Vous connaissez déjà Guillaume Lecointre, ses bottes pointues et ce monceau de connaissances qu’il diffuse dans divers ouvrages (cf. Bibliotex – Pour approfondir). Vous avez probablement écouté dans le matériel vidéo de Joël Peerboom le triple extrait de « Darwin aujourd’hui« , du magazine Effervesciences (CINAPS TV & CNRS Image) où Guillaume explique le créationnisme, la différence entre savoir et croire, et le contour des sciences. Mais au CorteX, nous voulions un truc à nous, avec nos questions naïves à nous. Alors Nicolas Gaillard et Richard Monvoisin ont réquisitionné une pente de montagne, une paire de lunettes noires et un hamac. Voici donc une interview aux dehors dilettantes, avec de bons gros morceaux de biologie, d’épistémologie et de philosophie des sciences dedans.
- Question de Madame Lebongrain, de Livray – Peux-tu nous dire ce que tu veux dire quand tu te déclares « matérialiste » ? Est-ce que ça veut dire que tu aimes l’argent, acheter et revendre des appartements, placer en bourse et spéculer ?
- Question de Monsieur Inbontien, de Tuloras – En biologie, peut-on être autre chose de matérialiste ?
- Question de Madame Saurin-Lapin, de la Manche – Comment peut-on expliquer à quelqu’un qui n’y connait rien ce qu’est le spiritualisme en science, et les conséquences que cela peut avoir ?
- Question de Monsieur Lumindécentil, du Gibon – L’intelligent Design, ou conception intelligente, qu’est-ce que c’est ? Cela rentre-t-il dans le spiritualisme ?
Guillaume en profite pour expliquer la métaphore de l’horloger, coeur de la théologie naturelle de William Paley, revient sur le contrat moral en science, et sur l’adéquation fonction-forme
- Question de Madame Tonnerre, de Brest – Quels outils simples peux-tu donner aux enseignants du secondaire ou du primaire qui se font taquiner sur des questions de créationnisme et d’ID ?
- Question de Monsieur Alexandre, du Mas – Quels ouvrages simples recommandes-tu pour les enseignants qui aimeraient se former à l’épistémologie des sciences ? Et quelles sont les ouvrages qui t’ont personnellement le plus marqué ?
Réponse dans Ouvrages d’épistémologie simple conseillés par G. Lecointre, Bibliotex.
- Question de Mademoiselle Reviron, du CorteX – L’humain est-il une espèce comme les autres ? Y a-t-il une « nature » humaine ? Est-ce que cette nature est si particulière qu’il faille changer de méthode d’investigation scientifique avec l’Humain ? Est-ce que ranger l’Humain au même rang que les autres animaux ne le déresponsabilise pas politiquement ?
- Tu as écrit un jour dans un courriel adressé à un membre du CorteX :
« J’aurais tendance à faire la conjecture que, parmi les cinq ou six modalités sélectives existantes, la rationalité est le fruit d’une sélection naturelle où l’échelle de la sélection est l’individu, mais l’irrationnel est un effet de sélection de groupe. En faisant du sens à bas prix, il soude le groupe face aux aléas du milieu. C’est une hypothèse de travail qui ressemble fort à du Brassens : à plus de deux on est une bande de cons.»
Peux-tu développer ? Est-ce que le conformisme peut être le fruit d’un sélection de groupe ?
- Question de Monsieur Jacques, du Tron – Que répondre à la question : « Mais on n’a jamais vu une espèce apparaître ?«
Guillaume Lecointre passe par les souris de l’ile de Madère, les moustiques du métro de Londres., les fruits de mer et les lapins comme « volaille ». Il en profite pour discuter de la notion d’espèce. Nous tentons un taquinement qui échoue lamentablement :
« Est-ce que le caractère conventionnel de la notion d’espèce ne revient pas à faire du relativisme, à l’image de Bruno Latour (La Recherche, Mars 1998) qui a écrit que Ramsès II n’a pas pu mourir de la tuberculose parce que le bacille de Koch (retrouvé en 1998 dans ses poumons) n’était pas connu des Égyptiens ? »
- Question de Madame Mas, de l’Aine – Est-ce que nos conventions de langage sont une forme de relativisme ?
Guillaume tranche le problème, et fait un détour sur la catégorie des poissons, abandonnée récemment.
(Navré, la batterie du micro lâche, donc le son est moins bon)
Phrase d’anthologie : « Le gibier est un cahier des charges qui fait plaisir aux chasseurs, pas au biologiste (…) le lapin est mammifère pour un zoolologiste, mais pour un chasseur c’est un gibier et pour un restaurateur, c’est de la volaille« .
- Question de Monsieur Hubert, du Bedout –A quel cahier des charges scientifique correspondent les catégorisations Femme et Homme ? Questions sociopolitiques sous-jacentes.
Richard Monvoisin & Nicolas Gaillard
Remerciements spéciaux à Guillaume Lecointre, Neil Young, Jack Owens, Imam Baildi et à Emilie Mosnier.