ce que la science ? Récents développements en philosophie des sciences : Popper, Kuhn, Lakatos, Feyerabend, Paris, Librairie générale française, 1990.
  • Dubessy Jean, Guillaume Lecointre et Jacques Bouveresse (éd.), Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences, Paris, Syllepse, 2001.
  • Haack Susan, Defending science–within reason, Amherst, N.Y, Prometheus Books, 2007.
    Les citations utilisées pendant la présentation sont disponibles en français ici.
  • Laudan L, « The Demise of the Demarcation Problem », dans R.S. Cohen et L. Laudan (éd.), Physics, Philosophy and Psychoanalysis: Essays in Honour of Adolf Grünbaum, Dordrecht, Springer Netherlands, 1983, p. 111‑128.
  • Lecointre Guillaume, Les sciences face aux créationnismes : ré-expliciter le contrat méthodologique des chercheurs, Versailles, Quae, coll. « Sciences en question », 2012.
  • Piaget Jean, « La situation des sciences de l’homme dans le système des sciences », dans Épistémologie des sciences de l’homme, Saint-Amand, Gallimard, coll. « Idées », 1970, p. 15-130.
  • Piaget Jean, Sagesse et illusions de la philosophie, 1. éd, Paris, Pr. Univ. de France, coll. « Quadrige », no 139, 1992. (Piaget analyse dans ce livre le rapport entre la philosophie, la science et la question des faits.)
  • Pigliucci Massimo et Maarten Boudry (éd.), Philosophy of Pseudoscience : Reconsidering The Demarcation Problem, 1ere édition, Chicago, University of Chicago Press, 2013.
  • Raynaud Dominique, Qu’est-ce que la technologie ?, Éditions Matériologiques, Paris, 2015. (Dominique Raynaud réalise une analyse philosophique et empirique du rapport entre science et technologie en évitant les écueils technophiles et technophobes.)
  • Raynaud Dominique, La Sociologie et sa vocation scientifique, Hermann, 2006. (Ouvrage plutôt technique dans lequel Raynaud effectue une critique épistémologique et empirique de la thèse d’une épistémologie régionale de la sociologie. C’est aussi un des meilleurs argumentaires à notre connaissance en faveur d’un monisme épistémologique. Avec une approche différente et sur le même sujet on pourra lire le chapitre de l’ouvrage de Jean Piaget « La situation des sciences de l’homme dans le système des sciences » dans Épistémologie des sciences de l’homme (voir ci-dessus).)
  • Raynaud Dominique, Sociologie des controverses scientifiques, Presses universitaires de France, 2003. (Raynaud présente dans cet ouvrage ses études socio-historiques de trois controverses scientifiques : la controverse entre Pasteur et Pouchet sur la génération spontanée en biologie, la controverse entre organicisme et vitalisme en médecine, et la controverse entre extramissionnisme et intramissionnisme en optique. Il utilise ces trois études pour réaliser une analyse de la méta-controverse en sociologie des sciences qui porte, ironie du sort, sur la façon d’aborder les controverses scientifiques. Il s’agit de la controverse entre rationalisme et relativisme. L’auteur examine également en détail si oui ou non Duhem, Quine et Wittgenstein peuvent être utilisés pour justifier le programme relativiste. On trouvera également dans ce livre l’explication de la cohabitation possible entre certitude et perfectibilité en science, ainsi que la description du cadre au sein duquel se trouve réconciliés vérificationnisme et falsificationnisme. Un ouvrage incontournable qui se lit aisément.)
  • Sagan Carl, The demon-haunted world: science as a candle in the dark, 1. ed, New York, NY, Ballantine Books, coll. « The New York Times bestseller », 1997.
    La citation utilisée dans notre conférence se trouve en ligne ici (en français).
  • Sokal Alan D et Jean Bricmont, Pseudosciences et postmodernisme : adversaires ou compagnons de route ?, Paris, O. Jacob, 2005. (Surtout la préface de Jean Bricmont et l’appendice B de Sokal et Bricmont. C’est dans la préface que l’on trouvera l’utile distinction entre aspect affirmatif et aspect sceptique de la science. Dans l’appendice B, les auteurs font état de leur positionnement dans le débat entre réalisme vs. idéalisme et sollipsisme, et entre réalisme scientifique vs. instrumentalisme. Le propos est d’une grande clarté.)
  • Sokal Alan D et Jean Bricmont, Impostures intellectuelles, Paris, O. Jacob, 1997. (Ouvrage qui a marqué les esprits. Concernant le propos de Bricmont, on peut écouter les présentations suivantes :

Bibliographie complémentaire

  • Bouveresse Jacques, Prodiges et vertiges de l’analogie : de l’abus des belles-lettres dans la pensée, Paris, Raisons d’agir : Diffusion Le Seuil, 1999.
    Cet ouvrage de Bouveresse a fait suite à Impostures intellectuelles de Sokal et Bricmont.
  • Bunge Mario, Evaluating Philosophies, Dordrecht, Springer Netherlands, 2012. (Bunge défend dans cet ouvrage une thèse originale : il est possible d’évaluer une philosophie à l’aune de sa capacité à permettre des progrès dans la connaissance du monde et en matière morale.)
  • Bunge Mario, Épistémologie, traduit par H. Donadieu, Maloine, Paris, 1983.
  • Harris Sam, The Moral Landscape, How Science Can Determine Human Values, Free Press, New York, 2010.

Pour approfondir certaines notions

Vidéo – Disputatio n°1 – L'art du débat rationnel

Vous qui aimez la réflexion critique, et en avez marre des débats stériles boursouflés d’arguments fallacieux, découvrez la DISPUTATIO. L’art de la dispute mêlant humour, rationalité et enjeux de société ! Pensée par Richard Monvoisin et Raul Magni Berton, cette dispute scolastique a pris corps avec la contribution de Nicolas Vivant, François Blaire, Clara Egger et Ismaël Benslimane.

Le prototype de la disputatio a été pensé il y a un an maintenant, entre Richard, Clara et Ismaël : comment traiter rationnellement, sans sophisme un raisonnement contradictoire bipartite, tout en permettant au public de se former un peu aux entourloupes rhétoriques ? Le format dit « à l’américaine » de 20 minutes d’exposé chacun, puis 10 minutes de réponses pour chaque partie, nous paraissait adéquat, ayant pu voir des Dawkins, des Shermer ou d’autres ferrailler dans ce format avec des théologiens.

Nous avions dans l’idée de traiter des sujets relativement intemporels, comme pénalisation ou libéralisation de la prostitution, afin de fouiller où ça fait mal, mais sans urgence sociale. C’était sans compter sur notre collègue Raul, expert des questions de référendums d’initiative populaire, et sur le contexte grenoblois assez particulier – la Mairie actuelle mêlant un rassemblement citoyen Front de Gauche / Verts unique en France pour une ville dépassant les 100 000 habitants, et ayant justement promis dans sa campagne des processus référendaires. Or le calendrier présentait justement une votation populaire, en ce début d’octobre 2016 : le CLUQ (comité de liaison des unions de quartier) contestait et demandait l’abrogation de la loi régissant le stationnement à Grenoble, laquelle avait été récemment votée, mais sans, dixit le CLUQ, la concertation avec les citoyens pourtant promise.

Alors voici ce que nous avons fait.

Nous avons « dégigogné » les questions imbriquées, afin d’éviter des plurium, ce qui nous a donné un canevas de trois niveaux de discussion auxquels devaient se référer les confériencier.es. Nous avons remis à jour notre légendaire liste d’arguments moisis (voir ici), et nous l’avons photocopiée pour le public, puis avons réservé l’amphithéâtre Weil du campus de l’Université Grenoble-Alpes, gracieusement prêté par la présidence. Nous avons invité le CLUQ, qui a dépêché deux personnes, et la Ville, qui fit de même. Nous avons calé cet événement à la suite du cours zététique & autodéfense intellectuelle, afin de permettre aux étudiants d’y assister facilement malgré l’heure, et la municipalité de Grenoble nous a aimablement dépêché un petit buffet pour que les étudiants ne meurent pas de faim en enchaînant les deux temps.

Le plan du soir fut celui-ci :

  • présentation du dispositif d’initiative populaire
  • introduction sur les sophismes et argumentaires fallacieux classiques
  • puis 20/20/10/10 : tirage au sort de la partie qui commence, puis 20 mn de présentation pour chaque partie, puis 10mn de réponses aux arguments de la partie adverse
  • système d’arbitrage : deux juges de touche ont la possibilité d’arrêter le débat si une entourloupe argumentative est déployée.
  • vérification par les faits (fact checking) : en cas d’utilisation d’une donnée chiffrée, possibilité de vérifier en direct la valeur de la donnée
  • puis le public pourra transmettre ses propres questions.

Voici le résultat.

Vidéo en haute qualité disponible en téléchargement ici.

Le prototype a eu quelques défauts sur lesquels nous reviendrons, mais un certain nombre de qualités, dont l’une non des moindres de permettre le débat le plus assaini sur le sujet depuis la campagne de protestation du CLUQ. C’est déjà ça. Jugez sur pièces.

Site web Sci-hub.io

Sci-hub : siteweb pirate de partage des publications scientifiques

Site web Sci-hub.ioDepuis longtemps au CORTECS, nous critiquons le système de publications scientifiques privatifs, véritable expropriation de la recherche publique dans bien des cas (1). Dans cette optique, nous essayons de soutenir et relayer les initiatives qui participent de cette critique.

Or récemment, un tremblement de terre dans le monde de l’édition scientifique vient de se produire suite à la réouverture (2) du site web sci-hub (3). Tout comme le site web similaire libgen.io,  le site pirate sci-hub.cc (3) fut créé par des activistes qui ont décidé « de supprimer toutes les entraves aux chemins de la connaissance » en mettant à disposition du plus grand nombre, et de manière gratuite, des millions d’articles scientifiques qui sont habituellement inaccessibles à celles et ceux qui ne peuvent se permettre de payer une trentaine d’euros (par article) pour les visualiser, entre autres lorsqu’on n’est ni chercheur, ni étudiant au sein d’une université qui s’est abonnée à ces revues privées sur des fonds publics.

Soutenant cette démarche, qui est peut-être illégale, mais selon nous fort légitime, nous tenions à la partager. Et qui sait, peut-être que cela participera au succès de futures investigations critiques…

(1) Pour approfondir la question, on peut lire Main basse sur la science publique : le «coût de génie» de l’édition scientifique privée, de Bruno Moullia & al, ainsi que Recherche publique, revues privées, de Richard Monvoisin, dans Le monde diplomatique, décembre 2012.

(2) Ce site fut précédemment fermé suite à une plainte de l’éditeur Elsevier, éditeur que le Cortecs boycott pour ses pratiques commerciales scandaleuses (voir l’article : Le coût de la connaissance – Boycott d’Elsevier).

(3) Site accessible par les adresses : sci-hub.cc, sci-hub.bz, sci-hub.ac ou par le réseau Tor : scihub22266oqcxt.onion ou directement avec l’adresse IP : 80.82.77.83

Audio – L'État d'urgence : une mesure inutile et contre-productive. Par C. Egger

À la question d’une journaliste de la BBC demandant jusqu’à quand l’état d’urgence sera prolongé ? Le premier ministre français Manuel Valls répondait le vendredi 22 janvier depuis Davos (Suisse): « Le temps nécessaire. Nous ne pouvons pas vivre tout le temps avec l’état d’urgence. Mais tant que la menace est là, nous pouvons utiliser tous les moyens ». « Cela peut être pour toujours ? » relançait l’intervieweuse. « Jusqu’à ce qu’on puisse, évidemment, en finir avec Daech », déclarait alors le chef du gouvernement. 1

L’état d’urgence se justifierait donc, selon le chef du gouvernement par la réponse à une menace sans précédent et viserait à doter le gouvernement de tous les moyens nécessaires pour y mettre un terme. Convié à discuter de l’efficacité de l’état d’urgence pour répondre au risque d’attentats sur sol français, le CORTECS s’est proposé via notre politiste, Clara Egger, de soumettre à l’épreuve des faits les arguments du gouvernement français.

Dans un exposé de 25 minutes, en trois parties, C. Egger détaille l’histoire de l’utilisation de l’état d’urgence, et apporte des éléments d’évaluation de son efficacité face aux deux types d’ennemis qu’il cible : l’État islamique d’une part et les jeunes radicalisés de l’autre. 

Enregistrement effectué lors de la conférence : « État d’urgence : une nécessité », mardi 9 février 2016 à la maison des avocats.

Télécharger là.

Pour poursuivre la discussion, voici deux autres mini-conférences de C. Egger :

Projet de loi Renseignement, légaliser la surveillance totale ? Non !

Le CORTECS dénonce le projet de loi Renseignement

Gif animé : Projet de loi RenseignementCar la pensée critique ne peut s’exercer sans liberté de critiquer et sans craindre d’être surveillé pour ces raisons, le CORTECS relaie l’appel au respect des libertés fondamentales et dénonce la loi sur le Renseignement.

Cette loi fait monter d’un cran la surveillance généralisée en imposant, entre autres, aux fournisseurs d’accès Internet de laisser les services de renseignements de l’État installer des « boites noires » permettant d’écouter toutes les communications de tou·e·s les abonné·e·s : des écoutes comme la NSA mais « officielles ». Cette loi est une atteinte à la liberté et elle va même à l’encontre de l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (et de la femme ?) :

Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.

 
Cette loi étend le champ d’action du renseignement intérieur et extérieur, y compris dans des objectifs sans aucun lien avec le terrorisme. En effet, elle permet une collecte généralisée des données sur Internet (traitées par des algorithmes) et une conservation très longue de celles-ci. Cette loi risque d’être inefficace vis à vis de son but premier étant donné qu’elle n’a aucun effet sur les communications qui passent par l’étranger (cas des serveurs installés à l’étranger et utilisés par des ressortissants Français). Le plus important est peut-être le contrôle par les services de renseignement aux seules mains du pouvoir législatif (premier ministre), avec avis consultatif d’une commission, mais sans passer par le pouvoir judiciaire.

Cette loi doit être votée le 5 mai 2015. Plus d’infos ici : http://sous-surveillance.fr/

 

Vidéo – Science et liberté d’expression : de Voltaire à Chomsky, avec le physicien et essayiste Jean Bricmont

Souvenez-vous : menaces de sabotage, tentatives d’intimidation, requête pour annulation auprès des instances universitaires… Voici enfin en ligne la plus orageuse de toutes les conférences du CORTECS : Science et liberté d’expression : de Voltaire à Chomsky, par le physicien et essayiste Jean Bricmont, réalisée le 1er avril 2015 à l’université de Grenoble dans le cadre du cycle présenté par le CORTECS « Connaissances censurées ? Sciences et liberté d’expression ».  Pourtant, si vous cherchez du soufre, du sang et du négationnisme, vous risquez d’être déçus. Mais au moins, contrairement à certains contempteurs, vous pourrez juger les propos de J. Bricmont sur pièces et non sur fantasme.

Vidéos

L’exposé examine les limites imposées à la liberté d’expression en France. Il questionnera la pertinence des lois réprimant l’incitation à la haine et la négation de l’histoire, et leur pertinence dans ce qu’elles sont censées combattre. Sera montré au moyen d’exemples que ces lois mènent à un certain arbitraire dans leur application concrète. La philosophie de l’exposé s’inspire de l’idée suivante : la réponse aux « discours de haine » se fera par plus de discours, pas par moins.

Première partie : conférence

Pour télécharger : clique droit sur la vidéo.

Seconde partie : débat

Pour télécharger : clique droit sur la vidéo.

Pour des commentaires de l’intervenant lui-même sur cette conférence, vous pouvez regarder ici.

Bibliographie

CorteX_Bricmont_Republique_censeurs

La République des censeurs de Jean Bricmont, édition de l’Herne (2014).

Tu crois que ma vie va chahger ? Je ne sais pas… Faut voir les sondages…

Sondage : 63% des Français pour une limitation des libertés individuelles ! Et vous ?

Le 13 avril 2015, l’institut de sondage CSA publiait un sondage pour le site Atlantico.fr intitulé « Les Français et le projet de loi relatif au renseignement ». La plupart des médias des grands groupes de presse 2 relayèrent l’information avec pour titre « Loi renseignement : 63% des Français favorables à une limitation des libertés ». Au CORTECS, nous avons l’habitude d’être plutôt méfiants face aux sondages d’opinions tant l’art du sondage est délicat. Nous relayons donc ici une rapide analyse effectuée par l’équipe de Là-bas si j’y suis suivi d’un court et amusant reportage d’Anaëlle Verzaux et de Gaylord Van Wymeersch dans les rues de Paris et initialement publié ici.

Nous profitons de cet article pour relayer un appel au respect des libertés fondamentales et contre la nouvelle loi sur le renseignement car la pensée critique ne peut s’exercer sans liberté de critiquer et sans craindre d’être surveillé pour ces raisons. Lire la suite ici.

LOI SUR LE RENSEIGNEMENT, DES SONDAGES COUSUS DE FILS BLANCS

Le jeudi 30 avril 2015

Une loi liberticide, un « Patriot act » à la française, une
surveillance de masse sans précédent… Non, la « loi pour le
Renseignement » qui doit être votée le 5 mai ne fait pas vraiment
l’unanimité. Pour comprendre, nous avons réuni cinq intervenants qui,
chacun dans son domaine, condamnent cette loi sécuritaire, Justice,
Police, Média, Syndicat, Internet : « Si t’as rien à te reprocher, t’as pas peur d’être surveillé ».

Pourtant, selon les médias, cette loi a le soutien de l’opinion.
D’après un sondage de l’institut CSA de la mi-avril, 63% des Français y
sont favorables. Le chiffre est repris partout. Un excellent argument
pour le gouvernement face à ses contestataires : les Verts, la gauche,
la droite, la droite extrême, les militants politiques et syndicaux, les
défenseurs des Droits, y compris la CNIL…
Alors ?

Alors regardons d’un peu plus près ces sondages. C’est facile, ils sont publiés sur le site de l’Institut CSA :

Question : Avez-vous entendu parlé de ce projet de loi ?

Réponse 1 – Non, je n’en ai pas entendu parlé : 27 %
Réponse 2 – Oui, mais je ne vois pas de quoi il s’agit : 40%
Donc, total des personnes qui n’y comprennent rien : 67%

À quoi s’ajoutent 5% qui sont sans opinion : 5%

Soit au total, ignorants, indifférents, incompétents : 72% !

Restent les « Oui, je vois bien de quoi il s’agit » : 28%

Question : Combien parmi ceux là sont favorables à la loi ?

Réponse : On ne sait pas

Question : D’où vient l’affirmation « 63% des Français sont
favorables à une limitation des libertés individuelles pour lutter
contre le terrorisme » ?

Réponse : C’est un gros bobard.*

Pas besoin d’être un grand de l’investigation pour le débusquer.
Abuser de la confiance, jouer sur les mots et sur les émotions avec
autorité. Manipuler l’opinion est une vieille coutume.* Ça ne marche pas toujours, heureusement. La preuve ce reportage d’Anaëlle VERZAUX et de Gaylord VAN WYMEERSCH dans les rues de Paris : SOURIEZ VOUS ÊTES SURVEILLÉS (8’34)

* Note du CORTECS : pour être plus précis, on peut dire que cette information est trompeuse étant donné qu’affirmer la faveur d’une personne à « la limitation des libertés individuelles pour lutter contre le terrorisme », si cette même personne n’est pas informée des dispositions relatives à cette limitation, n’a tout simplement aucun sens et est dangereusement manipulatoire.)

Cycle : « Connaissances censurées ? Sciences et liberté d'expression »

Vidéos des conférences disponibles en fin d’articles

Connaissances censurées ?

Sciences et liberté d’expression

Les mercredis 25 février, 4 mars, 11 mars, 25 mars et 1 avril

Cycle de 5 projections/débats avec : l’équipe du Cortecs, l’ombre de Lazarus (Patric Jean), Sophie Robert, Denis Robert et Jean Bricmont. (Grenoble)

Connaissances censurées ?

Des mises à l’index par l’Église à l’abbé Bethléem condamnant les outrages aux bonnes mœurs, la censure a mis un certain nombre de coups de ciseaux dans la connaissance.

Au XXIe siècle, la censure n’existe-t-elle donc plus en France ? À voir ! Quelques personnes, journalistes, documentaristes ou penseurs en ont fait les frais ces derniers temps. Entre délit d’opinion et prémisse de « science officielle », analysons de près ces censures modernes et regardons ce qu’elles ont à nous apprendre sur nos institutions. 

Entrée libre et gratuite

Programme

Mercredi 25 février 2015

Mercredi 4 mars 2015

Mercredi 11 mars 2015

Mercredi 25 mars 2015

Mercredi 1er avril 2015

  • 13h-13h30 : Le délit d’opinion et la liberté d’expression en France, avec le physicien et essayiste Jean Bricmont. 
    Auditorium B.U. de Sciences

Lieux

  1. Auditorium de la Bibliothèque Universitaire de Sciences (B.U. de Sciences)
  2. Maison des Sciences de l’Homme-Alpes (MSH)
  3. Amphi Weil

Plan cycle connaissances censurées

Télécharger les affiches pour les coller chez vos voisins grincheux :

Vidéos des conférences