Zététique, Star Wars

Zététique – Quelques facettes, par Henri Broch

Quelques facettes zététiques expliquées par le professeur Henri Broch, directeur du laboratoire de zététique de l’université de Nice Sophia-Antipolis.

Tout d’abord, deux facettes assez complexes sont abordées :

  • L’alternative est féconde 
  • Compétitif ne veut pas dire contradictoire

avec quelques exemples illustratifs à la clé, et les difficultés épistémologiques qu’elles posent.

  • La parcimonie est de règle

Autre facette, directement issue du rasoir d’Occam, avec un exemple tiré de la catiémophrénose (cf.. H. Broch, Au coeur de l’extra-ordinaire, éd. Book-e-book.com p. 297)

Allons plus loin : y a-t-il une nuance entre alternative féconde et parcimonie des hypothèses ? Le professeur Broch y donne une illustration de tri séléctif des données.

Trois autres facettes portant sur la possibilité, l’impossibilité et l’existence.

  • L’inexistence de la preuve n’est pas la preuve de l’inexistence
  • La non-impossibilité n’est pas un argument d’existence
  • Possible n’est pas toujours possible

On peut retrouver facettes et effets de la zététique dans H. Broch, Le paranormal , éd. Seuil (1985-2007), ainsi que dans L’Art du doute, ou comment s’affranchir du prêt-à-penser, éditeur : book-e-book Collection : Une chandelle dans les ténèbres (2008)

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Retourner à Enseigner la zététique – Conseils du professeur Broch aux enseignants

CorteX - Broch

Enseigner la zététique – Conseils du professeur Broch aux enseignants

Le CorteX a débarqué en force à Nice le week-end du 21 et 22 janvier 2011, pour aller débusquer le maître ès zététique Henri Broch, et ses compères dont le légendaire archéophile Denis l’ancien Biette. Au cœur du laboratoire de zététique, unique dans le monde, et sous l’œil torve de notre caméra, le professeur nous a livré quelques secrets pour enseigner les différentes facettes et effets de la démarche qui vise à « examiner la raison des choses ».

Vous trouverez ici la description de quelques facettes de la Zététique, c’est-à-dire les petites maximes d’autodéfense intellectuelle les plus compliquées à faire passer aux étudiants, ainsi que quelques conseils d’épistémologie et de statistique de base.

Est également accessible toute une série de conseils, ainsi que des outils comme le Curseur Vraisemblance.

On trouvera aussi quelques points de vue du professeur Broch sur Dieu, les inflexions politiques et les idéologies.

Sur cette page, Henri Broch aborde le support « paranormal », les mystères en suspend, quelques effets rhétoriques, le rationalisme et la « connaissance de cause ».

Ici, quelques conseils de lecture pour se former à la zététique.

Enfin, un appel vibrant à contribuer au CorteX : appel à rejoindre le réseau CorteX

 
 

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Effet paillasson – métonymie

L’effet Paillasson consiste à désigner une chose ou un objet par un mot qui se rapporte à autre chose.

Pour les puristes : il recouvre en linguistique la notion de métonymie, figure de rhétorique dans laquelle un concept est dénommé au moyen d’un terme désignant un autre concept, lequel entretient avec le premier une relation d’équivalence ou de contiguïté (la cause pour l’effet, la partie pour le tout, le contenant pour le contenu, etc.). Mais il est évidemment plus facile de retenir l’expression « effet paillasson » que métonymie, hypallage, métalepse, synecdoque, etc.

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Pourquoi paillasson ? L’expression vient de Henri Broch, partant du grand nombre de paillasson portant l’inscription « essuyez vos pieds ». « Pourtant, dit-il, personne n’a jamais enlevé ses chaussures et ses chaussettes pour s’exécuter ! »

Effet paillasson (crédit François-b)  

L’effet paillasson est très répandu dans la vie quotidienne. Exemple : Boire un verre au lieu du vin contenu dans le verre, lire un Zola au lieu d’un livre de Zola, Recevoir des lauriers, pour la gloire, ne pas avoir de toit, pour la maison, croiser le fer, pour l’épée, etc.

Il permet de tirer des implications sans aucune commune mesure avec celles que l’on serait en droit de tirer ; cet effet est assez répandu dans la vie de tous les jours et c’est ce qui le rend si opérant.

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René Magritte nous met en garde… c’est un tableau !

Repérer un effet paillasson est un réflexe d’esprit critique particulièrement efficace dans les domaines scientifiques, où les mots ont un sens, une acception bien précise. Il évite de se laisser piéger par un discours où un mot est utilisé dans un autre sens, ou lors duquel plusieurs sens d’un terme se chevauchent et que rien dans le contexte ne permet d’indiquer quelle acception est utilisée dans le contexte en question.

Risque : acceptation a priori de l’hypothèse

Faire accepter comme acquise l’hypothèse que l’on entend prouver (voir Tautologie – effet cerceau ou sophisme de la pétition de principe).

Exemples :saintjanvier

  • La fiole de « sang » de saint Janvier conservée à Naples et qui se liquéfie « miraculeusement » une fois par an: Il est présenté comme tel (parfois sans guillemets) alors que rien ne vient étayer l’hypothèse d’un sang, qui plus est humain (voir Laboratoire de Zététique Université de Nice-Sophia Antipolis).
  • Le « suaire » ou « saint suaire »  de Turin : qui est plus que vraisemblablement une étoffe de lin de la fin du 14ème siècle et qui n’est un suaire (à plus forte raison saint, et à plus forte raison celui du Christ) que dans l’esprit de certains catéchumènes sindonologues (voir Laboratoire de Zététique Université de Nice-Sophia Antipolis).
  • Le « monstre » du Loch Ness : de nombreux titres de presse jouent sur connotation / dénotation du terme monstre. Alors que le fameux Nessie « le monstre du Loch Ness », n’est, au-delà de tout doute raisonnable, qu’une vue de l’esprit doublée d’une manœuvre commerciale (Moller 1994, Ellis 2000).
  • « Avant J.C. » : le meilleur exemple reste sans conteste notre méthode d’ordonnancement historique, prenant sa source à la naissance de Jésus Christ. Sachant que sa date de naissance se situe probablement entre -6 et 4 de l’ère chrétienne, et que l’existence historique elle-même de Jésus est encore discutée, il y a de quoi rester dubitatif sur la graduation d’une échelle scientifique à partir d’un pseudo-événement probable (En tout état de cause, nous pouvons légitimement, dans le cadre d’un enseignement laïque, choisir de dater non plus par rapport à JC mais par rapport à EC, Ère Chrétienne, ou mieux encore, Ère commune, datée arbitrairement en 0 et qui, elle, a existé et persiste.)

Risque : dissimuler des fraudes ou des escroqueries.

En jouant sur des énoncés ou les affirmations ambigus, on peut connoter des choses radicalement différentes.

Exemples :

  • Un médium, venu au laboratoire de zététique de Nice tester une transmission de pensée, utilisa à titre promotionnel la phrase « testé au Laboratoire de zététique » sans spécifier que le test avait échoué.
  • Technique publicitaire de nombreux compléments alimentaires ou produits esthétique portant la mention « testé scientifiquement » dissimulant des résultats peu concluants, voire nuls.

Risque : rehausser une information médiocre.

Obtenir du lecteur / spectateur / public un assentiment plus élevé que ce que la qualité du sujet présenté laissait présumer : on parlera alors de manipulation de l’information

Exemples :

alt « la Bible contre Darwin » :
  • Il ne s’agit pas de la bible, mais de l’enseignement dans les écoles publiques américaines du scénario téléologique de certains lecteurs de la Bible.
  • Il ne s’agit pas de Darwin, mais de l’enseignement de la théorie néo-darwinienne dans les écoles publiques américaines.

On utilise ici un effet paillasson pour scénariser le contenu et crée un effet impact sur le titre.

Risque : dévoyer des connaissances.

Entrainer, même involontairement, une mauvaise compréhension d’un champ de connaissance, ou l’entraîner vers des interprétations paranormales, spiritualistes, mystiques ou idéologiques.

Exemples :

« Il faut aussi « habiller l’intervention et ne pas avoir l’air de ressusciter la Françafrique », selon la formule d’un diplomate. Il est donc interdit aux ministres de parler de « combattants islamistes ». Il faut les qualifier de « terroristes ». Lors de sa première conférence de presse, Fabius en fera même des tonnes, qualifiant les adversaires de la France de « terroristes et criminels ». à six reprises, pour faire bon poids. »

(Claude Angéli, L’état-major a convaincu Hollande d’ouvrir le feu, Le canard enchaîné 16 janvier 2013)

Ces équivoques possibles, engendrées par les différentes acceptations d’un même terme, peuvent confondre : acception scientifique / acception commune ; acception sens historique / sens actuel ; acception sens scientifique / sens pseudo-scientifique ; acception sens scientifique / sens métaphorique non maîtrisé.

Pour approfondir:

Richard Monvoisin

Interview de Jean Bricmont

Article à analyser : Le professeur Montagnier et la “mémoire de l’eau”

Voici un article du blog Le Monde, envoyé mi-décembre 2010 par notre talentueux ami François B. et qui soulève à nouveau la question de ladite mémoire de l’eau. Nous n’avons pas eu le temps de la décortiquer. Le ferez-vous pour nous ?

 7 novembre 2010

Le professeur Montagnier et la “mémoire de l’eau”

Le codécouvreur du virus du sida et Prix Nobel de médecine 2008 a été recruté par une université chinoise. Luc Montagnier va diriger une équipe de chercheurs au sein du département des sciences de l’université Jiaotong de Shanghaï. A 78 ans, c’est la deuxième fois que le chercheur s’exile. La première fois, c’était à ses 65 ans, quand il a dû prendre sa retraite de l’université française. En lisant les commentaires postés ça et là sur le Web, beaucoup de gens rappellent cet épisode, mais peu de souviennent de son peu glorieux soutien à une théorie jamais prouvée : la mémoire de l’eau.

Le principe de l’homéopathie. Le professeur Montagnier, à de nombreuses reprises, pris la défense de cette théorie et de celui qui en fut à l’origine, Jacques Benveniste. La théorie de la mémoire de l’eau, si elle avait été avérée, aurait expliqué le principe de l’homéopathie. Rappelons-le brièvement : un remède homéopathique s’obtient en diluant maintes fois ce que la discipline considère comme le principe actif du remède. Par exemple, la fiche technique du Diaralia des laboratoires Boiron indique que ce remède, censé soigner les diarrhées, contient de l’“arsenicum album, 9 CH“.

9 CH ? CH signifie centésimale hahnemannienne, du nom du père de l’homéopathie, Samuel Hahnemann. Cette valeur indique la dilution du principe actif, en l’occurrence un dérivé de l’arsenic. La quantité d’arsenic utilisée a subi 9 dilutions successives. En clair, il reste un milliardième de milliardième (10-18) de la quantité de départ, ce qui correspond, peu ou prou, à un mètre cube d’eau dilué dans l’ensemble des océans de la planète. Dans le médicament final, il ne reste pas grand chose du “principe actif”, voire rien du tout si la dilution est supérieure à 12 CH. Comment explique-t-on alors le principe de l’homéopathie ? Vaste question.

La mémoire de l’eau. Dans les années 1980, on avait cru pouvoir l’expliquer grâce à cette théorie de la “mémoire de l’eau” chère au professeur Montagnier. Ce fut l’une des plus belles controverses scientifiques de la fin du XXe siècle.

Pour faire (très) court, le Français Jacques Benveniste a publié dans Nature, en 1988, une étude expliquant que l’eau gardait une “mémoire” des composés avec lesquels elle a été en contact. Cette étude validerait donc les principes de l’homéopathie. Et Benveniste lui-même se rendait compte de la portée de ses travaux, comme il l’écrivait dans Le Monde du 30 juin 1988 :

“Les résultats de notre recherche imposent à tous, et surtout à la communauté scientifique, un considérable effort d’adaptation. Il s’agit d’entrer dans un autre monde conceptuel. Le changement de mode de pensée n’est pas moins grand que lorsqu’on est passé avec la Terre de la platitude à la rotondité. (…)

Les études que nous présentons montrent l’existence d’un effet de type moléculaire spécifique en l’absence de molécule. La procédure utilisée s’apparente à celle qui ferait agiter dans la Seine au pont Neuf la clé d’une automobile puis recueillir au Havre quelques gouttes d’eau pour faire démarrer la même automobile, et pas une autre. On comprend dès lors les réticences, voire l’agressivité, au nom de la déesse Raison, des adversaires de ce type d’expériences.”

Ces travaux ont immédiatement été très critiqués et Benveniste soupçonné de conflit d’intérêt, de légèreté, voire même d’avoir bidonné ses résultats. D’autres doutaient que ces expériences soient reproductibles, condition sine qua none de recherches dignes de ce nom. Nature a tenté de reproduire ces travaux. En vain. Dans un papier titréHigh dilution” experiments a delusion, les scientifiques concluent que cette expérience n’est pas reproductible.*

Benveniste, “un nouveau Galilée”. La page de la mémoire de l’eau est tournée depuis plusieurs années et rares sont ceux qui la défendent encore. Mais régulièrement, le Pr Montagnier prend la défense de Benveniste. Et il dit même de lui que c’est un “nouveau Galilée” ; un lieu commun quand on parle d’une personne que l’on pense être un génie incompris…

Une des dernières fois où le professeur Montagnier a tenté de réhabiliter la mémoire de Benveniste, c’était dans le 7-9 de France Inter, en mai, consacré à ceux qui ont passé leur vie à “être en contre”.

Peu bousculé par un Stéphane Paoli qui ponctuait les phrases de Montagnier par d’horripilants “bien sûr”, Montagnier a rendu hommage à ce “grand chercheur” :

“Pour moi Jacques Benveniste est un grand chercheur, comme vous avez dit, et c’est vraiment scandaleux la façon dont il a été traité. Il est mort comme vous savez en 2004, on peut dire épuisé par toutes ces luttes, et je crois qu’un jour prochain, il sera complètement réhabilité. (…) Les biologistes en sont restés encore à Descartes. Descartes, l’animal machine, les rouages, les engrenages… Or, après Descartes, il y a eu Newton, la gravité, une force qui se transmet à distance, il y a eu Maxwell, et la découverte des ondes électromagnétiques, donc tout ceci les biologistes l’ignorent totalement. Les biologistes actuels, biologistes moléculaires, imaginent les contacts entre les molécules par des contacts physiques n’est-ce pas alors que les molécules, c’est ce que disait Benveniste, peuvent correspondre également à distance. Donc c’est une révolution mentale et ça prend du temps.”

Les biologistes qui en sont “restés à Descartes” ont dû apprécier le jugement de leur pair… Montagnier tente désormais de reprendre le flambeau des recherches de Benveniste (lire le résumé du professeur Alain de Weck, qui a côtoyé les deux hommes).

On verra s’il arrive à de meilleurs résultats que Benveniste dans son nouveau laboratoire chinois.

[On peut réécouter l’émission en .ram, format bien peu commode, en suivant ce lien (après 1 h 42) ou en lire le transcript fait par… l’association Jacques Benveniste pour la recherche.]

* Cette explication est issue d’un précédent billet sur l’homéopathie. Billet qui avait suscité de vifs échanges dans les commentaires. L’un de ces commentaires, de notre camarade du C@fé des sciences, le Dr Goulu, liait vers un de ses propres billets où il rappelait qu’il est “absolument certain que chaque fois que vous buvez un verre d’eau, vous ingérez des milliers de molécules d’eau bues en de grandes occasions par des gens célèbres, car le nombre de molécules dans un verre d’eau est incroyablement grand”. Une autre version de cette réflexion, par Paul-Emile Victor : “L’eau que vous buvez a été pissée six fois par un diplodocus.” Je vous laisse imaginer les implications si la théorie de la mémoire de l’eau était vraie…

Photo : AFP/THOMAS COEX

http://sciences.blog.lemonde.fr/2010/12/07/le-professeur-montagnier-et-la-memoire-de-leau/

Deus ex machina

Deus ex machina : locution latine signifiant « dieu issu de la machine ».

 Les médias ont tendance à « déhistoriciser » ou désyncrétiser les connaissances. Déhistoriciser, c’est en gros gommer toute l’histoire de la construction du savoir connaissance. Désyncrétiser, c’est cacher les cheminements, les hésitations, les errements, c’est présenter le résultat, par exemple E=mc2 comme un cri de génie venu du plus profond d’un cerveau parfait. Un peu comme lorsque le gamin que j’étais trime pendant des heures sur une énigme, trouve la solution et vient raconter à tout le monde qu’il lui a fallu moins d’une minute.

En vulgarisation des sciences, nous dénonçons la désyncrétisation, ou déhistoricisation des connaissances, le fait d’extraire les informations sans les inscrire dans le processus humain qui amène à leur découverte. Du fait que le phénomène ou que la découverte apparaît sans cause apparente, ils deviennent très facilement interprétables en terme de destin, de fatalisme, de faveur ou de défaveur des dieux. La présentation de l’événement comme le fruit, dans le théâtre du monde, d’un Deus ex machina qui conduit tout en fonction de ses desseins secrets.

D’une part, ça ne montre pas du tout comment la méthode scientifique fonctionne, par essai, par erreur. D’autre part, ça appuie l’idée qu’il y a des gens qui ont la « bosse » des sciences (comme à l’époque de la phrénologie, en 1820), ou qui sont des purs êtres de lumière, nés pour ça – comme si on naissait pour quelque chose. Dans les deux cas, cela contribue à éloigner le quidam de la démarche scientifique. On entretient  le « eurêka », le mythe de la « création spontanée » de savoir sans trace de la moindre hésitation, de la plus infime goutte de sueur ou soupçon de doute.

Les journalistes font régulièrement la même chose en science politique. L’exemple le plus frappant en 2010 fut certainement la « malédiction » d’Haïti.

Haïti : La malédiction. Avec le tremblement de terre en Haïti, la nature semble s’acharner avec une terrible cruauté sur l’un des pays les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète. (…) Le Figaro, 13 janvier 2010, Pierre Rousselin.

Haïti, la malédiction.  C’est un pays dont la naissance sonnait comme une promesse universelle, et qui semble depuis plus de deux siècles condamné au malheur (…). Le Monde, 14 janvier 2010, Jérôme Gautheret.

La malédiction, le sort, la condamnation au malheur, autant de techniques sémantiques pour effacer les raisons sociopolitiques qui ont fait que Haïti soit resté si pauvre. Marines, Armée française, coups d’état, dépôt de président, spoliations, tout cela nous fait une belle malédiction que même la plus hideuse des momies n’aurait osée lancer sur un pays.

Le journalisme en panne de talent invoque, comme dans les vieilles tragédies d’Horace, un Deux ex machina, un dieu qui intervient dans le cours des humains et vient d’un doigt noueux fourrer le pli des fesses des populations pécheresses. Finalement, avec ces titres de journaux, on n’est pas bien loin des anathèmes de Pat Robertson, qui voit dans le 11/9 une punition divine, et dans l’ouragan Katrina une conséquence d’une trop grande libéralité en matière de gay-pride et d’avortement.

Vous m’arrêtez si je me trompe, mais j’ai tendance à penser que la malédiction est à la science politique ce que le blanchiment d’argent est à la finance, un savant mélange d’enfarinage de connaissance, de théorie du complot et de théologie à la mords-moi la quenelle.

Richard Monvoisin


1 Voir le concept de Good-enough Mother, dans Winnicott, La mère suffisamment bonne, 2006.

2 Bettelheim était convaincu, alors même que les preuves s’accumulaient contre sa théorie, que l’autisme n’avait pas de bases organiques mais était dû à un environnement affectif et familial pathologique. Voir Bettelheim, la forteresse vide, l’autisme des enfants et la naissance du moi, 1969. Pour un début de critique, voir Hacking, Philosophie et histoire des concepts scientifiques, sur le site du Collège de France, p. 391. Pour aller plus loin, lire Pollack, Bruno Bettelheim ou la fabrication d’un mythe (2003). Un autre trop rare livre critique de Bettelheim est également paru sous la plume de Peeters, La forteresse éclatée (1998).

Effet bi-standard

L’effet bi-standard consiste à raisonner selon deux standards différents selon les circonstances, en gros changer les règles en cours du jeu. L’exemple le plus simple concerne les clubs de sport : s’ils veulent de moi au club, c’est un bon club. S’ils ne veulent pas de moi, c’est de toute façon un club de « nazes ».

Cet effet est assez fréquent dans les discours « relativistes », qui usent d’arguments scientifiques quand ils servent leur cause, mais dénèguent la valeur de la science quand elle infirme une de leurs croyances.

Nous allons tenir ici un catalogue des effets bi-standards les plus spectaculaires que nous pourrons trouver.

  • Bi-standard de l’AFSSAPS. Exemple tout frais donné le 2 décembre 2010 sur France Culture, dans l’émission Du CorteX_mediatorgrain à moudre. Le médecin Philippe Even parle du médicament Médiator, qui vient d’être retiré avec fracas du marché en novembre 2009, et illustre l’effet bi-standart de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) en terme de mise sur le marché et de retrait du marché.
  • Bi-standard sur l’Académie de médecine.

On fait couramment (par exemple sur meridiens.org ) de la caution de l’Académie de médecine un argument de poids à l’appui d’une médecine alternative :

« L’acupuncture [est] reconnue comme pratique médicale par l’Académie Nationale de médecine depuis les années 1950″

On fait aussi couramment (par exemple sur colortherapie.eu) du refus de l’Académie de médecine un argument de poids à l’appui aussi d’une médecine alternative :

« Le Docteur Agrappart (…) revendique la paternité de la chromatothérapie (…) Sa technique est d’ailleurs condamnée par l’académie de médecine, ce qui peut apparaître paradoxalement comme un critère d’efficacité, sinon, cette instance ne s’en serait pas mêlée. Le docteur Agrappart devait commencer à déranger…« 

(Exemple fourni par Lucie Duret, Boina Houzaïra, Samuel Duband et Colin Picart, étudiants de l’UE Zététique & autodéfense intellectuelle, décembre 2010, dossier Colorothérapie).

  • Bi-standard du bus. Exemple sous forme de blague

Emy : tu vas en cours demain ?
Max : non, y a pas de bus
Emy : tu prends le bus d’habitude toi ?
Max : Non, mais demain exceptionnellement je le prendrai.

(Merci à Florent Martin, de l’Observatoire Zététique, pour cet exemple qu’il a déniché semble-t-il ici – 13 décembre 2010)

  • Bi-standard en politique

L’emploi du bi-standard est répandu en politique et se dévoile particulièrement dans les périodes d’alternance gouvernementale. Ainsi un groupe politique au gouvernement écartera l’utilisation du referendum qu’il avait pourtant ardemment défendu quand il était dans l’opposition.

Les manifestations

Voici un exemple dégoté par notre ami Franck Villard : « Quand Copé (ne) soutient (pas) les manifestations » selon s’il est au gouvernement ou dans l’opposition.

N’y voyez pas d’acharnement spécifique sur ce personnage politique ! Mais effectivement, Jean-François Copé est fournisseur officiel d’effet bi-standard. Merci encore à Franck Villard.

Enfouissement de déchets nucléaires

Dès la primaire pour la présidentielle en 2006, Ségolène Royal s’est déclarée « farouchement opposée » à l’enfouissement de déchets nucléaires sur le site de Bure » (Meuse). Rebelote lors de la primaire de 2011 : interrogée par Greenpeace, S. Royal avait persisté et signé « pour l’abandon » de Bure : « Nous réorienterons la recherche vers des solutions d’élimination et de retraitement. Lors des premiers enfouissements, je me souviens d’avoir été la seule députée socialiste à voter contre, tout le groupe votant pour de pseudo-« laboratoires souterrains ». Plus loin : « J’ai de la constance dans le domaine« .

Interrogée sur la poursuite du chantier de Bure par le député UDI (Union des démocrates et indépendants) de la Meuse Bertrand Pancher, Ségolène Royal s’est fait représenter, le 27 mai 2014, par la sous-ministre de l’Economie numérique, Axelle Lemaire, qui a répondu : « Mme Royal réaffirme l’attachement du gouvernement au respect des principes établis par la loi de 2006 sur les déchets radioactifs ; cet attachement concerne aussi la concrétisation du projet de stockage réversible en couche géologique profonde« .

 Sources : Canard enchaîné, 4 juin 2014, et L’affranchi, 14 avril 2014.

 Traitement des deux parties du conflit israélo-palestinien

Voir l’article de Serge Halimi Une question d' »équilibre » (ici).

Traitement différencié d’attentats similaires

Les événements tragiques du 13 novembre ont remplis de pleines pages dans une majorité de pays. Facebook active la fonction « safety check » qui permet en un clic, de signaler à ses proches que l’on est en sécurité. Pourtant, la veille, à Beyrouth, Daech perpétrait l’attentat le plus meurtrier au Liban depuis la guerre civile. Comme à Paris, des kamikazes bourrés d’explosifs sont entrés à Bourj el-Barajneh, dans la banlieu sud de la capitale. Dans ce fief du Hezbollah, au milieu de la population chiite, un premier terroriste actionne sa bombe : explosion, panique, reflux. Puis les habitants reviennent secourir les victimes. C’est alors que le deuxième tueur déclenche la sienne : 43 morts, plus de 230 blessés. Et compassion minimum du reste du monde. De Beyrouth, la correspondante du New York Times regrette  que Facebook n’ait pas proposé aux Libanais la fonction « safety check » que le réseau social avait offerte aux Français dès le lendemain. « Quand mon peuple meurt, aucun pays ne se colore de notre drapeau. Quand mon peuple meurt, le monde n’est pas en deuil », note amèrement sur son blog un médecin libanais, cité par le quotien étasunien (15/11/15). « Facebook n’a pas demandé non plus aux internautes de mettre le drapeau libanais sur leur photo, alors que Mark Zuckerberg a coloré son profil en bleu-blanc-rouge« , remarque une internaute. « Mais où sont les « #prayForBeyrouth »?« , se demande un autre. Merci au Canard enchaîné du 18 novembre 2015. Voir notre article Troque ceinture d’explosifs à grenaille contre boite à outils critiques.

Enfin, d’autres ressources pour s’entraîner sont disponibles dans l’article de G. Reviron « Exemples d’effet bi-standard – La laïcité et la défense des droits des femmes« .

Vous avez trouvé un effet bi-standard ? Partagez-le !

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Intelligent Design dans Prédictions (Knowing) d’Alex Proyas (2009)

Attention, cette critique est un peu pointue. Elle nécessite de savoir ce qu’est l’Intelligent Design et ses impasses.

Le premier extrait est un cours introductif de John Koestler, professeur au M.I.T., joué par Nicolas Cage. L’acteur présente aux étudiants le « thème du libre arbitre contre le déterminisme dans l’univers » (sic, voir extrait suivant). Mais ce thème va dériver ensuite vers une opposition Dessein intelligent contre hasard, comme le montre le passage suivant. Télécharger ici.

 Le passage est retranscrit car il demande de l’attention :

« (…) essayez de penser comme il faut à la succession exemplaire de circonstances qui ont placé cette gigantesque boule de feu céleste [le Soleil] exactement à la distance adéquate de notre merveilleuse petite planète pour que la vie s’y développe (…)  C’est quand même une idée rassurante qu’il y ait un fondement pour tout, que tout ait un certain ordre, et soit déterminé. Mais ce point de vue a forcément son côté opposé : la théorie du hasard, selon laquelle tout n’est que pure coïncidence. Le fait que vous et moi existions n’est rien d’autre que le résultat d’un enchainement aussi complexe qu’inévitable d’accidents chimiques et de mutations bio-organiques. Il n’y aucune grande idée maîtresse, ni raison d’être fondamentale ».

Reprenons. Etait annoncé libre arbitre (thèse 1) contre déterminisme dans l’univers (thèse 2). Mais c’est dans l’ordre inverse que va être traitée cette présentation.

Dans le cours du professeur, la seconde thèse (déterminisme dans l’univers)  est illustrée (en premier, attention à ne pas s’emmêler les pinceaux) par l’argument du réglage soi-disant adéquat de la distance Terre – Soleil en vue de l’apparition de la vie.

Or cet argument est un classique de cette catégorie d’arguments dits « de l’horloger », très défendus dans les courants créationnistes et Intelligent Design (comme par exemple le créationniste musulman Harun Yayah, ici). Ce sont des raisonnements qu’on qualifie de panglossiens (cf. Outillage), car ils raisonnent à rebours : au lieu de s’extasier sur le caractère miraculeux d’un tel « réglage », il suffit de retourner le problème : la vie n’a pu apparaître que sur une planète dont la distance à l’étoile était propice à cela (et donc nous sommes nés sur cette planète).

Utiliser un argument Intelligent design pour démontrer « Que tout ait un certain ordre, et soit déterminé » est plutôt tendancieux. Que tout ait un certain ordre, que les chiens ne fassent pas des chats par exemple, n’implique pas qu’il y ait un « projet » divin derrière. Que tout soit déterministe (c’est-à-dire le fait que chaque événement est déterminé par un principe de causalité) est juste. Dire que tout est déterminé n’est par contre pas rigoureux : il y a des exemples comme la météorologie qui sont déterministes (si on connaissait tous les points, tous les paramètres, toutes les vitesses, etc, on saurait ce qui va se passer)  mais qui ne sont pas déterminés, car leur sensibilité aux conditions initiales les rendent peu prédictibles. Penser que tout est déterminé, selon un plan pré-établi, est un saut métaphysique dans l’argument du professeur.

Résumons ce premier tour de passe-passe : son argument est déterministe, mais finaliste (avec une finalité prééxistente, comme dans les discours de création divine). Que tout ait un ordre ne veut pas dire que tout soit « déterminé », qui plus est à l’avance. Donc :

Déterminisme -> argument déterministe finaliste de type « intelligent design »
 
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La première thèse devait être le libre arbitre. Koestler la présente en second et la résume ici en ce qu’il appelle la « théorie du hasard ».  Le problème est que la « théorie du hasard » n’existe pas en physique. Je présume qu’il veut parler de la contingence, le fait de ne pas être nécessaire (donc ne relevant pas d’un finalisme) tout en pouvant être déterminé quand même – en clair, le fait que le monde soit comme il est par hasard. Mais ce n’est pas parce que le monde est contingent qu’il n’y a aucune raison d’être, ni au sens physique (il y a une chaine d’événements déterministes qui a produit cette Terre), ni au sens métaphysique (on peut choisir sa raison d’être, justement).

Le second glissement se résume ainsi :

Libre arbitre -> théorie du hasard -> pas de raison d’être fondamentale.
 

Le scénariste nous coince ainsi dans un faux dilemme*, entre le déterminisme « Intelligent design » et un libre arbitre hasardeux et désenchanté sans raison d’être. Et la question du libre arbitre humain s’est étrangement dissoute en cours de route.

On s’en doute, toute la trame du film consistera à faire évoluer la pensée de John Koestler d’une interprétation contingente du monde à une interprétation mystique, ce qui n’est pas à proprement parler une avancée citoyenne majeure, et bien au contraire suit le courant orthodoxe du moment.

On relèvera également :

  • L’argument d’autorité lié au prestigieux institut.
  • Les équations différentielles qui couvrent le tableau noir dans le dos de l’acteur, et qui tranchent avec la rusticité du petit planétarium qu’il manipule.
  • Son nom, directement inspiré du nom d’Arthur Koestler (1905-1983)**.
Richard Monvoisin
*Ce dilemme, à titre d’anecdote, est l’exacte transposition de celui défendu par le Pape Benoit XVI, par le président de la République française et par nombre de personnalités à fort fondement religieux qui partent du principe que le désespoir social en particulier nait du manque de foi.
 
**Écrivain, essayiste et grand fan de parapsychologie – il a fait un legs pour la création d’une chaire de parapsychologie à Édimbourg, devenue le KPU, The Koestlet Parapsychology Unit.
 
 
en physique

Techniques corporelles – idée reçue dans le film l’Arme fatale

  • Accréditer le Taï-chi comme une discipline « de tueur »

Voici un extrait  de L’arme fatale 1 (Lethal weapon 1) de Richard Donner (1987), où le sergent Murtaugh questionne le héros Martin Riggs de la manière suivante :

Murtaugh :

« Ton dossier dit aussi que tu es spécialiste en arts martiaux, le taï chi… et autres trucs de tueur. Je suppose qu’on devrait t’inscrire à l’arsenal comme l’arme fatale. »

Télécharger l’extrait

Précision : le taï chi est le nom réduit de taï-chi-chuan, est une gymnastique énergétique de tendance taoïste, inspirée effectivement d’arts martiaux pieds-poings, basée non sur la force musculaire mais sur une « force énergétique globale » appelée jing, dont la concentration se fait au niveau du dantian, « chakra » situé sous le nombril. Utilisée comme gymnastique douce, elle a un intérêt indéniable en termes de souplesse. Mais ce qu’apporte le taï chi aux arts martiaux (jing, dantian) est sans réel fondement autre que symbolique, tout comme ladite force énergétique. Quant au chakra dantian, il n’y a pas d’évidence qui vienne étayer son existence physique.

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Donc le taï-chi n’est pas vraiment un « truc de tueur », loin de là. Ce qui peut éventuellement tuer dans le taï-chi n’est semble-t-il pas le taï-chi, mais les coups normaux sous le drap du symbole.

Effets Cigogne – corrélation vs. causalité

Corrélation, causalité… Attention, on peut confondre les deux ! C’est ce qu’on appelle l’effet cigogne en zététique. Quelques explications s’imposent pour y voir plus clair…

Corrélation

Deux événements (appelons les X et Y) sont corrélés si l’on observe une dépendance, une relation entre les deux. Par exemple, le nombre de cheveux d’un homme a tendance à diminuer avec l’âge : âge et nombre de cheveux sont donc corrélés.

 

Corrélation ou causalité ?

Une erreur de raisonnement courante consiste à dire : « X et Y sont corrélés, donc X cause Y ». On confond alors corrélation et causalité car en réalité, il se pourrait aussi que Y cause X, ou bien que X et Y aient une cause commune Z, ou encore que X et Y soient accidentellement liés mais n’aient aucun lien de causalité.

 

Effet cigogne ?

cigogne

 

Par exemple, dans les communes qui abritent des cigognes, le taux de natalité est plus élevé que dans l’ensemble du pays. Conclusion : les cigognes apportent les bébés ! Voici une explication plus probable : les cigognes nichent de préférence dans les villages plutôt que dans les grandes agglomérations, et il se trouve que la natalité est plus forte en milieu rural que dans les villes.

Voilà pourquoi l’on nomme « effet cigogne » cette tendance à confondre corrélation et causalité.

Note : des doctorants-moniteurs ont réalisé des Zétéclips sur l’effet cigogne.

  • L’un sur l’exemple de la lune rousse (voir ici)
  • L’autre plus transversal, avec illustration sur le chat du Dr House (voir )

Quelques exemples…

Voici quelques effets « cigogne » classiques pour illustrer vos démonstrations. Pour certaines, nous avons quelques proposition d’explication, pour d’autres, à vous de jouer !

  • Le fait de dormir avec des chaussures est corrélé au fait de se réveiller avec le mal de tête. Peut-on en conclure que dormir avec des chaussures fait mal à la tête ? Une explication plus vraisemblable est que ces deux événements font suite à des soirées trop arrosées…
  • Les climatologues ne peuvent nier le phénomène : plus la température globale de la planète augmente, plus les sous-vêtements féminins  rétrécissent. Peut-on en conclure que le réchauffement climatique entraîne la diminution de la taille des culottes ? Il semble pourtant que la véritable explication soit à chercher du côté de la mode…

CorteX_climat

  • Imaginons que la consommation de cannabis soit corrélée avec des résultats CorteX_fumeurscolaires inférieurs à la moyenne. Il se peut que fumer soit la cause de moins bons résultats. Mais il se peut aussi qu’avoir de moins bons résultats conduise à fumer. Ou encore que les gens plus sociables tendent à la fois à fumer du cannabis et à prendre leurs résultats moins au sérieux.
  • Plus une entreprise compte de femmes cadres dans ses effectifs, moins son cours de Bourse a baissé depuis le début de l’année. (Le Monde, 16/10/2008, dans “Les femmes, antidote à la crise boursière”) (le choix du titre vous paraît-il pertinent ?)
  • Plus il y a de pompiers combattant un incendie, plus les dégâts seront importants. On pourrait alors espérer que la caserne la plus proche soit presque vide de réservistes. L’explication vraisemblable est certainement que plus l’incendie est grave, plus le nombre de pompiers pour le combattre est important.
  • La sensation d’avoir froid précède généralement une affection fébrile. Peut-on en conclure qu’avoir froid déclenche ces affections ? Contrairement à une opinion répandue, le fait d’être assis sur des bancs de pierre froide, de marcher avec des chaussettes mouillées ou de sortir après s’être lavé les cheveux n’entraîne pas la sensation de froid ou la fièvre. La sensation de froid constitue le premier symptôme de la fièvre.
  • Il existe une corrélation positive entre utilisation de crème solaire et cancer de la peau. Peut-on en conclure qu’il ne faut plus utiliser de crème solaire lorsque vous allez à la plage ?
  • Les ventes de crèmes glacées augmentent avec le nombre de morts par noyade. Peut-on en conclure qu’il serait urgent de mettre en prison tous ces criminels qui nous proposent leurs sorbets sans penser aux conséquences ?
  • Une étude japonaise portant sur 40 000 quadragénaires montre que ceux qui se brossent les dents après chaque repas parviennent mieux que les autres à garder la ligne. Peut-on en conclure que les régimes sont inutiles pourvu que votre entretien buccal soit impeccable ?
  • Le prix des cigarettes est négativement corrélé au nombre des agriculteurs en Lozère. Peut-on en conclure que le lobby du tabac est partout ?
  • La longévité moyenne est supérieure dans les pays où l’on mange le plus de viande. Peut-on en conclure que si vous mangez uniquement de la viande, vous vivrez vieux ?
  • Le nombre d’écoles maternelles dans une ville est positivement corrélé au nombre de crimes et délits. Peut-on en conclure que repousser nos écoles en banlieue sauverait des vies ?
  • Dans les grandes villes, les gens portent statistiquement moins souvent assistance à leurs congénères qu’en milieu rural. Peut-on en conclure que l’urbanisation a déshumanisée nos relations ?
  • Des chercheurs de la faculté de médecine de l’Université de Pittsburgh, en Pennsylvanie, ont déterminé le temps passé à regarder la télévision, devant un ordinateur à jouer à des jeux vidéo notamment, ou à écouter la radio, de 4 142 adolescents qui ne souffraient pas de dépression au début de l’étude en 1995. Ils ont alors constaté que des risques nettement plus grands de dépression étaient corrélés avec le nombre d’heures passées devant la télévision ou les jeux vidéos. Peut-on en conclure que le fait de consacrer un long moment à regarder la télévision ou à jouer à des jeux vidéo contribue au développement de symptômes dépressifs ?
  •  Coca-cola et le père Noël : Nos amis de Hoaxbuster le résument ainsi : CorteX_dead_pere_Noel« Avant, le Père Noël était vert, Coca-Cola a fait une pub avec un Père Noël rouge, donc Coca-Cola a changé la couleur du Père-Noël ! » (merci à Nico, Hoaxbuster Team).
  • Si l’on enquête sur les accidents de circulation survenus entre 9 et 11h du matin, on se rend compte que 80% des conducteurs avaient bu du café dans les 3h précédant l’accident. Réflexion : faut-il à l’instar de l’alcool, interdire ou restreindre l’absorption de café au volant ? A quand le caféinotest ? (merci à la Dr Monique Dupas Chauny)
  • Faire la vaisselle nuit à l’activité sexuelle,

(…) plus un homme marié accorde de temps aux tâches ménagères comme la cuisine ou les courses, moins il a de relations sexuelles, affirme une étude publiée dans la Revue Américaine de Sociologie de février 2013. Et l’inverse est vrai s’il se consacre davantage à la voiture ou au jardin, assure l’étude «Egalitarisme, travail ménager et fréquence des rapports sexuels dans le mariage» (…)

  •  Le site (anglophone) de Tyler Vigen recense un paquet de corrélations CorteX_Tyler_Vigen_spurious-correlations-bookfumeuses, éditées récemment en livre. Merci à Jordane Billon pour cette base de données incomparable.

 

 

  • Lien entre fille en pantalon et syndrome des ovaires polykystiques

CorteX_Calamity_Jane« I have heard theories on why girls suffer from PCOD at an early age. When they dress like men, they start thinking or behaving like them. There is a gender role reversal in their head. Due to this, the natural urge to reproduce diminishes right from a young age and therefore they suffer from problems like PCODs (Poly Cystic Ovarian Disease). »

Traduction-maison : « J’ai entendu des théories sur les raisons de l’apparition du syndrome des ovaires polykystiques à un âge précoce. Quand les filles s’habillent comme des garçons, elles commencent à penser ou se comporter comme eux. Il y a un renversement du rôle du genre dans leur tête. En vertu de quoi, l’envie naturelle de se reproduire décroit, et cela à un jeune âge, et par conséquent, elles souffrent de problèmes comme le syndrome des ovaires polykystiques. »

On doit ce magnifique effet cigogne à Swati Deshpande, présidente du Collège polytechnique gouvernemental, à Bandra, municipalité située dans la banlieue ouest de Bombay. Les propos sont rapporté par The Times of India du 7 février 2017.

Pour le dépaysement, cette vidéo, sans sous-titre, de Namn news.

Vous aussi, vous tenez un effet cigogne ? Envoyez-le nous !

 

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Le CorteX dans le journal Avanguardia « porque la razón es revolucionaria » (Richard Monvoisin)

altENTREVISTA Richard Monvoisin, que enseña zetética: explicación racional de fenómenos paranormales


 
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“La homeopatía y las flores de Bach son eficaces… placebos”

Tengo 33 años. Nací en Toulon. Enseño Didáctica de la Ciencia en la Universidad de Grenoble. Puedo verificar un milagro, pero no la fe. Soy escéptico en ciencia como Pirrón y en política como Chomsky. Verifique sus creencias: no hace falta ser un científico, sólo un ser racional

Eso de zetética suena a paraciencia…
Pero es lo opuesto: viene del griego zetein (examinar). La zetética aplica el método científico para dar explicaciones racionales a fenómenos paranormales y verificar creencias empíricamente, con experimentos. Por ejemplo. Hemos probado que la homeopatía no tiene efectos terapéuticos clínicamente demostrables, ni tampoco las flores de Bach ni otras muchas terapias alternativas…

¿Cómo lo han probado?
Con estudios clínicos, por supuesto.

¿O sea, que no sirven para nada?
Sirven, pero no más allá del efecto placebo.

¿Qué quiere decir?
que a muchos de quienes las toman, les hacen bien, pero no por su efecto clínico, sino sólo por el psicológico.

No es eso lo que dicen los homeópatas.
Nosotros no afirmamos nada sin probarlo. Hacemos experimentos o divulgamos otros ya conocidos, pero sin juzgar a nadie, y en eso me diferencio de un pionero de la zetética, el Nobel de Física Georges Charpak…

Fue huésped de La Contra.
Y gran científico, pero trataba con paternalismo a quienes creían en esas terapias.

Supongo que algunos pacientes seguirán usándolas, pese a la zetética.
Sí, y están encantados con su efecto placebo, pero la zetética les muestra que es el único que tiene. Después, ya sabiéndolo, podrán elegir entre los hechos y sus creencias.

Parece justo y necesario.
Es imprescindible, pero incómodo. En Francia, la homeopatía es un lobby protegido por varios ministros que tienen intereses en una gran multinacional de productos homeopáticos y ningún interés en difundir los resultados de los ensayos clínicos.

¿Por qué la gente cree en su eficacia?
Porque es más cómodo creer que verificar, ergo tomamos más decisiones irracionales que racionales. Muchos creen que si creen se curan y en parte es cierto por el efecto placebo. Lo mismo nos pasa con otras creencias, no sólo terapéuticas, sino políticas y económicas. Yo les animo a que las pongan a prueba con sus propios experimentos.

Díganos cómo.
Para verificar cualquier creencia, empiece por deconstruirla: remóntese a sus orígenes para localizar sus fuentes y aclare después su cui prodest (a quién beneficia).

Si un estudio dice que el tabaco rejuvenece, comprobar si lo paga la tabaquera.
Eso no invalidaría necesariamente sus conclusiones, pero si al final resultara falso, explicaría a quién beneficia su falsedad. Si verifica, por ejemplo, la eficacia clínica de la terapia de las flores de Bach, verá que en sus orígenes sólo está la pura intuición de un señor inglés, Edward Bach, que clasificó a los humanos en siete categorías…

Eso ya lo hacía Hipócrates.
… Y asoció sus bacilos intestinales con ciertas propiedades de 36 categorías de flores. Y hoy aún no tienen más que esa intuición para fundar esa creencia terapéutica.

Pues no son terapias baratas.
Cuanto más pagas por un placebo, más efectivo es. El dinero, el tiempo y el esfuerzo que cuesta una terapia dudosa la refuerza.

Miel sobre hojuelas para el terapeuta.
Insisto en que la zetética debe verificar, experimentar, mostrar y difundir resultados, pero no juzgar ni condenar a nadie: las falsas creencias son como muletas irracionales para muchos humanos, por eso no hay que quitárselas de golpe, sino demostrarles que pueden andar sin ellas… Si quieren.

En algo hemos de creer.
A menudo el propio terapeuta cree sinceramente en sí mismo. En mi universidad hicimos un experimento para demostrar la eficacia de un terapeuta por magnetismo.

¿Curaba con las manos?
Él y sus pacientes juraban que sí. Y es muy difícil verificarlo con un test clínico serio, porque necesitas voluntarios enfermos de la misma dolencia en el mismo grado; un test doble ciego y… En fin, es muy complejo.

¿Entonces…?
Cuando alberguemos dudas sobre creencias, podemos recurrir a experimentos no tan sofisticados: “Si usted cura con el magnetismo de sus manos – le dijimos al magnetista-,podrá detectar también si una persona está o no en la misma habitación con usted aun sin verla: sentirá su energía, aunque no vea a la persona”.

¿Aceptó?

Le propusimos experimentarlo con cien personas y aseguró que acertaría el ciento por ciento de las ocasiones. Y… El tipo era fantástico: sudaba, temblaba, se retorcía… Si hubiera elegido meramente al azar, habría acertado el 50 por ciento de las pruebas: esto es 48, 49 o 51, 52… Si hubiera acertado 63 veces, hubiera sido paranormalmente bueno; y si sólo hubiera adivinado 37 ensayos, sería paranormalmente malo. Y… Acertó 52.

Paranormalmente normal.
Y lo publicamos. Fue pedagógico: si desafiáramos con experimentos sencillos nuestras creencias económicas, políticas y personales, cambiaríamos nuestras vidas.

Debe usted de tener muchos ejemplos.
¿Por qué compra determinadas marcas? ¿A quién vota? Teste sus creencias: apunte, mida, compare y verá que muchas de sus creencias carecen de razones.