alt

Effet Pangloss, ou les dangers des raisonnements à rebours

Dans la Traverse N°2, revue des Renseignements Généreux parue en mars 2011, a été publié un article de Richard Monvoisin initulé L’effet Pangloss, ou les dangers des raisonnements à rebours..En voici le pdf ! Merci aux Renseignements Généreux et à la graphiste Clara Chambon.
Et pour s’entraîner, on pourra aller vite fait ici.
Note : en 2010, des doctorants-moniteurs ont réalisé un excellent Zétéclip sur le raisonnement panglossien. Voir ici.

Effet Pangloss : les dangers des raisonnements à rebours

Aujourd’hui je vous propose de regarder de près un raisonnement qui a l’air tout à fait anodin mais qui peut se révéler terrifiant. Ce raisonnement consiste à penser à rebours. À la manière de ces poils qui poussent à l’envers et s’enkystent dans la peau, il est agaçant et difficile à éliminer, quelle que soit la dose de crème dont on l’enduit. Il est bien plus répandu qu’on ne le pense, et nous allons essayer de le débusquer au travers de quelques exemples.

Le Loto

Je vais partir de la loterie nationale française, ledit Loto. Ayant pour objectif de nous soutirer jusqu’à nos derniers sous en nous faisant miroiter une lointaine et peu probable carotte, ce jeu, nous allons le voir, ressemble à une forme élaborée de soumission librement consentie. Si nous avons un élève de terminale scientifique à portée de main, demandons-lui d’évaluer nos chances de nous faire détrousser, c’est à son programme de maths. Sinon, nous allons le faire ensemble, ce n’est pas très compliqué.

alt

« Le loto, c’est facile, c’est pas cher, et ça peut rapporter gros ». Slogan de 1984.

Depuis 2008, le nouveau Loto (qui est plus difficile à remporter que l’ancien si l’on compare) demande d’obtenir 5 numéros parmi 49, ainsi que le numéro « chance » tiré parmi 10. Le nombre de tirages possibles se calcule ainsi : frac{ 49 times 48 times 47 times 46 times 45 }{ 1 times 2 times 3 times 4 times 5} times frac{10}{1}= 19068840

Sachant qu’il y a trois tirages par semaine (le lundi, le mercredi et le samedi), une personne dotée d’une espérance de vie à la naissance de 2010 en France (moyenne Femmes-Hommes : environ 82 ans) et qui, chose invraisemblable, jouerait dès le berceau à tous les tirages aura rempli le jour de sa mort 82 (ans) x 52 (semaines) x 3 (tirages) soit quelque chose comme 13000 grilles, en voyant large. Ça lui donne un peu moins d’une chance sur mille de gagner une fois la cagnotte. C’est peu.

Pour avoir un autre ordre d’idée, nous pouvons prendre le taux annuel moyen de mortalité d’un individu garçon de 33 ans vivant en France comme moi, qui est de 119 sur 100 000 (soit 1 sur 840) – qui signifie qu’un type en France a une chance sur 840 de mourir dans l’année de ses 34 ans. Partons du principe que la probabilité de mourir est uniforme tout le long de l’année. Lorsque j’achète un billet de loto j’ai autant de « chances » de mourir dans les 24 minutes qui suivent que de gagner le gros lot. Si j’avais 90 ans, j’aurais autant de chance de gagner le gros lot que de ne pas survivre 9 secondes à l’achat du billet1.

En clair, un individu guidé par sa seule raison refuserait de claquer ses étrennes comme ça. Mais l’humain n’est pas toujours rationnel, loin de là. Et à l’orée du bois, les tire-laine guettent.

altMonique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, deux sociologues ont décrypté le comportement des vainqueurs du Loto dans Les millionnaires de la chance (Payot, Paris, 2010). Ils expliquent que certains individus jouent au Loto en sachant bien que les chances de gagner sont minces, mais… moins minces que celles de changer de classe sociale. En d’autre terme, il serait plus probable pour les classes pauvres de devenir riche en cochant les cases qu’en travaillant d’arrache-pied – ce qui fait réflechir sur le  « mérite » et les encouragements à travailler plus.

Où est le raisonnement à rebours ? Il arrive.

Et les 100% de perdants ?

L’argument massue qui a été employé pour nous faire jouer pendant des années était, rappelons-nous : « 100% des gagnants auront tenté leur chance ».

Ce slogan, à bien y regarder, ne veut pas dire autre chose que ceci : « tous ceux qui ont gagné ont joué », ce qui ne nous apprend rien : on ne gagne pas au loto, au football ou au poker à l’insu de son plein gré – quoi que, lors des matchs nationaux de football, on en voie certains hurler en ville « on a ga-gné » alors qu’ils n’ont pas joué, que voulez-vous, c’est le charme chauvin du sport.

Le séduisant de l’affaire est qu’on nous édicte une règle sur les gagnants. Et comme vous et moi voudrions tous gagner, on se dit tiens, comment ont-ils fait ? Ont-il trituré un trèfle, un fer à cheval ? Eh bien non, ils se sont contenté de jouer. Ils ont tenté leur chance. Voilà. Mais si on y pense, la même chose est valable pour les perdants. Car, c’est ce que la Française des jeux ne nous dit pas : « 100% des perdants ont eu aussi tenté leur chance ! ». Et comble des choses, le 100% des perdants est vachement plus nombreux que le 100% des gagnants. Il n’y a pas beaucoup de gagnants, alors qu’il y a plein de perdants. Mathématiquement, ça se calcule, on a une chance de gagner le gros lot sur 19 millions et quelques (voir le tout premier calcul).

Chercher des raisons

Examinons maintenant ce qui se passe dans la tête d’un joueur lambda.

Quand il perd, il a une forte tendance à se dire quelque chose comme « la chance n’était pas là », puis à shooter dans une boîte de conserve qui traîne. C’était la normalité, qu’il ne gagne pas, il n’était pas dupe, il conclut parfois d’un l’air las « je ne gagne jamais, de toute façon » ou « de toutes les manières je n’ai jamais eu de chance au jeu ». Mais là où le perdant a somme toute un côté assez pragmatique, le gagnant lui, pas du tout ! Il en est même agaçant : il commence déjà par être content de lui, ce qui est une réelle faute de goût. Puis il se trouve plein de bonnes « raisons », comme « je le méritais », ou alors « j’ai joué les bons numéros », « je le sentais », etc.

C’est là que commence le raisonnement à rebours.

Les psychologues sociaux mettent des mots à cela, et c’est bien pratique : le perdant aura un « locus de contrôle » externe (la cause de son échec est le manque de chance, extérieur à lui), tandis que le gagnant aura un « locus de contrôle » interne (il attribue sa réussite à ses qualités propres, ce qui est horripilant). Depuis les travaux de Miller & Ross en 1975, on parle de biais d’autocomplaisance.

Rebours, rebours et ratatam

À chercher une raison pour avoir gagné, la tendance est forte à aller la trouver dans son mérite personnel, comme si le Hasard personnalisé se souciait d’évaluer nos mérites respectifs. Ou dans un coup du sort, comme une espèce d’ange gardien qui veille sur nous. Cela rejoint, vous vous rappelez peut être, le biais du monde juste (cf. Traverse N°1).

C’est effectivement le hasard (sans H majuscule) qui fait la différence entre le gagnant et le perdant. Si les 19 millions et quelques combinaisons possibles sont jouées, la probabilité que quelqu’un gagne est de 1 (on dit 1, mais ça veut dire 100%, tout comme une proba de 0,5 veut dire 50%).

Qu’il y ait un gagnant dans ces cas-là n’est pas une surprise. C’était même quasi-certain. L’incertain, c’est sur qui ça va tomber. Que ça tombe sur moi ou un inconnu, au fond, ce n’est qu’un aléa : il n’y a logiquement aucune conclusion à tirer, ni sur la beauté du monde, ni sur les numéros joués. Pourtant, c’est trop dur : devant la rareté statistique, on cherche une raison à rebours. Alors on se dit au choix

  • qu’on a de la veine,
  • qu’on s’est levé du pied droit,
  • qu’on avait touché sa patte de lapin,
  • que Dieu est bon,
  • que malheureux en amour, heureux au jeu,
  • que le hasard est gentil,

On se dit que quelque part (où ?) quelque chose (immatériel ?) comme la Chance lui a souri (avec quelles dents ?).

Mais le hasard n’est pas gentil. Ni méchant. En tant que volonté, il n’ « est » pas. Il n’obéit à rien, il se contrefout royalement de vous et de moi. Il ne se « contrefout » même pas.

Le sentiment d’avoir déjoué la volonté du Destin est d’ailleurs telle que bien peu veulent rejouer la semaine suivante la combinaison qui a déjà gagné, comme si elle était usée – ce qui n’a pas de sens, les tirages étant indépendants les uns des autres (on appelle ça le sophisme du joueur, je le dis pour l’anecdote).

alt

Raisonnement à rebours sur la bière, selon frère Joseph (extrait de Jean Van Hamme, Francis Vallès, Les maîtres de l’orge, vol. 1 1854, Charles).

Un balcon sur la tête de Tante Olga

Ce raisonnement à rebours nous arrive aussi en cas de coup dur. On a tous une histoire tragique en stock, comme un balcon qui se décroche juste au dessus de la tête d’une Tante Olga. Alors que la « normalité » est de ne pas se prendre le balcon sur la face (tout comme perdre au Loto), là, on se dit qu’il a « manqué » quelque chose à Tante Olga, du pot, de la veine, de la baraka, du cul bordé de nouilles. On se hasarde même à penser que les desseins du Seigneur sont impénétrables, ou que rien n’arrive par hasard, ou que c’était son karma, et qu’elle paye des vies antérieures plutôt fautives. Il se trouvera bien un vieux voisin un peu aigri, une vieille voisine grincheuse pour dire qu’au fond, entre nous, elle ne l’a pas volé2. Mais l’erreur est toujours la même : on se retrouve à raisonner à rebours sur ce cas seulement, et on oublie de replacer le cas dans la statistique de toutes les tantes (ou oncles) du monde qui se sont promenées un jour en passant sous un balcon et à qui il n’est rien arrivé, surtout pas un balcon.

Le TSD (tri sélectif des données)

Allons plus loin. Imaginons qu’à la terrasse d’une taverne, seul-e comme un menhir, vous jouez à pile ou face. Quelle est la probabilité d’obtenir cinq fois pile d’affilée ? Facile. 1 chance sur 2 au premier lancer (soit 0,5), pareil pour le deuxième, etc. Ça donne : 0,5×0,5×0,5×0,5×0,5 = 0,0312 environ, ça veut dire environ 3 chances sur 100.

Imaginons maintenant que dans 64 autres tavernes, 64 autres comme vous s’emmerdent à mourir et fassent la même chose. Là, la probabilité que vous fassiez 5 fois pile est toujours la même, mais la probabilité que l’un d’entre vous fasse 5 fois pile est, quant à elle, immense : il est quasiment certain que l’un des joueurs fera ce résultat. Et s’il est tout seul et ne regarde que sa lorgnette, il va conclure qu’il est quand même sacrément doué.

alt

On a envie de sourire, tellement c’est simple, et pourtant, cette erreur qui consiste à extraire le résultat extraordinaire de sa souche statistique et de le brandir comme un étendard est à la base de tout un tas de « miracles ». En voici quelques-uns.

Ötzi la momie

alt

Prenons la malédiction de la momie Ötzi : ce chasseur vieux de cinq milles ans retrouvé congelé en 1991 dans les alpes italo-autrichiennes aurait causé la mort de six personnages l’ayant approché de près, trois scientifiques, un journaliste, un guide de haute montagne, etc. Sachant le nombre conséquent de gens qui ont gravité autour du corps, depuis les expertises lors de sa découverte jusqu’aux visiteurs du musée italien de Bozen-Bolzano où il réside désormais, est-il si extraordinaire que six d’entre elles meurent, surtout lorsqu’elles sont soit pas spécialement jeunes (cinq sur six avaient plus de 50 ans) soit une profession à risque (guide de haute montagne, tué par une avalanche) ? Si l’on compare le nombre de morts rapporté au nombre de personnes qui ont approché Ötzi et sont restées vivantes, l’hypothèse de la malédiction, tout comme les dents de la momie, se déchausse.

Paul le poulpe

Il était une fois une pieuvre qui, durant la coupe d’Europe 2008 et la coupe du Monde 2010 de football masculin, a su déterminer douze des quatorze résultats d’épreuve qui lui ont été demandés. Certaines mauvaises langues disent que la pieuvre aurait actuellement moins d’un an (fin 2010), ce qui implique soit que le poulpe remonte le temps, soit qu’il y a eu deux poulpes, mais enfin peu importe.

alt 

Ce poulpe mâle, appelé Paul a mérité son surnom d’oracle d’Oberhausen en choisissant, soit disant avec une chance sur deux l’une des deux boîtes affublées des couleurs de chaque équipe (voir l’illustration) En évaluant ce que représentent 12 bonnes réponses sur 14, et en partant du principe qu’il ne pronostique pas les matchs nuls, la probabilité de réussite du poulpe par hasard était de 0,56 %, en gros une chance sur 200. A priori balèze, donc, l’octopode ! Mais bien peu ont enquêté sur le nombre de céphalopodes, de poissons, oiseaux ou autres bestioles de part le monde à qui on s’amuse à poser la question. Si un allemand sur 400 000 fait le coup avec un animal quelconque, on est assuré d’avoir au moins un labrador, un iguane ou un canard cendré qui aura un tel résultat par pur hasard. Suffit de placer ensuite le projecteur des médias sur l’œil humide du vainqueur, en évinçant tous ceux qui ont échoué, et le scénario de l’animal extraordinaire au tentacule malicieux peut se dérouler dans notre vitreux petit écran.

Est-ce risqué d’aller à Lourdes ?

C’est sensiblement le même processus pour les miracles de guérison de Lourdes. On ne peut que s’extasier des 67 miracles revendiqués par l’Église catholique sur le lieu saint depuis les visions de Bernadette Soubirous en 1858, mais posons-nous la question : y-a-t-il réellement plus de guérisons extraordinaires là-bas qu’ailleurs ?

Comme les chiffres sont assez imprécis, nous allons faire une simple estimation.

La principale étude de guérisons considérées comme miraculeuses en milieu hospitalier, là où on trouve un grand nombre de malades, a été réalisée dans le titanesque travail d’archives de O’Regan et Hirshberg3. Leurs résultats sur 128 ans indiquent que, le « taux de miracle » en hôpital est d’environ un cas sur 100 000. Comme la Commission médicale internationale de Lourdes ne prend pas en compte les 70 % de rémissions liées au cancer (car elles sont généralement précédées d’une thérapie, ce qui dilue la part du miracle), il nous reste quelque chose comme un cas de rémission pour 333 000 personnes dans les hôpitaux. Autrement dit, il y a dans les hôpitaux un cas « comme à Lourdes » sur 333 000.

Puisqu’une bonne partie des miracles eut lieu avant de véritables expertises scientifiques, et sont peu fiables même de l’avis de médecins de la Commission d’expertise, nous allons raisonner sur les cinquante dernières années, lors desquelles 5 miracles eurent lieu. Pour se donner une idée, pensons que le dernier en date, reconnu en 2005, porte sur une dame appelée Anna Santaniello, miraculeusement guérie en … 1952. Gardons tout de même ces 5 derniers cas.

Le secrétariat général des sanctuaires estime à plus de 6 millions le nombre de visiteurs de Lourdes par an – dont 1% sont malades. Sur les 50 dernières années, cela donne 300 000 000 visiteurs. Parmi eux, 1%, donc 3 millions de malades plein d’espoir. Retirons comme le fait la Commission de Lourdes les non-atteints de cancer, cela fait 30% des 3 millions, soit environ un million de personnes malades sans cancer, donc susceptibles de vivre un miracle pouvant être homologué.

Cinq miracles sur un million, c’est à peine supérieur à la moyenne des miracles en hôpitaux. La moyenne des hôpitaux étant une moyenne, on comprend bien qu’il y en a affichant des scores meilleurs, d’autres des scores moins bons, et que cela forme une sorte de résultat en cloche autour de la moyenne. Le résultat de Lourdes tombe dans les résultats de cette cloche, et les matheux avec leur langage diraient que son résultat n’est pas significatif. Il semble donc que Lourdes ne soit pas un endroit plus propice aux miracles que l’hôpital près de chez nous, et que si nous en avons l’impression, c’est parce que chaque cas Lourdais est fortement médiatisé.

Certaines mauvaises langues ajoutent que si l’on compte le nombre de gens qui se sont tués sur la route pour aller à Lourdes, alors il semble en fin de compte plutôt risqué d’y faire pèlerinage.

Une pente panglossienne

Quel est le lien entre le « chanceux » au Loto et les frères Bogdanoff ?

Quel est le trait commun entre Paul le poulpe et les créationnistes « scientifiques » ?

Quel est le fil conducteur entre le « miraculé » de Lourdes et la fameuse main invisible du marché ?

Il s’appelle Pangloss. C’est, peut être vous rappelez-vous, le precepteur de Candide, dans le conte de Voltaire. Il enseigne la métaphysico-théologo-cosmolonigologie, et répète à qui mieux-mieux qu’ admirablement qu’il n’y a point d’effet sans cause, et que, dans ce monde qui est le meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux et madame la meilleure des baronnes possibles.

Pangloss dit surtout :

« Il est démontré (…) que les choses ne peuvent être autrement : car, tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes. Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons des chausses. Les pierres ont été formées pour être taillées, et pour en faire des châteaux, aussi monseigneur a un très beau château ; le plus grand baron de la province doit être le mieux logé ; et, les cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l’année : par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise ; il fallait dire que tout est au mieux. »….4.

Il s’agit d’une resucée de ce que le XIXe siècle a appelé la métaphore de l’horloger, que l’on doit au philosophe William Paley, et qui dit ceci

  1. Si l’on regarde une montre, on comprend très vite que la finesse de cette fabrication a nécessité quelqu’un pour la penser, — en l’occurrence un horloger.
  2. Si l’on regarde un phénomène naturel incroyablement fin / complexe / beau / rare / étrange / miraculeux on est contraint (au nom de l’horloger) de penser que la finesse / complexité / beauté / rareté / étrangeté de ce phénomène a nécessité quelque-chose pour la penser, pour la vouloir, c’est-à-dire un créateur intelligent ou un dessein cosmique.
  3. Donc un créateur ou un dessein existe.

Le melon, le schtroumpf, les Bogdanoff

Les exemples de cette dérive panglossienne se comptent par centaines. Cela démarre par des trucs rigolos, comme le melon, qui, selon Jacques-Henri Bernardin de Saint Pierre « a été divisé en tranches par la nature afin d’être mangé en famille. La citrouille étant plus grosse peut-être mangée avec les voisins.» 5

alt

Cela fait tout de suite moins rire quand des créationnistes chrétiens, juifs, ou plus récemment musulmans comme Harun Yayah viennent expliquer dans certaines écoles que l’œil humain, la synthèse des protéines, ou l’apparition de la conscience ne sont pas le produit d’une évolution mais d’un créateur et que l’Humanité a été créée par la volonté de Dieu. Cela fait vite frémir quand, de la même manière que le gagnant du Loto croit qu’il est élu par la Chance, Igor et Grishka Bogdanoff, ou Trinh Xuan Thuan le physicien bouddhiste croient l’univers trop finement réglé pour être le fruit du hasard physique (ce qu’ils appellent le fine-tuning, ce que d’autres appellent l’irréductible complexité).

 CorteX_Horlogerie

On vient par cette occasion implanter une lecture finaliste des choses, l’idée qu’avant que toute chose démarre il y a comme un plan, une idée préconçue, une main invisible qui guide le processus et qui, implacablement, place chaque élément à sa juste place. C’est beau, c’est frais, c’est rassurant… mais c’est la fin de la connaissance, et c’est l’entrée des explications simples. Car finalement, dans quelque univers que l’on vive, même différent, on pourrait conclure la même chose : que tout est bien dans le meilleur des mondes, et que madame la baronne est la meilleure des baronnes possibles. Tout être vivant, qu’il soit Paul le poulpe, une bactérie ou un martien, pourrait conclure lui-aussi qu’il est le but ultime du Dessein Intelligent, d’une volonté cosmique. C’est irréfutable.

Dans un épisode des Schtroumpfs, on voit un des personnages décocher une flèche avec son arc les yeux fermés, puis chercher sa flèche. Une fois trouvée, il s’applique à peindre une cible autour du lieu de l’impact et… repart tout fier.

Pangloss et la fin des « possibles »

On trouve également Pangloss caché derrière l’idée que si le capitalisme s’est imposé, c’est qu’il le fallait, inexorablement, et que la main invisible du marché veille au grain. Pangloss passe par la porte quand les anciens rapports coloniaux affirmaient que puisque les Noirs étaient corvéables un peu partout, c’est qu’il devait y avoir un ordre naturel des choses. Pangloss se glisse dans la cuisine en instillant que si les femmes s’occupent des enfants et font le ménage, c’est qu’elles sont « faites » pour ça. Pangloss revient par la fenêtre quand il nous murmure à l’oreille que c’est dans l’ordre des choses que nous torturions d’autres animaux. Pangloss se tortille dans nos postes de télévision quand, on conclue parmi tous les possibles que tout est de la faute de la CIA, de la maffia russe, du lobby gay et lesbien, de la Mondialisation, des Francs-Maçons, des Sages de Sion… Éloge du scénario simple pré-écrit par des groupes supérieurs inaccessibles.

Le raisonnement des Bogdanoff des défenseurs du fine-tuning, des créationnistes, d’une bonne part des scénarios capitalistes, des théories racistes, sexistes et spécistes6 est le même : il vient essentialiser l’état actuel du monde comme une nécessité, comme une sorte de destin. Pangloss, que ce soit en jouant sur un tri des données ou sur un tri des « possibles », vient troquer la connaissance contre une croyance. C’est en cela qu’il est trompeur et séduisant : en faisant miroiter un finalisme facile, il évince notre capacité à repenser notre vie, nos actes et nos préjugés. Il nous gèle intellectuellement et nous nourrit de scénarios implacables, de karma, de mektoub, autant de chapes de plomb contre lesquelles on nous fait croire qu’on ne peut pas se révolter.

Richard Monvoisin

1 Statistiques disponibles ici.

2 Eh oui, vous l’aviez reconnu, c’est encore le biais du monde juste ! (cf Traverse N°1).

3 Ils ont recensé 1574 cas dans le laps 1864 – 1992. O’Regan, Hirshberg, Spontaneous Remission: An Annotated Bibliography (1993).

4 Voltaire, Candide et autres contes V (1758).

5 J-H. Bernardin de Saint-Pierre, Etude de la nature XI (1784).

6 Spéciste : qui vise à poser que l’humain est fondamentalement différent de l’animal, avec un ordre moral.

CorteX_jecreeavec5sens

Atelier corrigé – Recherche de la source de l’information – Origine des cinq sens

Nous vous proposons une collection de travaux pratiques simples à usage des élèves ou étudiants souhaitant se former à la recherche de la source d’une information, d’un concept ou d’une rumeur. Parmi ces TP, celui-ci : d’où provient l’idée que l’humain possède cinq sens ?

Cette recherche m’a pris environ 10 mn. Voici la méthode que j’ai (RM) employée.

Partir de Wikipédia français, et anglais car souvent plus fourni pour des sujets de ce genre. Mais pour trouver la bonne entrée, je recommande de commencer en tapant « wiki » et « cinq sens » (avec guillemets). On aboutit alors à « Sens ». Pour passer à l’anglais, même lorsqu’on n’a pas idée du terme équivalent, il suffit de faire défiler les différentes langues côté gauche, pour aboutir à la page en anglais du même terme – ici en l’occurrence Sense.

  • 1ère piste : dans la page française, on trouve une référence à Aristote.
  • 2ème piste : dans la page anglaise, on trouve une référence à la littératue bouddhiste.

Creusons la première piste : placer Aristote et « cinq sens » dans le moteur de recherche.
On obtient en farfouillant un peu Aristote et son ouvrage De l’âme, livre II.
Puis on tombe sur le site de Corinna Coulmas, qui indique :

« Connu dans la littérature rabbinique en référence au Psaume 115, 5-7, le concept des cinq sens a été utilisé par Platon et pour la première fois analysé en détail par Aristote« 

Et hop ! Nous avons donc trois sources.

Source N°1 : Aristote, De l’âme, II. Deux clics et nous sommes sur le texte traduit en français du site de Philippe Remacle. Anecdote : livre III, il introduit même un 6ème sens, le sens commun !

Source N°2 : Platon. Si l’on tape Platon et « cinq sens » on sait que les textes anciens étant tous accessibles en ligne, on trouvera la citation exacte – qui est dans le dialogue Théétète (daté de 369 avant l’ère commune), sous cette forme : « Est-il acceptable, demande Platon, que tout ce que nous savons provient uniquement de nos cinq sens?« . Encore un surf et on se retrouve sur le livre Théétète en français ici.

Source N°3 : Psaume 115, 5-7. Deux clics et on obtient les bibles en ligne, dont on extrait les versets.

«5. Elles ont une bouche, et ne parlent point; elles ont des yeux, et ne voient point.

6. Elles ont des oreilles, et n’entendent point; elles ont des narines, et ne sentent point.

7.Elles ont des mains, et ne touchent point; elles ont des pieds, et ne marchent point; de leur gosier elles ne font entendre aucun son.»

Ces versets sont-ils antérieurs à Aristote ? Cherchons la date de création, si elle est connue.
Directement, on apprend que « la tradition les attribue au Roi David, (soit -1000) mais beaucoup de critiques modernes estiment qu’il s’agit d’une composition collective et anonyme« . Quand bien même, ces psaumes ne furent écrits parchemin qu’au VIe siècle avant l’ère commune, ce qui semble précéder légèrement Platon et Aristote.
La seconde piste maintenant.

Si l’on a des problèmes pour traduire une page en anglais, passer par un logiciel de traduction en ligne, type systran. Je recommanderai bien sûr les logiciels dits « opensource »( car il y en a au moins un, me si je ne suis pas habitué à son fonctionnement : Linguaphile).

On trouve une référence aux pañcannaṃ indriyānaṃ avakanti,les cinq facultés matérielles, sous la forme de 5 chevaux conduisant le chariot du corps, dans le Katha Upanishad, daté approximativement du 6ème siècle avant EC.
Voilà. Ceci montre que cette notion est floue et archaïque, et que parler de cinq sens aujourd’hui est une commodité qui ne doit pas cacher la complexité de notre appareil sensitif (qui compte chez l’humain des sens à part entière, comme la sensation de faim, la nociception, la proprioception, etc.)

Toute idée ou suggestion est la bienvenue.

Richard Monvoisin


PS : j’utilise volontairement av./ap. EC (avant / après l’ère commune) même si la notion d’ère commune est discutable. Je le fais pour introduire l’idée que le calendrier ne va pas de soi, a été l’enjeu de débats importants, et porte un certain ancrage idéologique. C’est pour cela que je ne souhaite pas dater à partir de la naissance de Jésus Christ – si tant est qu Jésus Christ soit réellement né, ce que des historiens discutent encore.
Clin d’oeil de l’histoire : s’il est né, il serait probablement né en … 4 avant Jésus Christ !  Nous ferons un article sur ce sujet.

CorteX_SV_la_vie_serait_quantique

Atelier Science & Vie – La vie serait-elle quantique ?

Les magazines de vulgarisation scientifique offrent très régulièrement (pour ne pas dire systématiquement) un large choix de thèmes à disposition du lecteur. La manière dont sont traités ces sujets, proposés la plupart du temps de façon alléchante, dramatique, mystérieuse ou même révolutionnaire, donne une image de la science tronquée, raccourcie et parfois même fausse. Que ce soit en véhiculant des affirmations inexactes sous prétexte de scénariser l’information scientifique comme tout autre type d’information, ou en jouant sur l’ambiguïté et la soi-disant soif de mystère et de scoop des lecteurs, nous ne pouvons que déplorer cet état de faits.
Quelles sont les techniques utilisées par ces « diffuseurs de science » ? Comment les identifier et s’en méfier ? Un décorticage du dernier numéro de Science et Vie va aujourd’hui nous servir de support.

Analyse de la couverture

Création du scoop – effet impact

 

Ici, un événement est proposé au lecteur. Pas à lui seulement d’ailleurs puisque le quidam qui passera devant l’affiche publicitaire du magazine sera lui aussi soumis à ce scoop : « la vie serait quantique ». On aura le temps de lire certainement le sous-titre qui parle de « révélations » et de « l’ADN », tout pour créer l’événement, événement au sens d’inattendu puisque l’on nous parle de révélations. Arrêtons-nous pour commencer sur ce terme qui figure à la une de la revue : qu’évoque-t-il exactement ? Plus précisément, comment est-il connoté ? Si sa définition (ce qu’il dénote) est aisée à trouver (porter à la connaissance une information inconnue), on s’aperçoit qu’il va également activer tout un champ lexical lié à ce qu’il connote, comme la révélation divine (Dieu communique la connaissance à l’Humain), la découverte miraculeuse d’une information dissimulée, ou bien encore une donnée nouvelle et qu’il a fallu extraire de haute lutte pour la porter aux oreilles du public.

Si en lisant ces lignes vous vous dîtes que c’est une interprétation personnelle et exagérée de ce terme, imaginez simplement dans quels contextes le mot révélation est habituellement utilisé. Affaire judiciaire : les révélations du présumé coupable. Contexte religieux : la révélation faite aux prophètes par le Tout Puissant. Ambiance Gala/Voici/Paris Match : les révélations sur les fréquentations de Johnny. Politique : la vérité sur le 11 septembre : les révélations des autorités américaines. Etc.

La connotation de ce mot est puissante et évoque sans qu’on s’en rende compte un fait caché, qui doit être porté à notre connaissance. On pourra ainsi parler d’effet impact pour ce terme avec un fort penchant pour le mystérieux et le sensationnel.

Mais l’effet impact le plus fort est sans doute celui du mot quantique. Pour exprimer ce que l’on peut ressentir en lisant ce terme – qui plus est accolé au mot « vie » – nous n’avons pas trouvé mieux que ce qu’écrivait notre ami Richard Monvoisin :

La mécanique quantique est actuellement la théorie scientifique qui crée le plus fort complexe d’infériorité intellectuelle. Il y a bien la Relativité, qui n’est pas mal non plus, tout comme la Théorie du Chaos, mais aucun autre terme ne conjugue autant science, mystère et complexité intellectuelle que le mot quantique.

Mécanique quantique. Il faut le dire dans un murmure, avec un air un peu mystérieux et les yeux plissés. En susurrant « méca-Q », comme les initiés, ou en l’écrivant MQ comme je le ferai dans la suite de cet article, on pense à Einstein, on pense aux Bogdanoff, on se dit qu’on pénètre là dans le temple de Delphes, dans la sacristie de la connaissance où tout est tellement obscur qu’il est difficile d’y distinguer un authentique prix Nobel de physique d’une paire de jumeaux russes médiatiques.

Au lycée, avant que je l’étudie pour de bon, le mot quantique était pour moi ce que le feu rouge des Humains est pour Louie, le roi des singes dans Mowgli : j’y voyais un pouvoir qu’il fallait acquérir à tout prix. J’avais envie de m’approcher, de pénétrer des connaissances interdites, mais avec cette peur de me brûler, de devenir fou, de savoir ce qu’il ne faut pas savoir, même d’approcher Dieu et de vérifier si effectivement il joue ou non aux dés.

Je n’avais pas du tout compris que je devais essentiellement cette fascination à un bon plan médiatique.

Quantoc : l’art d’accommoder le mot quantique à toutes les sauces. Richard Monvoisin, 2011

 

On peut toujours rétorquer que, bien entendu, si tout ceci est un peu exagéré dans la présentation, l’important est le sens de ce titre ! Eh oui, la vie serait quantique… que nous dit donc S&V sur ces « révélations » ? 

Analyse du contenu

Effet Pangloss

Jetons un œil à la première page, celle qui présente le dossier en question. Dans ce cas, voici ce que nous avons trouvé :

Depuis l’avènement de la science expérimentale, et plus encore depuis la découverte de l’ADN, les biologistes ont toutes les raisons de considérer que la vie est le fruit de réactions chimiques. Mais placez le vivant sous le regard et les instruments des physiciens de l’infiniment petit, ils vous diront tout autre chose. A Berkeley, Toronto, Londres, Singapour, et ailleurs encore, des équipes de physiciens sont en passe d’acquérir la conviction que les plus grand mystères de la vie peuvent être élucidés grâce… à la physique quantique ! Seules les étonnantes propriétés de la matière aux plus petites échelles semblent à même d’expliquer l’extrême efficacité de la photosynthèse, l’intense activité enzymatique, la miraculeuse stabilité de l’ADN, et même les sens de l’orientation et de l’odorat… La physique quantique au cœur de la vie ? Après tout, le vivant, qui a eu tout le temps de sélectionner le meilleur, aurait été bien sot de ne pas se servir dans la prodigieuse boîte à outils de la physique quantique. (p.3)

 

Il faut s’arrêter sur la dernière phrase. Le vivant aurait eu, d’après ce qui est écrit,  tout le temps de sélectionner le meilleur. On imagine que l’auteur de cette phrase a voulu parler de l’évolution à travers ces mots. Malheureusement, comme beaucoup, il est tombé dans les pièges d’un finalisme naïf : l’idée que l’univers aurait un but (ici, le vivant), une signification, que toute chose serait faite à dessein. On entend par exemple que l’œil est fait pour voir, que l’aile a pour but de voler, que les animaux inventent des ruses pour survivre, que la nature ne fait rien en vain, que la sexualité a été sélectionnée dans le but de créer de la diversité, que l’Humain est l’aboutissement de l’évolution ou, comme l’écrivait Voltaire à travers son personnage de Pangloss : « que les choses ne peuvent être autrement : car tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes. »

Le vivant n’a rien sélectionné du tout, et encore moins le meilleur (1). Dire cela équivaut à valider les thèses de H. Spencer et sa « sélection des plus aptes », dont le darwinisme social en est une application, avec les conséquences sur les dérives colonialistes, eugénistes et fascistes que l’on sait. Il faut bien admettre que la théorie de l’évolution n’est pas forcément bien maîtrisée par l’individu lambda, qui parlera de la girafe qui étire son coup pour aller chercher à manger ou de la sélection natturelle comme d’une sélection des plus forts. Il nous semble donc d’autant plus important, dans un journal qui se veut scientifique, de ne pas faire ce genre d’erreurs dans le but d’écrire une phrase qui présente bien.
(1) Comme dirait Florence Foresti : « Quand tu regardes l’être humain tu te rends compte qu’ils ont arrêté en plein chantier c’est n’importe quoi… » (Extrait du sketch La nature est mal faite)

CorteX_sc_et_vie_73

N’oublions pas la fin de la phrase où il est question d’aller piocher dans la prodigieuse boîte à outils de la physique quantique. Là encore, on fait croire que le vivant a un but et « aurait été bien sot » (anthropomorphisme) de ne pas faire appel à la mécanique quantique…

Malheureusement, ce genre d’erreurs est reproduit dans le reste des articles. Vous pouvez les retrouver assez facilement en repérant les passages où il est question d’évolution et de nature. N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires qui pourront ainsi se rajouter au présent cours.

Technique du carpaccio et de la peau de chagrin

Mais d’ailleurs, quels sont ces outils prodigieux que le vivant exploiterait ? Rendons-nous quelques pages plus loin et lisons attentivement. On y trouve là encore tout un tas de phrases données au lecteur pour aiguiser son appétit, phrases qui soulèvent à chaque fois une forte charge de sensationnel, de mystère et/ou de merveilleux., en donnant ainsi une vision déformée de la réalité. Tout est « superlativisé », voire scénarisé. R. Monvoisin parle de technique du carpaccio pour caractériser cette mise en scène de l’information scientifique avec pour seul effet de la rendre séduisante, accrocheuse, mais bien souvent vide de sens :

« […] nous parlerons de carpaccio pour désigner les processus d’exposition de connaissance dont le seul intérêt réside dans leur scénarisation, bien souvent stéréotypale. Un carpaccio est à la connaissance scientifique ce que le lieu commun est à l’information classique, ce que la romance est au film hollywoodien : un apparat séduisant, mais vide, qui façonne à la longue le goût des consommateurs de vulgarisation scientifique. Le carpaccio a semble-t-il des vertus apéritives, pour ne pas dire publicitaires.» (*p.272)

Quelques-uns de ces carpaccios trouvés en vrac :

–          « A commencer par l’étonnante efficacité de la photosynthèse, qui voit les végétaux convertir en énergie 100% de la chaleur du soleil. Un rendement prodigieux… que les biologistes ne s’expliquent pas ! » (carpaccio mystère)

–          « Par quel prodige des effets quantiques parviennent-ils à émerger au cœur du vivant ? » (carpaccio énigme. On peut aussi repérer le terme prodige, qui s’inscrit dans le même champ lexical que celui de révélation avec toute la connotation qu’il dégage, voir ci-dessus)

–          « Une superposition quantique qui permet au célèbre chat de Schrödinger, enfermé dans une boîte, de narguer les physiciens en présentant à leurs équations comme à la fois mort et vivant[1]. »

–          « Sens de l’odorat. Sa subtilité tiendrait aussi à l’effet tunnel ! »

–          « Dépositaire de la mémoire du vivant, la molécule d’ADN se doit de rester stable. Comment ? L’intrication quantique serait ici la clé de l’énigme. » (carpaccio énigme)

Attention, il n’est pas question ici de dénigrer ou critiquer les recherches tout à fait intéressantes et passionnantes que des scientifiques mènent sur ces sujets. Il est question de la façon dont on traite l’information scientifique qui s’y rattache. Et force est de constater qu’on est plus proche d’une mise en forme publicitaire de celle-ci que d’une vulgarisation à visée pédagogique et rigoureuse.

On peut notamment vérifier cela en prêtant attention à la sensation laissée après lecture des articles du dossier, comparée à l’appât que constitue la couverture du magazine. Rappelons que le titre parlait de la vie qui serait quantique et des révélations des physiciens. Mais qu’apprend-t-on dans les pages à l’intérieur ? Par exemple, p.54, au tout début du dossier :

CorteX_sc_et_vie_54

« Les biologistes l’ont amplement démontré, la vie est un prodige de réactions chimiques. Mais pas seulement ! […] Jusqu’où la vie est-elle quantique ? La question est posée. »

On comprend tout de suite que les fameuses révélations dont il était question ne vont finalement pas être une révolution mais simplement des pistes de recherches puisque « la question est posée ».

Quelques pages plus loin, concernant la photosynthèse, si le titre évoque une réponse,

« Comment les végétaux peuvent-ils convertir 100% de la lumière ? Une propriété quantique – la superposition d’états – apporte enfin une réponse ».

CorteX_sc_et_vie_58

on apprend que « la réponse a commencé à se dessiner en 2007. » (p.58). Puis que cette « expérience [de Flemming] ne permettait pas de l’affirmer [le phénomène quantique responsable de la conversion d’énergie lors de la photosynthèse] : elle fut réalisée à une température peu propice à la vie de…-196°C. » (p.60)

Même page, on lit qu’une autre expérience, équivalente, aurait été conduite à température ambiante. Mais là encore on apprend que « ce résultat doit encore être validé« .

Bref, c’est ainsi pour chaque thème abordé, de la photosynthèse en passant par l’ADN et les enzymes : on nous fait miroiter des « révélations » pour au final nous servir des études en cours et qui méritent réplication et confirmation.

Cette technique d’effritement du contenu après une mise en bouche mirobolante porte le nom de peau de chagrin (voir bibliographie) et désigne la tendance des médias à « gonfler la marchandise », quitte à ce que la conclusion de l’article n’ait plus grand-chose à voir avec le titre d’accroche de départ.

 

En conclusion

On pourrait répéter ce type de décryptage sur bon nombre de médias s’occupant de vulgarisation scientifique, ou, comme l’indique R. Monvoisin, s’occupant de la publicitarisation de la science. Il relève ainsi trois points importants et récurrents :

– le remplacement de la raison par la sensation
– la séduction par la simplicité
– la création de l’ « événementiel »

Nous avons tenté de donner quelques pistes concernant ce dernier volet en prenant un exemple parmi tant d’autres. Laissons à Richard le mot de la fin, illustrant le deuxième aspect de cette publicitarisation :

« Deuxième volet de la publicitarisation de l’information scientifique : le mythe de la simplicité. La vulgarisation scientifique (VS) dans son ensemble tend à faire croire que grâce à elle, la connaissance savante sera apportée au profane, par son entremise, et cela sur un plateau. Nous ne nous appesantirons pas sur le caractère assujettissant d’une telle démarche, le profane attendant la becquée que le vulgarisateur, tel l’évangélisateur du XIXe siècle en Afrique sahélienne, viendra aimablement lui délivrer : celui qui ne « sait » pas est campé dans un rôle de quémandeur d’aumône, et il n’y aura pas grand monde pour l’encourager à s’aventurer sur les chemins rocailleux de la formation scientifique et à réellement se former, en reprenant des études par exemple. La VS entretient aimablement ce mythe de la simplicité, en persistant à faire croire aux exclus de la connaissance scientifique que par son entrefaite, par quelque docufiction ou quelques pages imagées dans une revue, l’individu avide aura à peu de frais la substance de la connaissance en question. Le problème est qu’en guise de substance, il y a au mieux un aperçu, au médian une caricature, au pire une misconception.
Dans un océan de vulgarisation simplifiante, l’accueil réservé à un réel développement analytique est désormais perçu comme au mieux soporifique, au pire complexe, élitiste, voire snob, et des postures anti-intellectualistes naîssent. Au vu du nombre d’individus, étudiants ou non, qui lors des cours, des conférences ou sur les forums Internet, restituent des lieux communs sur la mécanique quantique par exemple, il y a quelque inquiétude à nourrir sur une « sciencesetavenirisation » de la connaissance scientifique populaire. Dans l’idéal, il faudrait rompre avec cette idée reçue que la science et l’information scientifique sont simples : elles sont difficiles, exigeantes et pleines de pièges. Quiconque souhaitant se forger une opinion sur la relativité restreinte, l’algèbre, la théorie du chaos ou le néo-darwinisme ne pourra éviter de compulser les bases, le vocabulaire, les règles, au même titre que celui qui voudra apprendre une langue étrangère devra passer par les fondamentaux. Il y a généralement autant de différence entre un champ scientifique et sa vulgarisation qu’entre une pratique maîtrisée d’une langue et le petit lexique de voyage des Guides du Routard. Nous ne disons pas que ces lexiques ne sont pas utiles, ou que cette VS simplifiante ne devrait pas exister : nous demandons à ce qu’il soit précisé à ses consommateurs que cette connaissance est simplifiée à outrance, non suffisante pour avoir une opinion éclairée, et crée du « sens » ou du « rêve » bon marché. Aussi sympathique soit-elle, ce n’est pas avec une fausse cape de Superman achetée en supermarché qu’on parviendra à voler. » (*p.119)

Denis Caroti

 


Bibliographie :
On retrouvera l’essentiel de ces critiques dans la thèse de Richard Monvoisin : Pour une didactique de l’esprit critique (2007), p.114, disponible ici

 


[1] Cette histoire du chat de Schrödinger qui narguerait les physiciens est ici, il faut l’avouer, très mal présentée. Ce chat ne nargue personne, c’est simplement une image pour illustrer ce que l’on nomme la superposition des états en MQ. Or, cette superposition n’a lieu qu’à des dimensions proches de celles de l’atome. Le chat, comme illustration de ce phénomène, est intéressant mais laisse souvent le lecteur dans un état pour le moins dubitatif sur les mystères de cette physique si étrange…voir ici pour plus de détails.

alt
CorteX_Roger_Gonnet

Roger Gonnet, 10 ans de scientologie, 30 ans de lutte

  • Dans le premier document, Roger Gonnet raconte sa rentrée dans la scientologie, avec des détails sur la « théorie sous-jacente », inspirée d’un mélange de freudisme et de science-fiction.

  • Dans le deuxième extrait, Roger aborde les mécanismes de l’adhésion, et la manière dont lui-même a pu se sortir de la nasse. Il énonce quelques paramètres de détection des dérives très simples à enseigner ou à transmettre au grand public.

  • Dans ce troisième document, Roger aborde la question de la liberté de culte, et le mot secte.

  • Quatrième partie, Roger Gonnet discute ici la liberté de la conviction de l’individu et la liberté de critique de la croyance.

  • Cinquième partie : Roger indique quelles sont les ressources que l’on peut consulter lorsqu’on cherche des informations sur les dérives sectaires.

Le site Antisectes, qu’il gère.

Le site Prevensectes.

La Miviludes (Mission Interministérielle de Vigilance et de LUttes contre des Dérives Sectaires)

  • Dans la sixième et dernière partie, Roger Gonnet encourage à former l’esprit critique dès le plus jeune âge, et recommande quelques lectures.

alt

Russell Miller, Ron Hubbard le gourou démasqué, par Russel Miller, Plon, 1994.

Nicolas Jacquette, 25 ans, Ma vie chez les Témoins de altJéhovah, Balland, 2007.

altEmmanuel Fansten, Scientologie: autopsie d’une secte d’État, Robert Laffont, 2010.

Et son propre livre sur la Scientologie, La secte, secte armée pour la altguerre – chronique d’une « religion » commerciale avec irreponsabilité illimitée, Alban, 2004.

 

Merci pour ce témoignage, ces conseils et cet extraordinaire combat, Monsieur Gonnet !

Richard Monvoisin

Documents filmés le dimanche 13 mars 2011

Hoax – L’arrêt programmé de la vente des plantes médicinales

Depuis quelques jours, les boîtes mail de certains membres du CorteX sont envahies par un message annonçant  l’interdiction imminente des plantes médicinales en Europe : « C’est quasiment fait. Nous allons voir disparaître les préparations à base de plantes, ainsi que la possibilité pour les herboristes de les prescrire ».
Une petite enquête nous a révélé que cette information était fausse.

Tous les mails nous renvoient vers ce site, où l’on peut visionner cette vidéo :

[dailymotion id=xhpjqs]

Notre position vis-à-vis du débat

D’une manière générale, il nous paraît important de savoir d’où les gens parlent. Alors commençons par nous appliquer cette règle.

  • Nous n’avons aucun intérêt dans l’industrie pharmaceutique, ni dans l’industrie des compléments alimentaires, ni dans la fabrication de plantes médicinales.
  • Nous souhaitons que chacun puisse effectuer ses choix en connaissance de cause, en particulier dans le domaine de la santé, et nous nous battons pour que les intérêts de chacun dans ce domaine passent avant les intérêts de l’industrie pharmaceutique.
  • Cependant, nous pensons que le débat présenté ici est mal posé : s’agit-il de défendre des pratiques uniquement parce qu’elles sont naturelles ? Il nous semble qu’en matière de santé, il serait préférable de défendre des pratiques efficaces. Je ne prétends certainement pas que naturelle signifie inefficace, mais je préfère savoir que le citron n’est pas efficace  contre le cancer de l’estomac – on pourra lire sur ce sujet cet article sur le site de Hoaxbuster – que de conseiller aux gens que j’aime de remplacer leur chimiothérapie par une cure de jus de citrons. Le fait que le citron est « naturel » n’est pas un gage de son efficacité.Et rappelons-nous une facette Z indispensable : un témoignage, mille témoignages ne font pas une preuve.  Cela permet tout au plus de formuler l’hypothèse que « ça marche ». Il faut ensuite vérifier que cette hypothèse est valide. Le processus coûte cher ? Alors battons-nous pour qu’il soit financé  par le public.
    Certes, les laboratoires pharmaceutiques n’ont pas intérêt à ce que tout le monde se soigne naturellement, mais la question importante pour nous est :  » avons-nous intérêt à nous soigner naturellement ? ».
    S’opposer aux pratiques de laboratoires pharmaceutiques ne devrait pas nous faire renoncer à la seule méthode efficace pour décider ce qui est bon ou mauvais pour nous : la démarche scientifique (comparaison à un échantillon test, tests en double aveugle…) 

Validité de l’information

Nous avons trouvé un texte intitulé Démenti de Thierry Thévenin relatif à la rumeur d’interdiction des plantes médicinales au sein de l’Union Européenne qui répond aux informations données dans la vidéo. D’où parle cette personne ? Il produit des herbes et plantes aromates médicinales et est membre du syndicat des Simples. Vous pouvez le vérifier sur son site.
Si nous ne sommes pas en total accord sur l’intégralité de ses propos, nous le remercions pour le travail d’enquête qu’il a réalisé sur la fameuse directive européenne et pour avoir pris le temps de l’expliquer. Nous reproduisons ici la seconde moitié de son texte, vous pouvez télécharger l’intégralité ici

TEXTE ORIGINAL – 2ème partie : T. Thévenin répond à l’auteur du texte à l’origine de la vidéo. Heidi Stevenson, samedi 25 septembre 2010. Les commentaires de Thierry Thévenin à la suite.

« Grande victoire pour l’industrie pharmaceutique : Les plantes médicinales bientôt interdites dans L’UE »

C’est faux ! C’est la vente d’une plante en tant que médicinale (c’est à dire délivrée avec des indications thérapeutiques) qui sera interdite tant qu’on aura pas obtenu une AMM (autorisation de commercialisation) auprès de The Committee on Herbal Medicinal Products (HMPC). Il s’agit d’ailleurs de l’aboutissement effectif de la Directive N° 2004/24/CE du 31 mars 2004 relative aux savoirs traditionnels (plantes médicinales traditionnelles), directive citée plus bas par Mme Stevenson.

« C’est quasiment fait. Nous allons voir disparaître les préparations à base de plantes, ainsi que la possibilité pour les herboristes de les prescrire. »

Pure désinformation. Il me semble que cela est juste destiné à susciter de l’émotion chez le lecteur.

« L’industrie pharmaceutique, qui depuis quelques décennies tente d’éliminer toute concurrence, a presque atteint son but. Le 1er avril 2011 – dans moins de huit mois – pratiquement toutes les plantes médicinales seront illégales dans l’Union Européenne. »

Non et non ! C’est un raccourci. Cette directive est censée permettre une procédure d’autorisation de mise sur le marché « simplifiée » pour l’enregistrement des médicaments traditionnels à base de plantes sans exiger les renseignements et les documents classiques des tests et essais sur la sécurité et l’efficacité, à condition qu’il existe suffisamment de preuves d’une l’utilisation médicinale du produit – éléments bibliographiques ou rapports d’experts – pendant une période d’au moins 30 ans, dont au moins 15 ans dans la Communauté Européenne.

Toutefois, cette procédure même « simplifiée » par rapport à celle qui est prévue pour les médicaments classiques, reste trop lourde et coûteuse pour des petites structures artisanales, surtout si elles ont une grande gamme de remèdes à faire valider. Ce sont donc les petits acteurs de la filière qui seront poussés vers l’illégalité le 1er avril 2011.

« L’approche adoptée aux Etats-Unis est un peu différente, mais a le même effet dévastateur. Les gens sont devenus des réceptacles pour toutes les cochonneries que l’industrie pharmaceutique et l’agrobusiness choisit de déposer, et nous n’avons d’autre choix que de payer le prix qu’ils demandent. L’industrie pharmaceutique et l’agrobusinesss sont presque arrivés à contrôler chaque aspect de notre santé, depuis la nourriture que nous mangeons jusqu’à la façon dont nous nous soignons quand nous sommes malades. Soyez-en sûrs : cette prise de contrôle prendra tout ce qu’il reste de notre santé. Dès le 1er avril prochain Dans l’un des pires poissons d’avril de tous les temps, la directive européenne pour les produits à base de plantes médicinales traditionnelles (THMPD) a été décrétée le 31 mars 2004. Elle réglemente l’usage des produits à base de plantes qui étaient auparavant librement échangés. »

Librement échangés!? Certainement pas : en France, en tout cas, le libre échange des plantes n’existe plus légalement depuis le début du XIIIè siècle, époque de l’institution des corporations des professions de santé (apothicaires, herboristes, médecins, épiciers…).

De même, dans le plus grand nombre – la totalité ? – des autres pays de l’Union, des dispositions réglementaires légifèrent depuis très longtemps sur la question de l’échange des plantes médicinales.

A mon avis, dans ce texte, ce sont les gros distributeurs de compléments alimentaires qui « crient au loup » car ils sont en guerre médiatique contre leur « ennemi naturel »: les gros distributeurs de l’industrie pharmaceutique.

Les producteurs du syndicat Simples ainsi que tous les petits acteurs indépendants de l’herboristerie européenne se trouvent quelque part dans un espèce de no-man’s land au beau milieu du front de la bataille et dans l’ombre de ces deux géants.

« Cette directive demande à ce que toutes les préparations à base de plante soit soumises au même type de procédure que les médicaments. Peu importe si une plante est d’un usage courant depuis des milliers d’années. »

Cette affirmation est encore fausse. En fait les exigences pour ces plantes sont réduites par rapport à celles d’un médicament classique. Une étude bibliographique scientifique détaillée et des rapports argumentés d’experts doivent apporter des éléments sur le recul d’usage traditionnel pour faire apparaître plausible l’efficacité du produit et réduire la nécessité de réaliser des essais précliniques et cliniques si l’usage traditionnel montre l’innocuité de ce produit dans des conditions spécifiées. Alors, l’autorité pourra conclure à un niveau satisfaisant de sécurité et d’efficacité du produit. En l’absence de données suffisamment documentées pour pouvoir bénéficier d’un classement en usage médical bien établi (dix années de recul), le recul d’utilisation est, pour relever d’un classement en usage traditionnel, d’au moins trente années, dont au moins quinze dans la communauté.

Ce dernier point génère de fait une discrimination culturelle injuste en faveur de la culture européenne et plus généralement bibliographique.

« Peu importe si une plante utilisée depuis des milliers d’années est sans danger et efficace. Elle sera considérée comme un médicament. »

Même raccourci que précédemment.

« Bien sûr, les plantes sont loin d’être des médicaments. »

Je ne suis pas forcément d’accord avec cette affirmation. Cela dépend de la définition entendue pour le terme médicament. Si médicament signifie produit pharmaceutique standardisé, je suis d’accord : les plantes ne sont pas des médicaments ; mais si « médicament » signifie remède alors je ne suis pas d’accord. Il est indéniable que les plantes médicinales peuvent être des remèdes thérapeutiques même si elles ont le plus souvent d’autres usages.

C’est d’ailleurs pourquoi je plaide depuis plusieurs années pour le retour officiel d’herboristes formés et reconnus qui puissent aider le public à utiliser sereinement les plantes médicinales pour le bien de leur santé au quotidien.

« Ce sont des préparations faites à partir de sources biologiques. Elles ne sont pas nécessairement purifiées, car cela peut modifier leur nature et leur efficacité, comme pour tout aliment. C’est une distorsion de leur nature et de la nature de l’herboriste de les prendre pour des médicaments. »

Pas pour moi : les plantes médicinales peuvent soigner ou soulager des maladies et sont donc des médicaments. Il est toutefois évident que leur variabilité et leur recul d’usage souvent extrêmement important doit permettre de les différencier des médicaments de synthèse et de ne pas leur faire subir les mêmes obligations de contrôle et d’évaluation que ces derniers ; obligations qui seraient en l’occurrence abusives et inadaptées.

« Cela, bien sûr, ne compte pas pour le monde pharmaceutique européen contrôlé par Big Pharma, qui a gravé le corporatisme dans le marbre de sa constitution. Le Dr. Robert Verkerk de l’Alliance for Natural Health, International (ANH) décrit le problème qui se pose si l’on demande à ce que les préparations à base de plantes répondent aux mêmes normes de conformité que les médicaments : Faire passer un remède classique à base de plante provenant d’une culture médicale traditionnelle non-européenne au travers du système d’Autorisation de Mise sur le Marché de l’UE s’apparente à faire passer une cheville carrée dans un trou rond. Le système de régulation ignore les traditions spécifiques et n’est donc pas adapté. Une adaptation est requise de toute urgence si la directive est discriminatoire à l’égard des cultures non-européennes et viole par conséquent les droits de l’homme.»

C’est vrai, ce système est discriminatoire ; il favorise les remèdes issus des cultures dominantes. Il relègue à terme en dehors du circuit légal les cultures minoritaires et/ou orales.Cela relance d’ailleurs l’idée souvent abordée dans les réunions du syndicat de créer des ponts et de la solidarité entre les producteurs Simples et d’autres producteurs et herboristes du monde.

« Droit commercial. Pour mieux comprendre comment cela peut se produire, il faut savoir que les lois du commerce ont été au centre des initiatives visant à mettre tous les aspects de l’alimentation et la médecine sous le contrôle de l’industrie pharmaceutique et de l’agrobusiness. C’est le modèle hypocrite, hégémonique et faussement libéral des multinationales qui gagne du terrain dans toutes les institutions politiques. Si vous avez suivi ce qu’il s’est passé aux Etats-Unis concernant le lait cru et la Food and Drug Administration (FDA) qui déclare que les aliments se transforment par magie en médicaments quand on affirme qu’ils sont bons pour la santé, vous avez pu remarquer que la Federal Trade Commission (FTC) a pris part au processus. »

Dans notre pays, ce principe de l’allégation thérapeutique qui « fait » le médicament est inscrit depuis longtemps dans le Code de la santé publique. A ce sujet, en France, La définition du médicament s’est considérablement étendue au cours du XXème siècle. A l’origine, pour simplifier, c’est une substance qui prévient ou traite les maladies, ainsi que l’avait d’ailleurs établi l’ordonnance du 4 février 1959 (JORF du 8/02/1959). Ensuite elle va également s’appliquer à toutes les substances qui peuvent restaurer, corriger ou modifier les fonctions organiques selon l’ordonnance n°827-67 parue au JORF du 28 septembre 1967, (ceci pour principalement répondre à l’apparition de la pilule contraceptive). En fait cette nouvelle définition, beaucoup plus floue, va permettre de justifier l’extension du monopole de la pharmacie à de très nombreux produits hygiéniques ou diététiques.

« Les aliments et les médecines traditionnelles sont considérés comme des questions commerciales plutôt que comme une question de droits de l’homme. Cela place les désirs des grandes corporations, plutôt que les besoins et désirs des gens, au centre des lois sur les aliments et les plantes. C’est cette distorsion qui transparaît dans les déclarations outrageusement absurdes de la FDA, affirmant par exemple que les Cheerios (des céréales de petit-déjeuner) et les noix sont presque des médicaments simplement parce qu’on dit que c’est bon pour la santé. »

En France, à ce jour, il faut que la plante (ou plutôt la drogue) n’ait pas d’autres usage que thérapeutique pour être considérée comme une plante médicinale. (« Une plante médicinale est une plante présentant des propriétés médicamenteuses, sans avoir ni ne pouvant avoir aucune utilisation alimentaire, condimentaire et hygiénique » article L. 512, CODE DE LA SANTE PUBLIQUE). La directive N° 2004/24/CE ne semble pas remettre ce principe en cause.

« Le but de tout cela est de sécuriser le monde pour le libre-échange des méga-corporations. Les besoins et la santé des gens ne rentrent tout simplement pas en considération.

Comment combattre cette intrusion sur notre santé et notre bien-être Ce n’est pas chose faite, du moins, pas tout à fait. Si vous tenez aux plantes, et si vous vous souciez des vitamines et autres suppléments, agissez s’il vous plait. Même si ces questions vous semblent sans importance, pensez aux gens pour qui ça l’est. Doit-on leur interdire le droit au traitement médical et aux soins de santé de leur choix ?

L’ANH lutte activement contre ces intrusions. Ils vont actuellement devant les tribunaux pour tenter de stopper la mise en application de la THMPD. Nous ne pouvons qu’espérer qu’ils réussiront, mais l’histoire récente montre qu’aucune manoeuvre légale ne peut s’opposer à ce rouleau compresseur. Nous ne pouvons pas nous asseoir et attendre les résultats de leurs efforts. Nous devons voir leurs efforts comme faisant partie d’un tout, dans lequel chacun de nous joue un rôle.

C’est à nous -à chacun d’entre nous- d’agir. Si vous vivez en Europe, envoyez s’il vous plait une lettre ou un message à votre Membre du Parlement Européen. Consultez cette page pour trouver qui c’est et comment le contacter. Puis, envoyez une lettre déclarant, en termes non équivoques, que vous soutenez fortement l’action de l’ANH pour stopper la mise en application de la THMPD et que vous espérez qu’ils vont aussi prendre position pour les droits des gens à choisir les remèdes médicinaux.

Imaginez-vous devant vos enfants ou petits-enfants vous demandant pourquoi vous ne l’avez pas fait. Comment allez-vous leur dire que leur bien-être ne vous intéressait pas ? Comment allez-vous leur dire que regarder la dernière émission de téléréalité importait plus que de consacrer quelques instants à écrire une simple lettre ?

C’est seulement en luttant activement que cette farce contre notre bien-être peut être stoppée. Si nous restons dans l’apathie, alors ça arrivera. Notre droit à protéger notre santé et celle de nos enfants est dans la balance. Si vous vous souciez du bien-être de vos enfants et petits-enfants, vous devez agir. Exprimez-vous, car maintenant, c’est le moment de vérité. Vous pouvez rester assis et ne rien faire, ou vous pouvez vous exprimer.

Et après l’avoir fait, parlez-en à toutes les personnes que vous connaissez. Dites-leur qu’il est temps d’agir. Il n’y a vraiment pas de temps à perdre. »

Je le redis, je ne souscrirai pas à l’appel de Mme Stevenson car il est erroné, subjectif et présente, à mon avis, un ton manipulateur qui dessert la cause qu’il veut soutenir.

Il existe en France et dans bien d’autres pays d’Europe des herboristes, des usagers, des producteurs, des enseignants, des scientifiques, universitaires, thérapeutes, médecins et même des politiques qui croient à l’avenir de la médecine traditionnelle des plantes et oeuvrent pour sa reconnaissance objective et indépendante à l’échelle européenne. Puissent-ils se rencontrer et se fédérer pour aboutir le plus rapidement possible.

Thierry Thevenin, 18 octobre 2010

Guillemette Reviron          

alt

Impacts de la psycho-pop, par Brigitte Axelrad

Les médias utilisent l’intérêt du public pour les questions psy, ce qui leur permet de faire de l’audience et des ventes importantes. Le représentant de Psychologies Magazine ne se cache pas pour dire que le mal être des gens, et plus particulièrement des femmes, constitue son fond de « commerce » !
Ces émissions et ces revues abordent les sujets psy de façon superficielle et souvent réductrice. Elles font entrer dans le langage populaire des concepts empruntés à la psychanalyse et dont tout le monde croit connaître le sens.

La vigilance critique devrait, à mon sens, guider l’écoute et la lecture de cette presse psycho-pop. Notamment apprenons à détecter le « rapt des concepts », en particulier ceux qui sont issus de la psychanalyse : complexe d’Œdipe, refoulement, lapsus révélateurs, actes manqués, etc. et surtout l’inconscient, comme la clé d’interprétation de toutes les manifestations d’ordre « psychique ».
Ces médias propagent par ailleurs des approches pseudo-scientifiques telles que celles de Jacques Salomé, la psychogénéalogie, les thérapies de la « mémoire retrouvée » et toute la vague des thérapies « New Age », et des méthodes contestables et contestées, telles que la PNL (Programmation Neuro-Linguistique), l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing), l’hypnose, l’imagerie guidée, la communication facilitée (CF), la canalisation, etc. Quand on entend ou lit des termes issus du vocabulaire scientifique et utilisés hors de leur contexte, tels que « quantique », « énergie », « hologramme », une méfiance redoublée serait de mise.

La place privilégiée de la psychanalyse dans la société française.

L’une des raisons qui donne à la psychanalyse cette première place dans l’interprétation des comportements et des troubles psychologiques est peut-être le fait qu’elle a été enseignée dans les classes terminales des lycées et a constitué le socle des cursus universitaires de philosophie et de psychologie.

Une autre raison est, de mon point de vue, l’icône de Sigmund Freud, considéré dans son domaine à l’égal de Copernic en astronomie, d’Einstein en physique ou de Darwin en biologie, comme Freud lui-même se plaisait à le dire, en qualifiant la psychanalyse de « troisième révolution » dans le monde des idées.

Contester l’image ou les théories de Freud est en France un sujet relativement tabou. Les tentatives récentes des auteurs du Livre Noir de la psychanalyse, de Jacques Bénesteau ou de Michel Onfray, ont du mal à s’imposer dans l’opinion. Contester Freud est encore chez nous un sacrilège et souvent taxé d’antisémitisme.

Ceci n’est plus le cas dans le reste du monde, à l’exception notable de l’Argentine.

Vous pouvez remarquer qu’à chaque accident grave : attentat, catastrophe naturelle ou phénomène social, les médias font appel au psychanalyste de service et non à un psychologue, pour commenter et préconiser des solutions d’aide psychologique aux victimes.

La prétention de la psychanalyse à tout expliquer a conduit depuis qu’elle existe à n’attribuer qu’une seule cause à toutes sortes de pathologies, dont on n’a pas encore l’explication scientifique. C’est le cas en particulier de l’autisme, dont la responsabilité a été attribuée, depuis les pseudo-travaux de Bruno Bettelheim, à la « mère-réfrigérateur », concept dû à Léo Kanner et aussi sexiste que… faux. Fort heureusement aujourd’hui, les progrès de la génétique, des moyens d’investigation comme l’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique), ont envoyé ce concept à la poubelle. Mais ces théories fumeuses guident encore les psychiatres adeptes du packing, cette sorte de camisole glacée utilisée pour des enfants, et empêchent le développement des thérapies comportementales comme le traitement ABA (Applied Behavioral Analysis).

La psychanalyse s’est attribué une place de choix en psychothérapie, malgré les preuves apportées aujourd’hui que Freud a falsifié ses résultats et dissimulé ses échecs thérapeutiques, comme celui de l’homme aux loups, par exemple. La psychanalyse prétend donner aux troubles psychologiques une seule explication : les traumatismes sexuels, qui auraient été subis dans l’enfance. Elle incite les patients à creuser dans le passé pour retrouver la cause de leurs difficultés actuelles. Une cure psychanalytique peut durer des années. À l’inverse, les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), dites brèves, sont fondées sur les connaissances issues de la psychologie scientifique. Le thérapeute intervient sur les processus mentaux ou cognitifs, conscients ou non, considérés comme à l’origine des émotions et de leurs désordres, pour changer le comportement du patient. Comme l’a dit Jacques Van Rillaer, lorsque le patient est au fond du trou, mieux vaut lui donner une échelle pour en sortir qu’une pelle pour le creuser !

Les thérapies cognitivo-comportementales ont du mal à être reconnues malgré leur efficacité supérieure à celle de la psychanalyse. Le rapport de l’INSERM, publié en 2004, en a apporté la preuve, mais il a été retiré du site du Ministère de la Santé sous la pression des écoles psychanalytiques (1). Depuis 2004, l’encadrement de la profession de psychothérapeute a fait l’objet d’un projet de loi, finalement publié en 2010 avec des amendements, pour protéger surtout la pratique des psychanalystes, qui sont dispensés du cursus universitaire. Richard Monvoisin a fait remarquer que, pour devenir psychanalyste, il suffit en gros d’avoir fait soi-même une psychanalyse. Comme si de s’être fait soigner les dents chez un dentiste procurait la connaissance et le droit d’exercer le métier de dentiste !

Les thérapies de la « mémoire retrouvée »

Elles sont fondées sur la théorie de la séduction de Freud, qui a précédé celle du complexe d’Œdipe. Les thérapeutes adeptes de la « mémoire retrouvée » n’ont qu’une seule théorie : les difficultés existentielles du patient n’ont qu’une seule cause, un abus sexuel subi dans l’enfance, que l’inconscient aurait « refoulé » pour protéger la « victime ». Retrouver le souvenir de l’abus permettrait seul la « guérison ». Dans ce contexte, le thérapeute exerce sur le patient une pression psychologique pour lui faire accepter cette cause. Une partie de ces patients finit par accepter cette explication à son mal être et retrouver des « souvenirs enfouis » d’abus sexuel.

Comment être sûr que ces souvenirs sont vrais ou faux ? Quels indices permettent de faire la différence entre vrais souvenirs et faux souvenirs ? Sans corroboration extérieure, vous ne pouvez pas faire la différence. Les vrais souvenirs comme les faux peuvent comporter les mêmes détails et être exprimés avec confiance et émotion. Elizabeth Loftus a montré que la mémoire est malléable et ne fonctionne pas comme une bande magnétique ou le disque dur d’un ordinateur, elle reconstruit en permanence les souvenirs. Plusieurs expériences, menées par elle et son équipe de chercheurs, en apportent la preuve : « Bugs Bunny à Disneyland », « Perdu dans un centre commercial », etc. La mémoire est donc sujette à manipulation par des thérapeutes convaincus du bien-fondé de leur théorie. Richard McNally, professeur à Harvard, a montré que la théorie du refoulement n’a jamais pu être prouvée, Daniel Schacter, professeur à Harvard lui aussi, fait remarquer et que les traumatismes violents subis dans les camps de concentration ou dans les conflits ne sont pas oubliés.

Quand un patient consulte un psychothérapeute, il est fragilisé, a besoin d’aide, et espère guérir de son mal être. Il lui sera difficile de se rendre compte qu’il est manipulé, si c’est le cas. La théorie de l’engagement l’incite toujours à continuer sa thérapie avec le même thérapeute, dans l’espoir que l’effort commencé portera ses fruits.

Il est quasiment impossible de différencier d’entrée de jeu un psychothérapeute des « faux souvenirs » d’un autre. Il peut être psychiatre, médecin, psychanalyste, psychothérapeute reconnu ou auto-proclamé. Les psys qui dénoncent chez les autres la méthode des faux souvenirs, alors qu’ils la pratiquent eux-mêmes, prétendent que les souvenirs qu’ils amènent leurs patients à retrouver sont vrais.

En conclusion, s’informer et garder son esprit critique sont les principales armes pour déjouer les pièges des psycho-pop.

Brigitte Axelrad

CorteX_SPS_HS_Psycha(1) Complément : lien vers l’article d’Esteve Freixa, qui se trouve également dans le hors-série Psychanalyse de Science & Pseudosciences N°293, décembre 2010. Et pour se rappeler de la génèse de la vindicte contre le rapport Inserm, on pourra lire cet article d’E. Faverau dans Libération de  22 février 2005.

CorteX_Axelrad

Note : Brigitte Axelrad, parmi moult productions disponibles sur Sciences & pseudosciences ou sur le site de l’Observatoire Zététique, a écrit chez book-e-book.com l’ouvrage « Les ravages des faux souvenirs, ou la mémoire manipulée » (2010).

 

alt

Outils d’autodéfense intellectuelle de la Traverse – équipons-nous en rigolant

La Traverse, revue du collectif Les Renseignements Généreux, publie une rubrique « Outils d’autodéfense intellectuelle – équipons-nous en rigolant » écrite par Richard Monvoisin.

alt

Dans le n°1 (août 2010) que l’on peut télécharger ici, on trouve entre autres choses Le culbuto, l’effet bof et autres ni-ni. L’article lui-même est accessible dans notre Outillage critique.

alt Dans le n°2 (mars 2011), que l’on peut télécharger là, on peut lire entre plein d’autres choses Effet Pangloss, les dangers du raisonnement à rebours.
alt                                                       .  . .

En ce début octobre 2012 paraît la revue La Traverse N°3, éditée par les  Renseignements Généreux. Vous aviez probablement déjà consulté les numéros précédents et leur stimulant contenu (mis en page par  Clara Chambon).

Directement en lien avec des problématiques science & critique, on retrouvera

et bien d’autres choses encore à voir ici


Sophismes et rhétorique – TP Analyse de documentaire sur l’homéopathie

Les sophismes (raisonnements logiquement corrects seulement en apparence) ainsi que certaines figures rhétoriques comme l’effet paillasson sont autant de techniques d’argumentation qui sèment le doute dans le raisonnement et favorisent les affirmations fallacieuses. Le risque : une « embrouille » argumentative pour nous faire accepter des affirmations sur la forme plutôt que sur le fond. Il est salutaire de s’entraîner à les repérer.

Ce TP propose un entraînement à l’identification de sophismes dans l’argumentation de certains intervenants d’un documentaire sur l’homéopathie. Sans traiter le fond, c’est la forme des arguments qui sera ici mise en lumière.

Ce travail peut être réalisé en plusieurs étapes :

  1. Mise à disposition matériel critique sur le sophisme, l’argumentation fallacieuse, l’effet paillasson.
  2. Visionnage des vidéos.
  3. Discussion sur l’argumentation et identification des figures sophistiques et rhétoriques, avec un aiguillage si nécessaire.

Les passages sont extraits du documentaire « L’homéopathie : mystère et boules de sucre« , diffusé le mardi 11 janvier 2011 dans l’émission Enquête de santé du Magazine de la santé de Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes. Y apparaît Richard Monvoisin, dans le cadre de son cours « Zététique & autodéfense intellectuelle » à la Direction des Licences Sciences et Techniques de l’Université Joseph Fourier, Grenoble.

Nous vous proposons, sur le site, de visionner les vidéos, repérer les differentes figures rhétoriques et vérifier ensuite avec nos propositions…
[dailymotion id=xgsbai] [dailymotion id=xgsbb0]

Extrait 1 – Vous avez trouvé ?…vérifiez ici                                                           Extrait 2 – Vous avez trouvé ?…vérifiez ici

[dailymotion id=xgsbb8] [dailymotion id=xgsbbb]

Extrait 3 – Vous avez trouvé ?…vérifiez ici                                                           Extrait 4 – Vous avez trouvé ?…vérifiez ici

[dailymotion id=xgsbbf] [dailymotion id=xgsbbj]

Extrait 5 – Vous avez trouvé ?…vérifiez ici                                                           Extrait 6 – Vous avez trouvé ?…vérifiez ici

Matériel vidéo à télécharger ici: Vidéo 1 Vidéo 2 Vidéo 3 Vidéo 4 Vidéo 5 Vidéo 6

Extrait 1

Discussions avec un médecin homéopathe sur le Natrum muriaticum, préparation homéopathique à base de sel de cuisine. Le médecin fait la démonstration que ce n’est pas simplement  du sel de cuisine mais bien un médicament.

  •  Pétition de principe, petitio principii

Méthode : consiste à faire une démonstration qui contient déjà l’acceptation de la conclusion, ou qui n’a de sens que lorsque l’on accepte déjà cette conclusion.

La démonstration du médecin : « (…) le Natrum muriaticum c’est du sel de cuisine, mais c’est un médicament car la préparation homéopathique change le produit. Sinon les gens qui auraient besoin de ce médicament, n’aurait qu’à manger salé et il n’y aurait alors pas besoin de ce médicament. C’est donc autre chose que du sel de cuisine.« anti_girafe

Qu’on peut simplifier ainsi : le Natrum muriaticum est un médicament car si ça n’en était pas un, les gens n’en auraient pas besoin.

Cette pétition de principe est de la forme du répulsif anti-girafe : le répulsif anti-girafe fait fuire les girafes. Comment le sait-on ? Regardez autour : il n’y a aucune girafe !

  • Faux dilemme

Méthode : réduire abusivement le problème à deux choix pour conduire à une conclusion forcée.

Ici: « Soit les homéopathes sont des charlatans, soit ils ont raison ».

Le fait de ne pas être un charlatan ne valide pas pour autant les affirmations de l’homéopathie. Ce faux dilemme oriente soigneusement la réponse en interdisant toute autre solution. Cette stratégie est redoutable car elle oriente sournoisement le débat en le simplifiant en un unique antagonisme. Mais celui-ci n’est qu’apparent : le fait que deux propositions soient compétitives ne signifie pas forcément qu’elles soient contradictoires. Le faux dilemme crée l’illusion d’une « compétitivité contradictoire ».

Broch l’explique dans une facette Z : « compétitif ne veut pas dire contradictoire »

Pour approfondir : voir la vidéo « Quelques facettes zététiques expliquées par le professeur Henri Broch », ou lire l’article Le culbuto, l’effet bof et autres ni-ni.

Retour aux vidéos

Extrait 2 

 «Selon les homéopathes, plus un produit est dilué, plus il est efficace. A défaut de preuve ils misent sur l’idée qu’il y aurait autre chose, une trace, une onde, que notre science ne saurait pas encore détecter. »

  • Appel à l’ignorance, argumentum ad ignorantiam
Méthode : prétendre que quelque chose est vrai seulement parce qu’il n’a pas été démontré que c’était faux, ou que c’est faux parce qu’il n’a pas été démontré que c’était vrai.

Le propos est résumable ainsi : la dilution homéopathique fonctionne mais la science ne peut pas encore détecter le principe de fonctionnement.

  • Renversement de la charge de la preuve

Méthode : demander à l’interlocuteur de prouver que ce qu’on avance est faux.

Par extension, l’appel à l’ignorance aboutit au renversement de la charge de la preuve. Il est insinué que ce n’est pas aux homéopathes de prouver l’efficacité des dilutions homéopathiques, mais à la science (voir plus loin) de le faire.

La journalise note d’ailleurs pertinemment dans le commentaire « qu’à défaut de preuve, ils misent… ». On se situe effectivement bien loin de la démarche scientifique.

  • Faux dilemme

Méthode : réduire abusivement le problème à deux choix pour conduire à une conclusion forcée.

Il y a également un faux dilemme subtil dans l’utilisation du terme « notre science ». D’une part ce terme se révèle très ambigu : « science » est ici un mot creux qui risque de laisser l’interprétation libre à chacun. De quelle science parle-t-on ? Le corpus de savoirs communément acceptés, la communauté scientifique, l’application technologique, ou la démarche intellectuelle ?

Ensuite le « notre science » induit subtilement un antagonisme, « notre » s’opposant à quelque chose qu’on va chercher à situer. En laissant libre cette opposition dans le propos, c’est le sens qui est laissé à la subjectivité de chacun. On risque alors d’accepter des connotations fallacieuses : que doit-on comprendre ici ? Une science occidentale versus une science orientale, une science moderne versus science ancienne, une science rigide versus science plus ouverte… Le débat est alors orienté.

  • Hypothèse ad hoc

« A défaut de preuve ils [les homéopathes] misent sur l’idée qu’il y aurait autre chose, une trace, une onde, que notre science ne saurait pas encore détecter. »

C’est une hypothèse formée Ad hoc, « dans un but précis » en latin. On admet au départ ce que l’on entend prouver par la démonstration que l’on va faire, c’est l’effet cerceau de la zététique.

Une hypothèse ad hoc est suggérée pour expliquer ce qu’on ne peut expliquer. Prétendre par exemple que si aucune preuve de vie martienne n’est obtenue, c’est parce que la NASA s’obstine à effacer les traces qu’elle trouve (thèse de R. Hoagland, par exemple). L’hypothèse ad hoc de théories complotistes : Il existe un complot et le manque de preuve montre bien que ce complot est efficace !

On dit ici qu’il n’y a pas de preuve que « plus un produit est dilué, plus il est efficace » alors c’est qu’il y aurait autre chose: une trace, une onde. Avant d’invoquer d’autres mécanismes explicatifs (des traces, des ondes), il faut s’assurer simplement que l’affirmation de départ est valide. Ce qui n’est pas le cas. Il est toujours plus raisonnable d’appliquer le rasoir d’Occam plutôt que de proposer des hypothèses ad hoc spéculatives pour sauvegarder une allégation douteuse.

Retour aux vidéos

Extrait 3 

Entretien à propos de la mémoire de l’eau avec le professeur Luc Montagnier, co-découvreur du virus du sida et prix Nobel de médecine.

  • L’homme de paille, technique de l’épouvantail, ou strawman

Méthode : travestir la position de l’interlocuteur en une autre, plus facile à réfuter ou à ridiculiser.

« La grande erreur, la bêtise, serait de dire ce phénomène nous ne le comprenons pas, donc il n’existe pas, …c’est anti-scientifique… »

Le professeur tourne en ridicule d’éventuels opposants à ses propos, en évoquant une position fictive et grossière, qualifiée d’anti-scientifique. Il y a détournement flagrant du débat dans la mesure où aucun phénomène n’a pu être observé, il n’est donc pas possible de le comprendre : il est refusé non parce qu’il n’est pas compris, mais parce qu’il n’est pas observé.

  • Technique du chiffon rouge, red herring, hareng fumé

Méthode : déplacer le débat vers une position intenable par l’interlocuteur.

« Soyons modeste, pensons que nous avons encore beaucoup de choses à apprendre de la nature, que nous avons d’autres théories qui sont plus près de la réalité mais qui ne sont pas encore tout à fait la réalité… »

Double sophisme: autour d’un appel à l’ignorance (tout n’a pas été démontré) le professeur impose une position intenable car ridicule. C’est la technique du chiffon rouge : refuser son propos serait refuser d’être modeste et prétendre tout savoir de la nature

Effet paillasson : qu’est-ce qu’on entend pas nature ici ? (pour approfondir, on pourra lire les travaux de G.Reviron).

L’utilisation du mot « théorie » est trompeuse : la mémoire de l’eau n’est pas une théorie au sens scientifique, ce n’est encore qu’une prospective, qui n’est pas étayée. Le risque est de mettre en compétition des théories qui n’ont pas le même niveau d’étayage. Par exemple, mettre à égalité la théorie de l’évolution des espèces et celle du créationnisme. Pour creuser voir Les 7 erreurs principales sur l’évolution, selon Cyrille Barrette.

Retour au vidéos

 

Extrait 4 

  • Technique du chiffon rouge, red herring, hareng fumé

Méthode : déplacer le débat vers une position intenable par l’interlocuteur.

« Les études scientifiques sont très intéressantes pour valider, mais surtout pour des médicaments qui ont des risques considérables et qu’on va mettre sur le marché. »

Technique du chiffon rouge : le débat est détourné sur la nécessité de valider des médicaments aux risques considérables. C’est vrai, mais ne change rien à la question de la validation scientifique des produits homéopathiques. L’autre technique du chiffon rouge ici consiste à déplacer la question de l’effcacité vers celle de l‘utilité de ces poduits. C’est une diversion sur d’autres sujets, qui ne font partie du débat qu’en apparence mais sont utilisés comme des arguments de poids.

  • L’appel à la popularité, argumentum ad populum.

Méthode : Invoquer le grand nombre de personnes qui adhèrent à une idée.

« Nous ça fait 200 ans que nous sommes sur le marché, ça fait 200 ans que des patients dans plus de 80 pays dans le monde utilisent des médicaments homéopathiques. Vous pensez sincèrement que des patients et des professionnels de la santé vont utiliser des médicaments inefficaces ? »

« N’oubliez pas les milliers de personnes qui se soignent à l’homéopathie, […] ils voient bien que ça marche. »

L’appel à la popularité est redoutable car il est posé très simplement en quelques mots : « Des milliers de gens l’utilisent » et nécessite une démonstration évidemment un peu plus longue pour le réfuter. Mais que des milliers de gens se servent de l’homéopathie, ne prouve pas son efficacité : la véracité d’une proposition ne dépend pas du nombre de gens qui la soutient.

Là encore cela permet un écran de fumée qui dissimule le sujet initial, en subtilisant la question de la validité scientifique par celle de l’efficacité évaluée subjectivement, quand bien même par des milliers de gens. Rappelons qu’on peut tromper mille personnes une fois…

On pourra lire Richard Monvoisin, Pour une didactique de l’esprit critique, pp. 221-224 Principe de la preuve sociale, effet Panurge ou argumentum ad populum

Retour aux vidéos

Extrait 5

  • Effet paillasson

L’effet paillasson consiste à désigner une chose ou un objet par un mot qui se rapporte à autre chose. 

« [L’effet placebo] la capacité d’un médecin à induire la fabrication de médicaments intérieurs par l’organisme »

« L’effet placebo c’est qu’un médecin (sic) arrive à déclencher par l’organisme cette fabrication de médicaments. »

On ne peut pas réduire l’effet placebo au médecin, c’est l’effet attribuable au traitement en général : le contexte de prescription mais également la substance. En mettant en avant la pratique du médecin dans une définition erronée, on peut alors conclure du bien fondé de cette pratique ensuite.

Le placebo est une substance neutre que l’on substitue à un médicament pour contrôler ou susciter les effets accompagnant la médication. L’effet placebo est l’effet positif attribuable à la conception qu’une prise en charge/médicament aura un effet. L’effet placebo est l’effet strictement psychologique ou psychophysiologique lié à la prescription d’un placebo. Les deux principaux  moteurs de l’effet antalgique d’un placebo, domaine où il a été le mieux étudié, sont les attentes positives du médecin et du patient sur la prise de la substance.

« Notre corps peut fabriquer des antibiotiques, des anti-fièvre des anti-cancers…on peut fabriquer du crack, du haschich, de l’alcool, de la nicotine, on peut tout faire en fait. »

Il y a ici une équivoque entre les produits, leurs effets et leur composition. L’utilisation des mots comme crack, haschich, alcool, fait plus référence aux effets sur l’organisme de ces produits que sur leur véritable production par l’organisme. Le crack, par exemple, est une transformation de la cocaïne par dissolution qui provoque une cristallisation du produit (en caillou). L’organisme ne peut évidement pas effectuer cette opération.

On pourrait alors plutôt comprendre que le médecin fait référence à la composition chimique des produits, qui serait reproductible par l’organisme. C’est une affirmation tendancieuse et  péremptoire, qui demanderait un développement beaucoup plus conséquent. En l’état on ne peut pas affirmer que notre corps peut produire, par exemple, de la « nicotine » en tant que telle, c’est un effet paillasson.

« [L’homéopathie] est une médecine très noble parce qu’ils [les homéopathes] obligent le corps à se guérir lui-même. »

On pourrait voir une forme d’animisme simpliste dans la manière de présenter le corps humain comme capable de «guérir» par lui-même. Bien sûr, certains systèmes végétatifs fonctionnent tous seuls. Mais ici, où l’on parle d’une prise «symbolique» de médicament, le présenter de la sorte dissipe le caractère psychoactif du processus.
On notera aussi que la notion de noblesse en médecine est pour le moins discutable : y a-t-il des thérapies moins nobles (plus…. viles ?) que d’autres ?

Retour au vidéos

Extrait 6

L’effet paillasson consiste à désigner une chose ou un objet par un mot qui se rapporte à autre chose.

« On fait tous 8, 10 cancers tous les jours… »

De la même façon le terme cancers est tendancieux. Le cancer est un ensemble de maladies, qui se traduit par une altération de cellules, engendrant le développement d’amas de cellules cancéreuses (formant des tumeurs) qui échappent aux processus ordinaire de destruction par l’organisme. C’est uniquement si les cellules altérées ne sont pas détruites qu’on commence à parler de cancer. On ne peut pas alors raisonnablement utiliser ce terme pour évoquer des cellules altérées qui vont être supprimées par les lymphocytes.

En jouant sur l’ambiguïté des mots utilisés, on peut connoter des choses radicalement différentes. On utilise ici la charge symbolique des termes, pour vraisemblablement, entretenir une sorte de mystère, de magie autour de l’homéopathie, de l’effet placebo, de la médecine…

Il y a très certainement d’autres choses à extraire de ces courts passages. Toute suggestion est la bienvenue !

N.G.

 
CorteX_Peur_image_meme-pas-peur

Appel à la peur

Appel à la peur : raisonnement fallacieux dans lequel une personne tente de créer l’approbation d’une proposition en utilisant des menaces ou des peurs existantes ou  non. Se dit aussi argumentum ad metum ou argumentum in terrorem

Exemples :

– Arrête de faire des grimaces. S’il y a un courant d’air, tu resteras comme ça toute ta vie.
– Si tu ne travailles pas bien à l’école, tu termineras SDF.
– Tu devrais arrêter de fumer, sinon tu vas attraper un cancer du poumon.

Il peut être utilisé à plusieurs fins. En voici quelques-unes :
– faire vendre un journal : un titre provocant la peur sur la couverture incite le passant à acheter le journal pour en savoir plus sur la prétendue menace, d’autant plus si le titre ou le sous-titre sous-entend que l’article propose une solution.
– utilisation de la peur dans les campagnes de prévention pour « sensibiliser » les gens et les pousser à se protéger
– pousser l’interlocuteur apeuré à accepter la solution qu’on lui propose.

Notons que la désignation d’un appel à la peur ne signifie pas que cette peur n’a pas lieu d’être ; cependant, faire appel à cette peur ne favorise pas l’analyse rationnelle de la situation et la prise de décision en connaissance de cause.

Une proposition de travaux pratiques sur ce sophisme est disponible ici.

Un exemple de traitement médiatique usant de l’appel à la peur est là : Peur sur la ville.

corteX acupuncture

Faire un atelier-débat – médecines « douces », « alternatives »…

J’ai en face de moi une quarantaine d’étudiants, quelques doctorants et quelques chercheurs, donc d’un niveau relativement élevé, ce qui facilite un peu la tâche : je n’aurai pas à déconstruire l’idée que notre propre témoignage lors d’une guérison ne fait pas office de preuve, ce qui est déjà un saut de franchi.

 Je mise sur deux idées-force :

  • Amener le groupe à se poser la question suivante : qu’est-ce qui amène les patients vers des pratiques « alternatives », « alternatives » à quoi ? Bribes de réponses : les alternatives recherchées ont de fortes chances d’être des alternatives à

– la prise en charge froide et mécanique du médecin

– le manque de considération de la personne et à l’arrogance médicale

– la mainmise des industries pharmaceutiques sur les formations médicales

– le manque de « sens » à donner à la maladie (1).

  • Amener la réflexion sur ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas, et quel curseur prend-on ? Est-ce le fait d’être payé pour une thérapie fantaisiste qui est choquant ? La gratuité l’est-elle moins ? Est-il utile de parler de bonne foi / mauvaise foi ? En sous-jacence, je souhaite amener le groupe à appréhender que sans la notion d’efficacité de la technique proposée, il ne peut y avoir de choix éclairé.

Pour lancer le sujet, j’ai comme de coutume préparé deux fois trop de documents, et n’en ai passé que 4, bien répartis.

1) J’ai d’abord passé un extrait d’Envoyé Spécial consacré à des techniques telles que massage par les couleurs, hydrothérapie du colon et sauna à l’infra-rouge, assez facilement critiquables,car je voulais un spectre assez large pour démarrer la discussion (2).

Télécharger ici

2) Un extrait du Droit de savoir consacré à la kinésiologie et à l’emploi du fameux TM, ou Test Musculaire, que l’on retrouve également dans les variantes d’arts martiaux ou dans le fameux bracelet d’équilibre tel PowerBalance.

Télécharger ici.

3) Puis j’ai passé les deux documents suivants d’affilée, en demandant quels sont les points communs entre les deux « prétentions scientifiques » assénées.  Le premier est un témoignage de Jean Roulet, bouilleur de cru savoyard, vantant les mérites de la gnôle.

Télécharger ici.

Le second est un incident advenu pendant les Victoires de la musique 2007 : un homme vient perturber une chanson pour délivrer un message sur le fait que la cure Breuss guérit tous les cancers, ainsi que la vitamine C à fortes doses (3)  Télécharger ici.

Les discussions allant bon train, je n’ai pas eu le temps de placer d’autres films- et c’est plutôt bon signe, ces vidéos ne venant qu’amorcer les débats.

Savoir si j’ai rempli mon objectif ce jour-là (ou lors d’un midi critique très voisin, en novembre 2009, qui s’intitulait « Les médecines douces sont-elles des « alternatives » ?« , il faut le demander au public. Bien sûr, je me méfie du fait que toutes celles et ceux qui viennent me voir sont contents (biais de validation subjectif + tri des données du fait que les mécontents ne viendront pas me voir).

Richard Monvoisin

(1) Sachant que hélas, la maladie n’a pas de sens en soi. La science peut dire « comment », mais ne peut pas dire « pourquoi » quelque chose arrive. C’est assez insatisfaisant quand la maladie nous tombe dessus, d’où cette soif de « réponse » du type : « qu’ai-je fait au bon dieu pour avoir ça ? »

(2) Je dois ce document à Franck Villard, de Chambéry, trésorier de l’Observatoire zététique. Mille mercis à lui.

(3) Pour en savoir un peu plus sur cette Cure Breuss, cliquez ici. Sur vitamine C et cancer, on ira voir notre excellent partenaire Hoaxbuster et cet article Médecine, santé – La Vitamine C stimule… les idées reçues