Peur sur la ville : les médias, le terrorisme et le djihad global

Retour sur le traitement médiatique de l’attaque de Westgate, au Kenya, par Clara Egger. Cet article a été également publié en octobre 2013 sur le site d’Action Critique Média (ACRIMED).

Du 21 au 24 septembre, alors qu’un centre commercial luxueux de Nairobi est l’objet d’une prise d’otage, les grands médias français1choisissent, une fois de plus, de donner dans le sensationnel2. Entre appel à la peur, images voyeuses, et analyses tantôt tâtonnantes, tantôt farfelues, la Corne de l’Afrique est, pour quelques jours seulement, de retour sur le devant de la scène médiatique.

21 septembre, premier acte, Laurent Delahousse nous prévient : « certaines images sont difficiles ». Claire Chazal préfère parler d’emblée d’une « tuerie ». L’attaque dure depuis quelques heures et le bilan est déjà « très lourd ». Des images de personnes affolées se succèdent courant « pour sauver leur vie », « les blessés se comptent par dizaines », on trouve « plusieurs cadavres par terre ». Qu’importe si l’on ignore tout du « commando armé », de « leur nationalité, leur motivation », le correspondant de TF1 lui est formel : c’est « une méthode, une méthode à la Al Shebab, avec des armes… et une méthode qui… qui est celle de, de ces gens-là ».

22 septembre, deuxième acte, plus dramatique encore : France 2 titre sur le « carnage de Nairobi », un véritable « bain de sang » aux images, encore une fois, « très difficiles ». Les journaux télévisés passent en boucle les images de personnes « abattues », victimes d’un commando qui « sème la panique et la mort ». Puis l’antenne est laissée aux témoins. On y parle de « scènes d’horreur », d’« exécutions sommaires », comme cet homme qui affirme avoir vu « des dizaines, je dis bien des dizaines de corps déchiquetés un peu partout ». L’attaque est d’autant plus abominable qu’elle est, de l’avis de plusieurs témoins, « très surprenante ». Peu importe si, depuis plusieurs mois, les centres commerciaux kényans sont considérés comme une cible prioritaire pour des attaques terroristes par les chancelleries du monde entier 3.

23 septembre, troisième acte : entrée en scène de la presse écrite, un brin plus lente, qui titre : « Horreur à Nairobi » (Libération), « Massacre islamiste au Kenya » (Le Monde) ou « l’interminable assaut contre les islamistes somaliens » (Le Figaro). Les télévisions qui couvrent l’information depuis déjà deux jours s’efforcent de ne pas lasser l’audience à une heure de grande écoute, d’autant plus que de l’avis du correspondant de TF1 « c’est très compliqué d’avoir des informations sur ce qu’il se passe ». Alors pour rendre attrayant ce brouet d’informations déjà servies la veille, on pimente à outrance. Qu’à cela ne tienne, on ressort les images des jours derniers et on les agrémente de commentaires évocateurs. Ainsi la police doit enjamber «  des cadavres criblés de balles », France 2 parle de « scènes de guerre », de personnes « exécutées froidement » et « d’assaillants qui n’hésitent pas à cribler de balles la porte des toilettes ».

24 septembre, dernier acte : c’est le « dénouement », un soulagement pour « toute une population horrifiée par ces images de terreur ». Une coupable est démasquée : « une femme occidentale qu’on appelle la veuve blanche »… « Elle a les yeux verts de son Irlande du Nord natale » mais s’est engagée dans « une croisade djihadiste ». Pour mieux retracer son histoire, une animation la fait passer en moins de dix secondes du jean-baskets au niqab noir. Pour faire durer le plaisir, le 25 septembre, France 2 en guise d’épilogue, peindra le portrait des héros dans le carnage, risquant leur vie pour sauver celles des autres.

Quand il s’agit de terrorisme, les médias français sont passés maîtres dans l’art du carpaccio, c’est-à-dire de maquiller la pauvreté des informations qu’ils servent : de même que, sur le menu du restaurateur indélicat, une tomate tranchée devient un carpaccio de tomates, les médias rehaussent à coups de techniques de scénarisation hollywoodienne, une information médiocre. Et c’est réussi. Le public, lui, n’a sans doute pas saisi les tenants et les aboutissants de la prise d’otage de Nairobi, et n’a eu droit à aucune analyse critique. Mais il a tremblé trois jours durant.

Car c’est bien là que le bât blesse : les informations sont floues, partielles. Qu’elles le reconnaissent ou non, les rédactions des médias français sont bien en peine d’expliquer en cinq minutes ou six cents mots les ressorts d’une crise somalienne qui n’intéresse plus vraiment personne.

Alors quitte à risquer l’amalgame, on pare l’analyse des oripeaux et du vernis de la science politique. Ainsi le concept d’« arc terroriste » ou d’« arc de crise djihadiste » est consacré en quelques jours. Michel Scott, sur TF1, en propose la description suivante, carte à l’appui : « D’ailleurs quand vous voyez l’arc terroriste, ce qu’on appelle l’arc terroriste qui traverse le continent et qui va de l’Atlantique jusqu’au Yémen eh bien le Kenya représente la zone limitrophe qui comporte le plus d’intérêts occidentaux aussi proche de cette zone de non-droit ». France 2 reprendra le même concept, allant jusqu’à se poser la question de l’existence d’une « Internationale terroriste » alors que Libération titrera sur « l’arc de crise jihadiste », détaillant : « les terroristes sont actifs de Nouakchott jusqu’à Mogadiscio ».

La clef d’explication du drame est toute trouvée, elle parait logique. Il faut dire que le concept est séduisant, car arc djihadiste est une notion « puits » : elle semble parlante, tout en donnant à l’argumentaire un air calé et profond… mais elle est creuse. Le concept ne repose sur aucune étude scientifique (qui est-ce « on » qui l’a forgé ?), seulement sur des amalgames douteux. En effet, si les groupes actifs le long de cet arc ont des modes opératoires similaires et revendiquent tous leur allégeance à Al Qaeda, les agendas politiques d’AQMI, du Mujao, de Boko Haram et des Shebab somaliens, censés formés cet « arc djihadiste » sont radicalement différents et se comprennent avant tout dans leur dimension locale. Bien que les médias ne retiennent que la dimension internationaliste liée à Al Qaeda, la plus importante partie du mouvement Shebab est ancrée dans un agenda intérieur lié au nationalisme somalien. Comme l’explique le spécialiste de l’Afrique sub-saharienne, Roland Marchal, la mouvance salafiste d’Al-I’tissam a fusionné en 2004 avec celle issue du recrutement de jeunes instruits par les tribunaux islamiques. Cette entité, d’abord groupusculaire, a été considérablement renforcé par la politique anti-terroriste des États-Unis et des Européens. De plus, la dimension internationale du recrutement des Shebab somaliens est liée avant tout à la présence forte de la diaspora somalienne dans le mouvement.CorteX_islamophobie_Martial

Dès lors, mettre sur un même niveau l’attentat sur l’ambassade étasunienne à Nairobi (1998), les attentats de Bombay (2008), et la prise d’otage sur le complexe gazier d’In Amenas (2013) n’a aucune valeur explicative, sauf à persuader le public qu’il est face à un choc de civilisations, au devant d’une menace djihadiste globale susceptible de frapper partout même sur le lieu de ses vacances…. Un expatrié français, interviewé sur TF1, fait même le parallèle entre cet événement et la fusillade de la rue des Rosiers à Paris en 1982 lors de laquelle un restaurant juif fut pris pour cible. Logique une fois encore, puisque les médias vont rapidement annoncer la présence d’un commando spécial israélien agissant aux côtés de l’armée kényane.

L’avantage de tels amalgames est qu’ils évitent de s’interroger sur les ressorts du conflit somalien et sur l’implication du Kenya, et plus largement de l’ONU et de l’Union Européenne dans le conflit. Les revendications des Shebab, ces « islamistes somaliens qui portent la guerre sainte au Kenya » seraient de l’ordre de la vengeance contre un pouvoir kényan soutenant militairement un gouvernement somalien tentant de rétablir un semblant de stabilité. D’ailleurs, la Somalie est caractérisée par le « chaos », et les images de TF1 montrent « des bâtiments criblés de balles », l’« épave d’un avion en plein centre ville, une capitale ravagée par vingt ans de guerre ».

 

Or depuis juin 2013 et la création de la nouvelle mission intégrée des Nations-Unies, l’UNSOM, visant à soutenir les institutions du gouvernement somalien, des voix n’ont cessé d’alerter les Nations-Unies et l’Union Européenne sur les dangers de son optimisme béat4. La prise d’otages de Nairobi semble démontrer que les Shebab somaliens, bien que rejetés par la majorité de la population ne sont pas si moribonds qu’espéré. L’action des Nations Unies et de l’Union Européenne, pilotée à distance depuis Nairobi, est mal perçue par les populations locales qui peinent à percevoir les bénéfices de vingt années d’assistance. Le nouveau gouvernement est quant à lui exclusivement identifié à Mogadiscio, dans un pays où le Somaliland et le Puntland au Nord, jouissent d’une autonomie considérable, imités par le Djubaland au Sud. Dès lors l’agenda des Nations Unies et de l’UE uniquement centré sur le Sud et le centre de la Somalie et sur les zones « libérées » des Shebab somaliens risque d’accroître les tensions inter-claniques, principal facteur d’explication du conflit somalien. L’implication de la diaspora somalienne dans le conflit joue un rôle majeur bien qu’occulté par les médias internationaux, et ce d’autant plus que la banque Barclays vient d’annoncer la clôture prochaine de ses comptes de transferts de fonds depuis le Royaume-Uni vers la Somalie. Enfin, imposer une analyse du conflit en termes de « djihad international » accroît les risques de représailles sur les populations musulmanes d’Afrique de l’Est, et sur les réfugiés somaliens présents en grand nombre au Kenya et qui paient déjà un lourd tribut à ce conflit 5.

Clara Egger

1 L’analyse du traitement médiatique de la crise mobilise les journaux et médias télévisés à la plus forte audience : les journaux télévisés de 20 heures de France 2 et de TF1 et les manchettes du Monde, de Libération et du Figaro. Si l’intégralité des Journaux Télés a été analysée, l’analyse des journaux s’est limitée aux manchettes qui participent à créer un certain nombre d’effets autour d’une information.

2 Pour une analyse très complète du rôle des mécanismes de fabrique de l’opinion par les médias, se référer à Edward Herman & Noam Chomsky, La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie, Agone (2008) »

3 A titre d’exemple, le Ministère des Affaires Etrangères, sur son site Internet, donne la recommandation suivante aux touristes français voyageant au Kenya : « ll est recommandé de limiter autant que possible les déplacements dans les lieux publics les plus fréquentés, notamment par les ressortissants étrangers (centres commerciaux, bars, hôtels…) ».

4 Ainsi, très peu de médias ont relayé la décision de l’ONG Médecins Sans Frontières de fermer la totalité de ses programmes en Somalie, faute de disposer de conditions satisfaisantes pour l’exercice de son mandat.

Médias un 4ème pouvoir ? Deux cycles de projections documentaires

Main dans la main, le CorteX Grenoble et son antenne lyonnaise, Maïlys Faraut organisent un double cycle de projections débats durant ce mois de novembre 2013.  En voici les grandes lignes. Les détails sont à retrouver dans notre agenda.

Grenoble Lyon

Mercredi 6 novembre, 18h30 : Fin de concession, de Pierre Carles + débat avec Pierre Carles himself

Jeudi 7 novembre, 17h30 : Fin de concession, de Pierre Carles + débat avec Pierre Carles himself


Mercredi 20 novembre, 18h30 : Les nouveaux chiens de garde, de Gilles Balbastre et Yann Kergoat + débat

Jeudi 21 novembre, 17h30 : Les nouveaux chiens de garde, de Gilles Balbastre et Yann Kergoat + débat avec M. Florea et P. Chasson, d’ACRIMED

Mercredi 27 novembre, 18h30 : Chomsky & Compagnie, de Olivier Azam et Daniel Mermet + débat

Jeudi 28 novembre, 19h : Les nouveaux chiens de garde, de Gilles Balbastre et Yann Kergoat + débat avec M. Florea et P. Chasson, d’ACRIMED

affiche_4e_pouvoir_grenoble-red2

Lyon_Medias4emePouvoir_red

 
Tout ça se passe amphi F, au DLST. Entrée libre, vous pouvez amener vos tantes, cousins, grands-parents, beaux-frères.

L’effet Matthieu

L’effet Matthieu doit son nom à la parabole des talents de l’évangile selon Saint Matthieu (entre 60 et 85 EC) où il est écrit :
« on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a » 1. Cette parabole est suffisamment ambiguë pour permettre diverses interprétations, la plus commune étant celle de faire fructifier les « talents », ne pas gâcher les dons reçus de Dieu et s’engager à agrandir le royaume de Dieu. Le sociologue Robert K. Merton, rapporta cette maxime au monde de la science en 1968, au cours d’un article publié dans la revue Science dans lequel il décrivit ce « phénomène complexe de détournement de la paternité du travail scientifique » par lequel des scientifiques déjà reconnus tendent à se voir attribuer la paternité d’une idée aux dépens de scientifiques jeunes ou inconnus 2.

Ce biais a trouvé son assise dans les années 1970 lorsque Jonathan R. Cole & Stephen Cole firent le constat qu’un nombre relativement petit de physiciens fournissait de façon disproportionnée une énorme part des articles les plus importants publiés en physique 3. William Broad et Nicholas Wade, dans leur ouvrage La souris truquée entièrement consacré à la fraude scientifique, parlent d’effet de Halo :

« Ces physiciens souvent cités semblent appartenir à l’élite de la physique dans la mesure où ils tendent à se retrouver concentrés dans les neuf plus grands départements de physique des États-Unis, et faire partie de la National Academy of Sciences. Il y a donc quelques membres au moins de l’élite au pouvoir dans la communauté scientifique qui en font partie à cause de leur mérite (…). Mais il peut y avoir un « effet de Halo » — le simple fait, pour un scientifique, d’appartenir à un département de physique de tout premier plan mettrait plus en vue son travail, qui serait alors plus souvent cité » 4.

On retrouve cet effet dans les « systèmes de copinage » et le népotisme latents dans le monde de la science, ne serait-ce que dans la façon qu’ont les referees de recevoir de façon plus clémente un article d’une éminence que celui d’un obscur et jeune chercheur 5.
Cela rappellera certainement l’histoire d’Ohm qui, lorsqu’il décrivit la loi éponyme, resta « tout d’abord ignoré par les scientifiques des universités allemandes, qui pensèrent que le travail d’un professeur de mathématique du collège de Jésuites de Cologne ne méritait guère d’attention » 6.

En ce sens, l’effet Matthieu est un effet collatéral de l’immense catégorie des biais d’autorité.

Dernier exemple en date, tiré de Serge Halimi, Nous ne sommes pas des robots, Monde Diplomatique, octobre 2013.

« (…) En France, l’État continue de consacrer à [l’]assistance [de la presse] des centaines de millions d’euros par an, soit, selon la Cour des comptes, entre 7,5 et 11% du chiffre d’affaire global des éditeurs 7. D’abord pour subventionner l’acheminement postal des journaux, en favorisant presque toujours les titres obèses, c’est-à-dire les sacs à publicité, plutôt que les publications plus fluettes, plus austères et plus libres. Mais le contribuable consacre également plus de 37 millions d’euros au portage des quotidiens, là aussi sans faire le tri. Et il ajoute 9 millions d’euros, cette fois réservés aux plus pauvres d’entre eux. Tant de miséricorde souvent mal ciblée peut déboucher sur de savoureux paradoxes. Grand pourfendeur des dépenses publiques sitôt qu’elles concernent l’éducation plutôt que l’armement, Le Figaro de Monsieur Dassault a reçu 17,2 millions d’euros du Trésor Public entre 2009 et 2011 ; L’Express, presque aussi hostile que Le Figaro à l' »assistanat », 6,2 millions d’euros ; Le Point, qui aime dénoncer la « mamma étatique« , 4,5 millions d’euros. Quant à Libération (9,9 millions d’euros d’aide, toujours selon la Cour des comptes) et au Nouvel Observateur (7,8 millions d’euros), comme ils sont bien introduits auprès du pouvoir actuel, plusieurs régions ou municipalités présidées par des élus socialistes financent également leurs « forums » locaux 8.

Il y a trente ans, le Parti socialiste était déjà aux affaires. Il proclamait : « Un réaménagement des aides à la presse est indispensable. (…) Il faut mettre un terme à un système qui fait que les plus riches sont les plus aidés, et les plus pauvres les plus délaissés. (…) » 

Cet article est tiré en grande partie de Richard Monvoisin, Pour une didactique de l’esprit critique, retouché par Nicolas Pinsault.

Effet boule de neige – le frustule extraterrestre de Wickramasinghe

La fabrique du scoop est un vice multiforme, et la reprise du scoop tout cru par d’autres médias un art stupéfiant. L’effet boule de neige décrit très bien ce mécanisme lors duquel quelqu’un reprend une information sans chercher à la mettre en doute. L’histoire du journalisme en est truffée. L’une des plus intéressantes du moment est probablement celle du frustule de Chandra Wrickramasinghe, d’une part par ses implications (une vie extraterrestre), d’autre part par la leçon qu’elle donne aux journalistes et aux vulgarisateurs : si l’on ne connait pas les processus de publication, les biais classiques et les traquenards du milieu, il est très difficile de ne pas prendre une vessie pour un frustule.
 
La plume de Pierre Barthélémy remplit ici son office. Merci à l’auteur d’avoir accepté de voir son texte reproduit.
Les notes adjointes sont celles de Richard Monvoisin.

Des chercheurs croient avoir trouvé une trace de vie extraterrestre

C’était, jeudi dernier, à la « une » du site Internet du quotidien The Independent : des chercheurs britanniques affirment détenir la preuve de la vie extraterrestre. Normalement, toutes les chaînes d’information du monde auraient dû interrompre leurs programmes pour donner la nouvelle et les rotatives de tous les journaux se seraient arrêtées, le temps pour les rédacteurs en chef de faire changer les plaques. Impossible pour un média digne de ce nom de rater ce scoop répondant à une des plus anciennes questions de l’humanité : sommes-nous seuls dans l’Univers ou pas ? Toutefois, au lieu de cette furia planétaire, il y a eu quelques reprises à droite ou à gauche et l’histoire a fait pschitt…

S’agit-il d’un nouveau complot de l’establishment politico-médiatique destiné à étouffer un scoop prouvant une bonne fois pour toutes que les soucoupes volantes existent ? Non. Mais avant d’expliquer pourquoi ce n’est pas le cas, voici les informations de base. Une équipe britannique emmenée par Milton Wainwright, du département de biotechnologie et de biologie moléculaire de l’université de Sheffield, a publié dans le Journal of Cosmology une étude relatant une curieuse découverte effectuée dans la stratosphère. Le 31 juillet dernier (la date est importante), ces chercheurs ont lâché un ballon-sonde au-dessus de Chester, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Il était équipé d’un dispositif simple, un tiroir télécommandé dont l’ouverture a été déclenchée lorsque le ballon a atteint 22 kilomètres d’altitude. La boîte est restée ouverte pendant plus d’un quart d’heure, alors que l’ascension se poursuivait. Elle a été refermée à 27 km d’altitude. Puis le dispositif expérimental a été décroché du ballon et est tranquillement redescendu accroché à un parachute.

L’étude en question précise que le tiroir avait été scrupuleusement nettoyé avant le vol de façon à s’assurer que rien ne viendrait « polluer » la récolte dans la haute atmosphère. Pour les mêmes raisons, les chercheurs avaient installé une protection censée empêcher que des particules situées sur le ballon ne tombent dans la boîte. Une fois celle-ci récupérée, son contenu a été passé non pas à la loupe mais au microscope électronique à balayage. Et là, les scientifiques ont eu la surprise de découvrir la minuscule structure qui figure en photo au début de ce billet.

Pour les auteurs de l’article, cela ressemble fort à un « squelette » de diatomée, ces algues unicellulaires qui s’entourent d’une petite boîte de silice, le frustule. Simplement, comment cette chose a-t-elle bien pu se retrouver à 25 kilomètres d’altitude, se demandent ces chercheurs, puisqu’ils excluent toute contamination de leur dispositif expérimental ? Deux solutions s’offrent à eux, expliquent-ils. Ou bien ce morceau de frustule de seulement quelques micromètres de long appartient à une micro-algue terrestre et il vient d’en bas, ou bien il provient de l’espace et il s’agit d’une preuve de vie extraterrestre. L’étude se résume ensuite à une argumentation qui consiste à démontrer qu’aucun mécanisme terrestre connu ne peut expliquer la présence d’un frustule de diatomée à cet endroit de la stratosphère. Aucun avion, aucune tempête, n’a pu l’apporter si haut. Seule une puissante éruption volcanique aurait eu le pouvoir de la propulser à cette altitude mais d’éruption aussi importante il n’y a pas eu depuis un moment. Or, ajoutent les chercheurs, selon un modèle atmosphérique datant de 1968, une particule de la taille et de la densité de ce morceau de frustule retombe au sol à la vitesse minimale d’un mètre par seconde et ne peut rester en suspension dans la stratosphère.

On en arrive donc au raisonnement suivant, que Sherlock Holmes aurait adoré : une fois toutes ces hypothèses terrestres écartées, la seule explication qui demeure, l’origine extraterrestre, est forcément la bonne. Dans The Independent, Milton Wainwright ne s’embarrasse pas de prudence en disant qu’il est « convaincu à 95 % » que cette structure vient du cosmos. Le communiqué de presse de l’université de Sheffield, qui a accompagné la parution de l’étude, est encore plus affirmatif : « Notre conclusion est que la vie arrive continuellement sur Terre depuis l’espace, que la vie n’est pas restreinte à cette planète et qu’elle n’en est certainement pas originaire », dit un Milton Wainwright visiblement conquis par la théorie de la panspermie. Il ajoute que si la Terre est perpétuellement arrosée par cette vie cosmique, sans doute transportée par les pluies cométaires qui donnent les étoiles filantes, « il nous faudra complètement modifier la façon dont nous voyons la biologie et l’évolution. De nouveaux manuels devront être écrits ! »

Alors, révolution darwino-copernicienne ou pas ? Il faut reprendre les choses point par point. Et commencer par le dispositif expérimental : on nous dit par exemple que le fameux tiroir a été nettoyé par… flux d’air et tamponnage à l’alcool. Soit. Mais rien n’est précisé sur son étanchéité ni sur les précautions prises à son ouverture. Ensuite, le frustule : l’équipe n’a visiblement pas pris la peine de demander son avis à un spécialiste des diatomées pour savoir à quelle espèce terrestre il pouvait appartenir. De plus, avant de se lancer dans leur série d’hypothèses, les chercheurs auraient pu commencer par l’analyse isotopique de cette micro-structure afin de déterminer si elle était oui ou non d’origine terrestre (le communiqué de presse évoque d’ailleurs cette expérience). Il y a aussi la chronologie de l’étude : le vol du ballon-sonde a eu lieu le 31 juillet et l’étude a été acceptée par la revue le 9 août. On est sans doute très près du record du monde de l’expérience la plus rapidement analysée, retranscrite, envoyée et acceptée. Ce qui pose bien sûr la question de ladite revue.

Qui est un tant soit peu familier du sujet sait que le Journal of Cosmology n’est pas vraiment une revue scientifique sérieuse. Il s’agit d’un repaire de chercheurs partis en croisade pour la théorie de la panspermie1. Le principal meneur de ce mouvement s’appelle Chandra Wickramasinghe2 (université de Buckingham) dont il se trouve qu’il est à la fois rédacteur en chef du Journal of Cosmology et… co-auteur de l’étude sur la diatomée stratosphérique ! On comprend mieux la vitesse à laquelle le journal, qui pratique soit-disant le peer-review, a accepté cet article. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Chandra Wickramasinghe sévit dans ce domaine car il a déjà, à plusieurs reprises, affirmé avoir trouvé des diatomées dans des météorites, ce qui a été à chaque fois réfuté. Il a également assuré que des virus comme celui de la grippe ou du SRAS provenaient de l’espace… Si l’on met tout cela bout à bout et si l’on ajoute qu’une découverte aussi importante que la preuve de la vie extraterrestre paraîtrait obligatoirement dans une revue prestigieuse, on saisit pourquoi la planète médiatique n’est, dans son ensemble, pas tombée dans cet énorme panneau jeudi 19 septembre. Et on a d’autant plus de mal à comprendre comment un journal plutôt sérieux comme The Independent s’est fait enfumer… sans compter une flopée de suiveurs non-vérifieurs comme La Tribune de Genèvela BBC ou le Times of India3.

Pierre Barthélémy

  1. La panspérmie est une théorie controversée selon laquelle les premiers organismes ne seraient pas nés de la matière minérale de la soupe primitive, mais bien d’une « vie » extraterrestre, d’un ancêtre cosmique, pour reprendre un terme consacré. Ce scénario se calque à la théorie d’un univers stationnaire de Fred Hoyle… qui fut le mentor de Wickramasinghe (point suivant).
  2. Nalin Chandra Wickramasinghe (1939-) est un personnage tout à fait fascinant. Pierre Barthélémy n’a pas la place de dire qu’outre être soutien à la dérive sectaire Sokka Gakkaï, ayant co-signé un livre avec son fondateur, Wickramasinghe est connu pour des positions qu’on pourrait qualifier de mystiques.Il fut avec Hoyle l’un des contestataires de l’Archaeopteryx, qu’ils qualifièrent de canular dans Archaeopteryx, the Primordial Bird: A Case of Fossil Forgery (1986). Dans l’affaire McLean v. Arkansas, en 1981 devant statuer sur la constitutionnalité d’un enseignement équilibré évolutionnisme / créationnisme, Wickramasinghe fut le défenseur du créationnisme.
  3. Voici les manchettes, comme autant de travaux pratiques.

BBC

Life on Earth ‘came from space’ say scientists

20 September 2013 Last updated at 11:39 BSTScientists at the University of Sheffield believe they have found evidence that life on Earth originated in space. The research suggests that Earth is constantly bombarded by microbes from outer space, which arrive on comets and meteors.Therefore life on Earth began when the planet became habitable enough for the microbes to survive and evolve.

Dr. Milton Wainwright, who is leading the study, told BBC Radio 5 live’s Up All Night: « We believe that life did not form from chemistry here on earth, it came from space… which has major implications for Darwin’s theory. »

Times of India

Alien life found on balloons after meteor shower

Kounteya Sinha, TNN Sep 20, 2013
LONDON: British scientists announced on Thursday that they have found alien life on Earth.
A team of scientists from the University of Sheffield led by Milton Wainwright from the department of molecular biology and biotechnology found small organisms that could came from space after sending a specially designed balloon 27km into the stratosphere during the recent Perseid meteor shower.
 

The balloon was launched near Chester and carried microscope studs which were only exposed to the atmosphere when the balloon reached heights of between 22 and 27km. The balloon landed safely near Wakefield.

The scientists then discovered that they had captured a diatom fragment and some unusual biological entities from the stratosphere, all of which are too large to have come from Earth.

Wainwright said the results could be revolutionary. « If life does continue to arrive from space then we have to completely change our view of biology and evolution, » he said. The scientists said stringent precautions had been taken against the possibility of contamination during sampling and processing, and said the group was confident that the biological organisms could only have come from the stratosphere.

Wainwright said, « Most people will assume that these biological particles must have just drifted up to the stratosphere from Earth, but it is generally accepted that a particle of the size found cannot be lifted from Earth to heights of, for example, 27km. The only known exception is by a violent volcanic eruption, none of which occurred within three years of the sampling trip. »

« In the absence of a mechanism by which large particles like these can be transported to the stratosphere we can only conclude that the biological entities originated from space. Our conclusion then is that life is continually arriving to Earth from space, life is not restricted to this planet and it almost certainly did not originate here, » he said. The group’s findings have been published in the Journal of Cosmology.

The team is hoping to extend and confirm their results by carrying out the test again in October to coincide with the upcoming Haley’s Comet-associated meteorite shower when there will be large amounts of cosmic dust. It is hoped that more new or unusual organisms will be found.

 

Tribune de Genève

Les extraterrestres ont-ils débarqué en Angleterre?

Par Anne-Elisabeth Celton.  20.09.2013

Des scientifiques affirment avoir découvert à Wakefield en Angleterre des organismes provenant de l’espace. Il s’agirait de la première preuve de vie extraterrestre sur terre.

Cette découverte va-t-elle changer le cours de l’histoire? Des scientifiques de l’Université de Sheffield affirment avoir trouvé à Wakefield (West Yorkshire) des preuves de vie extraterrestre, informe The Telegraph. Au mois d’août, ils ont lancé un ballon spécialement conçu à 27 km au-dessus de la surface de la terre lors d’une pluie d’étoiles filantes dite des Perséides. Objectif: prélever des échantillons via des capteurs déclenchés uniquement entre 22 et 27 km. A son retour, le ballon a atterri à Wakefield. Surprise: l’équipe découvre dessus des organismes microscopiques mais d’une taille bien trop grande selon eux pour faire partie de notre système.

Théorie de l’évolution à revoir

Pour le professeur Milton Wainwright, il s’agit d’une découverte révolutionnaire. «Des particules de cette taille ne peuvent être transportées dans la stratosphère en dehors d’un mécanisme exceptionnel comme par exemple une violente éruption, qui n’a pas eu lieu», explique-t-il. «Ces entités biologiques ne peuvent donc provenir que de l’espace. Notre conclusion est que la vie n’est pas limitée à cette planète. Si des organismes arrivent sur terre depuis là-haut, cela change notre vision de la biologie et de l’évolution.»

L’équipe fera un nouveau test le mois prochain lors d’une pluie de météorites.

Qui sommes-nous ?

Le CORTECS (Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique & sciences) est né en 2010 dans un triangle entre Grenoble, Marseille et Montpellier. Il a pour objectif central la transmission des divers aspects de l’esprit critique, la pensée critique ou sceptique (critical or skeptical thinking chez les anglophones), qu’on la nomme zététique, à la suite d’Henri Broch, hygiène préventive du jugement comme Jean Rostand, ou autodéfense intellectuelle à l’instar de Noam Chomsky. Conjointement, le collectif vise la mise en réseau de toutes les personnes étudiant ou travaillant sur un sujet relatif à l’élaboration, à l’usage ou à la diffusion de la pensée critique, quelle que soit leur origine disciplinaire et leur statut professionnel.

Contact et expertise : Que ce soit pour une expertise sur un sujet particulier, une remarque ou un commentaire sur nos travaux, ou tout simplement une question à nous poser, n’hésitez pas à nous écrire à l’adresse ci-dessus. Nous essayerons de vous répondre dans les plus brefs délais.
Par courriel : contact @ cortecs.org
Par courrier :
Collectif CorteX
Bibliothèque Universitaire de Sciences de Grenoble
BP 66
38402 Saint-Martin d’Hères Cedex

Foire aux questions

Cela s’écrit-il CORTECS ou CORTEX ?

Voir la réponse
Peu importe. CORTECS est le sigle réel, le X vient styliser tout ça et dans notre logo il y a même un ruban de Möbius, imprononçable – le ruban de Möbius (et de Listing, qu’on oublie souvent).

Le CORTECS est-il un collectif professionnel ?

Voir la réponse
Certain-es d’entre nous exercent l’enseignement de l’esprit critique à temps plein, et d’autres partiellement. Nous œuvrons cependant pour que nos activités soient rémunérées, afin que soit considéré à sa juste valeur l’apport social de l’enseignement de l’esprit critique. D’autre part, nous faisons attention à ce que nos membres n’aient pas d’activités professionnelles en dissonance avec leurs enseignements (industrie pharmaceutique pour les intervenant-es en santé ; armée pour celles et ceux causant d’impérialisme humanitaire, etc.). Aujourd’hui, nous sommes tous et toutes des professionnel-les, de l’enseignement, de la santé, de la recherche ou de l’éducation populaire.

Le CORTECS fait-il de la recherche ?

Voir la réponse
Notre collectif est essentiellement axé sur l’enseignement mais nous avons tout de même réalisé quelques travaux de recherche, notamment sur la kinésiologie ou encore l’ostéopathie crânienne. Afin de pouvoir avoir accès à des activités de recherche plus avancées, nous avons accepté la mission de l’Université Grenoble-Alpes d’élaborer une structure fédérative de recherche (SFR) appelée Pensée critique, validée en 2016 par le Ministère et en attente de son inauguration. Une fois cette phase de montage achevée, le CORTECS ne sera qu’un membre parmi d’autres des partenaires de cette SFR.

Quelle est votre préoccupation principale ?

Voir la réponse
Astrologues, radiesthésistes, défenseurs de la théorie de la terre creuse, créationnistes, contestataires du lien entre VIH et SIDA, climatonégationnistes, théologiens mais aussi politiques, médecins, journalistes, scientifiques et experts en tous genres, nombreuses sont les personnes qui affirment des choses sur la réalité, sur son passé, sur son avenir ou sur les moyens de la transformer. Parfois, ces affirmations peuvent s’avérer étranges, controversées ou même contradictoires entre elles. Pourtant, par nécessité ou par goût, il nous arrive de devoir évaluer la fiabilité de certains de ces discours, ce qui, en cas d’erreur, peut avoir des conséquences néfastes sur notre vie privée ou collective : choix en matière de santé, vie professionnelle ou comportements politiques. Malheureusement, il n’est pas possible d’être expert en tout et si l’on en croit différents travaux (Boy et Michelat, 1986 ; Boy, 2002) un niveau éducatif supérieur ne garantit pas une capacité d’analyse suffisante pour distinguer le vraisemblable du moins vraisemblable, voire tout simplement le vrai du faux. Cerise sur le gâteau, là où les médias devraient nous aider en proposant des contenus à haut degré de fiabilité, bon nombre d’entre eux opèrent une marchandisation de l’information en privilégiant l’immédiat et le sensationnel, au détriment de l’investigation longue et rigoureuse (Monvoisin, 2007). Sur la base de ce constat, nous pensons que la diffusion d’un ensemble d’aptitudes et de dispositions, d’outils et de savoir-faire que nous rangeons dans la catégorie générique d’esprit critique peut contribuer à favoriser des choix au maximum de la connaissance de cause.

L’esprit critique c’est quoi ?

Voir la réponse

L’esprit critique est une notion difficile à caractériser. Elle mêle un ensemble d’aptitudes et de dispositions permettant une analyse, un tri et une évaluation efficace des informations, de leurs sources, et des arguments invoqués pour soutenir telle ou telle affirmation. Être sceptique a priori sur les faits, tenter de distinguer le bon grain de l’ivraie en demandant des preuves solides et de qualité de ce que l’on nous affirme et douter raisonnablement sont quelques-uns des traits distinctifs de l’esprit critique.

Pour en savoir plus :
Pensée critique ? Esprit critique ? Un peu de théorie
Comment évaluer l’esprit critique ? Quelques pistes

Quelles sont vos activités principales ?

Voir la réponse

Outre les animations et événements de culture scientifique sur les campus et les conférences grand public, nous avons deux activités principales.

Les activités pédagogiques

  • Élaborer des ressources (articles, audios, vidéos, etc.).
  • Utiliser ce matériel critique dans des enseignements (formations, séminaires, ateliers, etc.) et des encadrements de stages ou de mémoires.
  • Mettre à disposition en libre accès des ressources d’enseignement consacrées à l’esprit critique toutes disciplines confondues.
  • Servir de plateforme pour mettre à disposition les ressources pédagogiques du réseau.

Au travers des différentes disciplines abordées, nous cherchons, notamment, à :

  • diffuser les bases d’une démarche scientifique rigoureuse : critères de distinction des affirmations de type scientifique d’affirmations de type non scientifique, protocoles expérimentaux (double-aveugle, randomisation des essais, échantillonnage le moins biaisé possible, validité statistique, prudence dans le jugement) ;
  • former au repérage des sophismes, des techniques d’argumentation fallacieuses, des impostures intellectuelles et des manipulations liées aux mésusages des données chiffrées ;
  • diffuser les outils de l’analyse critique des médias, faire prendre conscience des conséquences de la marchandisation de l’information sur la qualité des contenus et proposer des techniques de recherche alternatives ;
  • analyser les mécanismes de fabrique de l’opinion visant à justifier un ensemble de décisions politiques (entrée en guerre, lutte contre le terrorisme, mesures de santé publique) ;
  • sensibiliser aux mécanismes de persistance dans les croyances, et l’éventuelle dénégation des preuves produites : dissonance cognitive, spirales d’engagement, techniques de persuasion et de manipulation, etc.
  • remédier à la peur des chiffres en donnant des outils simples pour comprendre et analyser les statistiques dans le but de limiter la possible manipulation de l’opinion par le mésusage de données chiffrées ;
  • éduquer au repérage des intrusions idéologiques (suprématistes, colonialistes, sexistes, religieuses, racistes, etc.) dans les sciences et à la détection des postures philosophiques contradictoires avec le contrat laïc des sciences (spiritualismes, Natürphilosophie, New Age) ;
  • présenter l’histoire des fraudes et des impostures scientifiques, comme celle des théories fausses et du folklore scientifique.
  • favoriser une approche raisonnée de l’éthique en dés-intriquant les questions de faits ou de théories scientifiques, l’attribution de valeurs morales et les décisions politiques.

Les activités de recherche

Nos activités de recherche se sont formalisées avec la mise en place d’une fédération de recherche « Pensée critique » (FED4270) réunissant de nombreux laboratoires. Dans cette fédération, les sujets de recherche s’articulent autour de 3 axes.

  • Pensée critique & épistémologie
  • Pensée critique & pensées radicales extrêmes
  • Pensée critique & santé

Pour en savoir plus : https://pensee-critique.science

Nos activités et productions

  • Production de contenus d’enseignement, de formations ou d’interventions ponctuelles ou régulières.
  • Permanences physiques dans nos bureaux à Grenoble et Montpellier.
  • Encadrement de travaux d’étudiants (dossiers spécifiques, mémoires de Master, de Licence, co-encadrements de thèse).
  • Élaboration de protocoles expérimentaux et assistance méthodologique.
  • Comptes-rendus d’expertise sur des thématiques controversées.
  • Rédaction d’articles pour notre site ou pour des médias compatibles avec nos objectifs.
  • Publication d’articles dans des revues scientifiques.
  • Ouvrages (grand public et spécialisés).
  • Partage de ressources pédagogiques sur le site web.
  • Veille scientifique et documentaire.
  • Organisation de projections/débats, conférences, etc.
  • Communication avec le réseau collaboratif des personnes travaillant sur l’esprit critique.
  • Formation et assistance des personnes souhaitant travailler à la diffusion de l’esprit critique.

C’est une démarche politique ?

Voir la réponse

Afin d’éviter tout écueil type effet paillasson sur le mot « politique », disons en première approche que par « politisé » nous entendons au minimum :

  • qui se questionne ou est disposé à se questionner sur la dimension morale de ses actions (de toutes ses actions) ;
  • qui possède une volonté d’agir pour transformer nos systèmes sociaux et politiques ;
  • qui croit que l’état actuel de ces systèmes ne résultent pas d’un processus inexorable, d’un deus ex machina, mais résultent en partie de choix, qu’il aurait pu en être autrement et qu’il peut en être autrement (évidemment ce point est lié au précédent). Le scepticisme raisonnable moderne s’inscrit exactement dans cette visée.

En ce sens, notre démarche est politique avec les précisions que voici :

  1. nous ne considérons pas la diffusion de l’esprit critique comme une fin en soi, mais comme un moyen pour donner au maximum de gens plus de contrôle et de liberté de choix sur leur vie, privée comme publique et d’élargir leur champ des possibles ;
  2. même si nous sommes convaincus qu’elle contribue à la construction d’un monde meilleur, nous ne pensons pas que la diffusion de l’esprit critique puisse être la solution à tous les maux ;
  3. nous essayons de ne pas être « sélectifs opportunistes » quand nous appliquons notre esprit critique. Tous les systèmes de croyances doivent passer à la même moulinette, en particulier et surtout les systèmes implicites fondant nos comportements socialement et politiquement dominants (spécisme, impérialismes, néolibéralisme économique, âgisme, etc.) ;
  4. nous défendons que les problématiques éthiques puissent être abordées sous un angle rationnel et empirique à partir du moment où a été précisée la doctrine morale de référence (par exemple : maximiser le bien-être et minimiser la souffrance du plus grand nombre).

Pour en savoir plus :
Sur les stéréotypes dominants : Biologie, essentialisme – Nature, écologisme, sexisme, racisme, spécisme
Sur l’impérialisme humanitaire : Droit d’ingérence et impérialisme humanitaire : les rouages de la propagande de guerre
Sur l’impérialisme linguistique : Ressources critiques pour aborder les politiques linguistiques
Sur le néolibéralisme économique : Economie – Matériel critique pour élaborer le post-capitalisme

Comment peut-on contribuer ?

Voir la réponse

Il est possible de contribuer :

  • par vos retours d’expérience, en ayant testé du matériel pédagogique dans vos séquences d’enseignement ;
  • par vos analyses critiques de supports médiatiques (émission radio, TV, article de presse, etc.), avec une méthodologie transparente afin de pouvoir l’utiliser en classe ;
  • par des compléments en outillage critique et méthodologique ;
  • par des productions nouvelles de matériel – nous vous aiderons dans la limite du possible.

Peut-on vous faire des dons ?

Voir la réponse

Dans un souci de transparence, nous avons opté pour mettre en ligne nos liens d’intérêt financiers ou matériels.

Nous nous engageons à déclarer publiquement chaque année d’où provient l’argent que nous recevons à titre personnel ou pour l’association. Afin de garantir au mieux notre indépendance, nous refusons de manière systématique toute rétribution provenant des industries.

Nous n’avons en revanche pas tranché la question des dons anonymes privés, et c’est un vieux serpent de mer. Si vous avez des sous en trop, en attendant, achetez-nous des livres, et remplissez notre bibliothèque à destination des étudiants.

Peut-on vous prendre du matériel ?

Voir la réponse

Nous considérons que le contenu que nous produisons ne nous appartient que trop peu, puisqu’il est le fruit du partage de maints savoirs et de pléthore de contributions (en vertu de la loi de Stigler). Aussi considérons-nous comme illégitime le fait de s’approprier de manière exclusive des bouts de ce savoir commun. De plus, la possibilité que vous réutilisiez à votre guise ces connaissances ne nous prive d’aucune manière, si tant est que vous indiquiez la source originale. Bien sûr, nous sommes curieux et curieuses, alors si vous réutilisez notre matériel, cela nous fera toujours plaisir d’en être informés. Notons toutefois que cette licence n’entraîne aucune garantie ni aucune caution du CORTECS sur l’usage ou la déformation de ses contenus qui pourraient être faits.

L’ensemble du contenu qui est de notre fait est donc sous licence libre (CC BY-SA 4.0). En résumé, cette licence vous autorise à :

  • partager − Copier, distribuer et communiquer le matériel par tous moyens et sous tous formats.
  • Adapter − Remixer, transformer et créer à partir du matériel.

Selon les conditions suivantes :

  • attribution − Vous devez créditer l’Œuvre, intégrer un lien vers la licence et indiquer si des modifications ont été effectuées à l’Œuvre. Vous devez indiquer ces informations par tous les moyens raisonnables, sans toutefois suggérer que l’Offrant vous soutient ou soutient la façon dont vous avez utilisé son Œuvre.
  • Partage dans les mêmes conditions − dans le cas où vous effectuez un remix, que vous transformez, ou créez à partir du matériel composant l’Œuvre originale, vous devez diffuser l’Œuvre modifiée dans les mêmes conditions, c’est-à-dire avec la même licence avec laquelle l’Œuvre originale a été diffusée.

Pas de restriction complémentaire − Vous n’êtes pas autorisé à appliquer des conditions légales ou des mesures techniques qui restreindraient légalement autrui à utiliser l’Œuvre dans les conditions décrites par la licence.

Pour en savoir plus : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/deed.fr

Quels sont vos liens d’intérêt ?

Consulter notre déclaration de liens d’intérêt collective

Voir nos déclarations individuelles

L’équipe du CorteX

Les anciens membres

Les stagiaires du CorteX

Ils et elles sont ou furent en stage ou en co-encadrement de mémoire avec le CorteX… et ont survécu !

Étudiant-es stagiaires exploité-es

Et en 2013 : Thibault Carel (L2 biologie) – Gestion des ressources CorteX

Étudiants Master Kinésithérapie de Grenoble

2012-2013 :

  • Charlotte Gandy – Sujet de recherche : la biokinergie (co-encadrement Nicolas Pinsault – Richard Monvoisin)
  • Yannick Ponsero – Sujet de recherche : la kinésiologie appliquée (co-encadrement Nicolas Pinsault – Richard Monvoisin)
  • Philippe-Antoine David – Sujet de recherche : critères d’adhésion des thérapeutes aux pseudomédecines (co-encadrement Nicolas Pinsault – Richard Monvoisin)
  • Nelly Darbois – Sujet de recherche : la fasciathérapie Méthode Danis Bois (co-encadrement Richard Monvoisin – Stéphanie Bernelle)
  • Thibaud Rival – Sujet de recherche : la micro-kinésithérapie (co-encadrement Nicolas Pinsault – Richard Monvoisin)
  • Gilles Guetemme, M1 VAE – Intérêt des massages par pressions manuelles sur la dépression (Co-encadrement Richard Monvoisin – Claudine Besson)

Étudiants Master philosophie de Grenoble

2011-2012 : François-Xavier Chaise – Sujet de recherche : discrimination & altérité (encadrement Richard Monvoisin)

Étudiants en premier cycle de sciences politiques Grenoble

2014-2015 : Gabriel Giraud – Sujet de recherche : le choc des civilisations, de Samuel Huntington (encadrement Clara Egger)

Étudiant en service civique

2012-2013 : Lucas Courgeon – Scientificité de la permaculture (encadrement Christophe André – Richard Monvoisin – Julien Peccoud)

Le réseau collaboratif CorteX

Il est composé des personnes ayant participé ou participant aux ressources qui se trouvent sur ce site, mettant à disposition leurs travaux, ou bien intervenant au nom du CorteX dans le cadre de formations ou conférences. Merci à eux !

Devenir collaborateur

Vous souhaitez soutenir notre action

Vous pouvez nous solliciter pour différentes formations, expertises, enseignements et aide à la conception de cours.

Vous pouvez également nous faire intervenir lors de conférences ou d’ateliers.

Vous pouvez en outre nous fournir de la matière, sous la forme d’écrits même juste ébauchés, de films, d’émissions de radio ou de TV, ou en faisant une veille médiatique lorsque vous remarquez un mésusage manifeste de la science, quelle que soit la discipline de départ.

Nous ne souhaitons pas être soutenus financièrement autrement que par nos prestations, ceci afin de garantir notre indépendance et prévenir tout conflit d’intérêt.


Vous souhaitez devenir contributeur du CorteX

Le CorteX est avant tout une aventure collective et fonctionnera d’autant mieux que nous serons nombreux-ses à partager nos ressources ; vous pouvez donc devenir dès à présent contributeur-trice du CorteX, que vous soyez enseignant-e, journaliste, pédagogue, chercheur-se, didacticien-ne, éducateur-trice ou simplement amateur-trice d’esprit critique, en produisant un article / document / audio / vidéo pouvant être utilisable par le reste du réseau.
En ce qui concerne les activités de cours, de formations et d’interventions publiques, l’équipe du CorteX ne s’étoffera que très progressivement suivant les sollicitations, alors n’hésitez-pas à créer des occasions pour nous faire intervenir.

Et en attendant, vous pouvez bien évidemment utiliser sans limitation les ressources en ligne – ce site est fait pour cela – à la seule condition de renvoyer vos publics vers leur source : vous leur donnerez ainsi l’opportunité de découvrir les travaux du réseau et, s’ils le souhaitent, de devenir contributeurs à leur tour.

Comment contribuer au CorteX ?

Il y a au moins quatre manières de contribuer :

  • comme enseignant : vous enseignez du contenu promouvant l’esprit critique ? Partagez vos ressources et venez piller les nôtres.
  • comme ressource : vous avez une expertise dans un domaine abordé par le CorteX ? Prévenez-nous.
  • comme chercheur : vous êtes en poste ou non, vous faites une thèse ou un dossier portant sur un de nos champs ? N’hésitez pas à nous en faire part.
  • comme veilleur : vous avez vu un documentaire ou lu un ouvrage pouvant contribuer à l’esprit critique ? Dites-le nous.Vous avez repéré un cas de dévoiement de la connaissance scientifique dans un média ? Informez-nous.

Ils/elles nous ont laissé prendre du matériel pédagogique

On les aime bien

Ils travaillent dans une même direction que la nôtre, font un travail de qualité et complémentaire à celui du CorteX pour la diffusion d’informations critiques. Nous ne sommes pas toujours d’accord, mais nous aimons leur démarche.

Associations & Collectifs

Structures universitaires

L’école de kinésithérapie de Grenoble – CHU Grenoble Sud Echirolles
Le DFI de Grenoble (ancien Centre d’Initiation à l’Enseignement Supérieur
Université Inter-Âge du Dauphiné
Le Laboratoire de Zététique de l’Université de Nice-Sophia Antipolis

Revues, SCOPS & entreprises

  • La revue Prescrire
  • Les Editions Matériologiques
  • Le Monde diplomatique
  • Le Monde Libertaire
  • Arrêt sur Image
  • Editions Agone
  • Editions Book-i-book.com
  • Blackmoon Productions

Celles et ceux sans qui rien n’aurait existé

Une rentrée 2012 sur les chapeaux de roue

 

CorteX_Bip_bip

.
C’est une rentrée 2012 sur les chapeaux de roue pour le CorteX.
Un bureau / fond documentaire mis à la disposition du CorteX à la bibliothèque des sciences de l’Université Joseph Fourier (Grenoble 1), un poste de chargé de mission « Sciences, critique & sociétés » à l’Université pour Richard Monvoisin et une flopée de nouveaux cours à Montpellier, Marseille, Grenoble et ailleurs, bref… Cette année s’annonce riche en esprit critique.

.


Nos enseignements pour l’année 2012-2013 (les dates sont inscrites à titre indicatif)

Grenoble

Marseille

Montpellier

Et ailleurs


Grenoble

Cours réguliers

Interventions ponctuelles

  • Formation Zététique et esprit critique pour les doctorants (service Doctoral pour la Formation, l’Initiation et l’insertion Professionnelle – DFI, ancien CIES)
  • deux sessions – à venir)
  • Formation Médias et pseudosciences pour les doctorants (DFI – à venir)
  • Formation Travail social & esprit critique pour les travailleurs sociaux (FNARS – 4,5 et 11 février 2013)
  • Cours Zététique & actualité en biologie, L3 biologie (4 octobre 2012)
  • Cours sciences et croyances, Master Communication & Médias (octobre 2012)

 

 


 

Marseille

 

 


 

Montpellier

 

 


 

Et ailleurs

  • Brest – Formation zététique (école d’ingénieurs – janvier)
  • La Rochelle – Formation Zététique & esprit critique pour les doctorants (du 18 au 23 mars)
  • Lausanne – Cours En quoi le concept de nature peut-il poser problème ? pour les étudiants de première année de psychologie (Université de Lausanne – 8 novembre)
  • Paris – Conférence Esprit critique & industrie agro-alimentaire (Hôpitaux de Paris – 9 octobre)
  • Rennes – Formation pour les Kinésithérapeutes (IFMK – 14 et 15 mars)

Football et chiffres en classe de seconde – Compte rendu du 2ème épisode par Ludovic Arnaud

CorteX_Atelier_chiffres_lycee_Doisneau_2_Ludovic_ArnaudLudovic Arnaud est enseignant au lycée Doisneau et a assisté à l’atelier Football et outillage critique que Guillemette Reviron a animé dans la classe de son collègue Julien Pinel. La semaine suivante, il le mettait en place dans sa propre classe de seconde. Il nous raconte.


Je viens de faire l’atelier Football et outillage critique avec mes élèves. Il y avait un premier groupe de 6 élèves (les autres étaient absents), et un deuxième groupe de 12. J’ai procédé de manière assez libre en improvisant mes réactions, mes synthèses au tableau, mes relances, en suivant globalement la démarche proposée.

Durée de l’atelier : 1h30

Description de la séance

– Ils s’installent à deux par ordinateur et visionnent une des vidéos en se partageant les oreillettes de leurs écouteurs (ils en ont tous). J’attribue les vidéos pour former trois groupes. A la fin de la vidéo ils discutent rapidement entre eux (ayant vu la même vidéo). Aucune autre information ou instruction.

 

– Ensuite, on se regroupe tous et je demande : « alors ? ». La discussion prend spontanément. On observe des premiers positionnements plus ou moins affirmés sur « des histoires chelou » ou « des histoires incroyables », on entend des « j’y crois pas », « c’est comme l’histoire de … » et puis rapidement des élèves prennent la parole pour raconter chaque vidéo. Je laisse un peu la discussion se poursuivre tant qu’il y a de choses qui s’expriment.

– Puis je recentre le débat : « la question que je vous propose de travailler ensemble n’est pas est-ce que j’ai envie d’y croire ou pas ?, mais qu’est-ce qui me permet de me faire rationnellement une opinion dans ce qui est avancé dans la vidéo ? Qu’est-ce qui me convainc ? Quels éléments de preuve m’apporte-t-on ?« .

En discutant avec les groupes, j’ai entendu plusieurs fois : « toi tu n’y crois pas, moi si, de toutes façons, chacun croit ce qu’il veut ». Il semble que le message vidéo laisse une impression particulière à l’élève qui va croire ou ne pas croire, ou hésiter entre les deux, uniquement sur la base de cette impression.

Il me semble qu’un objectif important dans cette séance est de les faire basculer vers une posture où ils sont capables d’avoir une activité intellectuelle pour chercher à questionner le message et dépasser ces premières impressions. Quelques élèves avaient cette attitude spontanément dès le début : « mais ils ne disent pas combien de scientifiques ont travaillé sur Ötzi ».

– Je les renvoie alors à un nouveau visionnage avec un questionnaire et un tableau à remplir.
– Ensuite on se regroupe devant le tableau et je parle de la force des chiffres pour convaincre quelqu’un : impression d’objectivité, de « scientificité », de rationalité, etc. Je leur explique qu’on va se concentrer sur cet aspect : « quels chiffres sont mis en avant pour appuyer chacune de ces thèses ? » et les élèves remplissent la première colonne avec des chiffres bruts.
– Puis j’évoque « Gomis » (voir l‘étape 4 de l’atelier). Cela passe très bien. J’introduis mes notions de chiffre « nu » et de chiffre « habillé » par un questionnement, et j’insiste sur le fait qu’il est nécessaire de rapporter les chiffres « nus » à d’autres données (ici, le nombre de buts par match) puis d’établir des comparaisons (ici, le goal average d’autres buteurs du tournoi) .
– Je leur demande de faire le même travail pour chaque sujet. Voici les tableaux-bilans réalisés par chacun des groupes :

CorteX_Atelier_chiffres_lycee_Doisneau_Ludovic_Arnaud_Tableau_groupe1
CorteX_Atelier_chiffres_lycee_Doisneau_Ludovic_Arnaud_Tableau_groupe2

 

– J’ai fait la mise en commun en étant plutôt directif mais il devrait être possible, en prenant plus de temps, de les rendre plus actifs dans cette phase. Une piste serait de reformer des groupes en mixant les précédents et de leur faire construire ensemble le tableau. Ensuite on pourrait comparer les tableaux des différents groupes avant que l’enseignant ne fasse sa synthèse. C’est surtout une question de temps. 

 

Voici quelques réactions d’élèves après le bilan : « ah ben oui alors, ça ne tient pas la route leur histoire », « présenté comme ça, on n’y croit plus du tout », « ah ben mince, c’est bien de se poser ces questions, ça évite de tomber dans le panneau ». J’ai conclu en disant que c’était une séance de « formation à l’esprit critique », en expliquant pourquoi il est important d’avoir de l’esprit critique et en précisant que cela demande un effort intellectuel.

 
 

Il y a eu d’autres réactions intéressantes qu’il faudrait saisir pour aller plus loin : « mais quand même pourquoi il y a des gens qui font ces vidéos si c’est faux, ces histoires ? »

Bilan des élèves après la consigne : « qu’est-ce que vous avez appris ? Donner votre avis sur cette séance. »
Tout le monde a bien aimé même si certains se sont demandé quel était le rapport avec la physique.

D’autres ont bien compris le message sur les chiffres, mais il s’agissait souvent de ceux qui avaient déjà un peu l’esprit critique affûté ; quelques élèves ont sans doute compris qu’il faut faire preuve d’esprit critique mais ils n’ont pas forcément assimilé les détails de la manipulation des chiffres ; d’autres encore n’ont manifestement pas perçu l’essentiel.

Plus précisément :

– 4 élèves ont cherché à décrire en quoi leur esprit critique avait progressé (« j’ai appris qu’il ne faut pas croire au peu de chiffres donnés mais qu’il faut chercher à connaître d’autres chiffres qui pourraient nous éclairer »).

– 6 élèves ont semblé découvrir l’importance de l’esprit critique (« désormais, je ne croirais plus à n’importe quoi sans me poser de questions »).

– 1 élève a répondu : « j’ai appris qu’il y a beaucoup de mystères sur les mers et dans le monde. Je pense que tôt ou tard, on découvrira les différents mystères étudiés »

 
 

Ce que je modifierais
J’ai repris les mêmes documents que ceux utilisés dans l’atelier de G. Reviron, mais je pense qu’on peut améliorer ce choix :
– les documents concernant Ötzi sont bons.
– pour le poste sur le triangle des Bermudes, la carte est intéressante mais pas facile à lire. Les valeurs sont en containers (?) et non en nombre de bateaux et j’ai dû les aider à faire un calcul d’ordre de grandeur du trafic maritime dans le triangle.
Note de Guillemette Reviron – J’ai donc ajouté le nombre de containers moyens par bateau dans le document 2. Ceci dit, je suis entièrement d’accord, il serait préférable d’avoir une carte plus facile à lire. Vous en avez trouvé une ? Ecrivez-nous.
– pour le travail sur Lourdes, il faudrait un autre document qui explique ce que sont les « guérisons remarquables » et comment elles sont décrétées.

Je suis passé vite sur la phase de bilan faute de temps alors qu’elle me semble essentielle. Je pense que si l’on veut et peut prendre une demi-heure supplémentaire, il faudrait retravailler la fin pour permettre à plus d’élèves d’aller plus loin et de bien saisir la force des derniers questionnements : quel est le trafic maritime mondial et le taux de disparition de navires sur toute la planète ? Quel est le taux de guérisons inexpliquées médicalement dans toute la population ? Quel est la mortalité moyenne dans la population sur dix ans et le nombre de personnes qui se sont occupées d’Ötzi ?
Le fait de trouver d’autres chiffres pour construire une valeur relative permet aux élèves de « relativiser un peu » leur première impression avec le chiffre brut. C’est déjà pour beaucoup une découverte, mais peu d’élèves vont spontanément plus loin et arrivent à voir à quoi il faut comparer ces chiffres relatifs pour pouvoir vraiment se faire une opinion en connaissance de cause. Cela demande un travail intellectuel qui n’est pas évident.
Une phase de confrontation entre eux sur ce qu’ils ont appris est indispensable si l’on veut consolider la rupture engagée. Et sans doute qu’avec un moment comme cela, celui qui « aime les mystères » sera bien obligé de se confronter à l’esprit critique nouvellement aiguisé de ses camarades.
A suivre donc.

Ludovic Arnaud