Philosophie morale – Acrimed moins éducatif que Civitas ?

Nous en parlions au début de l’été, record du monde de l’appel à la pitié pour Acrimed ! Cette association, qui nous fournit maint matériel pédagogique en publiant articles et trimestriel, était en grave danger financier. S’ensuivit un appel à don, a priori défiscalisé. Et là encore, Acrimed, bien malgré elle, nous sert, mais sur le versant politico-moral cette fois. Elle questionne les statuts « éducatif », « culturel » et d’«intérêt public» que l’administration fiscale lui refuse et qui, comme l’«ordre public»  ou l’opinion du même nom, n’est semble-t-il pas vraiment négociable. Comble de la réflexion, parmi les joyeux récipiendaires du statut d’intérêt public,  on trouvera l’Institut Civitas – mouvement «dont le but est la restauration de la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ». De quoi alimenter les réflexions morales. Décryptage de Henri Maler.  

Réplique détaillée à l’acharnement de l’administration fiscale contre Acrimed

par Henri Maler, le 2 octobre 2014

Le 4 juillet 2014, le ministère des finances et des comptes publics a fait appel du jugement rendu le 2 mai 2014 par le tribunal administratif de Montreuil au profit de l’Association Action-Critique-Médias (Acrimed). Ledit jugement annulait les décisions prises les 12 juillet 2012 et 5 mars 2013, par lesquelles l’administration refusait de considérer que l’Association Action-Critique-Médias est un organisme d’intérêt général à caractère culturel. Le même jugement condamnait l’État au paiement de 100 euros, en application de l’article L. 761-1 du code de justice administrative. Ces décisions privaient Acrimed du droit de délivrer des reçus permettant à celles et ceux qui nous soutiennent d’obtenir une réduction de leurs impôts sur les dons effectués en faveur de notre association.

La requête du ministère des finances est introduite par un « Mémoire » signé par Patrice Laussuq qui dépendait, du moins en 2013, de la Sous-direction JF 2. Contentieux des impôts des professionnels où il exerce (ou exerçait) les fonctions de sous-directeur qui mérite un patient (et fastidieux, il faut bien l’avouer) décryptage (que résume brièvement le communiqué de presse que nous avons publié).

Et l’on découvre un réquisitoire politique revêtu de haillons juridiques et administratifs… (la suite se trouve ici).

En savoir plus pour aider cette association unique, ici.

Nouveau mémoire en kinésithérapie : une analyse des fondements de l'ostéopathie

Plusieurs mémoires de Master 1 portant sur des thérapies non-conventionnelles et encadrés par des membres du CorteX parurent en juin 2012 et 2013 de l’institut de formation des kinésithérapeutes du Centre hospitalier universitaire de Grenoble. Nous les avions relayés ici et . En cette année 2014, ce sont les fondements de l’ostéopathie qui firent l’objet d’un nouveau mémoire.

Ce mémoire produit par Maguendra Codandamourty s’intitule Évolution des fondements de l’ostéopathie : comparaison des modèles et principes édités par A. T. Still (XIXe siècle) et l’Organisation Mondiale de la Santé (2010). Il a été encadré par Nicolas Pinsault (CorteX – CHU de Grenoble) et Richard Monvoisin (CorteX – Université de Grenoble).

Dans ce travail fouillé, les professionnels de santé et les curieux seront probablement surpris de constater les problèmes que posent les principes fondateurs de l’ostéopathie de Still. Quant aux principes énoncés dans le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé, non seulement ils ne résolvent pas les problèmes initiaux mais ils en posent de nouveaux tout aussi surprenants.

Le mémoire
Le poster
La présentation audio :


 
La présentation vidéo accompagnée du diaporama
 
Pour tout détail, complément ou remarque :

  • Maguendra Codandamourty  via Richard Monvoisin – Collectif de Recherche Transdisciplinaire Esprit Critique et Sciences (CORTECS) Bibliothèque Universitaire de Sciences de Grenoble BP 66 38402 Saint-Martin d’Hères cedex – Monvoisin [at] cortecs.org
  • Nicolas Pinsault – École de Kinésithérapie du CHU de Grenoble 19 avenue de Kimberley – BP 158 38431 Echirolles Cedex Tel : 04.76.76.89.41 – Npinsault [at] chu-grenoble.fr

Albin Guillaud

 
 

phare breton

Un phare breton dans les ténèbres de la kinésithérapie

ÀPhare breton sous un beau ciel bleu l’école de kinésithérapie de Rennes, les « frères Piette », deux kinés et formateurs, furent à l’initiative, en collaboration avec le CorteX, de la création d’un module « formation à l’esprit scientifique ». Gaël Piette n’en est pas resté là et a cherché à évaluer l’impact de cet enseignement sur les attitudes et capacités critiques des étudiants, en les comparant à celles d’une population témoin n’ayant pas suivi ces cours.

Dans ce travail réalisé dans le cadre d’un master 2 en sciences de l’éducation, Gaël retrace également les parcours professionnel et intellectuel qui l’ont conduit petit à petit à se questionner sur l’efficacité de ses pratiques. Il y détaille aussi le contenu des cours qui furent dispensés à l’école de Rennes.

Toute l’originalité de sa démarche réside dans l’élaboration et la mise en place d’un questionnaire pour tester, rétrospectivement, si la  population exposée aux séquences  pédagogiques a une meilleure pensée critique et une moindre adhésion aux croyances que la population témoin. Bien sûr, Gaël n’hésite pas à souligner les limites de son expérimentation. Son travail pourra constituer une base solide pour des étudiants ou professionnels kinés souhaitant aborder le thème esprit critique et kinésithérapie.

Voici le mémoire en PDF : Mémoire Gaël PIETTE – Esprit critique et kinésithérapie.

Bravo à lui pour ce travail mené en parallèle d’un exercice professionnel chronophage ; ils sont fous ces bretons1 !

À noter qu’en Bretagne, les kinésithérapeutes peuvent, dans leur développement professionnel continu, choisir les formations « Sciences et croyances en kinésithérapie » ou « Choisir ses traitements à l’aide des statistiques ». Cela se passe ici.

couverture les mondes insurgés

Manuel d'histoire critique et altermanuel d'histoire contemporaine

Parution d’outils prometteurs : le manuel d’histoire critique, hors-série du Monde diplomatique, et Les Mondes insurgés, altermanuel d’histoire contemporaine, chez Vuibert ; deux tentatives de sortir des vulgates et autres romans nationaux si chers à Lorànt Deutsch et ses collègues narrateurs.

 Nous ne les avons pas encore lu, mais nous les avons commandés*, et avons écouté Benoît Bréville et Laurence de Cock, deux des co-auteurs des ouvrages, lors de l’émission La Fabrique de l’histoire, sur France Culture, le 19 septembre 2014, ici, ou bien ci-dessous.

Télécharger pour se ballado-cultiver

Avec ces ouvrage, le Monde Diplomatique s’attaque aux idées reçues sur le passé (1830-2010).

Présentation :

Visage de Benoît Bréville
Benoît Bréville

Les Français se passionnent pour l’histoire. Mais laquelle ? Les médias en proposent une version superficielle et conservatrice, où foisonnent les images d’Epinal et les grands hommes. Dans les manuels scolaires, chiffres, dates et traités défilent comme les noms d’un annuaire.

Le Monde diplomatique a conçu un contre-manuel accessible, critique et exigeant. Une équipe d’universitaires, de journalistes et de professeurs d’histoire-géographie y retrace l’évolution du monde de la révolution industrielle à nos jours : grands événements, transformations sociales, débats intellectuels, découvertes scientifiques…

Ce contre-manuel ne se contente pas d’énoncer des faits : il les explique, les compare, les met en perspective. Il souligne les résistances et les jeux d’influence. Le propos s’adosse à une cartographie originale ainsi qu’à une iconographie qui privilégie le travail des artistes plutôt que des images convenues.

Parce que le passé est une construction qui varie suivant les pays et les configurations politiques, Le Monde diplomatique a également sélectionné de nombreux extraits de manuels scolaires étrangers (chinois, algérien, israélien, etc.).

visage de Laurence de Cock
Laurence de Cock

Cet ouvrage s’adresse aux enseignants, aux lycéens, aux étudiants. Et surtout à tous

ceux qui veulent que l’histoire ne soit pas le musée de l’ordre, mais la science du changement.

Pour aller plus loin :

* Au jour du 30 septembre 2014, RM a reçu le Manuel critique. Pour l’instant, 20 pages lues, c’est remarquable.

Stage doctoral "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme"

Nouveau stage doctoral « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » – De l’éthique à l’université.  Deux stages prévus, co-dirigés par Guillaume Guidon et Richard Monvoisin. 

Inscriptions au DFI  (service Doctoral pour la Formation, l’Initiation et l’insertion professionnelles de l’Université de Grenoble)

Stage 1 : lun 17, mar 18 et lun  24 novembre 2014
Stage 2 : lun 23, mar 24 février et lun 2 mars 2015

Objectifs visés :

  • Analyser les postures idéologiques sous-jacentes en science et questionner sans complaisance le statut, les enjeux et le rôle de la science.

  • Créer un outil pédagogique critique exploitable durant le stage.

Résumé :

« Sapience n’entre point en âme malivole, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Rabelais, « Pantagruel » (1532)

Sur quelle base porter un jugement moral sur une action ? Faut-il juger une invention, ou une grande découverte scientifique, au regard de ses conséquences pratiques ou prévisibles ?

Faut-il condamner l’inventeur du couteau, ou Einstein pour ses théories en physique ayant permis la bombe atomique ? D’un autre côté, innover, inventer n’est-il pas un droit, voire un « devoir moral », récompensé par l’institution ? Faut-il freiner les études scientifiques au nom de leurs conséquences ultérieures ?

Nous verrons à travers ce stage comment il est possible de mobiliser la raison dans les réflexions éthiques, et de bien cerner les parts subjectives de nos analyses. Nous essaierons de montrer, à quatre voix, dans un tiraillement entre conséquentialisme et déontologisme, que le questionnement est récurrent : si je fais ceci plutôt que cela dans telle situation, au nom de quoi pourrais-je dire que ma décision est la bonne ? Cette question est rendue d’autant plus piquante que nous, enseignants et chercheurs, faisons profession d’intellectuels : avons-nous une responsabilité plus grande dans nos choix moraux ?

Au moyen d’outils simples, et de bases épistémologiques claires, nous développerons une grille d’analyse de grands sujets et des grandes notions éthiques, et voyagerons au travers de trois thématiques aux objets différents, mais aux impacts sociopolitiques majeurs :

  • la santé,

  • l’histoire et sa mémoire,

  • et la science politique.

Le troisième jour permettra aux doctorant.e.s de s’emparer d’un sujet posant un problème éthique, de le décortiquer en groupe et d’en faire un outil pédagogique sur le site de ressources critiques www.cortecs.org.

Résumé technique :
Stage en 2j +1
Max : 12

Responsables : Guillaume Guidon, Richard Monvoisin
Intervenant-es : Clara Egger, Nicolas Pinsault

Jour N°1

  • Introduction – R. Monvoisin

Grands courants de la philosophie morale – Illustrations et limites de chacune

Déontologisme et conséquentialisme. Que fournit la science aux débats moraux ? Réalisme et matérialisme méthodologique.

  • Science et santé – N. Pinsault

Réflexions critiques sur la notion de maladie et de bien-être.

Interactions art du soin / données scientifiques. Légitimité du placebo. Alternatives. Libre choix. Nouvelles technologies. Marché. Liens d’intérêts. Dépendance santé / industrie. Secret médical.

Jour N°2

  • Éthique et sciences politiques – C. Egger

Sciences politiques et positionnements éthiques.

Discours creux. Analyses grossières. Vernis de scientificité et concepts flous. Leurs dangers dans l’explication du monde politique et social. Propagandes et idéologies. Rôle de l’intellectuel.

  • L’Histoire et sa mémoire – G. Guidon

Enjeux éthiques, politiques et sociaux de l’Histoire.
Instrumentalisation, révisionnismes et négationnismes.
Invention de mythes et roman national. Problématique des lois mémorielles.

Cours spécialisé « Sciences et pseudosciences politiques »

Sciences et pseudosciences politiques : un nouveau cours spécialisé à l’Institut d’études politiques de Grenoble, créé par C. Egger et R. Monvoisin. Début des cours amphi E de sciences Po, le 23 septembre 2014, puis cours tous les lundi de 17h30 à 19h.

Polycrise, arc terroriste, choc des civilisations, jonction des extrêmes, hausse de la délinquance : qu’elle soit le fait d’experts auto-consacrés, d’anciens ministres, de chefs d’État ou de militants de partis, la science politique se voit couramment submergée par des formes de discours aussi seyants que creux. En usant d’un certain vernis de scientificité, de concepts flous, de pseudo-notions souffrant mille acceptions et de demi-preuves ourlées d’analogies douteuses, ces discours prétendent à une vraisemblance dans leur explication du monde politique et social. Or la science politique repose sur une épistémologie suffisante pour dégonfler les baudruches, exiger des corpus de faits tangibles et ne pas souffrir d’approximations douteuses. Rappeler les outils dont elle dispose contribue grandement à clarifier le débat publique sur des enjeux clivants. À partir de sujets stimulants, ce cours propose dans un premier temps de présenter des outils simples pour appréhender les discours sur la politique de façon critique. Nous verrons ensuite comment ces outils peuvent être mobilisés pour cerner les dévoiements politiques à des fins idéologiques. L’objectif de l’enseignement est de rappeler aux étudiant.e.s ce qu’est la démarche intellectuelle scientifique contraignante, et de leur donner les moyens de repérer les biais de raisonnement principaux, les rhétoriques fallacieuses et les entreprises de manipulation. Par contraposée, en maîtrisant bien les biais classiques, ce séminaire donnera l’opportunité aux étudiants de mener leur propre travail d’investigation et de recherche en science politique, de manière rigoureuse et dépassionnée, sur des controverses actuelles.

Contenu prévu :

  • Mensonges médiatiques et manipulation de l’image

Outils : images ; conflits d’intérêt ; fabrique de l’opinion ; appel au sentiment ; carpaccios ; storytelling ; grands stéréotypes.

  • La pensée à coups de hache : déconstruire les notions-valises

Outils : effet impact, métonymies ; effet puits, Barnum, mots fouines, effet de validation subjective, biais de confirmation d’hypothèse.

  • Science politique & chiffres

Outils : démarche scientifique ; faits ; causalités ; statistique ; monisme méthodologique vs. spécificité des sciences sociales ; paradoxes mathématiques classiques ; illusions de probabilité…

  • Métaphores sclérosantes

Outils : affaire Sokal ; imposture intellectuelle ; concepts nomades ; analogies.

  • Science politique, historique et idéologie

Outils : intrusions spiritualistes ; progressisme hégélien ; négationnismes ; complotismes ; deus ex machina… histoire de garde ; révisionnismes ;

  • Déconstruire les argumentaires

Outils : sophismes et paralogismes classiques ; manœuvres dilatoires ; erreurs logiques.

  •  Décortiquer les systèmes de domination

Outils : sociologie critique ; études de genre ; théories racialistes ; anthropologie du XIXe ; spencérisme ; antispécisme.

  •  Propagande, manipulation des idées, dissonance cognitive

Outils : propagande, introduction aux mécanismes de base de psychologie sociale et aux méthodes de
manipulation ; état agentique.

  • Philosophie morale expérimentale et décorticage des axiomes moraux de la science politique

Outils : conséquentialisme, utilitarisme, déontologisme et applications directes aux thèmes politiques

GRENOBLE – Jacques van Rillaer et le freudisme

Jacques Van Rillaer, co-auteur du Livre Noir de la psychanalyse, fait une tournée grenobloise du 23 au 25 septembre 2014.  Quatre événements de désintoxication du freudisme sont au programme (tous gratuits, bien entendu).

 

  • Mardi 23 de 17h à 19h, dans le cours « Zététique & autodéfense intellectuelle » de R. Monvoisin (Amphi Weil), Jacques parlera environ une heure sur Le dévoilement de quelques légendes freudiennes. Des historiens, la plupart admirateurs du génie de Freud en commençant leurs enquêtes, ont découvert progressivement que Freud n’était pas le savant intègre qu’ils avaient imaginé. Freud a menti sur les effets de sa méthode et sur des observations. Il a négligé de citer des sources d’idées prétendument originales. Il a considéré ses opposants comme des malades. C’est plus un conteur qu’un homme de science.

  • Mercredi 24, de 13h à 13h30, l’auteur introduira la conférence du soir dans les Ateliers de l’information de la bibliothèque des sciences. Titre : «Le freudisme : un conte scientifique ?», suivi de questions. Partant du commentaire fait par Krafft-Ebing d’une conférence de Freud : « cela ressemble à un conte scientifique », on montrera que Freud, qui croyait que sa place était à côté de Copernic et Darwin, est à placer à côté de Charles Perrault et les frères Grimm, les auteurs de contes.

  • Mercredi 24, 19h30, (Amphi Weil) après une introduction par le CORTECS, conférence plénière Le freudisme : un conte scientifique ? co-organisée avec Interpsy.

(Pour plus de détails, voir l’agenda en page d’accueil).
 
 
 

Bip Bip va à l'école

Rentrée 2014 sur les chapeaux de roue

C’est une rentrée 2014 sur les chapeaux de roue* pour le CorteX. Notre équipe grandit, nos cours s’étoffent, les outils critiques se répandent, des conférences gesticulent, des livres paraissent et nos fonds documentaires voient nos étagères crouler. Et ça nous fait plaisir !  Vous aussi, vous enseignez l’esprit critique ? Ecrivez-nous.

Nos enseignements pour l’année 2014-2015 (pour plus de détails, voir l’agenda en page d’accueil).

Quelques sigles :  IEP = Institut d’études politiques ; UJF = Université Joseph Fourier ; UPMF = Université Pierre Mendès-France ; UIAD = Université Inter-Âges du Dauphiné ; DFI = service Doctoral pour la Formation, l’Initiation et l’insertion professionnelles de l’Université de Grenoble ; PAF = Plan Académique de Formation ; UTL = Université du Temps Libre d’Aix-Marseille ; PACA = Provence Alpes Côte d’Azur ; CIMES = Cellule d’initiation aux métiers de l’enseignement supérieur (Tours) ; CPMEC = Centre de préparation au métier d’enseignant-Chercheur (Poitiers) ; DAFPEN = Délégation académique à la formation continue des personnels enseignants, d’éducation et d’orientation ; ENIB = École nationale d’ingénieurs de Brest.

Grenoble

Cours réguliers

Permanences régulières

  • Bibliothèque des sciences : les mercredi de 14 à 17h
  • Ecole de Masso-kinésithérapie : horaires variables, contacter Nicolas Pinsault (NPinsault@chu-grenoble.fr)

Stages et interventions ponctuelles

  • NOUVEAU Deux stages doctoraux (DFI) « Science sans conscience », par Guillaume Guidon, Nicolas  Pinsault, Clara Egger et Richard Monvoisin.
  • Deux stages doctoraux (DFI) « Médias et pseudo-sciences », par Guillemette Reviron.
  • Deux stages doctoraux (DFI) « Zététique et enseignement de l’esprit critique », par Richard Monvoisin.
  • Formation pour enseignants du secondaire (PAF) « Sciences et esprit critiqu e», par Denis Caroti.
  • Deux cours, « Introduction à la zététique et à l’esprit critique en biologie », « Le concept d’évolution et quelques manières idéologiques de le malmener », par Julien Peccoud (UJF module : « Questions d’actualité en biologie »).
  • Atelier «Autodéfense intellectuelle» dans Collège/Lycée, par Ismaël Benslimane (précisions à venir).

Marseille

Cours réguliers

Stages et interventions ponctuelles

  • Atelier «Zététique et Autodéfense intellectuelle» par Denis Caroti au collège Stéphane Mallarmé.
  • Conférences «Sciences, esprit critique et autodéfense intellectuelle », par Denis Caroti et invités surprise, dans plusieurs lycées de la région PACA (liste à venir).
  • Ateliers «Sciences et esprit critique» par Denis Caroti au Lycée Auguste & Louis Lumière (La Ciotat) et au Lycée Vaison-la-Romaine.
  • Formation «Sciences et pseudosciences» (PAF).

Montpellier

Cours réguliers

  • Cours « Esprit critique & autodéfense intellectuelle » de Guillemette Reviron (UM2).
  • Atelier « Critique des médias» par Guillemette Reviron. Maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Magelone.

Permanence régulière

Le jeudi de 13h30 à 16h30, bureau CORTECS (Maison des Etudiants, UM2)

Stages et interventions ponctuelles

  • Formations d’Intiative Locale « Sciences et esprit critique » par Guillemette Reviron en collèges et lycées de l’académie de Montpellier.
  • Formation pour enseignants du secondaire «Médias, pseudosciences et esprit critique» par Guillemette Reviron. DAFPEN.
  • Stage collège Doctoral (UM2) « Médias et pseudo-sciences » par Guillemette Reviron.

La Rochelle

  • Séminaire doctoral (CIMES-CPMEC) « Zététique & esprit critique », par Richard Monvoisin.

Brest

  • Stage «Zététique et esprit critique » par Guillemette Reviron, Richard Monvoisin et Delphine Toquet (ENIB).

* Cette expression est tout à fait cocasse. les chapeaux de roue sont, bien entendu les enjoliveurs des roues de voiture. Or les roues de voiture restent verticales dans les virage. La référence serait-elle la roue des motos, qui elle, se penche ? Peu probable, puisque les roues de motos n’ont pas d’enjoliveurs…

dents d'Albin

Initiation à la démarche critique des étudiants en kinésithérapie pendant les stages de formation clinique : retour d'expérience

Depuis une dizaine d’années, différents organismes nationaux et internationaux soulignent le développement croissant du recours aux pratiques de soins non conventionnels par la population. Le recours à ces pratiques n’est parfois pas sans risque pour la santé physique et mentale des patients, en particulier lorsqu’elles sont « porteuses de dérives sectaires »1.

L’ensemble des professionnels de santé est concerné par cette problématique notamment les kinésithérapeutes. En effet, nous pensons que les modalités de prise en charge (proximité physique, durée des soins, etc…) exposent particulièrement ces professionnels confrontés à une offre de formation continue pléthorique1 et à un retard, en France, en terme de recherche clinique2. Il semble donc crucial que les professionnels aient un regard critique vis-à-vis de la littérature scientifique et des pratiques de soins non conventionnels afin d’assurer des soins de qualité3.

En réponse à cela, certains enseignants de l’Institut de formation de l’école de kinésithérapie de Grenoble et de l’Université Joseph Fourier ont choisi de dispenser des enseignements d’esprit critique aux étudiants kinésithérapeutes afin de leur donner des outils pour les aider à faire le tri parmi toutes ces pratiques4. L’esprit critique, comme la méthodologie scientifique, n’est à ce jour pas inscrit au programme officiel de la formation5.

Nous fûmes parmi les premiers étudiants kinésithérapeutes à recevoir ces enseignements. Les considérant comme essentiels pour toute personne travaillant en tant que professionnel de santé, nous avons tenté de nous faire le relai de ces enseignements en proposant une initiation à la démarche critique auprès d’étudiants kinésithérapeutes lors de leurs stages de formation clinique. Nous allons dans cet article vous présenter la manière dont nous avons procédé ainsi que notre retour sur cette expérience. Nous espérons fournir ainsi des idées à tous les kinésithérapeutes et autres professionnels de santé qui souhaiteraient se lancer dans le même type de démarche. Cela permettra également aux étudiants stagiaires que nous avons rencontrés d’avoir le contenu de l’intervention à disposition.

Procédure d’intervention

a. Caractéristiques générales

Public : étudiants kinésithérapeutes en 1ère, 2ème et 3ème année.

Lieu : centres de rééducation.

Taille des groupes : de 2 à 8 étudiants.

Durée de l’intervention : 30 minutes.

b. Support pédagogique

Nous avons créé un texte qui portait sur une thérapie de notre invention : la phanérothérapie. Nous avions pensé au départ à la capillothérapie. Seulement après une rapide recherche sur internet nous nous sommes rendus compte que cette thérapie existait déjà. Nous avons alors pensé à la phanérothérapie (les phanères étant les productions de l’épiderme : cheveux, ongles etc.) pour laquelle nous ne trouvions à l’époque aucune occurrence (printemps 2013). À ce jour, deux occurrences sortent sur la première page du moteur de recherche Google lorsque nous entrons « phanérothérapie » mais ne renvoient pas à une thérapie existante.

Dans ce texte, nous avons glissé les différents arguments qui nous paraissent récurrents lorsque quelqu’un tente de faire la promotion d’une thérapie.

Voici le texte en question (voir plus bas pour une analyse de ce document) :

La phanérothérapie.

Une technique efficace en kinésithérapie

Les fondements théoriques de la phanérothérapie s’appuient sur l’importance des phanères dans le corps. Des stimulations réflexes des phanères, en particulier des ongles, permettent d’actionner des circuits réflexes de second ordre. Il existe différentes techniques en terme de rythme, d’intensité, de grattage ou de pianotage.

Cette technique permet de soulager les douleurs chroniques de tout type, mais aussi certaines douleurs aiguës. Elle a été introduite par le médecin chef d’un centre dans lequel nous avons travaillé. Il a pratiqué la phanérothérapie pendant plus de 20 ans en libéral. Cette méthode a aussi été utilisée depuis plusieurs centaines d’années par les Indigènes du Pacifique : Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Calédonie, Australie, etc.

Ce médecin nous a présenté beaucoup de témoignages positifs que les patients lui avaient envoyés après quelques séances. Beaucoup de gens affectés de douleurs depuis des années sont allés mieux dans les semaines qui ont suivi leur séance de phanérothérapie. Il n’y a jamais eu aucun effet secondaire.

Plusieurs études scientifiques de qualité ont été réalisées sur cette thérapie.

Séance de phanérothérapie
Séance de phanérothérapie

c. Déroulement de l’intervention

Étape préliminaire : invitation des étudiants et définition d’un lieu sans annoncer le sujet de la présentation.

Étape 1, confrontation: distribution du texte + consignes « Lisez et essayez de relever dans ce texte, par rapport à la thérapie qui vous est présentée, les éléments qui vous interpellent ou vous intéressent et pourquoi. »

Étape 2, recueil : tour de table. Nous interrogeons un à un les étudiants et notons les éléments « saillants » de leur discours sur un tableau si disponible.

Étape 3, analyse : nous expliquons aux étudiants que le texte est de notre invention. Nous reprenons leurs propos notés lors de l’étape 1 puis pointons et explicitons les différents arguments glissés dans le texte. Nous échangeons.

Voici une analyse du texte distribué. Celle-ci était réalisée à chaque intervention lors de cette étape, mais de manière non formalisée. Nous avons aussi inséré les principales remarques des étudiants lors de l’étape 2 que nous avons encore en mémoire ; nous n’en n’avons pas tenu un compte précis.

Point 1. L’absence de mention de la source du document.

Ceci permet d’aborder l’importance de l’origine de l’information6.

Remarques des étudiants : aucun n’a posé de questions concernant la source du document distribué, ce qui est pourtant fondamental à toute démarche critique.

Point 2. Des stimulations réflexes des phanères, en particulier des ongles, permettent d’actionner des circuits réflexes de second ordre.

Ici, notre idée fut de créer un sentiment de cohérence ainsi que de conférer une aura de scientificité à la technique en introduisant un terme scientifiquement bien défini, réflexe7dans un contexte, lui, dénué de signification précise8. Nous pensons retrouver ici une des caractéristiques de l’imposture intellectuelle telle que définie par Sokal et Bricmont9.

Remarques des étudiants : c’est la partie du texte qui a soulevé le plus de questions et de remarques. Les étudiants ont systématiquement demandé plus de détails théoriques et pratiques sur la technique, comme « que sont les circuits réflexes de second ordre ? ». Ils semblaient accorder beaucoup d’importance à la cohérence théorique de la technique, sans pour autant la remettre en question. Certains ont même fait un rapprochement avec les réflexothérapies, ce qui semblait donner pour les étudiants un certain crédit à la technique « Ah oui c’est un peu comme en réflexologie plantaire en fait ! »

=> Nous avons essayé d’évoquer le fait que ce n’est pas parce qu’une technique est cohérente et conforme aux connaissances anatomiques et physiologiques actuelles qu’elle est efficace. Nous avons aussi donné des exemples de techniques ou médicaments dont l’efficacité est étayée alors qu’il n’existe que des hypothèses concernant ses modalités d’action (ex : le paracétamol10).

Point 3. Cette technique permet de soulager les douleurs chroniques de tout type, mais aussi certaines douleurs aiguës.

Nous proposons à ce stade des prétentions importantes et imprécises (quelles pathologies ? Quel type de patient ? Quelle taille de l’effet11 ? etc.). Elles doivent alerter le lecteur. Ce sont en effet des affirmations de type scientifique.12 qui porte sur un effet thérapeutique. À ce titre, nous nous attendons à trouver les études scientifiques qui étayent ces propos. Tout autres type d’arguments doivent inviter à la vigilance.

Remarques des étudiants : quelques-uns nous ont demandé plus de précisions sur les indications de la phanérothérapie, les trouvant un peu vagues. Mais aucun n’a été choqué par la démesure des prétentions thérapeutiques.

=> Nous avons approuvé leurs remarques sur le caractère vague et prétentieux de ces indications, en insistant sur le fait qu’ils risquaient d’y être fréquemment confrontés au cours de leur pratique future13.

Point 4. Elle a été introduite par le médecin chef d’un centre dans lequel nous avons travaillé. Il a pratiqué la phanérothérapie pendant plus de 20 ans en libéral.

Nous utilisons ici un argument d’autorité14 à deux niveaux. Le premier niveau se décline en deux facettes : la hiérarchie sanitaire (le médecin est prescripteur de l’intervention du kinésithérapeute) et la hiérarchie institutionnelle (médecin chef). Le deuxième niveau concerne ce que nous qualifions d’argument de l’expérience qui intervient comme un dérivé de l’argument d’autorité (thérapie pratiquée 20 ans en libéral).

Point 5. Elle a aussi été utilisée depuis plusieurs centaines d’années par les indigènes du pacifique Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Calédonie, Australie, etc.

Nous avons ici un argument d’historicité ainsi qu’un appel à l’exotisme.

Remarques des étudiants : certains ont fait remarquer qu’il était bizarre qu’il n’aient jamais entendu parler de la phanérothérapie si elle était pratiquée depuis si longtemps. Mais selon eux, une des explications pourrait en être que c’est parce qu’elle a été pratiqué sur d’autres continents, et que cela n’est pas parvenu jusqu’à chez nous. Le parallèle a été fait une fois avec la médecine traditionnelle chinoise (MTC) dont « on entend parler depuis pas longtemps alors qu’elle est pratiquée et efficace depuis des millénaires là-bas ».

=> Nous avons préféré ne pas rebondir sur la MTC au risque de nous éloigner du propos et des arguments purement rationnels. Nous avons alors pensé qu’il est plus efficace de rester centré sur la phanérothérapie et de ne pas ouvrir les échanges sur des sujets connexes, au risque de provoquer un effet boomerang15.

Point 6. Ce médecin nous a présenté beaucoup de témoignages positifs que les patients lui ont envoyé après quelques séances.

Ceci est un appel aux témoignages.16

Remarques des étudiants : certains nous ont demandé s’il y avait aussi des témoignages négatifs. Mais aucun n’a remis en cause la validité de ce type d’argument. Certains ont même ajouté : « De toutes façon il n’y a qu’à essayer pour se faire son opinion ». Dans une certaine mesure, cette allégation confère au témoignage personnel une valeur supérieure à celle du témoignage d’autrui. Or, c’est oublier que vu de l’extérieur, ce témoignage personnel ne fera que s’ajouter aux autres, ne lui conférant aucun caractère particulier.

Point 7. Il n’y a jamais eu aucun effet secondaire.

C’est aussi une prétention très importante. Nombreux sont les médicaments ou actions thérapeutiques susceptibles d’entraîner des effets secondaires (tous ?). Pour le vérifier, il suffit de jeter un œil sur les petites notices à l’intérieur des boites de médicament. Une allégation de cette nature doit donc éveiller la suspicion. Même si nous ne prétendons pas impossible qu’il existe des traitements sans risque iatrogène, une affirmation telle que celle-ci ne peut se contenter d’être simplement déclarée gratuitement. Elle nécessite une évaluation scientifique.

Remarques des étudiants : aucune à ce sujet. Pourtant cette prétention est au moins aussi importante que l’effet bénéfique d’un traitement.

Point 8. Plusieurs études scientifiques de qualité ont été réalisées sur cette thérapie.

C’est d’après nous le seul argument qui doit retenir notre attention. Seulement, nous avons besoin des références bibliographiques qui ne sont pas mentionnées17. Cet élément permet de faire le pont avec les étudiants vers la nécessité d’être capable d’analyser un article scientifique dans le domaine de la santé18.

Remarques des étudiants : ce n’est pas la partie du texte qui a déclenché le plus de réactions. Certains étudiants nous ont tout de même dit qu’il faudrait regarder un peu plus en détail ces études.

=> Nous en avons profité pour leur demander comment ils s’y prendraient pour trouver ces études, sur quelles bases de données ils chercheraient… Peu d’étudiants connaissaient la Medline, Pedro, Google Scholar ou Science Direct, même pour les étudiants de dernière année ayant bien avancé la rédaction de leur mémoire de fin d’étude.

Point 9. de manière plus générale, nous avons entendu ce type de remarque : « Il suffit d’essayer sur un ou deux patients, et s’ils trouvent que ça marche et bien c’est bon ».

Sans rejeter le fait qu’expérimenter soi-même une technique puisse concourir en partie à sa validation personnelle, l’expression « Il suffit » nous paraît démontrer une absence de mesure dans le poids à attribuer à l’expérience personnelle, une méconnaissance des différents éléments pouvant conduire le couple praticien/patient à conclure à tort à une efficacité propre de l’acte thérapeutique délivré et à une occultation de l’importance de s’appuyer, s’il elles existent, sur des données scientifiques probantes.

Étape 4 : nous présentons les enjeux de la démarche critique, les faits qui nous ont conduit à proposer cette intervention et récoltons les courriels des étudiants afin de leur proposer les liens suivants, pour approfondir :

  • Vidéos sur les médecines non conventionnelles
  • Fiche illustrée présentant des sophismes
  • Article sur l’effet placebo
  • Memoire de l’un de nous sur une thérapie manuelle

100_9800Retour d’expérience

Il nous a paru difficile d’initier une démarche critique en si peu de temps. Nous pensons toutefois cette durée suffisante pour satisfaire au modeste objectif d’une simple mise en contact avec la démarche critique.

Nous tenons à souligner qu’à la vue des réactions des étudiants à notre texte et des arguments utilisés lors des échanges, nous restons convaincus du bien-fondé de ce type de démarche.

En ce qui concerne l’étape 1 de l’intervention, nous avons eu du mal à déterminer quelles consignes donner sans induire un doute quelconque chez les étudiants par rapport à l’aspect canular de la thérapie. Les étudiants semblaient être particulièrement surpris quand nous leur annoncions que le document et la thérapie étaient de notre invention. À titre anecdotique, nous avons eu une réaction du type « je ne vais plus jamais regarder mes ongles de la même façon ».

Un commentaire critique d’un étudiant concernant notre texte nous est apparu pertinent. Celui-ci nous indiqua que le fait que nous nous incluions dans la présentation de la thérapie rendait difficile pour lui d’être trop critique lors du premier temps d’échange. Voici les lieux du problème : « Elle a été introduite par le médecin chef d’un centre dans lequel nous avons travaillé » et « Ce médecin nous a présenté beaucoup de témoignages positifs que les patients lui avaient envoyé après quelques séances. » Nous proposons donc les modifications suivantes : « Elle a été introduite par le médecin chef du centre de rééducation des Zarénides en Suisse19. » et « Ce médecin présente beaucoup de témoignages positifs que les patients lui ont envoyé après quelques séances. »

Concernant la taille du groupe, plus elle fut importante (8) moins nous eûmes l’impression de faire passer un message efficace. Nous souhaitions en effet échanger et non faire un cours magistral. En disposant de 30 minutes seulement, il était difficile de donner la parole de manière à peu près égale à 8 personnes différentes, et nous avions tendance à plus nous écarter du sujet. Si nous refaisions une intervention de ce type, nous privilégierions un groupe de 3 à 4 personnes.

Nous présentons en annexe un court questionnaire que nous avons envoyé aux étudiants quelques mois après notre intervention afin d’apprécier – au doigt mouillé – son influence.

Conclusion

Même si nous aimerions tester un autre type d’intervention à l’avenir, nous n’excluons pas de refaire celle-ci. En effet, satisfaire en si peu de temps au simple objectif de créer un premier contact avec la démarche critique nous apparaît aujourd’hui suffisamment important au regard des enjeux sous-jacents plutôt que de ne rien proposer du tout. Par contre, réaliser quelque chose de plus long ou en plusieurs sessions est délicat car les stages des étudiants kinésithérapeutes sont relativement courts, interviennent dans un cadre de scolarité court également (3 ans) et dense qui fait que les étudiants sont très sollicités. L’idéal serait évidemment d’avoir directement des cours d’esprit critique en école de kinésithérapie dans un contexte de formation rénové et augmenté20.

Annexes

Le questionnaire

Nous avons réalisé un questionnaire anonyme21 que nous avons envoyé à tous les étudiants quelques mois après l’intervention.

Après coup, nous avons regretté d’avoir réalisé ce questionnaire qui souffre de nombreux biais et dont on ne peut rien retirer. Il ferait cependant un bon support pour qui souhaiterait s’entraîner à trouver les limites méthodologiques d’un questionnaire.

Les questions posées furent les suivantes.

Questions fermées :

1) Suite et à cause de cette intervention, vos idées sur la kinésithérapie ont-elles été modifiées?

2) Suite et à cause de cette intervention, vos comportements professionnels ont-ils été modifiés?

3) Suite et à cause de cette intervention, vos choix de formation et d’exercice (secteur d’activité, patientèle, etc.) ont-ils été modifiés?

Réponses proposées :

Pas du tout modifiés ; Peu modifiés ; Modifiés en partie ; Modifiés de manière conséquente ; Complètement modifiés.

Question ouverte :

D’une manière générale, comment avez-vous jugé cette intervention ?

Résultats du questionnaire

Réponses aux questions fermées

Sur les 21 étudiants interrogés, 9 ont répondu dans les temps après les deux relances. Voici leurs réponses :

 

Pas du tout modifiés

Peu modifiés

Modifiés en partie

Modifiés de manière conséquente

Complètement modifiés

Total

1) Idées sur la kinésithérapie

1

1

6

1

0

9

2) Comportements professionnels

1

6

2

0

0

9

3) Choix de formation et d’exercice

2

2

4

1

0

9

Total

4

9

12

2

0

27

Réponses à la question ouverte

Nous avons mis entre parenthèses les réponses aux questions fermées de chaque étudiant dans l’ordre indiqué dans le tableau.

Étudiant (conséquente, partie, partie) : « intéressante, nous montre qu’il faut se renseigner et consulter les dernières revues bibliographiques pour s’améliorer et juger de l’efficacité de chaque méthode »

Étudiant (partie, partie, peu) : pas de réponse

Étudiant (partie, peu, partie) : « intéressante et formatrice car elle remet en cause pas mal de techniques et cela n’a absolument pas été abordé en cours. »

Étudiant (partie, peu, partie) : « Intéressante. L’esprit critique, je l’utilise tous les jours mais sans vraiment m’en rendre compte ni savoir explicité mes doutes face à certaines affirmations. Grâce à cette intervention, j’ai des arguments pour étayer mes « intuitions », je sais quelles questions poser. »

Étudiant (partie, peu, peu) : « Modifie la vision de la profession, mais peu la pratique (enfin sauf si on fait de l’écoute tissulaire). J’admets cependant être plus sceptique aujourd’hui quant à certaines techniques que l’on nous propose, que ce soit à l’école ou en stage. Je m’intéressais déjà à approfondir certaines connaissances dans le sens de la critique avant votre intervention, je ne peux pas dire que vous ayez provoqué chez moi l’envie de m’y intéresser ; en revanche je peux dire que vous m’y avez encouragé et avez sûrement accéléré l’acquisition d’un certain scepticisme scientifique. »

Étudiant (pas, pas, pas) : « Bonne, mais rien de nouveau, l’esprit critique existe en tout »

Étudiant (partie, peu, conséquente) : « intervention bien amenée, réfléchie, construite, et intéressante. Seul bémol, attention à ne pas faire passer cette intervention comme « une parole à répandre », presque un dialogue « sectaire » (j’exagère, mais c’est pour être compris) on peut avoir tendance à basculer de l’autre côté, à savoir douter de tous les acquis en MK, ne plus croire en rien dans cette belle profession. »

Étudiant (peu, peu, partie) : « Je ne m’attendais pas à ce qu’on aborde ce sujet alors que c’est un sujet très intéressant et malheureusement pas abordé pendant notre scolarité. »

Étudiant (partie, peu, pas) : « J’ai trouvé l’intervention intéressante. Ce que j’ai retenu: développer un esprit critique quant aux articles et publications qu’on lit, ne pas croire tout ce qu’on lit, vérifier les sources des articles. »

Nous souhaiterions répondre à ceci : on peut avoir tendance à basculer de l’autre côté, à savoir douter de tous les acquis en MK, ne plus croire en rien dans cette belle profession

Douter d’une technique n’implique pas nécessairement de ne pas la pratiquer et nous pensons que c’est ici que se niche le malentendu. Le doute en tant que fin, qui débouche sur une suspension du jugement systématique n’est bien sûr pas satisfaisant car cela implique qu’aucune action concrète n’est jamais réalisée. C’est le doute en tant que démarche que nous prônons en sachant pertinemment que dans nombre de cas, malgré les doutes, il faudra passer à l’action. Ceci dit, il est essentiel de ne rien considérer comme acquis et de perpétuellement se questionner, douter, critiquer, remettre en cause l’état de l’art. Cela n’implique donc pas de « ne plus croire en rien » mais de se dire que, peut-être, notre profession d’aujourd’hui ne ressemblera plus du tout à celle de demain et de ne pas s’accrocher à des pratiques pour de mauvaises raisons.

 

Nelly Darbois et Albin Guillaud