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Appel à la peur – Collection d’exemples

Vous trouverez ici une collection de documents, images ou vidéos, dans laquelle vous pouvez piocher à votre guise pour illustrer le sophisme de l’appel à la peur

Comment faire travailler un groupe avec ce matériel ? Proposition de Richard Monvoisin :

  • leur montrer quelques couvertures de la même catégorie « simple » (insectes, astrophysique), et les laisser formuler le point commun
  • dispatcher quelques couvertures faisant appel à la peur dans une dizaine d’autres, à eux de les retrouver
  • faire la même chose avec une catégorie « plus complexe » (science politique)
  • débattre de l’intérêt de cette scénarisation
  • et enfin leur demander d’essayer de présenter les mêmes situations/phénomènes sans faire appel à la peur

Créer / entretenir la peur de menaces extra-terrestres

Ogres stellaires, bolides de l’espace…
Les nouveaux monstres du cosmos 

Special FIN DU MONDE
Quand le ciel nous tombera sur la tête

> Astéroïdes : un jour c’est sûr…
> Galaxies : Andromède fonce sur nous
> Soleil : Il embrasera la Terre

Le soleil en panne !
Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle
perturbation climatique ?

Notons que sur France Inter, le 22 Octobre 2007, La tête au carré et Science et Vie ont proposé une émission intitulée La fin du monde.

On peut lire dans le sous-titre de cette émission :

Quand le ciel nous tombera sur la tête : astéroîdes, galaxies et soleil… les scientifiques en sont désormais sûrs mais ce n’est pas pour demain ! Nous voici rassurés.

Créer / entretenir la peur d’invasions

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  • Grèce, Portugal, Espagne : l’offensive de Pékin
  • Entreprises : la stratégie des prédateurs
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L’économie européenne gangrénée

Créer / entretenir la peur dans les campagnes de prévention

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Créer / entretenir la peur des médicaments

Ce type d’appel à la peur peut avoir des conséquences graves : détournement des thérapies efficaces et reconnues comme telles.

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Créer / entretenir la peur d’un ennemi intérieur 

L’ultra-gauche – les anarcho-autonomes

Petit montage trouvé sur le net* à l’époque de l’affaire Tarnac, sur l’arrestation le 11 Novembre 2008, de personnes accusées d’avoir posé des fers à béton sur les caténaires de TGV.

Médiatisation des émeutes de 2005 dans les banlieues

Dans cet extrait de Banlieue sous le feu des médias, que l’on peut regarder gratuitement dans son intégralité sur le site de Clap 36, les journalistes français s’étonnent des appels à la peur des journalistes étrangers. Il est toujours plus facile de repérer ce genre de choses chez les autres que dans sa propre édition.

Créer / entretenir la peur de l’islamisme

En France et en Europe

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Affiche suisse créée à l’époque de la votation sur les minarets
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Reprise de l’affiche suisse par le Front National
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Image trouvée sur le Web
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  • Plus de porc dans les cantines
  • Absentéisme au cours de gym
  • Contestation du Darwinisme
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  • Le retour de la menace terroriste
  • La poussée des fondamentalistes
  • L’échec de l’intégration
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Révolutions Tunisienne et Egyptienne

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  • La peur de l’islamisme
  • Le Moyen-Orient destabilisé
  • Comment sauver la paix
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  • La contagion est-elle possible ?
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  • Ce que la France risque
  • La vérité sur les Frères musulmans

Dans ce montage réalisé par Arrêt Sur Image, l’animateur de l’émission Mots croisés de 07/02/2011 ne cesse de questionner ses invités sur le thème : « Faut-il avoir peur des frères musulmans ? »

Toutes les images suivantes concernant la « contagion » ont été recueillies dans l’article intitulé La presse contaminée par la contagion sur le site d’Arrêt sur Image. Elles illustrent particulièrement bien comment le simple choix d’un champ lexical (ici celui de la maladie ou de l’épidémie) peut susciter la peur.

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Actu-Match du 24/01/2011
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20minutes.fr du 24/01/2011
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Le Monde.fr du 19/01/2011
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Libération.fr du 24/01/2011
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Le Point.fr du 20/01/2011
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Le Figaro.fr du 21/01/2011

Créer / entretenir la peur des récidivistes 

Rappelons une fois encore, sur ce sujet sensible, que désigner un appel à la peur n’est en rien une manière de dire qu’on accorde trop d’importance à un sujet ; cela met simplement en évidence le fait qu’on nous pousse dans un état dans lequel il est plus difficile de réfléchir rationnellement et sereinement.

  • Vidéo : le 10 Février 2011, sur le plateau de TF1, lors de l’émission Paroles de Français, N. Sarkozy répond en particulier aux questions d’une pharmacienne sur le thème de l’insécurité. Il y évoque le meurtre de Laetitia. Vous ne pouvez plus visionner la vidéo sur le site de l’Elysée mais voici le passage retranscrit ci-dessous commence à la minute 18’27.
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« Pour moi, ce qui fait déborder le vase, c’est cette jeune Laëtitia, violée par un récidiviste, assassinée par un récidiviste, découpée en morceaux par ce même récidiviste, s’il s’avère que c’est bien lui, les charges pesant sur lui étant très lourdes. Vous voyez, moi je suis plus choqué par ça que par toute autre chose. […]Je veux d’abord aller à l’essentiel. Qu’est-ce qui s’est passé avec Laëtitia ? Ça intéresse les gens de savoir ça. C’est pas rien. Un monsieur, qui avait déjà violé, qui avait passé onze années en prison, est relâché, après sa peine, ce qui est normal, sans que personne ne le suive ! Et ne s’occupe de lui ! Personne ! Ce même monsieur, au même moment où sa compagne dépose au commissariat de police une plainte pour tentative de meurtre et viol, on ne le recherche pas. […] Soit l’enquête conclut que tout s’est bien passé (circulez, y a rien à voir).
C’est la fatalité ? Je peux pas l’accepter ! Je peux parfaitement comprendre la fatalité d’un homme qui n’a jamais violé et jamais tué et qui tout d’un coup commet l’irréparable. Ça, qui pouvait prévoir ? Mais il avait déjà violé, il avait déjà un passé judiciaire ! Donc je ne peux pas accepter qu’on me dise… [changement d’idée en cours d’énoncé] »

 

Voir l'extrait

Oui, Tony Meilhon est un récidiviste. Oui, il a été condamné pour un viol commis en 1997, à cinq ans de prison dont deux avec sursis. Il avait alors 16 ans. Tel que Nicolas Sarkozy le raconte, on peut croire que le violeur mis en examen dans l’affaire Laëtitia est donc un délinquant sexuel qui s’est déjà attaqué à des femmes par le passé.

Or, les faits pour lesquels il a été condamné n’ont rien à voir avec cette association d’idées induite par le propos de Nicolas Sarkozy. Dans un foyer pour mineurs, en compagnie de deux codétenus, ils ont introduit un manche à balai dans l’anus d’un quatrième détenu mineur afin de le punir d’être ce que l’argot des prisons nomme un « pointeur » (des détenus inculpés pour des affaires de mœurs, pédophilie notamment).
Cet acte de torture est une punition contre des délinquants sexuels pédophiles qui sont victimes de l’opprobre en prison depuis très longtemps, comme Jean Genet par exemple a su le décrire. Car même les taulards se considèrent comme régis par un certain code de l’honneur, dans lequel figure le droit de martyriser ceux qui se sont sexuellement attaqués à des enfants, jugés des êtres faibles et incapables de se défendre.

« Il avait passé onze années en prison. » Dans le contexte énonciatif, on peut penser qu’il s’agit de onze années pour des faits de viol. Or, il n’a purgé pour cette affaire que trois ans, et les autres années sont liées à divers délits, essentiellement des attaques à main armée et une agressivité vis-à-vis des autorités de police et de justice (« rébellion », « outrage »…).

Toujours dans le même contexte, le propos de Nicolas Sarkozy, par contiguïté des énoncés, laisse croire que, après ces onze années de prison pour délinquance sexuelle supposée, il a été mis en liberté sans suivi pour être soigné de ses pulsions.
Or, les faits ont été commis il y a plus de douze ans, la peine purgée pour cela il y a bientôt dix années. La justice a manifestement affaire à un être violent, pas à un délinquant sexuel récidiviste.

Quant à la plainte déposée par son ex-petite amie, elle date du 26 décembre 2010, et la disparition de Laëtitia date du 18 janvier. Si l’enquête concluait à l’absence totale de toute tentative de le retrouver, suite à cette plainte, il faut quand même noter qu’il ne s’est écoulé qu’une vingtaine de jours et qu’il est courant de voir des enquêtes et recherches s’enclencher en plus de temps.

Enfin, le motif de la plainte n’est pas celui énoncé par Nicolas Sarkozy, qui charge la barque pour renforcer sa démonstration : « Une plainte pour tentative de meurtre et viol. » Il s’agit en réalité d’une plainte pour « menace de mort » et « agressions sexuelles ». Très agressif avec sa compagne et encore après qu’elle soit devenue son ex-compagne, Tony Meilhon n’a pas accepté la rupture et lui a annoncé : « Je vais te tuer ! Je vais tuer ton fils ! Et j’irai tuer ta mère à Fougères [Ille-et-Vilaine] et je vais me tuer après » et « Il a répété ces menaces une dizaine de fois en quinze jours », ajoute-elle dans une interview au Parisien.

Elle n’a donc pas porté plainte pour tentative de meurtre, comme l’affirme Nicolas Sarkozy, mais pour des menaces. Ça ne le rend pas plus sympathique, mais cela relativise la gravité de la faute que Nicolas Sarkozy impute aux juges et aux policiers. Ce n’était pas un violeur récidiviste ni un assassin recherché suite à une plainte pour tentative de meurtre. En matière d’homicide, il n’était encore jamais passé à l’acte. Il est donc tout à fait dans le cadre « d’un homme qui n’a jamais tué et qui tout d’un coup commet l’irréparable », ce que Nicolas Sarkozy « peut parfaitement comprendre » selon ses propres dires…

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Sociologie, anthropologie – Atelier sur le racisme ordinaire et la discrimination

Voici du matériel simple pour animer un atelier sur le « racisme ordinaire » avec des étudiants, des élèves ou du grand public. Il est possible de passer les documents, puis de débattre, ou bien d’ajuster chaque document à un savoir-être bien précis.

Introduction au préjugé

Ci-dessous, quelques documents permettant d’introduire la question du préjugé raciste, même avec un public jeune.

  • Le Noir et le ballon (vous avez la référence de cette vidéo ? Nous la cherchons. Édit du 27 septembre 2017 : merci à Anaïs De Winter qui a trouvé la source : il s’agit d’une pub Thaï de 1980 pour du dentifrice à pâte noire aux herbes du groupe Twin Lotus Company)

Télécharger là

  • Le nageur Moussambani, aux Jeux Olympiques de Sydney (1996)

Ou ici en meilleure qualité :

https://sport.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/video-natation-un-athlete-ethiopien-fait-le-buzz

Télécharger

Dans le cas présent, il s’agit de Stéphane Caron & Eric Besnard, riant de la mauvaise technique d’un nageur équato-guinéen, en gommant la génèse du problème.

Il est conseillé de regarder cette vidéo avant, et après avoir appris qu’Eric Moussambani n’avait appris à nager que depuis huit mois, n’avait jamais nagé 100 m d’affilée de sa vie, n’avait jamais vu de piscine de 50 m, car son entraînement ayant eu lieu dans une piscine d’hôtel de 20 m, seule piscine dans son pays. Sa fédération disposant de moyens inexistants, son maillot et ses lunettes lui ont été prêtés une heure avant l’épreuve par deux athlètes.

Note : il arrive parfois que cette seule vidéo amène le public à « essentialiser » le problème, en arguant du fait que « bien sûr, les Noirs ne flottent pas très bien, paraît que c’est à cause de leur mélanine », occultant du revers de la main avec un argument non-sourcé tout ce qui fait la génèse du fait que les Noirs Africains ont peu accès aux piscines. 

  • Nina Simone, la chanteuse noire

Dans son autobiographie Ne me quittez pas, Nina Simone raconte :

« A cause de Porgy, on me comparait souvent à Billy Holliday, ce que je détestais. Ce n’était qu’un morceau parmi tant d’autres à mon répertoire, et il suffisait de m’entendre l’interpréter pour comprendre qu’il n’y avait aucun rapport. Ce qui me rendait furieuse, c’est que visiblement les gens s’appuyaient sur la simple constatation que nous étions toutes les deux noires : si j’avais eu la peau blanche, personne n’aurait fait le rapprochement. (…) Me qualifier de chanteuse de jazz était une manière de dédaigner mon bagage classique, parce que je ne répondais pas à l’image de l’artiste noir que se faisaient les Blancs. Une forme de racisme : « puisqu’elle est noire, c’est forcément une chanteuse de jazz ». Un point de vue qui me rabaissait, tout comme Langston Hughes quand on le qualifiait de « grand poète noir ». Langston était un grand poète, un point c’est tout ; à lui, et à lui seul, revenait le droit de dire en quoi jouait la couleur de sa peau ». (Ne me quittez pas, Presses de la renaissance, 1992, p. 107).

Discrimination raciale dans les institutions

Le racisme ordinaire naissant sur du terreau « ordinaire », il est nécessaire de passer par des témoignages réels et actuels pour montrer la discrimination non seulement dans la vie, mais dans les institutions. Voici quelques exemples :

  • Injure raciale, France 3 Grenoble, 16 mars 2010

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  • Discrimination raciale de Jean-Marie, français d’origine béninoise à la Caisse Régionale d’Île-de-France, France Culture, Les pieds sur Terre 9 février 2011

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  • Discrimination d’un français d’origine maghrébine à la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris, France Culture, Les pieds sur Terre 9 février 2011

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Matériel plus poussé

Il est possible ensuite d’incrémenter un peu le sujet, avec le matériel suivant, dans un ordre de complexité croissant.

  • Racisme ordinaire et début d’analyse socio-économique – Daniel Balavoine chez P. Gildas, Canal + (1985)

Comment le chanteur Daniel Balavoine et le présentateur Philippe Gildas ramènent sur le plan socio-économique la question du racisme ordinaire et bousculent des effets cigogne (confusions corrélation/causalité). Date présumée du document : 6 novembre1985.

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  • Moustafa Kessous, journaliste du Monde, balaye quelques cas de racisme ordinaire dans la vie de tous les jours France Inter, Zapping, 26 septembre 2009)

  • Bi-standard pour le Rwanda – Clip de campagne I hate you, de Hands for hope

Attention ! Cette vidéo peut choquer un jeune public !

Ce clip introduit la différence de traitement médiatique selon la proximité du public avec le sujet qui souffre, en vertu de cette « loi » journalistique qui veut qu’un demi-mort local vaut mille morts lointains*. Il balaye aussi une représentation souvent primitiviste des « noirs qui s’entre-tuent »**, en transposant de manière plausible une scène dans un monde blanc (merci à Eric Bévillard, de l’Observatoire Zététique, de nous l’avoir transmis).

Note : ne sachant pas exactement ce qu’est l’objet social de l’association australienne Hands for hopes, j’utilise en public une version de la vidéo sans la mention de cet organisme.

  • Les propos de Nicolas Sarkozy, prélevés par Désentubages cathodiques (2007)

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Discours prélevés chez N. Sarkozy, avec les amalgames essentialistes suivants.

– Jeune des banlieues = pas de formation qualifiante = oisiveté = trafic

– Jeune des banlieues = non-blanc

– Musulman = faciès particulier (« ça n’a rien à voir avec la religion, quand on est musulman ça se lit sur sa figure »)

Passage incontournable : « Zinedine c’est formidable ! Mais les musulmans de France, ils sont capables aussi d’avoir des hauts fonctionnaires, des chercheurs, des médecins, des professeurs et si on ne donne pas à tous ces jeunes de banlieues des exemples positifs de réussir, comment ils vont croire en la République ? »

Racines de la discrimination

Le moment est tout indiqué pour réfléchir aux racines de la discrimination, sa genèse et la manière dont elle s’installe dans un groupe.

La leçon de discrimination, est un documentaire de 43 minutes tiré de l’émission Enjeux (Société Radio-Canada production) de Pasquale Turbide et Lucie Payeur (2006).

C’est une remarquable expérience lors de laquelle Annie Leblanc, enseignante dans une école primaire de Saint-Valérien-de-Milton, en Montérégie fait vivre à ses élèves du primaire la réalité des personnes qui subissent la discrimination en divisant sa classe en deux groupes sur un critère arbitraire – la taille -, un groupe étant valorisé et l’autre dévalorisé par l’enseignante. Ainsi la discrimination est subie par les grands la première journée, puis par les petits le jour suivant…

Le documentaire La leçon de discrimination est vendu en DVD aux professionnels de l’éducation. Pour plus deAnnie Leblanc indiquant la limite de taille renseignements, communiquez avec les Services éducatifs de Radio-Canada.

Notons que ce type d’expérience, aussi bouleversante soit-elle, n’est pas une première : il y eut entre autres celle de Jane Elliott (1968), discriminant à l’époque sa classe sur la base de la couleur des yeux.

Pour voir A class divided, (Frontline, PBS1), c’est ici (en version originale). Madame Elliott remit d’ailleurs une « dose » en 2010 avec une expérience intitulée How racist are you ? (Combien êtes-vous raciste?) que l’on peut regarder (version originale également).

Il est loisible ensuite de donner une sorte de recul historique, et de cadre théorique pour « penser » les origines de ce racisme ordinaire.

  • Nénuphar, chanson officielle de l’Exposition coloniale de 1931 à Paris (extrait INA prélevé dans 2000 ans d’Histoire, de Patrice Gélinet sur France Inter, 19 août 2010).

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  • Fabrication de l’éthnicité chez les mineurs d’Afrique du Sud – Extrait d’interview du géographe Philippe Gervais-altLambony dans l’Afrique enchantée, France Inter, 17 juillet 2011 (émission « le chant des mineurs »).
 
On comprend ainsi qu’un critère prétendument scientifique prend sa source directement dans une oppresion socio-économique mâtinée de préjugés moraux.
Pour en savoir plus : Philippe Gervais-Lambony, L’Afrique du Sud, Le Cavalier Bleu, collection Idées Reçues (2009).
  • Fabrication de l’ethnicité chez les Rwandais. Le cas fut pratiquement similaire ans le Rwanda belge, dont l’ethnicité Hutu/Tutsi est une construction coloniale réinterprétant en terme raciste/ethniciste ce qui relève d’anciens clivages socio-économiques. Les cartes d’identité « ethniques », instituées par le colonisateur belge en 1931, décrètent des critères biométriques qui n’ont pas de pertinence scientifique.
On pourra alors utiliser l’excellent documentaire Rwanda, l’histoire qui mène au génocide, de R. Genoud (1995), en particulier les passage de Claudine Vidal. 
  
Pour en savoir plus :
CorteX_Gouteux_nuit_rwandaisecouvJean-Paul Gouteux, La nuit rwandaise, Esprit frappeur (2002) CorteX_Franche_Rwanda
Dominique Franche, Généalogie du génocide rwandais, Tribord (2004)

  

 
 
  • Race, chaînon manquant : la science au service de la politique – extrait du documentaire Zoos Humains, de Pascal Blanchard et Éric Deroo (2002).
 

Analyse de la construction de la différenciation des races. Dévoiement des concepts darwiniens, et entreprise de hiérarchisation. Le biologiste André Langaney explique comment placer le « nègre » comme chaînon manquant au XIXe, permet « d’expliquer » à rebours du même coup le rabaissement de l’esclavage et la théorie de l’évolution.

Et le narrateur explique comment en essentialisant ainsi une infériorité, on justifie ainsi une politique coloniale sans merci.

Des éléments de cette compilation ont été déroulé par Richard Monvoisin :

Vous voulez aller plus loin ? Nous vous enjoignons à lire ce monument de la littérature scientifique qu’est « La malmesure de l’Homme », de Stephen Jay Gould (1983) qui compile toutes les (pseudo-)théories ayant tenté d’accréditer scientifiquement le racisme, le sexisme et le criminalisme.

Vous voulez aller…. encore plus loin ? Vous pouvez lire une analyse critique de La malmesure de l’Homme  écrite par Serge Larivée, de l’université de Montréal, dans Vices et vertus de S. J. Gould, Revue québécoise de psychologie, vol. 23, n°3, 2002, pp 7 – 23).

* Lire à ce propos Aubenas & Benasayag, La fabrication de l’information, les journalistes et l’idéologie de la communication, la Découverte (2007).

** Représentation battue en brêche entre autres dans B.Diop, O.Tobner-Biyidi, F-X. Verschave, Négrophobie, éditions Les Arènes (2005).

Richard Monvoisin

Le racisme au quotidien 3/3 : Racisme au quotidien

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Philosophie critique – Jacques Bouveresse et son dernier ouvrage

Il est rare que des scientifiques parlent bien de philosophie, mais encore plus que des philosophes parlent bien de science. Jacques Bouveresse est de ceux-là. J’avais croisé le chemin de ses écrits étant tout jeune étudiant, juste après l’affaire Sokal et l’ouvrage majeur de J. Bricmont & A. Sokal, « Impostures intellectuelles« , (cf. Bibliotex). Il tranchait dans le décor : il fut un des rares philosophes à se positionner du côté des deux auteurs. J’avais alors fouillé un peu ses bouquins, et avait lu avec déléctation un ouvrage intitulé « Prodiges et vertiges de l’analogie« , certes un peu technique mais terriblement abrasif pour tous les faux penseurs qui font semblant de réfléchir en incrustant des équations saugrenues dans leurs théories sociales ou politiques, et qu’on ne saurait trop recommander aux mathématiciens, mais aussi à tous ceux qui voient passer des arguments basés sur le théorème de Gödel.
De la pure auto-défense intellectuelle en boîte, jusque dans ses prises de positions publiques. A titre d’anecdote, le 14 juillet 2010, la ministre Valérie Pécresse a tenté de lui épingler une légion d’honneur à son insu.
Voici la teneur de sa réponse, publiée par l’éditeur Agone*.

 

Lettre de Jacques Bouveresse à Mme Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur En réaction à l’attribution d’une Légion d’honneur qu’il n’a jamais demandée, Jacques Bouveresse nous [Agone] a transmis la lettre (en date du 17 juillet 2010) par laquelle il a refusé cet « honneur ».

Madame la ministre,

Je viens d’apprendre avec étonnement par la rumeur publique et par la presse une nouvelle que m’a confirmée la lecture du Journal officiel du 14 juillet, à savoir que je figurais dans la liste des promus de la Légion d’honneur, sous la rubrique de votre ministère, avec le grade de chevalier.

Or non seulement je n’ai jamais sollicité de quelque façon que ce soit une distinction de cette sorte, mais j’ai au contraire fait savoir clairement, la première fois que la question s’est posée, il y a bien des années [Il s’agissait alors d’une proposition émanant du ministre socialiste Jack Lang. [ndlr], et à nouveau peu de temps après avoir été élu au Collège de France, en 1995, que je ne souhaitais en aucun cas recevoir de distinctions de ce genre. Si j’avais été informé de vos intentions, j’aurais pu aisément vous préciser que je n’ai pas changé d’attitude sur ce point et que je souhaite plus que jamais que ma volonté soit respectée.

Il ne peut, dans ces conditions, être question en aucun cas pour moi d’accepter la distinction qui m’est proposée et – vous me pardonnerez, je l’espère, de vous le dire avec franchise – certainement encore moins d’un gouvernement comme celui auquel vous appartenez, dont tout me sépare radicalement et dont la politique adoptée à l’égard de l’Éducation nationale et de la question des services publics en général me semble particulièrement inacceptable.

J’ose espérer, par conséquent, que vous voudrez bien considérer cette lettre comme l’expression de mon refus ferme et définitif d’accepter l’honneur supposé qui m’est fait en l’occurrence et prendre les mesures nécessaires pour qu’il en soit tenu compte.

En vous remerciant d’avance, je vous prie, Madame la ministre, d’agréer l’expression de mes sentiments les plus respectueux. Jacques Bouveresse

Le 17 février 2011 est sorti son dernier livre, « Que peut-on faire de la religion ?« , suivi de deux fragments inedits de Ludwig Wittgenstein presentés par Ilse Somavilla.

Jacques Bouveresse poursuit la réflexion sur les relations entre raison et croyance religieuse qu’il a engagée dans « Peut-on ne pas croire ? Sur la verite, la croyance et la foi » (Agone, 2007). Il se confronte ici aux idees de deux penseurs majeurs du XXe siecle, Bertrand Russell et Ludwig Wittgenstein, pour qui le rejet de toute religion instituée et des diverses formes d’irrationalisme n’est pas incompatible avec une comprehension de l’experience religieuse. « Dans le domaine des emotions, declarait Bertrand Russell, je ne nie pas la valeur des experiences qui ont donné naissance à la religion. Mais pour parvenir à la verité je ne peux admettre aucune autre methode que celle de la science. » Aux yeux de Wittgenstein, au contraire, l’ideal religieux etait la lumiere la plus pure par laquelle nous puissions aspirer à etre eclairés, et les Hommes qui vivent dans la culture de la rationalité conquerante et du progrès indéfini ont besoin d’apprendre que ceux-ci colorent les objets de leur monde d’une couleur déterminée, qui ne constitue qu’un assombrissement.

Collection Banc d’essais, 192 pages, 19 euros
http://atheles.org/agone/bancdessais/quepeutonfairedelareligion/

Jacques Bouveresse aux editions Agone:
http://atheles.org/trouver?main=recherche&ref_editeur=1&cherche=bouveresse&go=Chercher

On pourra également lire

et voir l’excellent DVD contenant deux documentaires : Le besoin de croyance et le besoin de vérité et Les intellectuels et les médias avec en supplément Pierre Bourdieu et le regard méchant de la science.

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Ateliers-débats Midis critiques – les 4 saisons

Depuis 2008, d’abord dans les locaux du Département des Licences Sciences et Techniques, puis dans les locaux de l’Espace Vie Etudiante, nous avons décidé de « pirater » du temps de cerveau disponible chez les étudiants, enseignants et tout bulbe rachidien passant à notre portée dans l’espace de temps 11h45 – 13h30, sandwich à la main.

Le principe :  avoir au préalable une bonne carte mentale des sujets abordés, et de leurs impasses, puis venir avec du matériel vidéo incrémentant progressivement les questions, tout en stimulant le débat entre spectateurs.

Ces midis critiques ont réuni entre 40 et 80 personnes à chaque fois, avec une large majorité d’étudiants venus de tous horizons, mais aussi des travailleurs venus faire la pause déjeuner. L’objectif secondaire était d’offrir le matériel pédagogique pour toute personne souhaitant « refaire » un débat du même type dans son groupe, dans son amphi, sur son lieu de travail.

Voici les thèmes abordés. Pour chacun, je tenterai de progressivement  détailler les supports que j’utilise.

Tout d’abord, pour 2011

2011 – Saison 4

MC N°1 : (merc. 16 février 2011) pourquoi choisir les médecines « douces » ?

MC N°2 : (merc. 9 mars 2011) psycho-pop, les psychologies de comptoir et leurs dérives. Avec deux invités, Nicolas Gaillard du CorteX, et Brigitte Axelrad, de l’Observatoire zététique.

MC N°3 : (merc. 23 mars 2011) Sexe & genre : comment se fabrique l’oppression féminine ? Avec Guillemette Reviron, du CorteX

MC N°4 : (merc. 13 avril 2011) La démocratie participative, une arnaque ? Avec Amélie Audibert, de Sciences Po – Grenoble

Télécharger l’affiche ici.

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Sont déjà passés :

2008 – saison 1

MC N°1 (30 janvier 2008) : diffusion de Death of a president (de Gabriel Range, 2006) puis débat sur la construction de l’information. CorteX_death-of-president

MC N°2 (6 février 2008) : arnaques à la science et à la spiritualité.

MC N°3 (13 février 2008) : petites et grandes manipulations de l’information.

MC N°4 (27 février 2008) : Pouvoir et terreur, sur Noam Chomsky.

MC N°5 (12 mars 2008) : derrière les mots, manipulations au coeur des discours politiques

MC N°6 (19 mars 2008) : que peut-on excuser au nom du progrès et du confort quotidien ? Cas du Coltan, du Congo, du sang et des téléphones portables

MC N°7 (26 mars 2008) : humain, animal, antispécisme, y-a-t-il des questions que nous n’osons pas nous poser ? CorteX_racisme_specisme_sexisme

MC N°8 (2 avril 2008) : peine de mort, talion, meurtre, vendetta, réflexions sur le permis de tuer

MC N°9 (30 avril 2008) : statistiques, mythes et débat social à travers quelques exemples.  Invité : Bernard Ycart (Université Joseph Fourier, Grenoble)

2009 – saison 2

MC N°1 (7 oct 2009)  : liberté d’expression : Chomsky, Faurrisson, Dieudonné, Le Pen, la Rumeur, etc.

MC N°2 (14 octobre 2009) Racisme ordinaire

MC N°3 (21 octobre 2009) Voile, hijab, niqab, burqa

MC N°4 (4 novembre 2009) Les médecines douces sont-elles des « alternatives » ?

MC N°5 (17 novembre 2009) (Dé)-fête de la science :
Quelle science fête-t-on ?(spécial Fête de la science)

MC N°6 (25 novembre 2009) : « Afrique 50« , René Vautier et les « bienfaits » colonisation alt

2010 – saison 3

MC N°1 (3 février 2010) Pourrions-nous tous être tortionnaires ?

MC N°2 (10 février 2010) Faux et usage de faux dans les médias

MC N°3 (03 mars 2010) Science, sexe & genre

MC N°4 (17 mars 2010) L’écotartufferie, entre écologie et opportunisme

altMCN°5 (24 mars 2010) « Les médicamenteurs« de Stéphane Horelalt

Invitée : Dr Marion Lamort-Bouché, du FORMINDEP (Pour une formation médicale indépendante au service des seuls professionnels de santé et des patients)

MC N°6 (31 mars 2010) : suis-je né pour travailler ?

MC N°7 (07 avril 2010) : spécisme, sexisme, racisme

MC N°8 (annulé) les méususages politiques de l’histoire. Invitée : Laurence de Cock, du Comité de Vigilance face aux usages publics de l’Histoire (CVUH)

 RM

Le clitoris, ce cher inconnu – Introduction au sexisme « scientifique »

Un vrai bain de jouvence que ce documentaire de Michèle Dominici, Le clitoris, ce cher inconnu.

Non seulement la majorité d’entre nous, femmes, hommes ou autres, y apprenons des choses en 2011, mais c’est une manière subtile d’aborder les argumentaires pseudoscientifiques qui jalonnèrent les âges pour placer la femme dans un ordre inférieur à l’homme, et lui conférer une « nature » maternelle, une « essence » soumise.

Voici un montage de deux extraits que j’utilise en cours pour des étudiants de licence et des doctorants-moniteurs, mais aussi en divers ateliers publics. Merci à l’auteure !

Richard Monvoisin

Pour la version complète du film, vous la trouverez  aisément en ligne, mais nous ne pouvons que vous encourager à l’acquérir directement à  http://www.clitoris-film.com

CorteX evolution humaine

Biologie, idéologies, racisme, sexisme – comment monter un cours de biologie à partir des pseudosciences

Comment élaborer un cours d’épistémologie de la biologie, en partant des pseudothéories ayant servi à des thèses idéologiques ? Voici une manière de s’y prendre telle que je l’ai développée, en cours de « Zététique & Autodéfense intellectuelle » pour des licences de science, et surtout pour l’enseignement Questions d’Actualités en Biologie de ma collègue Isabelle Lebrun destiné aux Licence 3ème année de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT).

Je souhaite pointer les principaux détournements de la science biologique dans l’histoire sont les détournements idéologiques liés au racisme / aux mélanges spiritiualistes science-religion / au sexisme / à l’ordonnancement normal-pathologique, et montrer quelques outils d’épistémologie (comme le critère de réfutabilité des théories de Popper) pouvant être utiles pour pressentir la pseudo-science.

J’ai commencé par l’analyse de l’arbre phylogénétique du vivant, qui jusqu’à il y a peu était « orienté » vers l’humain, comme si l’humain était l’aboutissement d’un dessein intelligent, ou d’un créationnisme, et comme si l’ordonnancement des espèces montrait une perfection croissante. J’ai utilisé l’extrait du documentaire « Espèces d’espèces » illustrant parfaitement ce point (voir Biologie, évolution – Métaphore de la boule buissonnante). Nous avons également analysé les représentations classiques de l’évolution humaine, présentant un schéma faux, comme dans les exemples ci-dessous.

CorteX evolution humaine

CorteX evolution humaineCorteX evolution humaine

Puis j’ai analysé, sous forme de questions / réponses, des exemples de transformisme lamarckien qui passent l’air de rien, dans un certain nombre de fictions, que ce soient des pubs (comme Guinness, voir Biologie & vulgarisation – Analyse d’une pub Guinness – raisonnement panglossien), des films (Biologie, nutrition – Arguments anti-lait et lamarckisme dans le film Snatch), des documentaires (documentaires botanistes ou des docu-fictions comme L’Odyssée de l’espèce, voir Biologie, évolution – Erreur dans L’odyssée de l’espèce), ou des dessins animés pour enfants comme Il était une fois l’Homme.

Après avoir détaillé les enjeux et les drames des interprétations Intelligent Design et créationnistes, ainsi que le procès du Singe et le tout récent procès de Dover, nous avons ensuite parlé des détournements ouvertement racialistes ou nationalistes, que ce soit l’époque de la phrénologie et de la criminologie de Lumbroso, la hiérarchisation des races ou le nationalisme sous-jacent comme dans l’affaire du crâne de Piltdown.

Pour montrer que la modernité n’est pas exempte de ce type d’inflexion idéologique, j’insisite longuement sur les cas récents d’utilisation de la pseudo-science pour stigmatiser des populations : les classements DSM de pathologie (qui classait l’homoséxualité comme une pathologie mentale jusqu’en 1973), les affaires autour du gène « gay », et tout récemment les déclarations de N. Sarkozy sur l’origine génétique de la pédophilie (ci-dessous).

Télécharger ici

J’aborde ensuite le lyssenkisme, comme exemple de « science officielle » et de manipulation théorique vers le marxisme, ou le «pseudo-darwinisme social» de Spencer comme manipulation théorique vers le capitalisme.

Je termine par ce qui est certainement la discrimination la plus insidieuse, celle des femmes, en posant la question du sexisme au travers des âges, au travers de la représentation des organes génitaux féminins qui, tout comme du rôle du plaisir chez la femme, ont toujours suivi dans les livres de science les représentations sociales du moment (orgasme clitoridien infantile chez Freud, orgasme utile ou inutile à la procréation, etc.). Je me suis servi d’un petit montage tiré du documentaire Le clitoris, ce cher inconnu de Michèle Dominici.

Nous discutons enfin des questions de genre, des représentations féminines/masculines dans la presse, puis des corps dans les livres d’éducation, ou étrangement, lorsqu’il s’agit de représenter une action musculaire, ce sont toujours des images de garçon, tandis que les mécanismes passifs (lymphatiques) sont immanquablement représentés par des filles (voir ici, et , entre autres).

Pour une séquence telle que celle-ci, au minimum deux heures sont à prévoir. Et préparez-vous à rester au moins une heure de plus pour discuter après le cours !

RM

  • Pour aller plus loin sur les questions d’évolution, on pourra aller dans la Bibliotex, ainsi que se documenter dans le matériel pédagogique du professeur Barrette.
  • Sur les questions d’idéologie raciale, on lira entre autres La malmesure de l’Homme de Stephen Jay Gould (ainsi que les critiques de ce livre envoyées par Serge Larivée, de l’université de Montréal, dans Vices et vertus de S. J. Gould, Revue québécoise de psychologie, vol. 23, n°3, 2002, pp 7 – 23).
  • Sur les questions de sexisme, une introduction simple se trouve dans le livre Contre les jouets sexistes, éditions L’échappée.CorteX jouets sexistes

Sciences politiques & Statistiques – TP Analyse de chiffres sur la délinquance – 3/3

Chiffres et statistiques pleuvent régulièrement dans les nombreux débats sur la délinquance(*), la plupart du temps sans qu’aucune précaution ne soit prise pour replacer ces chiffres dans leur contexte ou pour expliquer ce qu’ils traduisent réellement. Pourtant, ces chiffres, particulièrement difficiles à obtenir aussi bien pour des raisons techniques qu’éthiques, ont un impact très fort sur les représentations que nous nous faisons. Il m’a donc semblé important de faire un bilan de ce qui était vérifié et ce qui ne l’était pas.
Le matériau de base de cet article est le fameux débat entre B. Murat et E. Zemmour chez T. Ardisson.
Une des notions statistiques clés abordées est la notion de surreprésentation.

Dans cette troisième et dernière partie, nous analysons la pertinence des données statistiques ethniques relatives à la délinquance.
* Il y a un effet paillasson dans le mot délinquance, ainsi qu’un effet impact à très forte consonnance négative.  Délinquance, violence ou insécurité sont en effet souvent utilisés à tord et à travers, comme s’il étaient tous trois synonymes et interchangeables. Pourtant, cela ne va pas de soi  (voir l’article de Les Mots Sont Importants) : certains actes délinquants -dans le sens illégaux- ne sont pas violents tandis que d’autres actes violents ne sont pas considérés comme de la délinquance. Comme ce mot est ambigü, l’idéal serait de ne plus l’utiliser.


Extrait de Salut les terriens, 6 Mars 2010.

Retranscription de la fin de la discussion :
B. Murat :
Quand on est contrôlé 17 fois dans la journée, ça modifie le caractère
E. Zemmour :
Mais pourquoi on est contrôlé 17 fois par jour ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes. C’est comme ça, c’est un fait !
B. Murat :
Pas forcément, pas forcément.
E. Zemmour :
Ben, si.

A la suite de cette émission, E. Zemmour déclare dans Le Parisien du 08.03.2010 :
Ce n’est pas un dérapage, c’est une vérité. Je ne dis pas que tous les Noirs et les Arabes sont des délinquants ! Je dis juste qu’ils sont contrôlés plus souvent parce qu’il y a plus de délinquance parmi eux. Demandez à n’importe quel policier.

Analyse des propos d’E. Zemmour : « La plupart des trafiquants sont noirs et arabes. »

  • Quelles statistiques ethniques de la délinquance ?
  • Quelles variables aléatoires ? Quelles sources ? Quelles conclusions ?

Trame du raisonnement :
(a) La plupart des trafiquants sont noirs et arabes
+   (b) Le contrôle d’identité permet d’attraper les trafiquants
=> (c) En contrôlant plus les noirs et les arabes, on attrapera plus de trafiquants,
Pour tester la validité de la prémisse (a), notons que la phrase La plupart des trafiquants sont Noirs et Arabes est une affirmation statistique, mal énoncée certes, mais relevant de la statistique tout de même. E Zemmour sous-entend donc que ces satistiques existent et que quelqu’un a dénombré tous les trafiquants (T), puis les trafiquants Arabes (Ta) ou Noirs (Tn) et a calculé le rapport  (Ta+Tn)/T et a trouvé ainsi une probabilité supérieure à 0,5.

  • Quelles variables statistiques dans la prémisse (a) ?

Le « nombre de trafiquants » est une mauvaise variable statistique. On ne sait même pas de quel trafic on parle : de voitures, de drogue, de subprimes, d’armes, de sous-marins, de cigarettes, d’organes, de diamants, d’oeuvres d’art… ?
On peut supposer qu’E. Zemmour pense au trafic de drogue. Soit. Mais de quelle drogue ?
Comment peut-on compter les trafiquants ? Ceux qu’on a attrapés ? Ceux qui détenaient beaucoup de drogue ? Un peu ? Sont-ils représentatifs de la population des trafiquants ? Considère-t-on qu’on est trafiquant dès lors qu’on a « trafiqué » une fois ?
Une variable statistique pertinente – dans le sens : que l’on peut dénombrer convenablement – serait, par exemple, le « nombre de personnes condamnées pour détention de cannabis ».

« Etre Noir » ou « être Arabe » ou « être Blanc » sont également de mauvaises variables statistiques. Quand commence-t-on ou arrête-t-on d’être Noir, Arabe  ou  Blanc ? Quand un des parents l’est ? Ou bien les deux ? Ou une grand-mère suffirait ? Pour « trancher » la question, certains pensent même à utiliser la consonance du nom de famille, comme cela a déjà été fait dans un article du Point du 24/06/2004 :
Le Point a pu consulter ces notes, dans lesquelles il apparaît que plus de la moitié, voire 60 ou 70%, des suspects répertoriés ont des noms à consonance étrangère. Cet élément est délicat à manipuler. En aucun cas l’on ne saurait déduire avec certitude une origine d’un patronyme. Il ne s’agit pas non plus de tirer des conclusions absurdes sur un caractère « culturel » de la criminalité. Mais écarter ces constatations d’un revers de manche est une grave erreur qui occulte l’échec de l’intégration.
On remarquera que la gravité de la conclusion, occulter l’échec de l’intégration, méritait pourtant qu’on s’assure de la qualité des prémisses du raisonnement.Plus récemment, on a pu lire dans cet article de Marianne2 datant du 12/01/2011 sur le procès d’E. Zemmour :
De son côté, comme l’a révélé Rue89, la défense d’Eric Zemmour a produit une lettre de soutien de Jean-Pierre Chevènement dans laquelle ce dernier confirme la réalité du constat qui vaut l’assignation du prévenu : « Il suffit, comme j’ai eu l’occasion de le faire de consulter les listings de la Direction centrale de la Sécurité publique du ministère de l’intérieur, pour constater que plus de 50% des infractions constatées étaient imputables à des jeunes dont le patronyme est de consonance africaine ou maghrébine. »
On notera également l’effet paillasson : infractions constatées = délinquance, analysé dans la première partie de ce TP.
 
 
  • Quelles sources pour les statistiques ethniques ou raciales dans la prémisse (a) ?

Si le fait d’établir des statistiques ethniques est en général illégal, certaines dérogations sont accordées par la CNIL. Par exemple, elle  peut autoriser sous certaines conditions la collecte d’informations sur le pays d’origine des individus ou de leurs parents (on pourra aller consulter les 10 recommandations de la CNIL ). Comme le rapporte un article du Monde du 05/02/2010 :

De fait, si la loi Informatique et liberté de 1978 énonce une interdiction de principe sur le traitement statistique des données sensibles, elle permet d’y déroger, sous contrôle de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) et à condition de respecter certains critères (consentement individuel, anonymat, intérêt général…).

Notons toutefois qu’il n’existe pas de statistiques sur des « variables » du type Blancs, Arabes et Noirs, à une exception près, exception de taille : à mon grand étonnement je l’avoue, il existe un fichier confidentiel, nommé  Fichier Canonge, qui classe les « délinquants » par « type » physique. Voici ce qu’en dit l’Express du 07/02/2006 :

A quoi ressemblent les délinquants de tous les jours? Pour le savoir, il suffit de se plonger dans un fichier méconnu, baptisé «Canonge», qui comporte l’état civil, la photo et la description physique très détaillée des personnes «signalisées» lors de leur placement en garde à vue. Grâce à cette base de données présentée à la victime, celle-ci peut espérer identifier son agresseur. Or ce logiciel, réactualisé en 2003, retient aujourd’hui 12 «types» ethniques: blanc-caucasien, méditerranéen, gitan, moyen-oriental, nord-africain-maghrébin, asiatique-eurasien, amérindien, indien, métis-mulâtre, noir, polynésien, mélanésien.

Cet outil est à manier avec prudence. D’abord, parce que, même si le Canonge est légal, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) interdit d’exploiter ses renseignements à d’autres fins que celle de la recherche d’un auteur présumé. Ensuite, parce qu’il ne dit rien de la nationalité et de l’origine de l’individu – qui peut être français depuis plusieurs générations malgré un physique méditerranéen, par exemple. Enfin, parce que les mentions sont portées par l’officier de police, avec la part de subjectivité que cela suppose.

Remarque : les mêmes précautions sont à prendre qu’avec les chiffres du rapport Criminalité et délinquance constatées en France (tris sélectifs de données, prédicion auto-réalisatrice, subjectivité des observateurs…)

  • Quelle population de référence pour établir la surreprésentation dans la prémisse (a) ?

Quand E. Zemmour prétend que la plupart des trafiquants sont Noirs ou Arabes, il énonce un résultat de surreprésentation : les Noirs ou les Arabes sont surreprésentés dans la population des trafiquants. Mais, cela ne vous a pas échappé, cette notion n’a de sens que si l’on connaît la population de référence. Il est probable qu’E. Zemmour considère la population résidant en France, mais cela n’a pas vraiment de sens, puisque toutes ces personnes ne vivent pas forcément dans des conditions externes égales. Pour savoir si les Noirs ou les Arabes sont surreprésentés, il serait préférable de considérer la population « susceptible d’être délinquante » (si tant est qu’on puisse donner un sens rigoureux à cette expression), c’est-à-dire celle qui vit dans les mêmes conditions que les « délinquants ».

  • Quelle probabilité conditionnelle dans l’implication (a)+(b) => c ?

Les prémisses (a) et (b) n’entraînent pas (c). Nous avons là un bel exemple de sophisme Non sequitur, dû à une erreur d’inversion de probabilité conditionnelle.
On retrouve le même sophisme dans les phrases suivantes, où il est plus facile à repérer

La plupart des pédophiles sont Blancs donc il faut plus contrôler les Blancs.
OU
La plupart des inculpés français dans l’affaire des frégates de Taïwan sont Blancs donc il faut plus contrôler les Blancs.
OU
Tous les incestes sont commis par un membre de la famille donc il faut contrôler tous les membres de sa famille

En fait, E. Zemmour s’emmèle les probabilités conditionnelles.

Certes, avec tous les guillemets nécessaires, il est vrai qu’il y a plus de personnes dites « Noires ou Arabes » dans le fichier Canonge que de Blanches ; dans la population totale, les proportions sont inversées. Sans avoir de chiffres précis, on peut donc quand même affirmer qu’on a une probabilité plus grande de tomber sur une personne figurant dans le fichier Canonge (*) en contrôlant les Noirs et les Arabes qu’en contrôlant les Blancs.
Cependant, ce n’est pas ce chiffre qui est important dans le contexte. La question est en fait de savoir si le contrôle d’identité ciblé permet d’arrêter des « délinquants ». Or, ce n’est pas parce que la proportion de Noirs et d’Arabes est importante dans la population des trafiquants – dans ce cas on considère P(N U A/T) – que la proportion de trafiquants est importante dans la population Noire et Arabe – ici on regarde P(T/N U A). Vous en serez encore plus convaincu si vous prenez les autres versions du sophisme.

Exemple :
Imaginons une population composée de 1 000 personnes, dont :
– 400 Noirs ou Arabes
– 600 Blancs
– 7 trafiquants : 5 Noirs ou Arabes et 2 Blancs
Dans cet exemple,
P(NUA / T) = Nombre de Trafiquants Noirs ou Arabes / Nombre de Trafiquants ≈ 71,4%
P(T / NUA) = Nombre de Trafiquants Noirs ou Arabes / Nombre de Noirs ou Arabes ≈ 1,2%
Les ordres de grandeur sont radicalement différents.

Notons qu’E. Zemmour revient sur ce point dans le Parisien et le rectifie. Cependant, quand il dit « Je dis juste qu’ils sont contrôlés plus souvent parce qu’il y a plus de délinquance parmi eux« ,  le parce que légitime la pratique du contrôle et sous-entend qu’on a des chances d’attraper des « trafiquants » de cette manière et donc que la probabilité P(T/A U N) est élevée ; sa prémisse de départ est, rappelons-le, que P(A U N/T)  est élevée.

(*) « Figurer dans le fichier Canonge » et « être délinquant » ne sont pas les mêmes variables ; attention à l’effet paillasson.

  • Quelles conséquences des approximations contenues dans les propos d’E. Zemmour  ?
Ces propos sont très essentialistes même, encore une fois, si ce n’était pas l’intention de l’auteur.  La phrase « la plupart des trafiquants sont Noirs ou Arabes » est très souvent entendue comme « Ils sont délinquants parce qu’ils sont Noirs ou Arabes » (effet cigogne), ce qui n’a aucun fondement scientifique et qui exacerbe le racisme.

Si les statistiques ethniques de la délinquance n’existent pas, certaines personnes ne se privent pourtant pas de les « interpréter ».


Mais au fait, quelle est la probabilité d’attraper un trafiquant lors d’une journée de contrôles d’identité ?
 
Cette partie est conçue pour pousser votre public à être vigilant quand il est question de statistiques, y compris quand c’est vous qui les présentez. Je vous propose pour cela de faire de mauvaises statistiques sans en avoir l’air. Si un membre du public réagit, vous avez gagné la partie. S’il n’y a pas de réactions spontanées, cela vous donnera l’occasion de pointer du doigt

1. la nécessité d’être vigilant en permanence : même averti, on n’est pas à l’abri d’une entourloupe, volontaire ou non,
2. qu’il ne faut pas croire sur parole la personne qui essaie de vous transmettre des outils critiques.

Attention : Mauvaises statistiques ! Les chiffres obtenus dans ce qui suit ne représentent absolument rien.
– Dans l’article de l’Express sur le fichier Canonge, il est dit que sur 103 000 trafiquants fichés, il y a 29% de Nord-Africains et 19% de Noirs.
En tout, cela fait 49 440 trafiquants Noirs ou Arabes.

– On peut évaluer à environ 2 988 745 personnes Noires ou Arabes en France.

– La probabilité de tomber sur un délinquant en contrôlant un Noir ou un Arabe au hasard est donc à peu près de 49 440 / 2 988 745  ≈ 1,7%.

– F. Jobard et R. Lévy rapportent p. 62 que le nombre moyen de contrôles observés par heure est de 1,25. Ce qui fait 8,75 contrôles pour 7 heures travaillées. Disons 9 contrôles par jour.

– En remarquant que la variable aléatoire « nombre de trafiquants attrapés dans la journée » suit une loi binomiale, on obtient la conclusion suivante :
la probabilité d’attraper au moins un trafiquant dans la journée en contrôlant les Noirs et les Arabes est d’environ 14,2%. Sur 100 journées de contrôles d’identité, une équipe qui pratique les contrôles d’identité revient sans trafiquant 85 fois.

Vous venez de créer une occasion pour votre public d’analyser vos propos :
Vous êtes-vous posé la question de savoir d’où sortait le chiffre du nombre de Noirs et Arabes en France ? Ce n’est en fait qu’une estimation, très mauvaise, faite avec les moyens du bord et très critiquable.
Je suis allée sur le site de l’INSEE où figurent des données – cliquer sur Données complémentaires, sur cette page et consulter le graphique 2 – sur le nombre de personnes entre 15 et 50 ans dont au moins un des parents est immigré de Turquie, d’Afrique Subsaharienne, du Maroc, de Tunisie ou d’Algérie : il y en a 1 282 000.
Par ailleurs, sur le site de l’INED, on peut télécharger le document Immigrés selon le sexe, l’âge et le pays de naissance 2007. Dans l’onglet France détail, on peut lire qu’il y a en France en 2007, 1 706 745 immigrés issus du continent Africain et qui ont entre 18 ans et 59 ans.

Ensuite, j’ai appliqué une grande dose de racisme ordinaire : ceux qui viennent (ou dont un parent vient) d’Europe sont blancs, ceux qui viennent du Maghreb sont Arabes et ceux qui viennent d’Afrique Noire sont Noirs. Les Antillais qui sont Français sont comptés comme Blancs, les Français dont les deux parents sont Français sont comptés comme Blancs etc…

Remarquez que, sur wikipedia (version du 19/01/2011), on peut lire

En 2010, la France accueille 6,7 millions d’immigrés (nés étrangers hors du territoire) soit 11% de la population. Elle se classe au sixième rang mondial, derrière les Etats-Unis (42,8 millions), la Russie (12,3), l’Allemagne (9,1), l’Arabie Saoudite (7,3), le Canada (7,2) mais elle devance en revanche le Royaume-uni (6,5) et l’Espagne (6,4). Les enfants d’immigrés, descendants directs d’un ou de deux immigrés, représentaient, en 2008, 6,5 millions de personnes, soit 11 % de la population également. Trois millions d’entre eux avaient leurs deux parents immigrés. Les immigrés sont principalement originaires de l’Union européenne (34 %), du Maghreb (30 %), d’Asie (14 %, dont le tiers de la Turquie) et d’Afrique subsaharienne (11 %).

En reprenant les calculs avec ces chiffres – à savoir 41% de 6,7 millions + 6,5 millions-, on obtient une probabilité d’attraper au moins un trafiquant en une journée de 8% environ. Encore faudrait-il savoir à quoi correspondent ces données exactement ? Les sources de l’article de wikipedia sont :

Les immigrés constituent 11% de la population française [archive], TF1, Alexandra Guillet, le 24 novembre 2010, source : Ined
Etre né en France d’un parent immigré
[archive], Insee Première, N° 1287, mars 2010, Catherine Borel et Bertrand Lhommeau, Insee
 
Bref, le calcul est biaisé et il m’est impossible d’évaluer la marge d’erreur commise. Ce chiffre n’a aucune légitimité et ne pourra être brandi d’aucune manière sur un quelconque plateau télé ou lors d’un quelconque dîner de famille ; il permet tout de même d’énoncer une conclusion : les chiffres ne parlent pas d’eux-mêmes. Il est primordial de savoir comment ils ont été élaborés avant de les utiliser. 
G.R.
 
 
Autres articles sur le sujet (liste non exhaustive) :
Le fait et la justification selon E. Zemmour (Statistix)
« Police et minorité visibles, les contrôles d’identité à Paris » – Quelques réflexions satistiques sur une enquête (Statistix):
présentation de différents indices permettant de mesurer l’intensité de la sur-représentation de certaines populations lors des contrôles de police à 
   la Gare du Nord à Paris.
CorteX_Chiffres_de_la_delinquance_Diagrammes_Surrepresentation

Sciences politiques et Statistiques – TP Analyse de chiffres sur la délinquance – 2/3

Chiffres et statistiques pleuvent régulièrement dans les nombreux débats sur la délinquance(*), la plupart du temps sans qu’aucune précaution ne soit prise pour replacer ces chiffres dans leur contexte ou pour expliquer ce qu’ils traduisent réellement. Pourtant, ces chiffres, particulièrement difficiles à obtenir aussi bien pour des raisons techniques qu’éthiques, ont un impact très fort sur les représentations que nous nous faisons. Il m’a donc semblé important de faire un bilan de ce qui était vérifié et ce qui ne l’était pas.
Le matériau de base de cet article est le fameux débat entre B. Murat et E. Zemmour chez T. Ardisson.
Une des notions statistiques clés abordées ici est la notion de surreprésentation.

Dans cette deuxième partie, nous analysons les données disponibles sur les contrôles d’identité « au faciès ».
* Il y a un effet paillasson dans le mot délinquance, ainsi qu’un effet impact à très forte consonnance négative.  Délinquance, violence ou insécurité sont en effet souvent utilisés à tord et à travers, comme s’il étaient tous trois synonymes et interchangeables. Pourtant, cela ne va pas de soi  (voir l’article de Les Mots Sont Importants) : certains actes délinquants -dans le sens illégaux- ne sont pas violents tandis que d’autres actes violents ne sont pas considérés comme de la délinquance. Comme ce mot est ambigü, l’idéal serait de ne plus l’utiliser.


Extrait de Salut les terriens, 6 Mars 2010.

Retranscription de la fin de la discussion :
B. Murat :
Quand on est contrôlé 17 fois dans la journée, ça modifie le caractère
E. Zemmour :
Mais pourquoi on est contrôlé 17 fois par jour ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes. C’est comme ça, c’est un fait !
B. Murat :
Pas forcément, pas forcément.
E. Zemmour :
Ben, si.

A la suite de cette émission, E. Zemmour déclare dans Le Parisien du 08.03.2010 :
Ce n’est pas un dérapage, c’est une vérité. Je ne dis pas que tous les Noirs et les Arabes sont des délinquants ! Je dis juste qu’ils sont contrôlés plus souvent parce qu’il y a plus de délinquance parmi eux. Demandez à n’importe quel policier.


Analyse des propos de B. Murat : « Quand on est contrôlé 17 fois par jour »

  • Quelles statistiques sur le contrôle d’identité ?
  • Quelles sources disponibles ? Quelle méthodologie ? Quels résultats ?
  • Quelles conséquences d’une mauvaise utilisation des chiffres ?
  • Quelles sources ?

D’où vient le chiffre 17 ? Comme B. Murat ne cite pas ses sources, on peut émettre différentes hypothèses : il connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un (Ami d’un ami) et l’information mériterait d’être vérifiée ; ou il utilise une exagération pour mettre en relief son propos (effet impact d’une hyperbole) ; ou il a lu une étude sur le sujet ; ou il propage une idée commune mais non  vérifiée. Je n’ai trouvé trace d’aucune étude énonçant ces chiffres, mais il existe une étude sur le sujet, menée en 2009 par deux membres du CESDIP – laboratoire de recherche du CNRS mais également service d’études du ministère de la Justice – F. Jobard et R. Lévy , intitulée Police et minorité visible : les contrôles d’identité à Paris.
Je n’en ai pas trouvé d’autres. Il est d’ailleurs dit p. 9 du rapport : Cette étude, qui présente des données uniques sur plus de 500 contrôles de police, est la seule menée à ce jour, propre à détecter le contrôle à faciès en France.

  • Quelle méthodologie et quelles notions pour établir des satistiques sur les contrôle au faciès ?

F. Jobard explique la méthodologie employée :

[dailymotion id=xgq4yd]

Les notions de surreprésentation et d’odds-ratio :
Que signifie la phrase « Telle catégorie est plus contrôlée que telle autre » ? Comment le mesurer ?
Quand on parle de surreprésentation, il faut faire attention à ne pas détacher des données importantes ; par exemple, si 10 Noirs et 5 Blancs ont été contrôlés, on ne peut pas affirmer pour autant que les Noirs sont 2 fois plus contrôlés que les Blancs. En effet, si les contrôles se font dans un lieu où se trouvent deux fois plus de Noirs que de Blancs, la population Noire contrôlée n’est pas surrepésentée dans la population contrôlée.CorteX_Chiffres_de_la_delinquance_Diagrammes_Surrepresentation
Dans la première population imaginée, nous avons :
– 1 000 Noirs ou Arabes (bleu)
–    500 Blancs (orange)
–  10 trafiquants Noirs ou Arabes (bleu)
–     2 trafiquants Blancs (orange)
Les Noirs et les Arabes sont surreprésentés.
a
a
a
a
a
a
Dans la deuxième population imaginée, nous avons :
– 1 000 Noirs ou Arabes (bleu)
–    500 Blancs (orange)
–   10 trafiquants Noirs ou Arabes (bleu)
–     5 trafiquants Blancs (orange)
Les Noirs et les Arabes ne sont pas surreprésentés.
a
a
a
a
Il faut donc impérativement connaître la composition de la population globale du lieu d’observation avant de conclure à la surreprésentation et utiliser un outil statistique qui en rende compte, par exemple le odds-ratio dont vous pourrez trouver une définition sur wikipedia.
F. Jobard et R. Lévy nous expliquent comment l’interpréter :
L’odds-ratio compare entre elles les probabilités respectives de contrôle des différents groupes Les odds-ratios présentés dans ce rapport ont tous comparé les groupes relevant des minorités visibles à la population blanche, de sorte que l’odds-ratio se lit de la manière suivante : « Si vous êtes Noir (ou Arabe, etc.), vous avez proportionnellement x fois plus de probabilités d’être contrôlé par la police que si vous étiez Blanc ». L’odds-ratio est reconnu comme la meilleure représentation statistique de la probabilité affectant différents groupes d’une même population compte tenu de la composition de cette population.
L’absence de contrôle au faciès correspond à un odds-ratio de 1,0 : les non-Blancs n’ont pas plus de probabilité d’être contrôlés que les Blancs. Les odds-ratios allant de 1,0 à 1,5 sont considérés comme bénins, ceux allant de 1,5 à 2,0 comme le signe d’un traitement différencié probable. Les ratios supérieurs à 2,0 indiquent qu’il existe un ciblage des minorités par les contrôles de police.
  • Quels sont les résultats de l’étude ?
1. Sur l’ensemble des 5 lieux d’observation, les Noirs (resp. les Arabes) ont entre 3,3 et 11,5 fois (resp. entre 1,8 et  14,8) plus de chances d’être contrôlés que les blancs. Le contrôle « au faciès » est donc avéré.
2. Cependant, d’autres variables sont importantes, en particulier la tenue vestimentaire. Comme il l’est précisé dans le résumé de l’étude p. 10,
Il ressort de notre étude que l’apparence vestimentaire des jeunes est aussi prédictive du contrôle d’identité que l’apparence raciale. L’étude montre une forte relation entre le fait d’être contrôlé par la police, l’origine apparente de la personne contrôlée et le style de vêtements portés : deux tiers des individus habillés « jeunes » relèvent de minorités visibles. Aussi, il est probable que les policiers considèrent le fait d’appartenir à une minorité visible et de porter des vêtements typiquement jeunes comme étroitement liés à une propension à commettre des infractions ou des crimes, appelant ainsi un contrôle d’identité.
Il est important de noter que plusieurs corrélations – entre « être Noir ou Arabe », « être habillé jeune » et « être contrôlé »- sont établies. La relation de causalité « être Noir ou Arabe » implique « être contrôlé » mérite donc d’être discutée. En effet,  si nous exagérons les faits et que nous supposons que tous les Noirs et Arabes et seuls les Noirs et les Arabes s’habillent jeunes, on ne saurait pas si le critère du contrôle est « être Noir ou Arabe » ou « être habillé jeune ».
En réalité, la force prédictive de ces deux variables est à peu près équivalente.[…]En tout état de cause, même si l’apparence vestimentaire était la variable-clé de la décision policière, cela aurait un impact énorme sur les minorités visibles, dans la mesure où leurs membres sont plus susceptibles que les Blancs d’arborer une tenue « jeune ». En effet, deux tiers des personnes en tenue « jeune » appartiennent également à une minorité non-Blanche. Si l’on considère les trois groupes principaux, seulement 5,7% des Blancs de la population de référence portent une tenue « jeune », contre 19% des Noirs et 12,8% des Arabes. En d’autres termes, on peut dire de la variable « tenue jeune » qu’elle est une variable racialisée : lorsque la police cible ce type de tenues, il en résulte une surreprésentation des minorités visibles, en particulier des Noirs, parmi les contrôlés.
 
3. Sur la fréquence des contrôles (attention, ces chiffres sont basés sur la déclaration des personnes contrôlées et n’ont pas été établis de manière scientifique).
À la question de savoir si c’était la première fois qu’elles étaient contrôlées, une grande majorité de personnes interrogées (82%) a répondu par la négative. 38% ont indiqué être contrôlées souvent, 25% ont indiqué avoir été contrôlées de deux à quatre fois par mois, et 16% ont indiqué être contrôlées plus de cinq fois par mois. Il faut remarquer que l’éventail du nombre de contrôles dans cette dernière catégorie était étendu, les personnes indiquant avoir été contrôlées entre cinq et neuf fois le mois précédent, jusqu’à un total de 20 fois.
 
 
  • Quelles conclusions  ?
Il est probable que B. Murat ait gonflé ce chiffre pour appuyer son discours.
Cependant, n’oublions pas que B. Murat est en train de répondre à l’affirmation : « Il y a de la délinquance dans les banlieues ».  On peut alors penser qu’il sous-entend qu’une des causes de cette délinquance est la répétition des contrôles.  Si cela semble plausible pour, par exemple, ce qui concerne le délit d’outrage à agent – en effet, plus on est contrôlé, plus le nombre d’occasions « d’outrager » un agent de police est élevé – je ne connais pas d’étude qui démontrerait cette relation de cause-conséquence dans le cadre général. Ceci est  probablement un effet cigogne.
En revanche, ce que tend à montrer la partie qualitative du rapport de F. Jobard et R. Lévy, c’est que le contrôle d’identité est perçu comme une agression par les personnes qui en sont les cibles, même si la plupart du temps et selon l’avis même des personnes contrôlées, le contrôle est mené sans agressivité de la part des agents.
Malgré le caractère généralement neutre ou positif des jugements sur le comportement de la police, ces contrôles ont suscité des sentiments très négatifs. Quelques personnes ont simplement déclaré que la police ne faisait que son travail et que le contrôle ne les avait pas dérangées. Mais près de la moitié des personnes interrogées ont indiqué être agacées ou en colère du fait du contrôle.[…] Le préjudice que les pratiques de contrôle de police causent à la relation que la police entretient avec les personnes objet de contrôle est manifeste.
Cette pratique est ressentie comme violente et humiliante par ceux qui la vivent donc la question de son efficacité mérite d’être posée. Je précise ma pensée : si le but de la politique est de minimiser la souffrance globale de la population et si le contrôle est vécu comme violent,  il me semble  tout de même nécessaire de s’assurer du fait que cette pratique est indispensable pour lutter contre une autre violence, celle dite « de la délinquance ». Savoir si cette condition est suffisante pour légitimer le contrôle d’identité est encore une autre question.

G.R.

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La pensée critique dans l’enclos universitaire, par Pierre Rimbert

La pensée critique dans l’enclos universitaire ? Notre « objet social » dans Le Monde diplomatique de Janvier 2011.

Pierre Rimbert livre dans le Monde Diplomatique de janvier 2011 un article imposant, renvoyant les intellectuels critiques à leurs responsabilités. alt

Et comme notre matériau de base est l’intellect, et que la pensée critique est notre leitmotiv, il faut bien se poser les questions : où étions-nous durant les dernières luttes sociales ? Où étions-nous durant ces grèves ? Avons-nous mis nos connaissances à profit ?

Et celle-ci : où serons-nous lors des prochains mouvements ?

qui cache une dernière interrogation : à quoi sert d’acquérir une pensée critique solide si elle ne vise pas une transformation de la société vers un fonctionnement plus juste ?

Nous avons résisté à l’envie de scanner l’article, au moins pour le temps de janvier et afin que Le Monde Diplomatique s’assure une certaine santé financière.

Voici seulement le début (plus bas), ainsi que l’extrait d’émission consacré à cet article sur France Inter le 5 janvier 2011, où Pierre Rimbert résume fort bien son analyse.

Ici :

Télécharger là

Début de l’article.

Enquête sur les intellectuels contestataires

La pensée critique dans l’enclos universitaire

De plus en plus décrié en raison des dégâts qu’il occasionne, le système économique suscite manifestations populaires et analyses érudites. Mais aucune théorie globale ne relie plus ces deux éléments en vue de construire un projet politique de transformation sociale. Les intellectuels critiques n’ont pourtant pas disparu. Que font-ils ? Les institutions qui les forment et les emploient leur permettent-elles encore de concilier culture savante et pratique militante ?

Par Pierre Rimbert

Des rues noires de monde, des slogans offensifs, des chants au poing levé, des directions syndicales dépassées par leurs bases. Le combat social de l’automne 2010 contre la réforme des retraites aura mobilisé plus de manifestants qu’en novembre-décembre 1995. Cette fois, pourtant, nulle controverse opposant deux blocs d’intellectuels, l’un allié au pouvoir et l’autre à la rue, ne vint troubler la bataille. Quinze ans auparavant, en revanche…

Un hall bondé de la gare de Lyon, des banderoles, des visages tournés vers un orateur qui ne parle pas assez fort. Le sociologue Pierre Bourdieu s’adresse aux cheminots. « Je suis ici pour dire notre soutien à tous ceux qui luttent, depuis trois semaines, contre la destruction d’une civilisation associée à l’existence du service public. » Un intellectuel français de réputation internationale aux côtés des travailleurs ? Scène devenue insolite depuis les années 1970. Ce mardi 12 décembre 1995, deux millions de manifestants ont défilé contre le plan de « réforme » de la Sécurité sociale et des retraites porté par le premier ministre, M. Alain Juppé. La grève installe un climat où l’inconnu se mêle aux retrouvailles. Car revoici le salariat, dont philosophes, journalistes et politiques avaient cru riveter le cercueil lors des restructurations industrielles des années 1980. Et revoilà des chercheurs critiques, décidés à mener la bataille des idées tant sur le terrain économique que sur les questions de société.

Deux pétitions aux tonalités antinomiques révèlent alors une fracture du monde intellectuel français. La première, intitulée « Pour une réforme de fond de la Sécurité sociale », salue le plan Juppé, « qui va dans le sens de la justice sociale » ; ses signataires se recrutent par cercles concentriques au sein de la revue Esprit, de la Fondation Saint-Simon, de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et, plus généralement, d’une gauche ralliée au marché. L’« Appel des intellectuels en soutien aux grévistes » réunit de son côté chercheurs, universitaires, (…)

Retrouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique de janvier 2011 actuellement en kiosques.

 

CorteX_Bricmont

Conseil d’ouvrages par Jean Bricmont

Interview de Jean Bricmont du 3 décembre 2010 (Pour consulter les autres questions-réponses, voir lien).

  • Quels sont les œuvres /ouvrages qui t’ont le plus marquées dans ta construction d’intellectuel ?

Bertrand Russell, Histoire de la philosophie occidentale (Wisdom of the West), 1959
Bertrand Russell, Le monde qui pourrait être (Roads to Freedom: Socialism, Anarchism, and Syndicalism), (1920)
Bertrand Russell, La Pratique et la théorie du bolchevisme (1920)
Bertrand Russell, An outline of intellectual rubbish (1943)
Bertrand Russell, L’histoire des idées au XIXe siècle (1951)
Noam Chomsky, Comprendre le pouvoir, 3 tomes (2005)
Noam Chomsky, Économie politique des droits de l’homme (1981)
Voltaire, Lettres philosophiques (1734)
Diderot, Le rêve de d’Alembert (1769)
Paul-Henri Thiry d’Holbach, Le Christianisme dévoilé : Examen des principes & des effets de la religion chrétienne (1767)
Pierre Kropotkine, La science moderne et l’anarchie (1913)
Jacques Bouveresse, Le besoin de croyance et le besoin de vérité (DVD, 2010)

  •  Citation de Voltaire

« Le chancelier Bacon ne connaissait pas encore la nature ; mais il savait et indiquait tous les chemins qui mènent à elle. Il avait méprisé de bonne heure ce que les universités appellent la philosophie, et il faisait tout ce qui dépendait de lui, afin que ces compagnies, instituées pour la perfection de la raison humaine, ne continuassent pas de la gâter par leurs quiddités, leur horreur du vide, leurs formes substantielles et tous les mots impertinents que non seulement l’ignorance rendait respectable, mais qu’un mélange ridicule avec la religion avait rendus presque sacrés. » Voltaire, Lettres philosophiques, Paris, Ed. Mille et unes nuits, 1999 (p.56).

Pour aller plus loin sur les rationalistes dits « progressistes » :

Noam Chomsky, Jean Bricmont, Le pari de Pascal (lien)

Bertrand Russell, An outline of intellectual rubbish (lien)

Introduction au Cercle de Vienne : Carnap (lien)

Jacques Bouveresse, ainsi que l’excellent DVD (lien)