Repérer les probabilités inversées

Dans cet article, Florent Tournus nous avait fourni une explication claire et précise de ce que l’on appelle les probabilités inversées. Malgré tout, celles-ci restent difficiles à détecter dans un argumentaire ou une simple déclaration et, même avec de l’entraînement, nous devons souvent fournir un effort intellectuel pour décrypter et analyser les erreurs d’interprétations des probabilités inversées. Avec ces quelques exemples supplémentaires, nous pourrons trouver une aide précieuse en cas de cafouillage cérébral face à ces statistiques et autres probabilités. Aussi, n’hésitez pas et écrivez-nous pour partager vos exemples les plus éclairants.

Exercice – Saurez-vous détecter en quoi nous avons affaire à un effet de probabilités inversées sur cette affiche sortie tout droit d’un restaurant McDonald’s :

CorteX_Proba_inversee_Macdo

Si rien ne paraît suspect à première vue, un petit détour par deux autres exemples s’impose.

Des sous-vêtements dangereux ?

Tout d’abord, voici quelques mots sur les probabilités dites inversées. Comme l’explique très bien Florent dans son article, pour avoir une utilité, une probabilité, exprimée en pourcentage, doit être clairement définie. Si j’affirme par exemple que la probabilité de gagner au loto est de 0,000000052 soit 0.0000052%, je dois alors préciser que ce chiffre correspond à la probabilité de trouver 5 numéros parmi 49 + 1 numéro parmi 10. Même si tout le monde avait compris que l’on ne parlait pas de la chance de trouver seulement trois bons numéros, il est toujours nécessaire de fournir ces précisions : probabilité de quoi ?

Lorsqu’il s’agit d’évaluer le risque de contracter une maladie, en particulier le poids de facteurs environnementaux, les choses se compliquent. Prenons l’exemple d’une maladie comme le cancer des poumons. On peut lire que « le premier facteur de risque est le tabac » avec 81% des décès, en France (voir la page d’accueil du site Fondation Recherche Médicale). Que signifie cette probabilité ? Que 81% des personnes décédées d’un cancer des poumons fumaient du tabac (d’ailleurs rien n’est précisé sur les doses, le type de tabac, etc. mais ce n’est pas le problème qui nous intéresse ici). Autrement dit, la probabilité d’avoir consommé du tabac sachant qu’on est décédé d’un cancer des poumons est de 81%, CorteX_Slipet d’en déduire que la cause principale de ces cancers est le tabagisme. Attention, si vous en tirez cette conclusion, vous êtes en train de toucher du doigt le problème des probabilités inversées : ce n’est pas cette statistique seule qui permet d’inférer un lien de cause à effet entre tabagisme et cancer. Car on pourrait très bien trouver, en cherchant un peu, que 99% des personnes décédées portaient des sous-vêtements, sans pour autant en conclure à un lien causal direct entre porter un slip et mourir d’un cancer des poumons. Autrement dit, la probabilité de porter des sous-vêtements sachant que l’on est mort d’un cancer ne nous donne aucune information sur la dangerosité ou le risque de cette pratique.

Où se niche l’erreur subtile de raisonnement ? Dans le fait que la probabilité qu’on nous donne n’est pas la probabilité qui nous intéresse, même si elle lui ressemble à s’y méprendre. Ce qui nous intéresse n’est pas la probabilité d’avoir porté une culotte, d’avoir fumé ou de s’être curé le nez sachant qu’un cancer nous a fait passer de vie à trépas. Non, nous voulons savoir l’inverse : la probabilité de mourir d’un cancer sachant qu’on se gratte le nez.

Travailler chez McDo avec « des perspectives d’évolution rapide »

Reprenons le texte de l’affiche. En grand, on peut lire : « Plus de 70% de nos managers et directeurs adjoints ont débuté comme équipiers* ». L’enquête a été réalisée par un institut de sondage (Ipsos 2012, publiée par McDonald’s). Si l’affirmation est vraie, il nous faut nous méfier de la conclusion que nous allons en tirer. Effectivement, il est impossible d’en déduire que de nombreux équipiers deviendront managers un jour, ce que suggère pourtant la phrase « Chez McDonald’s, un emploi permet des perspectives d’évolution rapide. » Traduisons cette phrase dans les mêmes termes que pour l’exemple du cancer : nous savons à présent que la probabilité d’avoir été équipier sachant qu’on est manager est égale à 70% ou plus. Est-ce bien l’information dont nous avons besoin pour connaître les chances d’évolution dans le métier ?

Comme pour les risques sur les maladies, il nous est impossible de conclure à une évolution de poste grâce à cette seule statistique. Souvenons-nous en effet que la probabilité qui nous intéresse est celle donnant les chances d’accéder à un poste de manager sachant que l’on est équipier (et qu’on en fait la demande ou qu’on le désire). Or nous savons simplement l’inverse : la probabilité d’avoir été équipier sachant qu’on est manager, et celle-ci ne sert à rien quant aux possibilités d’évolution de carrière.

Un doute persiste : il se pourrait que cette statistique signifie vraiment quelque chose. Par exemple, que 70% des postes de managers sont réservés à des travailleurs internes à l’entreprise. Ceci est tout à fait exact : on peut devenir manager en étant équipier, la voie n’est pas fermée. Ce qui est fallacieux avec la publicité de cette affiche est de laisser croire à un lien de cause à effet entre ce pourcentage et l’affirmation que « Chez MacDonald’s, un emploi permet des perspectives d’évolution rapide » : l’un n’implique pas l’autre. Avec un calcul rapide à partir des chiffres donnés par MacDonald’s (site officiel, MacDonald’s France) on peut estimer le nombre d’équipiers et de managers. Ce faisant, nous avons trouvé une statistique encore plus intéressante : « 80% des directeurs** ont commencé leur carrière comme équipier ». Utilsons-là pour calculer le ratio directeurs/équipiers. Nous apprenons qu’en moyenne 54 personnes travaillent dans un restaurant, donc 53 ne sont pas directeurs. D’après une de nos sources internes, on peut estimer à 90% la part des équipiers dans le personnel (les cuisiniers sont des équipiers), c’est-à-dire 47 travailleurs environ, nous obtenons un ratio directeurs/équipiers = 1/47 = 0,021 soit 2,1%. Sachant que les managers peuvent être plus d’un par restaurant, le ratio est certainement plus élevé pour ceux-ci. Mais en admettant qu’on atteigne en moyenne le double, cela représente un ratio de 4%. La voie n’est donc pas fermée, mais elle reste très étroite.

Denis Caroti

Note : un autre exemple de probabilités inversées nous est donné par G. Reviron avec les propos d’Eric Zemmour sur la délinquance. De même, on pourra consulter les articles de R.Monvoisin sur le problème du Monty Hall, et de Nima Yeganefar sur la propagande.

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* Impossible de ne pas réagir à ce qualificatif. « Équipier », superbe mot à effet impact et qui enjolive ce qui n’est en réalité qu’un emploi souvent mal payé car à temps-partiel, pour des étudiants précaires qui doivent financer le coût exorbitant de certains cursus et le loyer d’une chambre hors de prix dans une agglomération où l’inflation des loyers oblige à vivre loin de leur faculté, augmentant de fait le temps passé dans les transports. Équipier sonne alors comme la gloire du travail partagé, de l’investissement pour une oeuvre supérieure qui nous dépasse mais pour laquelle nous donnons tout notre possible… Ce sont avant tout des travailleurs sous-payés.

** Les directeurs sont les supérieurs hiérarchiques des managers, il y en a un seul par restaurant, assisté par un directeur adjoint. On pourra consulter l’organigramme sur le site officiel de MacDonald’s.

Bouveresse et Chomsky : ça se déguste comme une friandise.

Sur le banc, un philosophe bien trop méconnu en France, Jacques Bouveresse (1940-), l’un des rares philosophes à manier l’outil rationnel comme un fleurettiste, et connu pour avoir refusé en 2010 la légion d’honneur qu’un gouvernement auquel il ne donnait aucune légitimité lui avait décerné (nous vous en avions causé lors de la sortie de son dernier bouquin, ici, et vous avez pu l’écouter .)  A côté de lui, et invité par ses soins au Collège de France en 2010, Noam Chomsky (1928-), linguiste et remarquable penseur politique s’il en est, qui fait l’objet de tellement de documentation qu’il est inutile d’en donner ici (hormis peut être ça*).

Ce qui nous fait aimer ces gens repose sur plusieurs points :

  • ils sont parmi les rares représentants des sciences dites « humaines » qui ne font pas du discours mou et pompeux.
  • Ce sont des savants qui, conscients de leur responsabilité d’intellectuels, se sont investis sur le plan le plus complexe des comportements humains : la science politique
  • Ils font le lien essentiel entre le rôle des intellectuels à fournir une vision non faussée des réalités et de la connaissance objective, et la possibilité de transformer la vie en société.
  • Ils sont libertaires.
  • Ils sont intellectuellement honnêtes et probes.

Ils font partie, ces vieux briscards, de nos figures tutélaires.

Voici le montage de l’émission du 23 septembre 2013 de Là-bas si j’y suis, sur France Inter. Ça commence piano, ça finit crescendo. Ça se déguste avec un mélange Vodka-Martini-Olive et ça donne envie d’utiliser son intellect.

 Télécharger le fichier

Richard Monvoisin

* Je ne connais pas d’entrée facile au travail de Jacques Bouveresse. J’en connais une par contre chez Noam Chomsky : un petit livre appelé « Sur le contrôle de nos vies« , aux éditions Allia, à 6 euros 20.

Petite leçon de sexisme ordinaire, par Nicolas Kalogeropoulos

Voici une ressource tout à fait sympathique de simplicité que propose Nicolas Kalogeropoulos, basée sur une campagne de publicité de la marque Sennheiser qui couvrit les couloirs du métro et du RER Parisien du 14 au 22 juin 2011.

Notre suggestion : montrer d’abord la publicité finale, ci-dessus, puis demander à vos élèves ou étudiants s’il y a quelque chose qui pose problème. Enfin, en troisième phase, présenter la déconstruction de Nico Manzin. Débat garanti ! Éventuellement, présenter d’autres images de la même campagne, pour évacuer toute ambiguïté.
Ce travail a pour origine le blog Monpapaestungeek. Merci d’accepter la reproduction à des fins pédagogiques.
RM

CorteX_sexisme_ordinaire_Nico_Manzin

L’analyse est plutôt fleurie. Il manque, certes, une définition du terme « salope », tel qu’employé par NicoManzin. Salope signifie probablement « femme qui se jette à poil sur un homme ». Or, avec une telle définition, ma mère, ma soeur, ma collègue Guillemette, mes grands-mères furent ou sont incluses dans la définition. Si je regarde le Wiktionnaire, je trouve, outre une étymologie cocasse (« sale huppe », huppe fasciée ou passereau*) deux définitions principales et une par extension :

  1. Femme de mauvaise vie, dévergondée, débauchée.
  2. Femme méprisable, garce sans scrupules, aux mœurs corrompues et prête à tout pour réussir, avec, en général, une connotation sexuelle.
  3. Femme coupable de traîtrise. S’emploie également pour insulter violemment un homme ou pour décrire un individu ne respectant aucune loi ou aucun code.

La clôture du débat peut se faire de deux manières : d’abord en demandant si une publicité du même type  mais avec genres inversés aurait la même réussite (femme ténébreuse avec casque, homme nu sensuel s’y frottant ; ensuite en se demandant comment on appelerait dans ce cas un « homme qui se jette à poil sur une femme ».

* Pour l’anecdote, on dit que la huppe fasciée pupute (sic!), c’est-à-dire fait trois petits « pût pût pût ».

Urgent : à la conquête du PAF !

Mais qu’est-ce que le PAF ?

Questionnement évident pour des personnes non enseignantes dans l’éducation nationale se retrouvant face à cet énième acronyme : le PAF, ou plan académique de formation, regroupe toutes les formations proposées par une académie en vue de la formation continue des enseignant·e·s. Cependant, les inscriptions au PAF, bien mal placées dans le calendrier, sont censées être déjà terminées pour l’année scolaire 2013-2014.

Et que vient faire le CorteX là-dedans, me direz-vous ?

Cette année, une formation a été lancée entre les IA-IPR (inspecteurs) de physique-chimie et le collectif CorteX.
C’est une formation qui donne du matériel pédagogique pour développer l’esprit critique des élèves, et qui utilise l’enthousiasme pour les élèves à travailler sur des sujets « étranges » et controversés, d’où son nom : « Zététique et esprit critique » (de Zeteîn, en grec, chercher)*
Elle s’ouvre dans le PAF pour janvier, en Drôme – Ardèche d’abord, ailleurs les années suivantes. Il reste encore des places. !

Ça serait bien dommage que pour une première fois, ce module Esprit critique / autodéfense intellectuelle ne s’ouvre pas parce qu’en deçà d’un seuil d’effectif.

Alors ?

we-need-you-super-dupont

Peut être pouvez-vous diffuser l’information du côté des départements de l’Ardèche et de la Drôme ? Surtout, ne vous privez pas de faire suivre à des collègues ou ami·e·s non-profs de physique-chimie. Nous sommes las de voir les divisions disciplinaires. La commande du stage est certes ciblée sciences physiques,mais nous avons de quoi rendre poreuses les barrières disciplinaires, donc bienvenue SVT, philo, lettres, langues, géographie-histoire, SES ! De toute façon, comme vous le savez, l’esprit critique ne s’use que si l’on ne s’en sert pas !

Denis Caroti, Julien Peccoud, Richard Monvoisin

PS : si vous êtes intéressé·e·s, répondez-nous directement. Nous vous indiquerons ensuite à quel moment vous rendre sur le site pour l’inscription officielle.


Descriptif de la formation :

objectif pédagogique :
A travers de multiples exemples, présenter la démarche zététique (bases historiques, philosophiques, épistémologiques), le cadre dans lequel il est possible de l’utiliser en classe et hors classe (AP, ateliers, clubs, options MPS) ; comment s’approprier et faire partager aux élèves la réflexion critique et scientifique sur des thématiques transdisciplinaires.
description du contenu.

L’accent est mis sur les outils d’analyse critique, quelques bases d’épistémologie (différences entre science et pseudosciences, aspects méthodologiques de la démarche scientifique) et de psychologie (perception, mémoire, influence et manipulation). On donne ensuite une  introduction aux outils d’autodéfense intellectuelle illustrés par de nombreux exemples (effets et facettes zététiques). Le lien est fait en  permanence entre ces outils et les travaux et ressources pédagogiques déjà réalisés et disponibles (voir www.cortecs.org).
Un travail en groupe est proposé pour élaborer et discuter des séquences pédagogiques sur la thématique science et esprit critique. Mise en commun et restitution lors de la deuxième journée notamment. En fonction du temps : élargissement des sujets de recherche (des sciences aux idéologies),  discussions sur les risques et les enjeux la médiatisation de l’information scientifique, les dérives et dangers de différentes pratiques thérapeutiques, etc.

Méthodologie – Comment se faire un avis sur une controverse scientifique quand on n'est pas spécialiste du sujet ?

Si nous enseignons des outils d’analyse critique et une méthodologie d’enquête, c’est dans l’objectif de permettre à tout un chacun de se faire une opinion, y compris sur des sujets complexes éloignés de nos champs de compétence. Cette année, avec des étudiants en première année d’IUT Techniques de Commercialisation et à la demande de certains de leurs enseignants, j’ai décidé de me focaliser sur la recherche et le tri d’informations. Je disposais de sept séances d’une heure et demie, et d’un ordinateur par étudiant : il n’en fallait pas plus pour les lancer sur des sujets aussi ramifiés que les controverses sur les organismes génétiquement modifiés (OGM), les risques de la vaccination contre l’hépatite B et la nocivité présumée des lignes à très haute tension. Mes objectifs : que les étudiants soient capables de trouver des informations contradictoires et de croiser ces informations, qu’ils sachent questionner la fiabilité d’une source et remonter à l’origine de l’information, qu’ils sachent repérer les arguments d’autorité et les arguments fallacieux pour qu’à la fin, ils puissent se faire un avis étayé. Voilà comment je m’y suis pris !
Guillemette Reviron

Pour la deuxième année consécutive, je suis intervenue à l’IUT de Béziers auprès d’étudiants de première année. Les étudiants étaient répartis en trois groupes de 28.

L’année dernière, j’avais adapté mes cours de Sciences et auto-défense intellectuelle :  j’enseignais les outils sous la forme de cours magistraux et les étudiants devaient réaliser un dossier en petit groupe sur un sujet de leur choix relevant du « paranormal ». Le résultat ne fut pas fameux : je disposais de moins d’heures de cours qu’avec mes étudiants en L2 de sciences, j’avais moins de temps pour suivre des étudiants bien plus nombreux et le thème ne les motivait pas vraiment. Cette année, j’ai donc décidé de fonctionner complètement différemment et d’utiliser l’extraordinaire équipement informatique de l’IUT en lançant les étudiants sur des enquêtes concernant trois grandes controverses scientifiques :

  • le groupe A a enquêté sur la nocivité des lignes à très haute tension
  • le groupe B a enquêté sur les risques de la vaccination contre l’hépatite B
  • le groupe C a enquêté sur la nocivité des organismes génétiquement modifiés (OGM) (nous avons restreint la recherche au cas du maïs OGM NK 603).

PhotoLes étudiants ont travaillé en groupes de 3 ou 4, en autonomie, et se sont organisés comme ils l’entendaient. Ils avaient pour mission de se faire un avis étayé sur leur controverse et de réaliser un dossier présentant leur enquête (voir leurs travaux ici). J’ai volontairement choisi trois sujets sur lesquels je n’avais jamais vraiment travaillé auparavant pour limiter mon influence dans leur travail – j’ai plus essayé de les suivre que de les attirer vers certaines sources. Ces thèmes avaient aussi la particularité d’être éloignés a priori de leur champs de compétence, mon but étant de leur enseigner une méthode efficace de recherche, même pour les non spécialistes.
Mon rôle pendant les séances consistait à leur expliquer au gré de leurs trouvailles comment jauger la fiabilité d’une source, à leur présenter quelques outils d’analyse critique et, surtout, à être de très mauvaise foi pour les inciter à tirer toujours un peu plus les fils de leur enquête et à étoffer leur argumentation. Une médecin était l’auteure d’un rapport, je les incitai à vérifier qu’elle n’avait pas de lien d’intérêt avec un laboratoire pharmaceutique. Le site Doctissimo.fr déclarait être une équipe indépendante, une petite phrase sur un site ne suffisait pas à me convaincre – et la poursuite de leur enquête m’a donné raison. Le CRIIGEN est le Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le Génie Génétique, un simple nom n’a jamais garanti le niveau d’expertise et d’indépendance d’une structure, il fallait fouiller plus. Cela a beaucoup déstabilisé les étudiants : si aucune source n’était complètement fiable, à qui fallait-il se vouer ? Petit à petit, ils se sont familiarisés avec l’idée que l’accumulation d’informations contradictoires, si elle est troublante au début, est nécessaire pour se faire une opinion : il est d’autant plus aisé d’évaluer la fiabilité d’une source ou d’une information qu’on a beaucoup douté et beaucoup fouillé.

J’ai décrit ci-dessous le contenu des séances en détail, et j’ai conclu en présentant les écueils rencontrés.


Séance 1

Je voulais commencer par faire comprendre aux étudiants pourquoi l’information qui nous est livrée dans un média – quel qu’il soit – n’est pas fiable à 100% et qu’il est  absolument nécessaire de retourner à la source d’une information, de se renseigner sur les gens qui s’expriment, de croiser les sources, etc.
Avant toute chose, sans rien leur dire de plus que mes nom et prénom, je leur ai demandé de répondre au questionnaire suivant :

Quelle est, selon vous, sur une échelle de 1 à 6, la dangerosité
1. des ondes du micro-onde
2. de l’utilisation quotidienne du téléphone portable
3. de l’exposition quotidienne au wifi
4. des OGM pour la santé humaine
5. des lignes à très haute tension
6. des antennes relais
7. de la vaccination ROR
8. de la vaccination contre l’hépatite B

(Je n’ai pas encore eu le temps de dépouiller les questionnaires. J’indiquerai ici les résultats dès que cela sera fait)

Ensuite, j’ai projeté à chaque groupe un reportage de quelques minutes sur leur sujet (sans rien leur dire de plus).

Groupe A – La nocivité des lignes à très haute tensions (THT) a-telle été mise en évidence ? – Extrait du Journal Télévisé de France 3 Nord (11 octobre 2011)
Lignes_THT_danger _France3Nord_11_10_2011

Groupe B – Un lien de causalité entre la vaccination contre l’hépatite B et la sclérose en plaque a-t-il été mis en évidence ? – Reportage sur une exposition de peinture réalisée par une association de victimes du vaccin contre l’hépatite B, sur TVTours (2009)
Exposition_des_victimes_du_vaccin_hépatite_B_on_en_parle_TVTours_2009

Groupe C – La nocivité des OGM pour l’humain a-t-elle été mise en évidence ? Cas du maïs OGM NK 603. Reportage intitulé L’autorisation du maïs de Monsanto suscite l’inquiétude, ITélé (2 août  2013)
OGM_l_autorisation_du_mais_Monsanto_suscite_l_inquietude_02_08_13_9h47

Je leur ai ensuite demandé leur avis sur la vidéo et j’avoue avoir été assez surprise par leur réaction ; étant donné le point de vue alarmiste pris dans les reportages, je m’attendais à ce que les étudiants s’insurgent sur les dangers auxquels on les exposait. Pourtant, ils ont tout de suite critiqué la mise en forme de l’information, le tri des intervenants, parfois leur statut, le peu de place laissé à la parole contradictoire… Quand je leur ai demandé si le reportage leur permettait de se faire un avis, tous les étudiants qui ont pris la parole étaient unanimes : non, ils n’étaient pas assez informés. J’ai donc attrapé la balle au bond : quand je leur avais demandé de répondre au questionnaire, aucun étudiant n’avait refusé de répondre en se déclarant incompétent. Ils avaient tous exprimé un avis sur chacun des huit points. D’où leur venait donc cet avis ? Avaient-ils travaillé sur le sujet, étaient-ils spécialistes de la question ? Il leur fallut concéder qu’ils s’étaient forgé leur avis à travers les médias, en regardant le même type de reportages que celui qu’ils venaient de critiquer.

Ce fut l’occasion de discuter sur la différence entre un simple avis ou un acte de foi et une opinion étayée, de la nécessité de se méfier de ce qui nous paraît (in)vraisemblable, du biais de confirmation d’hypothèse, du niveau de preuves requis face à un phénomène extra-ordinaire, de l’impossibilité logique à démontrer que quelque chose n’est jamais dangereux, de la charge de la preuve qui incombe à celui qui prétend.
Je leur ai présenté le travail que je leur demandais et j’ai conclu cette séance avec le TP sur l’affaire Bintou-Le Point et le fait, qu’à notre connaissance, le journaliste Jean-Michel Décugis n’a jamais été sanctionné pour ne pas avoir vérifié ses sources : nous avons évoqué les contraintes temporelles du journaliste, la scénarisation de l’information, la formation souvent généraliste des journalistes, leur statut souvent précaire, autant de choses qui empiètent sur la qualité de l’information donnée.


Séance 2

Les étudiants disposaient chacun d’un ordinateur avec un accès internet.

Je leur ai demandé, pour cette première étape de recherche,

1. De faire de courtes recherches sur l’hépatite B et son vaccin / les lignes THT / les OGM – de quoi s’agit-il ? Que leur reproche-t-on ? Quel marché cela représente-t-il ? Quelles sont les alternatives ? Quelle est la législation française ?…

2. D’identifier les acteurs du débat, sans se préoccuper de leurs arguments, si ce n’est de repérer s’ils sont plutôt pour ou plutôt contre.

3. De donner le statut de ces acteurs : scientifique (quels titres ? quelle structure ?), victimes, témoins, association, laboratoire de recherche, institutions gouvernementales, institutions internationales…

Au début, les étudiants recensaient comme « acteurs du débat » des médias généraux (Libération, Le Monde, Le Figaro, Rue 89…) ou Wikipédia. Il m’a fallu revenir sur les constats de la séance précédente pour qu’ils se rappellent pourquoi on ne pouvait s’appuyer sur ce type de sources. Ceci dit, dans les articles qu’ils découvraient, les journalistes citaient des individus, des institutions, des associations… Ils n’avaient qu’à les recenser.
Techniquement, les étudiants ont passé beaucoup de temps à lire les articles d’un bout à l’autre ; je leur ai donc expliqué qu’on pouvait, à cette étape initiale, se contenter de parcourir rapidement le texte pour en extraire la seule information qui nous intéressait : qui est cité ?

J’ai souvent dû couper les étudiants qui, pour me faire part d’une de leur trouvaille, commençaient par « ils disent que », « sur ce site, j’ai trouvé que… ». L’objectif de la séance n’était pas d’analyser le discours mais d’identifier les acteurs du débat. Qui dit ? Qui est derrière ce site ? Répondre à ces questions est essentiel pour évaluer par la suite le degré d’expertise de l’intervenant.


Séance 3

L’objectif de la première partie de cette séance était de cerner les enjeux du débat. Si la mission des étudiants est de se faire un avis sur la dangerosité de certaines applications technologiques, la controverse ne se fait pas uniquement sur ce point. Je voulais qu’ils se fassent une idée des autres axes de la polémique, ne serait-ce que pour repérer quand un débat sur la dangerosité est détourné vers un autre aspect du problème (esthétique, financier, non respect d’un choix individuel ou collectif, lobbying, conflit d’intérêt…)

La deuxième partie de leur recherche devait s’orienter vers les critiques sur la fiabilité des intervenants. Ils ont choisi quatre ou cinq des principaux acteurs du débat et ont enquêté plus en détail : conflits d’intérêts, vérification des titres exacts, reproches qui leur sont faits par leurs contradicteurs et  vérification des dires, évènements passés qui peuvent engendrer un doute sur leur fiabilité ou leur niveau d’expertise…

Du point de vue méthodologique, j’ai dû intervenir sur plusieurs points :

1. Si l’on cherche des critiques sur une institution, il n’est pas très efficace de la chercher sur son propre site

2. Faire attention aux arguments d’autorité (institut, comité de recherche…). Je leur ai  donné l’exemple du CorteX (un collectif de recherche sans statut juridique jusqu’à cet été). Je leur ai également expliqué que n’importe qui peut créer une association, qu’aucune justification de l’expertise des protagonistes n’est demandée.

3. Mettre plusieurs mots dans le moteur de recherche est plus efficace. On peut commencer par « critique Organisation Mondiale de la Santé » ou « critique OMS », lire les titres des articles sélectionnés dans lesquels apparaissent des mots clés plus précis (lobbying, fraude, conflit d’intérêt…) et réinjecter ces mots dans le moteur de recherche (OMS « conflit d’intérêt »). Pour se perfectionner sur la recherche d’informations sur internet, on pourra consulter cette page.

4. Lorsqu’on tombe sur une page ou sur un long rapport, une manière d’accéder rapidement au passage qui nous intéresse consiste à taper le nom de la structure dans la fenêtre ouverte en cliquant sur Rechercher dans la page

4. Toujours noter qui critique

5. J’ai expliqué ce qu’était un conflit d’intérêt et qu’une telle accusation, pour être pertinente, devait être ciblée et sourcée (par exemple, en démontrant qu’une personne précise salariée par un laboratoire pharmaceutique était également  auteur d’un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur les risques de la vaccination contre l’hépatite B). Dans le domaine de la santé, la déclaration de conflit d’intérêt potentiel est obligatoire pour tout médecin qui s’exprime à propos d’un produit pharmaceutique ; si on ne la trouve pas, il est toujours possible de contacter la personne évoquée et de lui demander où se trouve sa déclaration


Séance 4

J’ai proposé aux étudiants de lire deux articles du CorteX. Le premier, Vulgarisation – Le jeu des 20 pièges, comment éviter les arguments d’autorité ?, avait pour objectif de récapituler ce que nous avions entrevu de manière informelle sur les arguments d’autorité au gré de leurs recherches. Le deuxième, le Petit recueil de 18 moisissures argumentatives pour concours de mauvaise foi, était une manière de les préparer à la deuxième partie de la séance : recenser et jauger les arguments des différentes parties.

La consigne était de faire l’inventaire des arguments avancés par les différentes parties en notant sur quel type de sources elles s’appuient (un témoignage, de nombreux témoignage, une enquête citoyenne, une étude scientifique, une méta-analyse etc.)


Séance 5

Les étudiants ont continué la recension des arguments avancés par les différentes parties. Ce travail leur a paru plus difficile que les étapes précédentes. Ils ont eu du mal à discerner ce que j’appelais la source d’un argument et avaient tendance à s’arrêter à des affirmations du type « l’étude d’untel et untel démontre que… ». Je les ai donc poussé à chercher et obtenir les études/rapports/enquêtes/etc. correspondants.
Ils ont aussi été déstabilisés par les affirmations non sourcées, basée sur des arguments d’autorité, comme « des chercheurs américains ont démontré que… ». Je pense qu’ils craignaient d’être pénalisés s’ils ne trouvaient pas la source. Je leur alors rappelé que la charge de la preuve incombe à celui qui prétend : le fait que l’affirmation ne soit pas sourcée est une information en soit.


Séance 6

Pour les deux dernières séances, j’avais prévu de leur faire analyser une ou deux sources en particulier : enquête sur les auteurs (s’ils n’avaient pas déjà enquêté sur eux) et initiation à la critique de la méthodologie (taille de l’échantillon, tri des données a posteriori, critique de questionnaires d’enquête, etc.). Cependant, comme de nombreux groupes avaient pris du retard, nous avons utilisé cette séance pour revenir sur certains points, en particulier, la recherche des sources des différentes parties (enquêtes citoyennes, études scientifiques, rapport ministériels, rapport d’agences, témoignage(s), etc.).


Séance 7

Pour cette dernière séance, j’ai demandé aux étudiants de choisir une des sources trouvées précédemment, de la lire et d’en faire une analyse critique. Bien sûr, analyser une seule source ne suffit pas pour prétendre avoir fait le tour du sujet, mais je voulais saisir l’occasion de discuter avec eux sur le fait que la conclusion d’une étude ne peut être prise en compte qu’à partir du moment où la méthodologie employée est sans défaut.  Pour l’enquête sur le maïs OGM NK 603, la plupart des groupes ont choisi l’étude de G.-E. Séralini dont beaucoup d’analyses sont disponibles sur le net. Les groupes qui ont travaillé sur la nocivité des lignes à très haute tension ont majoritairement étudié une enquête du CRIIREM élaborée à partir de questionnaires, ce qui nous a permis d’aborder les limites de ce type d’études. Ils ont cherché et trouvé les questionnaires et devaient également se renseigner sur la manière dont ces questionnaires avaient été distribués et rendus. La question était de savoir s’il y avait un tri des données était possible. Comme d’habitude, il m’a fallu rappelé que si cette information n’était pas disponible, cela n’était pas de la responsabilité des étudiants mais qu’ils devaient le signaler comme une faille dans la description de l’enquête.

Dans le groupe sur les risques de la vaccination contre l’hépatite B, les sources choisies ont été plus variées. Certains ont choisi une étude publiée dans un journal scientifique (et se sont aperçus que cela n’est pas forcément un gage de sérieux), d’autres des témoignages.


Les écueils rencontrés

Le travail en groupe et la mauvaise organisation des étudiants
Les étudiants ont travaillé en groupe, mais ont eu du mal à se répartir le travail. Ils ont choisi, pour la plupart, de se répartir les différentes parties du plan. Le premier travaillait sur l’introduction, le deuxième sur les enjeux du débat, le troisième sur les acteurs du débat, etc. Malgré mes incitations récurrentes à travailler ensemble sur chaque partie (comment chercher les arguments d’une des parties si on n’a pas répertorié les différentes parties en présence ?), les étudiants se sont obstinés dans leur manière de faire. Je n’ai pas trouvé de solution pour les faire changer d’avis et de pratique.

La limite de temps
Le projet était ambitieux et le temps limité. J’ai dû revoir mes prévisions à la baisse et j’ai par exemple renoncé à leur projeter à la fin de leur enquête le reportage visionné lors de la séance 1. C’était pourtant une manière de mesurer l’impact de leur travail sur leur analyse du message médiatique.
J’ai également dû restreindre le nombre de sources analysées, ce qui est un problème aussi bien pour l’apprentissage de la méthodologie que pour la pertinence de leur conclusion.

Les consignes mal comprises
Les étudiants ont eu du mal à comprendre ce que j’attendais d’eux à chaque séance. Ils sont très nombreux à m’avoir dit que c’était très éloigné de ce qu’on leur avait demandé jusqu’ici. J’ai donc passé beaucoup de temps à recadrer les groupes les uns après les autres, individuellement, et certains groupes avec qui j’ai passé moins de temps en ont pâti. Il faudrait peut-être prévoir pour chaque séance une fiche explicative, avec des exemples simples et concrets (fils trop peu tirés, type d’informations que l’on recherche, l’endroit où elles se trouvent, etc…)


Dossiers des étudiants

Groupe A – La nocivité des lignes à très haute tensions (lignes THT) a-telle été mise en évidence ?

Groupe B – Un lien de causalité entre la vaccination contre l’hépatite B et la sclérose en plaque a-t-il été mis en évidence ?

Groupe C – La nocivité des OGM pour l’humain a-t-elle été mise en évidence ? Cas du maïs OGM NK 603

Esprit critique es-tu là ?

La page dédiée aux ressources complémentaires pour le livret « Esprit critique es-tu là ? 30 activités zététiques pour aiguiser son esprit critique ».

CorteX_couteau_suisse_critiquePrésentation du livret :

Un outillage critique est nécessaire aussi bien pour analyser l’information ou distinguer les contenus scientifiques de contenus pseudoscientifiques que pour trier les thérapies, déceler les mensonges à visée commerciale ou de propagande, ou prévenir l’intrusion dans la méthode scientifique d’idéologies comme le racisme, le créationnisme ou l’Intelligent Design…

L’outillage présenté par ce livret sera utile à l’étudiant, à l’enseignant ou au chercheur, mais aussi à tous ceux qui souhaitent pouvoir se faire des opinions en toute connaissance de cause en se méfiant des mésusages médiatiques de la science.

Les « ateliers » d’esprit critique détaillés dans cet ouvrage ont été conçus et testés avec soin pour permettre de se frotter à l’analyse critique de façon concrète et amusante, mais aussi réellement constructive, en utilisant des supports ludiques, simples et motivants.

Faire une expérience pour arrêter son coeur ou une lévitation en groupe, pratiquer la télékinésie et la torsion des métaux ou analyser des vidéos de fantômes, tester des pouvoirs extraordinaires ou d’autres phénomènes réputés «paranormaux» est en effet un excellent moyen pour mettre en oeuvre la démarche scientifique, aiguiser son esprit critique et tenter ainsi de mieux comprendre le monde qui nous entoure.

Thème 1

Atelier 1 – Catalepsie et paralysie

Voici deux vidéos qui présentent une expérience de catalepsie accompagnée d’un discours ambigüe sur la nature du phénomène.

Montage de passages TV de Franck SYX

 
Un deuxième exemple de catalepsie présentée comme un état de la transe hypnotique durant un stage d’hypnose. Voir ici
 
Vidéo d’une catalepsie sans hypnose, pendant une conférence de l’Observatoire zététique.

 

Atelier 2 – Lévitation en groupe

Pour avoir une idée de l’expérience à réaliser :

Une description de cette expérience :

– John Fisher, La magie du corps, éditions Magix Unlimited, 1995, p.160-162.

Atelier 3 – Insensibilité à la douleur

 

Mise en oeuvre de l’atelier « insensibilité à la douleur » en atelier zététique

Voici quelques exemples vidéos de l’effet Pepper’s ghost :

D’autres exemples vidéo et leurs explications :

Candle Illusion

Pepper’s ghost demo

 

Atelier 4 – Arrêter son coeur

la soiree de l etrange

Montage vidéo à télecharger (sur demande) de l’émission La soirée de l’étrange du 25 avril 2008. Le mentaliste Guy Bavli « arrête son cœur en direct »…

Vidéo de l’émission Phenomenon (USA) : Guy Bavli « stoppe son coeur » (en anglais)

Atelier 5 – Tester ses pouvoirs pour trouver de l’eau

On pourra consulter la description détaillée de cette séquence, réalisée par Stanislas Antczak et Florent Tournus sur le site de l’Observatoire Zététique :

Télécharger


Thème 2

Atelier 6 – Les pouvoirs de l’esprit…logique

Atelier 7 – Comment devenir un vrai génie ?

Les techniques permettant de mémoriser une liste de mots sont décrites de façon très complète dans l’ouvrage de John Fisher :

– John Fisher, La magie du corps, éditions Magix Unlimited, 1995, p.88-97.

Pour illustrer cette technique :

« Hypermnésie » dans 30 histoires extraordinaires – TF1

 

Atelier 8 – Torsion du métal

Une vidéo de Uri Geller en train de tordre une cuillère sur un plateau de télévision :

Et James Randi, qui reproduit le même effet en révélant la technique utilisée :

Un autre exemple de torsion du métal :

Un œil averti saura repérer les manipulations…

On pourra aussi consulter l’excellent livre de Gérard Majax :

– Gérard Majax, Les faiseurs de miracles, éditions Michel Lafon, 1992, p. 253-256.

Atelier 9 – Télékinésie

La paille magnétisée

Mise en oeuvre de l’atelier « Télékinésie » en atelier zététique

https://www.youtube.com/watch?v=e735IagA9IA

Vidéo d’un tour de magie similaire, de Criss Angel (en anglais)

Pas besoin d’une autre paille, les doigts suffisent et produisent un effet encore plus étrange.

La Psi Wheel ou roue psychique

Démonstration de la psiwheels par Nicolas Vivant

Vidéo : « La pseudo-télékinésie expliquée ».

Montage d’une émission présentant les pouvoirs extraordinaires de Guy Bavli. Cette séquence conclut sur l’authenticité de ses pouvoirs de télékinésie sans aucun regard critique (tous les expériences sont pourtant réalisables avec de simples tours de prestidigitation.)

Autres ressources :

– Vidéos (en anglais) des psiwheels et son explication complète: http://www.scienceofscams.com/index.php

– Vidéo de la psiwheel sous verre et la réproduction du phénomène par Nicolas Vivant sans prétendus pouvoirs.

– Vidéo d’une autre technique de la psiwheel sous verre et le trucage.

– Henri Broch, Le secret des sorciers, éditions Milan, 2009

Atelier 10 – Tester la perception extra-sensorielle

PrOZstat

PrOZstat est un programme qui utilise l’outil statistique pour permettre de répondre à différentes questions lors de l’analyse de données expérimentales.

Il s’agit d’interpréter des résultats d’expériences types, en les confrontant aux résultats attendus par le hasard pour être en mesure de savoir si ces résultats sont extraordinaires ou simplement conformes au hasard :

– Logiciel Géogébra

Pour le test avec les cartes de Zener :

– Tests d’E.S.P. en ligne : http://www.charlatans.info/test-cartes-zener.php

Une vidéo sur les tests menés par Joseph Banks Rhine, à l’Université de Duke dans les années 30-40.


Thème 3

Atelier 11 – Illusions et paréidolies

Illusions d’optique

Quelques illusions spectaculaires pour illustrer la facette « un témoignage n’est pas une preuve ».

– L’illusion de l’échiquier de Edward H. Adelson :

CorteX illusion Adelson

En observant les cases A et B, on peut constater qu’elles n’ont pas la même couleur (A plus foncée que B). Or ces deux cases sont strictement de la même couleur. A imprimer, découper, et surperposer pour vérifier !

– L’illusion suivante est bluffante : que voyez-vous ?

CorteX illusion lac montagne

Des montagnes et un lac ? Pourtant, pas la moindre trace d’un lac… seulement un muret au premier plan !

– Une illusion spectaculaire de Hans Munker :

CorteX illusion Munker

Les barres rouges et violettes (en haut) sont en réalité de la même couleur. Comme les barres vertes et bleues (en bas).

– Pour compléter l’illusion de la tour qui penche :

CorteX illusion rails

Les rails ne pointent pas dans la même direction (apparemment !). Pourtant, ces deux photos sont parfaitement identiques…

Paréidolies

Quelques exemples de paréidolies.

CorteX pareidolie cheval

Que voyez-vous ?

CorteX pareidolie femme

Une femme en jean et… ?

CorteX pareidolie jeans

Un visage ?

CorteX pareidolie Jesus

Apercevez-vous le visage ?

Pour aller plus loin :

Un exemple de paréidolies décrit par Jérôme Bellayer :

http://www.unice.fr/zetetique/articles/JB_yeti_nain/index.html

Le blog de Richard Wiseman :http://richardwiseman.wordpress.com/blog-2/

– Une illusion en trois dimensions :

Illusion du dragon

Fichier pour réaliser le « Dragon » et deux sites qui proposent plusieurs versions de personnages à réaliser sur le même principe : opticalillusions et dragonillusioncolors

– 10 grandes illusions incroyables dont le dragon en version géante.

 

Atelier 12 – La cécité au changement

Déroulement

1/ On présente la vidéo « The original selective attention task » en indiquant que deux équipes (habillées en blanc et en noir) vont se faire des passes avec deux ballons de basketball : l’objectif est de compter le nombre de passes qu’effectuent les blancs : « Qui trouvera le score exact ? ».
Il faut insister : « c’est une tâche complexe, le silence est donc requis ».

2/ La vidéo est diffusée. On demande ensuite, sans laisser le temps aux commentaires, qui a vu : moins de 12 passes, 12, 13, 14, 15, 16, 17, plus de 17 – ce qui permet de montrer qu’il y a déjà une discordance dans les réponses. La bonne réponse est alors donnée (15) puis on ajoute « avez-vous vu quelque-chose d’étrange ? » puis « avez-vous vu un gorille passer au milieu de la scène ? ».

3/ On repasse la vidéo pour prouver la présence du gorille.

4/ Si vous savez que votre public connaît cette vidéo, qui date de 1999, on présente une deuxième vidéo datée de 2010 : « The Monkey Business Illusion » est basée sur le même principe. Personne ne devrait rater le gorille mais cette fois plusieurs changements dans la scène (sortie d’un personnage, couleur des rideaux) auront échappé à une majorité de personnes.

6/ Faisant croire que l’on change de sujet, on diffuse la vidéo « Color changing card trick » de Richard Wiseman. Effet garanti.

7/ On pourra, avec un groupe motivé, reproduire les deux expériences de cécité au changement suivantes :

– l’expérience de la bibliothèque,

– l’expérience de la porte, ou «door study».

Pour aller plus loin :

– Les travaux de DJ Simons : Simons, D.J. et Levin, D.T. (1997) Change blindness, Trends in Cognitive Sciences, 1(7), 261-267.

 

Atelier 13 – L’ami d’un ami m’a dit…

Plusieurs personnes se racontent, à tour de rôle, une histoire mystérieuse devant un groupe témoin qui contemple « en direct » les transformations apportées par chaque individu lors du récit de la même histoire.

Exemple de texte :

« Il y avait en 1762, dans un petit village de Prusse nommé Quarrey, un brave curé, l’abbé Hartmann, dont la vieille et bonne servante Angelica était une véritable perle. Levée à l’aube, couchée la dernière, elle faisait une cuisine délicieuse, cirait une fois par semaine les parquets, savait, comme pas une, laver et repasser, et réussissait à merveille les tartes et confitures. Elle vouait un véritable culte à son maître qu’elle soignait comme un enfant.
Mais un jour de novembre 1762, la bonne Angelica décéda d’une pneumonie. Naturellement, la peine de l’abbé Hartmann fut immense. Et c’est la mort dans l’âme qu’après avoir enterré la malheureuse Angelica, le curé engagea une nouvelle servante.
Celle-ci se nommait Frida et paraissait pleine de bonne volonté. Elle vint s’installer le 12 novembre au presbytère. C’est le lendemain qu’eurent lieu les premiers faits bizarres.
Ce jour-là, Frida se lève à l’aube. Elle descend à la cuisine et ce qu’elle voit la fige sur le seuil : la cuisinière est allumée, une soupe à la citrouille – le régal de l’abbé – est en train de mijoter doucement ; le carrelage a été lavé ; sur la table, des légumes sont épluchés.
Stupéfaite, elle entre dans la salle à manger pour préparer le feu. Inutile : les flammes dansent dans la cheminée, la pièce est déjà tiède. Qu’est-ce que cela signifie ?
Soudain, Frida devient rouge de confusion. Serait-ce Monsieur le curé qui, levé avant elle, aurait tout préparé pour lui faire honte ?
Elle entend justement son pas dans l’escalier. Elle se précipite :
– Excusez-moi, Monsieur le curé… C’est vous, n’est-ce pas, qui avez tout préparé ?
– Préparé quoi ?
– Mais…le feu, la soupe et les légumes que j’ai trouvés en me levant… Sans parler du carrelage que vous avez lavé…
– Moi ?! D’abord, ma bonne Frida, je ne sais rien faire de tout cela ; et puis, je viens juste de me lever… Allons, allons, vous n’étiez pas bien réveillée…
Et l’abbé s’en va dire sa messe. Quand il revient, il se met à table.
– Oh ! De la soupe à la citrouille ! Comment avez-vous deviné que c’était mon plat préféré ?
Frida baisse la tête :
– Je n’ai rien deviné, Monsieur le curé, puisque je vous ai dit qu’elle cuisait quand je suis descendue…
Le curé fronce les sourcils. Il se demande si sa servante a bien toute sa raison.
A ce moment, un bruit vient de la cour : quelqu’un est en train de tourner la manivelle du puits. Frida et le curé se précipitent et trouvent sur la margelle un seau rempli d’eau. La chaîne bouge encore.
Cette fois, l’abbé Hartmann est perplexe. Et il l’est bien davantage lorsqu’il apprend, une demi-heure plus tard, que son lit a été refait par des mains mystérieuses et qu’une pintade a été retrouvée sur la table de la cuisine, tuée, plumée, vidée, prête à être embrochée…
Alors Frida prend peur :
– Je ne vais pas rester ici, Monsieur le curé… Il y a un fantôme…
– Mais non, mais non, dit l’abbé Hartmann… Les fantômes n’existent pas…
Mais dans son for intérieur, il commence à se demander si son ancienne servante Angelica n’est pas pour quelque chose dans ces phénomènes étranges.
Au cours de la matinée, Frida, de plus en plus épouvantée, trouve la maison balayée, le bois coupé en bûches, le vin tiré. Quand elle veut préparer le repas, elle découvre le couvert mis, la pintade cuite à point, la salade préparée, du pain frais et une tarte aux poires toute chaude. Elle remonte alors dans sa chambre apeurée, fait ses affaires et quitte le presbytère en courant.
A partir de ce moment, l’abbé Hartmann va vivre des jours extraordinaires. « Quelqu’un » d’invisible fait sa vaisselle, prépare ses repas, lave et repasse son linge, bêche le jardin et fait le lit.
On raconte que ces phénomènes continuèrent jusqu’au jour où le roi de Prusse, Frédéric II le Grand, ordonna de raser le presbytère ainsi que tout le mobilier du curé pour le reconstruire dans une autre rue. Plus aucune manifestation ne se produisit et le curé dut engager une nouvelle servante. »

Extrait modifié de Des fantômes parmi nous, Guy Breton, Louis Powells, Ed. Robert Laffont, 1981, p.9.

Pour aller plus loin :

Véronique Campion-Vincent, Jean-Bruno Renard, Légendes urbaines. Rumeurs d’aujourd’hui, éditions Payot & Rivages, 1998.


Thème 4

Atelier 14 – L’effet Barnum

– « L’effet Barnum » (ou Forer) mis en scène par Lazarus :

http://www.lazarus-mirages.net/effet-forer

– Un extrait du film « Red lights » de Rodrigo Cortés (2012) qui présente l’experience de Bertram Forer.

– « L’effet Barnum » à tester en ligne.

Atelier 15 – Le bizarre est probable (1)

– Pour illustrer le tri des données, deux vidéos :

Des paniers de baskets impressionnants… mais combien de ratés ?

Lanceurs de canettes surdoués… ou de nombreux essais ?

Nous avons réalisé en collège (avec 3 bouts de ficelle et en moins de 40 minutes !) une petite vidéo « tri des données » pour reproduire un phénomène d’habilité extraordinaire…

Atelier 16 – Le bizarre est probable (2)

Le mythe du nombre d’or, un article de Jean-Paul Kirivine :

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article796

– Exemple d’une coïncidence historique décryptée :

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article83

 

Atelier 17 – L’effet puits

Un ensemble de ressources pour illustrer l’effet puits :

– Fichier (.doc) du générateur de phrases puits, modifiable pour imprimer des générateurs personnalisés. (nous serions heureux de proposer un fichier en Open source, si vous savez faire : contact@cortecs.org )

– Vidéo du spectacle de Franck Lepage « (In)culture », extrait sur la langue de bois.

– Georges Charpak, Henri Broch, Devenez sorciers, devenez savants, éditions Odile Jacob Poches, 2002, p.37.

– De nombreux générateurs de langue de bois sont en lignes sur internet. Quelques-uns ci-dessous :

http://g-langue-de-bois.fr/politique/generer_discours_langue_de_bois.php

http://www.presidentielle-2007.net/generateur-de-langue-de-bois.php

http://chrisferon.free.fr/technologies-langage/pipotron-politophore.php


Thème 5

Vidéos fantômes de l’atelier zététique du collège Champollion. Le groupe a réalisé une vidéo de chacune des catégories. Ce TP permet de se familiariser avec les trois catégories pour mieux les repérer

Atelier 18 – Les supports « truqués »

Exemple de matériel vidéo trouvé sur le net pour introduire et illustrer l’atelier sur les vidéos de fantômes « truquées »

Le fantôme de Singapour

– Explication du fantôme de Singapour

Le fantôme de Toronto

– Explication du fantôme de Toronto

– Liste de nombreuses vidéos et photos truquées

Atelier 19 – Les supports « mise en scène »

Exemple de matériel vidéo trouvé sur le net pour introduire et illustrer l’atelier sur les vidéos de fantômes « mise en scène »

Le fantôme d’une fillette dans un cimetière

– Explication du fantôme de la fillette dans un cimetière

L’effet Pepper’s ghost

Utilisation de l’effet Pepper’s ghost grandeur nature, par Derren Brown dans Science Of Scams

 

Vidéo d’explication pour réaliser une védéo de fantôme « Pepper’s ghost »

Vidéo d’explication pour réaliser une boîte maquette « Pepper’s ghost« 

 

Atelier 20 – Les supports « explications rationnelles »

Exemple de matériel vidéo trouvé sur le net pour introduire et illustrer l’atelier sur les vidéos de fantômes « explications rationnelles »

L’ange volant du parc de Cucuta (Colombie)

– Explication du fantôme du parc de Cucuta

D’autres ressources sur ce thème :

http://www.sceptiques.qc.ca/dictionnaire/orbs.html

http://zetetique.fr/

Jean-Eugène Robert-Houdin, Magie et physique amusante, Book-e-book, 2002.

 


Pour contribuer aux ressources du livret (films, images, documents, sites internet) n’hésitez pas à nous contacter :

contact@cortecs.org

Zététique et physique-chimie en classe de seconde

Nombreux(ses) sont les enseignant(e)s de physique-chimie qui tentent d’aiguiser le sens critique de leurs élèves en saupoudrant quelques graines de zététique dans leurs cours. C’est Marie Pierrot qui a décidé de se lancer cette année dans l’aventure. Pas facile au début de faire le tri, de chosir les documents, le ton, etc. mais voici ce qu’elle a réussi à faire avec des élèves de seconde et ce n’est pas rien ! Si vous aussi vous avez réalisé des séquences, des cours, des TP, etc. écrivez-nous !

Quatre séances de zététique en classe de seconde, avec 14 élèves par séance de 2h. Cet enseignement a été réalisé dans le cadre de l’option d’exploration « Sciences et laboratoire« 

Lire la suite…
Télécharger les documents utilisés par Marie :
diaporama
pétition contre le MODH/contre l’eau
questionnaire MODH

Pédagogie – Atelier zététique et esprit critique en AP en seconde

Julien Peccoud, professeur de Sciences de la Vie et de la Terre en Isère, réalise un fort sympathique matériel pédagogique. Non seulement il partage son expérience, ses réussites mais également ses erreurs et ses doutes, dans un atelier zététique et esprit critique réalisé en séance d’Accompagnement Personnalisé (AP) de seconde. De quoi faire évoluer certaines pratiques mais aussi le cadre éducatif assez restreint dans lequel elles s’inscrivent… suscitant une forte envie de pousser les murs.

Contexte

CorteX_gamin_critique

L’accompagnement personnalisé (AP) est entré en vigueur avec la réforme des lycées à la rentrée 2010. Le but de l’AP est assez large, allant du soutien à l’approfondissement en passant par l’orientation. L’organisation de l’AP est laissée à l’appréciation de l’équipe éducative du lycée (autonomie des établissements). Beaucoup de choix sont possibles et on peut remarquer une grande variabilité entre les établissements.

L’AP est maintenant arrivé en terminale avec la réforme montante mais les objectifs ne sont pas les mêmes dans les trois niveaux de lycée. En seconde, ces heures peuvent être utilisées pour encourager l’ouverture interdisciplinaire, pour développer des « projets » ou pour revenir sur les méthodes de travail liées aux exigences spécifiques du lycée. En première et terminale, on y transmet plutôt du contenu disciplinaire dans l’objectif du bac.

Voilà pour la vision officielle de l’AP…

… Cependant, la réalité est tout autre car l’AP n’a rien de « personnalisé » et pose des difficultés dans la motivation des élèves. En effet, ce n’est pas un enseignement sanctionné par une évaluation (continue ou finale). De ce fait, et c’est bien dommage, les élèves ne s’investissent que très peu et prennent ces séances comme de la garderie. Force est de constater que la motivation est souvent liée à la perspective d’une notation, il parait ainsi difficile de faire sortir les élèves de ce comportement stéréotypé. De plus, étant donné le peu de moyens horaires venant des rectorats, cet « enseignement » se fait généralement en groupe trop chargé pour prétendre à un caractère « personnalisé ». Dans mon lycée on tourne autour de 15 à 20 élèves.

Il faut en fait entendre le terme de « personnalisé » comme un choix laissé à l’élève (de la belle novlangue démagogique soit dit en passant). Des « cycles » d’AP sont mis dans un « menu » dans lequel les élèves de plusieurs classes vont choisir. Étant donné qu’il faut proposer tout un panel de disciplines et/ou d’activités, ce sont des élèves de plusieurs classes qui se regroupent dans un cycle d’AP proposé par un enseignant. Dans mon lycée, ce sont des « barrettes » de trois ou quatre classes (c’est-à-dire en parallèle) qui sont mises en place avec cinq ou six enseignant·e·s à charge, ce qui fait bien 15 à 20 élèves par groupe d’AP.

Cela pose au moins trois problèmes :

  • la place dans chaque cycle – Le nombre de places étant limité dans chaque AP, certains élèves se retrouvent dans un cycle qu’ils·elles n’ont pas choisi. Cela diminue encore la motivation et l’intérêt pour ce type de séances.
  • la relation avec l’enseignant·e – Il est très fréquent que les personnes intervenant en AP ne soient pas des enseignant·e·s des disciplines de la classe étant donné que les élèves proviennent de plusieurs classes. Cet éloignement rend d’autant plus difficiles l’accroche et l’emprise sur les élèves.
  • l’hétérogénéité du groupe – Toutes les six semaines les élèves se retrouvent dans un groupe de travail nouveau et on sait qu’une ambiance de groupe met du temps à se mettre en place. Ajouté à cela que les sorties scolaires et autres évènements liés à une classe ne vont impliquer qu’une partie des élèves, on arrive aussi à une hétérogénéité temporelle lors d’un cycle d’AP. Cela a une influence sur le rythme général.

Déroulement des cycles d’AP zététique

Dans mon établissement, nous faisons des cycle d’AP d’environ 6 semaines soit 6 fois une heure.

J’ai réalisé deux cycles successifs. Ils ont été répartis de cette manière :

Séance 1 : présentation de la zététique et annonce des consignes de travail.

Séance 2 : choix des sujets par les élèves et début du travail de recherche.

Séance 3 : travail en binôme sur les sujets (analyse du sujet, recherche documentaire).

Séance 4 : présentation et mise au point sur la démarche scientifique : comment mettre en place une bonne expérimentation. Suite du travail des élèves.

Séance 5 : suite du travail.

Séance 6 : présentation orale des différents groupes (5 minutes par groupe).

Séance 1

  • J’ai réalisé un petit topo pour expliquer ce qu’est la zététique et ce sur quoi nous allons travailler en insistant sur la démarche d’investigation. Les élèves devaient par eux·elles-mêmes analyser un fait paranormal, pseudoscientifique ou autre. J’ai essayé de cerner trois champs de travail : le paranormal, les pseudosciences / médecines dites alternatives et les sciences dans les médias.
  • Par la suite je leur ai donné quelques outils simples (erreurs de logiques, attaques, travestissements).
  • Je leur ai enfin donné des propositions de thèmes et de sujets en laissant la liberté d’en traiter d’autres.

Les consignes étaient les suivantes :

Renseignez-vous sur le sujet choisi de manière à pouvoir le décrire et le faire comprendre lors de votre exposé oral (par exemple : « d’où provient cette croyance/pseudoscience ? Quelles sont les bases scientifiques invoquées … »).

Mettre en place un protocole expérimental afin de tester si le sujet d’étude est scientifiquement valide ou non.

Selon moi, cette séance se passe assez bien car les élèves sont assez interloqué·e·s par le sujet qui sort un peu de l’ordinaire par rapport à leurs enseignements habituels. Les questions fusent, les remarques aussi. La présentation des erreurs de logiques les intéressent. Elle est propice à une introspection (« ah mais c’est vrai, je le dis tout le temps ça! »).

Séance 2 et 3

Les élèves ont mis beaucoup de temps à choisir leur sujet et certains groupes n’ont même pas réussi à se mettre au travail sur un thème. Ils·elles naviguent entre les propositions que je leur ai données et regardent les documents (vidéos) liés à tous les sujets. Cela a fait perdre beaucoup de temps et surtout beaucoup d’investissement de la part des élèves.

Séance 4

Je fais un petit rappel sur la démarche scientifique et la mise en place de protocoles expérimentaux.

Poser un problème (réduire le sujet traité à un seul paramètre d’étude) > Hypothèse > Expérimentation > Traitement les résultats > Conclusion.

Pour l’expérimentation, j’ai rappelé la notion de témoin et de facteur variant (un seul facteur doit varier entre le témoin et le test). Explication rapide du double aveugle et de l’effet placebo. N’ayant que peu de temps, je n’ai pas abordé le sujet de la randomisation. J’insiste bien sur le fait qu’ils·elles ont peu de temps et que le but n’est pas de mettre en place une expérience mais de seulement proposer un protocole expérimental. Pour les groupes ayant choisi un sujet plus sociologique (médias et sciences par exemple) j’insiste sur la consigne : décortiquer le sujet en utilisant les outils mis à leur disposition en début de cycle.

Les élèves se remettent sur leur sujet.

Séance 5

Des groupes n’arrivent pas à élaborer un protocole ou même à cerner un paramètre à étudier. D’autres ne travaillent pas vraiment, naviguant sur Internet et s’éloignant largement du sujet.

Un groupe commence à regarder des vidéos de catalepsie. En discutant avec elles, je me rends compte d’une résistance assez forte face à la croyance : elles ne sont pas en mesure de trouver comment tester cela. Leur argument : « mais il nous faudrait un hypnotiseur et on n’en a pas ! ». J’ai fait des pieds et des mains pour les amener à se dire qu’elles pourraient le tester elles-mêmes, mais sans réussite. Au final, j’ai dû leur dire qu’elles devaient essayer mais là encore, elles restaient persuadées que c’était vraiment le fait d’un hypnotiseur. On a essayé entre deux tabourets dans la salle avec en prime une autre élève montant sur la non-hypnotisée pour rajouter du poids : c’était parfait ! A partir de ce déclencheur, elles ont pu analyser une vidéo d’un hypnotiseur, traiter de la mise en scène, de la position et des forces mises en jeu.

Séance 6

Étant donné la vitesse de travail des élèves, peu ont pu présenter leur travail à l’oral (3 ou 4 tout au plus).

Problèmes rencontrés et remédiation

CorteX_levitation_enflammee

Dans l’ensemble, je dirai que ces deux cycles d’AP se sont moyennement bien passé. Une bonne moitié des élèves étaient peu impliqués avec cependant quelques binômes ayant fourni un bon travail méthodologique.

Le temps imparti

Le temps imparti (six heures) est trop court pour un tel travail de déconstruction sur un sujet de zététique. La présentation, les concepts et l’outillage laissent peu de temps pour le travail des élèves. De plus, si on veut faire une séance de présentation finale il ne reste que 3h30 de travail effectif.

Je ne vois que peu de solutions à ce niveau car la durée du cycle dépend de l’organisation interne de l’établissement. On pourrait tout de même imaginer de raccourcir l’introduction, tout en préservant le côté stimulant, pour pouvoir passer directement au choix des sujets. En ce qui concerne la présentation de l’outillage, il serait peut-être judicieux de cibler avec chacun des groupes les outils dont il a besoin pour mener à bien son enquête.

Le type et le nombre de sujets

J’ai voulu laisser un large choix de sujets aux élèves mais ils·elles se sont perdus dans les méandres des thèmes. Il faudrait mieux cerner quelques sujets et donner le moins de choix possible aux élèves.

Les consignes

Beaucoup d’élèves ne semblaient pas comprendre le but du cycle. Les consignes devaient être trop larges mais j’avais en tête de développer l’autonomie. Il faudrait proposer des thèmes plus simples et avec une consigne plus précise. On perdrait en autonomie mais on gagnerait en temps. Il faut garder en tête que ce n’est qu’une introduction à la zététique et il ne serait pas vraiment gênant de donner plus d’aide et d’orienter leur travail.

La motivation pour le cycle d’AP

Ce problème est inhérent à la structure de l’AP et je ne sais pas comment y remédier. Beaucoup d’élèves ont atterri dans ce cycle sans l’avoir choisi. Peut-être aurait-il fallu faire des groupes de travail plus grands (trois ou quatre élèves), bien que cela augmente le risque de distraction et de bavardage et que certains élèves en profitent pour se reposer sur d’autres. Cependant, dans ce cas, il est possible qu’un groupe de travail de quatre soit bénéfique pour la motivation dans le cadre de l’AP.

En conclusion

Faire de la zététique en AP semble assez difficile au premier abord mais peut-être faut-il penser cela de manière plus simple. Cela pourrait être l’occasion de se centrer sur la démarche scientifique et de mettre de côté certains thèmes comme les médias ou le paranormal dans un premier temps. Ou bien on pourrait imaginer plusieurs cycles d’AP recouvrant de la zététique et de l’esprit critique afin de moins s’éparpiller :

  • Cycle zététique et critique de la science dans les médias

Outillage présenté : techniques de manipulations et de marketing, appel aux émotions.

Consignes : déconstruire des articles dits scientifiques, analyser la présentation de certains produits du commerce mettant en avant leur caractère scientifique.

  • Cycle zététique et pseudosciences/medecines dites alternatives

Outillage présenté : méthodologie scientifique, principes de base en statistique.

Consignes : proposer un protocole expérimental dans le but de tester la véracité d’une pseudoscience ou d’une médecine dite alternative.

  • Cycle zététique et paranormal :

Outillage présenté : erreurs de logique, psychologie et biais cognitifs, psychologie sociale, rasoir d’Ockham et compagnie.

Consignes : faire des recherches sur un événement relevant du paranormal. Grâce à l’outillage mis à votre disposition, recherchez les origines historiques et sociales de cette croyance. Tentez de donner une explication rationnelle de cet évènement.

Pour élargir un peu, d’autres espaces sont utilisables au lycée pour faire de la zététique et de l’esprit critique :

  • Les enseignements d’exploration en seconde visent l’interdisciplinarité. Par exemple en sciences, c’est MPS (Méthodes et Pratiques Scientifiques) en collaboration avec les SVT (Sciences de la Vie et de la Terre), les SPC (Sciences Physiques et Chimiques) et les mathématiques. A coups de 1h30 par semaine sur la totalité de l’année il est possible de développer quelque chose de plus abouti. Cependant, les thèmes nationaux sont imposés et il faudrait passer outre.
  • Enfin, le meilleur endroit, selon moi, pour faire de la zététique semble être les TPE (Travaux Personnels Encadrés) se déroulant en classe de première, sur la moitié de l’année, deux heures par semaine, et sanctionnés d’une évaluation finale comptant pour le bac. Dans ce cadre, les élèves sont plus motivé·e·s (pour différentes raisons allant de la notation au fait qu’ils·elles sont dans leur filière « de choix »). Ici aussi deux ou trois enseignant·e·s interviennent ce qui permet, pour ce qui est des sciences, de faire appel à la physique, chimie, biologie, géologie et aux mathématiques. En TPE de sciences les élèves sont largement encouragés à faire des expériences et doivent aboutir à une production finale et présenter une soutenance ce qui entraîne forcément plus d’implication personnelle : c’est souvent l’occasion de voir un bel engouement collectif.
Julien Peccoud, novembre 2012

Annexe 1 – recueil d’erreurs de raisonnement et sophismes argumentatifs

À télécharger ici.

Annexe 2 – sujets proposés

Sujet Description et consigne proposée Documents de départ

Si c’était à refaire, ce que je changerai

1 L’acupuncture

Critiquez l’article, pour cela vous devez vous documenter sur l’acupuncture et utiliser la démarche expérimentale.

Un mystère de l’acupuncture expliqué par la science, Le Figaro, 31 mai 2010.

Consigne – Faire une analyse critique de l’article. Pour cela vous devez vous documenter sur l’acupuncture et utiliser la démarche expérimentale.

Le sujet est peut-être complexe pour des secondes. A supprimer ?

2 Le triangle de la burle

Le triangle de la Burle est décrit comme étant le « triangle des bermudes français ».

Le triangle de la Burle, Les 30 histoires les plus mystérieuses (2010)

Le triangle de la Burle, André Douzet

 
3 Les effets de la lune sur la pousse des cheveux et sur les naissances

La lune aurait un effet sur la vitesse de pousse des cheveux et des poils ainsi que sur les naissances (il y aurait plus de naissances les jours de pleine lune)

 

Consigne – Des croyances répandues prétendent qu’il y aurait un effet de la lune sur le monde biologique (vitesse de pousse des cheveux, plus de naissances ou de crimes les jours de pleine lune…)

Il faudrait donner des chiffres et des statistiques que les élèves pourraient traiter.

4 Les effets de la lune sur la production végétale La lune aurait des effets sur la croissance des végétaux dans un potager.

Jardiner avec la Lune, Le potager facile

Consigne – Des croyances répandues prétendent qu’il y aurait des effets sur la croissance des végétaux dans un potager. Comment pourrait-on tester cela ?

5 Les effets de la lune sur le sommeil.

On dit que l’orientation de notre lit a une influence sur le sommeil. Comment vérifier cela expérimentalement.

 

Consigne – On dit que l’orientation de notre lit a une influence sur le sommeil. Proposez un protocole pour tester cette affirmation.

6 Le hoquet et les techniques pour l’arrêter

Il y a un grand nombre de techniques supposées arrêter le hoquet. Quand est-il ? Sur quoi se basent-elles ?

 

Consigne – Il y a un grand nombre de techniques supposées arrêter le hoquet. Ont-elles fait la preuve de leur efficacité ?

7 La combustion humaine « spontanée »

Des observations montreraient que certaines personnes auraient brûlé spontanément, sans causes externes. Peut-on douter de cela ?

La combustion humaine spontanée, Secret Base

Consigne – Existe-t-il des explications rationnelles à ce phénomène ?

8 La graphologie

Utilisée pour analyser des CV et des lettres de motivation, cette technique permettrait de tracer le profil psychologique par l’étude de l’écriture. Proposez une expérimentation afin de tester cette pseudoscience

 

Consigne – Proposez une expérimentation afin de tester l’efficacité le cette méthode.

Il faudrait mettre à disposition des élèves du matériel sur cela (méthode de graphologie ou autre…)

9 La radiesthésie : les sourciers

Grâce à un bâton, des personnes possédant un « pouvoir » pourraient trouver de l’eau à l’aveugle. Comment pourrait-on vérifier cela expérimentalement ?

 

Consigne – Proposez un protocole expérimental afin de tester l’existence de ce sois-disant pouvoir.

10 L’astrologie L’astrologie est-elle scientifique ?

 

Proposer et mettre en place un protocole permettant de tester la véracité des profils astrologiques.

Signes astrologiques, Astrologie pour tous.

 
11 Les coupeurs de feu (ou barreurs de feu)    

Supprimer ce sujet car trop compliqué pour mettre en place un protocole.

12 L’effet de l’accélération de Coriolis dans un évier

L’eau s’écoulerait de l’évier dans un sens en hémisphère sud et dans le sens inverse en hémisphère nord.

Doc 1  Doc 2  Doc 3    Doc 4

Consigne – L’eau d’un évier s’écoule-t-elle vraiment dans un sens en hémisphère sud et dans l’autre sens en hémisphère nord ?

13 L’hydrocution

Se documenter sur ce phénomène et trouver un protocole pouvant prouver sa véracité

 

Supprimer ce sujet car un protocole est difficilement possible

14 L’homéopathie

Sur quoi se base l’homéopathie ? Imaginez un protocole pour tester cette méthode pharmaceutique.

 

C’est un sujet vaste et complexe. Peut-être est-ce plus simple de se limiter à de la recherche documentaire sur le sujet et laisser tomber la mise en place d’un protocole ?

15 L’acupuncture

Proposer un protocole permettant de tester l’efficacité de l’acupuncture. Pour cela vous devrez vous renseigner sur le procédé et isoler un facteur à tester.

 

Sujet à fusionner avec le premier.

16 Les magnétiseurs

Certaines personnes en font leur profession. Ils prétendent soigner en manipulant et en influant sur nos « énergies » corporelles. Comment tester ce phénomène c’est à dire la capacité à ressentir et manipuler ces énergies que l’on n’ a jamais mesurées ?

   
Autres matériels d’étude ne permettant pas d’expérimenter mais permettant de s’entraîner à la critique
17 Critiques de l’odyssée de l’espèce

Les images et la scénarisation peuvent être trompeuses. Critiquez ces extraits de ce fameux documentaire.

Extrait L’odyssée de l’espèce, Jacques Malaterre (2002)

 
18 Les stéréotypes

Les femmes peuvent faire plusieurs choses en même temps et pas les hommes ; les dyslexiques sont plus intelligents et bien d’autres affirmations de la sorte …. Les stéréotypes sont courants dans la société mais ils ont de multiples origines. Comment les distinguer et les déjouer ?

 

Supprimer les stéréotypes faisant intervenir des notions complexes à définir et donc à mesurer (par exemple l’inteligence). Trouver d’autres stéréotypes simples.

Consigne – Ces affirmations sont-elles étayées scientifiquement ?

19 L’homme et le singe ont-ils un ancêtre commun ?

Nécessite une connaissance dans l’évolution et ses mécanismes … Documentez-vous.

 

Changer pour : l’Homme descend-il du singe ?

Consigne – Cette affirmation souvent entendue est-elle valide scientifiquement ?

20 Les crèmes cosmétiques

Faire une analyse critique de produits cosmétiques à partir de leurs compositions et des arguments publicitaires.

Doc 1 Doc 2 Doc 3  
21 Utilise-t-on 10% de notre cerveau ?    

Sujet à supprimer. C’est trop flou.

Journalisme – TP Conflit d'intérêt et indépendance de l'information

Voici un excellent Travail Pratique (TP) sur les conflits d’intérêt et l’indépendance de l’information de médias dits « gratuits » comme Direct matin. Il a été réalisé par une documentaliste (qui reste anonyme) avec une classe de seconde, dans le cadre d’un module d’observation critique des médias en accompagnement personnalisé au Centre de Documentation et d’Information.
Voici la fiche pédagogique publiée par l’association Acrimed dans leur magazine trimestriel Médiacritique(s) n° 4 de juillet-septembre 2012. Leur site regorge d’ailleurs de ressources critiques sur les médias et peut être consulté sans modération. Pour réitérer ce TP sans peine, j’ajoute quelques liens pour comprendre les enjeux et surtout le matériel nécessaire, c’est-à-dire quelques numéros en format pdf des fameux Direct matin dans lesquels apparaissent des articles dithyrambiques sur le système Autolib‘.
Enfin, pour prolonger et élargir la réflexion sur l’indépendance de l’information,  on trouvera trois vidéos exploitables comme supports de débat   ainsi que des liens vers des articles du Cortex.

Si vous refaites ce TP, n’hésitez surtout pas à partager votre expérience.

Voici la fiche pédagogique parue dans Médiacritique(s) n°4

Bolloré, Direct Matin et Autolib’ : un cas d’école

Médiacritique(s) n° 4 de juillet-septembre 2012, page 31.

Depuis le lancement de ces voitures électriques en libre-service le 5 décembre 2011, le journal Direct Matin de Bolloré ne cesse de chanter les louanges d’Autolib’ du même Bolloré [1]. Sans le vouloir, le quotidien a fourni tous les ingrédients nécessaires à un exercice scolaire réussi. Retour sur une expérience pédagogique menée auprès d’élèves de seconde, dans le cadre d’un module d’observation critique des médias en accompagnement personnalisé au CDI. À réitérer : d’autres formules sont possibles…
I. Intitulé de l’exercice
– Identifiez le(s) propriétaire(s) d’un média.
– Repérez un sujet dans lequel le média peut avoir un intérêt (conflit d’intérêts, poids du propriétaire).
– Demandez-vous si le média sert les intérêts de son propriétaire dans le traitement du sujet (exemples d’éléments négatifs et/ou positifs, sources, place accordée au sujet…)

2. Documents
La fréquence des articles sur Autolib’ dans Direct Matin a permis à chaque groupe d’élèves de travailler sur un numéro [2]. Comme le journal est gratuit, il était possible d’en prendre plusieurs exemplaires en réserve au cas où l’un d’entre eux serait abîmé. La collecte a été réalisée sans effort lors de trajets matinaux en RER.

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3. Déroulement de l’exercice
Ce cas de conflit d’intérêts avait l’avantage d’être évident. Les élèves ont d’abord identifié le propriétaire principal de Direct Matin avec la carte du PPA [3], puis noté un aperçu de ses activités dans lequel était glissé Autolib’. Ils ont pu facilement repérer le sujet en feuilletant le journal sans se perdre dans des hypothèses invérifiables.
L’absence de réserve dans l’auto-promotion a rendu la correction « spectaculaire ». Chaque groupe s’est aperçu qu’il avait repéré le même sujet que les autres à des dates rapprochées et que personne n’avait trouvé d’éléments négatifs dans la manière de le traiter. Au contraire, le tour de table est vite devenu un étalage d’exemples d’éloges de la Bluecar d’Autolib’ ou de détails sur son fonctionnement. Certains groupes ont également noté que seul Bolloré (ou un partenaire) avait la parole ou que la place accordée au sujet (en « une » ou article long) n’était pas justifiée par son importance.

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L’exercice s’est terminé par le survol d’un article tiré d’un journal différent avec un autre point de vue sur Autolib’. Cette lecture rapide a montré l’intérêt de varier ses sources d’information à défaut de pouvoir déceler l’influence du propriétaire sur son média…
4. Bilan
Direct Matin a fourni bien malgré lui des facilités matérielles pour la mise en place de l’exercice, un exemple accessible d’influence du propriétaire sur son journal et permis d’aborder des questionnements critiques de base face aux médias.
Réalisé dans une séance autour de l’interrogation « à qui appartiennent les médias ? », cet exercice s’enchaîne très bien avec un cours suivant sur le poids de la publicité sur l’information, et s’intègre parfaitement à une séquence consacrée aux techniques de propagande en démocratie…
Merci Bolloré.
Une documentaliste
– Dessin : Fred

 

Notes

[1] Voir « Quand Direct Matin, propriété du groupe Bolloré, se transforme en agence de pub pour… Bolloré », Médiacritique(s), janvier 2012, n°2, p.10.
[2] Les 10, 23, 27 janvier, 03, 08 février, 12, 23, 29, 30 mars, 02, 06 avril de cette année (recensement non exhaustif).
[3] D’abord publiée en avril 2007 dans le journal Le Plan B, la carte du Parti de la presse et de l’argent a été mise à jour à l’occasion de la sortie du film Les Nouveaux chiens de garde.

Note du CorteX : L’auteur a sûrement de bonnes raisons de rester anonyme, finalement peu importe son identité, c’est le contenu de son TP qui nous intéresse ici. 

Ressources complémentaires du Cortex

– Téléchargez la fiche pédagogique « Bolloré, Direct Matin et Autolib’ : un cas d’école »  en pdf, disponible sur le site d’Acrimed.

– La carte du Parti de la Presse et de l’Argent nécessaire pour identifier le propriétaire principal de Direct Matin se trouve dans le journal du film Les Nouveaux chiens de garde (Télécharger).

– Pour amorcer le matériel pédagogique nécessaire au TP, voici 4 numéros de Direct matin en version pdf où apparaissent des articles sur les Autolib‘.

(Quelques secondes sont nécessaires pour l’affichage)

Pour compléter ce matériel, n’hésitez pas à nous signaler rapidement les  numéros de Direct matin traitant des Autolib. contact@cortecs.org. La page internet Kiosque de Direct matin permet de récupérer les exemplaires qui ont moins d’un mois.

– On peut également utiliser des articles publiés sur internet parallèlement au journal papier. Cinq articles sur Autolibsont également disponibles en format pdf. 

  • Article 1AUTOLIB : UNE CAMPAGNE DE PUB ET DE NOUVELLES OFFRES
  • Article 2AUTOLIB’ POURRAIT ÊTRE À L’ÉQUILIBRE PLUS VITE QUE PRÉVU
  • Article 3L’ÉLECTRIQUE MONTE EN VOITURE
  • Article 4DEMAIN, AUTOLIB OFFRE DES ESSAIS GRATUITS
  • Article 5A LA MATERNITÉ… EN AUTOLIB’

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– Un article sur ce sujet est également paru dans le n°2 de Médiacritique(s) « Quand Direct matin se transforme en agence de pub pour…Bolloré ». 

– Enfin, Arrêt sur images a également consacré deux courts articles sur ce sujet qui peuvent compléter les ressources : Direct matin (Bolloré) fait la pub d’Autolib (Bolloré) et Autopromo autolib : Bolloré récidive.

Pour prolonger le TP

Dans le cadre du Rassemblement des Associations de Journalistes (RAJ), le collectif des Incorrigibles alimente le débat sur la qualité et l’indépendance de l’information à travers trois vidéos (ci-dessous), autant d’excellents supports pour prolonger le débat sur la question de l’indépendance de l’information.

La vraie vie des journalistes / 1. La chef de rubrique

[dailymotion id=x7mftt]

La vraie vie des journalistes / 2. Le photographe

[dailymotion id=x7oplt]

La vraie vie des journalistes / 3. la rédactrice pigiste

[dailymotion id=x7opof]

Pour aller plus loin

Le CorteX propose également des ressources et des articles sur la fabrication de l’information, entre autres :

Nicolas Gaillard

Biologie, évolution – L'échelle des êtres par Alain Le Metayer

L’échelle des êtres se cache-t-elle dans l’arbre phylogénétique ? Est-il possible qu’une idée fausse (par exemple : « Il existe une échelle des êtres« ) puisse persister dans les discours ou les représentations graphiques de personnes qui, pourtant, déclarent explicitement que cette idée est fausse ?
Alain Le Métayer partage avec nous un document instructif et éclairant sur ce problème.

 

Dans un article sur la résistance au darwinisme, Gérald Bronner propose ceci : il est difficile de devenir darwinien… quand on pense qu’on l’est déjà et qu’on mobilise les idées de Lamarck plutôt que celles de Darwin. Ainsi, en embarquant Lamarck comme passager clandestin tout en se croyant darwinien, on a peu de chance de le devenir vraiment !


On pourra également se servir de l’excellent documentaire Espèces d’espèces, de Denis van Waerebeke. Concernant cette partie (sur l’échelle des êtres), voici deux extraits que nous utilisons dans nos cours :

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=kKnHlnD02dc]  
[vimeo 20738400]  

https://cortecs.org/videotex/biologie-de-levolution-metaphore-de-la-boule-buissonnante

https://cortecs.org/videotex/biologie-documentaire-especes-despeces

Denis Caroti