Rapport ostéopathie crânienne – réponses aux réactions

Voici une compilation des réactions au rapport produit pour le Conseil national des masso-kinésithérapeutes sur l’ostéopathie crânienne. Nous mettrons l’article à jour au fur et à mesure des réceptions ; la dernière mise à jour date du 19 février 2017 (voir en toute fin de page).

Il y a différents types de questions (ou d’invectives, mais nous les prenons pour des questions) et remarques.

1. Les questions épistémologiques

(…)  Lors des commissions ministérielles dès 2002, j’avais prôné le fait que l’osteo soit reconnue à l’identique des psychologues cliniciens ; c’est-à-dire que cela ne peut être du domaine des sciences dures, et la nécessité de créer nos propres outils. En effet si les uns travaillent avec le verbe, nous en plus, c’est avec le toucher et les mains qui « parlent et écoutent ». Difficile de l’évaluer ! (…)  J.L., février 2016

Que chaque discipline ait des outils d’évaluation un tantinet différents selon les objets étudiés est évident. Si on considère la science comme une activité de production de connaissances « communisables » sur le monde (cf. notre dialogue  La science (complet) – Base d’entraînement pour les enseignants qui voudraient parler de science) alors il n’existe plus de dichotomie sciences dures / sciences molles : il n’est que des champs de connaissances plus ou moins solides. Enfin, les méthodes de gynécologie par exemple sont des méthodes éprouvées, reposant sur le toucher, et faisant partie des méthodes reposant sur les faits. Si l’on récuse l’évaluation des méthodes ostéopathiques, cela signifie que le choix de chaque thérapeute sera subjectif – auquel cas, ce n’est plus un statut de scientificité qui est recherché, mais celui d’un art. Peu probable que quelqu’un cherchant un soin souhaite avoir affaire à (seulement) un artiste.

« C’est l’éternel débat entre empirisme et positivisme ,au demeurant fort intéressant car l’un contribue à faire progresser l’autre ». J.L., février 2016

Nous allons être pointilleux sur les termes philosophiques, puisqu’il s’agit de l’un de nos violons d’Ingres. Que l’empirisme nourrisse la connaissance, certes, moyennant recoupement et reproduction de cet empirisme. On « sent » que quelque chose marche, on n’est pas très sûr, alors on le soumet à ses pairs, qui valident objectivement ou récusent la méthode. Lorsque l’empirisme est répété sans examen collectif, on appelle ça une tradition, voire une superstition.

Quant au positivisme, ce mot est ambigu dans votre phrase. Si vous faites appel au programme positiviste d’Auguste Comte, il  n’est évidemment pas le nôtre. Sur ce que ce terme sous-tend, voici une excellente lecture de J. Bricmont dans la revue DOGMA, Comment peut-on être  » positiviste  » ?

(…)  et comment s’il vous plaît, pourrions-nous reproduire un acte qui par nature est relationnel c’est-à-dire qui engage l’entièreté de deux personnes (corps, mental et être) ? (Pierre Tricot, Le crânien, ça vaut rien !)

La description du coït est très bien décrite scientifiquement, n’est-ce pas ? 🙂 Nous prenons cet exemple à dessein : on peut souhaiter une part de mystère dans l’acte charnel si on le veut, c’est un choix subjectif. Mais si quelqu’un souhaite une efficacité à l’acte (pour ce qui est du plaisir, ou de la fécondation, ou autre) la part de mystère n’a guère sa place.

Toute la psychologie sociale, les sciences politiques, s’élaborent sur des théories basées sur les faits. Si un acte ostéopathique a une validité en soi, une « efficacité propre » (à bien dissocier pour la discussion de l’efficacité globale qui comprend les effets contextuels ; voir sur ce point la conférence de N. Pinsault) alors elle doit pouvoir être reproduite. Ce débat a déjà eu lieu en sciences biologiques, et même en sciences médicales, il y a plus de cinq siècles, pourquoi le reprendre ici ?

Mais, s’il vous plaît, retournons les choses : ce travail montre effectivement que l’ostéopathie crânienne (mais aussi je pense, l’ostéopathie en général) ne parvient pas à s’inscrire dans le cadre scientifique que l’on voudrait lui imposer. Mais il montre surtout que le cadre scientifique qu’on voudrait lui imposer ne lui convient tout simplement pas ! Et du coup, ce travail considérable (merci de l’avoir fait à notre place) montre qu’utiliser un outil inadéquat pour analyser quelque chose donne des résultats fantaisistes. (…) (Pierre Tricot, Le crânien, ça vaut rien !)

Nous supposons, à tort peut être, que vous faites une erreur classique sur le plan épistémologique. De tout temps, lorsqu’une hypothèse n’était pas corroborée par les faits, les défenseurs de celle-ci ont toujours résolu leur dissonance cognitive en incriminant les critères de scientificité. Pourtant ces critères, qui s’agrémentent avec le temps, ne sont pas pris en défaut, tandis que le cimetière des hypothèses rejetées est lui plein à craquer. Si la science était un simple jeu, assisterions-nous stoïquement à la renégociation des règles du football par une équipe de 5ème division étrillée au dernier match ? Que nous nous fassions bien comprendre : que les ostéopathes crâniens viennent avec tout ce qu’ils ont comme prémisse de phénomène, tentent de caractériser celui-ci pour que de manière inter-subjective on en fasse l’étude, et là on verra s’il faut de nouveaux critères de scientificité. En attendant, sans plus d’éléments que ce que nous avons trouvé, il n’y a pas de raison de donner du crédit aux techniques (nous disons bien aux techniques, pas au soin global, plus complexe) ostéopathiques crâniennes. Si nous en donnions, il faudrait en donner aux magnétiseurs, aux révérends prédicateurs évangéliques, qui eux non plus n’ont pas de corpus de preuve – et eux aussi, contestent les critères de scientificité. De ce fait, votre profession deviendrait une pratique ésotérique, et vous n’auriez guère à y gagner.

« Et le grand tort des ostéopathes est d’avoir cherché (pour des raisons de reconnaissance) à s’inscrire dans un cadre ne leur convenant pas au lieu de faire le nécessaire pour se doter des outils épistémologiques adaptés à leur approche. (…) (Pierre Tricot, Le crânien, ça vaut rien !)

Nous sommes navrés de vous contredire. Tout notre rapport montre que justement, les ostéopathes crâniens n’ont semble-t-il pas souvent souhaité s’inscrire dans le cadre de la recherche scientifique, même à prémisse empirique (sur ce point voir plus haut, courrier de J.L). La preuve en est la somme d’études indigentes sur le plan méthodologique.

C’est que même si les preuves ne sont pas apportées à la satisfaction des critères « scientifiques » exigés, l’ostéopathie crânienne a, de toute évidence, aidé et continue d’aider des millions de personnes de par le monde. Cela est un fait. (…) (Pierre Tricot, Le crânien, ça vaut rien !)

Certes. Ne s’agit-il pas d’un sophisme du pragmatisme ?

En tous les cas la question change : que des personnes soient aidées par les soins de l’ostéopathie crânienne, c’est très probable. Il en est qui sont aidés par les religions, d’autres par la détestation d’une autre caste, race, culte, tribu, région, et tant d’autres versions de se faire du bien. La question est de savoir s’ils sont aidés :

1) parce que vous êtes très agréable humainement ?

2) parce qu’ils parlent d’eux pendant la consultation ?

3) parce que vous avez un fort argumentaire d’autorité ?

4) parce que la méthode est efficace en propre ? 

5) etc. ou la somme de tout cela ? Nous ne pouvons que vous renvoyer à la conférence de N. Pinsault sur le sujet, ou dans l’ouvrage « tout ce que… » sur la différence entre efficacité globale et efficacité propre.

Je ne vois pas pourquoi elle continuerait d’exister si elle n’était pas utile ! (Pierre Tricot, Le crânien, ça vaut rien !)

Sans vouloir vous déprimer, il est beaucoup de choses qui remplissent une fonction, sans pour autant avoir d’efficacité propre – la religiosité en est une (et on sait étude à l’appui que l’efficacité des prières d’intercession est nulle).

Le fait qu’elle ne puisse le « prouver » selon certains critères très précis ne suffit pas à prétendre qu’elle est inutile. Et je m’attriste toujours devant l’incapacité à accepter qu’une pratique puisse être efficace et utile bien qu’elle échappe aux moyens d’investigation d’un système. Et si c’étaient le moyen d’investigation et les critères retenus qui devaient être remis en cause, plutôt que la technique ? (…) (Pierre Tricot, Le crânien, ça vaut rien !)

Une fois encore nous n’avons jamais prétendu l’inutilité de la discipline puisque l’utilité présente des caractères bien plus vaste que l’efficacité. L’utilité peut-être sociale par exemple, mais c’est un autre débat que nous n’auront pas ici.

Nous attendons toutes propositions, que ce soit sur un phénomène isolé, un « effet », une « efficacité », ou même sur de nouveaux critères d’évaluation. Nous saurons faire amende honorable le cas échéant.

L’absence de preuve scientifique concernant l’efficacité de la pratique n’est pas une nouveauté en soi. Ce fait est connu et c’est pourquoi des études sont toujours en cours pour essayer de démontrer un effet et une indication de ce type de thérapie (Raithet al, 2016, Haleret al, 2015, Elden et al, 2013) avec des protocoles plus ou moins bien bordés. Les résultats sont mitigés en fonction des études mais certains semblent montrer un effet intéressant ainsi qu’une absence d’effets secondaires gênants. Actuellement, il n’y a que 2 articles relevés par les auteurs qui montrent un résultat intéressant sur les cervicalgies et le syndrome douloureux pelvien gravidique. (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Concernant les études de Haller et al et de Elden et al, comme vous l’avez lu dans notre rapport nous ne partageons pas votre interprétation. Nous écrivions :

« Les deux preuves méthodologiquement valables que nous avons trouvées présentent de modestes résultats qui, pour diverses raisons que nous avons évoquées, peuvent raisonnablement s’interpréter en terme d’efficacité non spécifique des traitements. »

Bien sûr, cette interprétation est longuement argumentée dans notre rapport et ne tombe pas du ciel.

Pour l’étude de Raith et al nous n’avons rien exprimé et pour cause ! Cette publication est postérieure à notre revue de littérature.

Ce rapport est référencé à partir d’articles pour leur grande majorité « vieux » de 20 et 100 ans (Seulement 14,5% des ouvrages cités et 23% des articles tirés de revues scientifiques ont moins de 5 ans) Comment déduire des conclusions scientifiques crédibles avec une telle bibliographie ? C’est vraiment dommage de ne pas considérer la littérature récente qui remet en cause le MRP pour se faire un avis au sujet de l’ostéopathie crânienne ! (Ostéopathes Plus)

Pour information, l’ancienneté d’un travail expérimental ne permet en rien de juger de sa valeur. Dans l’histoire de la médecine par exemple, il existe des essais cliniques anciens qui ont fait date. C’est par exemple le cas du tout premier essai contrôlé randomisé en double aveugle sur la streptomycine dans le cadre de la tuberculose à la fin des années 1940 [Streptomycin in Tuberculosis Trials Committee, « Streptomycin treatment of pulmonary tuberculosis. A Medical Research Council investigation, Br Med J,  v.2(4582),‎ pp. 769–82 ]. On trouve aussi moult études récentes à la méthodologie défaillante. C’est malheureusement la règle en ostéopathie crânienne. Mais s’il existe des études récentes et méthodologiquement rigoureuses qui nous ont échappé, rien ne vous empêche de nous les faire parvenir, bien au contraire ! Contrairement à beaucoup d’interlocuteurs plus ou moins amènes dans ce débat, nous ne serions pas gênés de changer d’avis. Si ces études n’existent pas, alors, vous ne pouvez en tenir rigueur qu’aux acteurs/actrices du champ de l’ostéopathie crânienne de ne pas avoir réalisé plus d’expérimentations rigoureuses ces dernières années. Pas à nous.

2. Les questions de procès d’intention

(…) C’est bien que ce rapport soit fait, il a aussi ses limites dans la mesure où il fait preuve de scientisme (…) J.L., février 2016

Le scientisme ne fait pas partie de notre programme intellectuel. Nous ne souhaitons pas, comme écrivait Renan, « organiser scientifiquement l’humanité », juste évaluer la validité, la reproductibilité et l’inter-subjectivité d’un corpus scientifique. Nous pourrions faire la même chose sur une théorie sociale, une théorie politique, une théorie physique ou mathématique (dans la limite de nos compétences additionnées).

[sur la biodynamie] (…) Là, on sent que les auteurs se sont vraiment fait plaisir ! On sent qu’ils font un très gros effort pour masquer leur bienveillance vis-à-vis du concept. (…) (Pierre Tricot, Le crânien, ça vaut rien !)

Nous avons une posture neutre sur le plan philosophique, c’est-à-dire une suspension de jugement, comme les sceptiques Grecs anciens, qui se résume ainsi : donnez-nous de bonne raison de penser ce que vous pensez, et on le pensera aussi. En attendant, les affirmations sans preuves peuvent être réfutées sans preuves (voir à ce sujet nos articles Rasoir d’Occam, etc).

Et pour conclure, la méthode ne présente finalement « aucune efficacité prouvée » (p. 244). Chapeau bas, Messieurs Dames, voilà du travail de pro ! Il a dû prendre beaucoup de temps, coûter beaucoup d’investissement personnel et sans doute financier.(…) (Pierre Tricot, Le crânien, ça vaut rien !)

C’est effectivement du travail de pro. Il a pris de nombreux mois, à plusieurs (comptons entre 600 et 800 heures), il a effectivement coûté beaucoup d’investissement personnel, et sur le plan financier nous ne souhaitons pas nous substituer au CNOMK pour vous répondre : sachez seulement qu’on est bien loin d’un SMIC horaire.

« Je suppose que, sous couvert d’objectivité, le but était dès le départ de démontrer que l’ostéopathie crânienne, c’est de la foutaise. L’objectif est atteint. » (…) (Pierre Tricot, Le crânien, ça vaut rien !)

Convenons que nous sortons là d’un débat scientifique. Il suffit juste de savoir que si l’ostéopathie crânienne avait des bribes de validité, nous l’aurions écrit de la même façon. Que le résultat vous déplaise, c’est en faire une affaire personnelle. Nous, nous faisons de ce rapport une chose publique, qu’il vous appartient de prendre en défaut.

« N’étant pas prescripteurs de recommandations, nous nous sommes limités à une analyse impartiale… » Impartiale ? Il semble que ce mot n’ai pas pour les rédacteurs le même sens que pour le dictionnaire… Ce qui est écrit ci-dessus à propos de la biodynamique est en contradiction flagrante avec une telle affirmation. (…) (Pierre Tricot, Le crânien, ça vaut rien !)

Dire que la Terre n’est pas plate, qu’il n’y a pas d’ether et que le complot Illuminati est une vue de l’esprit serait aussi partial ? Méfions-nous de l’effet bi-standard. Nous ne voyons pas où serait la partialité dans ce paragraphe cité.

Nous ne savons pas vraiment comment et pourquoi ça fonctionne, mais ça fonctionne !

Alors montrons-le. Montrez-le, c’est votre métier, cela devrait rendre les choses plus faciles.

Refuser cette évidence revient à se moquer des millions de gens qui ont été aidés par cette technique et qui, Dieu merci, le seront encore demain.

Vous usez ici d’une technique de l’épouvantail. C’est dommage.

Elle revient à prendre tous les patients pour des « gogos extatiques » pour reprendre les mots outrageants de J-M Abgrall dans son livre Les charlatans de la santé.

Même technique. Nous n’avions aucun lien avec J-M. Abgrall – non qu’on ne le souhaite pas. Nous connaissons ses livres. Le ton n’y est effectivement pas le nôtre.

Quel manque de respect pour les patients que de les considérer comme de gogos incapables de juger ce qui est bon pour eux ! (…) (Pierre Tricot, Le crânien, ça vaut rien !)

C’est de votre plume. Nous n’avons pas écrit ce genre de chose.

Quelle suffisance, quel mépris d’autrui de la part de gens se prétendant thérapeutes ! Cette incapacité à observer et à accepter l’évidence, même lorsqu’on ne peut pas l’expliquer est une maladie mentale grave et hélas, incurable.  (…) (Pierre Tricot, Le crânien, ça vaut rien !)

Gagez que là, la teneur de la discussion ne permet plus le questionnement collectif. C’est dommage.

Ici, c’est Alain Andrieux sur www.enfantsdestill.com qui nous éreinte dans

Ceux qui se cachent derrière un tel acronyme, sans doute mûrement réfléchi,

Vous semblez prompt à juger nos intentions, nous ne nous risquerions pas à en faire de même pour les vôtres. Pourtant nous ne nous cachons de rien, l’ensemble du processus est transparent, nos écrits signés, nos liens d’intérêt déclarés, nos photos disponibles et nos contacts faciles d’accès.

[…] ne pouvaient avoir qu’une seule intention : passer pour des gens intelligents voire supérieurement intelligents. Des gens qui ne plaisantent pas avec la science, enfin, leur façon d’envisager la science. Des gens qui… chez ces gens-là Monsieur on ne sort pas de la doxa même si celle-ci est extrêmement rhumatisante et en très mauvais état pour défiler de façon convaincante au moins sur le fait qu’on sait marcher. (Alain Andrieux)

Doxa, gens intelligents… Nous avons fait le travail demandé, avec des canons scientifiques que nous n’avons pas inventés, et qui ne tombent pas du ciel. Ce n’est pas parce que les résultats qu’ils donnent ne vont pas dans le sens de ce que vous pensez qu’il faut jeter la démarche scientifique critique.

Des gens qui ont consacré deux cent quatre-vingt-six pages à la compilation de tous les textes possibles et imaginables pour tenter de détruire un pan de la pratique ostéopathique auquel ils n’ont pas accès, car vous pouvez en être certains aucun praticien digne de ce nom n’a participé à ce travail de démolition, car chez ces gens là Monsieur on bave, mais on ne pratique pas. (Alain Andrieux)

Heureusement que nous ne sommes pas faciles à vexer. Baver sur 286 pages, c’est long, il ne suffit à vous lire que de quelques lignes. Par ailleurs vous faites erreur, il y a trois praticiens sur quatre qui ont rédigé ce rapport. Ne faisons pas d’erreur d’attribution : ce n’est pas nous qui détruisons un édifice, c’est plutôt vos collègues qui ne l’ont pas construits. Alors construisez-le, et notre rapport sera changé. Et comme vous semblez féru de citations de Jacques Brel, vous ne découvrirez certainement pas celle-ci : dès qu’il y a des gens qui bougent, les immobiles disent qu’ils fuient.

Et bien ce bref moment d’humeur ne m’entrainera pas vers la rédaction d’une seule page pour dénoncer une telle médiocrité aussi besogneuse soit-elle. Bon courage aux kinésithérapeutes qui vivent sous la protection d’un tel ordre qui, comme d’autres ordres, montre à quel point la zone des ouïes ( figurées parait-il par le sphénoïde ! ) a été terriblement comprimée. – mais le choc vint de la contemplation d’un crâne de la collection de Still et de l’analogie qu’il fît entre la forme de l’os sphénoïde et celle des ouïes de poissons, « indiquant une mobilité pour un mécanisme respiratoire- ».(cortes.org) (Alain Andrieux)

Pourriez-vous mettre la bonne adresse s’il vous plait ?

Pour ces gens-là, pour ce groupe-là, même pas capables de reproduire une citation correctement, l’intention d’apparaître comme une personnification de l’intelligence et de la raison est débusquée mais pour ce qui est du but à atteindre, il est totalement raté. Nous attendons avec impatience d’autres productions du Cortecs sûrement toutes porteuses de cette ouverture d’esprit qui va jusqu’à créer des courants d’air dans cette production mal cortiquée. (Alain Andrieux)

Là, nous ne savons pas quoi dire. Il n’y a rien d’autre dans l’article.

Le site Osteopathes Plus, quant à lui, tente de déverser du poison dans l’eau du puits à notre sujet :

Le rapport CORTECS n’a aucune légitimité et objectivité scientifique vu qu’il a été demandé par le CNOMK pour évaluer l’ostéopathie crânienne et réalisé sous la direction de son vice-président Mr Vaillant. Mr Vaillant, personne très influente, est également directeur de L’IFMK de Grenoble où il encadre une équipe pédagogique constituée entre autre des auteurs du rapport CORTECS. Peut-on parler de conflit d’intérêts ?

Ostéopathes Plus adjoint à ces quelques lignes un schéma intitulé « Le rapport « indépendant » du CORTECS commandé par le CNOMK est-il réellement dénué de conflits d’intérêts ? ».

L’article et le schéma, malgré leur brièveté, regorgent d’erreurs que nous énumérons ci-dessous :

– le rapport n’a pas été réalisé sous la direction de M.Vaillant ;

– seul un des quatre auteur.e.s, Nicolas Pinsault, faisait partie de l’équipe pédagogique de l’IFMK de Grenoble en tant que cadre de santé au moment de la rédaction du rapport. Son traitement est administré par le CHU Grenoble-Alpes et provenait d’une enveloppe du Conseil Régional (comme pour toutes les formations sanitaires et sociales) ;

– Richard Monvoisin n’est actuellement pas chargé de cours à l’IFMK de Grenoble (il a seulement fait quelques heures de cours entre 2009 et 2012) ;

– les deux autres auteur.e.s (Nelly Darbois et Albin Guillaud) enseignent ponctuellement à l’IFMK de Grenoble en tant que vacataire (moins de 10 heures par an) sur des thèmes sans lien avec l’ostéopathie ;

– les auteur.e.s n’ont reçu aucune rétribution financière à titre individuel pour la rédaction du rapport par le CORTECS ou le CNOMK. L’argent versé par le CNOMK au CORTECS permet à cette structure de financer des bourses d’étudiant.e.s et du matériel pédagogique, en l’occurrence des livres critiques, prêtés gratuitement à toute personne qui en fait la demande.

Quant au qualificatif de « personne très influente » adossé à la personne de M. Vaillant, nous ne comprenons pas à quoi il renvoie.

Le terme de conflit d’intérêt est utilisé à deux reprises par Ostéopathes Plus. Il est utile de rappeler qu’une rétribution financière pour un travail rendu n’entraîne pas nécessairement un conflit d’intérêt, comme cela est questionné par Ostéopathes Plus. Dans le cas qui nous intéresse, il pourrait y avoir conflit d’intérêt si les conclusions du rapport allaient dans un sens qui servait les intérêts du CNOMK, du CORTECS ou des auteur.e.s. Quels seraient donc ces intérêts ? Dans l’article et d’Ostéopathes PLUS il n’est nullement expliqué en quoi les liens d’intérêt des auteur.e.s, déclarés de manière transparente à la fois sur le site du CORTECS et sur celui de l’ordre, seraient sources de conflit d’intérêts.

En résumé, Ostéopathes Plus ne donne aucun argument pour justifier en quoi le fait que le CNOMK soit le commanditaire de notre rapport entraverait notre légitimité, et plus encore notre objectivité scientifique à travailler sur l’ostéopathie crânienne.

Et pour la petite histoire, c’est parce que Vaillant, directeur, connaît bien la qualité du travail du CORTECS qu’il a suggéré au CNOMK de le contacter pour des rapports scientifiques. Il faut en outre savoir que ce rapport a entraîné des débats au sein du CNOMK lui-même, de même qu’au CORTECS quand le CNOMK a émis ses avis

Avec une phrase comme « Peut-on parler de conflit d’intérêts ? », il est facile d’instiller du doute gratuit et fallacieux. Nous pourrions répondre par « Peut-on diffamer tranquillement chez Ostéopathes Plus ? », mais nous préférons renvoyer ses auteurs aux leçons des grands classiques, comme Francis Bacon dansDe la dignité et de l’accroissement des sciences (1623), livre VIII, chapitre II  : « Va ! calomnie hardiment, il en reste toujours quelque chose (audacter calumniare, semper aliquid haeret).

À aucun moment les auteurs n’ont eu envie de remettre en cause leur jugement bien dommage pour des « scientifiques ». (Ostéopathes Plus)

Cette affirmation est assez gratuite. Ne serait-ce pas tout simplement parce que la conclusion ne va pas dans le sens que vous auriez souhaité ? Rappelez-vous : nous n’avons aucun problème à changer d’avis preuves à l’appui. Et vous ? Changerez-vous d’avis en l’absence de preuve ?

Le Cnomk se contente de l’avis de mk opposés à l’ostéopathie (Richard Monvoisin, Nicolas Pinsault « La kinésithérapie piégée par les mages » http://www.monde-diplomatique.fr/2015/12/MONVOISIN/54379. (Ostéopathes Plus)

− Précisions d’abord que l’un des auteurs n’est pas kiné, ni même professionnel de santé ;

− il n’y est pas question de l’ostéopathie dans son ensemble ;

− s’il y a des raisons d’être rétifs à certaines de ses branches, c’est que les professionnels de celles-ci n’ont pas fait le travail requis ; ce n’est pas une critique a priori, et encore moins une querelle de chapelle – même si c’est, cela se comprend, plus facile pour vous de scénariser de cette façon.

− Vous conviendrez que l’article que vous citez est publié dans un journal dont la portée est bien plus politique que scientifique ou technique. Or si nous pensons qu’il n’y a pas de raisons a priori de s’opposer à des pratiques thérapeutiques comme celles de l’ostéopathie, nous sommes en revanche opposé à un modèle de politique de santé non redistributif et au saccage permanent des acquis sociaux de 1946. Si l’ostéopathie est mentionnée dans cet article, c’est parce qu’elle offre un exemple de l’évolution des politiques que nous dénonçons.

Karine Krzeptowski est une des premières a avoir réagi à la sortie du rapport :

Ce rapport ne peut être considéré par l’Ordre et par les pouvoirs publics car il y a faute grossière de procédure dans le choix du profil de ses auteurs, (tous kinésithérapeutes connus pour leur position négative à l’égard de l’ostéopathie). (Karine Krzeptowski sur le Site de l’Ostéopathie)

Il y a là une erreur et une confusion. Tout d’abord, seulement 3 des 4 auteur.e.s sont diplômés en kinésithérapie. Il vous revient d’expliquer en quoi la formation initiale de ces auteurs constitue un critère douteux quant au choix de leur confier une tâche d’évaluation scientifique de l’ostéopathie crânienne. Ensuite, vous confondez « position négative » et scepticisme. Ce dernier est consubstantiel de la démarche scientifique et implique un doute préalable à toute investigation. Nous n’avions pas de position de départ morale ou affective sur le sujet, et quand bien même, une démarche méthodique s’abstrait des préalables subjectifs lorsqu’elle est bien menée. Ce n’est pas parce que les conclusions ne vont pas dans le sens que vous souhaitez qu’il faut déligitimer artificiellement les compétences des auteurs.

Quand on est à la recherche de preuve d’efficacité ou de justification d’un concept, il faut s’adresser aux personnes directement concernées, ici les ostéopathes et non aux détracteurs. (Karine Krzeptowski sur le Site de l’Ostéopathie)

L’efficacité d’une technique ou la validité scientifique d’un concept n’est pas une affaire de personnes mais de données expérimentales. Nous nous sommes tournés vers les auteurs, ostéopathes ou non, « détracteurs » ou non, qui ont contribué à la connaissance sur le sujet.

De surcroît, le mot détracteur n’est pas très heureux : s’il y a des détracteurs, c’est qu’il y a des promoteurs. Nous ne nous inscrivons pas dans ce débat : que nous soyons détracteurs ou promoteurs de la gravitation, elle fonctionne, quel que soit notre avis. Que nous soyons détracteurs ou promoteurs des humeurs d’Hippocrate, elles n’existent pas. La connaissance scientifique s’abstrait du point de vue personnel.

Ce rapport ne peut être retenu et présenté décemment aux pouvoirs publics car il y a conflit d’intérêt dans le choix même des auteurs. (Karine Krzeptowski sur le Site de l’Ostéopathie)

Voir notre réponse aux rédacteurs du site Ostéopathe Plus dans la présente section, ci-dessus.

Les auteurs eux-mêmes auraient dû refuser cette mission qui ne leur revenait pas, ils terminent la conclusion de leur rapport CORTECS : « Avec le soutien du CNOMK, nous avons accepté de faire le travail laborieux qui revenait logiquement aux prétendants. De fait, alors que nous pensions qu’il n’y avait pas a priori de raison scientifique de défendre cette discipline, désormais nous le savons. »
Cette phrase dans les conclusions en dit long ! Ils partaient d’un a priori négatif et ne trouvaient pas logique eux-mêmes que cette tâche leur fut demandée à eux plutôt qu’aux ostéopathes ! (Karine Krzeptowski sur le Site de l’Ostéopathie)

Peut-être devons-nous insister sur ce qui est pourtant une évidence : le travail scientifique est une remise en question permanente de ce qu’on croit acquis. La posture de départ est « méfiante », sceptique. Au fond, vous faites la même chose : si nous affirmons guérir le cancer par massage du cou, vous serez sceptique au premier abord. La charge de la preuve incombe d’ailleurs à celui qui prétend. Donc en tout état de cause, c’était aux ostéopathes de démontrer leur théorie, mais ils ne l’ont pas fait. On a demandé à des sceptiques (non détracteurs, donc) de regarder de près, pour voir si quelque chose tenait tout de même. Si la conclusion vous déplaît, refaites nos recherches, ou produisez de nouvelles données. Alors seulement, s’il y a lieu, nous changerons nos conclusions.

Je pose la question au CORTECS : Pourquoi avoir accepté cette mission si d’emblée elle n’était pas honnête sur le plan éthique ? Ceci est une première erreur qui fausse votre approche et vous vous targuez d’avoir l’esprit scientifique ! (Karine Krzeptowski sur le Site de l’Ostéopathie)

Votre question est un plurium interrogationum. En nous sollicitant pour y répondre, vous posez comme prémisse que la mission du CORTECS concernant l’ostéopathie crânienne n’était pas « éthique » (ou décente, comme vous l’avez glissé plus tôt) S’il vous plaît, essayez de juger de notre esprit scientifique à la méthode que nous avons utilisée. Ne laissez pas la colère de votre lien d’intérêt avec le sujet chercher à s’évacuer par des vindictes gratuites.

L’Ordre finance des rapports mal ciblés dès le départ. De manière pragmatique, Si l’Ordre des MKDE souhaite encore dans l’avenir s’éclairer sur le thème de l’ostéopathie, ne serait-il pas plus sain d’instauré au sein de l’Ordre un conseil représentant des MKDE-D.O. qui pourrait dès lors œuvrer positivement lorsqu’il s’agit de faire comprendre les spécificités et l’actualisation des compétences de leur métier d’ostéopathe ? (Karine Krzeptowski sur le Site de l’Ostéopathie)

Il ne faut pas confondre démarche de communication (« œuvrer positivement ») et démarche d’évaluation scientifique. Mais si vous substituez la communication à la science, ce seront les meilleurs lobbies qui imposeront leurs vues, et c’en sera fini de la science. Un lobby de la Société de la Terre Plate pourrait imposer ses vues à tous les géologues. Nous pensons que ce n’est pas souhaitable.

3. Les questions méthodologiques

Malheureusement, ce ne sont pas là les seules sources sur le concept. Il manque l’ouvrage de Nicette Sergueef , sans parler de celui d’A Croibier sur le diagnostic général ostéopathique (qui reste un livre important pour étudier en partie le fonctionnement du raisonnement ostéopathique) aux éditions Masson ou un ouvrage de référence de T Liem aux éditions Maloine. Il faut noter que certains ouvrages apparaissent sur le site de l’ostéopathie en fouillant les articles sur les ouvrages ou avec des termes comme « crâne », « crânienne », « crânien ». (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Nous vous encourageons à lire ou relire en détail la méthodologie suivie dans cette partie du rapport pour comprendre pourquoi ces références n’apparaissent pas. En effet, nous avons relevé uniquement les concepts élaborés par le fondateur et les continuateurs de l’ostéopathie crânienne, identifiés dans la partie précédente du rapport ; Nicette Sergueeg, A Croibier et T Lien ne font pas partie de ces personnes. Ce choix méthodologique, qui a ses limites, permet de rendre notre méthode reproductible et incrémentale. Nous ne travaillons plus directement sur ce sujet, mais rien n’empêche qu’une autre équipe aille plus loin en exploitant d’éventuels points aveugles de notre méthodologie..

Je suis étonné que, les auteurs du rapport ayant l’occasion d’échanger avec des ostéopathes (c’est noté dans les remerciements), ces sources n’aient pas été évoquées. (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Elles n’ont effectivement pas été suggérées par les différentes personnes contactées – mais il est difficile de leur en tenir grief. Il est probable qu’autant de contacts, autant de sources possibles. Cela corrobore notre impression que si le « feuillage » de l’ostéopathie crânienne est partout, il est assez difficile de bien distinguer un tronc solide.

De même, puisqu’utilisant un moteur de recherche généraliste qui est probablement google (on peut le supposer étant donné que google scholar est cité plus tard dans le rapport), les auteurs auraient pu utiliser google books où toutes les références citées plus haut ressortaient.(Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Détrompez-vous : ces références ne ressortent pas si l’on suit de manière précise la méthodologie décrite dans le rapport, qui cherchait à identifier les sources bibliographiques du fondateur et des continuateurs (voir supra). Maintenant, rien ne vous empêche de changer de méthodologie et de refaire le travail.

Poussons un peu plus loin et soyons indulgents sur le fait qu’ils ne connaissent pas les ouvrages d’ostéopathie en dehors des éditions Sully (car n’étant pas du métier).(Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Merci de votre indulgence – au sens canonique, l’indulgence est une rémission de la peine encourue du fait d’un péché. Ouf !

Vous faites assurément un effet paillasson en mélangeant « ne connaissent pas » et « ne jugent pas majeurs selon la méthodologie employée »

Et comme vous pouvez le constater vous-même les ostéopathes avec lesquels nous avons échangé semblent eux non plus soit ne pas connaître, soit ne pas juger majeurs les ouvrages que vous évoquez. Pensez-vous réellement qu’il suffit d’« être du métier » pour connaître tous les ouvrages pertinents en rapport avec ce métier ? Appliquer cela à de nombreux métiers, de boulanger à prêtre, de cordonnier à prostitué, suffit à en douter.

Ils préviennent que ce sera succinct, sauf que même en suivant leur méthode, il y a une part du concept plus récente (basée la tenségrité) qui n’est pas prise en compte comme l’ouvrage de Gilles Boudéhen qui fait partie du catalogue des éditions Sully. Alors comment ont-ils vraiment fait leur recherche bibliographique?  (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Si vous lisez le rapport, vous saurez comment notre recherche méthodologique a été faite. Il vous appartient de l’améliorer si vous le jugez nécessaire. A toutes fins utiles, vous pouvez agglomérer toutes les études qui vous paraissent manquer et contacter le Conseil national de l’ordre ici pour pousser plus loin notre rapport. Mais la question reste celle-ci : ces « nouvelles » publications vont-elles infléchir les conclusions de notre rapport ? Croyez bien que si nous le redoutons par pur péché d’orgueil, nous le souhaitons à l’ostéopathie crânienne – et c’est ça qui compte.

Celle-ci est vraiment limitée, comment juger objectivement de l’aspect scientifique d’un concept en étudiant la partie qui n’a pas été mise à jour au niveau des connaissances scientifiques actuelles? (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

L’ostéopathie crânienne n’est pas un concept mais un champ (une « sphère » disait Sutherland) recouvrant plusieurs concepts (MRP, membrane de tension réciproque, etc.) S’il est toujours possible que nous soyons passés à côté d’un concept particulier – encore faut-il nous le montrer – en quoi cela remet-il en question le reste de notre analyse ? Vous savez, la connaissance fonctionne par parcimonie des hypothèses depuis Aristote, puis William d’Occam. Il s’agit d’essayer de comprendre au moyen du moins grand nombre d’entités possibles une gamme de faits. Le problème majeur de votre discipline, l’ostéopathie crânienne, c’est qu’elle prend des concepts un peu flous, pour nimber de mystère une gamme de faits que personne n’a réellement objectivé. Avant de faire des châteaux de sable en Espagne, aurait dit R. Mianajbaro, penseur du XIXe siècle, vérifions d’abord qu’il y a bien du sable. Et Fontenelle l’a très bien décrit ici .

Au sujet de la tenségrité, non seulement ça n’est pas un concept spécifique à l’ostéopathie crânienne mais encore moins à l’ostéopathie tout court. C’est une notion d’abord architecturale (créée par Buckminster Fuller), puis importée en biologie avec une définition relativement précise puis, devenant concept nomade, a été adapté à de nombreuses sauces (dont celles des héritiers du mystique Carlos Castaneda, qui en firent un agglomérat de prétendus exercices spiritualistes et magiques sinon toltèques, au moins venus des pratiques des natives américains.). Encore une fois, si l’on suit notre méthode scrupuleusement décrite, il est normal que ce concept n’apparaisse pas puisqu’il n’a pas été émis par un des fondateur et continuateurs identifiés.

D’autre part, nous nous interrogeons sur la pertinence d’évaluer a posteriori ce concept puisque vous dites vous-même dans la conclusion de votre article :

Le concept étudié est amputé de sa partie la plus récente basée sur d’autres principes que le MRP. J’ai cependant quelques réserves sur ce nouveau concept qui ne fait pas davantage preuve de sa véracité dans le cadre de l’ostéopathie crânienne que l’ancien concept. (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

(…) Cette erreur rédactionnelle met aussi en évidence qu’il est sans arrêt question de manipulation crânienne sans jamais que soit défini ce terme. C’est embêtant d’évaluer l’ostéopathie dans le champ crânien sans définir le geste que ça implique. Si on fait une recherche dans le document avec les termes « manipulation crânienne », jamais le terme n’est associé à une quelconque définition. (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Le principe juridique de l’onus probandi s’applique aussi et surtout en science : la charge de la preuve incombe à celui qui prétend. Il est difficile de nous en vouloir de ne pas avoir défini la « manipulation crânienne » alors que Sutherland lui-même n’a pas pris soin de le faire de manière claire. Cela ressemble aux discussions sceptiques vs. théologiens : des théologiens reprochent souvent aux sceptiques de critiquer la notion de Dieu sans le définir. Mais lorsqu’il s’agit de prendre l’avis des théologiens sur ce qu’est Dieu, personne n’est d’accord. Finalement, de quoi parle-t-on ?
D’ailleurs, dans les textes identifiés se rapportant à l’ostéopathie crânienne,  « manipulation crânienne » n’est jamais présentée comme un concept central. Il y a comme qui dirait un bug dans l’épistémologie de votre discipline.

[Concernant la partie Fondement physiopathologique de l’ostéopathie crânienne]La méthodologie est décrite et semble avoir essuyé quelques écueils. Il semble que ces difficultés ne leur aient pas permis de faire une revue de littérature dans les « règles de l’art ». (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Nous avons tenu précisément le propos suivant : « Nous avons rencontré des difficultés pour mener, dans les « règles de l’art », une revue de littérature systématique compte-tenu principalement : […] », et les raisons sont listées pages 58 et 59. En fait, l’expression « règle de l’art » est mal choisie car contrairement à d’autres disciplines, , il n’existe à notre connaissance pas de « règle de l’art » pour réaliser une revue systématique de littérature sur des concepts physiopathologiques, surtout issues d’une littérature essentiellement non-indexée ! Ce qui montre que bien plus urgent que la critique de la méthodologie que nous avons prise, serait de faire de la littérature scientifique indexée ! En gros, faire de la recherche d’objectivation. C’est ce qui aurait dû être fait depuis plus d’un siècle. Par conséquent, vous pourriez tout aussi bien dire que ce que nous avons réalisé est une première et ajouter « bravo au CORTECS d’avoir essayé de démêler l’écheveau d’une discipline éparpillée et peu scrupuleuse sur la méthode expérimentale, et d’avoir construit un bon socle méthodologique (probablement améliorable) à quiconque souhaiterait entreprendre un travail similaire » N’est-ce pas ?

Sachant qu’un certain nombre d’ouvrages de référence dont nous avons parlés précédemment ne seront pas cités davantage dans cette partie, il va donc manquer un pan entier des modèles physiopathologiques. Néanmoins, concernant les modèles étudiés, il est évident que leurs conclusions sont valides: (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Rappelons-nous : avant de multiplier les modèles, il faut des faits. C’est un des critères de pseudoscientificité que de faire des modèles sans fait caractérisé (il y a même des modèles de physiologie des « vivants dans l’au-delà », à la suite des EVP de Konstantin Raudive). Si malgré tout vous estimez qu’émerge ou ont émergé des concepts spécifiques à la sphère crânienne que nous n’aurions pas traité, n’hésitez pas à nous transmettre les références des études expérimentales qui les soutiennent. Et si vraiment vous argumentez que ces concepts ont leur place dans l’historique de l’ostéopathie crânienne, vous pouvez en faire une synthèse et la rendre publique (car un des critères scientifiques de la connaissance est la connaissance partagée). Nous pourrions ainsi la publier dans un addendum du rapport grâce à vous.

[Sur la fiabilité et la validité des tests ostéopathiques employés dans le champ crânien] Cette analyse repose sur l’utilisation d’une grille d’analyse QUAREL (qui en fait s’écrit correctement QAREL). C’est un outil d’une bonne qualité (Lucas et al, 2013)pour évaluer la reproductibilité de certains tests dans un contexte de revue systématique. Il a cependant quelques limites surtout quand le test en question n’a pas de moyen d’évaluation fiable disponible (une sorte de gold standard). Les Items 9 et 10 sont notamment source de biais pour cet outil où les questions sont subjectives. Ces limites sont soulevées par les auteurs qui pointent notamment :

  • L’absence d’un gold standard,
  • Pour évaluer la constance de la mesure dans le temps, il manque la preuve du MRP et de mesures fiables.
  • L’absence d’interprétation des résultats par les évaluateurs (pour savoir si le test a été fait correctement).

En conséquence, les auteurs font un questionnaire simplifié mélangé à celui du groupe Cochrane (risk of bias tool). Ils procèdent à l’ajout d’un item crée pour l’occasion. Ce choix peut être discutable dans le sens où le mélange et la modification de questionnaires valides ne créent pas forcément un outil exempt de biais. Néanmoins, en l’absence d’outils standardisés pour la situation en question, cet outil permet une première approche.

Mais pour faire simple :

  • Un risque de biais est quasiment jugé élevé à chaque fois car le contenu d’un item est non décrit dans l’article (souvent les deux derniers items).
  • Les scores de corrélation ICC inter-observateurs sont en général assez faibles signant un manque de reproductibilité des tests ostéopathiques.
  • Les scores ICC intra-observateurs peuvent être parfois élevés en revanche avec un risque de biais non négligeable.

En résumé, l’analyse faite pour cette partie est intéressante mais l’outil employé pour l’analyse des biais est discutable du fait de ses modifications par rapport à l’outil validé et de l’attribution d’un biais élevé systématique par manque de description du protocole. Les scores ICC parlent d’eux-mêmes, et sans analyser le biais, la reproductibilité est de toute façon faible. (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Permettez-nous de récapituler le premier argument de ce paragraphe (que nous étoffons d’une prémisse glanée dans le troisième paragraphe de cette partie « La fiabilité et la validité des tests ostéopathiques employés dans le champ crânien » ; nous intitulerons cette dernière « prémisse (1) »). Si nous vous comprenons bien, cela donne la chaîne logique suivante :

Prémisse (1) – « […] le mélange et la modification de questionnaires valides ne créent pas forcément un outil exempt de biais. »

Prémisse (2) – L’outil utilisé pour l’analyse des biais des études de reproductibilité a été modifié par rapport à l’outil validé ; 

Prémisse (3) – Il a été attribué un risque de biais élevé systématique par manque de description du protocole ; 

DONC

Conclusion – L’outil pour l’analyse des biais des études de reproductibilité est discutable.

Discutons d’abord de la prémisse (1). Nous sommes d’accord avec vous. Comme vous le faites vous-même remarquer dans le texte à la suite de cette prémisse : « Néanmoins, en l’absence d’outils standardisés pour la situation en question, cet outil permet une première approche. ». C’est ce que nous nous sommes dit lors de la création de l’outil.

Abordons maintenant la prémisse (2). Comme vous l’avez vous-même pointé (voir prémisse (1)), notre outil compile deux outils existants (QAREL et Cochrane risk of bias tool). Ce n’est donc pas qu’une simple modification d’un outil particulier comme vous le dites ici. Nous fondrons donc cette prémisse avec la prémisse (1) dans la suite de l’analyse.

Considérons enfin la prémisse (3). Cette prémisse n’est vrai que pour un item sur sept (l’item n°6). Pour tous les autres items, quand le protocole était insuffisamment décrit, nous avons attribué une incertitude sur le risque de biais. Autrement dit, la prémisse (3) de votre propos est fausse pour 6 items sur 7. Nous avons développé largement l’argumentaire de la création de l’outil qui s’étale pour mémoire de la page 155 à la page 159 du rapport.

Examinons enfin la conclusion de votre argument et tentons de voir dans quelle mesure les prémisses la justifie. Vous dites que notre choix méthodologique est discutable. Certes, mais tout choix méthodologique étant discutable per se, donc ce propos est trivial et il vous appartient d’en choisir un autre. Outre la trivialité de cette critique, il pourrait y avoir quelque chose d’intéressant à en tirer tout de même, moyennant de par exemple (a) pointer le type de biais émergeant de l’application de l’outil ; (b) expliquer comment tel ou tel type de biais influence ou modifie les résultats ; (c) faire des suggestions qui permettraient soit d’améliorer l’outil en question pour éviter ou diminuer ces biais, soit de le remplacer par un autre outil existant plus adapté qui ne serait pas venu à notre connaissance. Sinon, cette phrase ne sert à rien.

Quant à la prémisse 3, elle est fausse dans 6 cas sur 7. Pour l’item 6, nous avons justifié notre choix méthodologique page 159 du rapport que nous citons à nouveau ici :

« À propos de l’item 6 « Est-il prévu un dispositif pour empêcher les évaluateurs d’avoir accès à des indices additionnels sur les sujets (tatouage, taille, genre, etc.) et qui ne faisaient pas partie du test ? » : étant donnée l’importance que prend le dispositif nécessaire à sa réalisation (voir par exemple l’étude d’Halma et al. de 2008) nous considérerons qu’une absence d’information au sujet de cet item équivaut à l’absence de dispositif, c’est-à-dire à un risque de biais élevé. En toute honnêteté, ce choix pourrait être fait pour d’autres items. Seulement celui-ci nous apparaît très particulier car le dispositif nécessaire, sur le plan logistique, est tellement important que nous pressentons peu crédible le fait qu’aucun mot n’en soit dit dans la publication à cause de contraintes éditoriales ou par simple oubli. »

N’est-ce pas suffisant ?

C’est une chose assez facile de dire qu’une méthodologie est discutable. C’est une autre paire de manche que de la discuter de manière circonstanciée. Mais peut être le ferez-vous, à notre grand plaisir.

Venons-en maintenant à votre dernier énoncé de cette partie : 

« Les scores ICC parlent d’eux-mêmes, et sans analyser le biais, la reproductibilité est de toute façon faible. »

Oui, vous avez raison. La volonté de procéder à une analyse des biais relève de plusieurs motifs. Nous n’en évoquerons ici qu’un seul en citant un passage de notre rapport : 

« La majorité des études existantes et disponibles échouent à mettre en évidence ces reproductibilités pour tous les paramètres considérés, cela malgré des risques de biais souvent favorables à l’émergence de résultats positifs. » p. 195 (nous surlignons)

Autrement dit, ce que nous apprend l’analyse des biais, c’est que même en utilisant des méthodologies biaisées favorables à l’obtention de résultats reproductibles, les chercheurs échouent à mettre en évidence la reproductibilité des techniques crâniennes utilisées par les praticiens. Ceci est selon nous un indice majeur en faveur du fait que même en améliorant la méthodologie, il est probable que les chercheurs continuent malheureusement à échouer. Pour quiconque souhaiterait entreprendre une étude de reproductibilité d’une technique d’évaluation issue de l’ostéopathie dans le champ crânien, ce fait nous parait essentiel à considérer. Avant l’élaboration de ce rapport, nous avons rencontré des ostéopathes motivés pour faire ce type d’étude avec nous. Dès lors, nous leur avions proposé de nous recontacter quand nous aurions terminé le rapport, ceci pour que d’une part nous puissions éventuellement saisir des contraintes méthodologiques inhérentes à la pratique que nous aurions sous-estimées, et que d’autre part les ostéopathes intéressés puissent aisément accéder aux travaux déjà réalisés ainsi qu’aux difficultés s’y rattachant pour mesurer l’ampleur de la tâche.

[Concernant l’efficacité thérapeutique]

Les auteurs ont mis en évidence 4 revues de littérature sur les sujets :

Nous observerons que ces quatre revues convergent toutes vers un défaut de preuve de l’efficacité des techniques et stratégies thérapeutiques issues de l’ostéopathie crânienne.
Rapport CORTECS p204

Les auteurs, devant le fait qu’il y ait eu depuis la dernière revue d’autres publications, vont effectuer eux-mêmes leur propre revue de littérature.

Ils relèvent qu’un protocole en triple aveugle (patient, praticien, analyste) n’est pas applicable en thérapie manuelle pour le praticien, mais que les protocoles qui tentent de le faire pour les deux autres acteurs vont dans le bon sens.

Les auteurs vont utiliser l’outil de cochrane cité précédemment, mais seul (sans le QAREL, non adapté à l’analyse).

En résumé, il y a en général un grand risque de biais du fait de l’absence de données sur l’aspect aveuglement des trois acteurs de la recherche, soit sur la randomisation dans le protocole, soit sur les données manquantes. Les articles ne sont donc pas assez détaillés pour que les résultats puissent être correctement analysés, et quand ils le sont, il y a des manques qui portent préjudice aux résultats.

Seuls 2 études sortent du lot avec un risque de biais raisonnable (Elden et al., 2013, Haller et al., 2015).

(…)

L’utilité même d’un tel rapport (dont la responsabilité incombait à ceux qui pratiquent l’ostéopathie crânienne d’après les auteurs) est discutable du fait que des travaux de revue de littérature sur le sujet ont déjà été faits (Jackel & Von Hauenschild, 2012, Jackel & Von Hauenschild, 2011, Green et al, 1999), de même que la remise en question du concept existe depuis longtemps et a toujours cours (Gabutti & Draper-Rodi, 2014,Tricot, 2000, Roger & Witt, 1997). Enfin, parfois les outils d’évaluation choisis et modifiés peuvent être discutables. (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Comme précédemment, il nous faut pour ne pas perdre l’éventuel lecteur, décortiquer l’argument de ce paragraphe.

Prémisse (1) – Des revues de littérature ont déjà été réalisées sur le sujet.

Prémisse (2) – « […] la remise en question du concept existe depuis longtemps et a toujours cours. »

Prémisse (3) – « […] parfois, les outils d’évaluation choisis et modifiés peuvent être discutables. »

DONC

Conclusion – L’utilité du rapport CORTECS sur l’analyse scientifique de l’ostéopathie crânienne est discutable.

Concernant la prémisse (1), nous n’y trouvons rien à redire puisque effectivement, des revues de littérature ont déjà été réalisées sur le sujet. Non seulement nous les mentionnons dans le rapport mais en plus nous en faisons la synthèse.

Au sujet de la prémisse (2), nous sommes au courant qu’il existe des divergences d’opinions chez les ostéopathes concernant les différents concepts (voir par exemple la page 59 du rapport qui concerne le MRP).

Quant à la prémisse (3), nous en avons déjà discuté : propos trivial et sans fondement (voir ci-dessus).

Regardons maintenant la conclusion et observons dans quelle mesure les prémisses la justifie.

Prémisse (1) À propos des revues de littérature déjà réalisées sur le sujet et sur l’intérêt d’en réaliser de nouvelles nous l’avons expliqué dans le rapport en deux endroits. Pour la revue sur la reproductibilité nous avons écrit ceci : 

« Nous constatons que ces trois revues convergent toutes sur le défaut de preuve de la reproductibilité intra et inter-observateurs des tests et procédures diagnostiques issus de l’ostéopathie crânienne. Cependant, nous allons pousser plus loin notre enquête car :

1) de nouvelle études ont été publiées depuis les travaux de Green et al. et Hartman & Norton ;

2) nous avons recensé dans notre recherche systématique un document que le travail de Fadipe et al. n’incluait pas;

3) il n’existe pas de travail similaire au nôtre en français ;

4) enfin, il en va de notre légitimité que de réaliser sa propre analyse, la plus attentive possible. »

Pour la revue sur l’efficacité nous précisons : 

« Nous observons que ces quatre revues convergent toutes vers un défaut de preuve de l’efficacité des techniques et stratégies thérapeutiques issues de l’ostéopathie crânienne. En dépit de cette convergence, nous avons tout de même fait notre propre investigation pour des motifs similaires à ceux évoqués lors de notre revue sur la reproductibilité des procédures diagnostiques. »

Nous constatons qu’il est nécessaire d’apporter quelques précisions supplémentaires pour la revue sur l’efficacité : 

(a) depuis la parution des revues les plus récentes en 2012 (les revues de Jäkel et Von Hauenschild et celle de Ernst de 2012), il y a eu 5 nouvelles publications ; 

(b) ces revues n’ont pas les mêmes critères d’inclusion et de non-inclusion que la nôtre. La conséquence est que notre revue ne comporte en commun avec ces revues que 3, 3 et 4 publications respectivement (sur les 8 publications que nous avons analysées hors celles publiées après 2012).

Pour conclure sur cette articulation prémisse (1) / conclusion (B), encore une fois ici vous faites une critique à laquelle nous avons déjà donné des éléments de réponse . Nous faisons l’hypothèse que ces passages vous ont échappés.

Prémisse (2) – « […] la remise en question du concept existe depuis longtemps et a toujours cours. »

D’expérience, nous savons malheureusement que même quand la critique d’un concept est ancienne elle gagne toujours à être réactualisée et maintenue (l’astrologie, la chiromancie pour ne prendre que des exemples « faciles », la psychanalyse freudienne pour prendre un exemple plus complexe, etc.).

Prémisse (3) – « […] parfois, les outils d’évaluation choisis et modifiés peuvent être discutables. »

Nous y sommes déjà venu. Dans votre commentaire, c’est un propos trivial et sans fondement qui ne peut justifier en rien la conclusion de votre argument.

En résumé, nous dirons encore une fois que c’est une chose de dire que quelque chose est discutable mais que s’en est une autre de la discuter sérieusement. L’analyse de vos arguments démontre que ceci n’est, hélas, pas le cas.

3. Concernant la phrase « Les critères de qualité n’étant pas mentionnés, nous ne pouvons exclure un tri sélectif, volontaire ou non des données », nous avons écrit dans notre publication (page 166 du JAOA) :
Descriptive statistics. Twelve subjects participated in the study. Of these, 11 provided high-quality data for analysis. For subject 12, the signal-to-noise ratio observed in the laser-Doppler (time-domain) output was too low for precise quantitative measurement. However, the Fourier transform (frequency-domain) record of subject 12 included all of the features observed for the other 11 subjects.
(Statistiques descriptives. Douze sujets ont participé à l’étude. Parmi ceux-ci, 11 ont fourni des données exploitables pour l’analyse. Pour le douzième, le rapport signal-bruit observé dans la production du laser-Doppler (domaine-temps) était trop bas pour une mesure quantitative précise. Pour autant, la transformation Fourier de l’enregistrement du sujet 12 contenait toutes les caractéristiques observées chez les autres onze sujets).
Les auteurs du rapport n’ont-ils pas compris cette partie ?
S’ils ne comprennent pas le rapport signal-bruit, nous les renvoyons à notre chapitre “Physiological Rhythms/Oscillations”, page 182, paragraphe « additional observations » et fig 11-18. Ils y trouveront l’interprétation du rapport signal-bruit dans nos travaux.
(“Physiological Rhythms/Oscillations”, Glonek, Sergueef, Nelson. chapt. 11. In: Chila A, ed., Foundations of Osteopathic Medicine. Baltimore, MD: Lippincott, Williams & Wilkins; 2011;162-190.) (Courrier de Nicette Sergueef, Kenneth E Nelson, Thomas Glonek adressé au CNOMK et mis en ligne sur osteopathie-france.net.)

Merci de vous préoccuper de notre compréhension du rapport signal-bruit. Cette publication devrait en tout état de cause délivrer tous les éléments permettant de comprendre et d’analyser la méthode suivie. Toutefois, notre remarque concernant l’absence de mention des critères de qualité s’appliquait en cas d’exclusion de sujets évalués, ce qui n’est pas le cas (voir infra).

Dans une seconde partie, les auteurs ont étudié les articles parlant de la fréquence du rythme crânien et la restriction de mobilité des os du crâne. Selon eux, on ne retrouve pas de reproductibilité inter et intra observateur sur le plan scientifique à ce sujet (exclusion des études ayant des résultats positifs pour un risque de biais important). Dans une dernière partie, les scientifiques ont évalué 12 études sur l’efficacité thérapeutique des techniques crâniennes. Ils en ont exclu 10 présentant des résultats positifs pour risques de biais élevé. 2 études sérieuses ont été conservés. Une concerne les syndromes douloureux pelviens de la femme enceinte (Elden et al 2013. Acta obstetricia et gynecologica Scandinavia). Les résultats positifs de cette étude sont modérés par les auteurs qui encouragent la poursuite des recherches en ce sens. (Ostéopathes Plus)

[Autre citation] Les études référencées ayant un risque de biais élevé ont été analysées de manière bien différentes tout au long de ce rapport. Elles ont été qualifiées de non sérieuses et employées pour remettre en cause l’ostéopathie crânienne (ex : concept de la mobilité suturale) Ou alors elles ont été purement exclues des résultats lorsqu’elles étaient favorables à l’ostéopathie crânienne. (ex: le chapitre sur l’efficacité thérapeutique de l’ostéopathie crânienne). (Ostéopathes Plus)

Nous pensons que votre problème vient du terme « exclusion », nous entendons « exclusion avec critères », en l’occurrence une méthodologie bien construire. Par ailleurs, il est inexact de dire que les études présentant un risque de biais élevé ont été exclues. Ceci n’est méthodologiquement pas possible dans la mesure ou l’évaluation du risque de biais des études survient après et non avant l’application des critères d’inclusion et de non-inclusion.

[…] MAIS… « en science on publie plus facilement les résultats positifs que ceux négatifs » il s’agit d’un biais de publication. « Il faut donc considérer la proportion des études positives par rapport aux négatives » ils utilisent également le principe de symétrie « si un très petit nombre d’études existe avec des résultats positifs il existe également un petit nombre d’études avec résultat négatif, cela doit nous encourager à ne rien conclure de favorable à travers ces études. » (Ostéopathes Plus)

Cela fait plusieurs fois que vous faites de fausses citations de nous. Nous vous serions reconnaissant d’utiliser des citations réelles pour alimenter la discussion.

À aucun moment l’avis d’un organisme de formation en ostéopathie agréé ou formateur écrivant des livres de références actuelles en ostéopathie crânienne n’a été consulté (Tricot, Boudehen, Gehin etc.). (Ostéopathes Plus)

La seule façon permettant à un organisme de formation ou une quelconque personne de nous aider eut été de nous fournir des comptes-rendus de travaux expérimentaux. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour récolter un maximum de ces compte-rendus. Pour mémoire, nous avons contacté :

  • L’Upledger Institute Belgium
  • L’Upledger Institute International
  • La Biodynamic Craniosacral Therapy Association of North America
  • La Sutherland Cranial Teaching Foundation
  • La Sutherland Cranial Academy of Belgium
  • La Société Française d’Ostéopathie
  • Association Française de Thérapie Cranio-Sacrale
  • La Société Suisse de Thérapie Cranio-sacrale
  • Le Collège d’Ostéopathie Sutherland Atlantique
  • La Société Européenne de Recherche en Ostéopathie Périnatale et Pédiatrique
  • Le Collectif de Développement de l’Ostéopathie Périnatale
  • L’Académie d’Ostéopathie de France
  • L’Académie Sutherland d’Ostéopathie du Québec
  • L’European Federation of Osteopaths
  • Le Forum for Osteopathic Regulation in Europe
  • L’Osteopathic Cranial Academy

Aucune de ces organisations ne nous a fourni de référence que nous n’ayons pas trouvée par d’autres moyens. Il est certes toujours possible que nous soyons passés à côté de travaux importants mais le problème reste le même : où sont-ils ? Montrez-nous ces fameuses études essentielles et fantomatiques à côté desquelles nous aurions pu passer. La charge de la preuve incombant à celui qui prétend, ce n’est théoriquement pas à nous, mais aux auteurs dont vous parler de fournir matière à leur discipline, et cela ne devrait pas être à nous de parcourir la Terre entière à la recherche de la potentielle publication en wano ou en espéranto que nous aurions pu manquer.

4. Les questions sur nos sources

Ailleurs, il est fait référence à un projet de loi sur l’ostéopathie initié par le professeur Debré, projet de loi particulièrement contesté à l’époque et qui n’a jamais été discuté à l’Assemblée nationale et encore moins en commission. Pourquoi les auteurs font-ils référence à ce projet Debré, qui n’a ni queue ni tête ? (6): « Pour un rappel historique de l’évolution du cadre législatif de l’ostéopathie, nous renvoyons à la proposition de loi portant sur la création d’un Haut Conseil de l’ostéopathie et de la chiropraxie enregistrée à la Présidence de l’Assemblée nationale le 21 septembre 2011 (dite proposition de loi Debré). Elle rappelle notamment que jusqu’en 2002, « l’exercice de l’ostéopathie et de la chiropraxie était réservé aux seuls médecins, toute autre personne pratiquant ces disciplines relevait de l’exercice illégal de la médecine » (p. 52-53 du Rapport). (Jean-Louis Boutin sur le Site de l’Ostéopathie)

Il vous revient d’expliquer en quoi ce projet n’a « ni queue ni tête ». Comme nous l’avons précisé dans le texte que vous citez, nous avons fait référence à ce projet de loi car il décrit l’historique de l’évolution du cadre législatif de l’ostéopathie. Sur ce point précis il s’avère tout à fait pertinent.

Mais pourquoi n’ont-ils pas noté dans leur rapport que les manipulations dites d’ostéopathie et de chiropraxie ne sont devenues réservées qu’aux seuls médecins par un arrêté du 6 janvier 1962 :

« Article 2 : Ne peuvent être pratiqués que par les docteurs en médecine, conformément à l’article L. 372 (1°) du code de la santé publique, les actes médicaux suivants : 1° Toute mobilisation forcée des articulations et toute réduction de déplacement osseux, ainsi que toutes manipulations vertébrales, et, d’une façon générale, tous les traitements dits d’ostéopathie, de spondylothérapie (ou vertébrothérapie) et de chiropraxie. Arrêté du 6 janvier 1962 fixant liste des actes médicaux ne pouvant être pratiqués que par des médecins ou pouvant être pratiqués également par des auxiliaires médicaux ou par des directeurs de laboratoires d’analyses médicales non médecins. » (Jean-Louis Boutin sur le Site de l’Ostéopathie)

Nous vous remercions pour votre complément à la partie législative du rapport. Nous n’avons effectivement pas été exhaustif sur la législation au sujet de l’ostéopathie car cela nous éloignait de notre sujet de départ, la validité scientifique et l’efficacité thérapeutique de l’ostéopathie crânienne. Nous avons donc préféré renvoyer à un document synthétique, cf. réponse ci-dessus.

5. Les (fausses) erreurs relevées

Un exemple : la critique des travaux de Jean-Claude Herniou, du moins le résumé qui en est fait va totalement à l’encontre de ce que j’ai lu de son article publié sur le Site de l’Ostéopathie par mes soins : « Le mécanisme respiratoire primaire n’existe pas ». Son étude sur le mouton cherchait : « à évaluer et à comparer la mobilité de la suture et de l’os frontal du mouton soumis à faible contrainte (p.99 du rapport). Or de cette étude, il en est ressorti pour Herniou que le MRP n’existait pas ! En effet, dans l’interview qu’il donne à la revue Æsculape (2) Herniou précise parfaitement ceci: « Depuis 1987, j’ai la preuve que le liquide céphalo-rachidien (LCR), très cher à mes confrères ostéopathes, n’est pas le moteur de la mobilité crânienne. Le LCR n’est le moteur de rien du tout. Et, plus important encore, j’ai la preuve que le « mécanisme respiratoire primaire », tel qu’il est habituellement décrit en Ostéopathie, n’existe pas. Quand je lis ce qui est écrit à ce niveau je suis, pour le moins, perplexe !… Il me semble que de nombreux auteurs, par culte de Sutherland, perpétuent une erreur grossière. Cette idée bien explicable pour l’époque est aujourd’hui totalement obsolète. À mon avis, elle décrédibilise l’ostéopathie. » Fallait-il donc tout cela pour démontrer ce qui est déjà démontré ? (Jean-Louis Boutin sur le Site de l’Ostéopathie)

Nous écrivons page 59 que « D’autres ostéopathes crâniens, certes isolés comme l’ostéopathe français Jean Claude Herniou, contestent l’existence-même du MRP. ». Le résumé et l’analyse de son étude sont insérés dans la partie relative à la mobilité des os du crâne et non à l’existence du MRP. Donc il n’y a pas de contradiction entre ce que vous dites et ce que nous avons rédigé.

En ce qui concerne votre question : « Fallait-il donc tout cela pour démontrer ce qui est déjà démontré ? », nous ne prétendons pas avoir démontré que le MRP n’existait pas (On ne peut pas démontrer l’inexistence d’un phénomène, grande injustice épistémologique), mais démontré qu’il n’y a aucune preuve de l’existence du MRP, ce qui est différent. Ensuite, rappelons-le, nous n’avons pas fait cela uniquement pour le présumé phénomène « MRP » mais aussi pour la mobilité des os du crâne, la mobilité involontaire des articulations sacro-iliaques, le rôle des membranes de tension réciproque, le souffle de vie et enfin la reproductibilité des procédures diagnostiques de l’ostéopathie crânienne ainsi que l’efficacité de ses techniques thérapeutiques. En outre, vous conviendrez que d’un point de vue scientifique, si nous nous étions contentés au sujet du MRP de renvoyer aux travaux de Herniou, il est assuré que certains de vos confrères-sœurs auraient trouvé cela quelque peu insatisfaisant, et entre nous ils ou elles auraient eu raison.

Bien que le concept d’ostéopathie crânienne soit fort bien exposé dans ces pages, les auteurs ont du mal – il faut les comprendre – pour bien analyser ce qu’est le MRP et ce qu’est l’IRC ou l’impulsion rythmique crânienne (4) au point, semble-t-il, parfois de les confondre : « Le fait de percevoir un phénomène rythmique et de pouvoir caractériser sa fréquence ne permet pas de conclure quant à l’existence du phénomène rythmique, encore moins quant à l’existence d’un MRP ou IRC. » (p.73 du Rapport).(Jean-Louis Boutin sur le Site de l’Ostéopathie)

Effectivement, il est difficile de s’y retrouver dans ces dénominations tant elles varient selon les auteur.e.s et les époques. Cependant, nous avions bien précisé page 59 du rapport les liens et confusions possibles entre MRP et IRC : « Lorsqu’il s’agit de quantifier ce qui s’apparente au MRP, une majorité d’ostéopathes emploient le terme d’impulsion rythmique crânienne (IRC). En fait, la nomenclature employée est très diverse pour qualifier ce mouvement qui en théorie parcourt le crâne et probablement le corps. Pour certains ostéopathes, IRC et MRP sont sensiblement la même chose, l’IRC étant la manifestation du MRP, mais il existe des voix divergentes. »

S’il existe des certitudes en ostéopathie crânienne, c’est celle du sens que les ostéopathes donnent à l’abréviation MRP et notamment au « M » : c’est un mécanisme et non un mouvement. Même si cela est faux, au sens où le mécanisme n’est pas démontré scientifiquement, le MRP est et reste un mécanisme et en tant que tel il est impossible de soutenir que c’est un phénomène rythmique que l’on pourrait palper… (Jean-Louis Boutin sur le Site de l’Ostéopathie)

Certes, nous lisons et entendons souvent « mécanisme » plutôt que « mouvement » pour le M du MRP, mais les deux appellations co-existent. Une recherche avec Google books l’illustre : « mouvement respiratoire primaire » donne 90 occurrences contre 194 pour « mécanisme respiratoire primaire ». La certitude du sens du « M » de « MRP » pour les ostéopathes n’en est donc pas une. Comme nous l’avons rappelé plus haut, il est très difficile de s’y retrouver dans le fouillis des nomenclatures ostéopathiques, entretenu par les ostéopathes eux et elles-mêmes. Quant au fait que : « il est impossible de soutenir que c’est un phénomène rythmique que l’on pourrait palper… », c’est pourtant ce que font de nombreux et nombreuses ostéopathes, à l’image de celles et ceux que nous citons dans la partie relatant les études ayant essayé de mettre en évidence ce phénomène rythmique supposé.

Et plus loin encore : « Il est important de préciser que dans cette étude [Frymann 1971] n’est pas évoqué un mouvement des os du crâne entre eux, mais un mouvement crânien global, de type MRP ou IRC » (p.93 du Rapport). Le MRP pas plus que l’IRC ne sont des mouvements globaux. Le MRP est un essai d’explication donné par Sutherland, une sorte de formalisation explicative, d’hypothèse liée à la palpation qu’avait Sutherland, mais n’a jamais été donné par son créateur comme une vérité scientifique absolue. (Jean-Louis Boutin sur le Site de l’Ostéopathie)

Il s’agit de votre interprétation des écrits de Sutherland. D’autres explicitent les choses autrement. Nous avons préféré ne pas qualifier le MRP de « vérité scientifique absolue », pas plus que de « formalisation explicative ».

Ce sont ses élèves qui en ont fait une théorie qui se voudrait scientifique pour essayer d’expliquer ce que ressent un ostéopathe quand il met les mains sur le crâne. Le Dr Dominique Bonneau a essayé d’éclairer ce phénomène de palpation dans un article publié dans la revue de Médecine Manuelle Ostéopathie (5). Mais le fait d’avoir voulu en faire une théorie scientifique pure et dure a amené les ostéopathes crâniens à s’enfermer dans une conception qui ne devrait plus avoir cours, même si leur palpation pourrait avoir un sens… (Jean-Louis Boutin sur le Site de l’Ostéopathie)

Là encore, il s’agit de votre interprétation et de votre compréhension de l’histoire de l’ostéopathie. Peut-être est-ce une discussion qu’il faudrait avoir entre ostéopathes pour fixer clairement les terminologies employées ? Les choses en seraient grandement facilitées.

Une autre imprécision surprenante pour des scientifiques, c’est d’associer le new âge avec la Société de théosophie : « … Passé par la Société théosophique de Helena Blavatsky, association ésotérico new-ageuse empruntant nombre de ses concepts à l’Hindouisme, à l’occultisme et à l’astrologie, Steiner fonda ensuite la Société anthroposophique… » (p.136 du Rapport). Je reste confondu devant cette assimilation, non pas que je sois un adepte de la Société théosophique, mais parce que je me suis posé la question de la date de création de cette société. Si on en croit Wikipédia, la Société théosophique a été « fondée à New York le 17 novembre 1875, par Helena Petrovna Blavatsky, ainsi que par le Colonel Henry Steel Olcott et William Quan Judge ». Mais qu’allait donc faire le new âge en cette affaire même si ses adeptes ont cherché dans les écrits anciens des références et des appuis ? (Jean-Louis Boutin sur le Site de l’Ostéopathie)

Nous nous faisons fort de ne pas vous laisser trop longtemps confondu : le New Age, avec un petit R marque déposée, comme courant étiqueté comme tel, n’existe pas vraiment : il est généralement présenté comme le fuit des « travaux » de Ferguson, années 1970, sur l’aquarian conspiracy, on est d’accord., mais ses racines, ainsi que le concept d’un nouvel âge à venir, viennent du XIXe, de la convergence entre la société anthroposophique, les courants type Lebensreform, retour à la Nature avec des gens comme Adolf Just, la Naturphilosophie dans ses différentes formes, etc. avec des soupçons de millénarisme, de maîtres ascensionnés pris à l’hindouisme et de retour du Christ-roi d’Alice Bailey – on est dans les années 20 à ce moment-là. Mais le New Age est tellement éclectique qu’on pourrait -certains auteurs le font – remonter à Swedenborg. Donc nous sommes raccord avec un bon nombre d’historiens en faisant naître la mouvance New Age dans le brouet spiritualiste de la fin du XIXe. En 1864 par exemple, le très swedenborgien Warren Felt Evans publia The New Age and its Message, ; en 1907 Alfred Orage and Holbrook Jackson firent paraître un hebdo mélange de socialisme et de libéralisme chrétien intitulé The New Age. Ensuite, il y aura Disciplineship in the New Age (1944) and Education in the New Age (1954), d’Alice Bailey.

Donc oui, le New age a des racines très profondes, et l’anthroposophie n’en fut pas l’une des moindres.. Pour cette filiation, vous pouvez lire en anglais Sarah M. Pike, New Age and Neopagan Religions in America. Columbia University Press, ou Sutcliffe, Steven J. Children of the New Age: A History of Spiritual Practices. London and New York: Routledge (2003) ainsi qu’en français Marhic et Besnier, le New age, son histoire ses pratiques ses arnaques, Castor Astral 1998.

6. Les (vraies) erreurs relevées

Concernant le côté du résumé du cadre législatif, il y a un petit problème avec ce paragraphe
C.3 Pratique
Les ostéopathes n’ont pas le droit de pratiquer un certain nombre d’actes s’ils ne sont pas « soumis à diagnostic médical préalable de non contre-indication ». Parmi ces actes, on note les « manipulations du crâne ».
Rapport CORTECS, p53
Or, dans les décrets qui auraient pu être cités en entier, il était fait mention d’un élément supplémentaire qui change le champ d’application de la restriction de prise en charge. Premièrement ça ne rajoutait pas beaucoup plus de lignes et surtout, deuxièmement, ça évitait une erreur factuelle:

Article 3
(…)
Décrets du 27 mars 2007
On voit que cette restriction concerne la prise en charge des nourrissons. Il existe donc un risque de confusion. (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Vous avez raison, il aurait fallu préciser que cette contre-indication s’appliquait uniquement pour la prise en charge des nourrissons. Nous nous sommes nous aussi rendus compte de cette imprécision hélas peu de temps après le rendu du rapport. Nous sommes ravis que vous l’ayez pointé du doigt. Même si cette erreur ne change rien aux conclusions, nous ferons un addendum au rapport en vous remerciant.

« Cette analyse repose sur l’utilisation d’une grille d’analyse QUAREL (qui en fait s’écrit correctement QAREL). » (nous surlignons). (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Exact ! Coquille qui s’est subrepticement insinuée puis répliquée dans l’intégralité du document. Nous avons probablement fondu QUAREL, quarrel en anglais (la querelle ou dispute oratoire), et peut être même squirrel, l’écureuil. Merci pour cette remarque.

Suite à la lecture du rapport sur l’ostéopathie crânienne rédigé par le Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique et sciences (Cortecs), en date du 26 janvier 2016, à la demande du Conseil National de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes, nous voudrions apporter quelques remarques.

Dans ce rapport, nous nous sommes particulièrement intéressés à la revue des publications que nous avons réalisées au Chicago College of Osteopathic Medicine, Midwestern University, Downers Grove, Il, USA. (Nelson KE, Sergueef N, Glonek T).

1. Page 69 du rapport du Cortecs, les auteurs évaluent notre étude : « Cranial rhythmic impulse related to the Traube-Hering-Mayer oscillation: Comparing laser-Doppler flowmetry and palpation”. Nelson, Sergueef, Lipinski, Chapman, Glonek. JAOA March 2001:163-73.
Ils écrivent : « Pour se faire, l’oscillation de THM était mesurée chez 20 sujets en bonne santé par le biais d’une sonde Doppler positionnée sur le lobe de l’oreille gauche de chaque sujet ».
Page 70 : « En analysant cette publication, on sera étonné que seulement 12 sujets sur les 20 initiaux font l’objet d’un traitement statistique, du fait de la mauvaise qualité d’acquisition des autres enregistrements, selon les auteurs. Les critères de qualité n’étant pas mentionnés, nous ne pouvons exclure un tri sélectif, volontaire ou non des données ».

2. En fait, dans cette étude, nous avons mesuré l’oscillation de THM chez 12 sujets, et non 20 comme l’auteur de ce rapport le mentionne. Il est donc évident que nous ne pouvions traiter les données statistiques de 20 personnes. On peut lire dans notre publication (page 163 du JAOA) : « Twelve healthy subjects over 18 years of age (6 males; 6 females, none pregnant) were recruited from the faculty and students of the Chicago College of Osteopathic Medicine ».
(Douze sujets en bonne santé, de plus de 18 ans (6 hommes, 6 femmes, aucune enceinte)ont été recrutés parmi les professeurs et les étudiants du Collège de Médecine Ostéopathique Chicago) (Courrier de Nicette Sergueef, Kenneth E Nelson, Thomas Glonek adressé au CNOMK et mis en ligne sur osteopathie-france.net.)

Nous vous remercions d’avoir relevé cette coquille qui s’est subrepticement glissée dans le rapport et a ensuite échappé à notre vigilance lors des relectures. Effectivement, il s’agit d’une erreur factuelle importante de notre part – probablement une confusion twelve / twenty. Nous vous remercions de nous l’indiquer, et déplorons vivement notre erreur. Les données ont pu être recueillies de manière satisfaisante pour 11 sujets sur les 12 inclus dans l’étude, et non 20.
Précisons cependant que, vous en conviendrez que, cela ne remet pas en cause nos remarques ultérieures concernant les limites intrinsèques de l’étude. Nous écrivions :

« En outre, compte tenu du faible nombre de sujets analysés l’analyse statistique se révèle insuffisamment détaillée pour conclure à sa validité. Enfin, notons que quand bien même il y eut coïncidence entre les deux ondes, il faudrait plus de contrôles dans la méthodologie utilisée pour que l’onde palpée puisse effectivement être reliée au MRP. »

4. Les auteurs du rapport décrivent ainsi la prise utilisée par le praticien … »L’examinateur presse légèrement de dehors en dedans, de manière à provoquer une rotation externe des deux os pariétaux ». Il s’agit d’une extrapolation, car nous avons écrit : « the examiner, at the head of the table, palpated the CRI using light touch with the hands in a biparietal-hold position » (le praticien à la tête de la table, palpait l’IRC avec un toucher léger et une prise bipariétale). La prise bipariétale n’implique pas une induction de mouvement. (Courrier de Nicette Sergueef, Kenneth E Nelson, Thomas Glonek adressé au CNOMK et mis en ligne sur osteopathie-france.net.)

Merci d’apporter plus de précisions concernant les modalités des techniques appliquées qui ont pu nous échapper.

5. L’étude référencée en bas de la page 72, n’a rien à voir avec les remarques qui sont faites dans ce paragraphe. (Courrier de Nicette Sergueef, Kenneth E Nelson, Thomas Glonek adressé au CNOMK et mis en ligne sur osteopathie-france.net.)

Vous relevez aussi une erreur de notre part de référencement. L’étude correspondant à l’analyse figurant en p72 est celle-ci : Sergueff N., Nelson K. E., Glonek T., The effect of cranial manipulation upon the Traube-Hering-Mayer oscillation as measured by Laser-Doppler flowmetry, Alternative Therapies. (2002) Nov/Dec ; 8(6) que l’on retrouve citée en page 267 et 285.

Nous sommes heureux que les auteurs aient pris le temps d’examiner notre travail, mais déçus par la fausse représentation qu’ils en ont faite. Les auteurs n’ont manifestement pas lu notre étude attentivement, et leurs conclusions ne peuvent être validées par le fait des erreurs d’interprétation qu’ils ont faites. (Courrier de Nicette Sergueef, Kenneth E Nelson, Thomas Glonek adressé au CNOMK et mis en ligne sur osteopathie-france.net.)

Nous partageons sincèrement votre déception concernant les erreurs que nous avons commises concernant cette publication. Cependant, nos conclusions ne nous semblent pas affectées par ces erreurs, comme nous l’avons précisé précédemment lorsque nous avons rappelé les autres limites intrinsèques de cette dernière.

Il reste à dire quelques mots de l’orthographe. Je suppose que le clavier n’avait pas toujours les accents français car de très nombreuses fois nous trouvons ou au lieu de ce qui perturbe momentanément la lecture. Et que dire alors de cette confusion de verbe : « Nous considérons que l’expérience minimale est le fait d’avoir terminé une formation spécifique à la pratique. Il nous semble en effet indispensable, en tant que patients, de ne pas devoir attendre qu’un praticien est (sic au lieu de ait) plusieurs années d’expérience pour pouvoir fonder ces choix thérapeutiques sur des examens reproductibles » (p.158 du Rapport). Finalement c’est bien peu de choses, et je me suis même posé la question de savoir : fallait-il le signaler ? (Jean-Louis Boutin sur le Site de l’Ostéopathie)

Question qui ressemble à une prétérition, puisque finalement vous avez choisi de le faire. On pourrait dire trois choses sur ce point : primo, c’est un angle de critique assez pauvre, vous en conviendrez. Secundo, sans relecteur professionnel à rémunérer, c’est impossible sur un aussi long travail de relever toutes les coquilles. Enfin, dernier point, il y a une façon plus élégante de nous aider : au lieu d’exposer en public en les citant nos fautes d’orthographe, ce qui manque un peu de… style… Vous auriez pu les noter, nous les envoyer, et nous permettre de remettre en ligne une version expurgée, avec nos remerciements et l’impression d’une collaboration, pas d’un tir au pigeon.

7. Les extrapolations

A l’aide de la littérature, ils concluent : […] – la circulation du LCR est admise mais il n’existe aucune preuve de lien de cause à effet entre fluctuation du LCR et mobilité du crâne ; […] (Ostéopathes Plus)

Vous nous amenez ici hors de notre sujet. La question d’un lien entre fluctuation du LCR et mobilité du crâne n’est abordée nulle part dans notre travail et pour cause : aucune donnée expérimentale consistante pour soutenir l’hypothèse d’une mobilité des os du crâne entre eux n’a été découverte.

[…] – aucune étude au sujet des membranes de tensions réciproques et toujours ce même raisonnement « vu qu’on a montré que le MRP n’est pas démontrable, il n’est pas soutenable de lier les membranes de tensions réciproques à la mobilité crânienne ». (Ostéopathes Plus)

Notre citation exacte est substantiellement différente de celle que vous rapportez. La voici :

« Le concept de MRP n’étant pas lui non plus démontré, il n’est pas soutenable de penser que les membranes de tension réciproque jouent un rôle dans la mobilité des os du crâne et de la face (elle non plus infondée scientifiquement) ou dans la mobilité involontaire du sacrum (idem). » (page 132)

En fait, l’imbroglio est un peu de notre faute car faire apparaître le MRP ici était dilatoire. S’il nous appartenait de changer notre phrase, nous mettrions : « Il n’est pas soutenable de penser que les membranes de tension réciproque jouent un rôle dans la mobilité des os du crâne ou dans la mobilité involontaire du sacrum dans la mesure où ces deux types de mobilité ne sont pas démontrées. »

Le dernier article étudie les techniques crâniennes sur les cervicalgies chroniques. Les auteurs reconnaissent l’efficacité de l’ostéopathie crânienne dans ce cadre […] (Ostéopathes Plus)

Vous allez vite en besogne ! Nous vous encourageons à nous relire : ce que nous reconnaissons, c’est la valeur de l’étude de Haller et al. en tant que données expérimentales pour soutenir l’efficacité de l’ostéopathie crânienne dans le cadre des cervicalgies chroniques. Ceci n’est pas la même chose que de dire que nous reconnaissons l’efficacité de l’ostéopathie crânienne dans ce cadre. Pour cela, il nous faudrait plusieurs études épurées des biais méthodologiques présents dans l’étude de Haller et al. En gros, ostéopathes, retroussez vos manches !

8. Les redites

Rappelons également que Sutherland s’est largement servi des écrits de Swedenborg (1688-1772) pour inventer son MRP. Et quitte à être iconoclaste, Sutherland a simplement rajouté le mouvement des os du crâne et celui du sacrum entre les iliaques à la théorie de Swedenborg exposé dans son livre « The Brain ». (Jean-Louis Boutin sur le Site de l’Ostéopathie)

Oui, nous évoquons cela page 17 du rapport : « Swedenborg est un philosophe et théologien suédois du XVIIIe siècle. Deux travaux d’ostéopathes ont suggéré que Sutherland connaissait les idées de Swedenborg concernant la physiologie et l’anatomie cérébrale et crânienne et s’en est inspiré pour élaborer son modèle du mécanisme respiratoire primaire. Jordan T., Swedenborg’s influence on Sutherland’s ‘Primary Respiratory Mechanism’ model in cranial osteopathy, International Journal of Osteopathic Medicine.(2009) Sept ; 12(3):100–105, et Fuller D.D., A Comparison of Swedenborg’s and Sutherland’s Descriptions of Brain, Dural Membrane and Cranial Bone Motion, The new philosophy. (2008) Oct–Dec ; 619-650. » Swedenborg apparaît même dans notre tableau page 46 où nous faisons la synthèse des principaux concepts et pratiques associées, développés par Sutherland et ses continuateurs.

9. Les questions concernant l’intérêt du rapport

D’où ma question sur ce rapport, où est la surprise? Il n’y a rien d’étonnant sur les résultats, il y a seulement 79 publications sur pubmed dont la majorité date d’avant 2000. Comment le niveau de preuve aurait pu changer du tout au tout avec si peu d’études récentes? Y avait-il vraiment besoin d’un rapport pour nous faire l’historique incomplet du concept et nous livrer des conclusions que des revues de littérature datant de 2012 et 1999 nous avait déjà apprises (quasi-absence de preuves, manque de reproductibilité de tests, besoin de recherche)? (Laurent Marc, Rapport de Cortecs sur l’ostéopathie cranienne : où est la surprise?)

Votre dernier paragraphe nécessite quelques réponses.

1) Personne (et certainement pas le CorteX) n’avait promis de surprise ou quelque chose d’étonnant. Nous ne sommes pas des producteurs de sensationnel.

2) Vous dites :

« […] seulement 79 publications sur pubmed dont la majorité date d’avant 2000. Comment le niveau de preuve aurait pu changer du tout au tout avec si peu d’études récentes? »

Cinq nouvelles publications sont parues depuis les dernières revues de 2012. Libre à vous de juger que cela fait peu. En attendant, pour des raisons redondantes, nous ne pouvions pas nous contenter de citer les revues existantes en ignorant les publications récentes sous prétexte qu’il y en avait peu. Et bien nous en a pris car les études présentant les plus faibles risques de biais font partie des études récentes.

3) Concernant les revues de littérature, nous en avons déjà discuté.

4) Vous jugez l’historique incomplet ? Voir nos réponses précédentes. Nous estimons qu’aucun des auteurs et concept que vous avez évoqués ne peuvent être cités (aujourd’hui en tout cas) dans un historique spécifique de l’ostéopathie crânienne. Et il est très probable qu’ad nauseam, quand bien même nous aurions eu la chance de citer vos auteurs, seraient venus d’autres professionnels nous notifiant d’avoir manqué tel ou tel nom. Sans vouloir être cinglant : peut être n’y avait-il pas besoin d’un rapport comme le nôtre, certes. Mais posons le problème autrement : comment se fait-il que sans réelle avancée majeure de la discipline en dépit des rapports précédents, les ostéopathes crâniens dans leur majorité ont continué à professer, sans tressaillir, sans faire des « assises » urgentes de leur discipline ? Comment se fait-il qu’il n’y ait pas eu urgence dans votre profession, devant un « bazar » épistémologique et scientifique pareil ? C’est cette question à laquelle il faudrait répondre.

L’équipe du rapport

Plus d’un an après la mise en ligne de notre rapport, des réactions nouvelles surviennent encore. Voici la dernière en date d’Eric Goyenvalle : ici et notre réponse ici. Cette réponse sera la dernière de notre part, notre temps étant hélas limité. Dorénavant, nous répondrons uniquement aux critiques qui, en apportant des éléments nouveaux (nouvelles études expérimentales ou études que nous aurions pu manquer) mettraient en cause nos conclusions concernant l’efficacité ou la validité de l’ostéopathie crânienne.

Mémoire de Master : intégration et évaluation des médecines alternatives et complémentaires

Albin Guillaud a réalisé en 2015-2016 le Master 2 d’Histoire, philosophie et sociologie des sciences de l’UGA (ici). Dans le cadre de son mémoire intitulé « Doit-on intégrer les « médecines alternatives » dans les systèmes de santé ? Éléments d’analyse générale, cas de la recherche clinique », il s’est intéressé à la question de l’intégration des médecines alternatives et complémentaires (MAC) au système de santé et plus précisément à la problématique de leur évaluation : doit-on évaluer toutes les médecines alternatives et complémentaires ? Aucune ? Certaines ? Le cas échéant, selon quels critères ? Quels sont les arguments avancés, notamment par l’Organisation mondiale de la santé, pour recommander l’intégration de ces médecines ? Ces arguments sont-ils rigoureux ? Autant de questions abordées dans ce travail qui permet de dépasser le débat stérile « pour » ou « contre » les MAC.

Résumé du mémoire d’Albin co-encadré par Nicolas Pinsault et Stéphanie Ruphy.

Les « médecines alternatives et complémentaires » (MAC) ont le vent en poupe à tel point que des institutions comme l’Organisation mondiale de la santé souhaiteraient que les États intègrent celles-ci à leur système de santé. On appelle un tel projet politique la « médecine intégrative ». Un tel projet est-il éthiquement justifiable ? L’identification et l’analyse d’une partie des arguments de l’OMS dans son dernier document stratégique ont permis de mettre en évidence la faiblesse et l’imprécision de son argumentaire, et l’importance de procéder à des clarifications et analyses des concepts de « médecine alternative et complémentaire », de « médecine » et de « médecine intégrative ». Ce travail a permis de dégager une multitude de sous-questions. Parmi ces dernières, nous avons choisi de traiter du problème de la justification à entreprendre des essais cliniques pour évaluer l’efficacité thérapeutique des MAC. Nous avons soutenu qu’il n’existait pas d’argument irréfutable d’un côté comme de l’autre et que la décision d’entreprendre ou non un essai clinique pour une MAC impliquait un choix politique. Dans la perspective d’un tel choix, un ensemble de treize critères a été proposé et illustré par une étude de cas de la MAC « ostéopathie crânienne ». Cette analyse de cas nous a permis d’apporter un éclairage sur les difficultés que rencontrerait un éventuel promoteur d’essai clinique portant sur l’ostéopathie crânienne pour justifier son souhait de réaliser une telle étude. D’une manière plus générale, notre travail démontre qu’un projet global de médecine intégrative qui ne précise pas les niveaux auxquels il compte opérer (pratique clinique, recherche clinique, etc.) n’est pas éthiquement justifiable.

Télécharger le mémoire

L'ostéopathie crânienne chez Scepticisme scientifique

Notre rapport sur l’ostéopathie crânienne comprend presque 300 pages et sa lecture n’est pas des plus aisée. Aussi avons-nous jugé pertinent de répondre à l’invitation de Jérémy Royaux de Scepticisme Scientifique, le balado de la science et de la raison. Albin Guillaud et Nelly Darbois discutent des motifs qui ont conduit à la réalisation de ce rapport, de son contenu et des critiques qui ont été faites. Bonne écoute !

Pour télécharger le balado, visiter cette page.

Pour consulter l’article qui présente le rapport voir ici.

Pour lire les critiques qui nous ont été faites et nos réponses voir .

Pour l’article sur notre publication scientifique, se rendre sur cette page.

Publication du CorteX dans Plos One – Les affres de la publication scientifique

Si vous suivez régulièrement les travaux du collectif, le rapport sur l’ostéopathie crânienne réalisé à la demande du Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes (CNOMK) et les réponses portées aux réactions suivant sa parution ne vous auront pas échappés. Après un an de labeurs, nous venons tout juste de publier Reliability of Diagnosis and Clinical Efficacy of Cranial Osteopathy : A Systematic Review dans Plos One. Nous vous livrons ici le dessous des cartes, une illustration de plus des limites et des avantages du processus de publication scientifique actuel. Pour nous, accepter de se plier aux règles du jeu imposées n’a de sens qu’en les explicitant, pour que chacun puisse affiner son regard critique sur ce système.

Première étape : affrontement de considérations éthiques et économiques – Le choix de la revue

Logo Boycott Elsevier (parmi d’autres créé par Michael Leisen)Le vieux sage se tourne cette fois vers la planète de PLoS, Public Library of Science, pour un accès libre, et laisse l’arbre mort seul.
Logo Boycott Elsevier (parmi d’autres créé par Michael Leisen). Le vieux sage se tourne cette fois vers la planète de PLoS, Public Library of Science, pour un accès libre, et laisse l’arbre mort seul.

Le choix de la revue ne s’est pas fait sans mal. En 2013, nous signalions notre boycott d’Elsevier1. Nous manifestions notre refus de publier chez des éditeurs qui privatisent et rendent lucrative la connaissance alors que celle-ci est souvent le fruit de l’argent public investit dans la formation et le financement des chercheur/ses. Seulement, les alternatives sont coûteuses et demandent de faire des concessions. Nous pouvions faire le choix de ne pas publier dans une revue avec relecture par les pairs, mais nous aurions alors perdu en qualité scientifique et en visibilité internationale. Une autre alternative est de publier dans une revue en accès libre avec relecture par les pairs. Cette option présente l’inconvénient de générer un coût financier substantiel pour une petite équipe comme la nôtre. C’est pourtant le choix que nous avons fait. La rétribution octroyée par le CNOMK au CorteX pour son rapport sur l’ostéopathie crânienne, que nous destinons au financement de stages de master 2, a ainsi été amputée des 1400 euros réclamés par Plos One. C’est semble-t-il le prix à payer pour garantir un accès libre et gratuit au compte-rendu d’un travail de recherche relu par les pairs.

Deuxième étape : le problème linguistique – La nécessité de recourir à un anglais « natif »

Impérialisme culturel et linguistique

Une fois la revue choisie, une étape cruciale s’est présentée : celle de la traduction. La question ne se pose pas lorsque l’on souhaite publier dans une revue de bonne qualité scientifique dans le champ de la santé : il faut écrire en anglais, bien que nous le déplorons2. Nicolas Pinsault est le plus affûté d’entre nous avec la langue de Shakespeare et le vocabulaire scientifique, c’est donc lui qui a écrit l’essentiel de l’article. Nous avons ensuite tou-tes relu son manuscrit, puis nous l’avons soumis aux gracieuses relectures de nos ami-es Maguendra Codandamourty, Phillipe Prouvost, Catherine Wilcox et Edward Ando, qui ont respectivement vécu et travaillé dans un pays anglophone, enseigné l’anglais toute une carrière ou sont carrément anglophone de naissance. Qu’ils et elle en soient chaleureusement remercié-es. Assez confiant-es après toutes ces précautions, nous soumettons notre manuscrit à Plos One. Advient alors notre première déconvenue. Notre manuscrit ne passe même pas à l’étape de l’attribution d’un éditeur à cause de fautes de grammaire et de lisibilité globale du texte. Plos One nous suggère de nous tourner vers quelqu’un qui parle anglais de manière fluide, et si possible un natif. Aucune précision supplémentaire sur les passages concernés n’est amenée, ce qui nous a mis dans l’impossibilité de reprendre nous-même l’article. Notre ultime solution est alors de nous tourner vers une traductrice scientifique professionnelle, le Dr Alison Foote de l’Université Grenoble-Alpes, qui a accepté de modifier notre manuscrit dans des délais très courts imposés par la revue. À nouveau, notre cagnotte réservée initialement aux futurs stagiaires de Master se voit amputée de quelques centaines d’euros.

Après la correction d’éternelles coquilles et « vices de forme » dans les tableaux et figures, qui nous ont valu de perdre quelques cheveux – qui s’obstine à utiliser des logiciels sous licence libre comprendra, nous avions enfin un manuscrit linguistiquement acceptable pour Plos One.

Troisième étape : la relecture par les pairs − Intérêt réel du système de publication

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À ce stade, plusieurs mois se sont déjà écoulés, alors que la qualité scientifique de notre manuscrit n’a pas encore été étudié. Qui plus est, alors que nous avons déjà passé tant d’heures à reprendre le contenu, Plos One nous informe que le processus est bloqué car la revue n’arrive pas à trouver un éditeur3. Heureusement, quelques semaines plus tard, nous recevons enfin un message nous informant que notre article a été attribué à un éditeur, le Dr. Fleckenstein. Il a confié la relecture à trois relecteurs/trices anonymes. Leurs retours nous imposent de reprendre l’article et d’y apporter des « révisions majeures ». Soit. Nous acceptons bien évidemment les critiques, certaines étant très pertinentes. Nous est demandé d’affiner l’analyse, de préciser la méthode et d’approfondir les discussions. Finalement, après avoir tenu compte des relectures, l’article est d’une qualité sans commune mesure avec le premier jet. Ceci nous conforte dans l’intérêt de se soumettre à la relecture par les pairs, car nous améliorerons ainsi la fiabilité de nos revues systématiques à venir – bien que nous ne remboursons pas notre dette de sommeil, tant s’accumulent de nouvelles heures de travail de fond, de forme et de traduction, l’exigence de l’anglais natif étant toujours là.

Quatrième étape : affrontement de considérations épistémologiques

"Les preuves sont comme les poires : de ux poires médiocres ne font pas une  bonne poire (à la rigueur une compote)" - Tirée de la thèse de Richard Monvoisin
« Les preuves sont comme les poires : de
ux poires médiocres ne font pas une
bonne poire (à la rigueur une compote) » – Tirée de la thèse de Richard Monvoisin

Nous soumettons alors la nouvelle mouture une énième fois à Plos One. La réponse qui nous parvient quelques semaines plus tard nous laisse cette fois-ci complètement abasourdi-es : le manuscrit doit à nouveau subir une révision majeure. Alors que deux relecteurs/trices jugent nos modifications très adéquates et sont heureux de recommander la publication de l’article, le/la troisième relecteur/trice est « disagree with the approach of only highlighting the better quality studies », alors qu’il n’avait rien dit à ce sujet lors de sa première relecture. Autrement dit, le reproche que nous faisait ce relecteur était de ne pas accorder assez de place dans la discussion aux études de mauvaise facture méthodologique. Si cela peut s’avérer justifié s’il s’agit d’élaborer des conseils et recommandations aux futur-es chercheurs-ses pour concevoir de meilleures études (ce que nous avons déjà fait sur conseil d’un-e autre relecteur-trice), ce que nous demande le présent relecteur n’est ni plus ni moins que de considérer les mauvaises études comme des preuves : « The authors should strive to discuss all of the included studies in their paper. Otherwise, they put the spotlight on a subset of articles and do not report the totality of the evidence. » Nous sommes à ce stade tou-tes dépitées et l’envie de tout abandonner est bien là. Notre volonté de rigueur épistémologique et nos futurs projets nous motivent cependant à continuer – avec un soupçon d’escalade d’engagement.

Nous reprenons alors une énième fois le manuscrit en prenant en compte les quelques remarques de forme restantes. En revanche, nous refusons de modifier le manuscrit en fonction de la principale critique du troisième relecteur (ici). Nous avons argumenté ce point . Le tout se fait toujours laborieusement en anglais, et repasse à chaque fois par la case traduction professionnelle.

Cette fois, enfin, nos efforts paient (notre cagnotte aussi), notre manuscrit est accepté et sera publié dans les semaines qui viennent.

Trois questions restent en suspens :

primo, où vont ces 1400 euros ? A quoi servent-ils, et à qui ?

Secundo, les structures sans financement comme la nôtre n’ont aucune chance de publier tant le processus est cher. Il y a une sorte de gentrification de la publication, qui de fait exclut les petits, les chercheurs de pays pauvres, les hors-grosses structures4.

Tertio, n’aurions-nous pas dû avec le même investissement écrire deux livres grand public bon marché, faire 25 conférences gratuites, ou encore faire des conférences de méthode critique dans des universités d’Afrique de l’Ouest ? C’est l’éternel dilemme moral de toute personne ou collectif qui souhaite avoir le meilleur impact sur son monde : sommes-nous sûrs de devoir faire ceci plutôt que cela ? Avant de nous lancer dans cette publication, nous avons fait sciemment certains paris stratégiques. Espérons que ceux-ci porteront leurs fruits car leur coût est, comme prévu, élevé.

Albin Guillaud, Nelly Darbois, Nicolas Pinsault et Richard Monvoisin.

Rapport CORTECS CNOMK : l'ostéopathie crânienne à l'épreuve des faits

En 2014, nous avions réalisé un rapport à la demande du Conseil national de l’ordre des kinésithérapeutes (CNOMK) portant sur le niveau scientifique de la biokinergie. Nous avons par la suite de nouveau été sollicités par le CNOMK afin d’évaluer le niveau scientifique de l’ostéopathie. Devant l’ampleur de la tâche, et  de par les ramifications souvent mal définies de cette pratique, nous nous sommes penché.e.s dans un premier temps sur l’évaluation de l’ostéopathie dite « crânienne » : Rapport CORTECS – Ostéopathie crânienne. Voici un résumé de ce  document de 286 pages pour lequel nous nous sommes efforcé.e.s de décrire le plus précisément et rigoureusement possible les méthodologies de recherche et d’analyse déployées. Pour plus de détails techniques, se rapporter directement au rapport. Des remarques, des questions ? Nous vous invitons à lire la partie QFP à la fin de cet article. 

Résumé

Dans les années qui suivirent l’ouverture des premières formations en ostéopathie par Andrew Taylor Still en 1892, certains praticiens élaborèrent à leur tour des enseignements et furent à l’origine de nouveaux concepts et courants ostéopathiques, dont on retrouve trace dans le paysage ostéopathique actuel, notamment dans les contenus des programmes de formation en France et dans le monde. L’ostéopathie crânienne est le nom d’un de ces courants, donné par son fondateur, William Garner Sutherland (1873-1954). C’est dans les années 1920 qu’il commença à élaborer les concepts et techniques crâniens à partir de l’observation minutieuse des os du crâne et de la face de son squelette Mike, de l’œuvre d’Andrew Taylor Still, et notamment l’importance que celui-ci accordait au rôle du liquide céphalo-rachidien (LCR) ; mais le choc vint de la contemplation d’un crâne de la collection de Still et de l’analogie qu’il fît entre la forme de l’os sphénoïde et celle des ouïes de poissons, « indiquant une mobilité pour un mécanisme respiratoire ».

William Garner Sutherland (1873-1954), fondateur de l'ostéopathie crânienne (Source : Wikipedia, image libre de droit)
William Garner Sutherland (1873-1954), fondateur de l’ostéopathie crânienne. ( Source : Wikipédia )

De là naquît le concept central de l’ostéopathie crânienne, repris par tous les principaux continuateurs de Sutherland (Viola Frymann, Harold Magoun, John Upledger etc.) : le mouvement respiratoire primaire. Actuellement, deux grandes approches conceptuelles des pratiques crâniennes se distinguent, tant à l’échelle française qu’internationale et s’inscrivent dans la continuité des enseignements de Sutherland :

– une approche que l’on pourrait qualifier de « biomécanique » et qui tend à valider scientifiquement ses concepts ;

– une approche qui se qualifie elle-même de « biodynamique » et qui ne tend pas ou très peu à valider scientifiquement ses concepts et fait régulièrement appel à des concepts mystiques, tels que celui de souffle de vie initialement décrit par Sutherland.

Sutures d'un crâne humain qui rendraient possible une mobilité intrinsèque, interne, inhérente à l'intérieur du crâne, qui créerait des mouvements infimes, mais détectables, entre les différents os.
Sutures d’un crâne humain qui rendraient possible une mobilité intrinsèque, interne, inhérente à l’intérieur du crâne, et qui créeraient des mouvements infimes, mais détectables, entre les différents os.

À partir de la lecture des textes des fondateurs et des continuateurs de l’ostéopathie crânienne, puis de la fréquentation des documents issus des principales institutions enseignant ou promouvant la discipline, et enfin de l’analyse de notre synthèse sur les différents concepts du champ crânien, le tout, enfin, assorti des revues de littérature antérieures portant sur ce sujet, nous avons dégagé les hypothèses relevant de l’anatomie, de la biomécanique, de la physiopathologie et de la physiologie humaine sur lesquelles reposent ces pratiques. Aucune des hypothèses qui font la spécificité des fondements physiopathologiques de l’ostéopathie crânienne n’est vérifiée. Les hypothèses dont la vérifiabilité est totalement ou partiellement avérée à l’issue de nos revues de littérature systématique sont en fait des hypothèses non spécifiquement ostéopathiques – c’est le cas par exemple de la circulation du LCR dans l’encéphale.

À l’issue de notre revue systématique de littérature sur les procédures d’évaluation issues de l’ostéopathie crânienne, nous n’avons trouvé aucune preuve en faveur des reproductibilités intra et inter-observateurs de ces procédures. La majorité des études existantes et disponibles échouent à mettre en évidence ces reproductibilités pour tous les paramètres considérés et ce malgré des risques de biais souvent favorables à l’émergence de résultats positifs.

À la clôture de notre revue de littérature sur ce thème, nos résultats montrent que les preuves méthodologiquement valables et favorables à une efficacité spécifique des  techniques et des stratégies issues de l’ostéopathie crânienne sont pratiquement inexistantes. Ces résultats convergent avec toutes les revues de littérature déjà menées sur le sujet.

En définitive, les résultats de nos différentes revues et analyses de la littérature scientifique indiquent clairement que les thérapies s’y rapportant sont à ce jour dépourvues de fondement scientifique. On aurait pu le subodorer dès leur invention, puisque très rares sont les concepteurs de « théories » cranio-sacrées ayant pris le soin élémentaire d’étayer leur pratique d’un quelconque élément de preuve. Cela montre une évidente défaillance épistémologique des fondateurs, mais également des continuateurs qui ont continué d’empiler des briques plus ou moins mal façonnées sur un marécage sans point d’appui.

Souscrivant à l’Onus probandi, un thérapeute quelque peu scientifique aurait assurément pu, à l’instar de Christopher Hitchens, réfuter sans preuve ce qui était affirmé sans preuve. Avec le soutien du CNOMK, nous avons accepté de faire le travail laborieux qui revenait logiquement aux prétendants. De fait, alors que nous pensions qu’il n’y avait pas a priori de raison scientifique de défendre cette discipline, désormais nous le savons. N’étant pas prescripteurs de recommandations, nous nous sommes limités à une analyse impartiale, et c’est cette analyse qui mène à l’énoncé suivant : rien n’encourage aujourd’hui à la mise en place de ces thérapies dans le cadre d’une prise en charge raisonnée de patients.

QFP (questions fréquemment posées)

Ce rapport a été relayé sur différents sites et réseaux sociaux, certains d’entre-eux permettant l’édition de commentaires. Nous ne sommes pas en mesure de lire et répondre à tous ces commentaires mais nous répondrons bien volontiers aux remarques et questions qui :

– concernent strictement le contenu de ce rapport (l’évaluation scientifique de l’ostéopathie crânienne) ;

– nous parviennent directement ( contact@cortecs.org ) ;

– ont un ton courtois et ne font pas d’attaque à la personne ;

– sont étayées avec des références précises et accessibles ;

– ne sont pas déjà traitées dans le rapport.