Affiche des conférences gesticulées de Jérémy

Un kiné qui gesticule : Jérémy Muccio et l'entreprise médicale

Le mois dernier, nous relayions le travail de Nicolas Gaillard réalisé au sein de la SCOP l’Orage. C’est en farfouillant parmi d’autres conférences gesticulées – un des outils des SCOP – que je suis tombée sur celle de Jérémy Muccio, kinésithérapeute en Poitou-Charentes, intitulée L’entreprise médicale nuit gravement à la santé, filmée en 2013. Depuis lors, nous échangeons régulièrement avec Jérémy. Il a bien voulu se prêter au jeu de l’interview pour nous présenter son parcours, et a accepté de mettre à disposition pour toute lectrice et lecteur du CORTECS un extrait audio de sa dernière présentation, où il distille quelques outils d’esprit critique et contribue à diffuser un pan de l’histoire des luttes sociales, avec humour, entrain, et maîtrise.

– Tout d’abord, pourquoi t’être lancé dans la création d’une conférence gesticulée pour traiter le sujet de la pratique libérale dans le milieu de la santé ?

Affiche des conférences gesticulées de JérémyEn fait, j’ai le sentiment que tout a commencé comme un cri, une envie de dénoncer et de raconter toutes les choses que je trouvais choquantes, incohérentes et injustes auxquelles j’étais confronté dans le milieu dans lequel j’exerçais, celui de la santé. Et qui plus est par le prisme du monde libéral, que je connais bien, l’ayant pratiqué pendant 10 ans environ. 

Petit à petit, mon propos s’est étoffé, et s’est ouvert sur des horizons bien plus larges, politiquement et philosophiquement parlant. Comme sur la santé elle-même, sur ce qu’elle est et représente dans notre société. Sur notre système de santé (Sécurité Sociale) aussi, son histoire populaire, ainsi que les conséquences sociales et politiques des choix gouvernementaux le concernant depuis plus de 30 ans. Le tout en évoquant en parallèle mon parcours personnel. Histoire aussi d’expliquer pourquoi aujourd’hui je pense comme je pense. Donner aux gens les clés de ma propre analyse et ma compréhension du système dans lequel je travaille. Reprendre en quelque sorte la parole aux soi-disant experts ayant voix au chapitre, qui nous ont confisquée cette parole et qui nous disent comment et quoi penser. En somme, faire de l’éducation populaire.

– Quel est le public touché ?

Au départ je destinais ma conférence gesticulée aux étudiants et futurs diplômés en masso-kinésithérapie. Leur raconter mon expérience, mon vécu, pour qu’ils puissent se rendre compte dans quel milieu ils s’apprêtaient à évoluer. Et puis, finalement, je me suis dit que ma conférence pouvait et devait sensibiliser une audience plus large, à savoir non seulement tout type de professionnels de santé, patients et futurs patients, mais aussi et surtout les citoyens que nous sommes.

– Qu’est ce que tu attends de tes conférences ?

Jérémy Muccio avec sa guitare lors d'une présentation de sa conférenceQuand on se forme à l’outil d’éducation populaire qu’est la conférence gesticulée, on comprend qu’elle est un savant mélange entre savoirs chauds (les savoirs acquis de l’expérience, … dits illégitimes) et savoirs froids (les savoirs universitaires, qu’on trouve dans les livres, … dits légitimes). Et que, comme dans l’air, où l’air chaud et l’air froid ne peuvent se mélanger mais provoquent des orages, j’attends, comme toutes celles et ceux qui portent une conférence gesticulée, que cela provoque des orages dans les têtes. Que ça fasse réagir et réfléchir. Que ça puisse créer du temps de cerveau disponible pour la révolution. Rien que ça !

– Comment as-tu découvert la zététique, l’esprit critique ?

Fin 2014, une collègue kinésithérapeute et membre du Cortecs, Nelly Darbois, m’a contacté après avoir vu sur internet une vidéo de ma conférence. Après avoir échangé sur son contenu, commun avec l’un des objectifs du Cortecs à savoir la démarche critique politique, et présenté le travail du Cortecs, elle a aussi pointé, avec justesse et bienveillance, les approximations et autres erreurs en terme de rigueur et de méthode scientifique de ma propre conférence.
Du coup, après avoir longuement parcouru le site du Cortecs, ses articles et ses travaux, et après avoir lu (voire dévoré) l’ouvrage de N. Pinsault et R. Monvoisin, Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les thérapies manuelles j’ai décidé de me pencher plus sérieusement, non seulement dans ma conférence, mais aussi dans ma pratique professionnelle, sur le travail de démarche scientifique et d’esprit critique et d’en utiliser ses outils.

– Et depuis, en quoi ces outils t’aident dans ta conférence ou dans ta pratique quotidienne ?

Tout d’abord ces outils m’ont permis de revoir ma conférence dans son ensemble. Pas forcément sur le fond, mais sur sa forme. La rendre toujours plus juste, moins approximative. Je ne dis pas que j’y suis complètement arrivé, le chemin est long, mais petit à petit je pense y parvenir. Puis, j’ai ouvert un chapitre sur la démarche critique en elle-même, et comment elle peut nous permettre de nous faire une idée critique sur les choses qu’on nous propose. Je prends notamment l’exemple du jeune kinésithérapeute diplômé, à qui on va faire miroiter monts et merveilles tant dans les spécialités post-diplômes ou les machines de physiothérapie qui soignent tout ou presque. 

Extrait de la conférence gesticulée de Jérémy présentée au Festival des Ressorts le 14 mars 2015 à Lamothe-Landerron (33), où il présente la charge de la preuve, la réfutabilité et la commensurabilité des théories. Dans cet extrait, Jérémy emploie le terme de « charlatan ». Il lui préfère en fait celui de « praticien.ne.s », moins connoté, ces praticien.ne.s étant le plus souvent de bonne foi et convaincu.e.s d’œuvrer pour le bien-être de leurs patient.e.s.

Mais il va sans dire que tous ces outils peuvent être utilisés par tout le monde, pas que les professionnels de santé, et en toute occasion.

Pour ce qui me concerne, dans ma pratique quotidienne, j’essaye depuis de rendre accessible et compréhensible auprès de mes patients mes choix de traitement les concernant, et les impliquer dans ceux-ci. Leur expliquer comment se fonde mon analyse de leur pathologie, afin qu’ils comprennent au mieux leur condition et comment y remédier.

– Après ta conférence, y a-t-il des débats ou des échanges ? Si oui, sur quoi portent-ils, et comment cela se passe ?

Pour tout dire, la conférence gesticulée n’est que la première partie de l’outil d’éducation populaire que je propose. Il doit être complété par un atelier où les personnes présentes lors de la conférence peuvent mettre à profit leur réflexion, travailler différents sujets, et pourquoi pas par la suite se regrouper et agir localement (volonté de création de maison de santé communautaire par exemple).

Et là encore, les outils de démarche critique sont d’une grande utilité pour mener à bien ce type d’atelier, couplés bien sûr avec des méthodes de travail issues de l’éducation populaire.

Il est possible d’assister à la conférence de Jérémy :

– le 30 avril 2015, à l’IFMK (Institut de Formation des Masseurs-Kinésithérapeutes) de Poitiers ;

– le 14 juin 2015, à Nantes ;

– le 26 juin 2015, à La Chapelle sur Erdre.

Le site des conférenciers gesticulants : ici.

ND

9 étudiant·es menacé·es – Le CORTECS dénonce les dérives autoritaires de l'UQAM

Après les grands mouvements étudiants de 2013, et suite au lancement d’une nouvelle grève étudiante d’envergure de plusieurs dizaines de milliers d’étudiant·e·s québécois·e·s, le conseil exécutif de l’UQAM (l’Université du Québec à Montréal) a convoqué devant leur comité disciplinaire neuf étudiant·e·s militant activement dans l’université en vue de les expulser. Les actions qui leur sont reprochées, fumeuses et parfois datées, s’inscrivent pourtant dans ce qu’on est en droit d’attendre d’un·e étudiant·e critique et conscient·e des enjeux socio-économiques. Aussi le CORTECS apporte-t-il son soutien à ces personnes, et mobilise son réseau en ce sens.  Au jour d’élaboration de cet article (10 avril 2015), des étudiants et des enseignants de l’UQAM exigeaient la démission du recteur Robert Proulx, suite à l’intervention du Service de police de la Ville de Montréal pour évacuer les occupants sauvages d’un bâtiment de l’université*. Pour se faire une idée des enjeux, nous reproduisons ici un texte co-élaboré par une cinquantaine de collègues de l’UQAM, ainsi que la lettre que nous avons signée.

 

CorteX_UQAMDès les débuts de l’Université en Europe, les étudiants se sont mobilisés pour des questions pédagogiques ou sociales, comme le prix des loyers. Le militantisme étudiant n’est donc pas nouveau. Grèves, occupations et perturbations d’évènements ont ponctué la vie universitaire, y compris à l’UQAM. Très souvent, ces mobilisations ont été à l’avant-garde de causes progressistes pour la justice sociale : féminisme, pacifisme, écologisme, entre autres.

 Historiquement, les directions d’établissements d’enseignement étaient relativement tolérantes face aux actions militantes, dont les occupations, certaines se prolongeant jusqu’à six semaines, comme à l’École des Beaux-Arts en 1968. Dans les années 2000, ces directions ont changé d’approche, appelant rapidement la police qui est intervenue brutalement, y compris à l’UQAM (sans oublier l’UQO – NdCORTECS : Université du Québec en Outaouais – et l’Université de Montréal en 2012, entre autres). Cette mutation volontaire s’inscrit dans une tendance générale de la part des autorités à être de plus en plus répressives face aux mouvements sociaux et à saisir l’occasion de quelques cas isolés pour justifier une généralisation des mesures répressives. S’inscrivant dans cette tendance, la direction de l’UQAM privilégie de plus en plus la répression sous forme d’intimidation et de violence institutionnelles. Cela entraine d’importantes dépenses (caméras et agents de « sécurité » supplémentaires) et contribue à la dégradation du climat social sur un campus bien connu pour sa vie associative et militante. Pourtant, il n’y a pas de consensus dans les publications savantes au sujet des effets de la répression sur les mouvements sociaux. Certaines études démontrent qu’elle provoque un affaiblissement de la mobilisation, d’autres qu’elle provoque un élargissement de la mobilisation et une radicalisation militante.

 Or il y a quelques semaines, une poignée de professeurs de l’UQAM et des membres de la haute direction ont dénoncé dans les médias la violence et l’intimidation étudiantes (échos tardifs du Jean Charest de 2012). Cette opération de communication lancée dans la phase de préparation de la grève étudiante maintenant en cours a offert l’occasion à un député de la CAQ – NdCORTECS :  la Coalition Avenir Québec – de prétendre que règne à l’UQAM une « culture radicale d’anarchie » (sic.) et de demander à la ministre de la Sécurité publique comment elle comptait y rétablir « la sécurité ». Les collègues écorchaient au passage la démocratie étudiante, s’inscrivant ainsi dans une curieuse tendance médiatique qui consiste à critiquer le fonctionnement des assemblées lorsqu’elles votent la grève, mais ne rien dire lorsqu’elles rejettent la grève.

 Rebondissement vendredi 20 mars 2015. Neuf étudiantes et étudiants ont reçu un courrier recommandé les convoquant devant le Comité exécutif pour répondre de mesures disciplinaires. Le Service de sécurité recommande lui-même dans certains cas la suspension pour un an, dans d’autres l’expulsion définitive. Les faits reprochés ? Turbulence lors de levées de cours et perturbation d’événements publics. Le débat reste ouvert quant à l’attention qu’il convient d’accorder à de tels faits isolés, à ce qui est réellement survenu et à l’importance que s’exprime à l’UQAM le débat politique, y compris parfois par des actions militantes.

Ce n’est pas la première fois que la direction cherche à bannir des activistes du campus et cela n’a jamais eu d’autres effets que de punir quelques personnes ciblées, alors que les actions sont collectives. Problématiques en soi, ces mesures apparaissent cette fois-ci particulièrement douteuses :

Absence de proportionnalité : pourquoi imposer l’expulsion définitive sans avoir commencé par donner de simples avertissements ? Le recours aux mesures extrêmes est cruel pour des étudiantes et des étudiants puisqu’il ruine leur projet universitaire et compromet leurs projets professionnels (sans compter la destruction de leurs relations sociales).

Absence d’urgence : certains des faits reprochés se sont déroulés au printemps 2014 et même en janvier 2013, soit il y a plus de deux ans ! Pourquoi sévir maintenant ?

Instrumentalisation politique : seule la situation présente, soit la grève qui commence, peut expliquer la volonté de neutraliser des militantes et militants du mouvement étudiant. Il s’agit d’une instrumentalisation politique des mesures disciplinaires (qui rappelle les arrestations préventives du groupe Germinal deux jours avant le Sommet des Amériques en 2001, des 17 « chefs » anarchistes à Toronto en 2010 et d’une douzaine d’activistes le matin du Grand Prix Formule 1 à Montréal en 2012). Alors que les actions au cœur des accusations étaient menées par plusieurs dizaines d’étudiantes et d’étudiants, la direction a choisi de cibler des personnes qui occupent des postes dans les associations étudiantes et même qui siègent aux plus hautes instances de l’UQAM. Il est bien pratique, en temps de grève et de négociations de conventions collectives, de faire taire la voix étudiante dans les lieux de pouvoir de notre établissement.

Frapper fort pour faire peur : parallèlement, la direction a envoyé à l’ensemble du corps étudiant un courriel mettant en garde contre toute perturbation pendant la grève, y compris de simples levées de cours, adoptant ainsi un ton menaçant inédit à l’UQAM. Les expulsions des neuf relèvent donc aussi de la peine exemplaire pour effrayer l’ensemble des grévistes, sans compter le déploiement de nouveaux effectifs d’agents de « sécurité » qui fouinent partout (y compris dans des assemblées syndicales), suivent et intimident un peu tout le monde, refusent de révéler leur identité et se permettent des propos sexistes à l’endroit d’étudiantes (« Salut, bébé ! »).

Il est consternant de constater que la direction adopte cette approche autoritaire contraire à la tradition de l’UQAM, qui a su préserver jusqu’ici un espace plus libre que ce que nous propose en général notre société disciplinaire. Nous nous dissocions totalement de la campagne de relations publiques clamant que le chaos règne sur le campus et nous demandons à la direction de l’UQAM de garder son sang-froid, de favoriser le dialogue (même laborieux) plutôt que la répression et dans tous les cas de revenir à une attitude d’ouverture face au militantisme étudiant. Ainsi, l’UQAM se démarquerait positivement d’une tendance de plus en plus répressive des diverses autorités québécoises. Cela nécessite, bien sûr, de faire le deuil d’une certaine volonté de puissance et d’une cruauté qui ne réjouit jamais que les puissants et les partisans de la loi et l’ordre, aux dépens de personnes plus vulnérables (ici, nos étudiantes et étudiants).

 Pour terminer, soulignons un paradoxe politique : la direction réprime des étudiantes et des étudiants qui se mobilisent présentement contre une politique d’austérité qui menace réellement notre établissement.

*Texte signé par une cinquantaine de professeurs et chargés de cours de l’UQAM, dont Marcos Ancelovici, Rémi Bachand, Isabelle Baez, Dany Beaupré, Marrie-Pierre Boucher, Rachel Chagnon, Line Chamberland, Jawaher Chourou, Marc-André Cyr, Anne-Marie D’Aoust, Martine Delvaux, Stall Dinaïg, Francis Dupuis-Déri, Alain-G Gagnon. Consulter la liste complète des cosignataires (NdCORTECS : même si regarder les cosignataires ne devrait avoir rationnellement aucun impact intérêt direct sur le choix de signer ou non).

 

Voici la lettre que nous avons signée.

Support letter from European academics for the nine student activists facing expulsion from Université du Québec à Montréal, Canada

The Executive Council of Université du Québec à Montréal (UQAM) has taken steps to evict nine students from the University who took part in demonstrations or strikes in the past two years. Their political commitment seems to be the only reason justifying these extreme measures and these unprecedented disciplinary sanctions are therefore considered as intimidation attempts. Indeed, this is the first time that the University has taken such actions regarding political activities. The praxis for which the Executive Council declared the activists guilty are:

  • The protest against the Orwellian security drift at UQAM on January 30th 2013, an authoritarian response to Quebec’s historical student strike of 2012

  • The Application of legitimate strike mandates voted in general assembly by the student community by cancelling classes on April 2th and 3th 2014, and on October 8th 2014

  • The demonstration that took place in the University organized by the student and employees union (SETUE) on April 2nd 2014

  • The disturbance of Frank Des Rosiers’s (assistant deputy minister in the federal government) conference on January 20th 2015.

The fact that these convocations arrive all at the same time, even if those events took place separately in a large time scale between several months and years, raises some serious doubts about the true intentions of the Executive Council. Moreover, these are non-urgent situations and concerned students do not pose a threat to the university community. Why such a hurry? Why such reactions? As it has been stated in the support letter of De Nieuwe Universiteit of Amsterdam “[c]uriously, they [the Executif Council actions] coincide with the beginning of a new student strike against austerity measures and budget cuts in social services.” The current situation suggests that these disciplinary sanctions are purely political and meticulously calculated to annihilate the cultural activism of UQAM student community, whereas 60 000 students around Québec are triggering strike movements.

The concerned students are left helpless since the student representative on the Executive Council is aimed by three different accusations such as “having blocked a corridor” or “having raised the tone of voice.” Her appearance in front of the Executive Council and her possible suspension before the other students de facto eliminates the only student representative of the Council, leaving the other students alone before the university’s administration. Furthermore, the expulsion, which is the most severe sanction that could be used on students, should only be applied in severe cases of aggression threats or repetitive plagiarism. Even in these cases, students must first pass through committees at the departmental level and faculty before being heard by the Executive Council. The fact that the University bypass these normal procedures will have disastrous consequences on the concerned students, since they have invested hundreds of hours and thousands of dollars in their studies only to see their efforts swept away.

On the behalf of freedom of expression and freedom of opinion, the UQAM administration’s political repression shall end and the disciplinary sanctions on the nine concerned students shall be removed. The outrageous power abuses demonstrated by the administration represent a worrying discriminatory treatment that will have tremendous consequences for the concerned students.

L’équipe CORTECS, Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique & sciences. www.cortecs.org

* Fin de l’occupation de l’UQAM après l’intervention du SPVM, Radio Canada.

Photo des grèvistes de France Culture

Le CORTECS exige du matériel critique audio de qualité (et soutient donc la grève de Radio France)

Le CORTECS est un grand consommateur de ballado-diffusion.En vélo, aux toilettes, à la vaisselle, durant le ménage oeurs dizaines de milliers d’étudiant·e·s québécois·e·s, le conseil exécutif de l’UQAM (l’Université du Québec à Montréal) a convoqu au jardin, nos oreilles profitent de trésors radiophoniques parfois méconnus, qu’il nous arrive, lorsque le temps nous le permet, de mettre à votre disposition (voir pour cela l’onglet Audiotex). Parmi les principaux fournisseurs de podcasts de qualité, il y a France Culture, du groupe Radio France. France Inter, dont nous avons déjà pointé la baisse de qualité, a perdu pratiquement toute émission critique correcte (à l’exception notable de L’Afrique enchantée et de Comme un bruit qui court). C’est justement en lutte contre cette médiocrisation que Radio France orchestre son plus important mouvement social depuis 10 ans. Le CORTECS soutient cette grève. En voici les enjeux, narrés par les acteurs eux-mêmes.

Nous sommes les voix qui, chaque jour, s’adressent à vos oreilles. A travers nos interviews, chroniques, reportages, documentaires, nous tentons au mieux de faire vivre les missions de la radio publique : « informer, éduquer, divertir ».

Nous, équipes de production des émissions de Radio France (animateurs, reporters, collaborateurs, chroniqueurs…) partageons les inquiétudes de l’ensemble des personnels de Radio France mobilisés depuis le 19 mars. Ce mouvement de grève a pour objet de défendre les radios de service public, et non des intérêts particuliers ou corporatistes. L’engagement budgétaire non tenu par l’État entraîne aujourd’hui un déficit grave qui menace l’existence de la radio telle que vous l’aimez et que vous la financez à travers la redevance audiovisuelle.

Nous sommes consternés de voir les travaux de rénovation de la Maison de la Radio si mal encadrés et si mal gérés (NdCORTECS : voir à ce sujet les articles du Canard Enchaîné sur les frais somptuaires de Mathieu Gallet), occasionnant le surcoût exorbitant que vous connaissez. Vos impôts, vos programmes et vos oreilles, doivent-ils payer pour cette incompétence ?

Le service public n’a ni la vocation, ni la possibilité d’être rentable. Or, cela semble être aujourd’hui la logique insidieuse de la Présidence de Radio France et au-delà, celle de sa tutelle, le Ministère de la culture. Et le silence jusqu’à présent de la tutelle (ministre de la Culture) semble accréditer une telle logique.

Conscients du contexte de crise économique et des efforts nécessaires, nous soulignons que de lourds sacrifices ont déjà été réalisés (en témoigne la baisse de 87,5 millions d’euros du budget entre 2010 et 2014). Une idée fausse voudrait que Radio France soit un lieu de gabegie, de privilèges et d’intérêts corporatistes. Savez-vous pourtant que la majorité des voix que vous entendez quotidiennement (à Radio France on les appelle les « producteurs ») travaille dans le cadre de contrats saisonniers et précaires ?

Comment continuer à produire de la radio de qualité quand les moyens matériels (studios, salles de montage, camions-régie…) sont constamment rognés ? Comment faire entendre les réalités d’un pays quand la plupart des émissions ne peuvent plus, faute de budget, envoyer de reporters au-delà du périphérique parisien ? Comment conserver notre indépendance – celle à laquelle vous avez droit – quand se multiplient sur les antennes des partenariats ou des publicités plus ou moins déguisées ? Si l’on suit la logique actuelle, la radio de demain ce sera : moins de reportages, moins de documentaires, moins de débats vraiment critiques, moins de concerts… Bref, une radio standardisée, calquée sur l’actualité ou sur les goûts majoritaires, une radio au rabais.

Nous aimons passionnément nos métiers et, au nom de la confiance dont vous nous témoignez, nous nous efforçons de travailler avec le plus de sérieux et d’esprit de responsabilité. Toutefois, dans ce climat de travail en constante détérioration, nous estimons de notre devoir de vous informer des risques qui pèsent sur la radio publique française. Radio France est un patrimoine à défendre, bien davantage que les boiseries d’un bureau présidentiel.

Les sociétés de producteurs de France Culture, France Inter et France Musique.

Pour aller plus loin :
Pourquoi la grève à Radio France ?
Émission sonore sur la grève à Radio France

Caisse de Grève

Chèques de soutien aux grévistes à l’ordre de « CCE radiofrance dons ». Adresse postale : CCE de Radio France — 116 av du Président Kennedy — 75220 Paris CEDEX 16

Maçon privé de ses outils : suppression de l'émission "Là-bas si j'y suis", sur France Inter

CorteX_MermetDernière nouvelle, l’émission migre sur le Net pour 2015. Il est possible de soutenir en souscrivant ici. Nous y allons derechef.

Là-bas si j’y suis supprimée des ondes hertziennes de France Inter et pour des raisons comptables : c’est un coup dur pour la pensée critique. Cependant, il est possible de ne pas se laisser faire, et de maintenir un des rares îlots de journalisme d’investigation.

Là-bas si j’y suis est une vieille émission tout à fait hors norme. D’un gauchisme parfois un peu granuleux, elle fait appel à une batterie de reporters infatigables, sur des sujets rarement abordés, avec un progressisme qui n’a guère d’égal. Depuis plus de dix ans que j’écoute, puis que je télécharge (en balladodiffusion ou directement sur le site flibustier la-bas.org) les émissions orchestrées par Daniel Mermet, j’ai pu piocher un grand nombre de matériels pédagogiques, sous forme de plages entières ou d’extraits, que j’ai pu utiliser dans mes cours d’autodéfense intellectuelle. Depuis les émissions sur les visiteurs médicaux à celles sur l’histoire populaire de certaines luttes (voir nos pages ici ou ), en passant par les entrevues de Shlomo Sand, de Eric Hobsbawm, et tant d’autres.

Je ne compte plus la teneur de ma dette envers ce programme. Sur les 30 ou 40 émissions que j’écoute régulièrement, moyennant un tri préalabale selon les sujets abordés, je dirais que là-bas, comme l’appelle ses intimes, m’a autant apporté de contenu que, par exemple, Rendez-vous avec X de Patrick Pesnot, ce qui n’est pas peu dire. Et ceci en me faisant parfois rire, parfois pleurer, alors que X n’a jamais réussi à m’arracher une larme. Ce n’est pas pour rien que là-bas est probablement l’une des rares émissions à avoir fait germer des « cafés-repaires » de-ci de-là dans toute la France, sur des initiatives personnelles ( au nombre de 187 si j’ai bonne mémoire).

Les raisons invoquées pour la suppression de l’émission sont douteuses, et sont le fruit de logiques comptables assez bien décortiquées par l’article ci-dessous qu’a publié Action Critique Média le 30 juin 2014 (qui est également en péril, soit dit en passant, voir en bas). Au-delà de la personnalité de l’animateur, c’est un des rares bastions de presse libre et investigatrice qui disparaît. Comme le maçon a qui on retirerait ses outils, c’est en tant qu’intellectuel de profession que je réclame au service public de replacer cette émission en la confiant, comme c’était prévu, aux jeunes reporters qui l’ont nourrie.

Il existe une pétition en ligne, ici. Mais il est possible d’aller plus loin

  • en écrivant au service auditeurs de France Inter (ici),
  • ou en souscrivant à une stratégie collective naissante (). L’émission migre sur le Net, et il est possible d’y souscrire ici.

CorteX_La-bas

Richard Monvoisin

 

France Inter : suppression de « Là-bas si j’y suis » et autres sévicesCorteX_Acrimed publics (Communiqué d’Acrimed, le 30 juin 2014)

Les directions des radios publiques se suivent et se ressemblent. Ne consultant que leurs états d’âme, leurs amitiés et leurs inimitiés, elles composent et recomposent les programmes à leur goût. De Laure Adler sur France Culture (secondée par Laurence Bloch) à Philippe Val sur France inter (secondé par Laurence Bloch), on ne compte plus les invitations discrétionnaires et les suppressions abusives, décidées en tout arbitraire. Laurence Bloch, désormais cheffe de France Inter (probablement secondée par elle-même), est en train d’en administrer une nouvelle fois la preuve.

L’oukase est tombé de la bouche de la nouvelle directrice de France Inter dans une interview accordée vendredi 27 juin à un site spécialisé dans les médias : « Là-bas si j’y suis » serait supprimé en septembre. Et comme les nobles causes requièrent la plus grande habileté managériale, le verdict a été rendu après la dernière émission de la saison pour épargner à l’équipe de « Là-bas si j’y suis », la tentation d’en appeler, au micro, à la mobilisation des auditeurs !

Bilan : la direction de France Inter réengage Demorand (tout auréolé de ses exploits à Libération…) et dégage Mermet. Le premier serait « extraordinaire » et le second trop vieux.

Passons sur l’âge du capitaine : non seulement, il ne lui est pas opposable juridiquement puisqu’il est lui-même en CDD, mais surtout Daniel Mermet (dont les relations avec certains de ses collaborateurs ont fait l’objet de vives critiques [1]) avait prévu de passer progressivement la main aux (plus jeunes) reporters de l’équipe au cours de la saison prochaine. Cette décision était connue de la direction de France Inter qui, après avoir fait mine de la prendre en compte, l’a subitement ignorée !

Autre motif invoqué : l’audience quantitative de l’émission qui aurait « perdu 100 000 auditeurs en deux ans ». Cet argument comptable est avant tout un argument faussé puisque cette audience se maintient à des niveaux très élevés, avec près de 450 000 auditeurs chaque jour – alors même qu’elle était descendue aux alentours de 150 000 auditeurs après la décision de la direction d’imposer le déplacement de l’émission de 17h à 15h en 2006. Mais surtout cet argument omet l’essentiel : l’audience d’une émission – du moins sur le service public, on veut encore le croire – est essentiellement qualitative ; elle se mesure aux rapports que les auditeurs entretiennent avec ce qu’ils écoutent !

Laurence Bloch – on l’a dit – ne nous est pas inconnue. C’est en effet une virtuose. Réputée pour le rôle qu’elle a joué auprès de Laure Adler dans le processus de normalisation de France Culture en 1999 et au début des années 2000, elle l’est sans doute moins pour avoir incité Elisabeth Lévy (selon le témoignage de celle-ci) à priver Acrimed de tout accès à l’antenne de France Culture. Elle mérite également d’être saluée pour avoir, en 2004, tenté d’interdire la programmation dans un festival d’un documentaire radiophonique sur la Palestine. Plus récemment, Laurence Bloch s’est également distinguée pour avoir en 2010 congédié Florent Chatain (qui « après avoir enchaîné, « 180 contrats de producteur » souhaitait « obtenir un CDI au sein du groupe Radio France » »), en affirmant sans sourciller : « « [il] n’a pas été viré […], son contrat n’a simplement pas été renouvelé » ». (« Un journaliste présentateur de France Inter est congédié », Mediapart, le 27 août 2010. Article payant).

Les contrats précaires, quand ils n’incitent pas à la docilité, favorisent tous les abus de chefferie. Certes, des « collaborations », « plutôt pour l’été », auraient été proposées à Daniel Mermet et la direction affirme que « tous ses collaborateurs auront une place dans l’univers et l’héritage de « Là-bas si j’y suis » », mais rien n’est acquis, et tous, dans l’équipe de l’émission, comme parmi les auditeurs, restent dans l’expectative, suspendus au fait du Prince.

Et c’est ce qui est en cause ici. La suppression de « Là-bas si j’y suis » n’est pas seulement un coup porté à la diversité des pratiques et des formats journalistiques, au pluralisme de l’information et à la qualité du service public. Cette décision est aussi le signe que ses dirigeants, singeant ceux du privé, se comportent en véritables propriétaires du service public radiophonique, du coup soumis à l’arbitraire de leur inspiration ou de leurs envies du moment…
Notes

[1] Nous ne retirons rien de ce que nous avons écrit à propos des relations de Daniel Mermet avec certains de ses collaborateurs dès 2003 (nous étions alors bien seuls…), puis en 2004 et enfin, en 2013 (« A notre avis », en fin d’article). Précision donnée à la suite de l’interpellation de plusieurs internautes. 

CorteX_chacrimed

Magnifique appel à la pitié pour Acrimed. En savoir plus pour aider cette association unique, ici.

CorteX_Lazarus_Profil

Malgré maintes entourloupes, Lazarus revient

Vous n’avez pas peur de passer de l’autre côté du miroir ? L’énigmatique Lazarus et son projet, Mirages, est de retour ! Avec du CORTECS dans l’épisode 4.

Né le 6.6.66, à Nowhere, Oklahoma, Lazarus est sans visage, et avance dans l’ombre, guidé par la raison. Cette fois-ci, il revient avec 10 nouvelles pastilles. Certes, cela devait être une série de 10 émissions, puisque Lazarus a  gagné haut la main le concours lancé par France TV, Mais faire confiance à la télévision devrait être un pléonasme, et la télévision publique s’est savamment « assise » sur l’accord, au moyen de savantes entourloupes (en savoir plus dans Pourquoi et comment je reviens).

Aussi, plutôt que d’ouvrir une quelconque chaîne, nous préférons regarder les pastilles en ligne, comme ci-dessous.

  • Épisode 1 : avons-nous un destin ?
https://www.youtube.com/watch?v=Q8wtPQ4yF2s
[youtube=https://www.youtube.com/watch?v=Q8wtPQ4yF2s&]
  • Épisode 2 : le miracle de Saint-Janvier
[youtube=http://youtu.be/nq4KGxKQ5jE]
  • Épisode 3 : le « médian » et la répartition des richesses
[youtube=http://youtu.be/tvUKaag5KaM]
  • Épisode 4 : le rasoir d’Occam (avec Richard Monvoisin)
[youtube=http://youtu.be/QCIMMWoLzTQ]
  • Épisode 5 : Manipulation, l’image et le son
[youtube=http://youtu.be/_duBpwqLirk]

Les épisodes suivants…

Le collectif CorteX et Lazarus marchent main dans la main depuis le début. Vous aussi pouvez rejoindre cette sarabande endiablée.

Dans la VidéoteX, vous reconnaîtrez d’autres « figures » de l’investigation critique complices de Lazarus Mirages.

Et comme il le dit si bien : « Que la raison nous serve de guide ! »

 
CorteX_Lazarus_Profil
CorteX_Uma_Thurman

Fruit, légume et raisonnement dans Pulp Fiction, de Tarantino

CorteX_Uma_ThurmanMia Wallace (Uma Thurman) : « Trois tomates se baladent dans la rue. Papa tomate, maman tomate et bébé tomate. Bébé tomate traîne, regarde les belles nanas. Papa tomate se met en rage, lui balance une claque et lui dit : « Qu’est-ce que t’as ? T’es tout rouge ? »
 
Vincent (John Travolta) : Hum hum. 

Pulp Fiction, de Quentin Tarantino et Roger Avary (1994)


Tout le monde connait cette histoire [de la version française – la version US est différente, voir plus bas] et pourtant il y a là une petite erreur de raisonnement.

Papa tomate corrige Bébé tomate parce qu’il est tout rouge. Le comique de l’histoire vient évidemment du fait que Bébé tomate est une tomate et qu’il n’y peut rien, c’est comme ça : il est rouge. Or, il y a six stades principaux dans la maturité des tomates (qui dure une dizaine de jours) : vert blanchâtre, point rose, tournant, rose, rouge clair et rouge foncé.

Du coup on a deux possibilités :

  • Bébé tomate est rouge donc ce n’est plus un bébé, et Papa tomate n’a plus à le corriger sur son attitude envers les belles tomates.
  • Bébé tomate est vraiment un bébé alors il n’est pas rouge – il est vert. Il devient rouge lorsqu’il voit les belles nanas. Dans ce cas là, tout se tient mais ça n’a plus rien de drôle…

En attendant, la tomate est un aliment riche en eau, en minéraux, vitamines (A, C, E) et pauvre en calories. C’est l’ingrédient de cuisine le plus consommé dans le monde après la pomme de terre, et se laisse consommer non comme un fruit mais plutôt comme un légume. D’où la question : la tomate est-elle un fruit ou un légume?

Définition : un fruit est un produit végétal qui succède à la fleur après fécondation et qui renferme les graines de la plante. La tomate est donc bien un fruit (on voit les graines à l’intérieur).

Le terme « légume » quant à lui n’est utilisé qu’en cuisine pour distinguer les végétaux que l’on mange salés, des végétaux sucrés. Quand on mange des légumes, on mange en réalité des fruits (poivron, tomate), des fleurs (brocoli), des racines (patate, carotte), des tiges (céleri), des graines (maïs), des feuilles (salade), des algues ou d’autres formes de vie comme les champignons…

Pour conclure :

La tomate est un fruit rouge que l’on mange comme un légume et Bébé tomate a ramassé pour rien…

Merci à Alex Dufour, et à sa version originale.

Note : la blague US est différente, et est un calembour qui traduit en français, ne marche plus.

« Three tomatoes are walking along.. papa tomato, mama tomato and baby tomato. Baby tomato is lagging behind so Papa tomato goes and squishes him and says : catch up« 

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=H-oQtJXLb7o]

Montpellier mars 2013 – Formations à l'attention des enseignants

CorteX_DAFPEN

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En mars 2013, à Montpellier, le CorteX et la Délégation Académique à la Formation des Personnels de l’Education Nationale (DAFPEN) ouvrent deux formations à l’intention des enseignants, quelle que soit leur discipline.

                            Vendredi 15 Mars – Enseigner le genre : un débat scientifique ? (date à confirmer)
                            Vendredi 22 Mars – Investigation et esprit critique en science (date à confirmer)

Date limite des inscriptions le 22 septembre 2012.

 


 

CorteX_Difference_payEnseigner le genre : un débat scientifique ? (identifiant n°12A0110688)

En septembre 2011, la notion de genre a fait son entrée dans certains programmes de Sciences de la Vie et de la Terre et a suscité de nombreuses réactions très médiatisées. Pendant plus d’un mois, des émissions de radio, des reportages télévisuels, des interviews etc. ont été diffusés sur ce thème particulièrement propice aux réactions affectives, véhiculant nombre d’idées reçues sur les différences entre les Hommes et les Femmes et sur la notion d’identité sexuelle.

Objectifs

  • Définir les notions de sexe biologique et de sexe social ou genre et faire le point sur les travaux récents en neurobiologie, en sociologie, en ethnologie, en biologie sur les questions liées au sexe biologique et au genre.

  • S’interroger sur ce qui, dans nos pratiques d’enseignant, contribue à consolider les différences entre les sexes.

Programme

Matin (9h-12h à confirmer) – Sexe biologique et genre : que disent les sciences sur la construction sexuée des individus ?

  • Le sexe biologique est-il bien défini ?
  • Qu’est-ce que le genre ? Est-ce une théorie scientifique ?
  • Le fonctionnement du cerveau est-il sexué ? 
  • Dans quelle mesure les hormones ont-elles une influence sur le comportement ?
  • Comment se construit le genre ?
  • Pourquoi étudier le genre ? Que défendent les arguments « naturalistes » ?
  • Analyse de réactions médiatiques lors de l’intégration de la notion de genre dans certains programmes de 1ère


Après-midi (13h-16h à confirmer) – La construction du genre dans nos pratiques d’enseignants

  • Filles littéraires et garçons scientifiques : qu’en est-il vraiment ?
  • Discussion autour de campagnes de recrutement de l’éducation nationale et de campagnes de féminisation des cursus scientifiques
  • Le genre dans les manuels scolaires
  • Comment nos interventions en classe peuvent-elles consolider les différences entre les sexes ? Quelques outils simples à mettre en place pour atténuer ces effets.


Informations pratiques

Lieu et date à confirmer
Date limite des inscriptions : le 22 septembre 2012. Toutes les informations pratiques ici
Intervenante : Guillemette Reviron
Amenez les manuels scolaires que vous utilisez en classe.

 

 


 

CorteX_couteau_suisse_critiqueInvestigation et esprit critique en science (identifiant n°12A0110697)

Cette journée de formation s’adresse aux enseignants toutes disciplines confondues et brosse tout l’intérêt pédagogique des sujets étranges, « paranormaux », pseudoscientifiques pour apprendre à démêler le (plutôt) vrai du (plutôt) faux.

 

Objectifs

  • Présenter des outils critiques simples permettant à l’élève de construire rationnellement ses choix en connaissance de cause.
  • Présenter des outils pour enseigner aux élèves à se méfier des intuitions, des témoignages et de leur expérience personnelle.
  • Utiliser la démarche scientifique pour tester et valider ou réfuter une hypothèse.

  • Présenter des séances directement réutilisables par les enseignants, menées dans le cadre d’un cours ou d’un atelier d’esprit critique.

Programme

Matin – Présentation de la démarche critique sur des exemples stimulants

  • Problématique, champs d’investigation
  • Cadre épistémologique (scepticisme raisonnable, matérialisme méthodologique, remport d’adhésion et croyance)
  • Nos sens peuvent nous tromper (illusions visuelles et auditives)
  • Tri des hypothèses : rasoir d’Occam, maxime de Hume…

 

Après-midi – Exemples de séances menées en collège ou lycée (selon la demande des participants)

  • Monter un protocole pour tester une pratique (par exemple, le pouvoir de trouver de l’eau)
  • Remonter à la source d’une information (ondes des téléphones portables et pop-corn)
  • Miracles de Lourdes, triangle des Bermudes, momie maudite, star du football : comment interroger les chiffres ?

 

Informations pratiques
Lieu et date à confirmer
Date limite des inscriptions : le 22 septembre 2012. Toutes les informations pratiques ici
Intervenante : Guillemette Reviron

Montpellier – Cours "Sciences et auto-défense intellectuelle" à l'UM2

CorteX_logo_um2L’Unité d’Enseignement (UE) grenobloise Zététique et auto-défense intellectuelle a fait des émules : depuis la rentrée 2012, Guillemette Reviron donne un cours intitulé Sciences et auto-défense intellectuelle à l’attention des élèves de deuxième année de l’Université de Montpellier II. Ce cours, ouvert dans le cadre des UE de culture générale, présente les bases de l’épistémologie et de la démarche scientifique ainsi que les outils nécessaires à l’analyse des controverses autour des sciences présentées comme alternatives. On y aborde l’investigation scientifique des phénomènes réputés paranormaux, des pseudosciences, des pseudomédecines, des dérives psychologiques, des aliénations sectaires, etc. Les étudiants réinvestiront leurs connaissances en construisant une enquête scientifique et un protocole expérimental sur une hypothèse controversée de leur choix qu’ils présenteront en fin de semestre.

Présentation de l’UE

Influence de la lune sur les naissances, guérisons miraculeuses, rêves prémonitoires, barreurs de feu, combustions humaines « spontanées », voyance, etc : contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces phénomènes ne sont pas exclus du champs d’investigation des sciences et les outils de la démarche scientifique sont nécessaires pour en vérifier les fondements. À partir de sujets stimulants, comme les phénomènes étranges, paranormaux ou mystérieux, ce cours propose dans un premier temps de présenter des outils simples pour appréhender ces domaines et de montrer comment nos croyances peuvent nous rendre vulnérables face aux manipulations – volontaires ou involontaires – ou aux dérives sectaires.
Nous verrons ensuite comment ces outils permettent d’aborder sur un ton doux des sujets aussi variés que l’analyse de discours, les médecines dites alternatives, les discriminations, le dévoiement des sciences au service d’une idéologie etc.Le but ultime de ce cours est de faire en sorte que chacun puisse faire ses choix en connaissance de cause, sache rechercher et trier des informations et puisse se prémunir des techniques d’influence et de manipulation.

Objectifs

  • Acquérir des outils critiques simples permettant de construire rationnellement ses choix en connaissance de cause.

  • Connaître les limites du témoignage et de son expérience personnelle pour la construction d’une connaissance
  • S’approprier la démarche scientifique pour tester et valider/réfuter une hypothèse
  • Savoir relever les biais de raisonnement principaux et les rhétoriques fallacieuses
  • Repérer les méthodes d’influence et de manipulation

Programme indicatif de l’année 2014-2015 (dont l’odre peut changer)

  • Séance 1 – Mardi 14 oct – Illusions sensorielles – Nos sensations et nos souvenirs peuvent nous tromper
  • Séance 2 – Jeudi 16 oct – Comment trier différentes hypothèses explicatives d’un phénomène ?
  • Séance 3 – Mardi 21 oct – Effets et facettes zététiques – Base de l’outillage de la démarche scientifique
  • Séance 4 – Jeudi 23 oct – Monter un protocole pour tester la pratique d’un sourcier
  • Séance 5 – Mardi 4 nov – Méthodologie d’enquête
  • Séance 6 – Jeudi 6 nov – Mésusages des chiffres et des statistiques – Enquête sur les chiffres de la délinquance
  • Séance 7 – Jeudi 13 nov – Analyse critique de l’homéopathie
  • Séance 8 – Mardi 18 nov – Convaincre à peu de frais : analyse des arguments naturalistes / analyse de la  propagande de guerre
  • Séance 9 – Mardi 25 nov – Analyse critique de la médiatisation des sciences
  • Séance 10 – Mardi 2 dec – Techniques d’influence et de manipulation
  • Soutenances – Jeudi 18 déc

Informations pratiques

Responsable de l’UE – Guillemette Reviron – Contact : reviron (ce qu’il faut) cortecs.org
Intitulé du cours – HLSEG303
Début des cours (à confirmer) : le mardi 14 octobre 2014
Horaires –  16h45 à 18h45.
Évaluation – réalisation d’une enquête en petit groupe et rédaction d’un mémoire (première moitié de la note) puis soutenance (deuxième moitié de la note).

Marseille 2014-2015 – Université du Temps Libre – Ouverture du séminaire Autodéfense intellectuelle et esprit critique

CorteX_UTLPar la voie (et la voix) de Denis Caroti, le CorteX ouvre un nouvel enseignement à Marseille : dès lundi 29 septembre et deux fois par mois l’Université du Temps Libre (UTL)  d’Aix-Marseille Université accueillera un séminaire sur le thème Autodéfense intellectuelle et esprit critique, accessible à tous ses étudiants inscrits (une vingtaine).

[TOC]

Dates des cours (à retrouver sur l’agenda)

Les lundis, de 13h30 à 15h : 29 septembre ; 13 octobre ; 10 et 24 novembre ; 8 décembre ; 5 et 19 janvier ; 2 et 16 février ; 9 et 23 mars ; 13 et 20 avril ; 18 mai ; 1er juin

Présentation

L’outillage critique est nécessaire aussi bien pour critiquer les médias, distinguer les contenus scientifiques des contenus pseudoscientifiques, qu’évaluer les thérapies efficaces, déceler les mensonges à but commercial ou politique, ou prévenir l’intrusion des idéologies en science, comme dans le cas du créationnisme. Il ne nécessite pas de bagage scientifique important, et confère pourtant les moyens de se défendre intellectuellement face aux idées reçues, aux préjugés, aux arguments fallacieux. Cet outillage est utile pour le citoyen souhaitant pouvoir, dans le flux des informations qui lui parvient, se faire des opinions en connaissance de cause.
Dans ce séminaire, nous présenterons les méthodes et outils concrets pour se prémunir contre les idées reçues, les biais de raisonnements, les confusions liées à nos attentes et notre expérience, les manipulations, arguments fallacieux et autre sophismes. Le but est donc de se forger un outillage critique personnel solide afin de se défendre intellectuellement face à tout type d’information.

Objectifs/Contenus

  • Élaborer des outils critiques simples permettant de décortiquer tout type d’information.
  • Découvrir les fondements de la démarche scientifique comme base de l’esprit critique.
  • Connaître les bases des mécanismes de la manipulation et d’aliénation mentale.
  • Savoir recouper / chercher l’information contradictoire sur les idées reçues, les affirmations pseudo-scientifiques et les distinguer d’autres contenus plus fiables.
  • Se familiariser avec les pièges argumentatifs, rhétoriques et logiques.
  • Apprendre à se méfier des chiffres, savoir relativiser les statistiques.

Thèmes des cours

Denis Caroti présentera une série de 15 cours qui auront lieu une fois toutes les deux semaines. Voici quelques-uns des thèmes abordés :
1. Faillibilité de nos perceptions : illusions, tri sélectif des données, mémoire.
2. Quels outils pour trier ? Un peu d’épistémologie pour s’y retrouver.
3. Coïncidences et superstitions : hasard et probabilités.
4. Utilisation et distorsion des chiffres dans les médias et la publicité.
5. Atelier : comment tester une prétention qui sort de l’ordinaire ? Présentation et mise en place d’une expérience.
6. Analyse critique d’une pratique thérapeutique : faire ses choix en connaissance de cause ?
7. L’effet cigogne, effet puits, effet impact, effet paillasson : quand notre cerveau nous joue des tours.
8. Les pièges du discours : sophismes, effets et biais de raisonnement.
9. Influence et de manipulation : comment lutter contre la soumission à l’autorité ?
10. Comment distinguer les mélanges entre science et idéologies ?
11. Les médias en science : fabrication de l’image, des mots, des scénarios
12. Comment le concept de Nature est-il devenu un pilier des argumentaires pseudoscientifiques : essentialisme, sexisme, racisme, homophobie, etc.
13. Science, éthique et politique : comment s’y retrouver ?

Thèmes et outils :

  • Épistémologie et philosophie des sciences : maxime de Hume, réfutabilité, principe de parcimonie, matérialisme méthodologique, charge de la preuve, théière de Russel, etc.
  • Paradoxes, pièges logiques, sophismes et arguments spécieux. Illusions, paréidolies, manipulation, influence et soumission à l’autorité
  • Taille de l’échantillon, tri des données, biais de confirmation, pièges statistiques, hasard.
  • Test en aveugle, double aveugle.
  • Créationnismes, essentialisme, racisme, sexisme : stéréotypes, idéologies et discriminations
  • Médecine scientifique & thérapies alternatives.
  • Effet placebo, effets contextuels
  • Corrélation n’est pas (toujours) causalité
  • Fabrique de l’Histoire
  • Philosophie expérimentale
  • Mécanismes sectaires & prévention
  • etc.