CorteX_bugarach

A décortiquer – Bugarach, 2012, géobiologie et hologrammes quantiques

CorteX_bugarach2012 approche, et les réactions les plus saugrenues se multiplient pour évacuer l’inquiétude.  On assiste à la naissance d’incroyables théories, comme sur ce pic des Corbières, le Bugarach.
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Voici ci-dessous une très belle émission de Sur les docks, sur France Culture. C’est le genre de documentaire très utile pédagogiquement car il met en avant des discours syncrétistes où s’entremêlent New Age & développement personnel, géobiologie et autres techniques pseudoscienfiques, histoire mystérieuse – la proximité de Rennes-le-château jouant à plein – et de l’ufologie. Les coutumiers du monde zététique y retrouveront quelques grands thèmes classiques, ainsi qu’un personnage tout à fait connu dans le paysage parapsychologique français.

 


« Bugarach est un joli village de l’Aude, au pied de l’imposante montagne du même nom, qui est le point culminant des Corbières (1230m), et le lieu de pas mal de croyances modernes très diverses et étonnantes. En 25 ans, dans ce pays cathare propice aux mystères et légendes – le trésor de l’abbé Saunière à Rennes-le-Château par exemple – la montagne est devenue mythique. Beaucoup de gens disent y avoir été témoins de phénomènes paranormaux, avoir vu des ovnis, prétendent que le Bugarach abrite un gigantesque garage d’engins extraterrestres ou recèlerait un trésor incommensurable. L’énergie formidable qui naît du Bugarach, qui procure un ressourcement très net aux personnes qui en effectuent l’ascension, viendrait du vortex tellurique qui en jaillit et met en communication la Terre et le Ciel.
De surcroît, il serait le lieu où les élus seraient sauvés de la fin du monde, laquelle interviendra, comme chacun le sait d’après le calendrier maya, le 21 décembre 2012. C’est pour bientôt !

Avec :
Jean-Pierre Delord, maire de Bugarach ;
Marie-France Garraude-Pasty et Alain Pasty, auteur de Une déchirure dans l’espace-temps aux éditions du Temps Présent ;
Thomas Gottin, auteur de Le phénomène Bugarach : naissance d’un mythe aux éditions L’Œil du Sphinx ;
Pierre Guillien, géobiologue ;
Yves Lignon, « mathématicien » (plus précisément maître assistant  en statistiques)
Nicolas Marlin, libraire à Rennes-le-Château ;
Philippe Marlin, éditeur à L’Œil du Sphinx ;
Jean-Luc Rivera, organisateur des Rencontres de l’Imaginaire de Sèvres ;
Genny Rivière, auteur de L’Appel du Bugarach aux éditions des 3 monts ;
Et la voix de Jean-Louis Dumiot-Mendy« .

 
Voici l’émission :

Je ne l’ai pas tronçonné. Elle est écoutable également directement sur le site.

Aidez-nous à l’analyser froidement (sans jugement de valeur), sur le plan scientifique, historique, méthodologique, éthnologique, archéofantaisiste, sur le plan des rhétoriques, etc….

Merci à Olivier Chaumelle et Rafik Zenine pour ce document.

RM

 
Bibliographie citée :

  • Le phénomène Bugarach, un mythe émergeant, de Thomas Gottin, éditions 2011 alt
  • Une déchirure dans l’espace-temps, de Marie-France Garaude-Pasty & Alain Pasty, éditions Temps présent, 2010alt
  • L’appel du Bugarach : vortex de la Terre, de Genny Rivière, éditions des 3 monts, 2008.
Mise en garde sur les dérives de type sectaire sur le site de l’UNADFI.

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Et pour en savoir plus, on pourra lire avec intérêt l’article de Brigitte Axelrad
La fin du monde en 2012 ?, Sciences & Pseudosciences n° 295, avril 2011.

 

 

http://www.whatareyoudoing.fr/article/alex/pulpe_fiction-25.htm
Rasoir

Rasoir d'Occam et principe de parcimonie

Outil indispensable en science (en tant que démarche), le principe de parcimonie des hypothèses (appelé encore rasoir d’Occam) est parfois source de malentendus ou de mauvaises interprétations. En quoi consiste-t-il ? Comment le présenter à un groupe d’étudiants ou à tout autre auditoire ? Voici quelques pistes que nous utilisons au CorteX lors de nos formations et autres cours.


Un rasoir tranchant

 
Si on vous dit « Je vais te trancher la gorge avec le Rasoir d’Occam », n’ayez crainte, ce rasoir ne coupe que les fils de raisonnement biaisés. C’est en fait un principe de raisonnement dit « de parcimonie », ou « d’économie », antérieur au Franciscain Guillaume d’Occam mais énoncé par lui au 14ème siècle.

Ça dit en substance : Pluralitas non est ponenda sine necessitate En moins nébuleux : Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem En moderne : Les entités ne doivent pas être multipliées par delà ce qui est nécessaire Et en compréhensible : Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?***

En gros, ce que dit ce rasoir, c’est que lorsqu’il y a plusieurs hypothèses en compétition, il vaut mieux prendre les moins « coûteuses » cognitivement.

Je vous donne le meilleur exemple que je connaisse, et que l’on doit à Stanislas Antczak (…) :

Je mets un chat et une souris dans une boîte, je ferme, je secoue, et j’ouvre : il ne reste plus que le chat. Hypothèse 1 : des extraterrestres de la planète Mû ont voulu désintégrer la souris, mais elle s’est transformée en chat. Le chat, de frayeur, est passé dans une autre dimension par effet Tunnel. Hypothèse 2 : le chat a mangé la souris (sans dire bon appétit, ce qui est mal).

Vous m’accorderez que l’hypothèse 2 est beaucoup moins coûteuse intellectuellement que la N°1. Elle ne postule rien d’autre que la prédation de la souris par le chat, qui est au moins aussi connue que Johnny Hallyday, tandis que la première postule une planète Mû, des extraterrestres qui viennent, qui savent désintégrer un chat ce qui n’est pas donné à tout le monde, une souris qui se transforme en chat, une autre dimension, un chat qui sait y aller et un effet tunnel pour objet macroscopique. Ca fait beaucoup. Dans le doute, on choisira la 2.

Deux autres exemples ? Guillemette Reviron a repéré cette pub pour la chaîne Canal + :

[dailymotion id=xkljxb]

Ismaël Benslimane a déniché cet épisode (3 min) de la série Kaamelott (Saison 4 Episode 6 – Les pisteurs) :

Nous avons dû supprimer la vidéo après avoir reçu le courriel suivant : 

Bonjour,
Nous agissons pour le compte de notre client, Regular Production, concernant le retrait de vidéos incluant tout où parties (intégrales, épisodes, extraits…) de la série TV « Kaamelott » d’Alexandre Astier (Regular Production).
Merci de retirer les vidéos suivantes…

Notre camarade Franck Villard nous a fait parvenir cet extrait percutant issu du film Jeanne d’Arc de Luc Besson (1999) :

Un principe utile en science

Un exemple prenant sa place dans la pratique scientifique : lorsqu’un biologiste systématicien recense les espèces, il ne va pas créer une nouvelle case à chaque oiseau rencontré. Il ne va en créer une qu’après avoir bien vérifié que le cui-cui en question ne s’incorpore dans aucune des catégories connues, merle, pinson, mésange, ou Boeing 707.

Ce principe d’économie des hypothèses est bien plus vieux que ça et date d’au moins Aristote, mais il est couramment attribué à un moine franciscain anglais du XIVe excommunié par le pape de l’époque. Ce prénommé William, que nous autres francophiles chauvins nous sommes empressés de renommer Guillaume parce que enfin voyons quand même, venait d’Ockham, dans le Surrey, en Angleterre, et aurait déclaré un lendemain de cuite le entita non sunt multiplicanda praeter necessitatem. Comme ce principe, appelé aussi principe de parcimonie, taillait de près les entités comme autant de poils rétifs d’une barbe ou d’un mollet, on l’a appelé le Rasoir d’Ockham.

Ce principe ne nous dit rien sur la validité des hypothèses : il dit qu’entre deux hypothèses aussi explicatives l’une que l’autre, on ne sait pas laquelle est juste, mais il vaut mieux choisir la moins coûteuse. Il est extrêmement utile en médecine : face à un patient se présentant fatigué, avec le cou rigide, un mal de tête et un peu de fièvre, il sera plus logique de miser sur une méningite que simultanément sur une mononucléose, des vertèbres endommagées, une tumeur au cerveau et une malaria.

Rasoir

Un outil de discernement en esprit critique

Ce coupe-chou peut s’avérer aussi utile pour l’analyse des théories dites du complot. Il n’est pas impossible que le 11 septembre soit le fruit d’une orchestration planifiée par les services secrets, moyennant une grande discrétion des complices, tout un tas de précautions et l’effacement de toutes les preuves, ceci afin de déclarer le combat contre l’Axe du Mal et déclencher la deuxième guerre du golfe. C’est un scénario séduisant, surtout quand on est anti-Bush. Mais un peu de culture historique rend assez coûteuse cette hypothèse.

Pour ne prendre qu’un exemple, il a suffit pour la première guerre du Golfe en 1990 de payer dix millions de dollars l’une des plus grosses firmes de relations publiques, Hill & Knowlton, pour qu’elle orchestre le changement d’opinion souhaité par G. Bush père, en inventant l’histoire des bébés koweitiens retirés des couveuses par les soldats irakiens et en mettant en scène la fausse témoin Nahira, quinze ans, en larmes devant une commission sénatoriale. La jeune femme, qui s’avéra ensuite être la fille de l’ambassadeur du Koweït, n’avait comble du cynisme jamais mis les pieds au Koweït. Dix millions de dollars d’un côté, quatre mille morts dix ans plus tard. Il est permis de penser que l’hypothèse d’un réel attentat est plus économique intellectuellement, et qu’une campagne de presse type Nahira plus économique en vies états-uniennes et en argent.

J’aime beaucoup la métaphore des mots croisés de l’épistémologue Susan Haack. Elle suggère que la science fonctionne à la manière d’un mot croisé, avec la connaissance disponible pour arrière-plan et les observations expérimentales pour indices. Surtout elle précise que « la validité d’une entrée dépend non seulement de la force des indices, mais aussi de toutes les autres entrées déjà écrites qui font intersection avec elle » . En clair, si tu débarques un matin avec une hypothèse qui bouscule toute la grille de mots croisés que les savants se cassent le coccyx à remplir depuis des siècles, elle a intérêt à être solidement étayée par des preuves (et on retombe sur la facette « Une prétention extra-ordinaire nécessite une preuve plus qu’ordinaire »). Si tel n’est pas le cas, le rasoir d’Occam, qui ne s’émousse jamais et qui a une triple lame, t’encourage à te retenir d’écrire ton mot dans la grille, bref, à être sceptique. Alors, comme le temps son vol, petit scarabée, l’espace d’un instant suspends ton jugement.

Un peu de pédagogie

Imaginez-vous dans deux heures : vous venez de lire cet article, avant ça, vous n’aviez jamais entendu parler d’Occam, de rasoir ou de parcimonie. Bref, vous devez en parler à un collègue du boulot, à votre mari, à votre fille, à un ami, etc. Comment faire ? On a souvent tendance à vouloir aller à l’essentiel. L’exemple du chat et de la souris est parfait pour cela. Cependant, selon le vocabulaire utilisé, on peut vite tomber dans une erreur courante et confondre hypothèse la moins coûteuse cognitivement (la plus parcimonieuse) et « hypothèse la plus simple ». Pourtant, parcimonieux n’est pas forcément synonyme de simple, et croire cela peut nous entraîner dans des erreurs de raisonnements que nos interlocuteurs ne se priveront pas de repérer. Je vais tenter de l’illustrer avec deux exemples. Tout d’abord, avec le chat et la souris, cette différence ne saute pas aux yeux tant il est vrai qu’affirmer « le chat a mangé la souris » est bien plus simple comme explication que d’imaginer l’intervention d’extraterrestres. Le piège est pourtant grand de considérer cette hypothèse soi-disant simple comme parcimonieuse. En effet, rien n’est simple dans la prédation du chat (détection d’un stimulus visuel, déclenchement de la réponse musculaire par transmission nerveuse, etc.) ou dans sa digestion (action des enzymes, réactions chimiques complexes). Alors que, tout le monde en conviendra, pour des extraterrestres, téléporter un chat c’est très très simple… Pourquoi choisir alors « Le chat a mangé la souris » et pas l’histoire d’aliens ? Car, comme expliquer ci-dessus, la première nécessite beaucoup moins d’explications additionnelles, ad hoc comme on dit aussi, d’entités surnuméraires (en surnombre). Mais rien n’est simple dans la prédation du chat, ne l’oublions pas. Voici un deuxième exemple, tiré de l’excellent ouvrage dirigé par Guillaume Lecointre, Guide critique de l’évolution, dans lequel il précise que le rasoir d’Occam ne postule en rien la parcimonie en soi des théories mais oblige à une parcimonie méthodologique pour choisir la meilleure théorie à retenir : « Le commissaire de police est sur les écrans, le plus médiatisé des utilisateurs du principe de parcimonie. S’il reconstitue le meurtre avec économie d’hypothèses, ce n’est pas pour autant que le meurtrier a ouvert le moins de portes possibles, tiré le moins de balles possibles et économisé son essence pour se rendre sur les lieux du crime » (p.25) Retenons que le principe de parcimonie nous donne une façon de procéder, une méthode, méthode permettant de trier parmi des hypothèses. Cette analyse nous conduit à privilégier les théories les plus économes en explications ad hoc ou, autrement dit, les théories les plus parcimonieuses en hypothèses, celles s’intégrant donc le mieux dans la fameuse grille de mots croisés de Susan Haack. En plus clair, le rasoir d’Occam n’est pas une ode à la simplicité, tout au plus un éloge au non-gaspillage.

Pour aller plus loin :

  • Thèse de R. Monvoisin (2007)
CorteX_Claude-Levi-Strauss

Ethnologie, anthropologie – Quelques "perles" de Claude Lévi-Strauss

En 1988, Jacques Chancel interrogeait l’ethnologue Claude Lévi-Strauss au micro de France Inter. Le chercheur venait de fêter ses 80 ans, et ne se doutait probablement pas qu’il vivrait jusqu’à pratiquement 101 ans. L’homme, humble, est décédé en octobre 2009, soit plus de 20 ans après cet entretien de la série Radioscopie dont nous reproduisons ici de petits morceaux choisis qui stimulent la réflexion critique, que l’on soit féru d’ethno-anthropologie ou non. A déguster comme des petits Bretzel intellectuels !
Attention : ce sont les « à-côtés » de son travail qui nous intéressent ici. Pour resituer son œuvre, on lira avec intérêt la très courte description « Claude Lévi-Strauss : un parcours dans le siècle« , par Philippe Descola au Collège de France en 2008.


  • Dans ce premier extrait, Claude Lévi-Strauss avoue « ne jamais avoir eu de préoccupations religieuses« , mais avoir appris à être tolérant, par la fréquentation des diverses croyances du monde (*).
  • Dans ce passage, Lévi-Strauss prend bien soin de délimiter son champ de compétence, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. « avez-vous eu un maître spirituel », la réponse est manifestement… non. Il répond de ses filiations intellectuelles, notamment Marx. Ni dieu, ni maître, donc mais une influence marxiste très nette et un certain militantisme. L’ethnologue est pourtant assez critique sur un engagement politique, pris dans un dilemme intéressant.
  • Anecdote croustillante, en sortant de l’agrégation de philosophie, Lévi-Strauss s’est acheté un livre d’…. astrologie ! Pourquoi ? réponse ci-dessous.
  • Petite recension des ouvrages du savant.
  • A propos du bazar que la sortie du livre Tristes tropiques créa.
  •  Seconde anecdote, qui témoigne plus de la bêtise du journaliste, qui voit de la perfidie là où il n’y a que constat. Parlant de Simone de Beauvoir, on notera que C. Lévi-Strauss ne verse absolument pas dans le sexisme, mal pourtant répandu dans sa génération intellectuelle (*).

Commentaire de Guillemette Reviron : »dans « La plus belle histoire des femmes » (p. 245), Sylviane Agacinski cite un passage de C. Lévi-strauss dans Tristes tropiques : « Le village entier partit le lendemain dans une trentaine de pirogues, nous laissant seuls avec les femmes et les enfants dans les maisons abandonnées « . Très bel exemple de sexisme ordinaire, dans lequel nous tombons toutes et tous – en quoi rester avec les femmes et les enfants revient à rester « seuls » ?

  • Morceau d’anthologie : Lévi-Strauss parle de psychanalyse, et son analyse est sous un certain nombre d’aspects proches de la nôtre – nous serions toutefois moins cléments que lui sur l’apport de la méthodologie psychanalytique, tant l’histoire en particulier du freudisme est entachée de fraudes diverses (pour en savoir plus, voir Psychologie, philosophie – L’illusion freudienne, par Michel Onfray).
  • Il parle d’une sorte de misanthropie qui l’atteint désormais.
  • Pour finir, cet extrait parlant de la reconnaissance, et du fait que la réputation dont il jouissait n’était pas basée sur ce qu’il aurait lui-même gardé. Cet extrait est d’une modestie tout à fait rare dans des temps où les feux de la rampe éclairent et font chauffer même les crânes les plus remplis.

Les coupes faites dans l’émission sont bien sûr arbitraires. Nous gardons à disposition l’émission pour permettre des comparaisons.

RM

* Hormis ce passage final où C.L-Strauss avance qu’il est « naturel » de respecter les croyances, tombant dans l’argumentaire naturalisant tel que décortiqué ici. Bien sûr, il s’agit d’une façon de parler. Mais les façons de parler sont comme certains gaz toxiques : sournois car inodores ou insipides.

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Technique de la peau de l'ours

La technique de la peau d’ours consiste à vendre l’information avant de l’avoir vérifiée ou faite valider par les pairs.


« Selon une conception idéale de la science, [l]e travail [de vérification] devrait se faire avant la divulgation des résultats, surtout lorsqu’ils sont inhabituels » (de Pracontal, L’imposture scientifique en 10 leçons, p. 110).
Les médias de vulgarisation sont très prompts à vendre des résultats qu’ils n’ont pas encore obtenus, des découvertes qu’ils n’ont pas encore faites, et des espoirs qui se révèlent vite déçus. Nous appelons ça la technique de la peau de l’ours.
Le terme s’inspire bien sûr de la fable de La Fontaine L’ours et les deux compagnons, moralisant ainsi :
[…] il ne faut jamais. Vendre la peau de l’Ours qu’on ne l’ait mis par terre. »
Les exemples sont innombrables, et devraient pourtant, comme la technique de la peau de chagrin, relever de l’escroquerie.
Voici quelques exemples pris dans Pour une didactique de l’esprit critique, de Monvoisin (pp 302-304). 

Le Boson de Higgs

« La particule qui va révolutionner la physique » titrait La Recherche en mai 2003. Ne devrions-nous pas attendre qu’elle la révolutionne effectivement ? (En arrière-plan, une lutte politique entre deux grands laboratoires, occultées par cette quête totalement construite pour l’ »Opinion Publique »).

On savourera au passage « visionnaire » cet article de Sciences & Avenir d’octobre 2000.

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• Max Frei et le « suaire »
Ce criminologiste retraité préleva les échantillons de pollen de la surface du « Suaire » de Turin qu’« aucun autre scientifique, avec deux ensembles additionnels d’échantillons sur ruban adhésif, n’a vu » (Broch 1989, p. 57) : il fit connaître aux médias ses résultats d’analyse, corroborant l’itinéraire théorique du suaire édicté par Wilson (Jérusalem, Edesse, Constantinople et Lirey, en France) immédiatement, sans avis ni contre-expertise, et mourrut en 1983.

« (…) ses résultats n’ont jamais été publiés dans une revue scientifique après « 9 ans d’enquêtes » (…)» (Ibid. p. 56).

• Le gène Gay
De Pracontal :

« (…) «  le « gène gay » de Dean Hamer a fait la une des journaux en même temps que l’article de Science était publié. Dérive supplémentaire : la revue scientifique elle-même incitait la grande presse à l’extrapolation hâtive. Science comporte, à côté des articles scientifiques proprement dits, des pages qui décrivent les découvertes récentes en termes accessibles. Dans le n° de juillet 93 où figurait l’article de Hamer, ces pages très publiques contenaient une interview- commentaire du chercheur intitulé « évidence en faveur d’un gène de l’homosexualité ». On y lisait, entre autres affirmations hasardeuses : « d’après Dean Hamer, il semble vraisemblable que l’homosexualité découle de causes diverses, génétiques et peut être environnementales ». Le titre original de l’article était moins affriolant : « une liaison génétique entre des marqueurs d’ADN sur le chromosome X et l’orientation sexuelle masculine ». On est frappé, comme le souligne Bertrand Jordan, par « l’incroyable glissement effectué depuis un article scientifique qui suggère, avec maintes précaution, la localisation d’une contribution génétique à ce comportement, jusqu’à un écho paru dans le même n° qui affirme l’existence d’un « gène de l’homosexualité« . (ouv.cité, pp. 113-114).

D’autres Terres
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À la recherche d’autres terre, avec effets d’annonce à la clé et vraisemblablement des enjeux
technologiques dépolitisés par ce scénario.
 

… ou l’art de vendre une information hypothétique. Par une technique de la peau de l’ours, on « appâte » le lecteur en lui offrant non seulement d’autres planètes (des milliards qui plus est) mais surtout d’autres « Terres ». Un seul conditionnel dans les slogans laisse songeur, surtout lorsque nous nous rappelons qu’on pouvait lire la même chose trois ans avant (ce qu’on appelle la technique du liquide vaisselle – à venir).

Pour aller plus loin

Oon pourra consulter

  • La relativité contredite, Figaro (23 septembre 2011)
CorteX_cerveau

Histoire alternative des sciences – Projet Histoire des luttes

1) Sexisme

 

  • Opératrices de saisie ou hackeuses : la place des femmes dans les métiers des technologies de l’information

Comment, au travers d’une courte histoire de l’informatique, toucher du doigt le sexisme forcené des premières années (en particulier le cas d’Ada Byron-Lovelace) et ses ramifications aujourd’hui. Ce doCorteX_Isabelle-Colletcument sonore, qui provient de France Culture, est tiré de la conférence d’Isabelle Collet organisée le 3 mars 2011 par la Bibliothèque Nationale de France et l’association Femmes & Sciences. Elle fourmille d’informations et de cas illustrés.

Télécharger ici. Pour regarder la vidéo de la conférence, c’est là.

  • L’informatique a-t-elle un sexe ?

Isabelle Collet nous transmet également l’extrait de l’émission Place de la Toile, de France Culture du 26 février 2010 lors de laquelle elle répond à la question qui fut le centre de ses recherches doctorales.

Télécharger ici.

  • L’accession des femmes aux études de médecine en France (1870-1900)

Cette conférence du 3 février CorteX_Simone_Gilgenkrantz2011 de Simone Gilgenkrantz, elle aussi organisée par la Bibliothèque Nationale de France et l’association Femmes & Sciences montre l’accès lent et laborieux des femmes au statut de médecin aux portes du XXe siècle.

Nous n’avons pas pour le moment le format radio, mais la conférence est à visionner ici.

  • Les femmes et la science

Comment se fait-il que quand on parle des sciences, si peu de noms de femmes nous viennent immédiatement à l’esprit ?

altStéphanie Duncan anime l’émission « Les femmes, toute une histoire » sur France Inter le dimanche de 16h à 17h. Elle introduit ainsi l’émission du 4 décembre « Les femmes et la science »: « … Mais non, assumons ces mots : des ‘femmes savantes’, brillantes, rationnelles, qui cherchent et qui trouvent, il y en a toujours eu. Mais l’histoire a enseveli leurs noms dans l’oubli. […] Pour Marie Curie, LA femme de science par excellence, il en a fallu aussi de la détermination (pour ne pas dire du culot) pour foncer dans les haies d’épines de l’establishment scientifique… Et (pour sa découverte du polonium et du radium, ses travaux sur la radioactivité) devenir la première femme à obtenir un Nobel en 1903 et, comme si ça ne suffisait pas, un deuxième, huit ans plus tard. »

Ecoutez ici :

 

2) Homophobie

3) Racisme

  • Racisme Blancs/Noirs
  • Racisme Noirs/Blancs
  • Racisme Blancs/Arabes
  • Théories primitivistes

4) Antisémitisme

  • Racisme Blancs/Juifs
  • Complotismes juifs
  • Complotismes judéo-maçonniques

5) Idéologies nationalistes & patriotiques

  • Préférences nationales dans les attributions de découvertes
  • Origines de l’Humain
  • Droit du sol
  • Plus vieilles constructions

6) Idéologies religieuses

  • Impérialisme chrétien
  • Sionisme & supériorité du peuple Juif
  • Impérialisme musulman
  • Créationnismes
  • Concordismes
  • Anti-matérialismes

7) Idéologies politiques

  • Libéralisme économique & capitalisme
  • Matérialisme dialectique et communisme « dur »
  • Marxisme
  • Pseudo-anarchisme
  • Progressisme et scientisme
  • Pseudo-darwinisme

8) Freudisme & représentations psychanalytiques

 

Une suggestion ? Une remarque ? Monvoisin@cortecs.org

http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/anx_conferences_2011/a.c_110303_femmes_et_sciences.html

Technique du Carpaccio

La technique du Carpaccio est une forme de scénarisation de l’information dans le sens où celle-ci est mise en scène selon une trame narrative.

 

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L’objectif est d’embellir l’information pour la rendre séduisante, attractive, attirante, tout en en cachant ses aspects les plus rébarbatifs.

  Pourquoi Carpaccio ?

Cette notion est empruntée à Burnier et Rambaud pour illustrer la fabrication de l’information journalistique. Le carpaccio sert à embellir les menus : une salade de tomates en rondelles est un carpaccio de tomates.

« A l’origine, au Harry’s bar de Venise, le carpaccio remplaçait à l’italienne le steak tartare que réclamaient les clients : il s’agit d’un filet de boeuf cru tranché en lamelles très fines qui, de rouge, devient brun sous l’effet oxydant du citron. Il prend alors cette teinte distinctive du peintre Victor Carpaccio (1450-1525) d’où son nom. Par suite, les restaurateurs qui voulaient faire « joli » détournèrent le terme pour l’appliquer au saumon cru, puis à tout ce qui se coupe se tranche. Champignons, courgettes, tomates, foie gras, etc. » (Brunier & Rambaud 1999)Victor Carpaccio - le rêve de St Ursule

Le carpaccio désigne les processus d’exposition de connaissance dont le seul intérêt réside dans leur scénarisation, bien souvent stéréotypale. Un carpaccio est à la connaissance scientifique ce que le lieu commun est à l’information classique, ce que la romance est au film hollywoodien : un apparat séduisant, mais vide, qui façonne à la longue le goût des consommateurs de vulgarisation scientifique. Le carpaccio a semble-t-il des vertus apéritives, pour ne pas dire publicitaires.

Il suffit de couper en fines lamelles une rondelle de tomate, une feuille de salade, du bœuf pour en faire un « carpaccio de… » beaucoup plus enchanteur sur le menu ; comme il suffit de « tourner » l’information en la blanchissant, en la mettant en scène, pour obtienir un produit final plus séduisant que l’information brute.

CorteX_serpent_Triste_sire

A décortiquer – Phobie des serpents, dans la Tête au carré, sur France Inter

La qualité du journalisme de l’émission La Tête au carré sur France Inter est très variable, comme nous avons déjà pu en discuter ici (POZ N°55, herbier psychanalytique, 9 novembre 2009). Mais le CorteX fait feu de tout bois, et bonne soupe de vieux pots. Quand c’est de bonne tenue, on apprend des choses, et quand le propos est médiocre on s’en sert d’outil critique. Aujourd’hui, serpents et phobie.

 

CorteX_serpent_Triste_sireVoici l’extrait qui m’a laissé perplexe lorsque je l’ai entendu.

Extrait radio (tiré de la minute 18 à la minute 22 de l’émission du 21 juin 2011 Serpents et venin).

 Télécharger ici.

Retranscription

Xavier Bonnet, herpétologue, et Nicolas Vidal, biologiste herpétologue, répondent à la question du présentateur Mathieu Vidard (MV).

MV : Pourquoi les serpents suscitent autant de rejet et de phobie ? Est-ce qu’il y a des explications rationnelles à ces phénomènes ?

Le premier intervenant, Nicolas Vidal :

– « Moi j’en vois deux : il y a une explication culturelle religieuse, puisque c’est le symbole du mal, le symbole sexuel dans nos religions, enfin, dans nos sociétés occidentales, par contre en Inde ils sont vénérés, symboles de fertilité, d’immortalité, donc la connotation négative elle est quand même bien occidentale.

Et l’autre explication qui est très intéressante d’un point de vue biologique, c’est qu’on s’est séparé des grands singes il y a sept millions d’années, (…) et que les serpents venimeux étaient déjà là, et évidemment il n’y avait pas d’hôpitaux, pas de sérum donc on avait un avantage sélectif énorme à ne pas se faire mordre. »

MV :donc on l’aurait inscrit dans notre mémoire ?

– « Donc le serpent est très bien détecté par les primates et puis on a des réactions de panique donc on a, oui, y a eu des publications là-dessus, ce qu’on appelle un module inné de la peur chez l’Homme ».

MV : En tout cas il suffit de faire le tour de son entourage pour s’apercevoir que quasiment tout le monde déteste les serpents (…) Quelle est votre explication à vous, Xavier Bonnet ?

– « Je pense effectivement qu’il y a une composante culturelle, mais (…) si l’on regarde les cultures à travers la planète, les principales symboles associés au serpent sont des symboles positifs. CorteX_Serpent_GeneseIl y en a très peu de sexuels (…) et essentiellement c’est un animal qui est le véhicule de la connaissance, et guérisseur et avec les mythes fondateurs de l’Humanité. De temps en temps c’est une sale bête, un sale monstre, mais c’est vraiment très rare. Il a été diabolisé assez récemment, et même dans la Genèse, (…) vous verrez que le serpent n’est pas le symbole du mal, il informe simplement Adam et Ève de leur condition, et ça se termine très mal, cette histoire-là, car non seulement Adam et Ève sont non seulement immortels mais en plus éclairés, évidemment il y a un conflit avec Dieu, et c’est là que ca se passe mal.

Ensuite l’étude à laquelle se réfère Nicolas, ces plusieurs études (…) ne sont pas très convaincantes, et nous on s’est amusés à faire pas mal de tests..

M.V : ….sur la théorie des primates ?

Oui, elles ne sont pas très convaincantes. Déjà il y a plusieurs erreurs dans l’étude en question, mais bon on n’a pas le temps là-dessus… Il est (…) possible qu’il y ait une partie de la peur des serpents qui soit codée, en tout cas on a fait pas mal d’expériences avec des enfants, et on a eu le problème inverse, c’est qu’ils n’ont pas l’air d’avoir trop peur, les gamins. On a du réviser nos protocoles expérimentaux parce que les enfants, la peur phobique instinctive elle (n’)est pas tellement là. On avait le problème inverse : ils n’avaient pas assez peur dans nos manips et ça devenait parfois un peu inquiétant ».alt

MV : D’accord, donc vous n’êtes pas convaincu, vous Xavier Bonnet.

– « Pas trop. Je suis tout à fait d’accord avec Nicolas sur cette dimension culturelle mais récente, elle (n’)est pas profondément ancrée, répandue sur la planète, même avec les serpents dangereux, parce que Bouddha a été sauvé par le cobra, et les cobras qu’on voit partout dans les temples en Asie, sont là pour protéger les serpents arc-en-ciel en Australie aussi, en Afrique dans pas mal de pays, les indiens Hopi c’est encore la même chose, parce qu’ils sont associés à des mythes hydrauliques, essentiels, vitaux. Maintenant il n’y a aucun doute, et là Nicolas a parfaitement raison, que les Hommes depuis belle lurette ont compris qu’il y avait des serpents venimeux, ils savent les reconnaître et ils font attention ».

MV : Nicolas Vidal ?

– « Je suis tout à fait d’accord avec Xavier, puisque je l’ai noté, moi, quand j’étais en Guyane par exemple et qu’on montrait des serpents y compris des serpents dangereux autant les adultes crient et s’éloignent autant les enfants, il faut dire aux parents attention ce sont quand même des serpents dangereux, gardez vos enfants. Les enfants ont moins peur que les adultes

MV : Donc il y a certainement un impact culturel qui fait qu’il y a un mimétisme ensuite sur la peur liée à ces petites bêtes.

Qu’en pensez-vous ? Tentez une analyse de votre cru, et comparez-là avec la notre, ici.

N’hésitez pas à nous écrire pour compléter / corriger notre décorticage.

Richard Monvoisin

 

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De la zététique, sur Radio Suisse Romande – Juin 2011

altIntroduction radiophonique à la zététique par Fabrice Neyret, de l’Observatoire zététique, sur Radio Suisse Romande. C’était le 2 juin 2011.

Fabrice Neyret introduit ici très clairement un certain nombre de paramètres importants dans l’investigation des affirmations extraordinaires. Il explique en quoi la dénomination même des disciplines en question (faut-il dire « paranormal », « pseudo-sciences » ?) est délicate, tout autant que la démarche auprès des personnes qui affirment détenir un don ou une capacité surnaturelle.

On peut l’écouter ici : et télecharger l’émission ici ou .

On regrettera peut-être une ou deux formules rapides, dont le manque de nuance est probablement dû aux coupes du journaliste – rappelons qu’il s’agit de 15mn de paroles sur 2 heures de discussion.

  • La « loi des séries » : soyons rétifs à utiliser ce terme, car il ne s’agit pas d’une loi à proprement parler – même si l’amoncellement successifs d’événements rare se décrit mathématiquement – mais d’un mélange de biais de confirmation, de négligence de la taille de l’échantillon, de l’effet râteau et de la croyance en une homogénéité du hasard (sur ce sujet, voir Bronner (2007), dans Bibliotex Pour démarrer).
  • « Le cerveau humain n’a pas du tout été optimisé pour fabriquer des théories qui marchent (…) ». Entre habitués de la théorie de l’évolution, cette formulation n’a pas de conséquences, mais pour le grand public, soyons méfiants avec cette manière de parler qui instille l’Intelligent Design : le cerveau humain n’est pas optimisé ! Seuls ont survécu (et se sont reproduits) les individus qui possèdent un cerveau comme celui-là. Dire « Le cerveau humain n’est pas du tout performant pour fabriquer des théories qui marchent (…) » est une formulation moins ambigüe..Pour une introduction à la réflexion évolutionniste de la rationnalité / irrationnalité, voir l’interview de Guillaume Lecointre, question 8.

Enfin, minime, sauf pour les socio-anthropologues de la croyance :

  • Parler du « statut social [du guérisseur] dans le village » laisse penser à tort que les praticiens de l’étrange sont tous d’extraction villageoise, ce qui n’est pas systématiquement le cas – il y a une forte pratique citadine.
Richard Monvoisin

Luttes désobéissantes – Projet Histoire des luttes sociales

Vous avez lu les bases du Projet Histoire des luttes sociales, paysannes, populaires, féminines… Vous voici dans l’onglet Luttes désobéissantes.
L’ordre chronologique dépend de nos découvertes, il n’y a pas d’autre classement.

  • Les LIP, l’imagination au pouvoir

CorteX_LIPL’épopée des LIP à Besançon en 1973, c’est l’une des mobilisations ouvrières les plus importantes et les plus populaires de la Cinquième République. Leur slogan : « on fabrique, on vend, on se paie » et un acronyme : SCOP (société coopérative ouvrière de production). Affaires sensibles, sur France Inter rappelle le 30 mai 2017 les grandes lignes de ce combat. Pour aller plus loin, nous vous recommandons deux documentaires : Les Lip, l’imagination au pouvoir, de Christian Rouaud (2007)  et Fils de Lip, de Thomas Faverjon (2007), ainsi que l’émission Là-bas si j’y suis du 11 octobre 2004.

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  • Histoire des anarchies

Il s’agit d’un cycle de quatre émissions sur France Culture, dans La fabrique de l’histoire, s’étirant du 28 au 31 août 2017;

CorteX_Bakounine et Charles Perron à Bâle au congrès de l'Association internationale des travailleurs en 1869
Bakounine et Charles Perron à Bâle au congrès de l’Association internationale des travailleurs en 1869

La première émission porte sur l’histoire des anarchies au XIXe siècle, la naissance du mouvement anarchiste, depuis le Congrès de Saint-Imier, en cheminant de Proudhon à Marx et de Marx à Bakounine,  en nous penchant sur les organisations internationales de travailleurs en compagnie de Marianne Enckell, du CIRA (Centre International de Recherches sur l’Anarchisme) et Mathieu Léonard.

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La deuxième émission est un documentaire de Séverine Liatard, réalisé par Véronique CorteX_germaine_berton_1823Samouiloff : « Ce n’est pas rien de tuer un homme » ou le crime politique de Germaine Berton.

France Culture :

Ce 22 janvier 1923, une jeune femme de 20 ans, mineure, abat à bout portant le chef des Camelots du roi, Marius Plateau. Germaine Berton est anarchiste. Elle assassine ce membre important de l’Action française parce qu’elle juge la Ligue royaliste responsable de l’assassinat de Jaurès et du journaliste Miguel Almereyda et responsable aussi d’un incessant climat de violence. L’itinéraire politique de Germaine Berton est fulgurant et emblématique d’une ultra gauche antimilitariste, exaltée par la Révolution bolchevique et en quête d’une société nouvelle au lendemain de la [Grande guerre]. Durant les onze mois qui séparent le crime du procès, l’affaire connaît une importante médiatisation qui met alors en jeu les différentes composantes politiques de la société française de cette époque. Germaine Berton a tué pour des idées et revendique son crime dans une France qui rechigne à accorder l’égalité politique aux femmes.

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Dans la troisième émission, co-animée par Séverine Liatard, il est question des anarchistes espagnols.

Ojo por ojo contre le pistolérisme dans les années 1920
Ojo por ojo contre le pistolérisme dans les années 1920

France Culture :

De cette histoire nous connaissons surtout la fin, celle qui fait des anarchistes une des composantes essentielles de la Guerre civile espagnole. Or, le mouvement anarchiste fait ses premiers pas en Espagne dès 1868 quand Giuseppe Fanelli arrive à Barcelone. Voici ce qu’ Anselmo Lorenzo, qui deviendra un des leaders du mouvement anarchiste espagnol dit de lui : « Fanelli était grand. Il avait l’air bon et sérieux, portait une épaisse barbe brune et ses grands yeux noirs et expressifs lançaient des éclairs ou reflétaient la plus grande commisération, selon les sentiments qui l’animaient. Sa voix, qui avait une sonorité métallique, était capable de prendre toutes les inflexions qui convenaient à son propos, passant rapidement de la colère et de la menace, quand il fulminait contre les tyrans et les oppresseurs, aux accents de pitié, du regret, de la consolation, pour évoquer les souffrances opprimés, soit qu’il les comprît sans les avoir subies, soit qu’en véritable altruiste, il prît plaisir à présenter un idéal ultra-révolutionnaire de paix et de fraternité. Il parlait en français et en italien, mais nous comprenions sa mimique expressive et nous suivions son exposé ». Anselmo Lorenzo (1842 – 1914) El Prolteriado militante, 1913.

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Manifestation contre la loi travail à Paris le 26 mai 2016
Manifestation contre la loi travail à Paris le 26 mai 2016

Enfin, dernière émission,  co-animée par Séverine Liatard, dans laquelle est discuté si l’onpeut parler ou non d’une internationale anarchiste. Le débat sur ce thème est vif, en particulier depuis la publication, à la fin des années 2000, de la thèse de Vivien Bouhey, qui, à partir d’archives de police, revenait sur l’idée développée par Jean Maitron, pionnier de l’histoire de l’anarchisme, d’une organisation minimale des anarchistes français. Faut-il prendre au pied de la lettre les accusations de « complot anarchiste » développées par les gouvernements de la fin du XIXème siècle ? Ou, au contraire, considérer qu’il y avait dans le développement de la « propagande par le fait » une multitude d’acteurs sans lien organique entre eux ?

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  • Le Maloya comme courroie

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Danyel Waro, le légendaire

Venu de l’Afrique par Madagascar, le maloya est un style de musique contestataire réunionnais qui se murmure la nuit contre les colons, les Gros Blancs, qui l’interdisent. Dans les années 1950, le maloya est prohibé par l’administration coloniale qui voit grandir la revendication indépendantiste. Au cours de l’histoire métisse de La Réunion, le Malbar comme le Ti’blanc s’accaparent le maloya, à l’instar de Danyel Waro, son plus célèbre ambassadeur, qui s’en sert pour narrer des luttes sociales souvent oubliées. Ci-dessous, un reportage d’Antoine Chao pour Là-bas si j’y suis, sur France Inter, le 14 mai 2014.

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  • Ni Dieu ni maître – Une histoire de CorteX_Ni_dieu_ni_maitrel’anarchisme, de Tancrède Ramonet (2017)

    Du manifeste fondateur de Proudhon (1840) à la chute de Barcelone (1939), cette fresque documentaire fait revivre la richesse foisonnante d’un mouvement multiforme, montrant combien l’anarchisme continue d’irriguer tout le champ des luttes sociales et politiques.

    Premier volet : la volupté de la destruction (1840-1914).

    Né du capitalisme, frère ennemi du communisme d’État, l’anarchisme n’a eu pourtant de cesse de souffler son vent de liberté et de révolte sur le monde. Depuis la Commune de Paris jusqu’à l’émergence des premières grandes organisations syndicales, de l’apparition de milieux libres avec leurs pratiques de vie alternatives jusqu’à la mise en place d’écoles libertaires, le mouvement anarchiste a été à l’origine des premières révolutions et, sur les cinq continents, l’un des principaux promoteurs des grandes avancées sociales.

    Mais d’où vient donc l’odeur de souffre qui précède chacun de ces sombres cortèges ? Est-ce parce que ces révolutionnaires ont justifié la violence insurrectionnelle et à l’occasion, à l’instar de Ravachol ou Bonnot, été parmi les premiers à jouer du couteau ou du revolver et à faire parler la poudre ? Ou ne s’agit-il là que d’un triste malentendu, une noire légende, voire un simple fantasme médiatique et policier, qui aurait dessiné le portrait de ces utopistes savants en apôtre de la destruction ? De France au Japon et de Chicago à Buenos Aires, la Volupté de la destruction révèle les origines de cette pensée et dresse le portrait de ceux qui furent les pères fondateurs du mouvement libertaire. Mais, en revenant aussi sur les principaux événements de l’histoire ouvrière de la fin du 19ème et du début du 20ème (la création de l’internationale, fête du premier mai, attentats à la Belle époque, bataille pour la journée de huit heures), il dévoile surtout le rôle fondamental joué par les anarchistes dans le mouvement social au 19ème siècle et au début du 20ème.

    2. La mémoire des vaincus (1911-1945)

    Insurrectionnaliste, individualiste, illégaliste, végétarien.nes, anarcha-féministe, anarchiste chrétien ou encore anarcho-primitiviste, l’anarchisme a presque autant de sensibilités qu’il n’a de figure et s’il semble aujourd’hui minoritaire, on oublie trop souvent qu’il fut un temps où il domina le monde.Et pourtant au sortir de la première guerre mondiale, en Europe, l’anarchisme semblait avoir perdu presque toute son influence.Ce n’étaient pas seulement les attentats des propagandistes par le fait, ni même la proclamation à cors et à cris des lois scélérates, qui l’avaient rendu inaudible, mais bien plutôt les bombes qui, de Verdun à la Somme, en passant par le Chemin des dames, en assassinant dans certains pays près du tiers des travailleurs, avaient réduit au silence la masse des militants. Sans parler de ces millions d’amputés, de traumatisés et de gueules cassées pour lesquels la révolution n’étaient plus une priorité. Mais à la périphérie des grands pays industrialisés, au pourtour du monde occidental, les anarchistes ont survécu. Ils s’organisent, se rassemblent aux marges des empires, reprennent les armes et essaient partout de faire triompher leur idéal. Or pour l’emporter, face à une Réaction, qui elle aussi a de nombreux visages, les libertaires ne peuvent plus seulement imaginer de douces utopies et inventer de généreuses pratiques.  Dans cet entre-deux guerres fécond, où le capitalisme enfante ses deux bêtes immondes, stalinisme et fascisme, face à l’hydre totalitaire qui, généralise un peu plus le vol et industrialise la mort, ils doivent mener une guerre sur tous les fronts et plus que jamais prouver dans les faits l’efficacité de leur pensée. C’est ainsi, qu’au Mexique, en Russie ou en Espagne notamment, que les anarchistes vont conduire, au nom de la justice et de la liberté, certaines des plus grandes révolutions du 20ème siècle et écrire en lettre rouges et noires une nouvelle page de notre histoire.

    Sur France Culture le 11 avril 2017, la grande table d’Olivia Giesbert invite Tancrède Ramonet le réalisateur – qui prépare un volet 3 – et Irène Pereira, sociologue.

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    Petite correction : Olivia Giesbert classe dans un même sac les pédagogies de type Freinet, Montessori et Steiner. Si l’école Freinet est effectivement libertaire, il y a plus de problèmes avec Montessori, dont la proximité avec le mouvement mussolinien mérite réflexion. Surtout, Steiner et le mouvement Steiner-Waldorf n’a rien d’anarchiste du tout : Steiner, en plus de défendre des thèses pseudoscientifiques, enseigne la révérence à des cycles mystiques, à une destinée, en plus d’être racialiste. Rudolf Steiner était avec son anthroposophie aux antipodes des mouvements libertaires.

     
  • La désobéissance civile

Cette émission du 5 juin 2013, de Jean Lebrun La marche de l’histoire, sur France Inter, a pour invitéCorteX_Arendt_desobeir_aux_lois

La désobéissance civile – Hannah Arendt © cc – 2013 / François Jourde

  Yves Charles Zarka.

« Les maires de France qui veulent refuser de célébrer des mariages entre couples du même sexe s’en vont généralement chercher leur justification dans une incise sur l’objection de conscience glissée par François Hollande dans un discours prononcé devant leur association, il y a seulement quelques mois. Quant aux branches les plus radicales du mouvement de la Manif pour tous, elles se prévalent de la Résistance: elle n’est pas finie, disent-elles, c’est nous qui la prolongeons… Dans une autre couleur du spectre politique, José Bové, quand il démontait son Mac Do à Millau, affichait une référence à peine peu plus ancienne: l’américain Henry David Thoreau, qui vivait au milieu du XIXe et servit de modèle au Gandhi sud africain du début du XXe. Certes le mot de désobéissance civile proprement dit n’a qu’un siècle et demi d’âge mais, en réalité, la liberté de dire non s’est exercée depuis la plus haute Antiquité, comme dirait Alexandre Vialatte. Sous d’autres appellations, dans d’autres contextes. Le présent vient souvent de plus loin qu’il ne le croit ».

  • « Anarchistes » et « écologie »

CorteX_ecole_BonaventureL’émission de Jean Lebrun La marche de l’histoire sur France Inter revient sur Roybon, Sivens, Notre-Dame-des-Landes, et aborde avec Gaetano Manfredonia quelques luttes « écologistes ». Il y a un bon passage sur l’école alternative libertaire de la Bonaventure, sur l’île d’Oléron, en 1993.

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  • L’école moderne de Célestin Freinet en 1958

 CorteX Celestin FreinetDocumentaire de Séverine Liatard et Séverine Cassar, réalisé dans le cadre de l’émission du 8 janvier 2013 de La fabrique de l’histoire, sur France Culture.

« Célestin Freinet est un pédagogue français né à la fin du XIXème siècle. Issu d’un milieu rural, sa jeunesse se déroule au sein de la communauté paysanne dans une région pauvre des Alpes maritimes. L’expérience pastorale sera pour Freinet le leitmotiv de son expérience éducative. Il entre à l’école normale d’instituteur de Nice.  Lorsque la guerre éclate, il est mobilisé. Grièvement blessé au Chemin des Dames, il ne se remet pas complètement de ses blessures et gardera toute sa vie le souffle court auquel il attribue lui-même, pour partie, la nature de ses innovations en matière d’enseignement. Sa pédagogie est fondée sur différentes techniques : classe-atelier, classe-promenade et observation du milieu naturel ; production de textes libres ; imprimerie et édition d’un journal ; correspondances interscolaires ; individualisation du travail et coopération dans l’apprentissage ; suppression de la notation …

Lors de cette séance publique qui se déroule à Neuchâtel en 1958, Célestin Freinet présente à des parents et à des enseignants les lignes directrices de son enseignement.  Dès les années 1920, il met en pratique avec sa femme Elise, l’essentiel de ses méthodes qui ne sont pas toujours bien comprises. Célestin Freinet va d’ailleurs quitter l’Education nationale pour fonder sa propre école à Vence en 1935 : une école privée, laïque et prolétarienne.

Le mouvement Freinet prend forme peu à peu avec la mise en commun des expériences de chacun et la tenue de congrès réguliers,  la publication de revues pédagogiques comme La Bibliothèque du travail, les Brochures d’éducation nouvelle populaire ou Techniques de vie ou la création après la seconde guerre mondiale, de l’Institut coopératif de l’Ecole moderne (ICEM)  et en 1957, de la Fédération internationale des Mouvements de l’Ecole moderne (FIMEM).

Avec les témoignages et les analyses de Guy Goupil et Michel Barré (anciens instituteurs du mouvement Freinet) et Philippe Meirieu (professeur de sciences et pratiques de l’éducation à Lyon II)« .

  • Utopies pirates – la communauté Libertalia, XVIIe siècle.

Reportage d’Antoine Chao, émission Là-bas si j’y suis, sur France Inter, 28 janvier 2011.

Libertalia est le nom d’une colonie fondée par des pirates sur l’île de Madagascar, qui aurait existé – mais rien n’est certain- pendant environ vingt-cinq ans à la fin du XVIIe siècle.

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  • Les désobéissants du service publique

Les pieds sur terre, France Inter, 24 mai 2011. Agents Pôle Emploi, gardes forestier, agents ERDF, professeurs des écoles, agents territoriaux… Aujourd’hui ils ne reconnaissent plus les valeurs pour lesquelles ils ont choisi d’exercer leur métier. Dans l’ombre ou publiquement, ils préfèrent désobéir plutôt que démissionner. Reportage : Pauline Maucort.

Richard Monvoisin

ftp://cortecsftp@cortecs.org/cortecs.org/archives/images/stories/audio/histluttes/CorteX_Travestissement_Paul_Grappe-FrCult_07.06.2011.mp3