Vous vous rappelez du Petit recueil de 18 moisissures argumentatives pour concours de mauvaise foi ? (ici) Alors vous allez aimer cette compilation, dénichée par Julien Peccoud. Elle provient du site informationisbeautiful.net, et a été écrite et illustrée par David Mc Candless en avril 2012. Elle est élégante, assez complète, et une fois imprimée équipera délicieusement tous les bureaux, tables de chevet, salles d’attente de médecins, et décorera tous les sapins de Noël.
Richard Monvoisin
Catégorie : Zététique
2005 – 2015 Enseignement Zététique & Autodéfense intellectuelle – Licences Sciences
Créé en 2005 par Richard Monvoisin, sous l’impulsion de la chimiste Christel Routaboul et de l’astrophycienne Claudine Kahane, cet enseignement de 12 fois 2 heures inséré dans l’offre des unités d’enseignement d’ouverture (UEO), puis transversal (UET) s’adresse aux licences 1ère et 2ème année de sciences toutes disciplines, et les amène à élaborer un dossier d’investigation rigoureuse d’une affirmation scientifique controversé.
Table of Contents
Un peu d’histoire
Jusqu’en 2009, l’enseignement s’appelait Zététique & approche scientifique du «paranormal». À l’instar des enseignements du professeur Henri Broch à l’Université de Nice – Sophia Antipolis, le cours était fortement axé sur l’analyse scientifique des prétentions « para normales » et des pseudosciences. À partir de la rentrée universitaire 2009-2010, pour sortir du cadre paranormaliste, émarger sur des pseudo-sciences plus diverses (créationnismes, complotismes, usages frauduleux de l’histoire, etc.), et aborder la manufacture de l’opinion et la propagande, ce cours fut renommé Zététique & autodéfense intellectuelle.
En janvier 2013, à notre grande joie, cet enseignement est devenu accessible également à l’Université Pierre Mendès-France (Grenoble 2), réunissant donc des étudiants de sciences et de sciences sociales cassant un clivage disciplinaire injustifié. Depuis janvier 2014, les étudiants de Sciences po Grenoble peuvent également venir. Enfin, depuis septembre 2014, ce cours est ouvert également à l’Université Stendhal (Grenoble 3). Tous les étudiants de L1 et L2 peuvent donc le suivre, sans limite de place.
Quelques détails
Ce cours a lieu le mardi après-midi, de 17h à 19h.
Auparavant au DLST (Département des Licences Sciences & Techniques, 480 avenue centrale, campus de Grenoble St Martin-d’Hères), il se déroule depuis septembre 2014 dans l’amphithéâtre Weil. Des intervenants extérieurs y sont parfois invités.
Dernière particularité : ce cours est volontairement ouvert à tout le monde, promeneurs et curieux compris (ce qui ne devrait pas être une particularité, l’université devant dans l’absolu être ouverte à tout le monde).
Thèmes des dossiers traités
Voici la liste complète des 269 dossiers étudiants rendus et soutenus dans le cadre de ce cours (jusqu’en 2012 – la suite est à venir=. Les dossiers, de qualité très variables (certains remarquables, d’autres franchement inutilisables) sont accessibles au Bureau CorteX, Bibliothèque Universitaire des Sciences, 1er étage, 40 avenue des mathématiques, à Saint-Martin d’Hères. Sur Rendez-Vous – contact @ cortecs.org
Saison 1 : décembre 2005
1.04 – L’hypnose : une fin thérapeutique…ou une escroquerie ? – Islem Ghazi, Lorène Billon, Iris Neyron
1.05 – Entretien avec une voyante – Thibauld Duhem, Jonathan Perrin, Pascal Buis
1.06 – Les feux de Saint Elme – Un phénomène de foudre en boule – Caroline Hantz, Benoit Bonnevie
1.07 – Les mécanismes du Vaudou – Damien Aubert, Christopher Dor, Gaël Fatou
1.08 – Jésus, les textes et l’Histoire – Alicia Rillh Giovanetti, Fabien Anthonioz
1.09 – Le Mothman – Florence Bertrand, Morgane Billaud – 1.10 – Les géoglyphes de Nazca – Kevin Effantin, Rachel Amous
1.11 – Sourcellerie – Nicolas Touzard, Rémy Lopez, Mathieu Rochette
1.12 – L’Atlantide – Yvan Bossavit, Vivien Mazet
1.13 – Anne D’Ambricourt Malassé : petit traité d’imposture scientifique – Étienne Delay, Adrien Devos
1.14 – Les coupeurs de feu – Adeline Rossillon, Virginie Thiebault
1.15 – La magie noire – Aïcha Raffadi, Marie-Céline Touzet
1.16 – Les Rois Maudits – Magali Marchetto, Guillaume Le Van Suu
1.17 – Les géoglyphes de Nazca – Morgane Flaux, Fabien Pradon, Romain Wambeke
1.18 – Les sorcières de Salem – Mélanie Osternaud, Gaëlle Pommier, Norbert Rostaing
1.19 – Les mystères de la zombification – Mohammed Dhifi, Johanne Pentier
1.20 – La marche sur le feu – Orval Touitou, Jimmy Mergy
1.21 – La manipulation liée au spiritisme – Yannick Loriot, Nicolas Baudel
1.22 – Le fakirisme – Johan Xavier, Boris Le Ninivin
1.23 – Le triangle des Bermudes – Guillaume Gey, Benjamin Lombard
1.24 – Les illusions d’optique et leurs mécanismes – Adrien Rochaix
Saison 2 : mai 2006
2.02 – Les mystérieuses influences de la lune – Sabrina Montet, Magali Blanchard, Céline Gaspar, Elodie Dutkowski
2.03 – Le monde des Ummites – Sylvia Carvalho, Marianne Duret, Jennifer Maherou
2.04 – Papier d’Arménie : assainit, purifie, asphyxie ? – Guillaume Le Van Suu, Charlène Delétrée, Robin Faure, Mathieu Sousbie
2.05 – Atlantide, le monde perdu – Julien Trincaz, Hatice Karakaya
2.06 – Le triangle des Bermudes, mythe ou réalité ? – Zohra Betraoui, Marion Danger
2.07 – Les mystères de la grande pyramide d’Égypte – Adeline Audouin, Anne Boudillon, Marie Chapuis
2.08 – La communication avec les esprits – Séverine Maunoir, Mélanie Brun, Colombe Bonnet
2.09 – Les Dragons – Morgane Buisson, Arnaud Gavard, Christine Pignarre
2.10 – La science dans la scientologie – Axel Hars, Benjamin Guillard, Simon Piquenot, Farid Chelli
2.11 – L’ayahuasca utilisée par les chamans – Thomas Délémontex, Florent & Fabien Chardonnet, Manuel Adelh
2.12 – Les légendes urbaines – Marie Jouanneau, Kévin Mogeny, Mélanie Emptoz
2.16 – Les vampires – Ezequiel Pardo, Charlotte Boissard, Camille Allamand
2.17 – La mémoire de l’eau – Véronique Lallée, Romain Girard, Hugo Wuyam
2.18 – La polémique de l’acupuncture – Carole Guilloux
2.19 – Grenouilles et paranormal – Simon Bruno, Kristina D’Agostin, Cyril Florentin, Loïc Vignoli
2.20 – La bête du Gévaudan – Clément Buffaz, Florian Gohet
2.21 – Les hallucinations causées par les paralysies du sommeil – Denis Brouillet
2.22 – Les « larmes miraculeuses », le phénomène dit de lacrymation – Caroline Armand, Grâce Jouravel, Jean Aubert-Moulin, Blaise Robin
2.23 – le triangle des Bermudes, entre mythe et réalité – Anne-Line Pignoly, Sophie Gimenez
Saison 3 : décembre 2006
Saison 4 : mai 2007
Saison 5 : décembre 2007
Saison 6 : mai 2008
Saison 7 : décembre 2008
7.08 – La chance, entre concept scientifique et vue de l’esprit – Léa Ivanoff, Alicia Mermillod-Blondin, Thomas Martin, Anne-Laure Decaen
7.09 – Le LHC du Cern, un danger ? – Loahn Baldy, Sofia Louro De Oliveira, Rémi Ribeiro, Anthony Carlone
7.12 – L’unité Bovis – Benjamin Bouniol, Florent Dartora, Rafaël Milla, Pierre Antoine
Saison 8 : mai 2009
Saison 9 : décembre 2009
Saison 10 : mai 2010
Saison 11 : décembre 2010
Saison 12 : mai 2011
Saison 13 : décembre 2011
Saison 14 : septembre 2012
Saison 15 : décembre 2012
Remerciements
- Aux gens de l’ombre
Colette Fortanski, Régine Perigli, Béatrice Turc, Souad Amraoui (UJF) Victor Formuso, Toufik Lachkar, Daniel Meimoune (DLST), David Clamadieu (Weil)
- Aux chercheurs ayant osé endosser la responsabilité de l’aventure
Claudine Kahane (Laboratoire d’Astrophysique de l’Observatoire de Grenoble, ex-directrice du DLST), Patrick Lévy (Hypoxie, physiopathologies respiratoires et cardiovasculaires – HP2, Institut du Sommeil et de la Vigilance, Grenoble), Jean-Pierre Henry (UFRSTAPS)
- Aux individus ayant prêté un peu d’eux-mêmes et de leur connaissance dans ces cours
Sans parler des membres du CORTECS, envers qui la dette est grande : Jacques Van Rillaer (psychiatre), Jean-Jacques Aulas (psychiatre), Cyrille Barrette (biologiste), Jean-Léon Beauvois (psychologue social), Pierre Carles (documentariste), Pierre Deleporte (éthologue), Henri Broch (physicien) Fabrice Neyret (synthèse d’image), Marion Lamort-Bouché (médecin), Jessica Guibert (médecin), Mathieu Ruiz (neurosciences) Yves Bonnardel, Géraldine Fabre (Grenoble Universités), François B, Sandra Giupponi. Nicolas Vivant, Florent Martin, Franck Villard, Eric Bevillard, Jean-Louis Racca (Observatoire Zététique)…
Sophisme du pragmatisme
Le sophisme du pragmatisme. On tombe dans le sophisme du pragmatisme lorsqu’on prétend que quelque chose est vrai ou est efficace parce que ça marche. Par exemple, l’astrologie marche, la kinésiologie marche.
Le dictionnaire sceptique nous explique :
« Ce que « marcher » signifie ici n’est pas clair. Au minimum, cela signifie qu’on perçoit un bénéfice concret à croire que cela est vrai, malgré le fait que l’utilité d’une croyance soit indépendant de sa véracité. À ce niveau, « marcher » paraît signifier « J’en suis satisfait, » ce qui veut peut-être dire « Je me sens mieux » ou « Ça m’explique des choses. » Au mieux, « marcher » signifie « a des effets bénéfiques » même si les preuves sont très minces pour établir la causalité. »
La sur-representation de ce sophisme, basé sur un raisonnement de type Post Hoc ergo propter hoc, dans les prétentions des pseudothérapies est un des écueils majeurs à la construction d’une critique.
(tiré de Monvoisin, Pour une didactique de l’esprit critique, 2007, 4.3.5.3 p.261).
Mode d'emploi – monter un atelier Zététique en Collège/ Lycée
L’objectif du CorteX est de fournir de la ressource pédagogique pour tout enseignant qui souhaiterait développer l’esprit critique de ses élèves ou étudiants. Alors à chaque nouvelle initiative qui voit la jour, faire un petit topo s’impose.
Voici la description d’ateliers en 2011 :
Atelier zététique au Collège Lycée Elitaire pour Tous (CLEPT) de Grenoble, par Richard Monvoisin
Atelier Physique-Chimie et Esprit critique au collège Stéphane Mallarmé, à Marseille, par Denis Caroti
Atelier Zététique au collège Champollion à Grenoble, par Nicolas Gaillard
Atelier zététique au Collège Lycée Elitaire pour Tous (CLEPT) de Grenoble, par Richard Monvoisin
Le contexte : une classe de 15 terminales de diverses sections, en début d’année, et deux enseignantes, l’une de SVT (Elisabeth David), l’autre de philosophie (Emmanuelle Rozier)*.
Qu’ai-je proposé ? J’ai fait un exposé simple de la zététique, des enjeux, des rapports entre science et croyance, science et foi, science et idéologie, puis j’ai expliqué cette démarche universelle qui consiste à vérifier la source de l’information qui nous est délivrée. J’ai alors donné un exemple factuel de méthode appliquée à un support « paranormalisant » (car l’accroche est vite faite, quel que soit le public). Il s’agissait en l’occurrence de l’affaire de la momie Ötzi et de la présumée malédiction qui frappe ceux qui l’approchent.
Pourquoi ce choix ?
- D’une part parce que TF1 proposa en 2007 une séquence lors de l’émission « Les 30 histoires les plus mystérieuses » qui regroupe un incroyable nombre de biais et de malfaçons journalistiques (voir ici).
- D’autre part parce qu’il s’agit d’un sujet que je connais bien pour m’y être consacré en 2005 avec mon ami François Blaire. Je peux donc répondre à un certain nombre de questions sur la momie. Je pus surtout avec les élèves illustrer quelques manufactures journalistiques grossières.
Enfin, j’en vins à mon propos : leur proposer une enquète complète, de toutes pièces, sur un sujet du même genre : le Triangle de la Burle, ce fameux triangle « des Bermudes » des cévennes et ses fameux accidents d’avion.
Vrai ? Pas vrai ? Sources d’information, témoignages, livres, nous avons scanné la séquence qui porte sur le Triangle dans l’émission « Les 30 histoires les plus mystérieuses« .
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=-Be2xbhatzo]
Nous avons 7 séances programmées.
La première sert à les envoyer à la recherche d’informations. La deuxième devrait normalement servir à repartir avec méthode, et aller fouiller les informations de manière quasi-enquêtrice.
Je vous tiendrai informé des résultats et du rendu de l’expérience – qui devrait en tout état de cause être présenté en public courant novembre 2011.
A votre disposition pour toute question.
Richard Monvoisin
* L’équipe en question est emmenée par Dominique Bocher, Marie-Cécile Bloch et Bernard Gerde. Je tiens à remercier tout particulièrement Thomas Antoine, professeur d’Education Physique et Sportive, ainsi qu’Elisabeth David et Emmanuelle Rozier qui m’accompagnent hardiment dans cet atelier.
Atelier Physique-Chimie et Esprit critique au collège Stéphane Mallarmé, à Marseille, par Denis Caroti
La tâche est rude : parler de sciences physiques et chimiques à des élèves de 15 ans, en rupture scolaire pour la plupart, placés (avec leur accord) dans une classe spécifique pour bénéficier d’une alternance stages-cours au collège et dont la motivation pour ces derniers n’est pas toujours au rendez-vous, loin de là.
Cette classe de 3ème regroupe une vingtaine d’élèves, et se rapproche de ce que certains connaissent sous le nom de 3ème insertion.
Je les vois toutes les semaines, 1h en demi-groupe, en alternant le premier et le second d’un lundi à l’autre.
De ce profil particulier auquel je n’ai jamais été habitué, il fallait faire les choses autrement. Parler de physique-chimie je sais faire en principe c’est mon boulot mais centrer mon enseignement autour de l’esprit critique avec des élèves en décrochage scolaire, ça, c’est tout nouveau. J’ai donc décidé de semer quelques graines de sciences et d’esprit critique dans leurs cours. Comment ? C’est que je vais tenter de décrire ici.
Entrée en matière
L’idée de ces cours est simple : enseigner les sciences physiques sous un jour différent, sans lien direct avec les programmes de 3ème tout en suivant une ligne directrice « officielle », et en ayant pour objectif de former l’esprit critique des élèves.
Dans ce premier rendez-vous, j’ai donc commencé par présenter aux élèves l’objectif de cette année : faire des sciences, faire la chimie, de la physique avec plaisir et surtout en rendant cet enseignement utile pour eux. Rappel : pour eux qui n’en feront certainement jamais plus, de physique et de chimie…
Ensuite, nous avons discuté du sens de l’expression « esprit critique ». Oui, préciser ce genre de choses n’est pas inutile puisqu’aucun n’a pu me dire exactement de quoi il était question. « La critique monsieur, c’est quand on dit que c’est pas bien » fut sans doute la phrase la plus proche du sens réel.
Après quelques explications et exemples de critiques positives, nous sommes parvenus à une ‘définition’ simple : faire preuve d’esprit critique = être capable de distinguer le plutôt vrai du plutôt faux, donner et faire son avis en connaissance de cause.
Mise en application
Pour mettre en application concrètement ce premier travail sur le sens des mots, j’ai proposé de visionner cette vidéo :
[dailymotion id=xl8n20]
…qui souleva bien des réactions telles que « Je le savais, j’avais déjà vu un truc sur ça » ou « C‘est dingue ce que ça peut faire les ondes« .
Puis j’ai tout de suite enchaîné par celle-ci :
[dailymotion id=xl8o5c]
… qui suscita elle aussi de vives réactions, différentes néanmoins : « Ahhh, c’est un blague monsieur !! » ou « C’est truqué, ça se voit !«
Ces réflexions m’ont permis d’enchaîner avec une question simple : pourquoi pensez-vous que la seconde est truquée et pas la première ? Les élèves, étonnés, ont pu alors revoir la première vidéo et mettre en doute de sa véracité. Pourtant, toujours pas d’unanimité.
Mais comment trancher ? Je n’ai pas eu à attendre longtemps pour entendre « Il faut le refaire monsieur ! » L’occasion pour moi d’insister sur le rôle de l’expérience en sciences.
Et voilà comment nous nous sommes retrouvés, lors de la deuxième séance, à apporter bananes et graines de maïs au collège Stéphane Mallarmé…
La suite, bientôt.
Atelier Zététique au collège Champollion à Grenoble, par Nicolas Gaillard
La 1ère séance de l’atelier Atelier Science, zététique et esprit critique s’est déroulée avec un groupe d’une dizaine d’élève de 4ème du collège Champollion le 19 septembre 2011.
Première difficulté : le contexte. L’atelier est proposé ponctuellement pour l’instant. Il n’y a pas forcement de continuité dans les séances avec ce groupe ou un autre. Cela m’oblige à élaborer des contenus uniques d’une heure, qui doivent se suffire pour une première approche de l’esprit critique. L’idée générale est de proposer une séquence stimulante, basée sur la zététique, pour introduire la démarche scientifique.
J’ai procédé par mystification/démystification. J’ai présenté quelques tours de prestidigitations, comme des divinations ou de la télépathie, suggérant mes pouvoirs paranormaux. Je leur ai ensuite proposé de tester mon affirmation « j’ai des pouvoirs ».
J’ai ensuite repris le déroulé de la séance pour leur montrer qu’ils avaient simplement mis en action les bases d’un protocole scientifique.
Observation du phénomène = hypothèse d’explication provisoire = expérimentation = conclusion et formulation d’une autre hypothèse, jusqu’à la découverte de l’explication.
Les séances suivantes ont été consacrées au décorticage de vidéos de fantômes sur internet.
Ce support a été particulièrement apprécié par les élèves, habitués à recevoir ce genre de vidéos sur les réseaux sociaux, sans aucune prise de recul. Le principe était de regarder une vidéo, de faire des hypothèses rationnelles et enfin de découvrir l’explication.
3 catégories distinctes de vidéos de fantômes se sont révélées :
1/ Des trucages vidéos – souvent issus de publicités virales
2/ Une explication rationnelle du phénomène
3/ Les mises en scène – volontairement par des personnes pour faire croire au phénomène.
Pour finir, le groupe a lui-même réalisé une vidéo de chacune des catégories.
[dailymotion id=xm95kw]
Réalisé avec 2 bouts de ficelle, ce TP permet de se familiariser avec les 3 catégories pour mieux les repérer dans le futur, seul devant son ordinateur au fond de sa chambre !
Nicolas Gaillard
Le piège de l'arbre des possibles
L’arbre des possibles est un moyen commode pour expliquer comment notre cerveau, en plus d’affectionner la validation subjective, peut s’exposer à un biais d’échantillonnage pas évident à débusquer. Prenons un cas de prédiction de voyance, ou d’une quelconque mancie. Le voyant vous dit : « méfiez-vous de la route, des accidents de la route ». Examinons ensemble l’arbre des possibles qui s’offre à vous.
Avec « méfiez-vous de la route, des accidents de la route », vous avez 2 possibilités :
- Soit vous ferez très attention (car vous prêtez une grande capacité au voyant, ou parce que vous êtes suggestible et réceptif à ce type d’injonction).
- Soit vous n’y penserez plus (car vous vous en fichez).
S’ensuivent 4 configurations.
- Si vous avez fait attention et qu’il vous arrive ne serait-ce qu’un simple accrochage, la conclusion risque d’être immédiate : le voyant avait raison.
-
Si vous n’avez pas fait attention et qu’il vous arrive ne serait-ce qu’un simple accrochage, la conclusion risque d’être immédiate : le voyant avait raison (et vous auriez dû l’écouter)
- Si vous avez fait attention et qu’il ne vous arrive rien, la conclusion a de fortes chances d’être : heureusement que le voyant m’avait prévenu.
-
Si vous n’y avez plus pensé et qu’il ne vous arrive rien… vous n’y penserez plus ! Et il y a peu de chance que vous racontiez à quelqu’un ce qui est, au fond, un échec prévisionnel.
Quatre situations : trois qui valident subjectivement la prédiction et qui ont de fortes chances d’être racontées comme un fait incroyable, et une qui a toutes les chances de sombrer dans l’oubli. 100% des cas dont nous nous rappellerons seront des voyances positives.
Voici le schéma de l’arbre des possibles sur la voyance.
Il est somme toute très facile d’en créer d’autres : à l’école de kinésithérapie de Grenoble par exemple, Nicolas Pinsault et moi avons coutume de présenter un arbre similaire avec des phrases typique du thérapeute manuel, comme « Attention aux escaliers », ou « Allez-y mollo sur votre genou », ou « prenez soin de votre dos », etc. Efficacité illusoire mais garantie de la recommandation*.
Alors méfions-nous : ne nous laissons pas pendre aux branches de cet arbre.
Richard Monvoisin
* Pour les puristes : ce type de recommandation est un exemple de phrase « puits » (voir Effet puits) qui mobilise l’effet Barnum, décrit par le psychologue Forer dans Bertram R. Forer, « The fallacy of personal validation: A classroom demonstration of gullibility » in Journal of Abnormal and Social Psychology, 44, 118-123. (1949) téléchargeable ici.
Quantox : l’art d’accommoder le mot quantique à toutes les sauces
Il y a une pléthore de dérives autour des notions de « quantique ». Surinterprétations, incompréhensions, entretiens de faux mystères… À en croire certains articles, le monde de la physique quantique ressemblerait à celui de Matrix.
Cet article explique comment je m’y suis pris pour élaborer ma conférence et mon enseignement sur ce que j’ai appelé l’art d’accommoder le quantique à toutes les sauces, que j’ai présenté pour la première fois au colloque du GEMPPI (Groupe d’Etude des Mouvements de Pensée et de Prévention de l’Individu), à l’hôpital de la Timone, à Marseille, le 3 octobre 2009. J’encourage tout-e enseignant-e à s’en inspirer et à l’améliorer. Je précise que cette conférence a été pensée pour un public qui n’a jamais fait de physique.
Dans cet article seront abordés sommairement quelques éléments des théories quantiques et de leurs avatars pseudoscientifiques, puis une série de concepts physiques plutôt malmenés. Nous aborderons le problème des surinterprétations dont ce domaine est l’objet, puis quelques exemples de détournements idéologiques pouvant avoir des conséquences graves. Enfin, nous tenterons de cerner des responsabilités, et il faudra se rendre à l’évidence que les médias de vulgarisation jouent un rôle non négligeable dans la diffusion de pseudo-information.
Note 1 : cet article a été publié en juin 2011 dans le Bulletin de l’Union des Physiciens (BUP Vol. 105 N°935 pp 679-700). La version publiée, un peu plus « froide » et moins illustrée que celle du site, est téléchargeable ici.
Note 2 : le tout a fait l’objet d’un livre, Quantox, Mésusages idéologiques de la mécanique quantique, paru en janvier 2013 aux éditions book-e-book.com, Collection : Une chandelle dans les ténèbres.
Table of Contents
Introduction
La mécanique quantique est la théorie scientifique qui, en mêlant dans l’esprit du public science, fiction, complexité et mystère, créé probablement l’un des plus forts complexe d’infériorité intellectuelle. Ceci a au moins deux conséquences directes. La première est de laisser croire que de se pencher sur la physique actuelle est réservée aux génies, aux cerveaux et que le profane devra se contenter de vulgarisation plus ou moins hasardeuse. La seconde, plus tragique, est la prolifération des emplois abusifs du mot quantique, que ce soit dans le champ des pseudosciences, du paranormal ou de certaines thérapies discutables. C’est lorsque le mésusage du quantique s’est développé dans certaines dérives aliénantes ou sectaires que le GEMPPI s’est emparé du problème, et m’a demandé de développer simplement… ce que n’est pas le quantique. Cet article est tiré de la conférence faite à l’Hôpital de la Timone, à Marseille, le 3 octobre 2009, devant un parterre de grand public et de thérapeutes. Il développe tous les concepts abordés ce jour-là, avec la panoplie d’outils critiques nécessaires et les documents que j’ai choisi d’employer, pour donner à tout enseignant souhaitant aborder la possibilité de s’en inspirer.
Démarche critique
Il ne s’agira pas ici d’étudier la MQ elle-même, bien entendu, mais bien de voir en quoi les mauvaises interprétations de la théorie sont récupérées par une petite gamme de pseudo-sciences qui dévoient la théorie et entraînent des dérives à forte consonance sectaire. Et comme je vois la démarche critique zététique comme une forme d’éducation populaire, je vais présenter ce que j’ai dit pendant la conférence, en mettant à disposition toutes les diapositives et les documents dont je me suis servi, ceci afin que quiconque le souhaitant, enseignant ou non, puisse reprendre mon outillage ou s’en inspirer.
Dans la première partie, je donnerai une définition vague de ce qu’on entend par quantique. Dans la deuxième, j’aborderai les concepts développés par les « récupérateurs » du quantique. Je consacrerai une troisième partie à un retour sur les images culturelles et les idées reçues sur le quantique les plus ressassées dans les médias. Une quatrième partie tentera de montrer les dérives idéologiques et parfois sectaires que ces images culturelles sur-interprétées peuvent servir, tandis que dans la dernière partie, j’essayerai de montrer que la faute ne revient pas forcément à qui l’on croit.
Pour être totalement dénué de mathématiques, je resterai à fleur du sujet, faisant parfois de grossiers raccourcis, en espérant que les puristes de la discipline ne me lapideront pas à coups de quantons. Je donnerai à la fin quelques liens vers des œuvres ou ouvrages qui poussent le bouchon un peu plus loin. Car il n’y a pas besoin d’être spécialiste en physique quantique pour déjouer une grande majorité des pièges qu’elle tend.
1. Théories quantiques
Feynman plaisantait
Comment ai-je commencé ma présentation ? Par une brève histoire : ma première diapositive montrait les grands visages sévères des fondateurs de la mécanique quantique, tous du XXe siècle. Bohr, Fermi, Heisenberg, Planck, Pauli, Einstein, et en gros plan, Richard Feynman.
Feynman, physicien états-unien décédé en 1988 est un peu plus récent que les autres. Il reçut le prix Nobel en 1965, et devint surtout célèbre pour ses qualités pédagogiques et son humour. Mais il a été aussi l’artisan du mythe de la MQ en déclarant cette phrase devenue célèbre :
« Je peux dire de manière sûre que personne ne comprend la mécanique quantique1 ».
Quand un expert d’un domaine nous dit que personne – même lui – n’y comprend goutte, cela calme les ardeurs d’aller se frotter à la théorie. Et quand ils sont plusieurs à le dire, on frise l’apoplexie. Niels Bohr, par exemple :
« Ceux qui ne sont pas choqués quand ils rencontrent pour la première fois la théorie quantique ne l’ont probablement pas comprise »,
ou John Wheeler, récemment décédé :
« Si vous n’êtes pas complètement désorienté par la mécanique quantique, c’est que vous ne la comprenez pas ».
Revenons à Feynman : sa phrase, aussi belle soit-elle, est purement marketing et ne veut pas dire grand chose. On pourrait tout à fait écrire aussi « Je peux dire de manière sûre que personne ne comprend la théorie de la gravitation » car c’est tout aussi vrai. Certains épistémologues nous rassureraient en nous disant que de toute façon, la science n’a pas pour objet de comprendre, mais de décrire, et en ce sens, la MQ propose une description ultra-précise des phénomènes sur lesquels elle se penche. Que demander de plus ? Pourquoi alors Feynman a-t-il dit cela ? Probablement parce que la MQ, on va le voir, a ceci de particulier qu’elle est parfois contre-intuitive, c’est-à-dire que ce qu’elle décrit ne ressemble pas vraiment à ce que l’on voit tous les jours. Entre nous, ça ne doit pas pour autant engendrer une grande déférence : la vie des cloportes, la survie des pandas sont aussi contre-intuitives, et personne n’est complexé pour autant devant un spécialiste des cloportes ou des pandas.
Donc foin de complexe ! Oublions la phrase de Richard Feynman.
Quantique, c’est le beurre en plaquettes
Qu’est-ce donc que la MQ ? Aussi surprenant cela soit-il, ce n’est pas si terrifiant. Quantique vient de quantum, qui veut dire petite quantité. Jusqu’au début du XXe siècle, les notions physiques étaient des notions continues. Continu veut dire qu’on peut envoyer valser un objet avec une vitesse de 150 kilomètres à l’heure, de 151, de 150,5, 150,45 ou 150,9999999, bref toutes les valeurs que vous voulez. Pareil pour la chaleur, la température, la conductivité, la force, etc. Or advint une gamme d’observations de phénomènes qui obligea les physiciens à considérer que dans le monde des particules, à une échelle minuscule, il y a des notions qui ne sont pas continues et font des petits sauts de valeur, comme des sauts de puce. Pour faire une analogie, disons que chez le crémier, vous pouvez acheter une valeur continue de beurre (par exemple 147,52 grammes) alors que dans le monde quantique, vous êtes, comme chez l’épicier, contraint d’acheter par plaquettes de 250 ou 500 grammes. Comme ces notions font des sauts, on parle de phénomène quantique, « qui fait des sauts ». C’est tout ? C’est tout.
N’est pas quantique qui veut
On parle alors de mécanique quantique, – au sens mécanique de description du déplacement (comme dans « mécanique céleste »). On parle de théorie quantique aussi, qui est plus vaste, car elle englobe d’autres aspects dont nous n’avons pas besoin ici, comme la théorie quantique des champs. On parle également de chimie quantique, lorsqu’on utilise la MQ pour comprendre comment des propriétés chimiques naissent entre les atomes. En toute rigueur, mécanique n’est pas le meilleur terme, puisqu’il implique qu’on étudie vitesse et position, ce qui n’est pas tout à fait possible (cf. chap. 3). Physique quantique serait la formulation la plus juste : mais Mécanique Quantique est plus utilisé par les récupérateurs du quantique. Quant à Physique Quantique, cela donnerait PQ, ce qui fait tout de suite moins sérieux.
Depuis quelques temps en France, on voit naître le mot quantique dans des endroits saugrenus. Cette tendance remonte aux années 80 aux États-Unis, mais elle est plus récente en France et offre des surprises de taille. Nous entendons par exemple parler de « thérapies quantiques », dont traitent de plus en plus d’ouvrages aux titres fleuris, au premier rang desquels se trouvent en pagaille ceux de Deepak Chopra, le gourou de la santé, initiateur de ce courant et auteur de Le corps quantique, Trouver la santé grâce aux interactions corps/esprit (2003) ; mais on trouve également L’ADN et le choix quantique, de Kishori Aird (2005), Médecine, le grand tournant vers la médecine quantique, de Simone Brousse (2004) et B.A-BA Médecine quantique, de Jean-François Mazouaud (2007).
Les thérapies revendiquant une notion « quantique » portent parfois d’autres noms, comme l’Holoanalyse ou la Reconnexion.
Il arrive même que ces ouvrages, bien achalandés, soient rangés au milieu des livres de physique dans les grandes surfaces. En parallèle est née toute une gamme de produits quantiques, c’est-à-dire des objets qui revendiquent la MQ pour prouver leur efficacité. Entre autres des lasers quantiques thérapeutiques, des physioscans quantiques, des couvertures quantiques et des patchs quantiques, comme ceux de Lifewave, qui ont pour slogan la puissance de la science quantique de demain associée à l’acupressure millénaire (sic !).
Une sorte de foirfouille du quantique s’est donc peu à peu créée, noyant le client/patient dans une cacophonie de sollicitations dans lesquelles il va falloir essayer de s’y retrouver.
2. Concepts
On peut recenser trois grands domaines, hors sciences physiques, dans lesquels le quantique est utilisé. Il y a le champ des thérapies dites quantiques, les voyances quantiques et une branche qu’on pourrait qualifier de paranormal quantique. Comme nous allons le voir, les concepts utilisés par les nouveaux théoriciens quantiques ne sont pas très nombreux. Ils se chevauchent tous un peu, et empruntent au quantique sensiblement les mêmes images, les mêmes lieux communs. Cela va grandement nous faciliter la tâche.
Thérapies quantiques
Dans le champ des thérapies, voici les notions centrales développées par D. Chopra, le plus célèbre des défenseurs de la médecine quantique. Ces notions sont sensiblement les mêmes chez tous les « thérapeutes quantiques ».
1. La physique quantique permet d’expliquer une « communication intercellulaire ».
2. La dualité onde-particule de la MQ (cf. 3 Surintérprétations) est une analogie de la dualité en soi, entre le corps et l’esprit. Si l’on prend en compte cette dualité, on peut réveiller des énergies nouvelles, fortement curatives.
3. Le principe d’incertitude d’Heisenberg, grand pilier de la MQ (cf. 3 Surintérprétations) montre que la science n’est pas suffisante pour tout connaître, et qu’il faut trouver un paradigme complémentaire. Chopra propose en l’occurrence l’Ayurveda, qui est une combinaison religieuse de textes sacrés qui édictent des principes (comme les cinq éléments ou les trois doshas) pour atteindre un bien-être durable.
4. L’observateur a un rôle dans le monde quantique, donc l’observateur peut influer sur la matière, donc la conscience peut influer sur la matière, donc l’observateur peut décider sa guérison.
« Dualité », « incertitude », « inter-cellularité » et « observateur qui peut influer sur la matière » : quatre images très courantes, souvent répétées, et couramment reprises. Quatre images qui se marient très facilement avec d’autres pseudo-médecines : exemple pris chez Jean-Louis Garillon, « docteur » en naturopathie (voir ci-dessous Documentation). On apprend qu’en vertu de la MQ, matière et onde sont une seule et même chose, et qu’un organe sain émet une vibration précise que la fatigue, le stress ou la maladie viennent dérégler. Or, grâce à la MQ, chaque cellule contient l’information de tout l’organisme. Par conséquent, il suffit d’agir par résonance sur l’organe, grâce à l’aromathérapie, pour redonner la bonne fréquence, réparer les données altérées et ré-harmoniser tout l’organisme. C’est beau comme du Prévert, et c’est raconté en vidéo sur Internet. Mais est-ce vrai ?
Voyances quantiques
Le quantique vient également servir le monde de la voyance et de quelques autres capacités présumées du psychisme humain. On lit fréquemment sur la toile des choses comme :
– « [La MQ montre] qu’au niveau de l’infiniment petit, les particules se moquent de l’espace… mais aussi du temps linéaire » (http://www.guidedelavoyance.com/)
– Il existe une autre dimension du réel où les relations de cause à effet seraient purement et simplement abolies, et qui ainsi expliquerait que des esprits particuliers puissent capter des choses échappant au commun des mortels. À ce niveau, est généralement convoqué à citation un auteur spiritualiste, parfois Trinh Xuan Thuan, mais généralement le défunt Olivier Costa de Beauregard, avec des phrases du type :
« [une autre dimension] qui imprégnerait tout l’univers, en reliant entre eux les points les plus éloignés aussi bien que les plus proches et dans un temps qui rassemblerait passé, présent, futur dans un même instant immuable et comme immobile… L’éternité, en somme, telle que s’appliquent à la définir les catéchismes de la plupart des grandes religions ».
– Il serait donc possible pour les voyants, grâce à leur mystérieux 6ème sens empruntant cette dimension, de deviner le futur et le passé dans le présent.
« Paranormal » quantique
Question paranormal, les concepts sont sensiblement les mêmes. Par le principe d’incertitude de Heisenberg, l’observateur fait corps avec le système mesuré, ce qui implique que tout système physique serait donc en relation holistique avec tout l’Univers. Cette cohésion universelle cachée, cette intrication (cf. chap. 3) permettrait ainsi que tout changement quantique dans un système donné implique un changement quantique dans un autre, ce qui expliquerait par exemple les actions à distance.
Ainsi, les phénomènes de psychokinésie et de Poltergeisten
« ne seraient que le résultat inévitable d’un transfert de K-quanta entre le système conscient qu’est le sujet psi et se système fait de l’objet mobilisé psychiquement ».
Jean-Pierre Girard, célèbre psychokinète français spécialisé dans une prétendue torsion des métaux par l’esprit, a tenté lui aussi dans son Essai de théorisation du phénomène P.K, d’impliquer la MQ :
« L’élaboration d’une théorie ressortant du domaine de la mécanique quantique et de l’interaction Esprit-Matière est tout à fait cohérente, si je pose le postulat que la Conscience est capable de faire collapser la fonction d’onde.»
C’est absolument séduisant. Mais comme se le répète le zététicien, le soir dans son lit à baldaquin : les yeux du cœur ont mauvaise vue.
3. Surinterprétations de la MQ
Je vais me cantonner à battre en brèche les interprétations abusives courantes sur cinq des objets culturels les plus cités de la MQ : la formule E=mc2, la dualité onde-corpuscule, le principe d’incertitude de Heisenberg, le chat de Schrödinger et l’intrication quantique.
E=mc²
Célébrissime équation, E=mc² ne relève pas vraiment de la MQ – au contraire, elle pose encore des problèmes d’intégration à la théorie quantique. Mais peu importe, elle est incessamment brandie à tort et à travers. Elle est perçue comme l’aboutissement du génie humain, capable en une sorte de théorie du tout, de résumer le monde en quelques lettres. J’utilise à ce niveau de l’exposé un court extrait du docufiction E=mc² biographie d’une équation, de Johnstone Gary (2005).
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Outre l’image un peu facile et très exploitée médiatiquement d’Einstein comme symbole de l’intelligence humaine, cette équation laisse penser principalement deux choses. D’une part, que tout est énergie ; d’autre part que toute énergie est matière.
Prises comme telles, ces interprétations engendrent plusieurs représentations fausses. Tout est énergie, par exemple, nous laisse penser que toute matière est convertible en énergie, et comme le facteur c² est immense, (c est la vitesse de la lumière) tout corps, en particulier le corps humain, renferme une quantité d’énergie incroyable qu’il faudrait apprendre à utiliser. Une masse même petite comme 1 gramme possède potentiellement une quantité énorme d’énergie (environ cent mille milliards de joules, de quoi largement faire des millions de biscottes).
Le monde ne se plie pas à nos exigences
Ce qui est rarement précisé, c’est qu’il s’agit d’une équivalence entre la masse et l’énergie « de masse », purement calculatoire, et on ne peut pas passer de l’un à l’autre directement. Il y a d’autres lois qui montrent qu’on ne peut espérer convertir la matière en énergie suivant cette formule. Un peu comme si, en regardant les icebergs du Groenland, on imaginait combien de parcelles de déserts on pourrait arroser.
Penser que la matière recèle autant d’énergie vient à l’appui de toutes les croyances postulant des énergies mystérieuses, que ce soit dans le champ des interactions personnelles, des capacités extraordinaires ou dans le domaine thérapeutique. E=mc² sert de viatique pour appuyer l’idée, par exemple que les énergies vitales et curatives existent matériellement – ce qui semble accrédité par l’idée que toute énergie est matière. Ce qu’on conclut trop vite, c’est que même si l’énergie (au sens physique) a une équivalence avec la matière, cela ne rend pas matérielle et physique les énergies des médecines énergétiques, par exemple, qui n’ont que le mot énergie en commun. Voici par exemple ce que l’on peut lire chez Jean-Marie Bataille, dans Le biomagnétisme humain :
« Partant du principe d’Einstein démontrant que la matière est de l’énergie, nous sommes tous capables avec les énergies électromagnétiques qui sortent de nos mains de créer un plasma énergétique immatériel, pour le transformer en cellules biologiques matérialisées ».
Hélas (je dis bien hélas, car j’aimerais bien que ce soit vrai), l’équation d’Einstein n’est en rien un gage de l’existence d’énergies auto-proclamées, et encore moins une caution de techniques comme l’utilisation des mantra.
« Einstein formula sa fameuse équation E = mc2, et en accord avec la pensée moderne scientifique qui dit que chaque molécule est issu de l’énergie d’une vibration, chaque atome, at-Om, provient de la vibration primordiale qui est symbolisée par OM » (www.omsweetom.com).
Lire ceci doit nous encourager à la méfiance. Même si cette équation ne relève pas du quantique, E=mc² est importante, et explique par exemple pourquoi lors de certaines collisions de masse de l’énergie peut être libérée, ou de la masse créée. Mais il ne faut pas se servir de ce qu’on croit avoir compris pour accréditer ce qu’on aimerait qu’il soit vrai. Comme il se dit souvent en philosophie des sciences, le monde et sa réalité ont peu tendance à se plier à nos exigences.
La dualité onde-corpuscule
La dualité onde-corpuscule est le deuxième des objets culturels dévoyés. Il part d’une bizarrerie physique des objets micro-microscopiques (tout petits, quoi) : ces objets possèdent des propriétés d’ondes ET de corpuscules : je mets ET en majuscule pour bien souligner qu’à l’échelle macroscopique, celle de notre vie de tous les jours, ces deux descriptions sont parfaitement incompatibles. Une onde, c’est un déplacement de déformation, comme des ronds dans une flaque d’eau, mais la matière ne bouge pas. Un corpuscule, c’est un grain de matière. Or il n’y a pas d’objet présentant des caractères ondulatoires et des caractères corpusculaires en même temps.
Plus surprenant encore, il semble que le comportement de ces objets se comportent soit comme une onde, soit comme un corpuscule, selon comment l’observateur cherche à les observer. Un document vidéo que j’utilise ici est une partie animée montrant l’expérience des fentes d’Young tirée de What the bleep do we know (cf. Documentation).
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Cela lança le festival des interprétations abusives, qui fleurirent comme la mandragore sous les gibets. Elles entretinrent, et entretiennent encore des idées reçues, dont voici les trois plus graves : la matière est duale ; la matière obéit à l’esprit de l’observateur ; et la MQ rompt avec un déterminisme froid et lugubre.
L’ornithorynque quantique
Que la matière soit prétendue duale est une manière de parler qui a permis à de nombreux spiritualistes (personnes qui postulent que l’esprit n’est pas réductible à la matière, et qu’il existe des entités, comme l’âme qui échappent à la description des sciences) de faire des ponts faciles avec des courants religieux. On y lut la dualité corps-esprit, commune aux religions monothéistes. On a cru y trouver aussi une preuve de la dualité dite orientale, type bouddhiste ou hindouiste, qu’on se représente souvent sous la forme de la boule noire et blanche Yin-Yang. Pourquoi ces ponts avec les courants spirituels, aussi séduisants soient-ils, sont-ils trompeurs ? Parce qu’il n’y a pas de réelle dualité de la matière. C’est une dualité de description seulement. Prenons une analogie rigolote : l’ornithorynque. Imaginons qu’un explorateur du XVIIIe siècle en Australie, tombant face à face avec la bestiole, veuille le décrire : il dira vraisemblablement que cet animal ressemble à un canard. Imaginons maintenant un second explorateur, le voyant de dos, ou de loin : l’animal ressemble plus volontiers à quelque chose proche d’une taupe. Mais l’ornithorynque n’est ni une taupe, ni un canard. C’est un ornithorynque (qu’en anglais on appelle d’ailleurs duck-mole, canard-taupe). On ne parlera pourtant pas de « dualité canard-taupe » ! On dira qu’il existe un autre animal, qui n’est ni un canard, ni une taupe, mais qui selon comment on le regarde, ressemblera au canard ou à la taupe. Il ne viendra pas à l’idée du lecteur d’y voir un pont avec le Yin et le Yang (merci à J-J. Lévy-Leblond, à qui je crois devoir cette analogie).
Pour la MQ, c’est pareil. Les modèles d’objets microscopiques ont des propriétés et d’onde, et de corpuscule, ce sont de nouveaux modèles d’objets.
Un autre exemple facile à utiliser est le cylindre : si son ombre est projetée selon son axe principal, elle sera ronde.
Si son ombre est projetée de côté, elle aura l’air carré. Personne ne dira néanmoins que le cylindre est une dualité carré-cercle.
Le cylindre est-il à personalité multiple ? |
La matière n’a pas pour but de nous faire plaisir
Puisqu’on étudie l’objet quantique comme une onde, il se comporte comme une onde. Si on le souhaite corpuscule, il se plie à notre exigence. De là à conclure que la matière obéit à l’esprit, il n’y a qu’un entrechat rapidement franchi. Reprenons l’exemple du cylindre : si on le regarde de face, on le voir rond ; de côté, on le voit carré. Se plie-t-il à notre exigence pour autant ? Nous touchons là un point sensible de la MQ : le langage. Si les enseignants et les vulgarisateurs s’astreignaient à ne plus parler de dualité onde-corpuscule, mais simplement d’un nouvel objet, qu’on appellerait par exemple quanton2, alors les dérives interprétatives seraient plus limitées, de même que l’ornithorynque a été distingué rapidement de sa dualité canard-taupe.
Le déterminisme et les fossoyeurs empressés
Le déterminisme est la théorie selon laquelle la succession des événements physiques est due au principe de causalité. On l’illustre souvent par cette parabole : si on pouvait connaitre toutes les positions et les vitesses de tous les fragments de matière de l’univers à un moment précis, on pourrait potentiellement connaître leur position et leur vitesse à n’importe quel moment ultérieur. En gros, connaître la position et la vitesse de toutes les particules du chanteur Carlos à un moment donné aurait pu permettre de prédire ses chansons-phare, comme Big Bisou ou Tirelipimpon sur le chihuahua.
Le déterminisme est un peu le croquemitaine de la philosophie des sciences : beaucoup craignent que si déterminisme il y a, alors tout est prédéterminé, le libre arbitre s’évapore, nous ne serions plus que des machines dont même les créations les plus artistiques et les plus sensibles ne seraient que le résultat d’une immense équation. La frayeur qu’exerce sur le pape Benoît XVI la théorie de l’évolution est de cet ordre. Très récemment, en décembre 2009, il écrivait :
(…) lorsque la nature et, en premier lieu, l’être humain sont considérés simplement comme le fruit du hasard ou du déterminisme de l’évolution, la conscience de cette responsabilité [de l’exploitation de l’environnement] risque de s’atténuer dans les esprits. Au contraire, considérer la création comme un don de Dieu à l’humanité nous aide à comprendre la vocation et la valeur de l’homme.
Situation en faux dilemme : soit on accepte le déterminisme, et on perd sa responsabilité dans le combat écologique, soit on le refuse, et on retrouve la valeur de l’humain. Cette peur du déterminisme est tellement sur-employée comme un levier rhétorique qu’elle a également amené N. Sarkozy à la dénoncer lui aussi dans son livre La république, les religions, l’espérance (pour une analyse de ce livre, voir ici). Pour résumer, qui refuse les religions et opte pour l’athéisme tombe dans le déterminisme le plus froid, source de toutes les désespérances, et donc d’une frange des délinquances. Raisonnement magique, mais très efficace.
Bref, qui veut tuer le déterminisme l’accuse de la rage. Mais l’enjeu est de taille : qui montre la fin du déterminisme impose d’introduire une nouvelle variable non physique, une volonté immanente, une main invisible. Et comme on nous bassine de dualité onde-corpuscule, l’idée de dualité matière-esprit aidant, la question de Dieu et de ses avatars est réintroduite (ce qu’on appelle couramment une intrusion spiritualiste) au nom du libre-arbitre dans la science, par tous les orifices, si vous me passez l’expression. La MQ, semblant montrer que la matière avait plusieurs facettes dont certaines sensibles à la volonté de l’observateur, devient tout à coup la « preuve » que le déterminisme est mort. Des livres entiers ont chanté cette fin du déterminisme – je pense notamment à certains livres de Jean Staune et de l’« Université » Interdisciplinaire de Paris.
Imprévisible n’est pas indéterministe
Or, n’en déplaise aux grincheux, le problème est sensiblement le même que précédemment : le monde physique est comme il est, et non comme on voudrait qu’il soit. Et rien ne montre que la MQ n’est, heureusement ou non, pas déterministe. Le débat étant vite complexe sur cette question, je vous renvoie si vous êtes curieux à l’excellent document de Jean Bricmont qui détaille un peu ce problème (La mécanique quantique pour les non-physiciens, cf. Documentation). Contentons nous en attendant d’insister sur un seul point : ce n’est pas parce que quelque chose est imprévisible qu’il est indéterministe.
Je m’explique. Prenons le tirage du loto, chaque soir. Le tirage est imprévisible, au sens où il est peu probable de tomber sur la bonne série de nombre parmi les millions de possibilités. Mais le tirage est déterministe : si nous avions la position et la vitesse de toutes les boules, nous pourrions potentiellement suivre les trajectoires de chacune et trouver le bon résultat. Autre exemple : le temps qu’il fera dans une semaine est difficilement prévisible, mais entièrement déterministe. L’équation centrale de la MQ, l’équation de Schrödinger, tout comme les équations de Navier-Stokes qui régissent les turbulences météorologiques, sont des équations 100% déterministes. Imprévisible ne veut pas dire mort du déterminisme – par conséquent n’est en rien une occasion de réintroduire Dieu, ou un dessein intelligent qui guiderait le monde vers un but prédéfini à l’avance.
Points communs entre l’équation de Schrödinger et le loto : imprévisibilité mais déterminisme. |
Relation d’incertitude de Heisenberg
Au tout début le la MQ, un brillant physicien du nom de Heisenberg posa ce qu’on commença à appeler le principe d’incertitude. C’était en 1927. Il s’écrit
La signification de ce que disait Heisenberg est qu’il n’est pas possible d’imaginer un environnement expérimental permettant de définir la position (ici X) et et la vitesse (ici P, la quantité de mouvement) de façon aussi précise que l’on veut, car vitesse et position n’ont pas de sens en même temps dans le monde quantique. Oui, c’est bizarre, mais c’est ainsi.
Pressentant qu’il allait être mal compris, Heisenberg transforma vite incertitude en indétermination, mais la traduction en anglais le devança, et installa durablement le terme incertitude. Beaucoup y virent alors un simple problème de mesure, un peu comme vouloir mesurer la taille d’un atome avec un double-décimètre. Mais c’était plus compliqué que cela ; ce n’est pas l’observateur qui n’a pas les outils adéquats, et quand bien même il les aurait, que le problème serait toujours là : il ne pourrait pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Ou, pour faire toucher du doigt le type de problème : si on veut savoir si une allumette marche, il faut l’allumer – mais une fois grattée, on ne sera pas plus avancé.
Il s’agit bien d’une indétermination. Et comme Heisenberg l’a prouvée, le fameux principe devient donc en toute rigueur un théorème. Par conséquence, si l’on souhaite être précis, il faut parler de théorème d’indétermination de Heisenberg.
Car « principe d’incertitude » a eu un effet désastreux sur le public. Les conclusions tirées furent bien sûr : la fin des mesures, la Nature inconnaissable en soi, la fin des certitudes, et donc celle du déterminisme, que nous avons déjà abordé. Et qui dit fin des certitudes dit que « tout se vaut », et nous fait sombrer dans le relativisme cognitif complet (pour plus de détails, on pourra lire Sokal et Bricmont, Impostures intellectuelles, cf. Documentation).
Il suffira d’insister sur quelques points pour sortir du bas-côté. Rappelons que la MQ est totalement déterministe. Rappelons aussi qu’elle a une précision inégalée dans ses prédictions, ce qui bat en brèche l’idée que tout se vaut. Ordinateurs, lasers, diodes, quoi qu’on en pense, sont autant de preuves d’applications de cette redoutable précision.
Il faut aussi se méfier du transfert de phénomènes du champ microscopique au champ macroscopique. Imaginez un petit dessin tout moche, prélevé sur une frise : la beauté artistique ne nait que de la frise, c’est-à-dire l’agencement de dizaines de motifs les uns par rapport aux autres, mais le motif tout seul, lui peut être tout à fait hideux. Voyez ? La beauté de la frise nait en prenant du recul. La couleur est aussi un peu le même principe : elle ne naît que parce que beaucoup d’atomes prennent la forme d’un objet, c’est une propriété macroscopique. Néanmoins, un atome seul, même de carbone, n’a pas vraiment de couleur.
Dans le sens inverse, c’est pareil : plus les objets sont gros, moins les effets spécifiques de la MQ se font sentir, ce qui fait que pour décrire notre monde usuel, la physique classique est pratiquement exacte. Donc rêver de transférer la (pseudo)dualité onde-corpuscule, ou l’idée d’une (pseudo)incertitude fondamentale de la connaissance, à notre monde, est aussi saugrenu que, disons, de conclure de l’observation des amibes que nous pourrions nous aussi nous reproduire de la même façon si nous faisions un effort (*).
(*) En 2004, D. Van Cauwelaert, auteur à succès, m’a soutenu le plus sérieusement du monde lors du festival Sciences Frontières la thèse suivante : à la manière des salamandres, si nous nous faisions amputer d’un membre et empêchions ensuite la cicatrisation, alors le membre repousserait de lui-même. C’est le courage qui, selon lui, manque aux scientifiques pour essayer.
Le Chat de Schrödinger
L’affaire – car c’est une affaire – du chat de Schrödinger est un incontournable de la MQ. Sans cesse vulgarisé, ce chat, ne lui en déplaise, est une vraie poule aux œufs d’or. Voici l’histoire, mais je vais faire un petit détour nostalgique.
Si vous avez fait le lycée – ce qui n’est pas nécessaire du tout pour notre propos – vous vous rappelez peut être cette secousse qu’on peut vivre au lycée quand on étudie les équations du 2ème degré (les ax²+bx+c=0, ce genre de truc affreux) : on nous apprend que les solutions existent si le discriminant est supérieur ou égal à 0, mais qu’elles n’existent pas si le discriminant est négatif. Or, un an plus tard, en terminale, on nous révèle que ces dernières existent tout de même, mais ne sont pas « réelles », comme si elles étaient dans une autre dimension, un autre domaine de nombres ! Ça crée une sorte de déflagration cérébrale, assez perturbante.
En MQ, le plus difficile à saisir est que la description du monde qu’elle propose passe par l’utilisation d’outils mathématiques appelés des fonctions d’onde, et qui décrivent les objets non par des mesures, mais par des amplitudes de probabilité. Je passe sur les détails, mais il faut savoir qu’une fonction d’onde peut donner une description de son objet non plus dans un certain état ou un autre, – par exemple ON / OFF – mais d’une superposition de deux états, c’est-à-dire ON et OFF plus ou moins en même temps. Et c’est seulement lorsqu’une mesure va être faite que l’état de l’objet va bifurquer, se figer, en ON ou en OFF. Un atome peut se retrouver par exemple dans un état quantique superposé, à la fois intact et désintégré, qui ne sera tranché en intact ou désintégré qu’à partir du moment où quelqu’un va venir le regarder. On se croirait devant la Licorne Rose Invisible, qui disparait dès qu’on la regarde !3
Chat de Schrödinger vs chat de Cheschire
Pour illustrer ce problème, Erwin Schrödinger, semble-t-il inspiré par le chat d’Alice au pays des merveilles, a imaginé une expérience dans laquelle un chat est enfermé dans une boîte avec un dispositif qui tue l’animal dès qu’il détecte la désintégration d’un atome d’un corps radioactif. Schrödinger imagina un détecteur de radioactivité type Geiger, relié à un interrupteur provoquant la chute d’un marteau cassant une fiole d’acide cyanhydrique liquide sous pression – une fois le flacon brisé, le liquide se vaporise, devenant un gaz mortel qui dessouderait le chat. C’est cruel, n’est-ce pas ? Pour la petite histoire, Einstein, lui proposa un baril de poudre pour faire sauter le chat, ce qui n’est guère plus gentil.
Si les probabilités indiquent qu’une désintégration a une chance sur deux d’avoir eu lieu au bout d’une minute, la MQ indique que, tant que l’observation n’est pas faite, l’atome est simultanément dans deux états (intact/désintégré). Or le mécanisme imaginé lie l’état du chat (mort ou vivant) à l’état des particules radioactives, de sorte que le chat serait simultanément dans deux états (l’état mort et l’état vivant), jusqu’à ce que l’ouverture de la boîte (l’observation) déclenche le choix entre les deux états. Du coup, on ne peut absolument pas dire si le chat est mort ou non au bout d’une minute. On dit que le chat est mort-vivant, ce qui plaira aux amateurs de films d’horreur. Mieux, on dira plus précisément que le chat est (|mort> + |vivant>)/√2 ce qui, il faut l’avouer, peut empêcher de dormir un moment.
Mort-vivant ?
Qu’est-ce qui cloche ? Notre intuition nous dit que les phrases « le chat est mort » et « le chat est vivant » ne peuvent être vraies en même temps. Mais dans le monde quantique, il existe une troisième possibilité : le chat peut être dans un état de superposition, dans lequel il cumule plusieurs états classiques incompatibles. Il n’y a pas de problème logique, c’est juste qu’un objet quantique peut avoir des propriétés contredisant notre expérience quotidienne. C’est l’utilisation du chat, macroscopique, qui fout le bazar, car cette superposition d’état n’existe pas hors du monde microscopique, et dans le monde quantique, vie et mort perdent leur sens (comme la notion de couleur, abordée précédemment).
En résumé : continuer à utiliser le chat est un stratagème pédagogique efficace, mais source de mauvaise interprétation.
Je passe sur les implications de ce problème, qui sont immenses : elles donnent des théories interprétatives fort nombreuses et très stimulantes intellectuellement, dont certaines tendent vers la science-fiction (comme la théorie des multi-univers d’Everett). Parmi ces théories, il y a une sorte de courant spiritualiste posant la conscience, voire l’âme, comme le paramètre faisant bifurquer la superposition quantique. De bons scientifiques, généralement mus par des velléités religieuses ou spirituelles, ont été séduits par cette interprétation sexy, et y ont donné une audience tenant plus à leur goût personnel qu’à la scientificité des hypothèses. Quant aux médias, ils y trouvèrent un tonneau sans fond sur la question des réconciliations science-religion, avec des figures médiatiques servant complaisamment cette soupe, de Hubert Reeves à Trinh Xuan Thuan, de Bernard d’Espagnat aux Bogdanoff. En corollaire, on a pu voir naître avec l’avènement d’Internet tout un tas de sites utilisant cette « puissance de l’esprit » dans les phénomènes physiques – l’exemple le plus parlant étant certainement celui de Jean-Pierre Girard (cf. Chap. 2).
N’oublions pas ceci : la superposition des états ne décrit pas tant la réalité que seulement ce qu’on en sait. Au fond, peu importe pourquoi, ce qui compte, c’est que la description de la MQ rende bien compte des phénomènes. C’est tout ce qu’on lui demande.
Intrication et téléportation quantiques
Vous en êtes désormais convaincu, le monde quantique est bizarre. Et dernière grosse bizarrerie, l’intrication quantique.
Si on se rappelle bien l’histoire du chat, un objet quantique peut être en quelque sorte dans deux états superposés. L’intrication quantique désigne le fait qu’un système formé par deux objets doit être décrit globalement, sans pouvoir séparer un objet de l’autre bien qu’ils puissent être séparés et fortement éloignés. En gros, c’est comme si on séparait le blanc du jaune d’un œuf, que le blanc servait à faire une meringue, et le jaune à dorer une chouquette, et qu’en agissant ensuite sur la chouquette, on transformait… la meringue. À l’état macroscopique, ça n’est plus valable. Mais entre deux atomes liés qu’on casse en deux et qu’on éloigne, il se passe un peu la chose suivante : comme si une immense tige se tendait entre les deux atomes, et qui faisait qu’en tournant le premier atome d’un demi-tour, on faisait automatiquement tourner l’autre atome, même très très loin. Sauf que la tige n’existe pas. C’est cela qu’on appelle l’intrication : on ne peut pas raisonner sur deux objets différents, mais sur le système formé par les deux objets même s’ils sont séparés.
Le document vidéo que j’utilise en présentation est tiré du film What the Bleep do we know, down the rabbit hole, et présente de manière très visuelle l’intrication, même si le but ultime du film est l’interprétation holistique mystique.
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Là encore, on retrouve la cohorte des interprétations les plus métaphysiques : tout est lié en un immense cosmos ; une action sur une partie crée une action sur tout ; agir sur une cellule crée un effet sur tout le corps ; actions à distance et capacités psychiques de guérison seraient donc possibles, etc.
Les médias là encore n’ont pas contribué à calmer les esprits en parlant de téléportation quantique. Bien sûr, le terme est vendeur, et nous transporte dans le monde des fictions et de Retour vers le Futur. Mais il ne désigne rien d’autre que ce que nous abordions avec l’action par la tige. Imaginons le système formé par les deux faces d’une pièce de monnaie. Imaginons que nous séparions les deux côtés, et qu’on les éloigne, très loin. L’un des côtés montrerait pile, l’autre à des milliers de kilomètres, montrerait face. Ce qu’on appelle téléportation quantique est le fait que tourner l’un des côtés va automatiquement tourner l’autre côté : celui qui était pile devient face, et celui qui était face devient pile. Super, non ?
(Photo : Chase Ism)
Mais ne nous méprenons pas : contrairement à ce qu’affirme le courant spiritualiste, ce n’est pas l’esprit, l’âme ou la conscience qui crée le lien entre les deux objets, c’est la structure de l’espace qui fait ça, et qui crée ce qu’on appelle des variables non-locales (elles ne sont pas collées à l’objet). Il ne s’agit pas non plus du système des deux objets qui a don d’ubiquité et peut être en deux endroits à la fois.
L’erreur principale vient du mot téléportation. Nous imaginons tous qu’il y a transfert de matière dans ce processus, comme dans la téléportation du savant dans La Mouche de D. Cronenberg, mais ce n’est pas le cas.
Grand jeu : entre ces deux téléportations, l’une n’est pas une vraie téléportation. Sauras-tu dire laquelle ?
La Mouche, D. Cronenberg (1986) vs. Christopher Monroe, University of Maryland |
Le phare d’Ouessant
Pour montrer cette nuance, laissez-moi vous narrer l’histoire d’un phare breton. Imaginons-nous sur l’île d’Ouessant, avec le phare qui promène un faisceau de 100 mètres de long, à la vitesse d’un tour par seconde. Un petit calcul ̶ le seul de cet article – montre que l’extrémité du faisceau de lumière va parcourir en une seconde un cercle de 100 m de rayon, soit un périmètre de 2∏R = 2∏x100 mètres par seconde. Ce qui donne 628 mètres / seconde.
Imaginons qu’on équipe le phare d’un projecteur plus puissant, qui permet de faire un faisceau cette fois d’un kilomètre. Le même calcul montre que la pointe du faisceau se promènera donc à la vitesse de 2∏x1000 par seconde, soit 6280 mètres / seconde, ce qui équivaut à plus de 22000 km à l’heure.
Imaginons un phare archi-méga-ultra puissant, qui projette de la lumière maintenant à 50000 km. La pointe du faisceau atteindra alors la vitesse de 2∏ x 50 000 kilomètres par seconde, soit… 314 000 km/s. Nous avons alors dépassé l’indépassable, c, la vitesse de la lumière ! (qui est de presque 300 000 km/s). Comment est-ce possible ?
C’est très simple : la vitesse de la lumière est indépassable, ce qui signifie qu’une particule quelle qu’elle soit ne pourra jamais dépasser cette vitesse. Or, le cas du archi-méga-phare est un peu comme celui d’une Ola dans un stade : ce n’est pas parce que l’information Ola fait le tour du stade en quelques secondes que les gens qui se lèvent et se rassoient battent un record de vitesse. Ce qui se promène ici à une vitesse plus grande que c n’est pas une particule, c’est l’arrivée décalée de nombreuses particules après 50 000 km de route. Encore une autre image : un arroseur à jet d’eau, qui fait psshht pshhht sur les pelouses, peut tourner à la vitesse qu’il veut, ce ne sont pas les mêmes gouttes qui forment le cercle.
Cela nous fait donc deux bonnes nouvelles.
La première est que si vous faîtes le pari avec quelqu’un, vous pouvez lui démontrer, avec un phare, ou mieux, avec des plots lumineux de chantiers par exemple qui s’allument consécutivement, qu’on peut faire en sorte que quelque chose (en l’occurrence une information, et non un objet) dépasse la vitesse de la lumière. Pas mal, non ?
Gagnez votre pari en montrant qu’avec des plots lumineux de chantier une information peut dépasser la vitesse de la lumière.
La seconde est que ce n’est pas parce qu’une information circule très vite ou instantanément qu’il y a téléportation. Je vais m’arrêter là, car je ne voudrais pas rendre complexe le débat, mais cette nuance est tout à fait importante à saisir.
4. Détournements idéologiques
Pourquoi avoir pris toutes ces précautions ? Vous pourriez me dire qu’au fond, il ne s’agit que de vendre une panoplie d’outils pseudoscientifiques, de gadgets comme il y en a tant, rien de plus.
Et pourtant… Tout d’abord, il y a ces fameuses thérapies quantiques, dont on attend les preuves de leur efficacité. Nous savons que dans les cas de maladies graves et rapides, il n’y a guère le temps de faire plusieurs choix thérapeutiques. Aussi vanter une thérapie dont on n’a pas la preuve de la validité peut être synonyme d’aggravation, ou de décès4.
Il y a aussi une mise en garde profonde à faire sur les déviances de type sectaires. Pour illustrer mon propos, je reprends les trois exemples disponibles dans le célèbre documentaire What the bleep do we know, down the rabbit hole.
Masaru Emoto
Emoto est un chercheur autodidacte japonais, diplômé en médecine alternative par l’Open International University for Alternative Medicine d’Inde qui étudie les effets de la pensée et des émotions sur l’eau. Au moyen d’études fortement entachées de biais qu’il n’a ni reproduit sous contrôle, ni publié dans une revue scientifique à comité de lecture, il avance qu’on peut changer la structure de l’eau, et créer des cristaux particuliers, simplement en écrivant sur la bouteille des émotions, comme amour, haine, etc. Hélas, la notoriété de ses travaux dépasse largement leur qualité. Il est aujourd’hui président de l’institut de recherche d’IHM Corporation, ainsi que président du Project of Love and Thanks to Water, et son mouvement prend des contours de plus en plus sectaires.
Project of Love and Thanks to Water, de Masaru Emoto
Dans le documentaire, on voit une exposition d’images tirées de la pseudoscience d’Emoto, et un commentaire disant en substance :
« Si une telle action est possible sur l’eau (sachant que notre corps est composé de 95% d’eau) imaginez l’action possible que cela pourrait représenter sur nous-mêmes. »
Avec des si, on peut dire beaucoup de choses. Et c’est le physicien mystique Amit Goswami, connu pour ses tentatives de réconciliation de la science avec l’Advaita Vedanta et la Théosophie, qui vient conclure ainsi :
« Mais si la réalité est constituée par les possibilités de ma conscience (…) je peux créer moi-même la réalité. Cela peut sembler une théorie nébuleuse d’un adepte du New Age qui ne comprend rien à la physique. Mais c’est ce que nous enseigne la mécanique quantique ».
Voici un des documents utilisés pendant la conférrence, pour donner un exemple d’interprétation « mystiquantique » d’A. Goswami en vidéo.
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Malheureusement, ce n’est pas vraiment ce que nous enseigne la MQ. En attendant, on apporte de l’eau (cristal) au moulin d’Emoto, ainsi qu’aux mouvements recensés par la commission parlementaire sur les sectes en France et qui reprennent ses postulats, comme la Fraternité Blanche Universelle5.
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Autre exemple : validation des théories sur l’eau-cristal de Masaru Emoto par la MQ
En mai 2012, nous avons challengé les prétentions d’Emoto avec des étudiants de l’Université de Grenoble 1 (voir ici).
L’effet Maharishi
Le deuxième exemple est celui de l’« effet Maharishi ». On entend John Hagelin, de la Maharishi University, décrire comment le taux de criminalité de Washington D.C. fut abaissé durant deux mois par 4000 praticiens de la Méditation Transcendantale, et là encore, c’est la MQ comme porteuse d’un nouveau mode de conscience et de rapport au monde qui est sollicitée.
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Présentée comme cela, on a envie de serrer John Hagelin dans ses bras et de rejoindre ses rangs de méditants, comme le firent en d’autres temps les Beatles6.
Une propagande anti-médicament
Le meilleur est pour la fin dans le documentaire What the bleep : la femme qui sert de fil conducteur a le regard perdu, et admire la ville et ses lumières. Défilent alors plein d’« experts » qui ont parlé de quantique dans le film.
Goswami : « Pour reconnaître le moi quantique, le lieu où l’on a vraiment le choix, pour reconnaître l’esprit, quand survient ce glissement de perspective, on parle d’illumination ».
Intervient alors Jeffrey Satinover, « psychanalyste » (ce qui n’est pourtant pas un titre validant un contenu théorique précis – voir à ce sujet ici) :
« La mécanique quantique permet au phénomène intangible de la liberté d’être amalgamé dans la nature humaine ».
Goswami à nouveau :
« la physique quantique est en réalité la physique des possibilités. La question est de savoir qui a ces possibilités et qui choisit parmi elles pour nous donner une expérience donnée. La seule réponse satisfaisante et qui a un sens est que la conscience est le fondement de toute existence ».
Et tandis que notre héroïne, épuisée, s’endort sur un banc, sont vantés les avatars, Jésus et Bouddha. Puis retentit un discours décousu de Judy Zebra Knight, alias Ramtha (possédée par l’esprit de Ramtha), dirigeant la plus célèbre école de channeling mediumnique d’Amérique, – dont, sachons-le, les trois producteurs du documentaire sont des élèves.
Au matin dans une musique synthétique New Age, l’héroïne se réveille, fraîche et dispose, s’étire devant le fleuve, met sa main à la poche, et y retrouve une boîte de ce que l’on présume être des anxiolytiques. Alors elle réfléchit, puis prend la boîte et, au ralenti, les yeux fermés, lance ses médicaments dans une poubelle comme signe de sa délivrance. Tout cela grâce à la mécanique quantique.
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Extrait N°7 – propagande anti-médicament
5. La « faute » à qui ?
Qui incriminer ? Que faut-il faire pour éviter un tel dévoiement des concepts quantiques à des fins marketing ou idéologiques ?
Au premier degré d’analyse, on tend à penser que les individus non scientifiques ou pas spécialistes sont certainement charmés par les notions séduisantes des thérapeutes quantiques qui, telles des sirènes, les emmèneraient vers leur perdition : la faute reviendrait alors à Deepak Chopra et ses épigones, – dont dire qu’ils en font un commerce serait une litote : car pour Chopra, on devrait parler d’industrie. Le monsieur pèse autour de 15 millions de dollars7.
Toutefois, si l’on pousse l’analyse à un degré de plus, on se rend vite compte que malgré quelques opportunistes utilisant sciemment le marketing quantique comme d’autres l’ADN végétal, une frange non négligeable de ces thérapeutes est sincère dans sa démarche.
De quelle manipulation alors les « quantocs » du quantique seraient-ils donc le jouet ?
La source du problème est dans les médias
J’ai ma petite hypothèse, depuis mes recherches sur les médias. Pour m’en rendre compte, il m’a fallu prendre le problème là où il démarre, avec cette question simple. Quand est-ce que l’homme ou la femme du monde, comme mon oncle par exemple, entend parler de MQ ? La réponse est : soit dans les revues type Sciences & Avenir et Science et Vie en kiosque ; soit lorsque les frères Bogdanoff passent à la télé.
Or, si l’on regarde de près quels types de représentations de la MQ nous donnent les revues de vulgarisation, on retrouve… exactement les mêmes interprétations abusives qu’abordées précédemment. En clair, thérapeutes comme patients potentiels baignent dans le même flot d’information quantique mysticoïde.
- La grande énigme du quantique enfin résolue ? Le paradoxe du chat de Schrödinger (Sciences & Avenir)
- La physique quantique rend-elle fou ? (Science & Vie)
- L’ultime secret de la physique quantique enfin dévoilé – l’expérience qui montre comment la matière devient réelle (Science & Vie)
- Méditation quantique – explorer les espaces parallèles grâce aux dernières découvertes scientifiques (L’Initiation)
- Mécanique quantique, l’erreur d’Einstein (La Recherche)
- La Vie serait quantique ! Les révélations des physiciens sur l’ADN (Science & Vie)
- Plus vite que la lumière – les nouvelles expériences qui défient Einstein (Science & Vie)
Effet Coupe-faim
Lire que la MQ est un pont vers le Nouvel Age, fait toucher les limites du réel ou amorce une révolution de conscience est un phénomène addictif : le média annonce quelque chose qui crée la soif, l’appétit : un titre comme « La mécanique quantique chamboule-t-elle notre représentation du monde ? » a des vertus apéritives.
Le dossier présenté ensuite remplira en quelque sorte le rôle de coupe-faim intellectuel, qui nous rassasie pour un instant. Pour un instant seulement car il suffit d’une discussion un peu élevée avec un spécialiste pour se rendre compte qu’il nous manque encore pas mal de choses, et notre cerveau a encore besoin de manger ! Mais qu’on se rassure, il ne passera pas un mois sans voir réapparaître dans les kiosques la question quantique dans l’une ou l’autre des revues de vulgarisation, généralement jouant sur les mêmes objets culturels.
Le résultat : un article de Sciences & Avenir est à la théorie quantique ce qu’une barre chocolatée est à la tortillade de fruits de mer en sauce. Un coupe-faim.
L’illusion de la science sans peine
Les médias nous entretiennent vite dans l’illusion d’avoir compris l’essence même de la théorie, et ce sans effort. Une sorte de « science sans peine ». Et comme la vulgarisation scientifique fonctionne ainsi à coups d’images simples et de métaphores, il arrive qu’on prenne le messie pour une lanterne et la métaphore pour argent comptant. Ne reste alors dans l’esprit de mon oncle que la métaphore, que le scénario médiatique qui a assuré le succès commercial ̶ en général, le titre de la couverture du journal. C’est cela qui peut le mettre à la merci des quantocs. C’est dans ce terreau-là, dans cette illusion d’avoir cerné la théorie quantique, que des marchands de soin, de rêve, ou de métaphysique viennent planter les graines de leurs propres « théories quantiques ».
Boucle médiabolique
Tout ceci pourrait être représenté comme le fruit d’une boucle « médiabolique », qui consisterait en ceci : le journaliste, souvent pigiste et précaire, qui tient à son poste, veut complaire à sa rédaction, dont le but principal est de vendre. Or pour remplir cet objectif, il faut plaire au public, l’allécher avec des couvertures séduisantes, l’attirer. Et pour cela, tous les ressorts sont bons, de l’émotion, de l’insécurité, du scoop plus ou moins bricolé, du mystique et du paranormal. Et comme le public est lui-même déjà baigné dans cet univers, il ira chercher les revues dont les couvertures empruntent les idées qu’il a déjà – que la MQ est vraiment bizarre, ou que la physique n’a plus de sens. Et tant pis si les sciences y sont torturées, c’est un pis-aller. Ce qui donnera raison au pigiste et à sa rédaction, etc. etc. Une sorte de mercantilisation globale de l’information scientifique.
Alors la faute ? Elle ne reviendrait pas à quelqu’un en particulier, mais à un système qui prend d’abord pied sur la précarité des journalistes et la visée purement commerciale des revues.
Non à la marchandisation de l’information scientifique
On m’a reproché d’être un peu sec avec la vulgarisation scientifique. J’assume, c’est effectivement le cas. D’une part parce que personne ne le fait – le vulgarisateur jouit, comme l’humanitaire, d’une aura de respectabilité en soi. D’autre part parce que tant que la vulgarisation répondra plus à un enjeu commercial qu’à un enjeu d’éducation populaire, il y aura une mercantilisation des théories. On pliera les connaissances au bon vouloir de l’audience, on laissera les Bogdanoff remplir nos fantasmes, et Yves Coppens malmener la paléoanthropologie pour que ses docu-fictions se vendent mieux.
Pour finir, si je ne devais insister que sur un point, ce serait celui-là : une théorie scientifique, c’est comme une langue vivante.
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Soit on en ignore tout, mais on en est conscient : par conséquent aux questions sur le sujet on répond qu’on ne sait pas et on fait le deuil d’un avis éclairé sur le domaine.
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Soit on bosse le lexique de base, les phrases-type : on sait qu’on n’est pas spécialiste, mais on n’est pas dupe, et au moins pourra-t-on se débrouiller dans les cas urgents.
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Soit on maîtrise la théorie. Mais cela demande du boulot, d’autant plus que la langue/théorie est exigeante. Rien d’impossible, bien sûr. Comprendre la MQ, c’est comme lire du chinois. C’est possible, mais ça prend du temps.
Alors message aux vulgarisateurs : faire croire aux gens qu’en trente secondes et deux couvertures de Sciences & Avenir ils sauront tout sur la physique quantique est non seulement leur mentir, les asservir avec de la soap-science qui s’auto-entretient. Mais il y a pire : une mauvaise vulgarisation peut contribuer à les mettre à la merci des imposteurs et colporteurs quantiques de toute sorte.
Nous avons tous une responsabilité dans cette boucle médiabolique. L’information scientifique est la nourriture de l’esprit critique et des choix éclairés : et de même qu’on décrie la malbouffe, il est primordial de refuser la malinformation.
Richard Monvoisin
Merci à Dominique Bocher, du CLEPT Grenoble, pour ses judicieuses remarques, ainsi qu’à Jean Bricmont, de l’Univ. Louvain.
En complément, voici l’avis de Julien Bobrow, sur la « nature quantique » du jugement humain, l’emploi de « quantique » en sciences humaines, et sur les médecines quantiques, extrait de la Tête au carré sur France Inter du 17 juin 2014. Précisons qu’il n’y a pas qu’en Angleterre qu’on parle de Quantox : en France aussi (c’est le titre du livre de R. Monvoisin).
1 Dans R. Feynman, The Character of Physical Law (1965) Chapitre 6.
2 Et ceux qui les étudient s’appelleraient des quantonniers, hé hé, on rigole bien dans le monde quantique.
3 Adresse du culte : http://filer.case.edu/~bct4/
4 Pour d’autres remarques sur ce thème, j’ai écrit un article dans les Actes du colloque national « Science, pseudo-sciences et thérapeutiques déviantes », GEMPPI, 2006 disponible ici.
5 On peut en savoir plus avec cette Petite histoire fraternelle, blanche et universelle (POZ N°36 mai 2007, p.7).
6 J’avais narré l’histoire dans lesChroniques zétético-musicales N°02 sur George Harrisson (POZ N°23 juin 2008,p.11).
7 Chopra a gagné le prix Ig Nobel 1998 des études les plus ridicules, « pour son interprétation unique de la physique quantique et de ses applications à la vie, la liberté et la quête du bonheur » (http://improbable.com/ig/winners/).
Documentation
Comme promis, je mets à disposition toutes les ressources que j’ai utilisées.
Vidéos
- Les extraits vidéos utilisées sont là
- Vidéo 1 : extrait E=mc²
- Vidéo 2 : extrait fentes d’Young
- Vidéos 3 : extrait Intrication quantique
- Vidéo 4 : interprétation mysticoïde quantique par Amit Goswami
- Vidéo 5 : extrait Maharishi effect
- Vidéo 6 : extrait propagande de Masaru Emoto
- Vidéo 7 : extrait propagande anti-médicament
- Vidéo 1 : extrait E=mc²
- Les vidéos entières sont disponibles ici :
- What the bleep do we know (dont sont tirées les vidéos 2 à 7)
- Aromathérapie quantique de Daniel Pénoël
- E=mc² Biographie de l’équation, Johnstone Gary (2005)
Livres & articles
Pour pousser plus loin la réflexion, voici quelques lectures tout à fait profitables :
- Jean Bricmont, La mécanique quantique pour les non-physiciens (2007)
- Jean Bricmont, La non-localité et la théorie de Bohm & Contre la philosophie de la mécanique quantique (1994)
- Jean Bricmont et Hervé Zwirn, Philosophie de la mécanique quantique, Vuibert (2009).
- Jean Dubessy, Guillaume Lecointre, Jacques Bouveresse, Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences, Syllepse, 2ème édition (2003)
- Richard Feynman, Le Cours de physique de Feynman, tome 3 – Mécanique quantique, Dunod (2003)
- Jean Dubessy, Guillaume Lecointre, Marc Silberstein, Les matérialismes (et leurs détracteurs), Syllepse (2003)
- Alan Sokal et Jean Bricmont, Impostures intellectuelles, Odile Jacob (1997)
- Sven Ortoli, Jean-Pierre Pharabod, Le cantique des quantiques, La découverte Poche (1998)
- Confusion quantique, la physique moderne confirme-t-elle le paranormal ?
- (En anglais) Stephen Barrett, A few thoughts on Ayurvedic Mumbo-Jumbo, Quackwatch.com
(Vous trouverez plus de détails sur une bonne partie de ces livres dans BiblioteX).
Pour un œil critique sur le documentaire What the bleep do we know, down the rabbit hole, (en anglais) :
- Michael Shermer, Quantum Quackery, Scientific American 292(1):234 (2005).
- Skeptico, What the (Bleep) Were They Thinking? (2005).
Ateliers zétéclips – Clips critiques à l'usage des enseignants
En 2008 fut créé l’atelier Zétéclips au Centre d’Initiation à l’Enseignement Supérieur (CIES) de Grenoble. L’objectif était de faire plancher des doctorants-moniteurs de toutes disciplines sur la réalisation de clips vidéo illustrant des sophismes, effets, facettes zététiques, erreurs de raisonnement ou misreprésentations en science. Format libre, peu importe les compétences techniques audiovisuelles, le tout est de créer de la ressource pédagogique solide sur le plan scientifique, outillant les enseignants, et en passant un bon moment.
La saison 2011-2012 démarre, aussi est-ce le temps d’une petite rétrospective, et d’une mise en lumière des travaux réalisés.
Les zétéclips : qu’est-ce que c’est ?
Les zétéclips 2009
Zétéclip Effet boule de neige – affaire « piano-man »
Zétéclip Effet Cigogne – la lune rousse
Zétéclip Effet Impact – le DHMO
Zétéclip Effet Probabilité inversée
Les zétéclips 2010
Les zétéclips 2011
Zétéclip Effet blouse blanche – les frères Bogdanoff et le CERN
Zétéclip Effet Cigogne – Exemple de Dr House
Les zétéclips 2012
Les zétéclips : qu’est-ce que c’est ?
Nous sommes partis de l’idée que le flux d’information que les étudiants, et particulèrement les élèves reçoivent est majoritairement audiovisuel (télévision, internet, etc…)., et notre expérience nous montre que le support vidéo est facilement captivant dans les cours de pensée critique. La zététique étant une longue suite d’outils critiques aisés à imager, créer des clips « maison » était utile non seulement pour ceux qui les confectionnent, mais aussi pour ceux qui les regarderont. D’une pierre deux coups.
Quant à la charte graphique, très franchement, peu importe ! L’objectif est que les doctorants se fassent plaisir, en produisant un outil aussi rigoureux qu’amusant à regarder.
Note historique : le directeur du CIES de Grenoble de l’époque s’appelait Didier Retour, et c’est lui qui a soutenu le projet, avec ses collègues directes Michelle Vuillet et Régine Herbelles
(voir Qui sommes-nous ?).
Didier est brutalement décédé le 10 décembre 2010. |
Les zétéclips 2009
réalisé par Florent Cadoux, Thibaut Capron et Fabien Gaud.
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réalisé par Lydia Caro, Bénédicte Poncet et Vivien Robinet.
[dailymotion id=x8omom]
réalisé par Adrien Bousseau, Aldric Degorre, Fabien Gaud et Thierry Stein.
[dailymotion id=x8oroy]
réalisé par Yoann Gabillon, Clément Moulin-Frier et Evaggelos Kritsikis.
[dailymotion id=x8uvl5]Description de l’effet.
- Descriptions et fiches détaillées dans le rapport : « Zétéclips – vidéoclips critiques
à portée pédagogique« , 2009.
Cet atelier a été primé meilleur projet CIES par les doctorants 2009 (zététiquement parlant, être qualifié de « meilleur » ne dit rien de la qualité intrinsèque – mais ça fait plaisir quand même !).
Les zétéclips 2010
réalisé par Cyril Courtessole, Alexandre Porcher, Aurélien Trichet et Rémi Vial.
[dailymotion id=xkpol8]
Version longue (12mn37)
[dailymotion id=xdgknh]Version courte (3mn49)
[dailymotion id=xizm8p]Voir l’article Dialogue sur l’effet Pangloss
- Descriptions et fiches détaillées dans le rapport « Zétéclips : Création de clip vidéo d’initiation à la zététique« .
- Page de Nicolas Berthier consacrée à ce clip.
Les zétéclips 2011
Réalisé par Mickaël Bordonaro, Maël Bosson, Thomas Braibant et Samuel Vercraene.
Deux parties de clip à comparer :
1ère partie
[dailymotion id=xkpqw2]2ème partie
[dailymotion id=xkprrc]
réalisé par Youssef Khoali, Clélia Pech, Matthieu Simonet et Xiaolan Tang,
Script de la voix off du zététclip effet cigogne
- Descriptions et fiches détaillées dans le rapport « Zétéclips : Création de clip vidéo d’initiation à la zététique, 2011« .
Les zétéclips 2012
Thèmes encore non arrêtés.
Equipe : Adeline Bouvier, Gaëlle Chastaing, Joseph Emeras, Alexander Kondratov, Yvan Rivierre, Adeline Robert, Charlie Verrier et Ariel Waserhole.
Entraînez-vous ! Un mystère de l’acupuncture expliqué par la science ?
Voici un article de Tristan Vey, du Figaro qui a défrayé la chronique en juin 2010. Objectif : détecter les rhétoriques, raccourcis, scénarisations, arguments d’autorité, puis comparer l’étude en question et l’article qu’en tire le journal. Sommes-nous vraiment devant un mystère levé ? Je vous propose de lire cet article dans son intégralité, d’en faire une analyse de votre cru puis de la comparer à celle que je propose ici. A vous de jouer !
Un mystère de l’acupuncture expliqué par la science ?
Des neuroscientifiques américains ont montré qu’un mécanisme physiologique bien connu permettait d’expliquer les bienfaits de cette science orientale sur certaines douleurs locales.
L’acupuncture a beau être une science orientale vieille de plus de 4000 ans, ses mécanismes restent largement méconnus. C’est tout un pan de la médecine chinoise qui est d’ailleurs souvent méprisé par les scientifiques occidentaux. Une étude américaine menée par Maiken Nedergaard, neuroscientifique à l’université de Rochester à New York, va peut-être permettre de changer un peu cet état de fait. Dans ce papier publié en ligne dimanche dans Nature Neuroscience, la chercheuse lève le voile sur un processus physiologique permettant d’expliquer comment l’acupuncture permet de soulager les souris d’une douleur localisée. Ces résultats établissent un pont intéressant entre médecines orientale et occidentale.
Les séances d’acupuncture menées par Maiken Nedergaard ont duré une demi-heure pour chaque animal. A chaque fois, elle a enfoncé une aiguille dans un point bien identifié situé dans la patte douloureuse d’un cobaye et a tourné l’aiguille, selon une méthode traditionnelle, toutes les cinq minutes. Elle a alors prélevé un peu du liquide qu’elle trouvait dans la zone piquée, et a mesuré la teneur en adénosine, un anti-douleur naturel sécrété par certaines cellules. A la fin de la séance, celui-ci était 24 fois plus élevé qu’au début. Par ailleurs, les chercheurs ont constaté que cela coïncidait bien avec une diminution importante de la souffrance pour deux tiers des souris traitées.
L’acupuncture traditionnelle peut être améliorée
Afin d’assurer que c’était bien ce mécanisme qui expliquait la réussite des séances d’acupuncture, son équipe a mené la même expérience sur des souris génétiquement incapables d’utiliser l’adénosine (elles n’ont pas le gène qui permet de synthétiser les récepteurs indispensables à l’action antalgique de la molécule). Les séances d’acupuncture n’ont alors eu aucun effet sur elles. En injectant de l’adénosine directement dans la patte de la souris, la chercheuse a d’ailleurs obtenu des résultats sensiblement similaires à ceux observés après traitement par acupuncture.
Pour finir, les scientifiques ont utilisé un médicament contre la leucémie, la deoxycoformycine, connue pour ralentir la disparition de l’adénosine dans les cellules musculaires. Les bienfaits des séances d’acupuncture ont ainsi été prolongés trois fois plus longtemps. Maiken Nedergaard a donc bien montré qu’il était possible, dans le principe, d’améliorer l’acupuncture en l’assistant par la médecine occidentale. Elle aura aussi démontré par la même occasion qu’il était réducteur d’invoquer constamment l’effet placebo, comme le font les sceptiques, pour expliquer certaines réussites de l’acupuncture.
La science (0) – Base d’entraînement pour les enseignants qui voudraient parler de science
On en rêvait, on l’a fait. Voici quelques-unes des questions les plus fréquemment posées dans les débats sur la science., et la manière que nous avons d’y répondre.
Le but n’est pas de vous faire travailler une rhétorique, mais bel et bien d’expliquer simplement ce qu’est la science, ce qu’elle n’est pas, pourquoi elle s’est imposée dans certains domaines et pourquoi son recours est parfois salutaire.
Nous vous conseillons :
1) de lire d’abord la question, et de tenter d’y répondre seul-e.
2) Puis de regarder ensuite la réponse-type que nous avons concoctée.
3) Enfin, de nous écrire pour rajouter une question, pour nous demander un éclaircissement ou un complément, ou pointer un désaccord.
Nous ne prétendons pas avoir des réponses entièrement suffisantes, bien sûr, et il est possible que nous nous trompions. Nous sommes donc à votre disposition pour toute critique, suggestions, encouragements ou nouvelle question à laquelle nous confronter.
Non, je veux voir les questions et les réponses d’emblée : je clique ici
Oui, je veux jouer le jeu, et ne voir les réponses qu’ensuite : je clique là
DC & RM
Sophisme – La pente savonneuse
Le sophisme est un raisonnement qui n’est logiquement correct qu’en apparence. Il se distingue des paralogismes dans le sens où il est volontairement fallacieux, conçu avec l’intention d’induire en erreur. Aujourd’hui, la pente savonneuse.
La pente savonneuse
« Développement abusif des conséquences, appelé aussi pente glissante, porte ouverte… »
Méthode : développer les conséquences négatives d’un argument de façon excessive. Le but est de réfuter cet argument en démontrant que si on l’accepte, alors on accepte également ses possibles conséquences négatives. Les conséquences risquées sont ainsi envisagées et présentées comme dramatiques, catastrophiques, écœurantes, immorales, etc. C’est une scénarisation focalisée sur des conséquences inadmissibles, de la sorte on ne peut pas y souscrire.
Exemples :
- Si l’humain descend du singe où va-t-on ? C’en est fini de la morale !
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Si les distributeurs de préservatifs sont autorisés au lycée, on cautionne alors les rapports sexuels des jeunes. C’est l’incitation à la débauche, l’avènement de la bestialité !
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Les thérapies cognitives, c’est la porte ouverte au Prozac et à la Ritaline pour les enfants.
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Si les aides sociales sont étendues, cela va inciter les gens à ne plus rien faire et l’économie sera fragilisée. Les inégalités seront alors de plus en plus marquées. C’est risquer l’effondrement de notre système économique.
-
Mettre en doute le fonctionnement démocratique d’une société est la porte ouverte à l’anarchie et au chaos le plus total.
-
Régulariser les sans-papiers ouvrira inévitablement un appel d’air qui renforcera l’immigration irrégulière vers notre pays.
Quelques exemples glanés de ci de là :
- Le pasteur uruguayen Jorge Márquez, dirigeant la Iglesia Misión Vida, dénonce fermement en février 2017 le lobby gay et la « ideología de género » (l’idéologie de genre), car elle autorise ou légitime les relations sexuelles avec les mineurs et avec les animaux.
Ces propos font l’objet d’une campagne de l’association internationale de la Libre Pensée et de l’Asociación Uruguaya de Libre–Pensadores.
- Virginie Tellenne, alias Frigide Barjot, 28 janvier 2017 (retranscrite par le Canard enchaîné, 1er février 2017)
« Nous nous retrouverons donc embarqués dans la grande course folle des enfants commandés sur Internet, des chimères cochons-humains et des potentielles attaques massives de virus injectés dans nos ADN. Sans parler des hommes mis enceints par leurs femmes transgenres. Bienvenue en marche chez Emmanuel Macron ! ».
- Nicolas Sarkozy, en février 2016, sur l' »affaire du paquet neutre » (trouvaille de Franck Villard, de Chambéry)
Voici ces propos rapportés par Elisabeth Schemla :
« Dites-moi un peu maintenant avec quels arguments sérieux nous nous opposerons à la polygamie par exemple ? Nous avons mis le doigt dans un drôle d’engrenage ».
E. Schemla, Islam, l’épreuve française, Plon (2013).
Le journaliste : « Pour vous la goutte d’eau ce serait l’adoption par des couples homosexuels ?«
Réponse du Cardinal :
« Ce n’est pas la goutte d’eau…La question c’est qu’est-ce que c’est un mariage, le mariage c’est mot qui veut dire rempart pour permettre au lieu le plus fragile de la société c’est-à-dire une femme qui donne la vie à un enfant que toutes les conditions soient établies pour que ça se passe dans les meilleures possibilités. Après ça a des quantité de conséquences mais qui sont innombrables parce qu’après ils vont vouloir faire des couples à trois ou à quatre, après un jour peut-être je sais pas quoi l’interdiction de l’inceste tombera. »
En vidéo :
ou voir ici.
- Jacques-Alain Bénisti, député UMP, pendant un débat politique sur la chaine LCP le 23 juin 2011 (trouvaille de Christophe Michel, alias Chrismich, de Chambéry, youtuber d‘Hygiène mentale)
« Si on commence a vouloir dépénaliser le cannabis, bientôt on légalisera le mariage homosexuel. A quand la dépénalisation du viol, voire la légalisation du viol ? »
En audio
- Julien Sanchez, porte-parole du Front national, le 9 janvier 2018 sur France Info, à propos de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires à double-sens. Trouvaille de Cyril Champion, professeur de sciences économiques et sociales. Lien vers France Info.
« Pourquoi pas aussi demain mettre à 10 km/h toutes les routes et puis à ce moment-là on ira tous à pied au travail, donc voilà, on fera 40 km à pied si on habite à 40 km de son lieu de travail. »
L’audio :