26 avril 2011, Chamonix – Conférence Guillemette Reviron aux JIES

Le groupe TRACES, Théories et réflexions sur l’apprendre, la communication et l’éducation scientifiques, organise les 31 èmes Journées Internationales de l’Education Scientifique sur L’idée de Nature dans l’éducation et la médiation scientifique.

Ca se passe à Chamonix du Lundi 25 Avril au Jeudi 28 Avril 2011 et cela s’adresse à tous les animateurs, chercheurs, médiateurs, journalistes, enseignants, formateurs, élus… qui ont envie de partager et confronter leurs visions de la Nature

Guillemette Reviron, membre du Cortecs, y intervient pour une conférence plénière le Mardi 26 Avril à 16h45 :
Le concept de nature, un pilier des argumentaires pseudo-scientifiques
 
 Après avoir analysé les différentes définitions du mot Nature telles qu’on les trouve abondamment dans les médias grand public ou les publicités, nous montrerons que les représentations qu’elles créent dans l’esprit du public se retrouvent non seulement dans certaines adhésions pseudo-scientifiques, mais surtout dans des catégorisations sociales dites « essentialistes », où est postulée la « nature », l' »essence » d’un individu pour le classer selon des critères racialistes ou sexistes. Des thérapies « naturelles » au retour vers la « nature », de la nature de l’espèce humaine à l’essence de la féminité, nous verrons ainsi en quoi les concepts « naturels » sont des supports à des représentations scientifiquement fausses ou discutables, mais également vecteurs de certaines idéologies qu’on penserait disparues.

Nos exemples et nos matériaux seront tirés essentiellement de média et de publicités, vecteurs importants de la transmission de certaines idées reçues sur la nature, et nous nous demanderons si ce sont ces idées reçues qui alimentent les idéologies, ou les idéologies sous-jacentes qui assurent le succès des réclames. Notre conférence, ciblée sur des connaissances grand public a priori non scientifique (éducation populaire ou étudiants en début de parcours), se veut directement transposable à tout public, et proposera une gamme d’outils critiques scientifiques pour soulever le questionnement dans plusieurs situations.

Vous pouvez consulter le programme et les informations pratiques ici.

alt

Psychologie – Brigitte Axelrad traduite en anglais

altCe dernier ouvrage a conquis la British False Memory Society (BFMS) qui a proposé à l’amie Brigitte de le faire traduire, en y ajoutant un complément par rapport au bouquin en français, limité en caractères. Et c’est chose faite ! Voici donc la créature, 94 pages, initulé The Ravages of false memory – or manipulated memory.
.
Puisse ce livre contribuer à couper l’herbe sous le pied des dérapeutes asservissants leurs patients par des techniques sans fondement.

 

  • Editeur : BFMS (9 avril 2011)
  • ISBN-10: 0955518423
  • ISBN-13: 978-0955518423
  • Prix : 10,78 euros

Richard Monvoisin

 

21 avril 2011 Grenoble – Zététique & autodéfense intellectuelle au CLEPT

Zététique, critique des média ont été les deux thèmes centraux abordés (voir ci-dessous). Cela s’est passé au CLEPT du lycée Mounier (lycée en lutte contre sa destruction, voir ici) dans le cadre de la semaine extraordinaire, sous l’impulsion de Dominique Bocher et de Thomas Antoine.

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le paranormal !

On se plaint souvent que les scientifiques ne se penchent pas sur les phénomènes étranges, paranormaux, ou mystérieux. Pourtant, il existe des chercheurs qui s’intéressent à ces questions, de la manière la plus sérieuse possible.
Premier objectif : savoir ce qu’il y a derrière les croyances, que ce soient les fantômes, le yéti, les guérisons miraculeuses, les rêves prémonitoires, les barreurs de feu, l’hypnose ou les combustions humaines « spontanées ».
Second objectif : comprendre pourquoi on a tant envie de croire, même quand parfois ça sent l’arnaque et la manipulation.
La méthode que Richard Monvoisin utilise avec ses collègues est entre autres la zététique, c’est-à-dire la science, mais appliquée à l’étrange.
Le but ultime ? Faire en sorte que dans le domaine des croyances, chacun puisse faire ses choix en connaissance de cause, sache chercher l’information complète, et que personne ne se fasse avoir, manipuler, risquer sa santé ou sa vie.
De l’auto-défense intellectuelle, en quelque sorte.

 
Note : cette conférence a donné lieu à l’ouverture d’un atelier Zététique au CLEPT en septembre 2011 (voir ici)

 

alt

10 et 11 mai 2011 Grenoble – Soutenances Zététique & autodéfense intellectuelle, saison 12

Les soutenances sont publiques, moyennant discrétion, car elles se déroulent devant un jury.
Voici le programme.

Mardi 10 mai 2011, amphi F

  • 16h15 La kinésiologie : protocole expérimental

Madelon Alexia, Mourier Amélie, Pelloux Alizée & Tournier Julien

  • 16h45 L’agriculture biodynamique, des légumes sains dans un champ sain ?

Barrand Chloé, Dalban-Pilon Coralie & Decker Manon

  • 17h15 Powerbalance vs Zététique – protocole expérimental autour du bracelet d’équilibre

Cambon Delavalette Victor, Gilardy Hugo, Martineau Killian, Poulin Vivian & Wünsche Anaël

  • 17h45 Influence d’un terme scientifique sur notre jugement – le MDHO

Carel Thibault, Cattel Dorian, Coste Emilie, Herment Laura & Pardo Julie

  • 18h15 Influence de la pleine lune : y a-t-il des pics de crimes les nuits de pleine lune ?

Barrau Clara, Gentil Solène, Tudo Charles, Vallet Emmanuelle & Victorion Thomas

  • 18h45 Le triangle de la Burle

Charlon Laura, Fortecoef Elena, Garrione Mathilde, Gueret Robin, Koyoudjan Amélie & Lacroix Juliette

  • 19h15 La combustion humaine spontanée – L’auto-combustion humaine

Belin Mégane, Crottet Cécile & De Witt Clément
 
Mercredi 11 mai 2011, amphi F
 

  • 16h30 Médias : vecteur ou sculpteur de l’information… exemple de Fukushima

Delubac Dorian, Felix-Faure Jim & Perrigault Brian + Morisseau Nicolas

  • 17h Impact du détournement d’attention : êtes-vous si observateur que vous le prétendiez ?

Builly Anaïs, Gozel Bülent, Royer Emilie, Tressol Florian & Veyret Thibault

  • 17h30 « Mens-moi si tu peux » : la détection des mensonges dans « Lie to me » est-elle valide ?

Alberti Céline, Arthaud Christopher, Ballet Sandrine & Lecollier Louis

  • 18h Les préjugés sur les Noirs et Arabes relèvent-ils de la science ?

Baffou Thibault, Billat Anne, Chaudier Ludivine, Naanani Soumaya & Rey Candice

  • 18h30 Analyse d’une information télévisée sur TF1, France 3 et M6

Brachet Lucie, Boucher Simon, Caputo Martin, Leiser Ingrid & Richard Julien

  • 19h Les professionnels de santé confrontés à la réalité scientifique de l’homéopathie

Bellot Jimmy, Bocquet Alexandre, Gachet Alexiles, Rhone Simon & Schulz Alexis.
 
 
Pour se rendre au bâtiment F du DLST (ancien DSU) :c’est le petit rectangle vert tout seul
alt
 
Si vous êtes en retard, entrez par le haut de l’amphi, merci.

RM

alt

Avril 2011 Le CorteX sur Hoaxbuster (Richard Monvoisin)

altMembre fondateur du Cortex (partenaire HB), docteur en didactique des sciences, chercheur associé au laboratoire Zététique, il enseigne depuis 2004 la pensée critique à l’Université de Grenoble. En clair : avec un cursus en physique, chimie et philosophie, Richard décortique les pseudo-sciences et nous invite à aiguiser notre esprit critique.

Bonjour Richard, peux-tu brièvement te présenter et nous expliquer ce qu’est la Zététique ?
 
Je m’appelle Richard, j’ai 34 ans, je suis spécialisé dans l’étude scientifique du « paranormal », et l’analyse des théories et des croyances les plus bizarres.
Vous voulez toute l’histoire ? Tout a démarré vers l’âge de 13-14 ans : j’étais persuadé qu’il y avait une autre réalité, et que pour y accéder il fallait des techniques plus ou moins ésotériques, plus ou moins aventureuses : l’hypnose, la méditation, les drogues, la recherche de signaux de l’espace, la fréquentation de gens ayant des « dons ». J’ai tout essayé, même hypnotiser mon chat.Je n’étais pas mauvais pour apprendre tout seul ; le seul domaine où j’avais vraiment besoin d’aide était la science, avec son formalisme et ses équations. Alors j’ai fait de la physique, avec à l’esprit l’idée de trouver la réponse à toutes les interrogations qui, je l’apprendrai plus tard, taraudent pas mal de monde : pourquoi suis-je là, à cette époque, pourquoi moi, quel est mon destin, etc. ?
Lors de mes études en sciences physiques,  je continue néanmoins à lire des bouquins bizarres, notamment ces deux-là : L’herbe du diable et la petite fumée (Carlos Castaneda), et Histoire naturelle du surnaturel (Lyall Watson). Jusqu’au jour où j’ouvre par inadvertance Le paranormal, bouquin signé par celui qui deviendra mon directeur, Henri Broch. J’ouvre la page qui concernait les « pierres champignons » du Mexique, dont parlait Watson, et me prends une superbe baffe ! Sans rentrer dans le détail, j’ai vécu une vraie leçon de science. Je me rends compte alors que ces sujets de connaissances ésotériques ou paranormaux nécessitent autant de rigueur que les autres.
J’oublierai cette rencontre avec la zététique (« méthode dont on se sert pour pénétrer la raison des choses » selon le Littré, et devenue sous la plume de Henri « méthode d’investigation scientifique des phénomènes réputés paranormaux ») jusqu’en 1998 où je fais un DEA en didactique des sciences / épistémologie. J’ai alors contacté le laboratoire Zététique (LZ) pour demander s’ils avaient déjà accueilli des thésards sur la question, Henri Broch me répond que je suis le bienvenu et en 2003 je commence mon doctorat.
Quel a été ton rôle au sein de cette communauté  Zététique et de combien de phénomènes paranormaux as-tu été le témoin ?
 
 Dans le monde de la zététique, il y a un seul et unique laboratoire universitaire, à Nice, dont je suis chercheur associé. Mais gravitent plus ou moins près des associations, dont la plus active est probablement l’Observatoire Zététique (OZ), à Grenoble. Créée en 2003, l’idée était de rompre un peu avec le ton cassant que beaucoup de sceptiques avaient vis-à-vis des défenseurs des thèses bizarres. Nous voulions tester des allégations paranormales mais rester courtois avec les gens et diffuser l’esprit critique et la vigilance vis-à-vis de sirènes parfois trop belles. J’ai été secrétaire de cette association, au départ.
Ai-je été témoin de phénomènes paranormaux ? Impossible de répondre à cela, tout dépend de ce qu’on entend par « paranormal ». Ai-je vu des choses bizarres ? Oui. Même à jeun 🙂
Mais je me méfie de mon expérience personnelle, car je sais que mes sens, mes perceptions, mes témoignages, mes souvenirs même peuvent largement me tromper. Et puis je suis très circonspect sur les coïncidences bizarres par exemple. On en vit tous. Elles sont un peu comme le Loto : gagner le gros lot nous parait miraculeux, alors qu’il n’était pas miraculeux que quelqu’un gagne.
Tout ce que j’ai pu voir ou vivre d’étrange pouvait s’expliquer par d’autres raisons que paranormales. Il y avait toujours une explication plus simple pour expliquer la chose. Mais je ne suis peut-être pas au bout de mes surprises, et entre nous, j’aimerais bien observer quelque chose d’inconnu.
Quel constat fais-tu aujourd’hui sur la rigueur scientifique et journalistique ?
 
 La question est bien posée je trouve, car la mécanique est sensiblement la même : une info journalistique doit pouvoir se vendre, car elle est une denrée commerciale. Pour se vendre, elle doit être choisie, elle doit être proche du vécu des gens, doit se mettre en scène, avoir des mots-clés, une image qui « claque », et flatter une idée reçue. Pire, elle doit être fraîche, comme du poisson sur les étals. Alors on n’a plus le temps de vérifier les sources. A part du très rare journalisme d’investigation, forcément plus lent, l’information journalistique est devenue un marché atroce.
En science, j’ai découvert durant ma thèse que c’est pratiquement la même chose : pour pouvoir être financé, un scientifique doit être publié, donc doit jouer des coudes et surtout présenter une info, une trouvaille, qui soit « vendeuse » pour la revue, en terme d’espoir que la découverte peut donner, ou en terme de polémique. Une fois que la publication est passée, c’est au tour des médias de vulgarisation de se jeter dessus, de l’assaisonner, de la digérer, et de la mettre en scène. Ce qu’il en reste à la fin est un objet manufacturé, façonné, qui n’a plus grand chose à voir avec la trouvaille de départ. Et la sauce à laquelle on finit par passer la nouvelle est très souvent « paranormaliste », mystérieuse, ou sur le thème de l’énigme, quitte à entretenir des idées fausses, mais dont on sait qu’elles font de l’audience.
La zététique, comme méthode pour farfouiller des théories étranges, est très efficace dans les deux cas : elle encourage à la rigueur dans les affirmations, à la précision, à réduire au maximum la subjectivité. J’y ai trouvé une méthode d’autodéfense intellectuelle, comme dit Chomsky, une méthode enseignable facilement.
Les pseudo-sciences sont-elles appréhendées différemment d’un continent ou d’un pays à l’autre ? Le réseau Zététique se limite-t-il à la France ?

Pour savoir ce qu’il se passe précisément sur le plan des croyances dans un pays, il faut y vivre, pénétrer la langue. Je n’ai donc qu’un avis « de surface ».
Le point commun que je retrouve partout, Amérique, Afrique, Europe, est celui-ci : les croyances de type « pseudo-scientifiques » naissent toujours d’un besoin intime. D’une quête de sens métaphysique ou politique, de la perte d’un être cher, d’une maladie vécue comme injuste, la croyance vient servir de béquille. C’est pour cela qu’il faut à tout prix éviter de shooter dans cet appui, au risque de déstabiliser grandement la personne.
Il y a bien quelques différences, mais qui sont dues au contexte économique ou culturel : de part la religiosité, il est plus difficile d’analyser des miracles en Italie ou en Espagne qu’en France, par exemple. Il est plus délicat de critiquer les créationnismes dans les pays fortement chrétiens comme en Amérique du Nord ou dans les pays très islamiques qu’en France. Il est plus compliqué de critiquer des thérapies de marabouts ou de karamokos au Sénégal ou en Guinée-Conakry qu’en France, car ce sont des thérapies populaires – au sens de peu onéreuses. A l’inverse, il est plus difficile de critiquer la psychanalyse en France qu’ailleurs. Il y a même en France des sujets qu’il est plus difficile d’aborder à l’Est qu’à l’Ouest, comme les barreurs ou coupeurs de feu, qui ont le « secret ».
J’espère que dans le réseau CorteX naissant, on retrouvera la diversité propre à chaque pays. Nous avons déjà quelques collaborateurs belges, québécois, ou sénégalais par exemple.
Peux-tu nous donner quelques exemples de sophismes (raisonnements incorrects) largement répandus ?

Bon, j’en prends deux parmi les pires. Un qu’on fait parfois tout seul et un autre qu’on nous inflige dans les débats.
Le premier consiste à penser qu’une chose venant après une autre, on à l’impression que la 1ère est la cause de la 2ème. Un exemple pas grave : j’éternue, et hop, l’ampoule de la lampe grille ! On sera surpris, mais on ne sera pas nombreux à faire un lien causal entre les deux. Un exemple plus grave : je suis une thérapie contre un cancer, un jour je vais voir un thérapeute qui me fait des passes magnétiques, et quelques temps après, je guéris. J’aurais envie, très envie de penser que c’est non par le traitement médical, mais grâce à ces passes magnétiques que je dois ma guérison. Mais s’il y a rechute, la tendance sera forte de se tourner exclusivement vers ce qui nous semble avoir été la cause de notre guérison. Et si la cause n’était pas réelle, la mort peut nous attendre au bout. Cette erreur de corrélation, on l’appelle le Post Hoc (raccourci de Post hoc ergo propter hoc, en latin juste après, donc conséquence de).
Le second sophisme, très pénible dans les discussions, est appelée technique de l’épouvantail. En gros, ton interlocuteur va grimer ton propos, te faire dire quelque chose de très différent de ce que tu as vraiment dit, faire une copie grossière, puis va tourner en ridicule cette copie, pour finalement affirmer… qu’il a forcément raison. Ça c’est très exaspérant ! Moi je vois rouge quand on me fait ça.
Quel est pour toi l’intérêt d’une démarche sceptique ?

Je pense qu’une certaine éducation à la pensée critique est primordiale, pour tous. Elle permet de ne pas tomber dans les arnaques commerciales ou publicitaires, de ne pas verser dans les lieux communs comme les préjugés raciaux ou sexistes, elle te donne des moyens d’éviter les aliénations mentales et les dérives sectaires, elle te permet de faire tes choix en connaissance de cause. Je me fiche royalement de ce que les gens autour de moi choisissent comme thérapie, même les plus saugrenues, si je sais qu’ils ont eu toute l’information disponible et contradictoire sur le sujet.
En ce sens, alors oui, la pensée critique rend plus exigeant en terme d’information. Le public est moins prompt à obéir, à gober les journaux télévisés, à suivre les modes. L’esprit critique permet de poser rationnellement les arguments et de les soupeser, de faire des choix plus éclairés. On est moins à la merci des préjugés, des publicités mensongères, des lieux communs, que ce soit chez le garagiste, le médecin ou le député. Il y a un peu d’émancipation là-dedans, et si on appelle progrès la diminution de la souffrance générale, cela permet un progrès social indéniable.
Le créationnisme est en pleine expansion outre-Atlantique, penses-tu que le phénomène puisse se diffuser en Europe ? Faut-il l’enseigner au même titre que la théorie de l’évolution ?

Il se diffuse déjà en Europe, au Royaume-Uni, en Espagne, et même en France, sous une version qui tente de passer pour scientifique (l’Intelligent Design). Il est évident qu’il suit de près les pratiques religieuses des gens.
Le créationnisme, qu’il soit chrétien, musulman ou juif, est une manière d’expliquer le monde par un Dieu, et selon les textes sacrés. Chacun est bien sûr libre de croire en ce qu’il souhaite. Par contre, si l’objectif de l’enseignement est de fournir une information scientifique aux élèves, alors le créationnisme n’a rien à faire là. Il y a des millions de preuves à l’appui de la théorie de l’évolution.
Il n’y a pas de preuve (et il n’y a pas à en produire il me semble) à l’existence de Dieu. Dieu est une affaire privée ne nécessitant pas de preuve, la connaissance scientifique une affaire publique et nécessite des preuves.
En clair, on oppose faussement deux choses qui n’ont rien à voir : une théorie scientifique, qui se prouve, peut se faire réfuter si quelqu’un vient avec des éléments solides ; et un scénario, quelque chose qu’on prend pour vrai quelles que soient les preuves, et que rien ne réfutera jamais. Il y a une forme d’escroquerie intellectuelle derrière cela. C’est comme si je demandais à ce que dans les cours de géographie soit enseigné au même titre la Terre, avec sa forme ronde, ses pôles, et un modèle d’une terre plate portée par quatre éléphants, eux-mêmes debout sur une tortue.
La psychanalyse connaît de plus en plus de détracteurs, quel est l’avis des zététiciens à ce sujet ?

Je ne sais pas s’il y a plus de détracteurs qu’avant, par contre on en parle davantage, suite au travail d’Onfray. Avant, il y avait déjà des gens qui râlaient, Van Rillær et la bande du livre Noir, mon ami Jean-Louis Racca de l’OZ, Borch-Jacobsen, Benesteau. Mais on les écoutait moins. Il faut dire que la psychanalyse était tellement ancrée chez les post-68 qui font actuellement le monde médiatique, qu’il n’est pas étonnant que personne n’ait fait écho des contestations de la théorie plus tôt.
Il y a autant d’avis que de zététiciens, donc je ne te donne que le mien, que je me suis forgé sur les connaissances actuelles. Je tends à penser que la psychanalyse lacanienne est un non-sens, la branche jungienne est d’un mysticisme qui n’a rien de libérateur. La psychanalyse freudienne peut encore certainement « faire du bien » à quelques personnes, mais sur le plan conceptuel, elle est tellement entachée de fausses preuves, de concepts simplistes et irréfutables, de faiblesse théorique, d’absence d’efficacité que je ne vois pas ce qui va l’empêcher de sombrer. Sur le plan plus sociétal, c’est une théorie conservatrice, assez fortement sexiste, sensiblement homophobe, et très élitiste, tant financièrement qu’intellectuellement. Je n’y vois rien de vraiment séduisant.
Comment oeuvres-tu et comptes-tu oeuvrer dans le futur pour diffuser la « pensée critique » ?

Avec mes collègues, on va tout faire pour que des cours se créent, accessibles à tous, à la fac, chez les profs, en prison, en MJC. Nous allons essayer avec le CorteX d’être la suite du laboratoire zététique, en se servant de la pédagogie liée au paranormal, mais en en sortant, en allant vers des sujets plus sociétaux. Par exemple, l’une de mes complices, Guillemette Reviron, s’est faite une spécialité de décortiquer les chiffres dans les médias, et surtout dans les affirmations économiques et politiques. L’ami Denis Caroti lui est féru de pédagogie. Nicolas Gaillard est un fin analyste des dérives thérapeutiques, en particulier dans le champ de la psychologie et du travail social.
Henri Broch nous aide en cela. Reste à savoir si l’université est capable de créer des postes sur ce genre de sujet. Alors en attendant, avec cortecs.org, nous offrons à qui veut des contenus de cours que nous testons. Je pense qu’un ou deux ouvrages spécifiques ne seraient pas de trop, encore faut-il trouver le temps.
La question piège : être zététicien et croyant, c’est possible ?

Tu veux dire : peut-on être zététicien et croire en quelque chose d’étrange ? C’est sûr ! Il suffit de faire deux pas hors du labo, et je peux te sortir une bêtise, tomber dans un lieu commun. Zététicien, ce n’est pas un label, ni une vertu qu’on porte avec soi, et l’esprit critique s’use… dès qu’on ne s’en sert pas.
Si tu veux parler de la croyance en Dieu, alors… pareil ! Même si ce n’est pas (plus) mon cas, je connais des gens qui concilient les deux, sans les mélanger. Il suffit de bien dissocier entre ce qu’on aime penser que le monde est, et ce qu’il est réellement. Droit au rêve, comme dit Henri, mais devoir de vigilance.
Enfin, comment as-tu connu le site HoaxBuster.com ? De quelle manière envisages-tu le partenariat entre nos sites ?

HoaxBuster (HB) est mon fidèle lien lorsque je cherche à sourcer une information ou une rumeur. J’y ai eu recours des dizaines de fois, depuis 2002 ou 2003, quand je cherchais de la documentation sur des légendes urbaines. Je trouve que le travail qui y est fait est collégial, et basé sur les mêmes critères que la démarche zététique, en particulier la vérification des sources. Quand je n’ai pas de nouvelles théories bizarres à me mettre sur la dent, ou lorsque je veux me mettre à la page des dernières rumeurs, je surfe sur le site, et j’en trouve tout le temps.
Je vois le CorteX comme une branche universitaire qui peut fournir à HB des données scientifiques. Et HB est un puits sans fond de sujets potentiels exploitables par des enseignants qui souhaitent être « à la page ». Un véritable échange, pour le plus pur bénéfice du lecteur lambda.
Merci Richard d’avoir répondu à ce questionnaire et souhaitons-nous, comme tu l’indiques, une collaboration profitable pour le plus grand nombre !

Interview réalisée par Nico – Hoaxteam
Propos recueilli le 8 mars 2011.

 
 

5 mai 2011, Paris – Journée d'étude Les démarches d'investigation à travers les disciplines

Notre ami Jean-Yves Cariou co-organise au nom du CRREF (Centre de Recherches et de Ressources en Éducation et en Formation, IUFM de Guadeloupe) la journée d’étude « Les démarches d’investigation à travers les disciplines », au Palais de la Découverte.

 

La première occurrence du terme investigation en français date du début du XVe siècle. D’emblée, la procédure en impose : c’est elle, nous dit Christine de Pisan en 1404, qui emporte l’adhésion de Charles V à propos de la légitimité du pape Clément, le roi n’y croyant fermement que « lorsqu’une investigation suffisante et sage en eût été faite ». Il importait notamment d’être « convaincu de l’exactitude de tous les faits ». C’est donc en histoire et à propos du contrôle de faits qu’apparaît ce terme, repris ensuite par Rousseau (1750) qui, dans un autre domaine, en pointe les difficultés : « Que de dangers, que de fausses routes dans l’investigation des sciences ! »
Aujourd’hui, dans l’investigation journalistique ou policière –le I de FBI–, c’est la loupe, tenue au-dessus de traces de pas sur le sol ou de plumes sur le papier, qui symbolise le mieux la notion d’investigation. Investigare, c’est justement suivre les empreintes (vestigium), pister, traquer : « investigation, c’est une espèce de quête où l’esprit suit à la piste les traces d’une cause ou d’un effet, présent ou passé » (Diderot).
Contrôle d’assertions ou d’idées par la consultation directe ou indirecte de données : les démarches d’investigation, primordiales pour l’accès à la connaissance dans les différentes disciplines (sciences naturelles, formelles, humaines et sociales), ont toute leur place dans les enseignements correspondants, répondant à la notion d’enquête (inquiry) de Dewey.
Une dérive du sens du terme démarche d’investigation est cependant déjà perceptible dans l’enseignement des sciences : toute activité, même imposée aux élèves et sans initiative de leur part, peut se trouver ainsi étiquetée.
Cette journée d’études a pour objectifs de mieux cerner ce que peut recouvrir, sans se limiter au domaine scientifique, la notion de démarche d’investigation et de considérer les manières dont elle peut se traduire par la mise en oeuvre d’authentiques enquêtes, mettant en jeu les propres forces intellectuelles des élèves, dans différentes disciplines universitaires et scolaires.
Public
Cette journée, et le colloque international qui la prolongera en 2012, visent à réunir celles et ceux qui, de par leur activité professionnelle ou leurs études, portent un intérêt particulier à la démarche d’investigation et à un regard croisé des disciplines sur cette notion : formateurs d’IUFM, enseignants des deux degrés et du supérieur, membres des corps d’inspection, chercheurs en didactiques et des différentes disciplines (sciences naturelles, formelles, humaines et sociales), animateurs et médiateurs scientifiques et culturels, étudiants en Master, doctorants.

Trois conférences plénières permettront de faire le point sur les connaissances actuelles sur les démarches d’investigation dans différentes disciplines

– Des illusions à l’épistémologie de l’investigation, par André Giordan

– Les tâches complexes… Différence entre problèmes et situations-problèmes – toutes disciplines, par Gérard De Vecchi

– L’observation comme activité d’investigation, par Jack Guichard.

Puis trois ateliers pris en charge par un animateur permettront des débats ouverts visant à définir et à cerner les enjeux des questionnements actuels dans ce domaine (avant une synthèse en séance plénière) :

– Les démarches d’investigation, pour quels objectifs (entre épistémologie, savoirs et compétences) ?

– La part des élèves dans les investigations dans les différentes disciplines ; –

La démarche d’investigation en didactique et en médiatique des sciences : approche comparative.

Pour en savoir plus, téléchargez le descriptif et les intervenants ici.

Veuillez confirmer votre inscription (gratuite) à cette journée par mail à : jy.cariou@wanadoo.fr

RM

conférence "La Nature"- par Guillemette Reviron, Grenoble 15 avril 2011

La Nature au service du racisme, du sexisme et de l’écologisme… En quoi l’idée de Nature conforte-t-elle parfois des pensées conservatrices ?

Bien que le sens du mot naturel puisse paraître évident, quand on prend un stylo et qu’on essaie d’en donner une définition, on en arrive assez rapidement à se tordre les neurones. Sur quelles idées reposent les différentes définitions de la Nature que l’on rencontre régulièrement dans les médias grand public ou les publicités ? Quelles sont les représentations qu’elles créent dans nos esprits ? Nous verrons que, loin d’être anodines, ces idées peuvent induire non seulement certaines adhésions pseudo-scientifiques, mais surtout des catégorisations sociales dites essentialistes, où l’on postule la nature d’un individu pour le classer selon des critères racialistes ou sexistes.alt
Des thérapies naturelles au retour vers la nature, de la nature de l’espèce humaine à l’essence de la féminité, nous verrons ainsi en quoi les concepts naturels sont des vecteurs de certaines idéologies qu’on penserait disparues.
L’exposé se veut ludique et accessible à tous et toutes.

 
Antigone – 22 rue des violettes – Grenoble  Horaire : 20h
Tramway C : arrêts Vallier-Catane ou Dr Calmette

alt

16 avril 2011, Grenoble – Pascal Picq en conférence

Pas­cal Picq est paléoan­thro­po­logue, maître de confé­rences au Col­lège de France. Il a publié de nom­breux ouvrages sur les ori­gines de l’humanité, le com­por­te­ment des grands singes ou encore l’apparition du lan­gage. Dans Les Ori­gines de l’homme expli­quées à nos petits-enfants (Seuil, 2010), il com­bat, grâce aux acquis de la géné­tique com­pa­rée et de la lin­guis­tique, les idées reçues sur la place de l’humain sur terre et l’histoire de son évolu­tion. En actualisant et vulgarisant la pensée de Darwin, il lutte, tout comme nous, contre les archaïsmes et fon­da­men­ta­lismes pas­sés et actuels. Si vous êtes dans les environs, venez jeter un oeil, puis l’autre, à ses propos !
RM
alt

Les éditions Matériologiques ont vu le jour !

altLorsqu’on enseigne ou promeut l’esprit critique en science, il est nécessaire de bâtir un cadre philosophique solide à ses propos. L’équipe de Matériologiques fournit ces outils en posant les fondements du matérialisme méthodologique et « naturaliste »*. Collection Essais, collection Science & Philosophie, mais aussi la revue Matière première qui porte bien son nom.

L’éditeur est un ami, Marc Silberstein, et son équipe éditoriale est tout à fait stimulante – certains noms reviennent déjà régulièrement dans les pages du site Cortecs (Lecointre, Deleporte, Brosseau, et d’autres à venir). De quoi évincer lentement mais sûrement les trames des pensées « spiritualistes » et proto-religieuses qui tentent de pénetrer le monde de la connaissance objective. En clair, une oeuvre de salubrité publique. Abonnons-nous à leur newsletter, et nourrissons-nous intellectuellement, en dehors des sentiers battus et rebattus du relativisme cognitif et du postmodernisme à la mode.

Pour les fins connaisseurs et connaisseuses, les personnes qui contribuent sont dans le droit fil des désormais célèbres publications Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences (2001), Les Matérialismes (et leurs détracteurs) (2004), et Histoire des philosophies matérialistes (2007), et sont en grande partie groupées dans l’Assomat, l’association pour les études matérialistes.

Longue vie, et forte collaboration !

RM

 
*au sens de non-surnaturaliste.