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Médias un 4ème pouvoir ? Deux cycles de projections documentaires
Main dans la main, le CorteX Grenoble et son antenne lyonnaise, Maïlys Faraut organisent un double cycle de projections débats durant ce mois de novembre 2013. En voici les grandes lignes. Les détails sont à retrouver dans notre agenda.
Tout ça se passe amphi F, au DLST. Entrée libre, vous pouvez amener vos tantes, cousins, grands-parents, beaux-frères.
L’effet Matthieu
L’effet Matthieu doit son nom à la parabole des talents de l’évangile selon Saint Matthieu (entre 60 et 85 EC) où il est écrit :
« on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a » 1. Cette parabole est suffisamment ambiguë pour permettre diverses interprétations, la plus commune étant celle de faire fructifier les « talents », ne pas gâcher les dons reçus de Dieu et s’engager à agrandir le royaume de Dieu. Le sociologue Robert K. Merton, rapporta cette maxime au monde de la science en 1968, au cours d’un article publié dans la revue Science dans lequel il décrivit ce « phénomène complexe de détournement de la paternité du travail scientifique » par lequel des scientifiques déjà reconnus tendent à se voir attribuer la paternité d’une idée aux dépens de scientifiques jeunes ou inconnus 2.
Ce biais a trouvé son assise dans les années 1970 lorsque Jonathan R. Cole & Stephen Cole firent le constat qu’un nombre relativement petit de physiciens fournissait de façon disproportionnée une énorme part des articles les plus importants publiés en physique 3. William Broad et Nicholas Wade, dans leur ouvrage La souris truquée entièrement consacré à la fraude scientifique, parlent d’effet de Halo :
« Ces physiciens souvent cités semblent appartenir à l’élite de la physique dans la mesure où ils tendent à se retrouver concentrés dans les neuf plus grands départements de physique des États-Unis, et faire partie de la National Academy of Sciences. Il y a donc quelques membres au moins de l’élite au pouvoir dans la communauté scientifique qui en font partie à cause de leur mérite (…). Mais il peut y avoir un « effet de Halo » — le simple fait, pour un scientifique, d’appartenir à un département de physique de tout premier plan mettrait plus en vue son travail, qui serait alors plus souvent cité » 4.
On retrouve cet effet dans les « systèmes de copinage » et le népotisme latents dans le monde de la science, ne serait-ce que dans la façon qu’ont les referees de recevoir de façon plus clémente un article d’une éminence que celui d’un obscur et jeune chercheur 5.
Cela rappellera certainement l’histoire d’Ohm qui, lorsqu’il décrivit la loi éponyme, resta « tout d’abord ignoré par les scientifiques des universités allemandes, qui pensèrent que le travail d’un professeur de mathématique du collège de Jésuites de Cologne ne méritait guère d’attention » 6.
En ce sens, l’effet Matthieu est un effet collatéral de l’immense catégorie des biais d’autorité.
Dernier exemple en date, tiré de Serge Halimi, Nous ne sommes pas des robots, Monde Diplomatique, octobre 2013.
« (…) En France, l’État continue de consacrer à [l’]assistance [de la presse] des centaines de millions d’euros par an, soit, selon la Cour des comptes, entre 7,5 et 11% du chiffre d’affaire global des éditeurs 7. D’abord pour subventionner l’acheminement postal des journaux, en favorisant presque toujours les titres obèses, c’est-à-dire les sacs à publicité, plutôt que les publications plus fluettes, plus austères et plus libres. Mais le contribuable consacre également plus de 37 millions d’euros au portage des quotidiens, là aussi sans faire le tri. Et il ajoute 9 millions d’euros, cette fois réservés aux plus pauvres d’entre eux. Tant de miséricorde souvent mal ciblée peut déboucher sur de savoureux paradoxes. Grand pourfendeur des dépenses publiques sitôt qu’elles concernent l’éducation plutôt que l’armement, Le Figaro de Monsieur Dassault a reçu 17,2 millions d’euros du Trésor Public entre 2009 et 2011 ; L’Express, presque aussi hostile que Le Figaro à l' »assistanat », 6,2 millions d’euros ; Le Point, qui aime dénoncer la « mamma étatique« , 4,5 millions d’euros. Quant à Libération (9,9 millions d’euros d’aide, toujours selon la Cour des comptes) et au Nouvel Observateur (7,8 millions d’euros), comme ils sont bien introduits auprès du pouvoir actuel, plusieurs régions ou municipalités présidées par des élus socialistes financent également leurs « forums » locaux 8.
Il y a trente ans, le Parti socialiste était déjà aux affaires. Il proclamait : « Un réaménagement des aides à la presse est indispensable. (…) Il faut mettre un terme à un système qui fait que les plus riches sont les plus aidés, et les plus pauvres les plus délaissés. (…) »
Cet article est tiré en grande partie de Richard Monvoisin, Pour une didactique de l’esprit critique, retouché par Nicolas Pinsault.
Effet boule de neige – le frustule extraterrestre de Wickramasinghe
La fabrique du scoop est un vice multiforme, et la reprise du scoop tout cru par d’autres médias un art stupéfiant. L’effet boule de neige décrit très bien ce mécanisme lors duquel quelqu’un reprend une information sans chercher à la mettre en doute. L’histoire du journalisme en est truffée. L’une des plus intéressantes du moment est probablement celle du frustule de Chandra Wrickramasinghe, d’une part par ses implications (une vie extraterrestre), d’autre part par la leçon qu’elle donne aux journalistes et aux vulgarisateurs : si l’on ne connait pas les processus de publication, les biais classiques et les traquenards du milieu, il est très difficile de ne pas prendre une vessie pour un frustule.
La plume de Pierre Barthélémy remplit ici son office. Merci à l’auteur d’avoir accepté de voir son texte reproduit.
Les notes adjointes sont celles de Richard Monvoisin.
Des chercheurs croient avoir trouvé une trace de vie extraterrestre
C’était, jeudi dernier, à la « une » du site Internet du quotidien The Independent : des chercheurs britanniques affirment détenir la preuve de la vie extraterrestre. Normalement, toutes les chaînes d’information du monde auraient dû interrompre leurs programmes pour donner la nouvelle et les rotatives de tous les journaux se seraient arrêtées, le temps pour les rédacteurs en chef de faire changer les plaques. Impossible pour un média digne de ce nom de rater ce scoop répondant à une des plus anciennes questions de l’humanité : sommes-nous seuls dans l’Univers ou pas ? Toutefois, au lieu de cette furia planétaire, il y a eu quelques reprises à droite ou à gauche et l’histoire a fait pschitt…
S’agit-il d’un nouveau complot de l’establishment politico-médiatique destiné à étouffer un scoop prouvant une bonne fois pour toutes que les soucoupes volantes existent ? Non. Mais avant d’expliquer pourquoi ce n’est pas le cas, voici les informations de base. Une équipe britannique emmenée par Milton Wainwright, du département de biotechnologie et de biologie moléculaire de l’université de Sheffield, a publié dans le Journal of Cosmology une étude relatant une curieuse découverte effectuée dans la stratosphère. Le 31 juillet dernier (la date est importante), ces chercheurs ont lâché un ballon-sonde au-dessus de Chester, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Il était équipé d’un dispositif simple, un tiroir télécommandé dont l’ouverture a été déclenchée lorsque le ballon a atteint 22 kilomètres d’altitude. La boîte est restée ouverte pendant plus d’un quart d’heure, alors que l’ascension se poursuivait. Elle a été refermée à 27 km d’altitude. Puis le dispositif expérimental a été décroché du ballon et est tranquillement redescendu accroché à un parachute.
L’étude en question précise que le tiroir avait été scrupuleusement nettoyé avant le vol de façon à s’assurer que rien ne viendrait « polluer » la récolte dans la haute atmosphère. Pour les mêmes raisons, les chercheurs avaient installé une protection censée empêcher que des particules situées sur le ballon ne tombent dans la boîte. Une fois celle-ci récupérée, son contenu a été passé non pas à la loupe mais au microscope électronique à balayage. Et là, les scientifiques ont eu la surprise de découvrir la minuscule structure qui figure en photo au début de ce billet.
Pour les auteurs de l’article, cela ressemble fort à un « squelette » de diatomée, ces algues unicellulaires qui s’entourent d’une petite boîte de silice, le frustule. Simplement, comment cette chose a-t-elle bien pu se retrouver à 25 kilomètres d’altitude, se demandent ces chercheurs, puisqu’ils excluent toute contamination de leur dispositif expérimental ? Deux solutions s’offrent à eux, expliquent-ils. Ou bien ce morceau de frustule de seulement quelques micromètres de long appartient à une micro-algue terrestre et il vient d’en bas, ou bien il provient de l’espace et il s’agit d’une preuve de vie extraterrestre. L’étude se résume ensuite à une argumentation qui consiste à démontrer qu’aucun mécanisme terrestre connu ne peut expliquer la présence d’un frustule de diatomée à cet endroit de la stratosphère. Aucun avion, aucune tempête, n’a pu l’apporter si haut. Seule une puissante éruption volcanique aurait eu le pouvoir de la propulser à cette altitude mais d’éruption aussi importante il n’y a pas eu depuis un moment. Or, ajoutent les chercheurs, selon un modèle atmosphérique datant de 1968, une particule de la taille et de la densité de ce morceau de frustule retombe au sol à la vitesse minimale d’un mètre par seconde et ne peut rester en suspension dans la stratosphère.
On en arrive donc au raisonnement suivant, que Sherlock Holmes aurait adoré : une fois toutes ces hypothèses terrestres écartées, la seule explication qui demeure, l’origine extraterrestre, est forcément la bonne. Dans The Independent, Milton Wainwright ne s’embarrasse pas de prudence en disant qu’il est « convaincu à 95 % » que cette structure vient du cosmos. Le communiqué de presse de l’université de Sheffield, qui a accompagné la parution de l’étude, est encore plus affirmatif : « Notre conclusion est que la vie arrive continuellement sur Terre depuis l’espace, que la vie n’est pas restreinte à cette planète et qu’elle n’en est certainement pas originaire », dit un Milton Wainwright visiblement conquis par la théorie de la panspermie. Il ajoute que si la Terre est perpétuellement arrosée par cette vie cosmique, sans doute transportée par les pluies cométaires qui donnent les étoiles filantes, « il nous faudra complètement modifier la façon dont nous voyons la biologie et l’évolution. De nouveaux manuels devront être écrits ! »
Alors, révolution darwino-copernicienne ou pas ? Il faut reprendre les choses point par point. Et commencer par le dispositif expérimental : on nous dit par exemple que le fameux tiroir a été nettoyé par… flux d’air et tamponnage à l’alcool. Soit. Mais rien n’est précisé sur son étanchéité ni sur les précautions prises à son ouverture. Ensuite, le frustule : l’équipe n’a visiblement pas pris la peine de demander son avis à un spécialiste des diatomées pour savoir à quelle espèce terrestre il pouvait appartenir. De plus, avant de se lancer dans leur série d’hypothèses, les chercheurs auraient pu commencer par l’analyse isotopique de cette micro-structure afin de déterminer si elle était oui ou non d’origine terrestre (le communiqué de presse évoque d’ailleurs cette expérience). Il y a aussi la chronologie de l’étude : le vol du ballon-sonde a eu lieu le 31 juillet et l’étude a été acceptée par la revue le 9 août. On est sans doute très près du record du monde de l’expérience la plus rapidement analysée, retranscrite, envoyée et acceptée. Ce qui pose bien sûr la question de ladite revue.
Qui est un tant soit peu familier du sujet sait que le Journal of Cosmology n’est pas vraiment une revue scientifique sérieuse. Il s’agit d’un repaire de chercheurs partis en croisade pour la théorie de la panspermie1. Le principal meneur de ce mouvement s’appelle Chandra Wickramasinghe2 (université de Buckingham) dont il se trouve qu’il est à la fois rédacteur en chef du Journal of Cosmology et… co-auteur de l’étude sur la diatomée stratosphérique ! On comprend mieux la vitesse à laquelle le journal, qui pratique soit-disant le peer-review, a accepté cet article. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Chandra Wickramasinghe sévit dans ce domaine car il a déjà, à plusieurs reprises, affirmé avoir trouvé des diatomées dans des météorites, ce qui a été à chaque fois réfuté. Il a également assuré que des virus comme celui de la grippe ou du SRAS provenaient de l’espace… Si l’on met tout cela bout à bout et si l’on ajoute qu’une découverte aussi importante que la preuve de la vie extraterrestre paraîtrait obligatoirement dans une revue prestigieuse, on saisit pourquoi la planète médiatique n’est, dans son ensemble, pas tombée dans cet énorme panneau jeudi 19 septembre. Et on a d’autant plus de mal à comprendre comment un journal plutôt sérieux comme The Independent s’est fait enfumer… sans compter une flopée de suiveurs non-vérifieurs comme La Tribune de Genève, la BBC ou le Times of India3.
Pierre Barthélémy
- La panspérmie est une théorie controversée selon laquelle les premiers organismes ne seraient pas nés de la matière minérale de la soupe primitive, mais bien d’une « vie » extraterrestre, d’un ancêtre cosmique, pour reprendre un terme consacré. Ce scénario se calque à la théorie d’un univers stationnaire de Fred Hoyle… qui fut le mentor de Wickramasinghe (point suivant).
- Nalin Chandra Wickramasinghe (1939-) est un personnage tout à fait fascinant. Pierre Barthélémy n’a pas la place de dire qu’outre être soutien à la dérive sectaire Sokka Gakkaï, ayant co-signé un livre avec son fondateur, Wickramasinghe est connu pour des positions qu’on pourrait qualifier de mystiques.Il fut avec Hoyle l’un des contestataires de l’Archaeopteryx, qu’ils qualifièrent de canular dans Archaeopteryx, the Primordial Bird: A Case of Fossil Forgery (1986). Dans l’affaire McLean v. Arkansas, en 1981 devant statuer sur la constitutionnalité d’un enseignement équilibré évolutionnisme / créationnisme, Wickramasinghe fut le défenseur du créationnisme.
- Voici les manchettes, comme autant de travaux pratiques.
BBC |
Life on Earth ‘came from space’ say scientists20 September 2013 Last updated at 11:39 BSTScientists at the University of Sheffield believe they have found evidence that life on Earth originated in space. The research suggests that Earth is constantly bombarded by microbes from outer space, which arrive on comets and meteors.Therefore life on Earth began when the planet became habitable enough for the microbes to survive and evolve. Dr. Milton Wainwright, who is leading the study, told BBC Radio 5 live’s Up All Night: « We believe that life did not form from chemistry here on earth, it came from space… which has major implications for Darwin’s theory. » |
Times of India |
Alien life found on balloons after meteor showerKounteya Sinha, TNN Sep 20, 2013
LONDON: British scientists announced on Thursday that they have found alien life on Earth.
A team of scientists from the University of Sheffield led by Milton Wainwright from the department of molecular biology and biotechnology found small organisms that could came from space after sending a specially designed balloon 27km into the stratosphere during the recent Perseid meteor shower. The balloon was launched near Chester and carried microscope studs which were only exposed to the atmosphere when the balloon reached heights of between 22 and 27km. The balloon landed safely near Wakefield. The scientists then discovered that they had captured a diatom fragment and some unusual biological entities from the stratosphere, all of which are too large to have come from Earth. Wainwright said the results could be revolutionary. « If life does continue to arrive from space then we have to completely change our view of biology and evolution, » he said. The scientists said stringent precautions had been taken against the possibility of contamination during sampling and processing, and said the group was confident that the biological organisms could only have come from the stratosphere. Wainwright said, « Most people will assume that these biological particles must have just drifted up to the stratosphere from Earth, but it is generally accepted that a particle of the size found cannot be lifted from Earth to heights of, for example, 27km. The only known exception is by a violent volcanic eruption, none of which occurred within three years of the sampling trip. » « In the absence of a mechanism by which large particles like these can be transported to the stratosphere we can only conclude that the biological entities originated from space. Our conclusion then is that life is continually arriving to Earth from space, life is not restricted to this planet and it almost certainly did not originate here, » he said. The group’s findings have been published in the Journal of Cosmology. The team is hoping to extend and confirm their results by carrying out the test again in October to coincide with the upcoming Haley’s Comet-associated meteorite shower when there will be large amounts of cosmic dust. It is hoped that more new or unusual organisms will be found. |
Tribune de Genève |
Les extraterrestres ont-ils débarqué en Angleterre?Par Anne-Elisabeth Celton. 20.09.2013Des scientifiques affirment avoir découvert à Wakefield en Angleterre des organismes provenant de l’espace. Il s’agirait de la première preuve de vie extraterrestre sur terre. Cette découverte va-t-elle changer le cours de l’histoire? Des scientifiques de l’Université de Sheffield affirment avoir trouvé à Wakefield (West Yorkshire) des preuves de vie extraterrestre, informe The Telegraph. Au mois d’août, ils ont lancé un ballon spécialement conçu à 27 km au-dessus de la surface de la terre lors d’une pluie d’étoiles filantes dite des Perséides. Objectif: prélever des échantillons via des capteurs déclenchés uniquement entre 22 et 27 km. A son retour, le ballon a atterri à Wakefield. Surprise: l’équipe découvre dessus des organismes microscopiques mais d’une taille bien trop grande selon eux pour faire partie de notre système. Théorie de l’évolution à revoir Pour le professeur Milton Wainwright, il s’agit d’une découverte révolutionnaire. «Des particules de cette taille ne peuvent être transportées dans la stratosphère en dehors d’un mécanisme exceptionnel comme par exemple une violente éruption, qui n’a pas eu lieu», explique-t-il. «Ces entités biologiques ne peuvent donc provenir que de l’espace. Notre conclusion est que la vie n’est pas limitée à cette planète. Si des organismes arrivent sur terre depuis là-haut, cela change notre vision de la biologie et de l’évolution.» L’équipe fera un nouveau test le mois prochain lors d’une pluie de météorites. |
Qui sommes-nous ?
Le CORTECS (Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique & sciences) est né en 2010 dans un triangle entre Grenoble, Marseille et Montpellier. Il a pour objectif central la transmission des divers aspects de l’esprit critique, la pensée critique ou sceptique (critical or skeptical thinking chez les anglophones), qu’on la nomme zététique, à la suite d’Henri Broch, hygiène préventive du jugement comme Jean Rostand, ou autodéfense intellectuelle à l’instar de Noam Chomsky. Conjointement, le collectif vise la mise en réseau de toutes les personnes étudiant ou travaillant sur un sujet relatif à l’élaboration, à l’usage ou à la diffusion de la pensée critique, quelle que soit leur origine disciplinaire et leur statut professionnel.
Contact et expertise : Que ce soit pour une expertise sur un sujet particulier, une remarque ou un commentaire sur nos travaux, ou tout simplement une question à nous poser, n’hésitez pas à nous écrire à l’adresse ci-dessus. Nous essayerons de vous répondre dans les plus brefs délais.
Par courriel : contact @ cortecs.org
Par courrier :
Collectif CorteX
Bibliothèque Universitaire de Sciences de Grenoble
BP 66
38402 Saint-Martin d’Hères Cedex
Table des matières
Foire aux questions
Cela s’écrit-il CORTECS ou CORTEX ?
Voir la réponseLe CORTECS est-il un collectif professionnel ?
Voir la réponseLe CORTECS fait-il de la recherche ?
Voir la réponseQuelle est votre préoccupation principale ?
Voir la réponseL’esprit critique c’est quoi ?
Voir la réponseL’esprit critique est une notion difficile à caractériser. Elle mêle un ensemble d’aptitudes et de dispositions permettant une analyse, un tri et une évaluation efficace des informations, de leurs sources, et des arguments invoqués pour soutenir telle ou telle affirmation. Être sceptique a priori sur les faits, tenter de distinguer le bon grain de l’ivraie en demandant des preuves solides et de qualité de ce que l’on nous affirme et douter raisonnablement sont quelques-uns des traits distinctifs de l’esprit critique.
Pour en savoir plus :
Pensée critique ? Esprit critique ? Un peu de théorie
Comment évaluer l’esprit critique ? Quelques pistes
Quelles sont vos activités principales ?
Voir la réponseOutre les animations et événements de culture scientifique sur les campus et les conférences grand public, nous avons deux activités principales.
Les activités pédagogiques
- Élaborer des ressources (articles, audios, vidéos, etc.).
- Utiliser ce matériel critique dans des enseignements (formations, séminaires, ateliers, etc.) et des encadrements de stages ou de mémoires.
- Mettre à disposition en libre accès des ressources d’enseignement consacrées à l’esprit critique toutes disciplines confondues.
- Servir de plateforme pour mettre à disposition les ressources pédagogiques du réseau.
Au travers des différentes disciplines abordées, nous cherchons, notamment, à :
- diffuser les bases d’une démarche scientifique rigoureuse : critères de distinction des affirmations de type scientifique d’affirmations de type non scientifique, protocoles expérimentaux (double-aveugle, randomisation des essais, échantillonnage le moins biaisé possible, validité statistique, prudence dans le jugement) ;
- former au repérage des sophismes, des techniques d’argumentation fallacieuses, des impostures intellectuelles et des manipulations liées aux mésusages des données chiffrées ;
- diffuser les outils de l’analyse critique des médias, faire prendre conscience des conséquences de la marchandisation de l’information sur la qualité des contenus et proposer des techniques de recherche alternatives ;
- analyser les mécanismes de fabrique de l’opinion visant à justifier un ensemble de décisions politiques (entrée en guerre, lutte contre le terrorisme, mesures de santé publique) ;
- sensibiliser aux mécanismes de persistance dans les croyances, et l’éventuelle dénégation des preuves produites : dissonance cognitive, spirales d’engagement, techniques de persuasion et de manipulation, etc.
- remédier à la peur des chiffres en donnant des outils simples pour comprendre et analyser les statistiques dans le but de limiter la possible manipulation de l’opinion par le mésusage de données chiffrées ;
- éduquer au repérage des intrusions idéologiques (suprématistes, colonialistes, sexistes, religieuses, racistes, etc.) dans les sciences et à la détection des postures philosophiques contradictoires avec le contrat laïc des sciences (spiritualismes, Natürphilosophie, New Age) ;
- présenter l’histoire des fraudes et des impostures scientifiques, comme celle des théories fausses et du folklore scientifique.
- favoriser une approche raisonnée de l’éthique en dés-intriquant les questions de faits ou de théories scientifiques, l’attribution de valeurs morales et les décisions politiques.
Les activités de recherche
Nos activités de recherche se sont formalisées avec la mise en place d’une fédération de recherche « Pensée critique » (FED4270) réunissant de nombreux laboratoires. Dans cette fédération, les sujets de recherche s’articulent autour de 3 axes.
- Pensée critique & épistémologie
- Pensée critique & pensées radicales extrêmes
- Pensée critique & santé
Pour en savoir plus : https://pensee-critique.science
Nos activités et productions
- Production de contenus d’enseignement, de formations ou d’interventions ponctuelles ou régulières.
- Permanences physiques dans nos bureaux à Grenoble et Montpellier.
- Encadrement de travaux d’étudiants (dossiers spécifiques, mémoires de Master, de Licence, co-encadrements de thèse).
- Élaboration de protocoles expérimentaux et assistance méthodologique.
- Comptes-rendus d’expertise sur des thématiques controversées.
- Rédaction d’articles pour notre site ou pour des médias compatibles avec nos objectifs.
- Publication d’articles dans des revues scientifiques.
- Ouvrages (grand public et spécialisés).
- Partage de ressources pédagogiques sur le site web.
- Veille scientifique et documentaire.
- Organisation de projections/débats, conférences, etc.
- Communication avec le réseau collaboratif des personnes travaillant sur l’esprit critique.
- Formation et assistance des personnes souhaitant travailler à la diffusion de l’esprit critique.
C’est une démarche politique ?
Voir la réponseAfin d’éviter tout écueil type effet paillasson sur le mot « politique », disons en première approche que par « politisé » nous entendons au minimum :
- qui se questionne ou est disposé à se questionner sur la dimension morale de ses actions (de toutes ses actions) ;
- qui possède une volonté d’agir pour transformer nos systèmes sociaux et politiques ;
- qui croit que l’état actuel de ces systèmes ne résultent pas d’un processus inexorable, d’un deus ex machina, mais résultent en partie de choix, qu’il aurait pu en être autrement et qu’il peut en être autrement (évidemment ce point est lié au précédent). Le scepticisme raisonnable moderne s’inscrit exactement dans cette visée.
En ce sens, notre démarche est politique avec les précisions que voici :
- nous ne considérons pas la diffusion de l’esprit critique comme une fin en soi, mais comme un moyen pour donner au maximum de gens plus de contrôle et de liberté de choix sur leur vie, privée comme publique et d’élargir leur champ des possibles ;
- même si nous sommes convaincus qu’elle contribue à la construction d’un monde meilleur, nous ne pensons pas que la diffusion de l’esprit critique puisse être la solution à tous les maux ;
- nous essayons de ne pas être « sélectifs opportunistes » quand nous appliquons notre esprit critique. Tous les systèmes de croyances doivent passer à la même moulinette, en particulier et surtout les systèmes implicites fondant nos comportements socialement et politiquement dominants (spécisme, impérialismes, néolibéralisme économique, âgisme, etc.) ;
- nous défendons que les problématiques éthiques puissent être abordées sous un angle rationnel et empirique à partir du moment où a été précisée la doctrine morale de référence (par exemple : maximiser le bien-être et minimiser la souffrance du plus grand nombre).
Pour en savoir plus :
Sur les stéréotypes dominants : Biologie, essentialisme – Nature, écologisme, sexisme, racisme, spécisme
Sur l’impérialisme humanitaire : Droit d’ingérence et impérialisme humanitaire : les rouages de la propagande de guerre
Sur l’impérialisme linguistique : Ressources critiques pour aborder les politiques linguistiques
Sur le néolibéralisme économique : Economie – Matériel critique pour élaborer le post-capitalisme
Comment peut-on contribuer ?
Voir la réponseIl est possible de contribuer :
- par vos retours d’expérience, en ayant testé du matériel pédagogique dans vos séquences d’enseignement ;
- par vos analyses critiques de supports médiatiques (émission radio, TV, article de presse, etc.), avec une méthodologie transparente afin de pouvoir l’utiliser en classe ;
- par des compléments en outillage critique et méthodologique ;
- par des productions nouvelles de matériel – nous vous aiderons dans la limite du possible.
Peut-on vous faire des dons ?
Voir la réponseDans un souci de transparence, nous avons opté pour mettre en ligne nos liens d’intérêt financiers ou matériels.
Nous nous engageons à déclarer publiquement chaque année d’où provient l’argent que nous recevons à titre personnel ou pour l’association. Afin de garantir au mieux notre indépendance, nous refusons de manière systématique toute rétribution provenant des industries.
Nous n’avons en revanche pas tranché la question des dons anonymes privés, et c’est un vieux serpent de mer. Si vous avez des sous en trop, en attendant, achetez-nous des livres, et remplissez notre bibliothèque à destination des étudiants.
Peut-on vous prendre du matériel ?
Voir la réponseNous considérons que le contenu que nous produisons ne nous appartient que trop peu, puisqu’il est le fruit du partage de maints savoirs et de pléthore de contributions (en vertu de la loi de Stigler). Aussi considérons-nous comme illégitime le fait de s’approprier de manière exclusive des bouts de ce savoir commun. De plus, la possibilité que vous réutilisiez à votre guise ces connaissances ne nous prive d’aucune manière, si tant est que vous indiquiez la source originale. Bien sûr, nous sommes curieux et curieuses, alors si vous réutilisez notre matériel, cela nous fera toujours plaisir d’en être informés. Notons toutefois que cette licence n’entraîne aucune garantie ni aucune caution du CORTECS sur l’usage ou la déformation de ses contenus qui pourraient être faits.
L’ensemble du contenu qui est de notre fait est donc sous licence libre (CC BY-SA 4.0). En résumé, cette licence vous autorise à :
- partager − Copier, distribuer et communiquer le matériel par tous moyens et sous tous formats.
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Quels sont vos liens d’intérêt ?
Consulter notre déclaration de liens d’intérêt collective
Voir nos déclarations individuellesClara Egger – Déclaration de liens d’intérêt
Albin Guillaud – Déclaration de liens d’intérêt. A signé la charte du FORMINDEP
Nelly Darbois – Déclaration de liens d’intérêt. A signé la charte du FORMINDEP
Ismaël Benslimane – Déclaration de liens d’intérêt
Guillemette Reviron – Déclaration de liens d’intérêt
Denis Caroti – Déclaration de liens d’intérêt
Richard Monvoisin – Déclaration de liens d’intérêt. A signé la charte du FORMINDEP
Gwladys Demazure – Déclaration de liens d’intérêt
Alexandre Changenet – Déclaration de liens d’intérêt
Julien Peccoud – Déclaration de liens d’intérêt
Guillaume Guidon – Déclaration de liens d’intérêt
L’équipe du CorteX
Les anciens membres
Les stagiaires du CorteX
Ils et elles sont ou furent en stage ou en co-encadrement de mémoire avec le CorteX… et ont survécu !
Étudiant-es stagiaires exploité-es
Et en 2013 : Thibault Carel (L2 biologie) – Gestion des ressources CorteX
Étudiants Master Kinésithérapie de Grenoble
2012-2013 :
- Charlotte Gandy – Sujet de recherche : la biokinergie (co-encadrement Nicolas Pinsault – Richard Monvoisin)
- Yannick Ponsero – Sujet de recherche : la kinésiologie appliquée (co-encadrement Nicolas Pinsault – Richard Monvoisin)
- Philippe-Antoine David – Sujet de recherche : critères d’adhésion des thérapeutes aux pseudomédecines (co-encadrement Nicolas Pinsault – Richard Monvoisin)
- Nelly Darbois – Sujet de recherche : la fasciathérapie Méthode Danis Bois (co-encadrement Richard Monvoisin – Stéphanie Bernelle)
- Thibaud Rival – Sujet de recherche : la micro-kinésithérapie (co-encadrement Nicolas Pinsault – Richard Monvoisin)
- Gilles Guetemme, M1 VAE – Intérêt des massages par pressions manuelles sur la dépression (Co-encadrement Richard Monvoisin – Claudine Besson)
Étudiants Master philosophie de Grenoble
2011-2012 : François-Xavier Chaise – Sujet de recherche : discrimination & altérité (encadrement Richard Monvoisin)
Étudiants en premier cycle de sciences politiques Grenoble
2014-2015 : Gabriel Giraud – Sujet de recherche : le choc des civilisations, de Samuel Huntington (encadrement Clara Egger)
Étudiant en service civique
2012-2013 : Lucas Courgeon – Scientificité de la permaculture (encadrement Christophe André – Richard Monvoisin – Julien Peccoud)
Le réseau collaboratif CorteX
Il est composé des personnes ayant participé ou participant aux ressources qui se trouvent sur ce site, mettant à disposition leurs travaux, ou bien intervenant au nom du CorteX dans le cadre de formations ou conférences. Merci à eux !
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Vous pouvez nous solliciter pour différentes formations, expertises, enseignements et aide à la conception de cours.
Vous pouvez également nous faire intervenir lors de conférences ou d’ateliers.
Vous pouvez en outre nous fournir de la matière, sous la forme d’écrits même juste ébauchés, de films, d’émissions de radio ou de TV, ou en faisant une veille médiatique lorsque vous remarquez un mésusage manifeste de la science, quelle que soit la discipline de départ.
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Et en attendant, vous pouvez bien évidemment utiliser sans limitation les ressources en ligne – ce site est fait pour cela – à la seule condition de renvoyer vos publics vers leur source : vous leur donnerez ainsi l’opportunité de découvrir les travaux du réseau et, s’ils le souhaitent, de devenir contributeurs à leur tour.
Comment contribuer au CorteX ?
Il y a au moins quatre manières de contribuer :
- comme enseignant : vous enseignez du contenu promouvant l’esprit critique ? Partagez vos ressources et venez piller les nôtres.
- comme ressource : vous avez une expertise dans un domaine abordé par le CorteX ? Prévenez-nous.
- comme chercheur : vous êtes en poste ou non, vous faites une thèse ou un dossier portant sur un de nos champs ? N’hésitez pas à nous en faire part.
- comme veilleur : vous avez vu un documentaire ou lu un ouvrage pouvant contribuer à l’esprit critique ? Dites-le nous.Vous avez repéré un cas de dévoiement de la connaissance scientifique dans un média ? Informez-nous.
Ils/elles nous ont laissé prendre du matériel pédagogique
On les aime bien
Ils travaillent dans une même direction que la nôtre, font un travail de qualité et complémentaire à celui du CorteX pour la diffusion d’informations critiques. Nous ne sommes pas toujours d’accord, mais nous aimons leur démarche.
Associations & Collectifs
Structures universitaires
L’école de kinésithérapie de Grenoble – CHU Grenoble Sud Echirolles
Le DFI de Grenoble (ancien Centre d’Initiation à l’Enseignement Supérieur
Université Inter-Âge du Dauphiné
Le Laboratoire de Zététique de l’Université de Nice-Sophia Antipolis
Revues, SCOPS & entreprises
- La revue Prescrire
- Les Editions Matériologiques
- Le Monde diplomatique
- Le Monde Libertaire
- Arrêt sur Image
- Editions Agone
- Editions Book-i-book.com
- Blackmoon Productions
Celles et ceux sans qui rien n’aurait existé
Une rentrée 2012 sur les chapeaux de roue
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C’est une rentrée 2012 sur les chapeaux de roue pour le CorteX. Un bureau / fond documentaire mis à la disposition du CorteX à la bibliothèque des sciences de l’Université Joseph Fourier (Grenoble 1), un poste de chargé de mission « Sciences, critique & sociétés » à l’Université pour Richard Monvoisin et une flopée de nouveaux cours à Montpellier, Marseille, Grenoble et ailleurs, bref… Cette année s’annonce riche en esprit critique.
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Nos enseignements pour l’année 2012-2013 (les dates sont inscrites à titre indicatif)
Grenoble
Marseille
Montpellier
Grenoble
Cours réguliers
- Cours Zététique & auto-défense intellectuelle pour les étudiants en licence de sciences (2 sessions)
- Cours Esprit critique & autodéfense intellectuelle à l’Université Inter-Âges du Dauphiné (d’octobre à mai)
- Cours Santé, zététique & esprit critique à l’Ecole de kinésithérapie d’Echirolles (kinés 1ère, 2ème et 3ème année et master 1 MPSI)
- Cycle de conférences Sciences-fiXions (à venir)
- Atelier Zétéclips pour les doctorants (à venir)
Interventions ponctuelles
- Formation Zététique et esprit critique pour les doctorants (service Doctoral pour la Formation, l’Initiation et l’insertion Professionnelle – DFI, ancien CIES)
- deux sessions – à venir)
- Formation Médias et pseudosciences pour les doctorants (DFI – à venir)
- Formation Travail social & esprit critique pour les travailleurs sociaux (FNARS – 4,5 et 11 février 2013)
- Cours Zététique & actualité en biologie, L3 biologie (4 octobre 2012)
- Cours sciences et croyances, Master Communication & Médias (octobre 2012)
Marseille
- Ouverture d’un séminaire Sciences et esprit critique à l’Université du Temps Libre (UTL) (Annulé pour nombre insuffisant d’inscrits)
- Ouverture d’une tournée de conférences par les membres du CorteX dans douze lycées de la région PACA, en partenariat avec l’Association Science Technologies Société (ASTS) et la Région Provence Alpes Côte d’Azur.
- Formation Sciences et pseudosciences pour les enseignants du second degré. Description et inscription en ligne jusqu’au 10 septembre 2012
- Formation, en collaboration avec Les petits débrouillards, dans le cadre du futur Bar des sciences à Marseille au Point de Bascule
Montpellier
- Ouverture de deux cours Sciences et auto-défense intellectuelle à l’Université Montpellier II et à l’IUT de Béziers
- Nouveau cycle de Midis Critiques à l’Université Montpellier II
- Ouverture d’une formation Enseigner le genre : un débat scientifique ? à l’attention des enseignants au sein de la Délégation Académique à la Formation des Personnels de l’Education Nationale (DAFPEN)
- Ouverture d’une formation Investigation en science et esprit critique à l’attention des enseignants (DAFPEN)
- Nouveau cycle d’ateliers Médias et esprit critique à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, en partenariat avec les Services Pénitentiaires Insertion et Probation (SPIP Hérault)
Et ailleurs
- Brest – Formation zététique (école d’ingénieurs – janvier)
- La Rochelle – Formation Zététique & esprit critique pour les doctorants (du 18 au 23 mars)
- Lausanne – Cours En quoi le concept de nature peut-il poser problème ? pour les étudiants de première année de psychologie (Université de Lausanne – 8 novembre)
- Paris – Conférence Esprit critique & industrie agro-alimentaire (Hôpitaux de Paris – 9 octobre)
- Rennes – Formation pour les Kinésithérapeutes (IFMK – 14 et 15 mars)
Football et chiffres en classe de seconde – Compte rendu du 2ème épisode par Ludovic Arnaud
Ludovic Arnaud est enseignant au lycée Doisneau et a assisté à l’atelier Football et outillage critique que Guillemette Reviron a animé dans la classe de son collègue Julien Pinel. La semaine suivante, il le mettait en place dans sa propre classe de seconde. Il nous raconte.
Je viens de faire l’atelier Football et outillage critique avec mes élèves. Il y avait un premier groupe de 6 élèves (les autres étaient absents), et un deuxième groupe de 12. J’ai procédé de manière assez libre en improvisant mes réactions, mes synthèses au tableau, mes relances, en suivant globalement la démarche proposée.
Durée de l’atelier : 1h30
Description de la séance
– Ils s’installent à deux par ordinateur et visionnent une des vidéos en se partageant les oreillettes de leurs écouteurs (ils en ont tous). J’attribue les vidéos pour former trois groupes. A la fin de la vidéo ils discutent rapidement entre eux (ayant vu la même vidéo). Aucune autre information ou instruction.
– Puis je recentre le débat : « la question que je vous propose de travailler ensemble n’est pas est-ce que j’ai envie d’y croire ou pas ?, mais qu’est-ce qui me permet de me faire rationnellement une opinion dans ce qui est avancé dans la vidéo ? Qu’est-ce qui me convainc ? Quels éléments de preuve m’apporte-t-on ?« .
Il me semble qu’un objectif important dans cette séance est de les faire basculer vers une posture où ils sont capables d’avoir une activité intellectuelle pour chercher à questionner le message et dépasser ces premières impressions. Quelques élèves avaient cette attitude spontanément dès le début : « mais ils ne disent pas combien de scientifiques ont travaillé sur Ötzi ».
– Je les renvoie alors à un nouveau visionnage avec un questionnaire et un tableau à remplir.
– Ensuite on se regroupe devant le tableau et je parle de la force des chiffres pour convaincre quelqu’un : impression d’objectivité, de « scientificité », de rationalité, etc. Je leur explique qu’on va se concentrer sur cet aspect : « quels chiffres sont mis en avant pour appuyer chacune de ces thèses ? » et les élèves remplissent la première colonne avec des chiffres bruts.
– Puis j’évoque « Gomis » (voir l‘étape 4 de l’atelier). Cela passe très bien. J’introduis mes notions de chiffre « nu » et de chiffre « habillé » par un questionnement, et j’insiste sur le fait qu’il est nécessaire de rapporter les chiffres « nus » à d’autres données (ici, le nombre de buts par match) puis d’établir des comparaisons (ici, le goal average d’autres buteurs du tournoi) .
– Je leur demande de faire le même travail pour chaque sujet. Voici les tableaux-bilans réalisés par chacun des groupes :
Bilan des élèves après la consigne : « qu’est-ce que vous avez appris ? Donner votre avis sur cette séance. »
Tout le monde a bien aimé même si certains se sont demandé quel était le rapport avec la physique.
Plus précisément :
– 6 élèves ont semblé découvrir l’importance de l’esprit critique (« désormais, je ne croirais plus à n’importe quoi sans me poser de questions »).
Ce que je modifierais
J’ai repris les mêmes documents que ceux utilisés dans l’atelier de G. Reviron, mais je pense qu’on peut améliorer ce choix :
– les documents concernant Ötzi sont bons.
– pour le poste sur le triangle des Bermudes, la carte est intéressante mais pas facile à lire. Les valeurs sont en containers (?) et non en nombre de bateaux et j’ai dû les aider à faire un calcul d’ordre de grandeur du trafic maritime dans le triangle.
Note de Guillemette Reviron – J’ai donc ajouté le nombre de containers moyens par bateau dans le document 2. Ceci dit, je suis entièrement d’accord, il serait préférable d’avoir une carte plus facile à lire. Vous en avez trouvé une ? Ecrivez-nous.
– pour le travail sur Lourdes, il faudrait un autre document qui explique ce que sont les « guérisons remarquables » et comment elles sont décrétées.
Je suis passé vite sur la phase de bilan faute de temps alors qu’elle me semble essentielle. Je pense que si l’on veut et peut prendre une demi-heure supplémentaire, il faudrait retravailler la fin pour permettre à plus d’élèves d’aller plus loin et de bien saisir la force des derniers questionnements : quel est le trafic maritime mondial et le taux de disparition de navires sur toute la planète ? Quel est le taux de guérisons inexpliquées médicalement dans toute la population ? Quel est la mortalité moyenne dans la population sur dix ans et le nombre de personnes qui se sont occupées d’Ötzi ?
Le fait de trouver d’autres chiffres pour construire une valeur relative permet aux élèves de « relativiser un peu » leur première impression avec le chiffre brut. C’est déjà pour beaucoup une découverte, mais peu d’élèves vont spontanément plus loin et arrivent à voir à quoi il faut comparer ces chiffres relatifs pour pouvoir vraiment se faire une opinion en connaissance de cause. Cela demande un travail intellectuel qui n’est pas évident.
Une phase de confrontation entre eux sur ce qu’ils ont appris est indispensable si l’on veut consolider la rupture engagée. Et sans doute qu’avec un moment comme cela, celui qui « aime les mystères » sera bien obligé de se confronter à l’esprit critique nouvellement aiguisé de ses camarades.
A suivre donc.
Ludovic Arnaud
Région PACA 2012-2013 – Cycle de conférences critiques dans les lycées
En décembre 2012, les membres du CorteX ont entamé une tournée annuelle de conférences dans douze lycées de la région PACA, en partenariat avec l’Association Science Technologie Société (ASTS) et la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Chaque lycée a choisi deux conférences parmi les cinq que nous leur avons proposées. Voici le menu.
Esprit critique et sectes
Manipulation et influence : du quotidien aux dérives sectaires
L’objectif est de montrer que les techniques d’embrigadement sectaires et les aliénations en temps de guerre n’ont rien de très différent des techniques de manipulation classiques dans la vie de tous les jours, que ce soit dans la publicité, les relations au travail ou dans nos interactions quotidiennes personnelles. On évoquera également la gamme de concepts de psychologie humaine que l’on retrouve exposés dans les ouvrages ou les médias dits « grand public » et qui s’avèrent souvent plus proches de la pseudo-science que de la véritable vulgarisation scientifique. En entrant dans le langage quotidien, cette psychologie « populaire » semble offrir les clés d’interprétation de notre environnement : éducation, vie de couple, relations familiales, réussite personnelle et professionnelle, etc. Mais comment se prémunir face à des concepts nébuleux propices aux interprétations les plus fantaisistes et aux conséquences parfois dramatiques ? Nous aborderons quelques outils d’autodéfense intellectuelle utiles pour maintenir notre vigilance critique dans ce domaine.
Sciences et philosophie
Sciences, esprit critique et autodéfense intellectuelle
Les connaissances scientifiques garantissent-elles un esprit critique affûté ? En l’absence d’enseignements spécifiques, pas si sûr… L’outillage critique est nécessaire aussi bien pour distinguer les contenus scientifiques des contenus pseudoscientifiques, critiquer les médias, qu’évaluer les thérapies efficaces, déceler les mensonges à but commercial ou politique, ou prévenir l’intrusion des idéologies en science, comme dans le cas du créationnisme. Il ne nécessite pas de bagage scientifique important, et confère pourtant les moyens de se défendre intellectuellement face aux idées reçues, aux préjugés, aux arguments fallacieux avec des outils simples. Cet apprentissage prend son sens non seulement en classe, mais également dans la vie de tout citoyen qui, soumis à des flots incessants d’informations, devrait être en mesure de faire ses choix en connaissance de cause…
Physique et pseudo-sciences
Ou le bestiaire des thérapies quantiques, ondes régénératrices…
Si, en sciences physiques il est possible de donner sous certaines conditions un sens scientifique précis aux mots énergie, ondes, dualité, attraction… l’utilisation et même la « réalité » de ces concepts n’ont de sens que sous les conditions et les limites strictes dans lesquelles elles ont été définies (protocole expérimental, échelles de grandeur, système à n corps….)
Pourtant, il semble que ces termes puissent être réutilisés et réinterprétés (ce qui n’est pas un mal en soi) dans de nombreuses disciplines ou thérapies : non pour enrichir les savoirs, la connaissance et l’interdisciplinarité (processus normal de l’activité intellectuelle) mais bien plus pour donner un vernis scientifique là ou la démarche scientifique n’est plus, et tromper l’esprit au son du mésusage de la langue, du dévoiement des concepts et faire obtenir l’adhésion à tout une kyrielle de pratiques pseudo-scientifiques.
Esprit critique et « mathématiques »
Utilisation et distorsion des chiffres : méfiance !
Chiffres de la délinquance, du chômage, de la fraude aux allocations, de l’immigration, des dépenses publiques, de la croissance, du moral des ménages, du CAC 40, de la consommation : pas un seul journal télévisé, pas un seul quotidien qui n’étale multitude de chiffres et de graphiques. Pas un seul politicien, quelles que soient ses idées, qui n’ait pas recours à une avalanche de pourcentages.
Alors comment se prémunir de ce matraquage de données chiffrées ? Comment lutter contre la « mathophobie » qui nous rend si vulnérables ?
A partir d’articles d’exemples concrets, nous proposons des outils simples pour les personnes qui se décrètent – ou qu’on a décrété – « nulles en maths ».
Au programme : se familiariser avec les grands chiffres, identifier les impressions laissées par un graphique ou l’impact d’un pourcentage sur notre appréhension d’une situation, repérer les données manquantes, apprendre à questionner les chiffres.
Les médecines, la santé et la science
Science et médecines alternatives : faire ses choix en connaissance de cause
Les médecines non conventionnelles rencontrent aujourd’hui un succès grandissant auprès du public. Rejet de la médecine « officielle » et « scientifique » ? Peur d’anciens et nouveaux scandales sanitaires ? Attirance pour des thérapies « naturelles », « alternatives » ou « douces » ? Les raisons sont multiples. Mais ce succès est-il pour autant le signe d’une efficacité spécifique réelle ? Les enjeux sont grands et nous concernent tous et toutes car à la santé se greffent bien souvent des questions financières et de choix technopolitiques (pharmaceutiques et/ou thérapeutiques). Les dérives régulièrement recensées, comme les diverses aliénations mentales, nous poussent à nous interroger sur ces pratiques de plus en plus à la mode. La démarche scientifique peut-elle nous aider à répondre à ces questions ? Quels outils critiques peut-on utiliser pour faire des choix en connaissance de cause ?