A décortiquer : Le professeur Montagnier et la “mémoire de l’eau”

Voici un article du blog Le Monde, envoyé mi-décembre 2010 par notre talentueux ami François B. et qui soulève à nouveau la question de ladite mémoire de l’eau. Nous n’avons pas eu le temps de la décortiquer. Le ferez-vous pour nous ?

07 décembre 2010


Le professeur Montagnier et la “mémoire de l’eau”

Le codécouvreur du virus du sida et Prix Nobel de médecine 2008 a été recruté par une université chinoise. Luc Montagnier va diriger une équipe de chercheurs au sein du département des sciences de l’université Jiaotong de Shanghaï. A 78 ans, c’est la deuxième fois que le chercheur s’exile. La première fois, c’était à ses 65 ans, quand il a dû prendre sa retraite de l’université française. En lisant les commentaires postés ça et là sur le Web, beaucoup de gens rappellent cet épisode, mais peu de souviennent de son peu glorieux soutien à une théorie jamais prouvée : la mémoire de l’eau.

Le principe de l’homéopathie. Le professeur Montagnier, à de nombreuses reprises, pris la défense de cette théorie et de celui qui en fut à l’origine, Jacques Benveniste. La théorie de la mémoire de l’eau, si elle avait été avérée, aurait expliqué le principe de l’homéopathie. Rappelons-le brièvement : un remède homéopathique s’obtient en diluant maintes fois ce que la discipline considère comme le principe actif du remède. Par exemple, la fiche technique du Diaralia des laboratoires Boiron indique que ce remède, censé soigner les diarrhées, contient de l’“arsenicum album, 9 CH“.

9 CH ? CH signifie centésimale hahnemannienne, du nom du père de l’homéopathie, Samuel Hahnemann. Cette valeur indique la dilution du principe actif, en l’occurrence un dérivé de l’arsenic. La quantité d’arsenic utilisée a subi 9 dilutions successives. En clair, il reste un milliardième de milliardième (10-18) de la quantité de départ, ce qui correspond, peu ou prou, à un mètre cube d’eau dilué dans l’ensemble des océans de la planète. Dans le médicament final, il ne reste pas grand chose du “principe actif”, voire rien du tout si la dilution est supérieure à 12 CH. Comment explique-t-on alors le principe de l’homéopathie ? Vaste question.

La mémoire de l’eau. Dans les années 1980, on avait cru pouvoir l’expliquer grâce à cette théorie de la “mémoire de l’eau” chère au professeur Montagnier. Ce fut l’une des plus belles controverses scientifiques de la fin du XXe siècle.

Pour faire (très) court, le Français Jacques Benveniste a publié dans Nature, en 1988, une étude expliquant que l’eau gardait une “mémoire” des composés avec lesquels elle a été en contact. Cette étude validerait donc les principes de l’homéopathie. Et Benveniste lui-même se rendait compte de la portée de ses travaux, comme il l’écrivait dans Le Monde du 30 juin 1988 :

“Les résultats de notre recherche imposent à tous, et surtout à la communauté scientifique, un considérable effort d’adaptation. Il s’agit d’entrer dans un autre monde conceptuel. Le changement de mode de pensée n’est pas moins grand que lorsqu’on est passé avec la Terre de la platitude à la rotondité. (…)

Les études que nous présentons montrent l’existence d’un effet de type moléculaire spécifique en l’absence de molécule. La procédure utilisée s’apparente à celle qui ferait agiter dans la Seine au pont Neuf la clé d’une automobile puis recueillir au Havre quelques gouttes d’eau pour faire démarrer la même automobile, et pas une autre. On comprend dès lors les réticences, voire l’agressivité, au nom de la déesse Raison, des adversaires de ce type d’expériences.”

Ces travaux ont immédiatement été très critiqués et Benveniste soupçonné de conflit d’intérêt, de légèreté, voire même d’avoir bidonné ses résultats. D’autres doutaient que ces expériences soient reproductibles, condition sine qua none de recherches dignes de ce nom. Nature a tenté de reproduire ces travaux. En vain. Dans un papier titréHigh dilution” experiments a delusion, les scientifiques concluent que cette expérience n’est pas reproductible.*

Benveniste, “un nouveau Galilée”. La page de la mémoire de l’eau est tournée depuis plusieurs années et rares sont ceux qui la défendent encore. Mais régulièrement, le Pr Montagnier prend la défense de Benveniste. Et il dit même de lui que c’est un “nouveau Galilée” ; un lieu commun quand on parle d’une personne que l’on pense être un génie incompris…

Une des dernières fois où le professeur Montagnier a tenté de réhabiliter la mémoire de Benveniste, c’était dans le 7-9 de France Inter, en mai, consacré à ceux qui ont passé leur vie à “être en contre”.

Peu bousculé par un Stéphane Paoli qui ponctuait les phrases de Montagnier par d’horripilants “bien sûr”, Montagnier a rendu hommage à ce “grand chercheur” :

“Pour moi Jacques Benveniste est un grand chercheur, comme vous avez dit, et c’est vraiment scandaleux la façon dont il a été traité. Il est mort comme vous savez en 2004, on peut dire épuisé par toutes ces luttes, et je crois qu’un jour prochain, il sera complètement réhabilité. (…) Les biologistes en sont restés encore à Descartes. Descartes, l’animal machine, les rouages, les engrenages… Or, après Descartes, il y a eu Newton, la gravité, une force qui se transmet à distance, il y a eu Maxwell, et la découverte des ondes électromagnétiques, donc tout ceci les biologistes l’ignorent totalement. Les biologistes actuels, biologistes moléculaires, imaginent les contacts entre les molécules par des contacts physiques n’est-ce pas alors que les molécules, c’est ce que disait Benveniste, peuvent correspondre également à distance. Donc c’est une révolution mentale et ça prend du temps.”

Les biologistes qui en sont “restés à Descartes” ont dû apprécier le jugement de leur pair… Montagnier tente désormais de reprendre le flambeau des recherches de Benveniste (lire le résumé du professeur Alain de Weck, qui a côtoyé les deux hommes).

On verra s’il arrive à de meilleurs résultats que Benveniste dans son nouveau laboratoire chinois.

[On peut réécouter l’émission en .ram, format bien peu commode, en suivant ce lien (après 1 h 42) ou en lire le transcript fait par… l’association Jacques Benveniste pour la recherche.]

* Cette explication est issue d’un précédent billet sur l’homéopathie. Billet qui avait suscité de vifs échanges dans les commentaires. L’un de ces commentaires, de notre camarade du C@fé des sciences, le Dr Goulu, liait vers un de ses propres billets où il rappelait qu’il est “absolument certain que chaque fois que vous buvez un verre d’eau, vous ingérez des milliers de molécules d’eau bues en de grandes occasions par des gens célèbres, car le nombre de molécules dans un verre d’eau est incroyablement grand”. Une autre version de cette réflexion, par Paul-Emile Victor : “L’eau que vous buvez a été pissée six fois par un diplodocus.” Je vous laisse imaginer les implications si la théorie de la mémoire de l’eau était vraie…

Photo : AFP/THOMAS COEX

http://sciences.blog.lemonde.fr/2010/12/07/le-professeur-montagnier-et-la-memoire-de-leau/

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Biologie, évolution – Erreur dans L’odyssée de l’espèce

L’Odyssée de l’espèce, de Jacques Malaterre (2002), ou comment accélerer le processus de l’évolution et du redressement de l’humain.

Pour introduire la question des représentations fausses sur l’évolution, j’utilise en cours un extrait du docu-fiction l’Odyssée de l’espèce, réalisé par Jean Malaterre et Yves Coppens.
Le voici :

https://youtu.be/SL2sP8tHgKU?t=385 

Réaction à chaud de Cyrille Barrette, professeur de biologie à l’université Laval, Québec.

Cela pose la question de la mauvaise vulgarisation, orchestrée par un personnage médiatique controversé comme Yves Coppens, et soulève le problème du type hybride du docu-fiction : surajouter à la science une narration ne peut se faire que si cette narration ne corromp pas le contenu (à moins d’être dans de la fiction pure, bien sûr).

RM

Biologie – Olivier Brosseau, les créationnismes

Le 12 novembre 2009, l’émission « La Tête au carré » sur France Inter accueillait Olivier Brosseau pour parler du livre Les créationnismes, une menace pour la société française ? co-signé avec Cyrille Baudouin. L’émission, expurgée de ses intros et chansons, est complétée par un reportage de Lucie Sarfaty au salon évangélique de Lognes, avec entre autres une interview d’André Eggen (chercheur en génétique animale à l’INRA et fondateur de l’association créationniste « Au commencement »).

 Le tout est écoutable ici.

Télécharger.
On trouvera nombre d’autres documents audio, de ressources et de liens, sur le site consacré à leur livre.

RM
Pierre Danis
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Biologie – Liste des livres majeurs, selon Cyrille Barrette

Lors d’une série d’interviews avec Cyrille Barrette, professeur retraité de biologie de l’université de Laval, Québec, la question lui fut posée : quels sont les ouvrages qui ont le plus orienté sa pensée de biologiste ?
Voici sa réponse.

Pour mémoire, Cyrille a lui-même déjà deux ouvrages remarquables de clarté et grand public :
– « Le miroir du Monde : Évolution par sélection naturelle et mystère de la nature humaine » (Québec, Éditions Multimondes, 2000)
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– « Mystère sans magie. Science, doute et vérité » (Québec, Éditions Multimondes, 2006)
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RM, 1er novembre 2010

Biologie – Introduction à la sociobiologie, par Cyrille Barrette

Voici une série de vidéos de Cyrille Barrette qui éclaireront les pédagogues souhaitant comprendre ce qu’il y a derrière le terme sociobiologie.

  •  Introduction à la sociobiologie et ses critiques de base

  • Livre « princeps » : Sociobiology, de Edward O. Wilson (1975)

  • Introduction au « gène égoïste » de Richard Dawkins et à ses limites : métaphore du bâton de relais – oeuf & poule

Richard Monvoisin, 1er novembre 2010, Québec.

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Biologie – 7 erreurs principales sur l’évolution selon Cyrille Barrette

Les 7 erreurs principales sur l’évolution, selon Cyrille Barrette

  • Erreur N°1 : invoquer le bien de l’espèce pour expliquer le caractère d’un individu & métaphore de l’étudiant

  • Erreur N°2 : le finalisme et la téléologie

  • Erreur N°3 : il y aurait des animaux « plus » évolués, « moins » évolués ou « parfaitement adaptés » – piège de l’humain comme critère central d’évaluation

  • Erreur N°4 : limite de la métaphore de la sélection & idée du tamis

  • Erreur N°5 : lecture linéaire de l’évolution – chaînon manquant & hominisation

Cyrille cite les représentations communes suivantes, sur lesquelles on peut abondamment débattre en cours.

  • Erreur N°6 : le « darwinisme social » est issu de Darwin

  • Erreur N°7 : le Dessein Intelligent, ou intelligent design – intrusion spiritualiste, « dieu des trous » et créationnisme

Pour expliquer le caractère buissonnant, et non ramifié comme un arbre, de l’évolution, voir ici : Biologie – Systématique et métaphore de la boule buissonnante.

Sont cités les ouvrages de Patrick Tort, notamment « L’ordre et les monstres – le débat sur l’origine des déviations anatomiques au XVIIIe siècle« , Syllepse (1998).

Pour expliquer la fausseté de l’ID pour l’oeil par exemple, on pourra se référer au très bon travail vidéoclip sur le raisonnement panglossien réalisé par Nicolas Berthier, Axelle Davidas, Cyrille Martin et Marion Sevajol, le groupe de moniteurs de l’atelier Zétéclips du CIES de Grenoble que j’encadrai en mai 2010. A voir ici !  

RM

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Biologie, évolution – Matériel pédagogique du professeur Cyrille Barrette

Durant la fin octobre 2010, j’ai eu l’immense plaisir d’habiter chez Cyrille Barrette, professeur retraité de biologie de l’université de Laval, Québec. Cyrille avait déjà contribué à développer l’esprit critique maintes fois, entre autres sous la forme d’ouvrages remarquables de clarté et grand public. 

  • « Le miroir du Monde : Évolution par sélection naturelle et mystère de la nature humaine » (Québec, Éditions Multimondes, 2000)

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  • « Mystère sans magie. Science, doute et vérité » (Québec, ÉditionsMultimondes, 2006)

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Il m’avait également déjà fait le plaisir d’une conférence intitulée « La théorie de l’évolution en péril : Le cas étrange du panda« , présentation résolument anti-créationnisme à la faculté de pharmacie de Grenoble le 5 mai 2005 (en partenariat avec l’Observatoire Zététique). Voici cette conférence, refaite en 2015 sur le campus de Carleton-sur-Mer du Cégep de la Gaspésie-et-des-îles de la Madeleine.

Il avait également improvisé un cours devenu légendaire dans le cadre de l’enseignement Zététique & autodéfense intellectuelle, lors duquel il avait décortiqué avec les étudiants en science le docu-fiction de Jean Malaterre et Yves Coppens, l’Odyssée de l’espèce.

Durant mon séjour, il a accepté de me donner des bribes de cours d’esprit critique en direct devant une petite caméra de voyage.

Voici en images des éléments d’esprit critique « en boîte » sur la biologie et l’évolution, exploitables aussi bien pour les enseignants du secondaire que pour les universitaires, et accessibles pour toute personne intéressée même sans formation.

La qualité du son n’est pas excellente, mais ce n’est pas très grave : il faudra monter le volume de votre lecteur.

Thèmes des documents vidéos.

Merci à Cyrille de s’être prêté à cet exercice pédagogique !

RM, 1er novembre 2010

Racisme, chaînon manquant – la science au service de la politique

Race, chaînon manquant : la science au service de la politique – extrait du documentaire Zoos Humains de Pascal Blanchard et Éric Deroo (2002).

Analyse de la construction de la différenciation des races, dévoiement des concepts darwiniens, et entreprise de hiérarchisation, le biologiste André Langaney explique comment placer le « nègre » comme chaînon manquant au XIXe, permet « d’expliquer » à rebours du même coup le rabaissement de l’esclavage et la théorie de l’évolution.

Et le narrateur explique comment en essentialisant ainsi une infériorité, on justifie ainsi une politique coloniale sans merci.

Télécharger ici