La théière de Russell

CorteX_theiere_RussellDans un article intitulé « Is There a God? » (version originale ici) écrit pour un numéro de l’Illustrated Magazine de 1952 mais qui ne fut jamais publié, Bertrand Russell donna l’une des métaphores les plus connues du scepticisme moderne, rangée sur le même rayonnage que le Dragon dans le garage, le Monstre en spaghetti volant ou la Licorne invisible et rose. Souvent demandé par les étudiants, le texte est ci-dessous.
 
 

« De nombreuses personnes orthodoxes parlent comme si c’était le travail des sceptiques de réfuter les dogmes plutôt qu’à ceux qui les soutiennent de les prouver. Ceci est bien évidemment une erreur. Si je suggérais qu’entre la Terre et Mars se trouve une théière de porcelaine en orbite elliptique autour du Soleil, personne ne serait capable de prouver le contraire pour peu que j’aie pris la précaution de préciser que la théière est trop petite pour être détectée par nos plus puissants télescopes. Mais si j’affirmais que, comme ma proposition ne peut être réfutée, il n’est pas tolérable pour la raison humaine d’en douter, on me considérerait aussitôt comme un illuminé. Cependant, si l’existence de cette théière était décrite dans des livres anciens, enseignée comme une vérité sacrée tous les dimanches et inculquée aux enfants à l’école, alors toute hésitation à croire en son existence deviendrait un signe d’excentricité et vaudrait au sceptique les soins d’un psychiatre à une époque éclairée, ou de l’Inquisiteur en des temps plus anciens. »

Note : cette histoire a récemment été développée par Richard Dawkins dans son remarquable livre Pour en finir avec Dieu, publié aux éditions Laffont.

(…) La religion organisée mérite la plus vive hostilité car, contrairement à la croyance en la théière de Russell, la religion organisée est puissante, influente, exemptée de taxes et systématiquement transmise à des enfants trop jeunes pour pouvoir s’en défendre. On ne force pas les enfants à passer leurs années de formation en mémorisant des livres farfelus sur les théières. Les écoles publiques n’excluent pas les enfants dont les parents préfèrent la mauvaise forme de théière. Les fidèles de la théière ne lapident pas les non-croyants en la théière, les apostats de la théière, les hérétiques de la théière ou les blasphémateurs de la théière. Les mères n’empêchent pas leurs fils d’épouser des shiksas de la théière sous prétexte que leurs parents croient en trois théières plutôt qu’une seule. Ceux qui versent le lait en premier ne mutilent pas ceux qui préfèrent commencer par verser le thé. (….)

A décortiquer – brèves médiatiques stupéfiantes

CorteX_intrications_mediasVoici des brèves, petites perles tirées des médias, qui peuvent être matière pour des sujets de recherche pour étudiants, ou pour des morceaux d’enseignement. Cette page est collaborative, donc n’hésitez pas à poster vos trouvailles à l’adresse contact [at] cortecs.org. Il n’y a pas d’ordre dans les brèves, sinon celui-ci : en haut, les plus récentes. Si vous en faites quelque-chose, prévenez-nous.

 

  • L’Inde se dote d’un ministre du yoga

L’Inde se dote d’un ministre du yoga, Le monde,

Le chef du gouvernement indien, Narendra Modi, a nommé dimanche 9 novembre au soir un ministre du yoga, dans le cadre d’un important remaniement ministériel visant à accélérer les réformes après son arrivée au pouvoir en mai.  M. Modi, strict végétarien et fervent adepte du yoga qu’il pratique quotidiennement, a chargé l’ancien ministre du tourisme, Shripad Yesso Naik, de la promotion des médecines et pratiques traditionnelles, telles que l’ayurvéda, le yoga, l’unani, le siddha et l’homéopathie. Le dirigeant nationaliste hindou avait demandé à l’Organisation des nations unies en septembre d’envisager l’instauration d’une journée mondiale du yoga. Lors de sa visite aux Etats-Unis, il a vanté les mérites de cette discipline indienne traditionnelle avec Barack Obama.Intervenant dimanche lors d’un congrès mondial de l’ayurvéda, médecine traditionnelle pratiquée en Inde, le premier ministre a estimé que « le yoga avait acquis une reconnaissance mondiale pour ceux qui veulent vivre sans stress et choisissent d’avoir une approche holistique de la santé ». L’ayurvéda parviendra à atteindre une reconnaissance similaire « si elle est présentée de façon correcte comme un mode de vie », a ajouté le premier ministre indien (…)

(Merci à Yannick Siegel pour cette information)

 

  • Ebola : un député vert néo-zélandais prône l’homéopathie pour éradiquer l’épidémie

MP demoted after suggesting homeopathy use in Ebola fight, New Zealand Herald, 4 novembre 2014

Steffan Browning, député vert néo-zélandais, vient d’être démi de son poste de porte-parole du parti sur les produits naturels. fonctions  pour avoir  prôné l’homéopathie dans le traitement d’Ebola. Il avait par ailleurs signé une pétition demandant à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de distribuer des médicaments homéopathiques pour contenir l’épidémie.

  • Les Français surestiment largement le nombre d’immigrés en France

Alberto Nardelli and George Arnett, Today’s key fact: you are probably wrong about almost everything, The Guardian, 29 octobre 2014

Selon une étude publiée par The Guardian, tirée des chiffres du Ipsos Mori social research institute, les Français, entre autres, surestimeraient largement le nombre d’immigrés en France, ainsi que le nombre de musulmans. Les diagrammes ci-dessous indiquent : en bleu clair, le % d’immigrés « réels », la colonne entière donne la perception moyenne globale, et donc le bleu marine la surévaluation subjective par pays.

CorteX_Guardian_perception_immigration CorteX_Guardian_perception_muslim

  • Une astrologue dans l’administration Reagan

Joan Quigley, Astrologer to a First Lady, Is Dead at 87, The New York Times, 24 octobre 2014

On en reparle depuis son décès le 21 octobre 2014 : Joan Quigley, astrologue, avait une ligne directe avec Nancy, femme du président US, et la conseillait sur les dates des meetings, les débats présidentiels, sur le cancer de Ronald en 1985. L’information avait discrètement fuité en 1988 dans les mémoires de DOnald T. Regan, ancien chef de cabinet du président.

  • Le packing : une étrange analogie avec la transfusion sanguine par le Pr Pierre Delion du CHU de Lille

Laura Spinney, Therapy for autistic children causes outcry in France, www.thelancet.com, 25 août 2007

Il s’agit d’une enquête de la journaliste Laura Spinney pour le Lancet sur la thérapie du packing. Le Pr Pierre Delion, enseignant à l’Université Lille 2 et Pédopsychiatre au CHRU de Lille, tenant de cette pratique, est questionné dans cet article. Le packing est une thérapie controversée utilisée par certains praticiens dans le cadre du traitement des enfants autistes.

 

Couverture de l'ouvrage de Raphaël Hammer

Lecture : Raphaël Hammer – Expériences ordinaires de la médecine, confiances, croyances et critiques profanes

Couverture de l'ouvrage de Raphaël HammerRaphaël Hammer est docteur en sociologie, et actuellement enseignant et chercheur en Suisse au sein d’une structure regroupant différentes formations paramédicales. Cet ouvrage 1 retranscrit les résultats d’une enquête sociologique menée dans le canton de Genève en l’an 2000, qui s’intéressait aux formes principales de reconnaissance, de valorisation et de critique portées par les « profanes » vis-à-vis des médecins, du système de santé et des thérapies dites alternatives. Son contenu fait écho à de nombreuses problématiques soulevées et traitées au sein du Cortecs. Un livre de plus à ajouter à la bibliothèque critique du praticien en santé !

Une saine méthodologie

Dans le cadre de l’étude sur laquelle s’appuie l’ouvrage, des entretiens semi-directifs ont été menés auprès de 64 hommes âgés de 40 à 60 ans habitant dans le canton de Genève, recrutés via l’annuaire téléphonique, appartenant à différentes catégories socio-professionnelles : travailleurs manuels, instituteurs, employés de bureau. Les conclusions tirées de cette enquête concernent donc un échantillon bien spécifique de la population suisse ; l’auteur insiste à juste titre sur cet élément épistémologique important. Surtout, ce qui est intéressant ici, c’est de voir comment une méthodologie qualitative fréquemment utilisée en sciences sociales (la conduite d’entretien) peut être menée de manière rigoureuse.

Des précisions sur la critique de « la science »

Souvenons-nous, le mot science peut revêtir différents sens2. Rappelons-les brièvement ; le mot science peut renvoyer à la méthode, à la somme des connaissances, aux sciences appliquées et aux technologies, à la communauté scientifique vue de l’intérieur, à la même communauté vue de l’extérieure. Lorsque quelqu’un remet en cause la science médicale, il est donc légitime de se questionner sur ce qu’il désigne par ces termes. C’est ce que fait Raphaël Hammer.

Ainsi, nous découvrons que les personnes interrogées ne remettent pas du tout en cause la science en tant que méthode. En effet, « c’est moins la science en tant que telle qui est l’objet des inquiétudes et des contestations, que les aspects politiques et économiques de son fonctionnement et de son insertion dans la société globale » (p220). Plus précisément, «  ce sont bien les aspects politiques et économiques qui sont au centre des acquisitions les plus fréquentes et les plus vives : l’influence du néo-libéralisme sur la gestion des institutions de soin, l’importance de la rentabilité des politiques sanitaires, ou encore le pouvoir des industries pharmaceutiques et des assurances-maladie sur le système de santé et les pratiques médicales. Nombre de discours sont ainsi marqués par ce sentiment inquiet que la qualité des soins, la santé comme bien en soi et l’équité sont des valeurs menacées par la logique capitaliste et la quête du profit » (p221).

Critères de légitimité des thérapies alternatives selon leurs usagers ou sympathisants

Aiguilles d'acupuncture
Des aiguilles servant à pratiquer l’acupuncture

Le chapitre IV s’intitule « Médecines alternatives et populaires : représentations et usages » et tente de cerner les éléments socio-institutionnels, symboliques, et pratiques qui fondent la crédibilité de ces thérapies aux yeux de leurs usagers.

Les positionnements des interrogés sont différents selon le type de thérapie proposée. Lorsque la pratique est présentée comme étant le fruit d’un talent ou du don d’une personne (c’est souvent le cas avec les barreurs de feu ou les rebouteux), les critères de rationalité, de scientificité et de reconnaissance institutionnelle sont plus fréquemment suspendus ; on se fie alors aux témoignages, à la gratuité de l’acte, comme garants de son efficacité. Lorsque les pratiques sont présentées comme étant le fruit d’un savoir (l’homéopathie, l’acupuncture par exemple), elles sont jugées comme étant digne de confiance, puisque s’appuyant sur un savoir théorique constitué et énonçant peu voir aucun effet secondaire. L’adhésion aux idéologies et aux principes qu’elles véhiculent (l’approche globale de l’individu, la valorisation des défenses propres de l’organisme etc.), le parcours académique des pratiquants, le contrôle par les autorités scientifiques et politiques rassure et leur confère plus de crédibilité.

Le développement de ces pratiques serait avant tout la conséquence d’un profond désenchantement vis-à-vis de la technicité médicale, de la déshumanisation des soins, de la barrière relationnelle et statutaire entre le soignant et la patient. Il est alors étrange de s’apercevoir que les pratiques « alternatives » sont finalement évaluées et choisies selon les mêmes critères que les pratiques dont elles prétendent se démarquer. Les interlocuteurs désirant les utiliser disent qu’elles doivent répondre à des impératifs de validité, de compétence, et d’efficacité. Vis-à-vis d’elles, ils adoptent un positionnement agnostique, qu’Hammer qualifie de « scepticisme libéral » (p173) : ils n’y croient pas, sans pour autant dire qu’elles ne sont pas valides ou efficaces.

Pour de vraies alternatives en santé

Si Raphaël Hammer ne prend pas vraiment position vis-à-vis du statut des thérapies « alternatives », on peut penser qu’en plus de ne pas avoir fait la preuve de leur efficacité propre, elles ne sont pas des alternatives politiques ou économiques 3. Mais alors, que proposer pour parvenir à un système plus efficace et satisfaisant pour le plus grand nombre ? Quelques éléments de réponse sont esquissés dans cet ouvrage. Hammer postule que la question n’est plus d’être pour ou contre la science, mais plutôt de définir le cadre de son développement, d’instaurer un débat autour des questions éthiques. J’ajouterais à cela que tous les citoyens devraient potentiellement pouvoir y prendre part. Mais pour que les échanges soient fructueux, cela nécessitera de bien poser la cadre épistémologique et théorique de départ (notamment, ce que l’on entend par « science »), et de détecter les argumentations fallacieuses, ce qui nécessite que les participants soient formés au préalable au maniement d’outils d’analyse spécifiques.

À titre individuel, en tant que professionnel de santé, l’ouvrage nous rappelle, s’il le fallait, l’importance du dialogue, du facteur relationnel et de l’attention que l’on doit porter aux aspects psychosociaux de la prise en charge de nos patients. Encore faut-il que notre contexte professionnel nous le permette, où que nous nous octroyons cette possibilité.

Nelly Darbois

Les pisteurs

Perceval, Karadoc et le rasoir d’Occam

Perceval et karadocIl semblerait que Perceval et Karadoc, le duo culte de la série Kaamelott, n’aient pas suivi de cours d’autodéfense intellectuelle, pour preuve : un des plus hilarants exemples de non-parcimonie. Si vous en avez d’autres, n’hésitez pas à nous faire signe.

Kaamelott – Saison 4 Episode 6 : Les pisteurs (3 min)

Nous avons dû supprimer la vidéo après avoir reçu le courriel suivant : 

Bonjour,
Nous agissons pour le compte de notre client, Regular Production, concernant le retrait de vidéos incluant tout où parties (intégrales, épisodes, extraits…) de la série TV « Kaamelott » d’Alexandre Astier (Regular Production).
Merci de retirer les vidéos suivantes…

Comment TVLab et le service public s’est moqué de de la pensée critique

CorteX_Lazarus_TVLAB
Lazarus dans le poste, c’eut été trop beau

Vous vous rappelez, Lazarus, fenêtre de pensée critique dans la lucarne du petit écran ? Forte déconvenue après le fallacieux concours de France 4 : preuve de plus qu’une pensée élaborée n’a pas de place sur le service audiovisuel.

Chers amis, chères amies,

Tout d’abord je voudrais remercier celles et ceux qui me suivent et ont soutenu ma démarche jusqu’à aujourd’hui.

Comme vous le savez, j’ai accepté de participer à une sorte de compétition publique afin de pouvoir m’exprimer à la télévision. Le TVLab de France 4 offrait en effet au gagnant du concours la possibilité de diffuser une émission à l’antenne. Malgré votre soutien particulièrement vigoureux et vos suffrages sur la toile, malgré le fait que ma proposition soit arrivée loin en tête du concours, France 4 n’a jamais eu l’intention de me donner la parole.

La Raison ? La pensée sceptique ? Le refus des dogmes ? L’humanisme ? La justice sociale ? L’internet neutre ? Pas à la télévision !

Après un an et demi de report en report, après une proposition de diffuser quelques modules sur internet en plein été, le TVLab ne donne plus aucune nouvelle aux producteurs avec qui j’ai travaillé et qui conservent toute ma confiance. Mais c’est le troisième du concours qui se retrouve à l’antenne…

On s’est moqué de vous qui avez voté. Et le concours est relancé pour une deuxième saison.  Et au même moment, France 4 rediffuse un reportage à la gloire des charlatans du pseudo paranormal que j’ai moi-même participé à dénoncer.

La télévision fait partie du système. Elle participe à l’entretien des croyances et de la soumission. Elle engraisse une caste d’amis en méprisant celles et ceux pour qui elle est faite. Mais comme le reste du système, ses jours sont comptés.

L’histoire ne fait que commencer…

Que la Raison éclaire votre chemin.

Note du CORTECS : France 4 ne prend même plus la peine de répondre à Lazarus. Par contre, ils lui ont écrit pour lui dire qu’ils lançaient un deuxième concours et allaient… prendre des images de Lazarus pour faire la promo du TVlab. Fascinante télévision, qu’aucune honte n’étouffe. En attendant, les réseaux sociaux s’embrasent, comme ici.
pour se plaindre à France 4, il est possible d’utiliser le formulaire de contact ou écrire à l’adresse suivante :
7, esplanade Henri de France
75907 Paris Cedex 15

Marseille – UTL

Les cours du séminaire Esprit critique et autodéfense intellectuelle sont à télécharger chaque semaine sur cette page. Liens utiles, vidéos présentées et bibliographie sont également présents à la suite.

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Cours n°1

Liens utiles et vidéos

– Illusion d’E.Adelson

 

– Cécité au changement (compter les passes)

 

– Expérience de D.J. Simons (cécité au changement)

 

– Test Whodunit ?

 

Le diaporama du cours n°1

Bibliographie

Petit cours d’autodéfense intellectuelle, Normand Baillargeon, Lux, 2006

L’Art du doute ou comment d’affranchir du prêt-à-penser, Henri Broch, book-e-book.com, 2008.

Cours n°2

Liens utiles et vidéos

Un article sur le rasoir d’Occam

– Vidéo d’une « catalepsie » :

– Vidéo de Lazarus-mirages sur les guérisseurs philippins :

– Site internet de Lazarus-Mirages : http://www.lazarus-mirages.net/

Le diaporama du cours n°2

Bibliographie

– David Hume, Enquête sur l’entendement humain, 1748 : en ligne ici. Section 10 sur les miracles. A télécharger ici.

– Susan Haack, Le bras long du sens commun, 2003 : à télécharger ici. Un article récent à consulter également.

 

Cours n°3

Liens utiles et vidéos

– Sur le dragon dans le garage de Carl Sagan : le texte en ligne ici.

– Une vidéo sur les barreurs de feu : impossible à charger pour le moment mais la vidéo se trouve sur le site de l’émission.

– Un article sur le matérialisme méthodologique (expliqué en vidéo) : ici

– Un article sur la réfutabilité de K.Popper : ici

Le diaporama du cours n°3

Bibliographie

– Alan Chalmers, Qu’est-ce que la science ? (Livre de Poche, Biblio essais, 1990) –> pour débuter, problème de l’induction, et autres questions épistémologiques

– Karl Popper, La logique de la découverte scientifique, Payot,1989 (1968) –> sur la réfutabilité, plutôt corsé

– Bertrand Russell, Essais sceptiques, Les belles lettres, 2011 (1928)

– Bertrand Russell, Problèmes philosophiques, Payot, 1989 (1911)

 

Cours n°4

Liens utiles et vidéos

– Un article sur l’effet impact

– Un article sur l’effet paillasson

– Vidéo présentant un test du bracelet Power Balance :

 

– Vidéo présentant une machine « quantique » :

 

Vidéo présentant les travaux de Masaru Emoto (cristaux de glace)

–  Quantox : l’art d’accommoder le mot quantique à toutes les sauces. Un article très complet de Richard Monvoisin à partir duquel il a publié ce livret.

– Un article sur l’utilisation du mot quantique dans les médias : Science&Vie. La vie serait-elle quantique ?

Le site du GEMPPI (lutte contre les dérives sectaires)

Sur le MODH (monoxye de dihyrogène…)

Le diaporama du cours n°4

Bibliographie

Sur les différents types d’effets et les facettes zététiques :

– Comment déjouer les pièges de l’information ou les règles d’or de la zététique, Henri Broch, book-e-book.com, 2008.

Le paranormal, Henri Broch, Seuil, 1989.

Sur les mésusages du mot quantique :

Quantox. Mésusages de la mécanique quantique, Richard Monvoisin, book-e-book.com, 2013.

 

Cours n°5

Liens utiles et vidéos

– Sur l’effet Forer/Barnum :

– Le texte utilisé en cours pour faire le test (genré pour fille et garçon)

–  L’article de Dickson et Kelly faisant état des travaux sur l’effet Barnum (en anglais)

– Le canular de J.Y Lafesse  :

 

– Un article sur l’effet puits

– Extrait de la conférence gesticulée de Franck Lepage Inculture(s) 1, sur la langue de bois (mise en évidence de l’effet puits) :

 

et sa conférence en intégralité.

Le tableau de phrases puits en politique (tiré de Devenez sorciers, devenez savants, H.Broch et G.Charpak)

– Un exemple de générateur de phrases puits (langue de bois)

– Sur l’astrologie (voir Bibliographie)

Le diaporama du cours n°5

Bibliographie

Sur l’astrologie (et disponible en prêt) :

L’astrologie. Derrière les mots, Laurent Puech,  book-e-book.com, 2005

Astrologie. Science, art ou imposture, Frédéric Lequèvre, l’horizon chimérique, 1991

L’astrologie, Daniel Kunth, Philippe Zarka, PUF (Que sais-je ?), 2005

Cours n°6

Liens utiles et vidéos

– Sur les coïncidences « extraordinaires » :

 

– Sur le tri sélectif de données :

Paniers de basket

Lancés de canettes

Le diaporama du cours n°6

Bibliographie (et disponibles en prêt)

Coïncidences : nos représentations du hasard, Gérald Bronner, Vuibert, 2007.

Vous avez dit hasard ? Entre mathématiques et psychologie, Nicolas Gauvrit, Belin, 2009

Déchiffrer le monde. Contre-manuel de statistiques à l’usage de citoyens militants, Nico Hirtt, Aden éditions, 2007.

Cours n°7 & 8

Comment tester une affirmation extraordinaire ? 

Pour le protocole expérimental mis en place, on pourra consulter la page de l’Observatoire Zététique.

L’effet cigogne

– On pourra lire l’article qui traite de la confusion entre corrélation et causalité.

Liens utiles et vidéos

– Sur les corrélations étranges sous forme de graphiques : http://www.tylervigen.com/

– L’article de Nicolas Gauvrit avec la vidéo présentant le problème des variables de confusion.

Le diaporama du cours n° 7

notre équipe informatique

Notre équipe informatique

CorteX_Equipe_Info

Depuis deux ans, ils cravachent à nous enseigner les rudiments de l’épistémologie de l’informatique. Ils ont sauvé le site cortecs.org des griffes d’attaques pirates. Ils nous apprennent à comprendre ce qu’est le Net, ce qu’est réellement un courriel, et comment mettre les mains dans le cambouis derrière les écrans mordorés de nos ordinateurs. Il était temps qu’on leur dise merci, à Ismaël Benslimane et Julien Peccoud. En photo, leurs efforts, nuit et jour. Une série télévisée leur a été consacrée, The big bang theory : ils ont servi de modèles pour les personnages de Sheldon Cooper (en beige) et Leonard Hofstadter (assis sur le canapé). équipe informatique du CorteX

THE BIG BANG THEORY

Analyse du traitement médiatique d'une grève

Medias objectivite actualite sociale Nouveaux chiens de garde La_greveLe 10 juin 2014, quatre syndicats ont appelé les cheminots à une grève reconductible. Le 11 juin au matin, j’étais à l’écoute du traitement médiatique donné à ce mouvement d’ampleur nationale. Je me suis intéressé plus particulièrement à trois émissions de radio très écoutées sur le créneau 6h-9h : Europe Matin (Europe 1, Thomas Sotto), RTL Matin (RTL, Laurent Bazin) et Le 7/9 (France Inter, Patrick Cohen). L’analyse de ces émissions  minute par minute m’a permis de mettre en lumière les stéréotypes associés à la grève ainsi que les mécanismes de la fabrication de l’information et de l’opinion, fondés sur un biais simple et redoutable : le tri sélectif des informations.

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Les trois émissions sont disponibles directement sur les sites des radios : – Europe 1 MatinRTL MatinLe 7/9 ; à récupérer ici : Europe 1 ; RTL ; France Inter partie 1 et partie 2

Préalable

Comme on le verra dans la suite, la grève est toujours présentée comme de la responsabilité des cheminots, jamais de celle du gouvernement ou des patrons. Qui a raison ? Si la réforme proposée est désastreuse tant pour les cheminots que pour les usagers, n’est-ce pas eux (patrons, gouvernement) qui devraient être tenus pour responsables des tensions ? On pourrait tout aussi bien dire que c’est le gouvernement qui provoque la panique dans les transports en n’allant pas dans le sens des revendications des cheminots. Comment savoir ?

Pour nous faire un avis sur la grève, il nous faut donc : – le contenu du projet de « réforme » – ce que dénoncent les cheminots – pourquoi SNCF n’accède pas aux revendications des cheminots (en quoi ils ne sont pas d’accord)

Sans cela, il est impossible de comprendre les raisons du conflit et de se faire un avis en connaissance de cause. Quid des émissions de radio qui nous « informent » en cette matinée de grève ?

Le choix des radios et de l’analyse

Le choix des émissions est basé sur un double critère : elles font partie des trois émissions d’information les plus écoutées sur cette tranche horaire (voir ici) ; ce sont également celles que j’écoute le plus souvent quand j’ai le temps.

Le choix du créneau est discutable mais, je pense, cohérent : les émissions d’informations à la radio sont concentrées majoritairement le matin et en fin d’après-midi. J’ai choisi le matin, par facilité.

Concernant l’analyse de ces émissions, après une écoute complète de chacune d’entre elles, j’ai noté chaque passage où il était question de la grève des cheminots, en notant le temps consacré et la nature des propos tenus. J’ai mesuré le temps de parole des animateurs/journalistes sur le sujet ainsi que le temps accordé aux différentes entrevues et reportages, toujours sur ce même sujet.

Les raisons de cette analyse

C’est au petit-déjeuner que j’ai décidé de prendre le temps de l’analyse : en l’espace d’une demi-heure d’écoute (Europe Matin), j’avais entendu une kyrielle de témoignages d’usagers mécontents qui m’avaient convaincu que cette grève, comme tant d’autres lorsqu’il est question de transport ou d’éducation, allait perturber et gêner des milliers de personnes dans le pays. La grève était décrite du début à la fin comme un sale moment à passer. En revanche, je n’avais toujours aucune idée des raisons qui avaient poussé les cheminots à lancer cette grève.

Je me suis honnêtement posé la question : avais-je subi un tri sélectif des données ? M’étais-je exposé sélectivement aux informations allant dans le sens de mes attentes (à savoir un traitement médiatique partisan et « grèvophobe ») ? N’avais-je gardé en mémoire qu’un seul pan de celles-ci et oublié les entrevues des syndicats à l’origine du mouvement et les débats contradictoires présentant les différents points de vue ? Avais-je simplement raté ces plages d’informations au cours de la matinée ? Pour le savoir, j’ai donc décidé de mener l’enquête et d’écouter du début à la fin, d’abord l’émission en question (Europe Matin), puis deux autres, pour étoffer cette analyse. Voici ce que j’ai trouvé.

Limites : cette grève de  SNCF intervient le même jour que celle des taxis, générant une exposition médiatique accrue autour des désagréments et perturbations causés par ces deux mouvements. J’ai donc distingué dans la suite les durées consacrées à la grève des cheminots de celles évoquant la grève des taxis.

Résultats

Europe Matin (6h-9h)

Trois heures d’émission mais seulement 2h30 environ sans les publicités.

L’équipe de Thomas Sotto a consacré presque 19 minutes (18’52) au traitement de la grève des cheminots. Sur cette durée, j’ai compté 7’05 pendant lesquelles il était question des raisons de la grève (soit dans les titres : « […] pour protester contre la réforme visant au rapprochement entre la SCNF et RFF« , soit dans des entrevues ou des discussions avec invités autour de cette question).

Sur ces 7 minutes, aucun temps n’a été consacré à la parole des cheminots, syndiqués ou non. 3’05 ont permis à un éditorialiste (Axel de Tarlé) de revenir soi-disant sur les raisons de la grève (il répondait à la question « Pourquoi cette grève »). Or, à aucun moment il n’évoque les véritables problèmes avancés par les cheminots et se centre uniquement sur l’aspect concurrentiel du marché ferroviaire.

Un deuxième temps (vers 1h07 d’émission, durée 3’45) est introduit par la co-animatrice avec cette phrase « Les corporatismes sont-ils en train de bloquer le pays ? ». Il est consacré à l’entrevue d’un invité, Mathieu Laine, présenté comme libéral et qui, dans les premières secondes, déclare que les français sont de petits rentiers, incapables de voir loin. Le ton est donné, bien loin d’une analyse des raisons de la grève des cheminots. Seul Thomas Sotto tente de répondre aux caricatures et autres raccourcis de l’invité sans  pour autant entrer dans une véritable contre-argumentation solide.

Au final, sur ces 18’52, la part consacrée aux raisons de la grève (c’est-à-dire où l’on a évoqué a minima le pourquoi du mouvement) s’élève à 37,5% si l’on inclut l’entrevue de Mathieu Laine, et à 8,9% si on retire celle-ci. Par ailleurs, le temps d’antenne donné aux cheminots est égal à zéro.

RTL Matin

Deux heures d’émission (7h-9h), environ la même proportion de publicité (environ 25 min).

Sur ces deux heures, j’ai comptabilisé 11 minutes évoquant la grève des cheminots. Sur ces 11 minutes, aucun invité et aucune entrevue de cheminots ou syndicalistes. Le seul moment où l’on entend parler des raisons de la grève se situe au bout de 2’30 d’émission : « La CGT et Sud se sont lancés dans un mouvement reconductible, ils protestent contre le projet de réforme ferroviaire qui doit rapprocher Réseau Ferré de France et la SNCF »

Il n’y en aura pas d’autres.

Cela représente 5 secondes sur les 11 minutes, soit 0,75% du temps consacré, pour le reste, aux témoignages des usagers et à l’état du trafic.

Le 7/9 (France Inter)

L’émission dure deux heures, sans publicité. Sur ces deux heures – essentiellement des informations, entrevues et reportages – j’ai compté 15 minutes sur la grève, dont 7’05 sur les raisons de celle-ci. Dans le détail, 40 secondes de titres et autres lancements reviennent sur les raisons de la grève en une phrase ou deux. On compte néanmoins une entrevue en studio du secrétaire général de la CGT cheminot, Gilbert Garrel (6’25), et une autre, plus rapide, d’un délégué CGT (30 secondes).

En dehors de ces temps-ci, les 8 autres minutes donnent la parole aux usagers en général mécontents ou résolus et à l’état du trafic.

La durée consacrée aux explications représente 46,1% du total d’informations sur la grève, l’essentiel de ces raisons étant données par les syndicalistes de la CGT.

Analyse du discours

Que ce soit sur Europe 1, RTL ou France Inter, une grande partie du temps d’antenne a été donnée à la parole des usagers, pour la quasi-totalité mécontents de la grève (je n’ai pas fait de relevé précis mais les avis positifs ne sont apparus que ponctuellement). Deux questions viennent alors : quelles informations arrivent à l’oreille de l’auditeur sur la grève  autres que les problèmes rencontrés par les usagers ? Quelle impression sera retenue par l’auditeur qui, pour plus de 99% du temps d’information comme sur RTL, entendra des personnes énervées et contre les effets de la grève. Car c’est de cela dont il s’agit : les effets de la grève sont désagréables et privent parfois des milliers de personnes de leur moyen de transport habituel. Que l’accent soit mis uniquement sur cet aspect doit nous interroger et nous questionner sur cette fabrique de l’opinion engendrée par l’occultation des journalistes et/ou des rédactions de la partie « pourquoi » une telle grève ? Certes, ce traitement médiatique est différent selon les radios et si RTL se démarque par une quasi-absence d’information sur les raisons de la grève, Europe 1 y consacre environ un tiers de son contenu (avec un fort parti pris en défaveur des grévistes, sans consacrer à ceux-ci en retour une seule minute de temps de parole) quand France Inter ne dépasse pas les 47% ; elle est néanmoins la seule radio à avoir interrogé des représentants des cheminots.

Appel à la pitié et tri sélectif des données

Les nuisances ont donc pris le dessus sur les raisons de la grève. Chaque titre, chaque lancement met en avant celles-ci, consacrant une écrasante majorité des journaux ou reportages aux témoignages (négatifs), aux retards, aux annulations, aux bouchons, etc. L’usager est le sujet de la grève et le recours à différents sophismes tel cet appel à la pitié présentant une lycéenne devant partir presque cinq heures plus tôt pour être certaine de ne pas rater l’épreuve du baccalauréat qu’elle doit passer en début d’après-midi (Europe 1, vers 1h19′), renforce l’image négative associée aux grévistes, responsables du stress de cette élève… (sur ce point, voir cet excellent article sur le site d’Acrimed, paragraphe 2)

Le leitmotiv : être au plus près des gens, avec une sorte de règle qu’Aubenas et Benasayag appellent la loi de proximité :

« Il y a bien sûr quelques règles édictables et aisément compréhensibles. La plus célèbre reste sans doute cette antique loi de la proximité, vieille comme la presse et dont l’équation s’applique dans toutes les rédactions du monde : il faut diviser le nombre de morts par la distance en kilomètres entre le lieu de l’événement et le siège du journal pour trouver la taille de l’article finalement publié. Un accident de train, gare de Lyon à Paris, sera ainsi bien plus «couvert» par la presse nationale (dont les bureaux sont dans la capitale), qu’un accident comparable à Marseille, sans même parler d’un déraillement mortel en Inde ou en Afrique. » La fabrication de l’information, les journalistes et l’idéologie de l’information, La découverte, p 34, 2007.

Si cette règle guide les choix au sein des rédactions, alors, même le fait de cibler uniquement les effets concrets et immédiats d’une grève est tout à fait rationnel, contestable certes, mais cohérent en regard de l’objectif mercantile de la vente avec profit de cette marchandise qu’est l’information. Les raisons de la grève – dont l’effritement du service public et les risques pointés en termes de coût ou de sécurité – touchent elles-aussi concrètement et directement ces mêmes usagers interrogés, mais de façon plus lointaine et moins palpable comparé aux nuisances bien réelles pour celles et ceux qui attendent leur train depuis des heures.

Dans cet extrait du Petit Journal de juin 2013 (vers 5’30) on appréciera la manière dont on peut fabriquer une opinion en fonction du montage choisi lors d’un micro trottoir :

Le Petit Journal a-t-il lui aussi effectué un tri sélectif des données en ne sélectionnant que des gens avançant à la fois des propos « gentils » et des propos plus durs ? Peu importe : avant de tirer une quelconque conclusion d’un micro trottoir ou plus largement d’un sondage, il faut d’abord s’assurer au moins de ceci : quels sont les biais de sélection (le journaliste n’a-t-il gardé que les cas qui l’intéresse ?), les biais d’échantillonnage (faire le sondage à 14h dans une rue bourgeoise n’est pas la même chose que dans un quartier de banlieue à 23h), les critères d’inclusion (certains avis ont été retirés : est-ce parce qu’inaudibles ? Parce qu’allant contre l’avis du journaliste ?), etc. Henri Broch, dans Le Paranormal, donne ce conseil judicieux qui recouvre ces points : « le mode d’inclusion et de rejet des données doit être significatif et précisé à l’avance ».

Effet impact

J’ai également écouté le vocabulaire utilisé par les animateurs et présentateurs des informations : celui-ci porte sur le même registre tout au long de l’émission, avec quelques variantes, généralement négatives en regard des perturbations occasionnées par la non-circulation des trains.

J’ai noté : « Nouvelle journée de galère (E1) » ; « Bon courage, E1 vous accompagne » ; « Grève qui complique la vie des usagers (E1) » ; « A la gare du Nord, on vit déjà un cauchemar éveillé (RTL) » ; « C‘est un mercredi de galère, on vient de dépasser les 300km de bouchons (RTL) » ; « Matinée très douloureuse pour beaucoup d’entre vous (RTL) » ; « Ce sera compliqué sur les routes (Inter) » ; « Usagers en mode tortue (Inter) » ; « Un mercredi haut en couleurs, noir sur les rails… (Inter) »

Ce lexique avait été déjà pointé dans le film Les Nouveaux Chiens de garde, de Serge Halimi, adapté par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat en 2012.

Sur le terme « noir » :

Sur le terme « galère » :

Pour présenter les raisons de cette grève (plus ou moins rapidement on l’a vu), Europe 1 et RTL ont utilisé le même type de vocabulaire : les cheminots protestent contre la réforme. Sur France Inter, je n’ai noté qu’une seule phrase sur le même mode et le verbe utilisé était différent puisque les cheminots étaient ici mobilisés contre la réforme. Avant de revenir sur la connotation de ces deux verbes, qu’en est-il de leur dénotation (leur sens réel) ? Protester signifie littéralement manifester son opposition (voir une définition possible ici). Mobiliser signifie faire appel à, mettre en oeuvre (si l’on exclut l’aspect militaire, mettre sur le pied de guerre).

La connotation de ces termes est bien différente : en cherchant les synonymes, on a une idée assez bonne de l’effet impact obtenu par leur utilisation. Pour « protester », on trouve une connotation proche de râler, ronchonner, rouspéter, grogner. Pour « mobiliser », on trouve des verbes comme grouper, liguer, enrôler, lever.

Quel impact procure ces deux termes sur notre perception du mouvement de grève ? Si l’effet est ténu car les raisons ne sont que très peu évoquées par les animateurs/journalistes, il faut rappeler que la connotation renforce l’image associée à l’information réelle (faire la grève) pour appuyer une certaine perception de celle-ci (râler ou se liguer).

Conclusion

Il faut prendre garde aux conclusions hâtives : les médias seraient-ils enclins à donner une perception négative des grèves et des grévistes ? Est-ce une attaque contre les cheminots et leurs syndicats ? Possible, mais peu probable car, comme évoqué ci-dessus, d’autres raisons amènent les journalistes à un tel traitement médiatique sans présupposer leurs intentions négatives à l’égard des syndicats. Je le rappelais plus haut, les médias vendent de l’information. Celle-ci doit donc être achetée/écoutée/vue pour rapporter un certain profit. Et par un maximum de personnes (la fameuse audience). La question se pose ainsi : comment faire en sorte qu’une information soit diffusée au plus au grand nombre ? En fournissant de longues et complexes explications au quidam qui patiente dans les embouteillages ? Certainement pas. En collant aux problèmes que tout un chacun rencontre en ce jour de galère ? Jackpot. Evidemment, en optant pour un traitement à court terme, on n’analyse ni les causes ni les mécanismes permettant de mieux comprendre la situation et les enjeux liés à la grève.

Cela m’amène à faire le pari (pas trop risqué) qu’une prochaine grève dans l’Education Nationale sera traitée de la même manière. Toutefois, les informations liées à la grève des taxis le même jour m’ont permis de mettre en lumière une constante dans les trois émissions : à chaque lancement, les raisons de la grève étaient systématiquement données, certes de façon tronquée et brève, mais néanmoins précisées. Les journalistes auraient-ils une perception différente du sort des taxis ? Sans doute, ceux-ci n’ayant pas encore une image aussi dégradée et négative que les cheminots, décrits depuis des années comme des privilégiés incapables d’accepter que l’on touche à leurs avantages.

Pour ma part, après six heures passées à écouter ces émissions, je n’avais entendu que six minutes d’explications assez complètes (lors de l’entrevue de Gilbert Garrel) et je n’ai vraiment compris le problème qu’après la consultation du dossier de la CGT cheminots, plutôt clair et complet. Bien entendu, les contre-arguments avancés sont discutables et la direction de SNCF ainsi que le gouvernement ont pu exposer ceux-ci dans divers journaux. D’autres sites Internet avaient également relayé certaines de ces informations mais force est de constater que les médias tels que la radio (et par continuité la télévision) n’ont fourni ce jour aucune information objective et complète malgré le temps consacré à « l’événement ». Ce que j’ai retenu en écoutant ces émissions ? Que la grève, c’est chiant.

Je ne prétends pas à une analyse exhaustive du traitement médiatique de la grève et je laisse le soin d’en faire autant avec le reste des émissions à toute personne intéressée par la poursuite de cette analyse.Tout complément sera donc le bienvenu.

Denis Caroti

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Références et bibliographie

L’article de Blaise Magnin et Henri Maler sur le site d’Acrimed

– Autres articles et émissions traitant du même sujet :

Les Nouveaux Chiens de garde, Serge Halimi, Raisons d’agir, 2005.

Les Nouveaux chiens de garde en DVD également par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, 2012.

Les petits soldats du journalisme, François Ruffin, Les Arènes, 2003.

– La fabrication de l’information, les journalistes et l’idéologie de l’information, M.Benasayag et F. Aubenas, La Découverte, 2007.

Le site des cheminots-CGT

SUD-Rail

Un nouveau bureau pour le CorteX à Montpellier !

CorteX_1_bureau_MtpComme la « mauvaise » herbe, le liseron ou le chiendent, le Collectif se répand. Pour preuve, après le bureau de la bibliothèque des sciences de l’Université de Grenoble (à St Martin d’Hères), puis le bureau de l’Institut de Formation des masseurs-Kinésithérapeutes de Grenoble (à Echirolles), un bureau montpelliérain s’est ouvert, investi et animé par Guillemette Reviron. 

Certes, ce n’est pas un bureau de ministre, puisqu’il s’agit de l’ancienne régie de la Maison des Etudiants (MDE) de l’Université de Montpellier II, aimablement prêtée par cette même Maison des Etudiants. La décoration est encore minimaliste, si l’on excepte certains éléments de décor au plafond gracieusement offerts par la Nasa. Mais qu’importe la déco, pourvu qu’on ait l’ivresse : ressources critiques, travaux étudiants, et permanences régulières permettront à tout flâneur, toute promeneuse, de venir farfouiller les recoins de son cortex.
Merci à Stéphane Raïola, gestionnaire de la MDE, et Agnès Fichard-Caroll, vice-présidente déléguée à la vie sociale et culturelle des campus, d’avoir accueilli le Cortecs dans leurs murs.

A notre grand regret, notre bureau n’est pas accessible en fauteuil, mais nous pouvons nous rencontrer au rez- de-chaussée.
 

  • Pour vous y rendre :
    La Maison des Etudiants (MDE) se trouve au bâtiment 34, à l’entrée principale de l’UM2, en face du « Donuts ». Les escaliers qui mènent au bureau donnent sur la salle principale de la MDE.Arrêt de tramway Ligne 1 : « Université des Sciences et Lettres »
  • Adresse postale :
    Cortecs
    Université Montpellier 2
    MDE
    Case courrier 07006
    Place Eugène Bataillon
    34095 Montpellier Cedex 5
  • Ouverture des permanences le mercredi de 13h30 à 17h, de septembre à juin.
  • Début de l’UE de culture générale Sciences et autodéfense intellectuelle – saison 5, ouverte aux étudiants de L2 de l’UM2 : début octobre 2014
  • Contact : reviron at cortecs.org

Ci-dessous, la vue de la Maison des Etudiants, depuis le CorteX. Un ectoplasme est apparu pile au moment de la prise de la photo. Saurez-vous le reconnaître ?

CorteX_4_vue_regie

Exercice – décryptage de "Igor et Grishka Bogdanoff au CERN"

CorteX_Freres_BogdanovCet exercice faisait partie de l’examen de l’UE Zététique & autodéfense intellectuelle,  niveau Licence, posé par Richard Monvoisin en mai 2014 à l’Université de Grenoble.

Consignes

Voici un extrait du journal télévisé de France 2 du 11 juin 2010 : « Igor et Grishka Bogdanoff au CERN ». Faites l’analyse la plus approfondie possible.

  • de la mise en scène

  • de la rhétorique

  • des biais de raisonnement.

Extrait vidéo

http://www.youtube.com/watch?v=A-w-Z_PR33o

Retranscription

Dieu, le Big Bang et la science. Voilà peut être un thème qui pourrait alimenter les épreuves de philosophie aujourd’hui encore. En tout cas les astrophysiciens poursuivent toujours leurs recherches, concernant la création de l’univers, des recherches qui s’effectuent entre autres, dans les laboratoires du CERN, à Genève. Frédéric Montel, Emmanuel Morel.

« Il était une fois il y a 13 milliards 700 millions d’années, le Big Bang. Parti d’un point minuscule, une énergie folle explose, l’univers est né. Aujourd’hui des satellites comme celui-ci baptisé Planck, traque les dernières traces de cette incroyable explosion. Sur Terre aussi, les scientifiques cherchent à comprendre et à reproduire ce Big bang. En suisse, dans un tunnel souterrain des protons, un composant des atomes, sont projetés à une vitesse prodigieuse, 300 000 km à la seconde jusqu’à la collision. Toutes ces recherches passionnent les frères Bogdanoff, habitués aux discussions pointues.

« Ce qui est fascinant, Albert, c’est que ces énergies dont on parle sont extrêmement élevées, elles sont de l’ordre de 7 Téra-eV ».

Igor et Grishka l’affirment, notre monde est régi par un ensemble de lois extrêmement précises.  Exemple, la vitesse de la lumière, 299 792 km et 458 m par seconde, pas un de plus ou de moins. Autre exemple, les marguerites : vous n’en trouverez aucune qui possède 16 pétales.

 « Pour nous, l’univers n’est absolument pas né par hasard, quand on constate toutes ces constantes, quand on constate que ces grandeurs quantifiées, chiffrées, précises, complètement ajustées, qu’elles sont là, et que si elles avaient été détraquées ici et là à la 20ème décimale, ou au centième rang, un chiffre à la place d’un autre, l’univers serait resté chaotique ». 

Les frères Bogdanoff y voient la main d’un créateur, pourquoi pas Dieu. Une thèse audacieuse réfutée par une partie de la communauté scientifique L’arbitrage viendra peut être de l’espace. Le satellite Planck doit livrer de nouvelles images du Big bang. On en saura alors un peu plus sur la création du monde ».

Corrigé

Le corrigé est ici.