Une nouvelle BD à découvrir, remarquable, sur l’histoire et la critique des médias.
La suite ici.
Il y a deux ans, nous avons eu le plaisir, en intervenant à l’École Nationale d’Ingénieurs de Brest, de découvrir le travail critique développé par notre amie Delphine Toquet. Férue de zététique, spécialiste de Francis Bacon, elle cherche un·e partenaire d’enseignement « critique », et nous demande de relayer son offre. C’est chose faite.
Théoriquement, le corps est « Agrégé », mais un CAPES fait l’affaire. La spécialité indiquée est Lettres Modernes, parce qu’il fallait bien indiquer quelque-chose, mais la discipline de départ ne semble pas être un frein. Pour toute autre question, contactez Mme TOQUET Delphine, professeur de lettres : delphine.toquet@enib.fr
Fiche de poste :
Ce professeur assurera l’enseignement des « Sciences Humaines pour l’Ingénieur » auprès d’un public de 1ère, 2nde et 3ème années de l’ENIB (semestre 1 à 6) ; et accompagnera les étudiants sur des projets d’engagement social (Projet « Ingénieur Honnête Homme »).
Sa pédagogie spécifique – théorique et pratique – conduira les étudiants à progresser dans la maîtrise de leur expression, écrite et orale, et, d’une façon élargie, à prendre conscience et perfectionner leurs modes de communication avec leur environnement social et institutionnel, contemporain.
Pour ce faire, il pourra puiser dans de larges ressources et pratiques culturelles où les sciences humaines ainsi que les faits de langue et d’écriture (production de textes personnels, articles, résumés, synthèses, etc.) tiennent une place déterminante : linguistique, anthropologie, philosophie, ethnologie, sociologie, psychosociologie, esthétique, etc., à l’œuvre dans le monde du travail et de l’entreprise, pourront fournir leur éclairage. Il aura à sa disposition les offres nombreuses que lui propose l’actualité, dans toute sa diversité et celles d’un centre de documentation actif et très au fait des problématiques actuelles (documentation d’actualité, films, documentaires, ouvrages spécialisés, etc.).
Par son charisme, sa culture, sa connaissance des divers mouvements de pensée et de leur histoire, il animera un cours selon une pédagogie vivante qui saura captiver des étudiants engagés dans un cursus scientifique et technique, et les introduira aux enjeux contemporains, conformément à l’impératif d’ouverture d’esprit qui doit être le leur.
Les ressources critiques, zététiques, sceptiques ou peu importe leur nom n’ont que très peu de place sur le marché cognitif. Il existe pourtant un petit éditeur, Book-e-book qui tant bien que vaille résiste, et fait peau neuve. En achetant leurs livres, on fait d’une pierre trois coups : on diffuse une information rare, on apprend des choses et on soutient l’édition alternative. Que demande le lecteur ?
Le CORTECS a déjà publié trois ouvrages chez cet éditeur.
Voici au gré de nos écoutes des émissions traitant de pseudosciences qui peuvent fournir des bases de réflexion et d’élaboration de contenu pédagogique. Si vous vous en servez, racontez-nous.
[Toc]Émission de la Marche des sciences, sur France Culture : « De la bosse des maths à la théorie du criminel né : l’histoire de la phrénologie » diffusée le 25 décembre 2014.
L’histoire de la phrénologie est des plus étonnantes et des plus rocambolesques pour qui sait, aujourd’hui, comment fonctionne le cerveau. Mais au 18e siècle, des hommes comme François-Joseph Gall, fondateur de la théorie de la phrénologie, Pierre-Marie Alexandre Dumoutier ou encore Johann Gaspard Spurzheim, ont réussi à la promouvoir et à la populariser dans une société qui a cru en cette pseudoscience et qui la rendue célèbre dans les salons de l’époque.
Que nous a apporté la phrénologie en matière de connaissance du cerveau ? Quelles techniques scientifiques a t-on mis en place pour asseoir cette discipline ? Quel héritage en reste t-il ? Pour répondre à ces questions, nous avons choisi de nous immerger dans les réserves du Musée de l’Homme où moulages et crânes de cette époque sont précieusement conservés, nous y avons convié deux invités, Marc Renneville, chercheur au CNRS au centre Alexandre Koyré, directeur de publication de la plateforme Criminocorpus et auteur entre autre du livre Le langage des crânes paru aux Empêcheurs de penser en rond, et Philippe Mennecier directeur de collections au Museum national d’histoire naturelle de Paris.
Ecouter
Le CORTECS a fait l’objet d’un article d’A. de Tricornot, du Monde. Même si nous avons pu mesurer l’impact positif de ce type d’article, ne serait-ce que sur nos collègues, il nous semble nécessaire d’expliquer en quoi les lignes ci-dessous nous ont laissés perplexes. Voici donc l’article tel quel (et sa version pdf). Nous prendrons ensuite le temps de vous narrer le off, et les mécanismes sous-jacents à l’élaboration d’un tel article. Frissons garantis !
L’université de Grenoble réhabilite l’art du doute
Pour former l’esprit critique des étudiants, l’université Joseph-Fourier (UJF), à Grenoble, a dû pousser les murs. Son cours de « Zététique & autodéfense intellectuelle »– le premier terme désignant l’art de douter – a déménagé dans l’amphithéâtre Weil au cours du premier semestre, le plus grand avec ses 900 places. Et il s’est ouvert à l’ensemble des étudiants de licence 1 et 2 des universités Grenoble-Alpes (Joseph-Fourier, Stendhal, Pierre-Mendès-France), ainsi que ceux de Sciences Po Grenoble.
Au menu : décortiquer les thérapies bidon, les « pseudo-sciences » – y compris politiques –, le paranormal, les mécanismes de l’illusion, les manipulations en tout genre – des médiatiques aux sectaires –, la propagande… Ou du moins en donner des clés. Certains étudiants ont choisi cette « unité d’enseignement transversal » dans leur cursus, d’autres assistent en auditeurs libres à ce cours-événement. Les ressources pédagogiques sont aussi mises à disposition librement en ligne.
De plus en plus d’étudiants recherchent en effet ce regard critique. « On complexifie cette envie, on l’outille, on leur fait se méfier du goût assez intuitif des complots et on les entraîne à la recherche rationnelle d’informations », explique Richard Monvoisin, qui enseigne depuis dix ans la zététique. Premier docteur en didactique des sciences sur le sujet de la zététique en 2007, il est un des piliers du Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique et sciences (Cortecs), dont les cours essaiment avec Clara Egger, à Sciences Po Grenoble, et au-delà avec Denis Caroti, à Marseille, ou Guillemette Reviron, à Montpellier.
Depuis septembre 2012, Richard Monvoisin occupe un poste unique dans l’université française : chargé de mission « Sciences, critique & sociétés » auprès du président de l’UJF. « Patrick Lévy et nous nous battons pour monter une jeune équipe spécifique “esprit critique” », explique M. Monvoisin. « Nous sommes sur un site de fort développement technologique : tout ce qui peut donner un peu d’esprit critique à tous les champs disciplinaires est bienvenu », explique le président de l’UJF, qui souligne aussi l’intérêt « d’une démarche citoyenne qui a énormément de succès auprès des étudiants ».
« Saturation »
Depuis les attentats de Paris des 7, 8 et 9 janvier, les cours de M. Monvoisin n’ont pas encore repris. « J’ose espérer que les étudiants ont appliqué un de nos préceptes : ne pas se laisser aller dans le battage médiatique, et attendre que les choses se redéposent, comme le limon, pour traiter les choses rationnellement et non affectivement », dit-il. Qu’en ont-ils retenu, justement ?
Benoît Arnould, vice-président étudiant de l’UJF, se souvient d’avoir appris « comment détecter les techniques de manipulation les plus courantes et l’impact qu’elles ont eu. Par exemple, la façon de poser des questions dans un sondage téléphonique et le résultat sur les réponses. Ou, dans les médias, le rôle de l’omniprésence de l’information. Cela fonctionne beaucoup dans les périodes où aucun autre événement ne parvient à percer ». Une forme de « saturation » et « d’objet unique » sur les écrans offre alors des éléments très nombreux, partiels ou non vérifiés « sur lesquels peuvent s’appuyer des théories du complot, dont les formes les plus courantes nous avaient été présentées en cours », se rappelle l’étudiant, aujourd’hui en troisième année de chimie-biologie.
« Ce qui m’a fait réagir, c’est toutes les informations données au conditionnel dans les médias, abonde Astor Bizard, étudiant en deuxième année de mathématiques et informatique. Je me suis dit : quand il y aura une certitude, peut-être que je pourrai y accorder crédit. Car le doute ne conduit pas au complotisme. Il pousse à réfléchir. Si les sources sont fiables et vérifiables, il n’y a aucune raison de douter de ce que dit un média. » Benjamin Roelandt, étudiant en deuxième année de licence d’informatique, note, lui, que le processus de radicalisation des auteurs des attentats « faisait penser au principe des sectes : ils croisent les mauvaises personnes au mauvais moment, lors d’un choc psychologique : par exemple, ils se retrouvent dans la même prison que quelqu’un qui connaît des techniques de manipulation. Le professeur en a expliqué quelques-unes : demander beaucoup, puis ensuite juste un petit peu et, après, ça passe…, et terminer ses phrases par“je vous laisse libre de votre choix”, ce qui donne deux à trois fois plus de chances d’accepter ».
Comme beaucoup de ses condisciples, Astor Bizard souligne l’originalité de l’approche. « Je suis loin d’être passionné d’histoire, mais le fait d’aborder les erreurs qui peuvent exister dans les livres d’histoire m’a plu. » Ce qui l’a le plus surpris, c’est l’évaluation en groupe. Un travail critique a été demandé sur un article dans une publication scientifique : l’hypothèse débouchait-elle sur un résultat ? Les quatre étudiants sont venus argumenter dans le bureau de Richard Monvoisin, qui a débattu avec eux, avant de leur demander quelle note ils pensaient mériter. « On n’en avait pas la moindre idée : est-ce que ça valait 8 ou 14 ? Finalement, on a eu 14 et c’est ce qui nous a semblé le plus juste, une fois la surprise passée. »
Aujourd’hui, il n’existe plus de laboratoire spécialisé en recherche zététique en France. Le collectif Cortecs est l’héritier des cours interdisciplinaires du professeur Henri Broch – un des parrains et des conseils du Cortecs. Son laboratoire de zététique à Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes), où Richard Monvoisin avait fait sa thèse, n’assure plus d’enseignements universitaires. Grenoble pourrait reprendre ce flambeau.
Zététique ou « art du doute » est ainsi définie par un article de Richard Monvoisin dans l’Observatoire zététique :
« Dérivant du verbe grec zêtein (chercher), la zététique désigne, au IIIe siècle avant l’ère chrétienne, le “refus de toute affirmation dogmatique” (école de Pyrrhon). Utilisé par Montaigne, Viète, Thomas Corneille, le mot échoue dans le Littré de 1872 puis dans le Larousse de 1876 comme “nuance assez originale du scepticisme : c’est le scepticisme provisoire, c’est (…) considér[er] le doute comme un moyen, non comme une fin, comme un procédé préliminaire, non comme un résultat définitif”. Le mot est finalement repris dans les années 1980 pour désigner l’enseignement critique en question ».
Adrien de Tricornot
Pour le off, un peu de patience, ça arrive.
Richard Monvoisin, du CORTECS, a répondu à une entrevue avec une journaliste de la Repubblica, le plus grand quotidien italien. Pour le coup, sur 45 minutes de discussion, le résultat est très correct – ce n’est pas si souvent.
Version italienne seulement. En pdf, télécharger ici.
Com’è nata l’idea di un corso specifico?
«La zetetica, inventata da una scuola greca di scettici radicali nel IV secolo a. C., è stata riscoperta nel Novecento come investigazione scientifica su fenomeni paranormali da un americano di origini italiane, Marcello Truzzi, e poi dal francese Henri Broch. Dopo essermi laureato in didattica e scienze fisiche, ho fatto il mio dottorato con Broch. Mi sono accorto che la zetetica poteva essere una disciplina trasversale».
Su cosa si fonda questa disciplina?
«Partiamo sempre dall’analisi delle fonti, dalla ricerca su informazioni non verificate, dalla demistificazione di cifre o frasi vuote. Nel nostro collettivo ci sono specialisti di ogni disciplina, dall’informatica alla biologia, dalla medicina, all’economia, alle scienze politiche. Ormai ci sono corsi di zetetica anche a Marsiglia, Montpellier. Lavoriamo su temi diversi come il creazionismo o i gender studies, Internet aperto e la xenofobia in politica. L’obiettivo di Cortecs è mettere in rete contributi diversi, invitando altri esperti a dialogare con noi, in un processo evolutivo di conoscenza».
Perché nel titolo del corso si parla di “autodifesa intellettuale”?
«E’ una metodologia che combatte la manipolazione delle opinioni o l’emergenza di nuove forme di consenso. Come diceva Noam Chomsky, il pericolo è tanto più grande per chi studia e fa professioni intellettuali. Nel mondo accademico anglosassone c’è già chi insegna il critical thinking ».
È più facile oggi manipolare le opinioni?
«Sono nato nel 1976 e ho vissuto l’avvento di Internet come una benedizione. Ero convinto che le generazioni dopo di me avrebbero avuto accesso a ogni tipo di informazione. Oggi invece i giovani rischiano di annegare nella vastità della Rete oppure di accontentarsi di una rappresentazione parziale. Dietro una schermata di Google ci sono interessi economici che molti purtroppo ignorano. La pluralità delle fonti è uno dei punti di partenza. Se voglio farmi un’opinione su Vladimir Putin, ad esempio, cercherò di leggere testi francesi, russi e ucraini. Inoltre, la rapidità nella diffusione delle informazioni rende ancora più facile errori di analisi. Suggerisco ai miei alunni di aspettare almeno qualche settimana prima di prendere posizione su un evento. Insieme al dubbio, bisogna praticare un ritmo lento del pensiero».
La zetetica è una forma di scetticismo?
«Lo scetticismo è un atteggiamento filosofico che si può riassumere con la frase di Bertrand Russell: “Dammi una buona ragione di pensare quello che pensi”. La zetetica è la metodologia pratica dello scetticismo. Il nostro scopo è aiutare la libertà di pensiero dei cittadini».
Eppure i dubbi dilagano sul web, alimentando le teorie del complotto. Vi occupate anche di questo?
«Intanto non le chiamiamo teorie, ma scenari, miti moderni, perché non sono confutabili e dunque non rispettano il criterio di falsificabilità di Karl Popper. Quando ci troviamo di fronte a scenari complottisti, come quello sull’11 Settembre, non facciamo altro che usare nozioni di epistemologia, applicando il criterio di massima parsimonia o il cosiddetto “Rasoio di Occam” che prediligono spiegazioni dimostrabili e semplici. L’esercizio funziona quasi sempre».
Avete già affrontato il tema dell’informazione sugli attentati di Parigi?
«Cominceremo un nuovo ciclo questa settimana dal titolo “Censura e libertà di espressione”. Noi pensiamo che sia meglio pubblicare il libro di Eric Zemmour (popolare saggista francese contro l’immigrazione, n.d.r.) oppure autorizzare gli spettacoli di Dieudonné. Piuttosto che impedire a qualcuno di esprimersi, trasformandolo in una presunta vittima, è meglio diffondere strumenti critici e di analisi. La zetetica dovrebbe essere insegnata già nelle scuole ai bambini. Piuttosto che la censura, è meglio scommettere sull’intelligenza collettiva».
Le CORTECS a été invité à causer dans le poste dimanche 22 février, sur France Inter. Guillemette Reviron et Denis Caroti ont fait le déplacement dans la maison de la radio. Chacune de nos interventions médiatiques méritant un regard critique, nous vous proposons d’écouter l’émission, puis nous vous raconterons les dessous, et notre point de vue sur la question.
L’émission est ici : http://www.franceinter.fr/emission-3d-le-journal-zetetique-ou-lart-du-doute
Elle est audible ici :
Téléchargeable là
Voici une petite compilation de ressources critiques concernant la graphologie à l’usage des curieux qui souhaitent creuser les fondements de cette discipline pseudo-scientifique. Cette page ouverte est évidement non-exhaustive et mérite d’être alimentée : si vous avez lu/vu/entendu une référence critique, solide et pertinente sur ce sujet, n’hésitez-pas à nous contacter à l’adresse contact(at)cortecs.org.
Table des matières
La graphologie est aujourd’hui amplement utilisée dans le recrutement professionnel en France. Peut-on véritablement connaître la personnalité d’un individu à partir de son écriture ? Cette conférence dresse un bilan critique des recherches scientifiques sur les relations entre l’écriture et la psychologie humaine.
Laurent Bègue est Professeur en psychologie sociale et Directeur du Laboratoire Inter-universitaire de Psychologie (LIP).
Cette conférence était programmée dans le cadre du cycle Une heure de psy par mois, filmé à la bibliothèque Kateb Yacine et organisé par le Laboratoire Inter-universitaire de Psychologie de l’Université Pierre Mendès-France de Grenoble (responsables : Rebecca Shankland et Laurent Bègue).
Informations sur le conférencier Laurent Bègue là.
Ce mémoire de Baptiste Berry, étudiant en Master 1 de psychologie à l’Université de Poitiers, a été réalisé en 2014 dans le cadre de l’Unité d’Enseignement (UE) Évaluations en contextes professionnels. Il est téléchargeable ici
« En France, la pratique de la graphologie persiste dans le processus de sélection du personnel et cela malgré les nombreux paradoxes qu’elle soulève (scientifique, éthique et déontologique, légal). » Ce travail, soigné, propose de sonder les fondements de la graphologie dans le champ du recrutement professionnel, mais également d’envisager la question suivante : comment permettre aux professionnels de s’émanciper des croyances erronées afin que leur pratique soit basée sur les preuves ? En lien direct avec la démarche de transmission de l’esprit critique, et notamment en milieu professionnel, ce mémoire propose des recommandations aux futurs psychologues soucieux d’appliquer une analyse critique dans le champ de la psychologie.
Notons au passage la participation du Cortecs comme témoin dans ce travail, et la remarque pertinente de Baptiste BERRY sur l’intérêt (et la complexité) d’évaluer notre démarche. C’est une question sur laquelle nous nous penchons effectivement depuis quelque temps.
Plan
I/ La pratique graphologique et ses paradoxes
II/ La croyance graphologique
III/ Réfuter le mythe de la graphologie : de la théorie à la pratique
IV/ Un constat, quelles solutions ?
Le dossier est disponible en ligne et le n°295 de SPS est disponible à l’achat.
– Présentation de l’ouvrage par Nicolas Gauvrit
– On trouvera de nombreux éléments dans cet fiche de lecture de Serge Blanchard, « M. Huteau. Écriture et personnalité. Approche critique de la graphologie », L’orientation scolaire et professionnelle, 34/4 | 2005, 524-526.
D’autres références critiques ? N’hésitez-pas à nous contacter à l’adresse contact(at)cortecs.org.
Des mises à l’index par l’Église à l’abbé Bethléem condamnant les outrages aux bonnes mœurs, la censure a mis un certain nombre de coups de ciseaux dans la connaissance.
Au XXIe siècle, la censure n’existe-t-elle donc plus en France ? À voir ! Quelques personnes, journalistes, documentaristes ou penseurs en ont fait les frais ces derniers temps. Entre délit d’opinion et prémisse de « science officielle », analysons de près ces censures modernes et regardons ce qu’elles ont à nous apprendre sur nos institutions.
Entrée libre et gratuite
Mercredi 25 février 2015
19h-22h : Censure scientifique et artistique : de Galilée à Darwin, du clitoris à la génétique « bourgeoise », de Brassens à Vautier.
Avec R. Monvoisin et I. Benslimane (CORTECS). Projection et débat. MSH
Mercredi 4 mars 2015
13h-13h30 : L’autisme et la mainmise psychanalytique, avec la réalisatrice Sophie Robert.
Auditorium B.U. de Sciences
19h-22h : Le Mur, cas de censure sur fond psychanalytique, avec la réalisatrice Sophie Robert.
Projection et débat. MSH
Mercredi 11 mars 2015
13h-13h30 : Déboires du documentaire engagé à la télévision française, avec le réalisateur Patric Jean.
Auditorium B.U. de Sciences
19h-22h : Lazarus, le rationalisme scientifique censuré sur France TV avec le réalisateur Patric Jean.
Projections et débat. MSH
Mercredi 25 mars 2015
13h-13h30 : Annulé Affaire Clearstream : la liberté de la presse et les déboires juridiques, avec le journaliste Denis Robert.Auditorium B.U. de Sciences
19h-22h : Lanceurs d’alerte et cas de censure : Clearstream contre Denis Robert. Avec le journaliste Denis Robert.
Projections et débat. Amphi Weil
Mercredi 1er avril 2015
13h-13h30 : Le délit d’opinion et la liberté d’expression en France, avec le physicien et essayiste Jean Bricmont.
Auditorium B.U. de Sciences
19h-22h : Science et liberté d’expression : de Voltaire à Chomsky, avec le physicien et essayiste Jean Bricmont.
Conférence. Amphi Weil
1 avril 2015 : Science et liberté d’expression : de Voltaire à Chomsky, avec le physicien et essayiste Jean Bricmont
Voici le corrigé succinct de l’examen de mardi 16 décembre 2014, qui clôturait l’enseignement Zététique & Autodéfense intellectuelle de l’Université de Grenoble.
Table des matières
Cours
Quelles sont les différences fondamentales entre croire (en la gravitation, en l’évolution, en la tectonique des plaques…) et croire (en Dieu, en une volonté cosmique) et quels sont les risques à mélanger ces deux formes de croyance ?
J’attendais les éléments épistémologiques donnés au cours N°1 notamment les six suivants :
On pourra avoir quelques détails ici, ou là : le mot « croyance », la théière de Russell, le dragon de Sagan et Dryuand.
Dans mon barème, j’ai mis 1,5 points lorsque 3 éléments sur les 6 étaient présents.
Quant aux risques, j’attendais :
1 point si deux éléments étaient donnés, 0,5 si un seul (même si les termes n’étaient pas exactement ceux-là).
Certains penseurs font l’hypothèse d’une volonté cosmique guidant l’évolution de tout l’univers depuis le début. En quoi le rasoir de Guillaume d’Occam nous est-il utile sur ce point ?
Ce point était offert en plus, à condition de bien manier le rasoir d’Occam, qui est plutôt trompeur car il ne priorise pas l’hypothèse conceptuelle la plus simple (car une volonté divine est simple à comprendre par exemple) mais l’hypothèse la moins coûteuse cognitivement (cf. Rasoir d’Occam, Métaphore de Haack). Ainsi, une volonté cosmique est conceptuellement infiniment plus coûteuse que l’hypothèse matérialiste de l’émergence de l’univers – et rompt d’ailleurs le contrat laïc en méthode du chercheur).
En quoi les deux affirmations suivantes posent-t-elles problème ?
« Comme tout dépend des yeux de l’expérimentateur, aucun énoncé n’est objectif. Donc les discours scientifiques ne sont pas différents des discours culturels : le Big Bang n’a pas plus de réalité que Atlas portant le monde sur ses épaules, ou le disque-monde porté par quatre éléphants, eux-mêmes portés par une tortue gigantesque navigant lentement dans le cosmos. La science n’est qu’une question de point de vue. Au fond, elle est une religion comme une autre, avec son propre clergé : les scientifiques. » Julian Peneck, You couldn’t die from tuberculosis before 1882, Oxvard, 2004.
Il s’agissait ici de glaner un point en pointant les immenses travers du relativisme cognitif poussé à son extrême. Pour les habitués, le titre est un clin d’oeil à un vieux texte de Bruno Latour. L’auteur, Peneck, n’existe pas : il s’agit d’une version anglaise de Julien Peccoud, mon super collègue – qui a animé avec moi le cours sur l’évolution. Même la maison d’édition n’existe pas, contraction d’Oxford et de Harvard. Quelques-un-es d’entre vous ont décelé le piège, bravo !
« Franchement, Assassin’s creed Unit, le Métronome de Lórant Deutsch, Tintin au Congo, etc. ce ne sont que des œuvres d’art. Donc ce n’est pas bien grave si leurs auteurs déforment ou ont déformé la réalité historique. De toute façon, l’histoire est subjective en soi, et il y aura autant d’histoires différentes que de gens pour les raconter ». Guillermó Manillar, Epistemológicamente sin límites, Ed. el viejo topo, 3.12.2014.
Ayant lourdement insisté sur les mésusages idéologiques de l’histoire au cours n°8, je me devais de donner un point sur ce sujet, qui est sensiblement du même ordre que le précédent (relativisme cognitif). Cette fois-ci, j’ai hispanisé mon excellent collègue Guillaume Guidon, auteur entre autres de billets percutants sur l’affaire Deutsch, en lui prêtant un texte inexistant dans une maison d’édition version espagnole de la vieille Taupe, maison connue pour ses diffusions de textes à teneur négationniste. Je n’attendais pas que quiconque relève l’imposture, bien sûr (il n’y a que Julien Peccoud qui l’a décelée, lors des relectures du sujet d’examen, en interne au CORTECS).
Protocoles expérimentaux
Un ami vous dit être capable de savoir à coup sûr si une femme enceinte attend une fille ou un garçon au moyen d’un pendule, qu’il fait tourner sur le ventre de la future maman. Lorsque son pendule tourne dans le sens des aiguilles d’une montre, c’est qu’il s’agira d’une fille, sinon, d’un garçon. Quel type de protocole expérimental zététique mettriez-vous en place pour tester la capacité de votre ami ?
Il y avait 3,5 points à l’orée de cet exercice. J’attendais les points suivants.
Il y a avait un point bonus pour cell-eux qui préciseraient les problèmes d’échantillonnage des femmes enceintes : le sex-ratio (je n’en ai pas parlé en cours) et l’intersexuation (j’en ai parlé dans le dernier cours). Quatre étudiant-es m’ont indiqué l’intersexuation. L’invisibilité des intersexes étant criante, je les remercie ici : Thomas Cordet (Biologie), Marine Haurillon (Histoire), Pascaline Milliat (Sociologie) et Julien Pevet (Histoire).
Un (autre) ami vous dit être capable de savoir à coup sûr si une maison est habitée par un revenant (esprit d’un défunt mort dans cette maison) ou non, au moyen d’un pendule qu’il fait tourner sur la photographie de la maison. Lorsque son pendule tourne dans le sens des aiguilles d’une montre, c’est qu’il y a un revenant. Quel type de protocole expérimental zététique mettriez-vous en place pour tester la capacité de votre ami ?
Cette affirmation est intestable sans caractérisation d’un revenant. On gagnait 1,5 point en refusant de répondre à cette question (ou en présumant qu’il y ait eu une caractérisation objectivable de la présence d’un revenant).
Thérapie
Lors d’un repas, un proche de la famille vous raconte l’affaire suivante : « alors que chaque hiver, je suis sujet à des grippes, cette année j’ai suivi les conseils de mon pharmacien, et j’ai pris de l’homéopathie, en l’occurrence Oscillococcinum®. Et figure-toi que je n’ai pas été malade ! C’est fou, non ? Ma cousine, pareil. Pas un rhume, rien ! Alors on peut dire ce qu’on veut, ça marche. Et pour ceux pour qui ça ne marche pas, au moins ça ne leur fait pas de mal. De toute façon, c’est toujours mieux que de prendre des antibiotiques. »
Quelle analyse zététique faites-vous de ses propos ?
J’attendais, parmi maints autres détails, les éléments qui suivent :
Confusion grippe / rhume
Pas d’échantillonnage des épisodes de maladie et évaluation subjective
Biais de confirmation d’hypothèse
« ça marche » sans évaluation statistique
« ça marche » sans double-aveugle
Argument « au moins ça ne fait pas de mal »
Faux dilemme sur les antiobiotiques (qui d’ailleurs ne fonctionnent qu’en cas d’affection bactérienne, donc pas dans les cas de rhume ou de grippe, viraux)
Beaucoup m’ont détaillé le cours sur la « théorie » homéopathique, ce qui n’était pas nécessaire ici.
Analyse de titres de presse
Quelles critiques peut-on faire aux titres de presse suivants ?
Y a-t-il une malédiction africaine ? par Dov Zerah, Financial Afrik, 29 septembre 2014
Il y avait un point si les trois éléments (vus en cours) suivants étaient présents (0,33 par élément) :
L’Occident ne tiendra-t-il donc pas le choc des civilisations ?, par Franz-Olivier Biesgert, Le Point, 29 novembre 2014
Il y avait un point si les trois éléments suivants (vus en cours) étaient présents (0,33 par élément) :
Jeunes partant faire terroristes en Syrie : faut-il les punir ou les enfermer ?, par Garla Gregger, Das ArX-Lor, 2 décembre 2014
Il y avait un point si les trois éléments (vus en cours) suivants étaient présents (0,33 par élément) :
On remarquera l’hilarant emprunt du nom de ma collègue Carla Egger, spécialiste de sciences politiques, pour l’exercice (et l’invention d’une sombre revue).
Énigme zoologique
À l’état sauvage, certains éléphanteaux sont porteurs de l’allèle d’un gène qui prévient la formation des défenses. Les scientifiques ont constaté récemment que de plus en plus d’éléphanteaux naissaient porteurs de cet allèle de gène (ils n’auront donc pas de défenses devenus adultes). Quelle explication donnez-vous à cette situation ?
Il s’agissait bien sûr voir si le cours de Julien Peccoud et moi-même avait été bien assimilé, en faisant réinvestir une lecture darwinienne, et non lamarkienne du processus. Une innovation ne se propage que si son propriétaire en tire un bénéfice en terme de reproduction. Pour le coup, devant la pression de braconnage, le fait de ne pas avoir de défenses est un avantage, puisque l’individu ne sera pas chassé… et pourra donc reproduire son innovation dans sa descendance, qui sera plus fournie (hélas) que celle des éléphants à défenses. Je dois cet exemple à l’excellente étude de Gérald Bronner La résistance au darwinisme : croyances et raisonnements, de la Revue française de sociologie, que je mets en lien ici.
Au semestre prochain !
Richard Monvoisin